« The quality of decision is like the well-timed swoop of a falcon which enables it to strike and destroy its victim. »
Voilà désormais plus d’une lune que Sharra s’était élancée dans le projet dantesque de remonter des îles boucliers vers des terres qui sauraient mieux l’accueillir. Son plan élaboré avec Isaac avait marché au moins partiellement même si la destination finale n’avait peut-être pas été celle la plus désirée. De son premier pas sur le continent, avec l’accueil de mercenaires jusqu’à la fin de son voyage, uniquement accompagnée de sa dame de compagnie, l'odyssée de la fauconne toucherait très prochainement à sa fin. La valoise ne savait pas toujours ce qu’elle ferait ou ce qu’il adviendrait véritablement d’elle et à vrai dire, pour l’heure, elle n’y songeait guère, son esprit préoccupé par les pas à faire. Droite, gauche, droite, gauche. C’était plus de deux cent lieux que Sharra avait dû parcourir, un millier de kilomètres. Le plus simple exercice de marche demandait un effort de concentration inconscient et péremptoire pour éviter la mauvaise chute. Les détours avaient été nombreux, et si l’on était honnête, ce périple avait été loin d’être une simple ligne droite. La Grâce du Val s’était évertuée, par la force des choses, à devenir une ombre pour échapper à certains périls. Son odyssée fut guidé avant tout par une animadversion terriblement puissante qui avait servi de foyer à flammes lorsqu’elle avait froid, de garde-manger lorsque son ventre criait la famine, de calebasse lorsque sa gorge était asséchée et surtout d’ailes lorsque ses jambes semblaient s'effondrer sous la terreur de l’immense effort. Cela faisait bien trois semaines que la sang-bleu n’avait pas monté à dos d’un destrier et certainement qu’actuellement, cette dernière ne le pouvait plus.
Bon gré, mal gré, l’avancée se poursuivait. Et les deux femmes en venaient à se supporter mutuellement par leur bras, dans une curieuse symbiose leur permettant de tracer leur route. Une aventure qui n’avait certainement pas pris un chemin de croix, ou même de vengeance. C’était bien l’attache à une vie putréfiée qui avait servie de phare, Sharra s’étant interdit toute autre pensée. La douairière du Val savait désormais que son périple arrivait à son terme et se permettait des pauses plus régulières qui lui faisaient un peu reprendre en contenance même si cela était bien loin de lui offrir la renaissance souhaitée. Il lui faudrait plusieurs nuitées au calme pour retrouver ses forces, mais elle avait eu la fortune de ne pas tomber malade ou de souffrir d’une quelconque blessure physique, les meurtrissures de son cœur restant elles, bien réelles. Lorsque, dans un village, on lui indiqua que Fort-Darion n’était plus qu’à une journée de marche, son visage ne fut traversé d’aucune émotion réjouissante ou pessimiste. La valoise savait son destin se sceller, alors autant arriver à ce point-ci le plus rapidement possible. Une cage pour une autre songeait-elle.
Poursuivant leur route après une énième nuit peu réparatrice, Sharra et sa comparse s'arrêtèrent dans une clairière pour défaire le fil d’une longue cape d’une guenille. Tirant sur un fil qui décousait petit à petit l’ensemble, c’est une cape plus azurée qui reçoit pour la première fois les gerbes solaires depuis une lune. Rappelant la couleur des cieux, celle-ci avait également dû voyager incognito et se travestir. Un présent de Jehan dont la reine-mère n’avait pas eu à cœur de séparer. Cette dernière recouvrait l’ensemble de son corps, cachant les fripes peu gracieuses que portait Sharra. Elle redevenait un peu ce qu’elle fut toujours, prête à indiquer au monde que la valoise était de retour. De la plus profonde de ses intimités, elle laissa échapper le symbole des Arryn, avant de reprendre la route pour ce qui serait certainement la dernière journée d’une aventure qui connaissait son crépuscule.
Comme la fauconne l’avait prévu, il ne fallut pas longtemps pour qu’une patrouille de cavaliers tombent sur les deux femmes, une bien plus visible que l’autre. On leur demande de décliner leur identité alors que leurs visages respectifs demeuraient dissimulés. D’un ton feutré, c’est la naguère Corbray qui parla la première. « Je vous présente Lexia et je suis Sharra. » Elle laissa un silence s’installer quelques secondes avant de finalement retirer le haut de sa cape dévoilant son regard hazel. « Sharra Arryn. » Sa main alla chercher le symbole de la maison du Val et de la Montagne pour la présenter à ces hommes qui montrèrent une certaine forme de dubitativité à l’égard de ce groupe. Lorsqu’ils proposèrent de rapidement rejoindre Fort-Darion, la valoise refusa préférant continuer le chemin à pied. Accepter l’aide des impériaux était un bien lourd faix pour son propre amour propre et orgueil. Elle argua également que cela permettrait de savoir si l’on serait disposé à la recevoir dans le palais ou ailleurs, Sharra ayant parfaitement connaissance qu’elle était loin d’être en état de grâce pour l’Empire. C’est ainsi que deux cavaliers partirent pour la capitale, suivit par la petite escorte et les deux étrangères qui traînaient un peu plus.
Les pas de la douairière étaient rapides et lestes, et plus Sharra se rapprochait de Fort-Darion, plus celle-ci semblait reprendre une vigueur qui n’en avait que la forme. Ses pieds la faisaient souffrir mais elle n’en montrait rien. Tels les puissantes montagnes du Val, elle retrouvait une contenance qui avait sempiternellement été sienne, comme si aucun malheur ne venait affligeait son être. Une impudente sérénité lissait les traits d’un visage dont elle ne saurait dissimuler les failles de l’usure de la fatigue. Arrivée en ville, la reine-mère d’un royaume qui désormais n’existait plus n’eut guère le temps de visiter, on la conduisit au palais impérial pour la guider dans une salle plutôt luxueuse. Son regard se détourna bien vite vers la fenêtre afin d’observer l’extérieur. Stoïque, Sharra restait debout car si elle s’asseyait, elle savait que c’en serait fini pour elle. On leur proposa rafraîchissement et opportunité de se changer pour mieux paraître. La valoise invita sa dame de compagnie à accepter tandis qu’elle déclina sans préciser outre mesure les raisons de son choix.
De nouveau, le silence fleurit alors que la sang-bleu se retrouvait seul avec quelques gardes. Puis, la porte s’ouvrit et laissa échapper une figure bien trop familière et peu sympathique. Nelya Omble, celle qui s’était élevée comme intendante de l’Empire. Le regard de Sharra se posa quelques instants sur cette femme, lui faisant la référence dû pour son statut et rôle au sein de l’Empire. « Vôtre Grâce. » Elle s’empêcha de tourner de nouveau son regard vers l’extérieur. « Cela faisait bien longtemps que nous ne nous étions pas vues. » Et à vrai dire, plusieurs lunes supplémentaires n’auraient pas été de refus.
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Mer 4 Oct - 4:12
THE FALCON SOARS
Nelya Omble & Sharra Arryn « FORT-DARION, SEMAINE 1 DU MOIS 7 DE L’AN 2. »
La journée est belle et douce, en perspective. Pourtant, ces nuages bien noirs ne me quittent pas. Chaque seconde, je tremble de peur pour mon fils ainé, Benjen. Je mange peu car je ne sais pas s’il mange suffisamment à sa fin. Je dors mal car je ne sais pas s’il est lui-même confortable et au chaud. Être une mère est la tâche la plus ingrate et la plus gratifiante à la fois. Inquiétude, fierté et crainte se tiennent main dans la main à chaque nouvelle étape.
Ma raison me rappelle bien vite à l’ordre. Je sais qu’il est loin d’être traité comme un simple soldat. Il est un seigneur et, de surcroît, l’aide de camps du Roi du Nord. Il a donc accès au plus grand confort possible au sein d’un campement militaire. Cependant, il n’y a pas que la qualité de la paille ou des rations qui compte, mais également la ruse et la force de l’ennemi. Est-ce qu’il planifie une terrible attaque qui pourrait sonner le glas de la vie de nombreux Nordiens, dont celle de mon fils ?
Est-ce que les Fer-nés vont m’arracher un nouvel être cher ? A moins que ce ne soit les forces des Lannister. Je soupire, glissant un regard désemparé à la lettre de Jeyne. Je l’aime comme ma fille, mais je ne peux pas m’empêcher de ressentir une profonde déception. A nouveau, elle se cache derrière une prétendue faiblesse et vulnérabilité. Ma pauvre fille, elle s’est mise toute seule ses chaînes et a donné les clés aux Lions. Si elle avait eu plus de foi en sa famille, les événements auraient pu être autre.
Perdue dans quelques profondes réflexions à la réponse à donner à cette missive – et à de multiples autres - , un garde se présente à mon bureau, les joues rougies, le regard intimidé et le front plissé par l’inquiétude. J’arque un sourcil, sentant que l’homme est aussi excité que craintif. Il s’est passé quelque chose. Lorsqu’il m’annonce qu’une femme prétend être Sharra Arryn et souhaite un entretien avec la plus haute autorité de Fort-Darion, je ne réponds pas immédiatement.
- Décrivez-moi cette dame.
L’homme me décrit une femme brune d’un âge mur, mais encore gracieuse et charmante. Elle porterait une cape aux couleurs et symboles de la Maison Arryn. Je vois bien son regard rêveur lorsqu’il pioche dans ses souvenirs. Il semble que la Belle porte toujours aussi bien son surnom. Je ne peux pas m’empêcher d’esquisser un sourire devant la faiblesse de l’homme à la beauté.
- Je vais la rencontrer pour m’assurer que c’est bien son Altesse la Reine Mère Sharra Arryn. Votre description semble lui correspondre.
Apprêtée au quotidien en raison de ma fonction, je n’ai donc pas besoin de passer par mes appartements. Entre les membres du collège impérial ou les visites impromptues ou soudaines de grands seigneurs, j’ai vite pris l’habitude d’être présentable en tout temps et en toute heure. Finalement, j’arrive devant deux femmes. L’une m’est totalement inconnue, l’autre est tout bonnement familière. Une certaine fierté et satisfaction gonflent ma poitrine. Jadis, c’est moi qui étais allée à ses pieds et qui a été rabroué. Les rôles sont inversés, en quelque sort, aujourd’hui.
- Votre Altesse la Reine Mère du Val et de la Montagne Fédéré, Sharra Arryn. C’est un grand soulagement de vous revoir en terre alliée. Vous avez fait un long voyage et dans des conditions sûrement très compliquées et épouvantables. Je vous propose que vous vous reposiez. Nous pouvons parler longuement après dîner.
Je ne suis pas arrivée ici en mettant la charrue avant les bœufs. Certes, je suis bien impatiente de connaitre ses périples, voire de lui arracher quelques vers du nez vis-à-vis de son séjour auprès des Lannister. Cependant, la face du monde ne changera pas en quelques heures et je n’obtiendrait rien d’une personne fatiguée, voire possiblement en colère de la tournure des événements. Il vaut mieux donc qu’elle repose tant son corps et son esprit.
- Une couturière sera dépêchée à vos appartements pour prendre vos mesures et préparer une ou deux robes dans les délais les plus courts. Dans l’immédiat, elle accordera des vêtements déjà prêts à vos mesures mais se lancera dans la confection d’une meilleure garde-robe durant votre séjour parmi nous, à Fort-Darion.
J’occulte volontairement la durée. Je n’ai pas décidé encore. J’aviserais en fonction de notre entretien, de mes sentiments et de ma consultation avec Torrhen et Rhaenys, si j’en ressens le besoin.
- Si vous désirez écrire à vos fils, nous pouvons vous fournir papier et encre. Le Mestre se chargera de les envoyer aux lieux supposés de vos fils.
Je me tais, glissant un regard maternel et plein de compassion à la femme. Nous pouvons nous détester, mais nous n’en restons pas deux mères dont, au moins, un enfant est en guerre. Je n’ai pas, encore, cœur à lui dire exactement où ils sont et lequel est le plus en danger. Enfin, dans son exil, que sait-elle exactement de la situation valoise, voire de l’Empire ? Nous aviserons lorsqu’elle se sera reposée.
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Nelya Omble
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Ven 6 Oct - 20:30
« The quality of decision is like the well-timed swoop of a falcon which enables it to strike and destroy its victim. »
S’il était toujours possible de se questionner sur le sens de la vie, le plus souvent dans des réflexions de taverne, celle de Sharra était inanitée de tout et surtout de rien. La faible lueur de protéger ses fils des pires périls n'avait été qu’une vanité lui ayant permis de se rendre aveugle à sa propre impuissance. Désormais que la douairière approchait de la capitale à vitesse contrainte pour ne pas offrir de plaisir aux cavaliers, et désireuse de faire taire certaines des séquelles éprouvées par son corps astreint d’une lourde fatigue, cet ouragan qui l’avait habité et conduit jusqu’ici semblait s’éteindre peu à peu. La naguère Corbray n’avait, et n’aurait, certainement aucune prise sur l’avenir des prunelles de ses yeux. La lassitude d’un combat contre la vie elle-même venait se fracasser contre son âme à l’instar des zéphyrs hurlants sur les monts du Val. D’avenir, finalement, elle n’en souhaitait pas vraiment tant que ceux de Ronnel et Jonos étaient assurés. Et c’était là où le bât blessait cruellement et sordidement. Celle qui avait d’abord vu le monde en blanc, puis gris, puis blanc, puis gris, puis bistre… désormais tout était noir. Et l’apathie seule semblait illuminer un chemin sans effort qui offrirait une lâche libération sans gloire ni honneur. Face au chaos résonnant dans sa tête, la valoise se contenta d’un lourd et sensible soupir qui fit arquer le sourcil d’un garde. Celui-ci prit certainement un air serein, ou vaguement apaisant, ou peut-être autre chose, en indiquant que désormais, ces femmes qui avaient parcouru mille lieux étaient en sécurité. Difficile de connaître plus grand danger que d’être dans la gueule du loup.
Il ne fallut guère de temps pour que l’intendante, Nelya Omble, reçoive les valoises. Le déplacement dans le palais, lugubre, ne faisait point monter l’anxiété de Sharra qui avait connu bien pire sévices ces derniers temps. L’arrivée devant la cheffesse de Fort-Darion ne provoqua ni soulagement, ni liesse, ni amertume, ni tristesse chez la protagoniste. Les positions d’antan n’étaient plus et le jeu de trône avait rendu sa conclusion. L’accueil n’aurait guère pu être plus glacial et la prononciation par l’intendante du titre complet de la Arryn ne manqua pas d'horripiler intérieurement la valoise. A la réflexion, elle aurait préféré la déchéance de ce titre. « Il faut croire que comme les bons alcools, les titres se bonifient et s’allongent avec l’âge. » Trait d’esprit accompagné d’un léger sourire de marbre qui permettait de lancer le jeu des facéties. Il était hors de propos de montrer la moindre faiblesse à l’antagoniste qui se trouvait face à elle. Longtemps, les deux femmes avaient été des rivales ayant joué avec honneur de leur influence respective. Certainement auraient-elles pu être proches si le duo n’avait pas eu le malheur d’aimer le même imbécile homme. Aujourd’hui il était trop tard et l'abîme entre les deux était béant.
En ses mains, Nelya tenait insidieusement le destin de Sharra qui ne connaissait pas les clauses négociées entre le Val et l’Empire lors de la capitulation du premier. Là non plus, la naguère Corbray n’avait rien eu à dire et il lui faudrait user d’ingéniosité pour s’en défaire, si la volonté venait ce qui n’était pas acquis. On ne lui mettait pas les fers déjà, voilà un bien moindre mal. Cependant, le poids de la liberté était probablement un faix bien plus lourd à porter que des chaînes. « Je vous remercie de votre attention. » Qui ont des objectifs, la générosité attendait toujours compensation. La réponse de Sharra était sobre, accompagnée d’un léger hochement de tête afin de montrer une vague forme de reconnaissance quant à ce sujet.
La suite de la conversation éveilla bien plus la curiosité de la reine-mère du Val qui retrouva une forme de lueur dans son regard alors que son coeur se serra aussitôt, l’obligeant à faire un léger pas de recul pour ne pas voir sa masse corporelle, malingre, totalement désarçonnée par la bouffée d’émotions qui résonnait en elle. Si les paroles restaient dépouillées de tout enthousiasme, Sharra jouait de quelques signes corporels pour montrer une forme de reconnaissance plus affichée à l’égard de la Omble. « Cela serait un véritable plaisir que de pouvoir écrire à mes fils, vôtre Grâce. Je vous suis reconnaissante de m’accorder cette faveur. » Le terme n’était pas utilisée tant pour marquer de la défiance que pour signifier que Sharra aurait à l’égard de Nelya une forme de redevabilité pour cette gageure offerte. Était-ce par calcul, ou bien par sincérité que son interlocutrice lui donnait cette opportunité ? Cela importait peu à la Arryn, ses fils étaient sa faiblesse, et pour eux elle prendrait une flèche. « Sur vos bons conseils et vos mots, je m’en vais prendre quartier afin de me rendre plus présentables et rédiger ces courriers. Je suppose que les gardes sauront me guider. Sauf si vous voulez déjà que nous abordions certains sujets ? » Elle se retenait de poser la moindre question sur la localisation de ses fils. La guerre était la guerre, inutile de demander s’ils étaient en sécurité : la réponse était non.
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Lun 9 Oct - 7:25
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Nelya Omble & Sharra Arryn « FORT-DARION, SEMAINE 1 DU MOIS 7 DE L’AN 2. »
La Belle n’a pas perdu de sa verve. Il est bien plaisant d’échanger avec des dames possédant une telle qualité. Malgré tout l’amour que je peux porter à la jeune génération, leur sottise et inexpérience me fatiguent à bien des reprises. Les poussins catégorisent drastiquement ce monde et prennent la mouche à la moindre petite remarque. A l’inverse, les vieux bois ayant cultivés leur intelligence savent distinguer la taquinerie de l’insulte et adopter leur propre discours et réponse.
- Pourtant, votre Altesse, j’ai été très succinct avec vos titres. Vous avez cumulé tant de rôles au cours de votre vie. Il aurait été plus juste de les énumérer convenablement mais, j’ai jugé qu’il est plus opportun de ne pas vous retenir trop longtemps.
Sharra Arryn ne perd pas de sa superbe. Sa retenue est appropriée au vu des circonstances. Elle ne sait pas ce que l’Empire et les Royaumes Fédérés pourraient lui réserver. Moi-même, j’ai mes propres doutes. Le sort de la Reine Mère a été assez flou au sein des accords et je n’ai pas reçu d’instructions du Royaume vis-à-vis d’une telle situation. J’avoue que j’ai été bien loin d’imaginer que la mère des Faucons allait se présenter à Fort-Darion.
- Vous êtes une mère, votre Altesse. Je ne l’oublie pas.
Je me contente d’un regard mêlant complicité et respect maternel.
- La garde vous accompagnera jusqu’à vos appartements. Je ne vais pas vous importuner davantage. Reposez-vous autant que vous jugez nécessaire.
Je fais un signe aux gardes d’approcher et leur donne différentes instructions à voix basse. J’indique la chambre attribuée l’une des plus confortables, réservée aux invités de marque. J’en profite pour signaler que toute lettre reçue ou envoyée doit être faite par le mestre, que toute visite est autorisée mais doit m’être communiquée et, surtout, qu’elle ne peut pas faire un seul pas hors de ses appartements sans deux hommes l’encadrant.
Je doute que la brunette complote. Par contre, la situation tendue du Val et de la Montagne et les récents agissements du Grand Septon peuvent en faire autant un pion victime qu’un pion dangereux. Je ne la porte absolument pas dans mon coeur, mais je ne suis pas pour autant stupide. Sa valeur politique n’est pas négligeable dans les forces en jeu au sein de son royaume natal et, surtout, il est de notoriété publique que le jeune Roi entretient une relation aussi proche que complexe et disputée avec sa mère. Tout mauvais traitement envers la Reine Mère pourrait avoir des conséquences aussi inattendues que désastreuses.
La prudence est donc de mise.
- Pour votre information, je vais également informer leurs Majestés l’Empereur et l’Impératrice de votre arrivée en terres impériales.
Je doute que cette information ait son importance immédiate pour des souverains pris dans la calamité d’un front tortueux et catastrophique. Pourtant, ils n’en restent pas moins les maîtres des lieux. Ils doivent être au courant. Après, qu’ils ignorent ou qu’ils transmettent leurs ordres, à leur guise. Dans tous les cas, je n’ai pas besoin d’être chaperonnée pour prendre les premières mesures, les plus essentielles.
***
J’ai attendu qu’une journée complète s’écoule avant de lui transmettre ma première invitation à dîner. J’ai bien insisté auprès du domestique de mettre l’accent sur la cordialité et le choix. Sharra Arryn est libre de refuser cette rencontre, en la rapportant à un autre jour, soir ou moment de la journée. Contrairement à la brunette valoise, je ne suis pas pressée par le temps. L’Intendance m’occupe considérablement, transmettant des ordres d’approvisionnements par-ci et par-là. Lorsque je ne travaille pas, je m’occupe de mes deux enfants, réfléchissant déjà à leur avenir.
Enfin, la rencontre a lieu. La Belle a récupéré quelques couleurs, portant fièrement le blason de sa maison. Pour l’occasion, j’ai opté pour la discrétion et l’intimité. Je la reçois dans une pièce petite, quoique capable de recevoir jusqu’à une dizaine de personnes. Un grand cheminée réchauffe ces murs de grosses pierres. Été ou hiver, ces matériaux savent vous arracher des frissons glacées.
- Je vous remercie pour avoir accepté ce dîner, votre Altesse. Vous avez une meilleure mine. Je suis ravie que vous avez pu vous reposer.
J’attends qu’elle s’installe et qu’un domestique se charge aussitôt de remplir coupe et assiette de mets.
- La situation est assez inattendue et inédite. Vous avez fait un bien long chemin, malgré tous les troubles vis-à-vis de votre situation, de celles de vos fils ou de celle du royaume. Je ne sais pas par où commencer. Alors, je vais vous le demander. Quel sujet souhaitez-vous aborder ?
Mon instinct me souffle de jouer sur la franchise, plutôt que les ronds de jambe. La Belle veut sûrement des réponses. Je préfère qu’elle parle, qu’elle interroge et, surtout, qu’elle révèle ses véritables pensées. Je m’ajusterai en fonction.
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Mar 10 Oct - 22:54
« The quality of decision is like the well-timed swoop of a falcon which enables it to strike and destroy its victim. »
Nelya savait manier les mots avec une rare finesse et elle ne manqua pas de le démontrer une nouvelle fois à Sharra en faisant usage d’un trait d’esprit similaire au sien offrant un témoignage de respect appréciable et agréable. Rien n’obligeait la nordienne à faire preuve d’autant d’élégance à l'égard de la battue même si finalement ce n’était qu’un retour de traitement des luttes anciennes entre les deux protagonistes. Preuve que dans les pires des conflits, la beauté pouvait ressortir loin de la nature vermeil habituelle des guerroiements. La situation était appréciable même si la méfiance demeurait chez la valoise, celle-ci étant en parfait territoire inconnu. La confiance, réciproque, serait longue à obtenir si elle ne demeurait pas un lointain songe idéalisé. « Plus nos titres sont longs et moins nous avons d’emprise sur eux. Vous avez bien fait d’aller au plus court. » De titre ne restait véritablement celui que de “Mère” à Sharra. Le reste importait proue ou peu. Son royaume était tombé emportant les edelweiss de son héritage sous les giboulées du feu et du sang. Son passage dans l’histoire était clôt, fermé à jamais.
De ce titre qui encore importait dans son cœur, l’impériale intendante lui rappela. « C’est pour cette raison que je suis là.» La réponse est posée avec un ton presque suave. Vérité simple, presque pernicieuse tant la vérité était plus nébuleuse. Mais force était de reconnaître que sans Ronnel et Jonos, la douairière aurait certainement fait un autre choix. Pas forcément celui des Centraux.
Chuchotements avec les gardes, l'interlocutrice offrit à l’invitée la possibilité de se restaurer. La nordienne évoqua le couple impérial. « Pourrez-vous les questionner sur le rôle qu’ils escomptent que je joue s’il-vous-plaît ? » Certainement une future victime de l’abominable dragon de l’impératrice pensa-t-elle cyniquement avant de faire une révérence à son interlocutrice « Je vous remercie et je prends donc congé. A bientôt. » Guidée par deux hommes, l’étrangère quitta la pièce. Sa dernière question pouvait sembler manquer de panache cependant, rien n’était pire qu’une cage dorée, et c’était peut-être bien là où elle se trouverait prochainement. Il n’y aurait pas de grandes initiatives, pas de grandes idées… pour se conformer… mais également car pour l’heure, l’aveu était bien cruel, elle n’en était pas capable. Et certainement la naguère Corbray n’en serait pas plus capable les semaines à venir, paralysée par ses propres défaillances.
***
Sa chambre avait tout de la suite de luxe, bien trop grande et belle pour la pérégrine qu’elle était devenue. Si sa stature de sang bleu était rassurée, son esprit et son âme étaient à la frontière d’une forme de frayeur morale. Le claquement de la porte par l’un des gardes provoqua même un trouble qui se traduisit par un frissonnement involontaire de ses épaules. Bientôt, le silence domina la pièce au son des gouttes de cire des bougies sur leur chandelier. Pendant quelques minutes, la douairière resta fixée, sans un battement de cil, comme si le temps s’était arrêté. Ses yeux vibraient au rythme des pulsations de son cœur et son ouïe cherchait à identifier le moindre chuintement. Ce calme absolu, sans sifflement du zéphyr, sans hululement, sans stridulation d’un insecte, sans piaillement d’un oiseau, sans frottement de branches soudain et inattendue. Éphémèrement, Sharra se demanda si elle n’était pas morte et par conséquent, que cette pièce était l'entre chambre de son jugement à venir. Alors, par un mouvement léger, en s’appuyant sur des ongles écornés par le temps, la valoise se pinça, fort, trop fort. Et un léger filet de vermeil légèrement chaud s’échappa de son corps pour glisser sur son avant-bras. La fleur du Val avait froid, très froid.
Sharra retira sa cape azure, le dernier falot de ce qu’elle fut, et ce qu’elle ne serait plus. Le tissu précieux rappelant les cieux fut plié puis la femme de quelques pas lestes se dirigea vers un linge de maison pour essuyer ces perles rougeatres ayant fui son corps avant d’appuyer sur la plaie pour tenter de faire arrêter l’écoulement. Le monde s’effrondrait lentement sous ses bottes et bien elle s’extirpa de sa tenue en faisant une toilette minimale avant d’enfiler une ample robe de chambre aux arômes délicats. Plongeant dans le lit, elle n’eut pas le temps de songer à la moindre choses que ses paupières se fermèrent pour l’envoyer dans un monde de rêves et d’épouvantes qui sous le poids de la fatigue ne parvinrent jamais à atteindre le conscient de la douairière.
***
La journée commença à l’aube avec les premières gerbes solaires. Sharra ne tarda pas à quitter sa chambre pour papillonner avec les gardes afin de mieux appréhender les lieux. Elle n’hésite pas à échanger avec ces derniers et à les questionner sur des sujets bien légers ou risibles. Autant transformer cette gêne en quelque chose d’un peu plus agréable même si là aussi, une dynamique prendrait du temps à s’installer. La reine douairière avait rebâti sa sempiternelle image cristalline alors qu’intérieurement, elle restait toujours aussi brisée. Son reflet ne lui offrait guère autre joliesse qu’une carcasse décharnée toutefois, ces mauvaises pensées avaient au moins pour fortune d’être chassées par la découverte des lieux. Durant la journée un domestique vint la trouver pour lui apporter l’invitation de Nelya qui avait été reportée par un domestique. Sans aucune hésitation, la valoise accepta. Le reste de la journée se déroula sans évènement notable.
Le lieu de rencontre des deux femmes fut assez discret, bien que spacieux pour un nombre de convives conséquent. « C’est moi qui vous remercie de l’invitation. » Leurs paroles respectives étaient toujours très policées. Se faisant installée à la tablée, on ne tarda pas à bien trop lui remplir son assiette. « L’Empire est-il toujours aussi généreux avec ces convives ? » Fin sourire, la question est légère et n’a pas vraiment de vocations hormis faire la conversation avant que des sujets plus sérieux ne s’instillent dans leurs échanges.
Nelya offrit une ouverture à Sharra en lui proposant d’aborder de choisir le thème de la discussion. Il fallait être méthodique et pour le moment, conserver ce qui pouvait faire la préciosité de la naguère Corbray. Un jeu de cartes où boniments et vérités se joueraient. Et l’équilibre serait difficile à trouver pour renouer quelques sentiments d’amicalité. La valoise se battait pour Ronnel et Jonos, pas le Val Fédéré. « Quel est le meilleur lieu pour mieux observer les étoiles aux alentours de Fort-Darion ? Je ne sais pas si je vais devoir rester longtemps ici. » L’interrogation n’est pas dans la question, mais bien dans la seconde phrase. Une manière gracieuse de parler des conditions de séjour de la valoise.
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Mer 18 Oct - 16:55
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Nelya Omble & Sharra Arryn « FORT-DARION, SEMAINE 1 DU MOIS 7 DE L’AN 2. »
- L’Empire est généreux avec ses loyaux sujets et ses braves alliés.
Cette phrase n’est pas aussi anodine. Pour ceux et celles qui savent entre les lignes, le message est double. Je reconnais la valeur de tous les royaumes fédérés que ce soit pour leurs sacrifices ou leurs engagements et qu’importe les circonstances de leur adhésion. En parallèle, j’avertis la Belle et lui rappelle l’importance de la notion de loyauté pour le couple impérial. L’ironie veut que le manque d’engagement militaire de la Principauté de Dorne sous le règne de Deria Martell et les revirements d’alliance Val-Nord sous la régence de Sharra Arryn ont mené à la création de l’Empire et, de facto, à la perte même d’anciens alliés décevants.
- Vous êtes notre invitée autant que votre fils, sa Majesté le Roi Ronnel, décidera.
L’hésitation me gagne. Les termes de la capitulation valoise sont assez flous vis-à-vis de la Reine Mère. Il n’est pas question de mariage, d’exil ou de punition, mais il a été fait mention d’un éloignement politique. Comment peut-on réussir un tel exercice dans un contexte aussi tendu que le Val et la Montagne ? La moindre action, ou parole, de Sharra pourrait jouer sur la balance des pouvoirs au sein de son royaume natal, soit pour la cause impériale – et donc de Ronnel – soit pour la cause des puissances centrales – et donc Jonos, ou tout autre Roi que le Grand Septon juge plus honorable.
- Vous êtes suffisamment reposées et, surtout, assez alertes pour saisir pleinement tout ce que je vous confierais. Je ne vais pas faire durer votre supplice vis-à-vis de votre avenir en vous interrogeant sur votre voyage. Les paroles rapportées peuvent être mal interprétées ou mal communiquées. Par conséquent, j’ai fait une copie des termes de la capitulation valoise. Je vous invite à lire maintenant ou, plus tard, lorsque nous prendrons le thé ou un digestif. Ce parchemin ne quittera pas cette pièce. Il finira dans cette cheminée, quoi qu’il arrive.
La transparence est nécessaire dans cet échange. La dame des Eyrié a été bien assez fourbe, et a transmis ce défaut même à son fils. Si certains aiment battre le feu par le feu, je préfère user de l’eau et de la glace contre cet élément et l’emporter par la force de ma volonté – et de mes propres jeux moins complexes, mais pas pour autant moins dangereux. Là, je préviens toute future critique que cette chère dame pourrait formuler au monde, si l’envie la prend subitement. On ne sait jamais avec une telle femme et, surtout, avec une mère. Ses enfants sont sa priorité et elle prendra sûrement les précautions et décisions nécessaires pour leur survie, quitte à se damner aux yeux du monde.
- Votre fils et l’Empereur ont accepté de faire la paix sous ces conditions-là. Le Val doit signer la constitution impériale et céder des terres. En échange, l’Empire garantit des mariages prestigieux pour votre maison ou vos maisons alliées, un soutien militaire sur vos ports stratégiques et aucun paiement sur la trésorerie valoise.
Concrètement, les conditions ont été plutôt généreuses. L’Empire aurait pu exiger davantage, comme des terres conséquentes et une pléthore d’otages valois – à l’image du Traité de Boycitre signée par la Principauté défaite.
- La seule mention à votre sujet est assez vague. Vous restez une valoise libre, mais une valoise qui ne doit plus malmener la politique de son fils.
Critique et fait se mêlent, malgré que je m’étais promise de ne pas en faire une référence trop acerbe.
- Cependant, au vu des nouveaux éléments en main, je ne sais pas exactement comment une telle clause peut être respectée. Le Grand Septon a excommunié votre fils, a annulé son mariage avec la Reine Ysilia et a proclamé Jonos comme seul et unique Souverain du Val et de la Montagne. Certaines Maisons sont ravies de cette paix avec l’Empire, d’autres sont déçues des sacrifices et de la défaite.
Je soupire.
- A mon humble avis, vous pouvez aider votre fils … si vous travaillez en bonne intelligence avec l’Empire.
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Nelya Omble
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Dim 22 Oct - 13:11
« The quality of decision is like the well-timed swoop of a falcon which enables it to strike and destroy its victim. »
Lieu clos, à l’abri des regards et oreilles indiscrètes, les premières banalités ne tardèrent pas à laisser place à des sujets bien plus ardents, pressants, chaotiques. Et la discussion ne tarda pas à commencer à rubéfier la reine-douairière lorsque l’intendante invoqua le nom de son fils comme dépositaire de l’autorité sur la fleur du Val. C’était hors de propos, plutôt en venir au saut du faucon dans les portes de la Lune plutôt que d’accepter cette sotte idée. Dans la forme, il était évident que le fils, roi du Val, pouvait intimer ordre à la mère. Toutefois, l’expérience de Sharra l’avait conduite à penser que son fils était encore novice dans l’exercice du pouvoir. Secondement, et ce n’était pas quelque chose d’ignorable -ou même d’honorable-,si la valoise avait reconnu pleine légitimité de Ronnel sur le trône du Val et de la Montagne Fédéré ; elle avait expressément notifié qu’elle-même ne pliait pas genou face à l’Empereur ou à l’Empire. Néanmoins, la naguère Corbray se tait sur l’instant, préférant laisser Nelya développer ses idées.
Ses mains allèrent chercher une coupe de vin que la sang-bleu commença à déguster. L’Omble envoya les règles de convenances aux orties en abordant la capitulation du Val face aux démiurges Empire. « Autant les lire maintenant afin que j’observe pleinement les enjeux actuels. » La valoise ponctua sa parole d’un s’il-vous-plaît et tendit son bras vers le document. Évidemment la nordienne ne tarda pas à mettre en avant les avantages du traité en survolant bien rapidement certaines faiblesses de ce dernier. C’était là le nerf de guerre lorsque le jeu diplomatique prenait le pas sur le jeu militaire. Ultimement, si la Arryn était venue ici ce n’était pas pour contester ce qui était écrit là. Évidemment que cette dernière avait son propre avis dessus. Soulever des points ou s’insurger ne servirait de toute façon à rien hormis être contreproductif. Le Val que la naguère Corbray avait défendu avait perdu et n’était plus. Ainsi en était-il et rien ne parviendrait à modifier cette âpre réalité.
La remarque de l’intendante impériale sur son propre sort à elle ne manqua pas de la faire rire jaune intérieurement alors qu’elle arrivait justement à la clause scellant son destin. “Malmener”... C’était une excellente plaisanterie et si la situation était différente, certainement que la reine-douairière aurait lancé une répartie piquante à son interlocutrice. Sharra se contenta d’un « Je vois. » parfaitement neutre. Nelya lui résuma la situation actuelle dont Sharra connaissait certains brides. C’était l’excommunication de Ronnel qui l’avait poussé, en dernier recours, à retomber dans la gueule du loup impérial. « Faudrait-il encore que l’Empire ait la bonne intelligence de travailler avec moi. » Fin sourire, elle déposa le document après l’avoir relu une dernière fois rapidement. Puis le déchira, en deux, puis quatre, puis huit, puis seize… en faisant un petit tas prêt à aller au feu. « Ma simple présence ici, en ces lieux dont nous savons toutes les deux qu’ils ne me sied guère, est la preuve d’un soutien à mon fils. Je vous remercie de jouer franc-jeu avec moi et je n’escompte pas vous faire perdre votre temps par fausse humilité. »
La fleur du Val observa son interlocutrice quelques secondes, réfléchissant à ses mots prochains. « Mon arrivée dans l’Empire ne signifie pas un soutien à ce dernier. Par ailleurs, un tel flou autour de mon propre destin est plus humiliant que l’exil ou que le séjour en geôle. Vous ne savez pas quoi faire de moi, avouez-le. » Simple constat par le paradoxe émis par Nelya. Il n’y a pas d'agressivité ou de reproche dans les paroles de la fauconne. Elle avait annoncé à Torrhen qu’elle ne ploiera pas genou et ne reviendrait pas sur cette parole. « Je ne dois pas faire de politique, pourtant je dois retourner à cet exercice. Si vous voulez que je le fasse, il faudra m’offrir l’autorisation d’aller dans le Val. Et si vous voulez que je fasse un travail décent, il faudra me laisser les coudées libres. Est-ce un risque que vous êtes, l’Empire et vous, prêt à prendre ? Il existe un risque non négligeable que je sois un agent double, mon séjour dans la Bief ayant été long. » Cartes sur table. Et le dernier élément n’était qu’un parmi -pléthore- d’autres qui pouvait être soulevé contre elle à cause de sa trahison.
« Je n’ai aucun pouvoir, c’est à vous de définir mon rôle et mon utilité. Je puis autant partir pour le Val pour aider les Arryn, que vers l’Ouest ou le Sud pour délivrer certaines informations. Le Nord reste une possibilité si vous souhaitez me neutraliser définitivement. Quant à rester à Fort-Darion, même pour moi cela demeure un mystère. » L’important n’était pas ce que Sharra voulait, mais ce que l’Empire souhaitait.
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Dim 10 Déc - 16:18
THE FALCON SOARS
Nelya Omble & Sharra Arryn « FORT-DARION, SEMAINE 1 DU MOIS 7 DE L’AN 2. »
Sharra Arryn et moi-même sommes des femmes de pouvoir, pourvues d’une intelligence diplomatique et tactique. Il y a bien longtemps que nous avons respectivement troqué nos capes de jeunes filles insouciantes et émotives pour la lourde charge de mère, de patronne et de politicienne. Nous avons appris à faire la part des choses, scellant nos émotions lors de l’exercice de nos fonctions. Alors, j’outrepasse mon irritation sur le fait qu’elle a partagé la couche de Torrhen, ma colère qu’elle a osé briser une parole donnée possiblement avec des baisers et ma satisfaction qu’elle soit pieds et poings liés en face de moi.
Je me concentre qu’à une seule et unique question : l’avenir. Sur l’échiquier du Cyvosse, quel rôle peut-elle bien occuper ? L’Empereur a bien indiqué qu’il n’a nulle confiance en la fauconne, suite à ses manœuvres sournoises passées. L’Impératrice a une opinion des plus piètres à son sujet. En contre partie, elle reste la mère aimée d’un souverain ayant capitulé très récemment et dont le royaume est divisé et au bord d’une nouvelle crise. Enfin, comme l’ancienne régente l’a souligné, elle peut être encore à la solde des Puissances Centrales, de bon gré ou contre son gré.
- L’Empire a voulu travailler en bonne intelligence avec vous, à deux reprises. Et à deux reprises, vous avez refusé soit franchement, soit en négociant déjà des termes sur notre carcasse à venir avec nos ennemis.
Mes ongles pianotent sur la table.
- L’Empereur préfère vous savoir à Fort-Darion qu’au Val. Il craint que vous supportez les factions contre l’Empire. La capitulation de votre fils ne fait pas l’unanimité et les actions du Grand Septon rajoute de l’huile sur le feu.
Elle n’est pas stupide. Il est donc inutile de lui mentir ou de jouer à quelques jeux complexes et sophistiqués avec. Elle comme moi connaissons suffisamment le couple impérial pour deviner leurs avis respectifs sur les différentes discussions en cours.
- Je pense que vous pouvez apporter quelques conseils ou jouer de quelques influences pour aider votre fils dans sa tâche. Cependant, et effectivement, je ne sais pas exactement quels seront vos conseils ou vos manœuvres. Vous pouvez profiter de la première faiblesse de l’Empire pour retourner, encore, votre royaume natal contre nous.
Une telle perspective est synonyme de folie. Un royaume perd beaucoup à tourner autant sa veste. Or, même si les chances sont très minimes, elles existent encore.
- Enfin, et plus important, vous restez citoyenne du Val et de la Montagne. Si votre fils, sa Majesté le Roi Ronnel, exige votre présence à un poste ou à un lieu, ni l’Empire, ni un Royaume Fédéré ne peut s’y opposer.
Je pose mes mains sous mon menton et je la fixe intensément.
- Le Val est difficilement permis, en l’absence de vos fils. Je ne vois que deux possibilités. Soit vous restez à Fort-Darion et vous m’assistez à piéger et à mettre à mal les Lions ou la Tour. Vous avez été ambassadrice et alliée, tour à tour, je suis persuadée que vous avez quelques précieuses informations.
Je fais une pause, attendant de voir si elle a quoi que ce soit à ajouter.
- Soit vous rejoignez l’un de vos fils, mais accompagnée et chaperonnée par une demoiselle de compagnie de l’Empire. Elle aura à charge de vous accompagner constamment et aura droit d’écrire ce qu’elle souhaite à l’Empereur, à l’Impératrice. Elle quittera son poste lorsque l’Empire aura l’assurance que vous ne conspirez pas contre lui. Évidemment, et cela va de soi, le rôle de cette demoiselle ne sera connu que d’elle, de vous, du couple impérial et de moi. Un travail en bonne intelligence commence par un secret partagé, n’est-ce pas ?
Je me tais, attendant sa première réaction.
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Nelya Omble
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Sujet: Re: The falcon soars [Ft. Nelya] Sam 20 Jan - 14:10
« The quality of decision is like the well-timed swoop of a falcon which enables it to strike and destroy its victim. »
Nelya n’apprenait rien de plus à Sharra que ce dont elle avait déjà connaissance. Rien. Un néant bien futile, inutile, risible. Était-ce un soubresaut d’orgueil mal placé ? Peut-être, mais l’abcès avait déjà était crevé. Hypothétiquement, une désespérance qui ne pouvait plus se terrer dans un corps qui portrait les stigmates de l’horreur de sa propre personne. Une haine furieuse contre l’existence d’un soi, qui avait pour unique contradicteur les ruines d’une piété familiale déraisonnable. Bientôt, la valoise n’écoutait plus que d’une oreille, ne prenant ni avantage, ni ombrage des propos de l’Intendante impériale. Les hypothèses de l’Empereur et de la Ombe étaient stupides. Si, elle avait voulu user de ses surannés réseaux, la sang bleu ne serait pas aller à Fort-Darion. Déjà aurait-elle agit en avance et oncques la dame n’aurait fait halte dans cette immonde capitale. Le silence était d’or et la raison gardée encore suffisante.
Vous le dites si bien. Je suis citoyenne du Val et de la Montagne. Pas citoyenne du Val et de la Montage Fédérée. Elle se retint de justesse de laisser sa parole acerbe prendre le dessus. Son tempérament si docile semblait grusinait par une rage atrabile alors même que son statut demeurait flou au possible, des cendres. Parce que c’était ça que l’Empire lui offrait. Des cendres. Son sort avait été jeté en pâture dans les mains d’hommes imbéciles. Et ces mêmes imbéciles étaient bien incapables de lui dire quoique se soit. Son fils n’avait plus rien à exiger d’elle. Tout comme l’Empire ne pouvait pas plus. Alors, elle ne jouerait pas, ne ferait rien de plus.
« Bonne intelligence ? » Persiffla-t-elle. « Ni vous, ni l’Empereur, ni mon fils n’est capable de me dire ou de m’écrire quel a été mon sort signé durant le conflit. Vous me donnez une chierie de papier n’expliquant rien, laissant un flou absolu. » Elle s’arrêta quelques instants. « Ne venez donc pas me parler de bonne intelligence. » termina-t-elle.
« Cette guerre n’est pour l’heure, plus la mienne votre grâce. Inutile de faire durer plus longtemps cet échange. » Celle qui fut la reine douairière du Val se leva, s’assura de retirer les plis de sa robe. Qu’importait les conséquences.
Les impériaux ne savaient pas quoi faire d’elle, et bien tant pis. Sharra n’avait pas plus de réponses à apporter.
Lorsque le zéphyr souflerait de nouveau, peut-être que la graine partira ailleurs. En attendant, le néant.
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