You leave, I stay, same old song [Tour XI - Terminé]

Mon regard parcourt le compte-rendu de la dernière séance tenue par le Collège Impérial, fronçant les sourcils vis-à-vis de certains points. Je lis autant de bonnes que de mauvaises nouvelles, dont une ou deux qui me surprennent considérablement. La lettre de Jeyne concorde avec ces lignes : un rapprochement, ou une discussion du moins, a véritablement été confié entre les Maisons Lannister et Tully. Je ne comprends pas les raisons d’une telle manœuvre et je regrette amèrement de ne pas être une proche amie de ce Roi pour m’enquérir davantage. Je vais devoir prendre mon mal en patience, en attendant qu’une missive détaillée me parvienne d’une personne présente – ou qui va se rendre – sur ces terres.

Jon Stark et Helena Hoare sont les premiers noms qui me viennent à l’esprit. J’ai la confiance du premier. Nos intérêts convergent avec la seconde. Dans ce méli-mélo de souvenirs et de noms, le doux visage d’Eléanor Stark émerge. Comment peut-on se renseigner au sujet d’un homme ? Soit auprès de sa tendre mère, de son épouse ou de sa fille. Il est grand temps que j’écris quelques mots à cette nouvelle Souveraine, tant pour obtenir son soutien vis-à-vis de ce projet de mariage que pour tenter de saisir les contours de la personnalité de Lyham.

Mahée Allyrion est un nouveau nom qui flotte sous mes yeux. Ai-je déjà contacté la nouvelle Princesse de la Principauté de Dorne ? Si non, comment puis-je amorcer ce premier contact ? Je n’aime guère ces banalités monstrueuses vis-à-vis du nouveau règne d’un Souverain, ou d’une Souveraine. Il faut savoir se différencier par des présents, de bonnes nouvelles ou par des gestes forts. La distance ou les blocus jouent considérablement à mon désavantage. Il peut être bon ton que je me lie fortement avec les représentants présents au sein de Fort-Darion et, ainsi, remonter doucement mais sûrement jusqu’à leur dirigeante.

Un homme s’annonce et se présente. Après quelques palabres de courtoisies et bienséances, il m’annonce que je suis demandée par l’Empereur. J’acquiesce, et me prépare presqu’aussitôt. Je me saisis de ce grand livre de comptes, glisse quelques feuilles vierges et prends la direction de la salle – ou la pièce – indiquée. Sur ce court trajet, un nouveau nom se balade autour de ma tête : Isla Chelsted. On m’a rapporté que la blondinette se serait amusée toute la soirée avec ses pairs, pendant que son amant se serait attelé pour quelques obscures activités – sûrement liées à la guerre, le connaissant. Je soupire. Que se passe-t-il entre les deux ? Les nouveaux amants ont grand du mal à se quitter les premiers jours. Du moins, tels sont mes souvenirs avec les miens – et les rares qui ont eu droit à toute mon attention et amour.

- Votre Majesté, vous m’avez demandé. Comme toujours, je suis honorée

J’entre discrètement, salue courtoisement et prends place aussitôt. Je n’aime pas beaucoup parler la première, ou du moins d’emblée. J’ai toujours l’impression que je donne trop d’éléments à l’autre de facto.

- Est-ce que les Festivités ont été à la hauteur de vos attentes ? , glissais-je.

Je profite de cet instant de flottement avant le début de tout entretien sérieux avec Torrhen pour m’installer, posant mon livre sur une table, mettant les pages vierges à ma droite et saisissant déjà une encre et une plume posées non loin.

- Vous partez bientôt. Vous avez sûrement des instructions à me donner. Est-ce que je dois également consulter votre épouse, son Altesse l’Impératrice, ou avez-vous également ses propres instructions ?

Je ne me permets jamais des familiarités avec Torrhen lorsque nous sommes entourés. Je ne me permets le tutoiement que lorsque nous sommes en tête-à-tête, ou que j’ai à lui glisser quelques mots à l’oreille – comme une confidence – pour des affaires urgentes ou sensibles. Je ne donne pas d’ordre à ces gardes présents, ou à tout autre personne. Mes droits et mes devoirs s’arrêtent là où ceux de l’Empereur, ou de l’Impératrice, débutent.

Loyalty, Ambition & Motherhood

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You leave, I stay, same old song

Torrhen Braenaryon & Nelya Omble

« Fort-Darion, semaine 1 du mois 6 de l’an 2. »

Les événements vont se précipiter, maintenant. Je ne sais pas encore quand exactement je vais partir, mais c’est maintenant une décision arrêtée que de partir en expédition faire la guerre dans l’Orage. La situation presse. Tout presse, en vérité. Je sais que je vais devoir encore surmonter beaucoup d’épreuves, que je vais encore devoir tuer beaucoup de gens, et que beaucoup de gens bien vont encore devoir souffrir et mourir avant la fin de tout ceci. Je dois encore beaucoup travailler. Savoir n’est pas pouvoir. Pour pouvoir, je dois préparer. Et pour préparer, la quantité de travail à abattre est faramineuse.

Je dois déléguer, car je ne saurais être partout, c’est une évidence qui s’impose à tous les dirigeants et à laquelle je suis bien familiarisé depuis longtemps, depuis les premières heures de mon règne. Le Nord est gigantesque. En faire le tour quand on est sans cesse appelé et tiraillé d’un côté ou de l’autre, c’est difficile. Voire impossible. Et pourtant il faut bien le faire, le tenter. Pour contenter tous ceux qui placent leur loyauté, leurs hommes et leurs impôts, au service de votre propre bannière. Je sais quoi faire, dans ces circonstances. Héler l’officier ou l’intendant dont j’ai besoin. Et il y a quantité de sujets que je dois aborder avec celle qui détient ce statut, de toute manière…

La brune entre, quand les Gardes Demalion la ramènent. Elle se présente, comme toujours. Polie, courtoise, et s’assied sans attendre d’y être invitée.

| Bonjour, Nel. Et comme toujours, je le suis que tu sois si prompte à venir accomplir tes devoirs. |

Et pour cause. En dehors de moi, je ne connaissais pas de pire bourreau du travail qu’elle-même. La jolie dame me demande si les festivités ont été à la hauteur de mes attentes. Je mâche mes mots, parfaitement raide et immobile, regardant l’homme qui dépose une nouvelle pile de courriers à traiter avant de s’esquiver par la porte en même temps que les gardes.

| Les festivités ont joué leur rôle, et en cela, je te remercie. Elles me laissent un goût mitigé, mais c’est plus du fait des circonstances que de tes efforts. |

Je précise, soucieux de ne pas la vexer.

| Rhaenys est… Comme moi. Après Buron. |

Je ne souffle mot d’Isla et des doutes comme des tourments de son abandon pour ses amis, ce soir-là, et pour Baratheon, alors que je lui avais donné rendez-vous. Je suis un homme qui vieillit. Qui a trop longtemps vécu près des endroits de mort et de sang. Elle s’équipe, Nelya. Elle sait qu’elle va devoir écrire, et réfléchir aussi. Je précise aussitôt.

| Ce sont les miennes, et celles de l’Empire. Si l’Impératrice a ses propres commandements, elle devra encore te les confier… |

Je réfléchis. J’ai mal au crâne, je suis fatigué, je me masse les paupières, fermées et baissées devant mes yeux comme un rideau.

| Je ne sais pas par où commencer. D’abord, as-tu des rapports à me faire, des choses que je devrais savoir ? |

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Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

Très vite, nous nous retrouvons en tête-à-tête. Je suis bienheureuse, toujours ravie de partager quelques rares mais précieux et sincères instants avec Torrhen. Nel ou Lya, tant de simples surnoms qui me rendent nostalgiques, me ramenant constamment à diverses époques, tantôt simples, tantôt complexes. Je ne l’interromps pas, le laissant parler. J’en profite pour le détailler, retenant difficilement de l’interroger du regard ou encore de lui offrir un œil bien courroucé. Quelle allure pour un homme ayant une maitresse bien sublime et jeune ! Ses propos ne sont pas ceux d’un amant épanoui et heureux, touché par la félicité et le talent et l’amour de son amante. Une bouffée de colère monte en moi. Que se passe-t-il, exactement ? Cette petite sotte n’a-t-elle pas assurée que ses amours sont entiers, et ses intentions sincères ? Certes, il essuie un deuil et son épouse est peu disposée et de bonne humeur. Précisément, n’est-ce-pas son rôle de maîtresse que d’apporter réconfort et joie ? Il n’est pas bien compliqué de consoler un Nordien, par les Anciens !

- Tu as de nouvelles migraines ? fut ma seule et unique réponse à ses questions. J’attends qu’il me réponde avant de me relever, de l’abandonner quelques minutes et de donner quelques ordres aux domestiques postés non loin des portes. J’ai des doigts de fée pour calmer ces désagréments, Torrhen. Permets-moi de te soulager, avant que nous continuions cet entretien. J’ai besoin d’un ami alerte, et non un ami fatigué, soufflais-je. Poses tes coudes sur la table, relâches tes épaules et mets ta tête vers l’avant, veux-tu ?, dis-je d’un ton chaleureux, mais ferme.

Un ton que j’aime employer envers mes proches, pour leur signaler que je ne compte pas lâcher cette affaire qu’importe qu’ils soient mécontents, contres ou que sais-je : j’aurais le dernier mot. Les plus intelligents ont vite compris, et savent se plier à ma demande pour ne pas tergiverser longtemps. Les plus idiots continuent à batailler, en invoquant titre, lien ou sexe mais je n’entends rien, allant au bout de mon idée.

Si le Nordien se plie à mon caprice, alors je pourrais le masser. Je commencerai par la nuque puis remonterai jusqu’à la base du crâne, à coup de mouvements circulaires avec les doigts. Lorsque je sentirais les nœuds se défaire, j’explorerai ce cuir chevelu où le blanc et le brun se livrent une belle bataille depuis quelques années. Alors, je terminerai le tout en posant index et majeur sur le front, avant de les glisser jusqu’aux tempes et faire quelques gestes en spiral. Mes doigts s’égareront à quelques reprises dans les cheveux, car je sais que ce contact plait et détend les bons hommes.

J’espère pouvoir m’y atteler sans avoir à essuyer la grosse voix bourgeonne du Vieux Loup. Quoi qu’il dise, quoi qu’il pense, et qu’elles que soient les urgences, tout peut attendre le temps d’une dizaine – maximum trentaine – de petites minutes. Durant ce laps de temps, l’Orage ne tombera pas, l’armée ne sera pas embarquée et lui-même ne pourra pas voler à mille lieux. Il est là, coincé avec moi, bon gré, mal gré.

- Fais-moi confiance, insistais-je, d’un ton plus doux.

Et j’attends sa réaction.

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You leave, I stay, same old song

Torrhen Braenaryon & Nelya Omble

« Fort-Darion, semaine 1 du mois 6 de l’an 2. »

Nelya va devoir tenir le comptoir, comme tant d’autres fois. Elle est bien meilleure dans ce rôle de gestionnaire que dans celui de diplomate, car si elle ne manque pas de tact ni de persuasion il est clair qu’elle est très passionnée, et butée quand il s’agit des intérêts du Nord. Surtout, elle manque comme moi d’un esprit de concession quand il s’agit de défendre les intérêts collectifs. Qu’importe, au fond. Son positionnement ici me convient très bien aussi. Je sens aussi qu’elle est contente qu’au fil du temps nous ayons pu retrouver une forme de confiance et de proximité qui, sans nous rappeler notre relation passée, nous permet en tout cas d’être plus proche dans notre relation de travail. Et finalement, la brune me questionne à son tour quand je l’ai moi-même tancée plusieurs fois. [i]

| Oui, mais ce n’est rien. |

[i]J’observe son manège avec un brin de curiosité. Elle se relève, va dehors, et j’entends sa voix sans bien distinguer ses mots. Je soupire doucement, avant de revoir un peu ma pile de cartes et de missives. L’intendante revient, évoque ses doigts de faits, veut soulager mes migraines. Un ami alerte… Je la regarde, fixement, sans dévier d’un iota. Je ne suis pas forcément suspicieux, mais je sais aussi que les contacts entre nous ne sont jamais anodins, pour une bonne raison. Jadis, nous nous sommes aimés d’un amour adolescent, qui aurait très bien pu faire de moi le père d’un bâtard et l’amant d’une femme fiancée à l’un de mes frères. Je sais aussi que les rumeurs vont vite. Et que je compromets déjà la réputation d’une femme à la cour, inutile de le faire d’autres encore.

| Ferme la porte, alors. |

Qu’un service ne nous interrompt pas. Qu’on ne puisse nous déranger au milieu d’un massage et d’attentions qui, bien que désintéressées, soient d’une certaine mesure assez tactiles. Je soupire, doucement. Un peu las.

| N’en profite pas trop. Porter la main sur son souverain peut être considéré comme un crime de lèse-majesté. |

Je m’installe donc. Assis, sur un des tabourets de bois, et me mets de sorte à lui présenter mon dos, ma nuque, pose mes coudes et essaie de relâcher mes épaules.

| Cinq minutes, après, on travaille. |

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I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

Les ordres tombent, de cette voix rude et chaleureuse à la fois.

Ferme la porte, dit-il. J’acquiesce de la tête, et obéis. Je me dirige vers ladite porte mais ne fais rien immédiatement. J’attends patiemment qu’on toque à celle-ci d’ici quelques minutes. Les domestiques sont réactifs, surtout lorsque le couple impérial est dans les parages. Ils sont surexcités, impatients de servir le Loup ou la Dragonne, être vu et surtout voir l’un ou l’autre.

Lèse-majesté, dit-il. J’esquisse un sourire amusé. Décidément, le Nordien n’a pas perdu de son humour. Il est toujours agréable de l’entendre parler ainsi, prouvant qu’il est toujours lui, ancré là, conscient de tout. Il ne fuit pas, il ne se terre pas, mais il ne ploie pas pour autant. Une force de la nature qu’on ne voit plus, et qui va manquer grandement à ce monde.

Cinq minutes, dit-il. Je ne dis rien. Je ne fais rien. Nulle promesse. L’affaire durera aussi longtemps que nécessaire. Je ne vais pas l’abandonner avec un crane qui lui mène la vie bien dure. Cette joie de le savoir encore taquin laisse place à la peine de le voir sous cette montagne de travail. Pour autant, je ne suis pas en reste moi-même. Nous avons tous fort à faire au sein de l’Empire et avec toutes ces opportunités et mauvaises nouvelles qui se cumulent.

On toque à la porte. Je l’entrouvre. Rapidement, je récupère directement le petit colis du domestique d’une main, verrouille la porte de l’autre. Alors, pose ce plateau avec deux petits boitiers non loin de lui. Sans les ouvrir, et l’agacer avec, je me replace dans son dos, retrousse les manches et m’attelle à la tâche.

Doucement, je dirige mes doigts vers les premiers boutons de cette chemise de cuir.

- Je jure que je ne vais pas porter la main sur mon Souverain, soufflais-je, le ton un peu railleur.

Le vêtement se relâche, la nuque se dégage un peu plus. Je commence par là avec ces petits mouvements circulaires. Je n’hésite pas à insister sur ces zones tendues. J’essaye, au mieux, de ne pas le surprendre et le faire sursauter. Je n’ai jamais dit que je serais la plus douce et la plus tendre. Quelquefois, la voie de la guérison exige quelques peines.

- Tu as encore bien des cheveux, Vieux Loup. Tu n’auras pas le crane dégarni comme bien de tes pairs. Il semble que tu vas être l’un de ses Souverains avec une chevelure argentée et abondante, constatais-je, étant remonté un peu plus haut, m’égarant déjà au niveau du crane.

Je cache au mieux la déception que je ne serais pas véritablement à ses cotés dans un tel événement. Il a choisi, à trois reprises maintenant, et il n’a jamais été question de moi. Pourquoi est-ce que je continue à m’y attacher malgré tout, alors que c’est bien peine perdue ? Je retiens tout soupire, refusant d’apporter mes nuages noirs dans son monde. N’ai-je pas promis que je travaillerai à son bonheur ?

- Te souviens-tu du grand-père du Lord Manderly ? L’homme était réputé pour tenter toutes les remèdes possibles et imaginables pour retarder l’échéance de la perte de ses cheveux, ou de les faire repousser. Parfois, il sentait bien bon. Parfois, quelle odeur immonde, par les Anciens ! , riais-je. Jadis, ces fantômes causaient des peines. Aujourd’hui, ils nous amusent. Oui, je suis définitivement une vieille âme.

A quelques reprises, je ralentis, appréciant simplement le contact de ses cheveux. Puis, je reprends le rythme. Finalement, doucement mais surement, j’arrive au milieu du crane.

- Ssshhh. Il faut aller au bout du traitement pour qu’il soit efficace. Il n’y a rien de plus urgent et important que toi, à cet instant, lui dis-je, anticipant son « 5 minutes ».

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Torrhen Braenaryon & Nelya Omble

« Fort-Darion, semaine 1 du mois 6 de l’an 2. »

Je suis fatigué certes, mais ce n’est pas une excuse pour faire n’importe quoi. Je dois rester tout en contrôle, en maîtrise de mes affaires et de mes relations. Nelya est un peu en dehors des règles et du temps. Nous avions été d’abord amoureux et amants, ensuite presque beau-frère et belle-sœur. Ensuite, vaguement amis. Puis elle avait été ma diplomate pour l’Ouest, et enfin mon intendante. Nous avions des liens forts depuis longtemps, une forme de confiance presque absolue… Mais presque seulement. Teintée de méfiance. De son côté, elle semble constamment craindre d’être surannée, remplacée, mise à l’écart autant de la politique du Royaume puis de l’Empire, que du centre du pouvoir quel qu’il soit. Du miens, c’est son ambition qui parfois me freine, me tient à distance. Parce qu’elle implique que quoi que je fasse, je craindrais toujours un peu, de façon souvent infime certes mais quand même bien réelle, qu’elle tire parti et profit de sa situation.

Nelya reste quelqu’un de fiable, et de loyale. Elle a juste le défaut de ne pas être totalement désintéressée…

Ce qui, en réalité, est le cas de tout le monde. J’en suis peut être juste conscient car je la connais mieux que je ne connais bien d’autres de gens à mon service. Nelya s’amuse de la situation et ça nous détend, un brin d’humour. Je ne vais certainement pas aller contre un peu de divertissement compte tenu des circonstances des dernières semaines, entre la bataille du Trident et ses suites…

Nelya s’adonne à un drôle de manège près de la porte avec un serviteur mais je n’en ai cure pour le moment. Je la laisse faire ; ça lui tient visiblement plutôt à cœur et je ne me vois absolument pas la juger pour ça. Je suis un adulte qui vient de dire oui à ce qui est présenté comme un geste d’amitié, et c’est bien tout.

Je ressens tout de même un petit quelque chose, quand la brune vient s’attacher aux boutons et aux lacets pour défaire un brin ma chemise.

| Respecte donc ta parole intendante, ou tu risquerais bien de la perdre ! |

Ses doigts sont encore graciles, et elle presse avec une certaine force, en tout cas une grande maîtrise, quand vient le moment de toucher ma nuque et mes vertèbres. Je sens aussitôt qu’elle identifie des nœuds, des endroits où les parois musculaires sont tendues et gonflées… Sans doute trop de temps passé penché sur les cartes, ou dans de trop mauvaises positions de sommeil… En tout cas, la belle identifie les zones et les travaille. Au passage, elle parle de ma toison argentée.

| Peu m’importe la crinière, Dame. Sauf que ça m’évite de porter un bonnet de conscrit quand l’Hiver Vient. Sinon que la vermine peut s’y installer dans les mauvais camps… Je les préfère courts en campagne, quand c’est possible d’avoir le loisir de s’en occuper/ |

Ce n’est pas toujours le cas et je me représente fort bien à quoi ressemblent des soldats en campagne après des semaines de marches et de combats, de nuits à la belle étoile. Des loups galeux et faméliques, endurcis par l’exigence des tueries. Nelya continue de m’interroger sur Manderly, et sur les rumeurs qui ont longtemps couru sur son compte et sur sa sensibilité au sujet capillaire. J’ai un mince sourire à son évocations, quand elle ricane à son tour d’un rire clair et jeune, qui me ramène vingt ans plus tôt.

| Je me rappelle oui. Quelle plaie que les hommes qui se fourvoient en faux espoirs de finir leurs jours jeunes et beaux ! J’ai abandonné l’idée il y a longtemps. La vie m’a très tôt montré que je n’irais pas au caveau familial avec ma gueule de loupiot, et que je serais abîmé au passage. La rançon logique pour qui pare les coups avec ses bras et sa tête quand il n’a plus de bouclier. |

J’avais commencé rieur, puis j’ai fini plus neutre, plus éteint. Et ferme les yeux quand la belle arrive au cuir chevelu malmené de cicatrices et d’endroits moins touffus, malgré tout, par les plaies reçues à la tête, notamment au coin gauche de mon front, pour redescendre sur ma vilaine trogne. Je fronce les sourcils, désapprobateur, mais sans pour autant me montrer punitif.

| L’amour courtois nous apprend qu’il n’y a rien de plus précieux et important qu’une femme, d’ordinaire. Voire, d’un enfant. Suis-je en train de m’éffeminer à ne pas rester sur le champ de bataille, Lya ? |

Je laisse échapper un grognement satisfait au contact sur mon cuir chevelu.

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Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

- J’ai toujours respecté la parole donnée, du moins envers toi, répondis-je, le ton un brin espiègle.

La vérité est que j’ai toujours été avare en promesse. Bien tôt, mes parents et mes gens m’ont appris à quel point la parole donnée vaut or, et qu’un homme – ou une femme – n’est rien sans. J’ai également été témoin de nombreuses vies détruites à cause de paroles vaines ou d’espoirs faussement nourris par un beau langage. J’aimerais dire que seules ces naïves dames ont été les victimes, mais nullement. Il y a ces hommes qui ont cherché du réconfort dans l’alcool ou la guerre. Ils ont autant de cœur que nous, ils sont simplement moins démonstratifs.

Fière Nordienne, j’aimais croire que je ne serais pas aussi aisée à conquérir. Quelle insolence envers les Anciens Dieux ! Il fallut qu’un loup entre dans la bergerie pour que ma vanité se retrouve dévorée par ce dernier. Depuis, mes faiblesses se sont multipliées : un amant, un époux, trois beaux enfants. Avant même que je ne pense ou que je ne rationalise, je m’engage à assurer le bonheur de chacun au détriment du mien, à supporter et à soutenir dans les moments les plus durs sans sourciller et sans me plaindre de mes propres difficultés. Ces mots sortent de la bouche aussi naturellement qu’est l’acte de respirer. Jeune femme, cet état m’effrayait. Femme mature, je n’ai plus peur.

L’amour est tout, sauf rationnel et logique.

- Tu te trompes sur tes pairs et feu Lord Manderly, ami. Il n’a jamais été question de finir ses jours jeunes et beaux. Ce désir de jeunesse est l’expression de mourir seul ou, du moins, nullement aimé par une femme, soufflais-je. Il me l’a dit, un jour, lorsque je visitais son domaine pour un sujet en particulier. Nous avons longuement discuté, de choses et d’autres. Puis, nous avons fini par arriver à son caprice capillaire.

Je me tais, poussant un long soupire, emprunt de nostalgies.

- Ta gueule de vieux loup n’est pas désagréable. Bien des demoiselles qui parcourent ces couloirs s’enflamment pour leur Empereur, lui glissais-je avec une fausse malice. Jalouse et envieuse, je le suis. Rancunière et aigrie, nullement.

Sa dernière question me perturbe. J’ai presque envie de pousser violemment sa grosse tête vers moi. Je me retiens, évidemment. D’une part, je suis encore attelée à cette tache de le débarrasser de ses maux. D’autre part, je crains sincèrement que je ne brise sa nuque – ou la bloque, au mieux. Je ne réponds pas immédiatement, préférant longuement réfléchir avant tout. L’envie de me jouer de lui se dispute au besoin de maintenir ce ton sérieux.

- Prends-tu tous les jours un bain de camomille, de tilleul et je ne sais quelle autre bêtise de mestres de pacotille ? Te parfumes-tu de quelques essences exotiques et étrangères ? demandais-je, approchant ma petite tete du sien, feignant de sentir cette tignasse. Non. Tu sens le Nord, et l’Empire. Hiver, Feu et Sang, ami.

Mes mains quittent leur poste quelques minutes pour s’égarer sur l’encolure de sa tunique.

- Jures-tu uniquement par la soie et la fourrure ? Non. Tu portes ce cuir, ce coton, ce lin.

Mes mains reviennent à leur poste, s’échinant avec plus de force à dénouer nœuds et tensions ici et là.

- Pourquoi te morfonds-tu autant, vieux loup, quand le bonheur, le plaisir ou l’amour frappent à ta porte ? Je crois avoir une réponse. Elle ne risque pas de te plaire, cependant, marmonnais-je. Tu as été si longtemps sur un champ de bataille, que tu en as oublié les douceurs de la vie et d’un foyer, Torrhen. Bientôt, la guerre sera une époque révolue. Alors, tu seras de retour parmi les tiens, ceux qui t’aiment, te chérissent, t’attendent et tiennent à toi. Tu vas découvrir pour quoi tu as tant sacrifié. Et je crois que tu as peur, quelque part.

Loyalty, Ambition & Motherhood

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Torrhen Braenaryon & Nelya Omble

« Fort-Darion, semaine 1 du mois 6 de l’an 2. »

C’est étrange, d’être ainsi touché par la plus vieille amie qu’il me reste, moi qui ne suis jamais vraiment touché par quiconque, en dehors d’Isla, voire de Rhaenys fut un temps. Si j’avais pu avoir des doutes sur les intentions réelles de Nelya, il me semblait celles-ci désormais révolues. Pour le mieux, évidemment. Je manque d’une trop rare amitié, tous mes proches ayant tendance à mourir sur l’autel du devoir partagé et des ambitions tantôt nordiennes, tantôt impériales. Il faut encore tenir bon… Et Nelya m’y aide à sa manière. Je m’amuse de sa saillie.

| Je sais. Nous avons toujours eu cette drôle de relation, n’est-ce pas ? |

Unis par une bêtise de jeunesse, un élan passionnel de premier amour, sans pour autant jamais s’y remettre faute de circonstances appropriées, malgré les facilités de nos existences à l’un comme à l’autre. Et pourtant, toujours loyaux, toujours fidèles. Je ne me leurre pas. Tout est une question de devoir et de reconnaissance. Moi envers elle, pour l’avoir remariée alors qu’elle subissait une grossesse impossible. Et elle, pour me remercier d’avoir toujours su la préserver des affres de son existence. Redevables en quelque sorte. Surtout elle. Et moi, de l’avoir toujours eue comme soutien fidèle, comme appui inaliénable.

J’écoute ce que Nel a à me dire sur les gens qui m’entourent, et leurs aspirations. Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce qu’elle m’explique, tant ces considérations sont bien loin des miennes. Je ne me sens en adéquation avec aucune… Tant je suis toujours obnubilé par ce que me coûte autrement l’exercice du pouvoir, et le poids de mes ambitions. Quant au reste, je souris, souffle d’amusement par le nez, et secoue la tête.

| « Pas désagréable ». Merci pour ce compliment des plus profonds, Nel. Et je ne crois pas que ce soit véritablement le cas. Je sais à quoi je ressemble ; je me vois tous les jours dans ma bassine au moment de faire ma toilette. Il y a des cicatrices plus agréables que d’autres. Mon visage n’est pas plus viril ou plus mature, plus endurci. Il est simplement déchiré. |

C’est ferme et pragmatique, sans la tancer pour son avis. Mais moi je connais la vérité. Car je sens encore la meurtrissure profondément dans ma chair. Je sens la nordienne se tendre et répond, un brin vindicative. Je souris plus largement.[/i)

| Le Nord et l’Empire, hein ? Ca hume l’acier, le sang et le feu. |

[i]Ses mains font plus raides leurs caresses et leur posture. J’apprécie. Mon corps a presque besoin d’être malmené pour ressentir quelque chose, plus encore à propos de mon épaisse musculature. La suite de la discussion se fait bien plus personnelle, et intime presque. Cela me met devant mes démons, mes peurs et mes doutes.

Tu es un chien plus qu’un loup, fils. Tu n’as jamais su que suivre le devoir, et non lui imposer sa course.

| Peut-être. |

C’est rare que j’admette quoi que ce soit.

| Je me bats depuis si longtemps que je ne sais pas si j’ai un jour fait autre chose. Et quand je ne me battais plus tellement, durant la pause entre les deux guerres principales que j’ai connues, je préparais la seconde. Et trouvais toujours moyen de tirer l’épée… Que ferais-je, après ? Est-ce que je saurais me contenter d’un foyer, de voir mes enfants grandir, de vieillir avec eux et mes légions de fantômes, l’orage de mes souvenirs, ou est-ce que je ferais partie de ces vieilles épées à toujours chercher un endroit de conflits ? La Garde de Nuit, ou autre chose ? |

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I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

- Tu sens l’hiver, aussi. Stark, ou Braenaryon, Winterfell ou Fort-Darion, tu es un enfant du Nord.

Je m’entête, mais qu’importe. Loyauté n’est pas synonyme de soumission. Je suis libre d’avoir mon propre avis et de l’exprimer convenablement en fonction du rang de mon interlocuteur ou du lien que je partage avec. J’espère que mon insistance le poussera à se poser la question suivante là : qu’est-ce que l’hiver ? J’ai bien des réponses à lui donner : la devise de sa première maison, la terrible saison de l’hiver, l’assemblée autour d’un grand ou petit feu, la paix des raids des sauvageons, la meute, l’amour sur une paille ou entre quatre murs froids ou chauds, les souvenirs de l’enfance ou de jeunesse …. Qu’il cherche par-delà la guerre et l’ère des luttes …

Entre temps, il me donne raison. Peut-être est déjà un bien grand aveu pour un homme tel que Torrhen Braenaryon. En revanche, Je n’en tire nulle joie, ni fierté, ni orgueil. Au contraire ! Je suis aussi désolée que peinée pour lui. Qu’il est triste de ne pas savourer pleinement un bonheur, ou un plaisir, lorsqu’il est à portée de la main. J’aimerais tant l’y aider, mais je manque tant d’idées que de temps. La jalousie persiste, mais elle ne sera pas jamais assez forte pour que j’en oublie mes vœux passés envers l’amant passé devenu l’ami présent et que je lui nuise d’une façon ou d’une autre. L’exercice n’est pas facile. Dame intelligente, je sais où sont mes intérêts. Femme passionnée, j’aimerais le brûler autant que je ne brûle. Il faut trouver une juste balance et la tâche est ardue au quotidien.

J’écoute très attentivement Torrhen. Ses paroles sont un écho à ses craintes, interrogations et doutes de ses jeunes années. Il est toujours amusant d’entendre l’enfant qui persiste dans le cœur de chaque homme, qu’ils soient sensibles ou endurcies. Est-ce qu’il entend, encore, les conseils ou les critiques de son rigide père ? Si j’ai un grand respect pour la Maison Stark et tous ses Souverains, j’ai toujours ressenti une forme d’antipathie à l’égard du père de Torrhen. L’homme était inflexible et, bien souvent, injuste avec son ainé. Evidemment, je n’en soufflerais pas un mot. Il est toujours mal venu de parler en mal des morts, et davantage lorsque ce mort en question est un parent.

- La paix est, malheureusement, une illusion. Ou, inversement, la guerre est une nécessité pour que la paix existe. Guerre et paix sont indissociables de l’un et de l’autre.

L’annonce peut paraître bien défaitiste, mais c’est mal me connaître. Là où le Vieux Loup plonge aisément dans quelques puits du désespoir ou du devoir, je suis celle qui lui balance un petit sceau et tente de l’en extirper à coup de passion, de feu et de certitude.

- Ton épouse et toi avez offert une possibilité d’une longue paix aux générations futures, à travers une fédération et un collège. Lorsque ces guerres cesseront, tu comprendras que cette possibilité nécessite encore d’être protégée et d’être développée intelligemment. Tous les royaumes ne seront pas intégrés de bon gré. Le Val est la preuve. Et tous les royaumes intégrés contre leur gré ne seront pas collaboratifs.

Je ne lui énonce que l’évidence. Il le sait déjà.

- Tu devineras, aussi, qu’une longue paix est agréable mais tout autant un danger pour les générations futures. Elles vont oublier les signes avant coureur d’une guerre et être happée à l’improviste par celle-ci. Il faut les préparer, au moins les maisons mêlées à ton sang. Braenaryon, Targaryen, Stark, Lannister.

Je ne pipe plus un mot, laissant un long silence s’écouler suite à la prononciation du nom des Lions.

- Tu n’auras ni le temps de chercher la guerre ailleurs, ni d’apprécier pleinement la paix d’un foyer. Par contre, tu accompliras toutes ces taches avec ceux qui t’aiment et ceux qui te sont loyaux à tes côtés, et sans le risque de les voir faucher par un carreau d’arbalètes à cause d’une armée ennemie …

Le tableau n’est pas idyllique, mais il n’est pas horrible non plus. Il est réaliste, voilà tout. Et aussi idéaliste soit l’Empereur, il reste un homme pragmatique avant tout.

- Si j’ai tort, j’ai une seule et unique certitude : tu auras beaucoup à faire jusqu’à ton dernier souffle. Et malgré tous tes efforts, l’œuvre sera inachevé mais confiée à de bonnes mains. Comme Isla. Rhaenys. Le collège impérial.

Je me tais quelques minutes, sentant de nouveaux nœuds suite à cette conversation.

- Mais j’espère avoir raison. Si le Nord me manque, je dois avouer que je ne serais pas très friande de vivre au Mur. Hmmmmm … peut-être que je me suis ramollie au contact de ces terres du Sud, également.

Je lui ai juré loyauté. Je lui ai promis que je le suivrais dans tous ses projets.
Une promesse a été faite, et elle sera tenue.

Louve un jour, louve toujours.

Loyalty, Ambition & Motherhood

ANAPHORE

You leave, I stay, same old song

Torrhen Braenaryon & Nelya Omble

« Fort-Darion, semaine 1 du mois 6 de l’an 2. »

Mince sourire pour l'Intendante, qui continue de flatter mon identité comme si elle importe à ce point, comme si celle que l'on me prête ne se suffit pas à elle-même. Il est temps sans doute de s'en accomoder ; je suis désormais trop vieux, et toujours manquant de cette sagesse, pour me retrouver en posture de continuer à me chercher comme les chevaliers errants des légendes. Je suis trop vieux et trop las pour ça.

| Cela fait bien des années que nous ne sommes plus des enfants. |

Et pour cause, puisque nous sommes devenus adultes l'un avec l'autre. Et que nos errements passés ont, au moins pour elle, pavé le reste de nos existences des attentes de tous qu'il nous aura fallu creuser et contredire, ou circonscrire selon les solutions.

Nelya m'écoute et me tance, mais me soutient. C'est étrange comment notre relation a évolué, avec le temps. D'amants à destinées contrariées mais liées, et aujourd'hui, à amis. Elle reste mon soutien, et je suis content que finalement elle se soit rallié à l'idéal impérial. Ce n'est pas tant que je m'en serais voulu du contraire, mais je me serais sans doute senti encore un peu plus esseulé, surtout aux périodes de doutes qui ont précédé ou suivi chacun des nouveaux désastres auxquels je me suis retrouvé accolé. J'essaie de me délasser à son contact. Ce n'est pas facile. Ce n'est plus dans ma nature depuis longtemps que de lâcher prise, en tout cas, suffisamment longtemps au contact de quelqu'un qui n'est pas dans mon intimité. Et avec Rhaenys, ça fait longtemps aussi... Plus qu'avec Isla, avec qui mon début de relation n'est pourtant pas de tout repos avec l'appréhension constante d'être découverts et de voir rejaillir sur elle la pire des hontes.

| Je suis d'accord, tu sais bien. Qui veut la paix prépare la guerre, et tout ce chapitre des adages universellement partagés... |

Mais la responsabilité de la guerre et des catastrophes personnelles ou collectives qu'elle entraîne repose sur moi, et sur moi seul. Dans ces circonstances il n'est guère aisé de pouvoir se sentir serein qu'importe la situation ; on sait que quoiqu'il advienne, la chose va tourner à la tragédie.

Et cette façon de voir le monde est si noire, si sombre, qu'elle imprègne bien vite votre personnalité toute entière.

J'écoute Nelya, et sa calme sagesse laisse place à une diatribe ardente, et à la puissante évocation d'un avenir qui la passionne parce qu'il l'impliquera forcément, elle et son sang, et le mien, et celui de tous ceux qui existent et existeront. Car telle est la construction qu'est l'Empire ; un édifice colossal et fragile, qui peut être mis à mal de bien des façons. C'est réconfortant, une fois encore, de voir et de comprendre à quel point elle tient à tout cela. Et je laisse le silence filer quand il revient. Je sais tout ce qu'elle vient de me dire. J'en ai une conscience aiguë. Mais ça ne change rien au fait. Parfois, j'ai le sentiment d'être trop faible, et de ne pas avoir les épaules pour cela.

Souvent.

Je reprends, d'une voix douce, qui fracasse son ton habituellement rocailleux et l'éraille un brin.

| Ramollie ? Je ne crois pas. Tu as montré avoir été dure, encore. Et les années te vont bien. |

D'en bas, je coule un regard vers elle.

| Je le pense vraiment. Quelle place t'irais, toi, dans ce maintien de la paix collective jusqu'à la fin des temps? |

(c) DΛNDELION

Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

You leave, I stay, same old song

Nelya Omble & Torrhen Braenaryon « FORT-DARION, SEMAINE 1 DU MOIS 6 DE L’AN 2. »

Fille, amante, épouse et mère, veuve, dame de maison, intendante … j’ai enchainé bien des rôles au fil des années. J’ai fait face à différents obstacles et épreuves, certains imposés par le destin, d’autres par les hommes et les femmes de mon entourage. Tout au long de ce parcours plein d’embûches, j’ai ri, j’ai rêvé, j’ai désenchanté. Je suis tombée à maint reprise, et je me suis relevée tout autant tantôt seule, tantôt en m’appuyant sur des soutiens solides comme Torrhen, Lucan, Conrad et tant d’autres.

La gamine pleine d’assurance, d’orgueil et de frivolité qui n’a absolument peur de rien est devenue une femme mature plein de passion mais au front plissé par de nombreuses inquiétudes. Je suis moins tendre que jadis, mais je suis plus prompt à quelques concessions et compromis avec autrui, incluant mes propres ennemis. Car j’ai des points faibles, aujourd’hui, et ils sont au nombre de quatre : mes trois enfants et ce cher homme sous mes doigts.

Si je perds Torrhen, je perds tout mon passé et une partie de mon présent. Aussi loin que mes souvenirs remontent, il a toujours été présent dans mon existence. Qu’il soit en campagne ou non, toute occasion était bonne pour nous écrire ou pour échanger directement quelques mots. Explicitement ou implicitement, nous cherchions conseils, ou nous nous épanchions sur nos doutes, nos plaintes, nos soucis, nos rêves ou nos joies. Aujourd’hui, il me semble impensable d’imaginer une existence sans le vieux loup. Est-ce également le cas pour lui ? Est-ce que ce sentiment est à l’image de mon amour pour lui, soit à sens unique ? Je n’ose pas poser la question, de crainte d’être déçue encore.

Enfin, si je perds un seul de mes enfants, je perds tout mon futur et l’autre partie de mon présent. Il est possible de vivre sans un passé et une partie de son présent mais impossible en l’absence d’un futur. Sans Torrhen, mon existence sera morne, misérable et pénible, certes, mais je continuerais à me battre pour mes enfants. Or, l’inverse n’est pas envisageable. A quoi bon tout ce pouvoir et toutes ces batailles si je n’ai plus un seul futur pour en profiter ? Quel intérêt de vivre quand ma chair et mon sang est dix pied sous terre ? Malgré moi, mes mains se figent, mon regard se perd au loin et un frisson désagréable se glisse tout le long de mon échine.

Les questions de Torrhen perturbent ces sordides pensées, me ramenant à la réalité, celle où j’ai encore un passé, un présent et un futur.

- Quel charmeur … C’est agréable.

Je lui glisse d’un ton chaleureux, doux sourire aux lèvres.

- Ma place est à tes côtés, Torrhen. J’irais là où tu iras. Je te soutiendrais dans bien de tes projets, en t’apportant conseils et critiques. Et, enfin, je tiendrais ma promesse, celle de m’assurer de ton bonheur, celui que tu mérites amplement. Mes enfants et mes petits-enfants à venir me suivront s’il y a nécessité, s’ils n’ont pas une situation stable ou s’ils ont besoin de moi. Je ne compte pas abandonner mon souverain et ma chair et mon sang, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coute.

Ma voix est assurée, sans la moindre hésitation.

- Ce n’est pas un sacrifice de ma vie, de ma personne ou de mes besoins, Torrhen. C’est ce que je veux. C’est ce que j’ai toujours voulu dès l’instant où nous nous sommes rencontrés. Quelque part, cette gamine dans la grange perdure et survit aux années.

Je ne peux pas m’empêcher de m’abaisser et déposer un léger baise sur son front, non loin de la frontière entre peau et racine des cheveux. Je m’écarte, coulant un regard mêlant autant nostalgie que peine et amour. Qu’il médite comme il entend sur cette dernière phrase et ce geste.

J’abandonne sa crinière et remets ses boutons et autres éléments vestimentaires en place.

Codage par Magma.

Loyalty, Ambition & Motherhood

ANAPHORE

You leave, I stay, same old song

Torrhen Braenaryon & Nelya Omble

« Fort-Darion, semaine 1 du mois 6 de l’an 2. »

C'est important pour moi de savoir. Jusqu'à où et quand je pourrais compter sur son soutien. Parce qu'il est forcément conditionné à ses attentes et ses espoirs, à tout ce qui la fait elle. Nelya n'est pas une femme simple. Je la sais travaillée par ses propres ambitions, par les effets d'une vie de conquête personnelle et de privations, aussi, de frustrations de sa destinée toujours contrariée contre laquelle elle n'aura eu de cesse de se battre. J'ai de la compassion, pour elle. Pas de regrets, pourtant. Je suis le premier à penser que nous aurions fait un beau couple, sans doute complémentaire. Mais nous ne pouvions pas nous marier, à l'époque. Elle était trop jeune, et moi je l'étais de même, mais j'avais besoin d'un mariage immédiat. Et puis, il y avait ses histoires avec mon frère qui avaient pris le relais aussitôt des miennes... Ce qui ne pouvait pas risquer d'entacher le blason des jeunes louveteaux. Alors il avait fallu prendre des mesures. Et en tant qu'homme je n'ai jamais eu à regretter d'avoir vécu l'expérience Sigyn, qui m'a forgé en tant que personne avec tous ses bons et ses mauvais côtés.

Je me méfiais en tout cas, de ce rapprochement avec Nelya. Qui venait un peu à contresens de la perfection maniérée qu'elle affiche toujours, en toutes circonstances. Et ça n'a finalement pas été à raison, tant l'intention semble innocente, après coup. Je ne m'en veux pas. Pas vraiment. Je sais simplement que ma position fait de moi une cible de beaucoup d'attentions, d'intérêts parfois divergents, d'ambitions qui parfois se débrident. On ne peut pas tout faire évidemment, pour se prémunir des autres et de leurs intentions. Parfois il faut lâcher du lest. Je l'ai presque fait aujourd'hui par égoïsme, plus que par calcul. Je souris. La belle brune a bien mérité quelques compliments pour m'avoir proposé, et fait, tout ceci sans la moindre arrière-pensée.

| Est-ce du charme quand c'est la plus pure vérité? |

J'en pense chaque mot. Et la voir réitérer son serment de fidélité, et tout le reste, ça ne peut que me plaire et me ravir, mais en pointant toujours du doigt son engagement envers moi de façon un peu plus personnelle, privée. Pour le reste, je hoche la tête, bien sérieux.

| Alors, ta place est déjà prête, amie. Et je ne peux qu'être honoré d'un tel engagement. Alors, je t'en remercie une fois encore. |

Il n'y a rien de plus à dire ; l'économie de mots devant un serment à la vie à la mort est une forme de respect. Il n'y a rien à expliquer, rien à justifier, en aucune manière. Je lui souris, plus encore.

| Je suis content et fier de pouvoir compter sur une amie telle que toi, Nelya. |

Et baisse un instant les yeux, penser à notre jeunesse ça me rend forcément nostalgique des frères que j'avais, de celui qui l'a aimée, et qui n'est plus. Souvenirs et réminiscences d'une époque révolue... Douloureuse, qui marque plus que tout le reste les souvenirs qu'il me reste de cette funeste période. Nos regards se croisent, alors. Je vois. Je comprends, je crois.

| Alors, je suis content de t'apporter ce que tu souhaites, Nelya, et suis content de t'avoir auprès de moi. |

Il est temps maintenant de se reposer un rien, avant de reprendre le travail. Qu'aurais-je pu répondre d'autre, après un regard sur sa silhouette ? Bien sûr que j'ai compris le message. Et qu'il trouve un certain écho, chez moi. Mais j'ai déjà bien trop de choses en tête, de choses à stabiliser, avant de pouvoir espérer s'acoquiner d'anciennes amourettes?

| Merci Nelya. On se recroisera, avant mon départ. Bonne nuit, et merci pour tout. |

Je prends congé, poliment, la gratifiant d'un sourire franc.

(c) DΛNDELION

Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

» And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]
» The song Remains the Same - [Tour V - Terminé]
» Life is not a song (Flashback) - [Tour III - Terminé]
» Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets / Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé]
» Le Bouclier de Port Lannis (Fb - tour VII) [Tour VIII - Terminé]