Du haut de l’impétueuse tour du soleil, Maegor observait l’immensité du désert qui s’étendait face à lui, majestueux paysage surplombé d’un soleil d’or. Le campement des légions entourait une grande partie de la capitale dornienne, tel un bouclier protecteur, constitué de centaines de tentes et de multiples râteliers portant les armes, éparpillés ci et là pour que les légionnaires puissent s’armer en toute hâte en cas d’attaques de leurs ennemis. Les événements avaient évolué, bien plus rapidement en ces derniers mois que depuis leur arrivée. Il en était le responsable ; il savait que la princesse allait effectuer une trahison à son encontre, et plutôt qu’être passif, il avait décidé de s’y rendre et de la retourner contre elle. Le souffle du dragon de son frère avait réduit en cendre le commandement des Martell, dont  deux membres d’entre-eux. Deria avait parié ses pions, mais cela fut un échec cinglant alors qu’il était encore debout, plus entouré que jamais. Légions, dragons et milices dorniennes constitués des effectifs dont les dignitaires étaient encore intacts. Par la mort de la princesse de Dorne, il avait resserré le contrôle sur ces terres ; par le mariage de son frère, il l’avait légitimé. Désormais, la conquête : qu’elle soit propre et respectueuse, ou sanglante et dévastatrice, elle aurait lieu. Les yeux toujours rivés vers l’horizon, il déplaça sa main droite sur la gauche et s’empara de sa coupe de vin, qu’il porta à ses lèvres. Un fin sourire satisfait s’afficha, tandis qu’il avalait une grande gorgée du liquide vermeil. Ses yeux, tels de fabuleuses améthystes, brillaient face aux rayons du soleil. Les grandes portes s’ouvrirent soudainement, perturbant le calme et un garde, arborant le dragon Valtigar, s’inclina. « Seigneur, voici son altesse votre frère. » introduit-il avec une voix emplie de respect avant de nouveau de quitter la porte, refermant l’accès derrière le prince cadet de l’empire.

Les pas de son frère résonnèrent dans la pièce. L’aîné se retourna, attentif à la présence de son sang, inclinant la tête en guise de salutations. Malgré quelques dissensions dans leurs relations, les deux frères travaillaient de concert et se réunissaient depuis la prise de la principauté pour évoquer les stratégies futures. Maegor servit rapidement une coupe de vin à son cadet, qu’il lui tendit, avant de se resservir lui-même et de porter de nouveau son regard sur l’extérieur. « Valonqar* » prononça-t-il en guise de premières paroles, pour entamer la conversation. Il avait toutes les prérogatives pour prendre les décisions qu’il souhaitait, en ces temps de guerre et de conquête ; néanmoins, Aerymor et sa femme portaient le titre de prince et princesse de Dorne. Dès lors, ils avaient un pouvoir de décision qui était bien réel et la famille Valtigar avait toujours travaillé dans une unité absolue, pour le bien des leurs. Les dragons envers et contre tout, et tous. « J’espère que ton épouse est comblée. » prononça-t-il, avant de débuter toute discussion stratégique. Le sous-entendu était déjà placée : comblée, mais surtout, exécutaient-ils leur devoir conjugal ? La nécessité d’une lignée forte était plus que jamais la priorité absolue, signe de prospérité et de stabilité dans une contrée agitée, qui n’avait que subi les conflits et incursions d’autrui.

Maegor porta de nouveau sa coupe à ses lèvres, puis la posa sur la table à ses côtés. Il appuya une main sur son épée, accrochée à son ceinturon. « Nous avons joué un coup de maître, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. » débuta-t-il pour toute question de stratégie. Aerymor n’avait jamais été bercé là-dedans, il était un combattant, un féroce guerrier ; mais il demeurait dans les hautes sphères du pouvoir.


*Valonqar : petit-frère
partie hide transmise.

Il observait son cadet d’un oeil attentif, détaillant tout de son attitude. Il avait l’habitude d’être à l’écoute de tous les gestes, de toutes les paroles, de tous les murmures. Son frère évoluait désormais dans le jeu de leur conquête, prenant une large part dans leurs oeuvres incertaines. Lorsqu’il avait compris que la princesse de Dorne allait effectuer une action répréhensible — une trahison, il avait décidé d’agir à son tour. Bien-sûr, si alliance il y avait eu, tout aurait été différent, peut-être même qu’ils n’auraient pas révélé aussi tôt leurs dragons, peut-être même que le mariage aurait eu lieu entre Aerymor et Deria Martell. Néanmoins, la succession d’événements n’avait guère dérangé l’héritier. Toujours prêt à s’adapter, la trahison lui avait donné le motif valable pour s’emparer de ces terres. Et Aerymor, lui, avait accepté le destin qui lui était réservé. Lui, le combattant, qui cherchait la grâce des siens, qui voulait forger sa place, venait d’épouser le sang dornien pour fonder une lignée qui dominerait le sud de Westeros, la Principauté, affaiblie et assaillie, qui n’attendait que de se relever. Maegor voyait bien les efforts fournis par son cadet, cette volonté d’être à la hauteur des ambitions familiales. Et même si leur relation n’était pas parfaite, il comptait bien le soutenir, l’aider, à se faire sa place dans ce monde et sur ce continent. Car le couple qu’il formait avec la jeune Nymeria, impétueuse et ambitieuse, pouvait mener à une principauté plus forte. Lorsque les Rhoynars étaient arrivés en cet endroit, l’union des Martell et de leur princesse avait fondé un territoire uni ; ainsi, l’union d’un valyrien avec une Gargalen, se ferait dans les mêmes perspectives.

La prestance du sang valyrien coulait dans les veines d’Aerymor, autant que dans celles de tous les membres de leur famille. Les cheveux blonds, les yeux mauves, ces caractéristiques singulières de leur peuple. Certes, leurs soeurs n’étaient que des demi-nées, n’ayant que l’un ou l’autre de ces traits, mais elles portaient malgré tout cette force singulière.

Toujours tourné vers l’extérieur, il écouta l’acceptation de ses ordres par son frère, qui ensuite, le relança sur les actions à venir. Portant lentement la coupe à ses lèvres, déglutissant une large gorgée, il reposa ensuite le contenant à ses côtés, puis tourna son regard vers son frère. « J’ai déjà envoyé quelques missives aux souverains de ce continent, afin de clarifier la situation. Nos ennemis joueront de cela et il n’est pas en notre intérêt de voir les différentes puissances s’allier face à nous. » commença-t-il tout d’abord, plongeant son regard dans celui de son interlocuteur. S’emparant d’un papier sur la table attenante, il lui tendit, afin qu’il prenne compte de cela. Puis, lui en tendit un second cette fois…