Ce soir encore, ce furent les étoiles brillantes dans la nuit qui accueillirent Lady Whent lorsqu’enfin cette dernière parvint à quitter son étude où elle avait toute l’après-midi dû étudier les nombreuses dépenses qui allaient être nécessaire à la reprise de la cité d’Herpivoie. Tous ces hommes épées à la main qui dans les jours prochains se battraient au nom de leur croyance en l’Empire, jusqu’à la mort peut-être, n’était sous ses yeux que des sommes et des dépenses. Parfois, la froideur de ces lignes et ces lignes qui réduisaient des vies humaines à de simples chiffres effrayait la Lady mais tel était son rôle au sein de l’Empire, ce pour quoi l’Empereur lui-même nécessitait ses conseils. Ainsi, quittant finalement son étude, Oranne Whent remis les documents sur lesquels elle avait dû travailler toute la journée à un autre dignitaire de l’Empire afin que ce dernier puisse les porter à l’attention de l’empereur.

Mais alors que Lady Whent pensait enfin voire enfin sa journée toucher à sa fin, et arriver l’heure pour elle de regagner la chambre qui était allouée au sein de la capitale impériale de Fort-Darion, elle fut arrêtée dans son mouvement par l’arrivé d’Helena Hoare face à elle.  Que pouvait bien lui vouloir cette dernière ? N’avait-elle pas, à force de faire face au silence froid de Lady Whent, compris que cette dernière ne voulait rien avoir à voir avec elle ?

Se figeant immédiatement à la vue de cette dernière, Oranne Whent se demanda encore une fois pourquoi l’Empereur avait absolument souhaité avoir l’épouse du prince Hoare à ses côtés à Fort-Darion, bien sûr elle admirait le tempérament juste et clément de ce dernier mais cela était trop de bonté envers l’épouse consentantes d’un ennemi. Car bien que les deux femmes soient liées par le sang, Lady Whent ne voyait en cette dernière rien d’autre qu’une dernière.

- Lady Hoare.

Comme toujours, Oranne Whent ignorait le véritable titre de reine des fleuves et du crépuscule avait lequel elle aurait dû s’adresser à Helena Hoare alors que l’empereur lui-même l’appelait sa majesté. Car cette dernière ne méritait rien de ce titre, avait épousé avec joie on disait un homme qui n’avait rien d’un roi et n’était même pas un homme véritable.

Pourtant, toute la froideur que pourrait employer Lady Whent à l’égard de sa cousine ne pourrait jamais effacer les souvenirs de l’enfance que les deux jeunes filles avaient partagées. Car, séparées de seulement deux ans, les cousines avaient dans leur plus tendre enfance connue des grands moments de joies et d’amusement ensemble à chasser les chats dans leur demeure respective, des enfants si heureuses et dynamique. Puis la vie avait séparé leur chemin en des destins opposés. L’une s’était mariée à l’héritier des Hoare et l’autre avait vu en ces derniers un ennemi à vaincre, chacune alliée à un côté de l’a bataille jusqu’à ce que finalement ressorte un vainqueur. Et voilà qu’à présent la guerre finie les deux cousines ennemies s’étaient retrouvées.

- Allez y.

 @Helena Hoare  

Codage par Libella sur Graphiorum

- En effet, j’y ai été convié par l’empereur.

N’ayant aucune envie de plus longtemps encore continuer cette discussion, avec cette femme pour laquelle elle n’éprouvait à présent plus aucune amitié ni aucune tendresse, Oranne Whent salua froidement Lady Hoare et fit un pas de recul. Elle cherchait ainsi à s’échapper à cette rencontre des plus pénibles, à retrouver le confort de la solitude de son bureau, loin de cette personne avec qui elle ne souhaitait aucunement s’étendre sur aucun sujet. Cependant la fer-née prononça des paroles dont la franchise surprit la froide conseillère impériale. Elle, dont le visage était connu pour ne jamais exprimer le moindre sentiment ne put retenir une expression de grande surprise, n’ayant pas souvent entendus de paroles aussi direct à la cour impériale.

Que lui voulait donc cette femme pour ainsi venir la prendre à partie au milieu du palais impérial ? Oranne Whent ne comprenait quel sentiment animait celle qu’elle avait nommée plus jeune ma chère cousine à venir ainsi chercher la vérité à tout prix, ne comprenait-elle pas que toute chose n’était pas bonne à évoquer et certaines choses du passé étaient justement à laisser dans ce temps passé ?

- Lady Hoare…

Oranne Whent un instant ne pu que clore les paupières, prendre le temps de se concentrer sur sa personne et chasser les souvenirs qui soudainement assaillaient son esprit. Elle ne voulait plus penser à cette terrible nuit et à ce que lui avait fait subir l’un des hommes proche du Noir alors qu’elle-même n’était qu’une enfant, ne voulait que ce qu’elle avait subi ne soit rien d’autre que le bois faisant bruler le feu de sa colère. Mais la présence de cette cousine et ami du passé lui faisait resurgir les souvenirs de cette fête ou elles avaient dansées ensemble durant le banquet, révélant leurs chevilles et la peau blanche de leur jambes à chaque tour soulevant leurs jupes, cette peau blanche qui chez Oranne n’était plus tout à fait celle d’une enfant sans être cependant celle d’une jeune fille. Et Lady Whent ne pouvait que repenser à l’innocence qu’on lui avait si violement arraché ce soir-là. Elle pensait à cette haine qui s’était à jamais emparée de son cœur envers ces fers nés, ces mêmes que sa cousine avait de pleins cœur accueilli dans sa couche, et Oranne Whent pensa au destin bien différent que les deux cousines auraient empruntés si ce soir-là, à sa place, c’est sur la jeune Helena que ce malheur était tombé.

- La vie nous à fait suivre des chemins opposés, nous soumettre à des rois et des valeurs contraire… Vivre dans le souvenir d’une enfance qui n’est plus n’a plus aucun sens .

Lady Whent n’avait qu’un souhait en cet instant, et ce dernier était de retrouver la solitude de son étude, de retrouver la protection d’un lieu où elle pourrait loin du regard des autres membres du palais impérial exprimer sa rage. Elle avait besoin de cette bulle de solitude pour à son aise hurler, exprimer tout ce que ne lui permettait pas son masque de travail et de froideur.

- Je ne porterais la moindre offense de cette discussion Lady Hoare mais, aux noms de nos souvenirs partagés, je vous demanderais de ne plus remuer le passé.

Lady Whent secoua la tête pour chasser cette cousine dont elle ne voulait plus se remémorer l’amitié d’entant, dont elle ne pouvait plus accepter cette amitié qu’elle ne savait avec qui avait été partagé. Car Helena Hoare était par la force du destin devenue la femme d’un ennemi, la reine d’un peuple ennemi, et un ennemi elle-même. Qui sait si cette amitié profonde qui durant leur enfance les avait tant lié n’avait par la suite était partagé avec les deux hommes qui, au cours de la vie d’Oranne Whent, prendrait de force son honneur.

 @Helena Hoare  

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Lady Whent pouvait de vive voix se vanter d’avoir toujours portée la famille comme l’une de ses plus grandes valeurs sans nullement rougir d’une telle affirmation, car certainement elle avait accepté bien des sacrifices sans jamais faillir à son rôle de matriarche. C’était par ses efforts et ses sacrifices que cette dernière avait permis à la famille Whent, devenue sienne par le mariage mais surtout par le sang de ses enfants, de prendre ses lettres de noblesses sous l’Empire, conseillé son époux à rejoindre cette coalition naissante et jurer fidélité contre l’avis de son père et gardé la tête haut à travers les semaines puis les lunes complètes de conflit. Tout cela elle l’avait fait pour sa famille, que chacun de ses enfants puisse profiter d’un destin et d’un mariage plus profitable qu’avait été le siens.

Mais la guerre était une chose. Et le sang que la lame tire et fait couler à flot sur les champs de bataille venait souvent remplacer celui que peuvent partager deux frères, lorsque les couleurs des deux camps ennemis venaient remplacer celle de la bannière paternelle. Ne l’avait-elle pas elle-même observé dans la famille Whent ? Encouragé son époux à prendre les armes contre son propre père et incité à commettre ce que beaucoup considéraient comme le pire des crimes pour un homme, regardé frères et cousins se déchirer jusqu’à ce que tous tournent les armes contre celui qui avait été leur seigneur.

Lady Whent et Lady Hoare n’était pas une famille, ou du moins elles ne l’étaient plus.

Et, la conseillère impériale en était bien certaines, ne pourraient plus jamais s’appeler « chère cousine » telle qu’elles le faisaient à l’époque. Non pour cette femme avec qui elle fut jadis si proche, Oranne Whent n’avait plus le moindre termes d’affection ni même la moindre politesse, l’observant finalement s’éloigner sans même faire l’effort de répondre agréablement à ses veux de santé. Il était trop tard pour ces veux, trop tard pour soigner les blessures qui chaque jour la détruisaient un peu plus de l’intérieur depuis qu’on lui avait retiré toute la chaleur et la joie qui avait été sienne et laissé simplement l’extérieur comme une carcasse froide. Elle ne pouvait prononcer de telles veux pour une fois qui au sein de son lit et entre ses cuisses avaient accueilli ces mêmes hommes qui s’étaient saisies de l’enfant qu’avait été Lady Whent sans attendre un tel accueil, cette femme qui avait porté l’enfant d’une saloperie de fer-né et donné à son sang la couleur de mer salée. Les veux d’une telle femme n’avait aucune valeur.

Alors Oranne Whent la laissa s’éloigner sans un mot et elle ferma les yeux, juste un instant.



- Helena…

La jeune enfant qui se tenait jusqu’alors accoudée à la fenêtre de sa demeure se tourna vers sa cousine dont le lien familial ne pouvait être plus évident si, bien sûr, on passait outre les très claires différences de caractère que trahissaient la manière des deux enfants de s’habiller et se coiffer.

- Lorsque nous serons mariées à notre tour vous ne m’oublierez pas n’est-ce pas ? J’ai beau écouter chacune des leçons que la septa me donne et tout faire pour être une bonne élève j’ai peur qu’il me manque votre force et votre courage, et que je serais bien incapable de survivre hors de ces murs. Vous me protégerez dehors ? Et en échange je serais toujours votre amie je vous le jure mais, il faut me faire la promesse.

 @Helena Hoare  

Codage par Libella sur Graphiorum