Kora m'effleure l'épaule me faisant tourner le regard vers elle. Je ne saurais dire s'il est tôt ou tard. Je ne dors pas bien, pas si l'ivresse ne me gagne pas. Les réveils sont de plus en plus rudes chaque matin. Je ne surprends plus qu'à sourire qu'en réponse à ceux que m'adressent mes enfants. Là encore le contre coup est dur.  Dès que je les laisse, je pense à ce prince qui n'était plus avant même de pousser son premier cri et la tristesse étreint alors brutalement mon corps, mon cœur, mon âme. J'ai été prise de malaise plus tôt et je me suis retrouvée alitée, à regarder dans le vide pendant un bon moment. J'ai perdu la notion du temps et si la peyredragonnienne ne m'avait pas rappelé ce rendez-vous que j'avais organisé je l'aurais oublié.  Je me lève et laisse Kora me préparer comme si j'étais une poupée sans vide. Mes traits sont tirés mais ma camériste fait ce qu'elle peut pour limiter les dégâts. Si on ne me voyait pas de trop prêt, cela devrait aller. Je ne fais pas attention à la robe qu'elle me fait porter. Je sais qu'elle est noire et c'est déjà bien assez. Elle m'aide à attacher noire soeur à ma taille puis pose sur les épaules une épaisse fourrure qui masque mon buste et les épaules. Ainsi, on ne voit pas que l'un de mes bras est en écharpe. Elle laisse retomber les cheveux en cascades. Elle n'a pas le temps de confectionner une coiffure élaborée. Cela me va. Je retournerai sûrement me coucher ensuite donc cela me fera gagner un temps précieux. Prête, elle sort avec moi de ma chambre, pourtant avec elle, plumes, papiers et enveloppes, comme je lui avais demandé.

Lorsque j'arrive dans le boudoir, je constate que les deux impériales sont présente. Mes gardes inspectent la pièce avant de me laisser entrer puis de se poster à la porte. Kora, pour sa part, dépose son chargement, sert trois coupes puis s'en va tout aussi silencieusement qu'un chat cherchant à échapper à un dragon voulant ne faire qu'une bouchée de lui.
(texte En hide)

Si je dois rester bloquer à Herpivoie, je comptais bien mettre ce temps à profit. Je n’allais pas rester toute la journée alitée, à attendre que le temps passe ou pire, à me contenter de frivolité. Je ne l’avais jamais fait et cela ne commencera pas aujourd’hui. Je ne peux pas me déplacer ? Très bien. Cela ne m’empêchera pas de gouverner et d’amener l’Empire à son apogée. Torrhen le faisait avec une épée, peut être au moment même où nous nous réunissions. Je le ferais en armant les deux femmes en face de moi de plumes. J’attaquais tout de suite le vif du sujet. Je ne perdais pas de temps à échanger des banalités et des évidences. Elles n’avaient pas besoin de me demander comment je me portais, cela se voyait pour toute personne sensée et si elles avaient bien des défauts, la sottise n’en faisait pas partie. Je leur donne tout de suite mes directives, bien que je leur laisse la parole. Notre empire est unique en ce sens concernant le fonctionnement. Nous laissions la place à chaque esprit malin, rusé, doué ou talentueux, qu’importe qu’il soit homme ou femme. Nelya et Isla avaient bien plus à offrir que leurs jolis minois.