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 Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]

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MessageSujet: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyDim 13 Déc - 17:35

J'aimais bien Lord Grafton. Cet homme m'avait toujours paru quelqu'un de juste et de mesuré les quelques fois que nous avions été en contact, généralement par l'intermédiaire de mon père. En tant que l'un de ses principaux sujets et fortune de Goëville, Nestar avait souvent été l'invité des Grafton et naturellement j'avais moi-même été introduit assez jeune à leur Cour, bien qu'au départ je n'y comprenne pas grand chose encore. C'était souvent l'occasion de fêtes impressionnantes ou au contraires de conciliabules privés et jusqu'à mon retour de Dorne j'avais surtout assisté à tout cela de loin. Plus tard, mon rôle était devenu plus important, Nestar préparant certainement sa passation, j'avais à mon tour eu l'opportunité de converser avec le Lord au nom des guildes de Goëville sur des questions de taxes portuaires et de stratégie commerciale.

Je me souviens aussi avoir un jour compris amusé que si c'était bien entendu un honneur et une chance d'être reçu par les Grafton en leur château, ces-derniers étaient à leur tour les obligés des Arryn quand le couple royal les conviait aux Eryés. De sorte que au fond, ces grands seigneurs n'étaient à leur tour que de petits courtisans dès lors qu'on les changeait d'éléments et je m'étais d'ailleurs demandé face à qui le Roi du Val pliait lui-même le genoux. La Foi peut-être ?

Quoi qu'il en soit Nestar était mort désormais, la Compagnie me revenait entièrement, mais j'avoue n'avoir véritablement ressenti son absence qu'en passant la porte des Eryés quelques semaines plus tard. Je ne m'y étais rendu que rarement et plus jeune, à l'occasion d'évènements souvent exceptionnels comme le mariage royal où presque tout le royaume avait été confié. Les Eryés déjà alors m'avaient paru petits, comparés aux forteresses de Goëville. Splendides, bien sûr, et je me souviens m'être senti assez mal lors de l’ascension à l'époque qui renforçait le caractère presque mystique, héroïque des lieux, mais au final ce n'était qu'un petit château, perché en haut d'une très haute montagne.

Mais à cette époque, de fait, la forteresse était pleine à craquer de convives et d'activités. Pourtant, alors que j'en passais de nouveau la porte aujourd'hui, l'atmosphère qui y régnait n'avait rien à voir avec les chansons et les rires d'autrefois. Il y avait quelque chose de lugubre à pénétrer dans ce château presque vide en compagnie seulement de quelques nobliaux de la Cour de Grafton et du conseil des armateurs auquel j'appartenais et était indispensable à la stratégie du Grand Amiral du Val. Tout ici respirait le froid et la solitude, une forme de solennité glaçante, bien éloigné des mondanités chaleureuses des marchands de Goëville lorsqu'ils discutaient affaire.

Un moment, je me demandais si j'aurai l'opportunité de voir le Roi. Bien que cela remonte à plusieurs années et que bien des évènements aient marqué nos vies respectives entre-temps, je gardais un souvenir surprenant d'un entrainement militaire en sa compagnie. Sans doute dû à son âge, mais il m'avait paru sympathique et si les pensées que je lui dédiais aujourd'hui étaient moins innocentes et plus mercantiles, j'étais aussi simplement curieux de voir ce qu'il était devenu.

Grafton nous abandonna dans le grand hall pour une entrevue privée avec la reine et tout le monde alla se masser près des grands foyers pour se réchauffer les mains après l’ascension. Si je m'enorgueillissais d'avoir désormais le pied marin, les hautes altitudes m'étaient bien plus étrangères ayant toujours grandi sur les bords de mer et je confesse avoir été malade sur le trajet, totalement incapable passé la première des forteresse de la route de regarder en contrebas. J'avais gardé mes yeux rivés sur la paroi tout le temps du chemin. Maintenant encore, je jetais parfois un regard soupçonneux aux grandes fenêtres de la pièce, préférant m'en tenir éloigné de crainte d'y découvrir soudainement à quel point nous étions à pic.

Je discutais un moment avec mes confrères marchands et les petits nobles des alentours de Goëville, ceux qui n'en avaient pas eu l'occasion en profitèrent pour me présenter leurs condoléance. Nestar était mourant depuis plusieurs années, nul ne l'ignorait et moi-même j'avais eu tout le temps nécessaire pour me préparer à sa perte. N'empêchait qu'à présent qu'elle était survenue, restait un profond sentiment de solitude et l'impression vaguement angoissante que désormais mon destin ne reposait plus exclusivement que sur mes épaules.

La journée ayant déjà été bien entamée par notre ascension jusqu'aux Eryés, il fut rapidement le temps du repas et non sans une certaine satisfaction on nous annonça que la reine nous ferait l'honneur de sa compagnie. C'était certes prévisible, les Arryn ne s'amusant pas à faire grimper une montagne à leurs invités pour les laisser dîner dans l'anti-chambre, mais on aurait pu se contenter des nobles et laisser les marchands à l'écart comme cela se faisait parfois. Grafton avait peut-être plaidé notre cause, ou la reine se montrait d'humeur généreuse.

Cette générosité néanmoins avait pour limites le protocole et après avoir les uns après les autres présenté nos vœux de prospérité à la reine, on plaça les puissants seigneurs non loin d'elle et relégua les marchands un peu plus loin au bout de la table. Une habitude dictée par la tradition et le respect de l'aristocratie mais j'avoue qu'elle m'agace quelque peu. Ma fortune dépassait largement celles de certains des nobliaux présents, pourtant pour une particule ou un fief on les estimait plus important que la fine fleure de la bourgeoisie de Goëville, rien de moins que le poumon économique du Val... si honneur il fallait rendre, c'était aussi à nous, nous qui permettions à tous ces grands seigneurs de manger et se vêtir. Ce mérite là nous revient.

Mais enfin, il n'est pas question de faire scandale à la table de la reine et j'attaque une assiette de poisson en discutant à voix basses avec mes confrères, concurrents et amis, parfois. Mon regard a quand même tendance à se déporter vers la table royale, je le remarque, mu par une sorte d'envie curieuse, ce sentiment flou et certainement fou que ma place pourrait bien y être un jour ou l'autre, en me montrant suffisamment malin pour cela, suffisamment habile. Un sentiment qui monte et me travaille alors que la soirée avance et même si je ne m'enivre pas, un peu de vin aide à fluidifier la pensée. Le repas se termine avec bonne humeur et nous passons dans une pièce voisine, plus chaleureuse. S'y débute un débat sur le commerce avec Essos où certains des invités les plus véhéments font preuve de leur art oratoire. J'aurai aimé participer mais je ne connais Essos que de loin, ne m'y étant rendu qu'une fois. Mon domaine d'expertise concerne plutôt Dorne et l'Orage qui sont nos principaux partenaires. Mais la conversation est plaisante, certaines barrières entre petits nobles et grand bourgeois se troublent avec l'alcool et les plaisanteries.

J'ai besoin de me soulager, songeant à autre chose je me faufile hors de la pièce d'un pas rapide, l'oeil dans le vague. Une forme apparait au détour d'un couloir, je m'arrête juste à temps en manquant de la renverser. Croyant à un domestique, j'ai le réflexe de froncer les sourcils, de le rabrouer. Ce n'est pas un domestique.

- Votre Majesté. Veuillez m'excuser, je ne vous avais pas entendu arriver.

Je n'ai pas vraiment vu ma vie défiler mais enfin, je préfère ne pas trop réfléchir à ce qui se serait passé si j'avais effectivement bousculé la Reine du Val. J'imagine qu'on a fait voler des gens pour moins que ça. Bien sûr, je me fends d'une révérence toute protocolaire, même dans un couloir les rôles restent inchangés. Pourquoi s'est-elle éloignée d'ailleurs ? Une envie d'air pur ou quelque commodité à soulager ? Je ne me risquerai pas à poser la question, ce serait particulièrement déplacé, le simple fait de croiser Sharra Arryn sans la présence de Lord Grafton est assez exceptionnel pour ne pas en plus me laisser aller à des initiatives douteuses.

La rencontre pourrait s'arrêter là mais... je ne sais si c'est le vin, la hardiesse de la jeunesse ou ce sentiment diffus que certaines opportunités sont uniques mais je reprends soudain la parole, muni de mon sourire le plus commerçant, un mélange de douceur, de bonne humeur et de cajolerie.

- J'ai passé la journée à prendre grand soin de ne pas tomber de la montagne et voila qu'à quelques heures de dormir il faut finalement que ce soit sur la Reine que je tombe.

Et d'ajouter avec malice :

- Ne serait-ce l'enchantement de vous approcher si près, je vous en voudrai presque Votre Majesté.

Était-ce un peu cavalier ? Peut-être, mais si une jeunesse à mener les marchés m'avait bien appris une chose c'est que les grandes affaires se faisaient toujours grâce à une certaine dose de culot.

@Sharra Arryn

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyMer 23 Déc - 18:06

Le royaume s'enfonçait petit à petit dans une douloureuse crise qui ne cessait jour après jour de séparer et d'opposer un peu plus les nobles au peuple, le peuple contre le peuple, le peuple contre le pouvoir royal et la maison Arryn, les nobles contre la maison Arryn. Sharra était parfaitement consciente de ce qui était en train de se jouer à cet instant, elle avait toujours conscience des choses qui se passaient dans son royaume, toujours à l’affût de la moindre information qui pourrait lui être utile pour pouvoir continuer à offrir la couronne à son fils aîné, à la préserver mais aussi, et surtout, à préserver le royaume du Val. La politique qu'elle avait eu le désir de mener, était une politique pourtant simple, qui aurait du permettre à tout le monde de trouver sa place au sein du Val et de la Montagne. Pendant que Westeros était à feu et à sang, pendant que l'Empire continuait petit à petit ses conquêtes face à l'ennemi, pendant que Manfred Hightower et les puissances centrales venaient à imposer leur nouvelle vision du monde, en prétextant l'indépendance de tous s'ils venaient à rejoindre leur cause, la reine régente avait préféré jouer la carte de la neutralité. Choisir un camp voulait automatiquement dire qu'elle allait condamner le royaume et le peuple à devoir participer à l'effort de guerre, et il n'était pas certain que le camp qu'il viendrait à rejoindre serait forcément le grand gagnant face au mal qui se développait partout sur les terres des hommes. Il était évident que de part sa position géographique, il aurait été sans doute beaucoup plus simple pour le Val de plier le genou face à l'Empire et d'espérer conserver ses terres saines et sauves. Mais elle savait qu'une telle décision, mettrait définitivement à mal l'indépendance du royaume qu'elle chérissait tant et qu'elle protégeait depuis le jour où on lui avait posé la couronne sur la tête, aux côtés de Jehan. Pour autant, elle ne manquait pas de savoir que si Manfred ou Torrhen venaient un jour à gagner la guerre, les royaumes indépendants seraient sans aucun doute les prochains sur la liste de la conquête pour s'assurer que tout Westeros viendrait à finir sous une seule et même bannière. Rien n'était simple, pour le peuple ou pour les têtes couronnées, même si le confort rendait la vie de la deuxième catégorie bien plus agréable, la tête risquait souvent de tomber bien plus rapidement pour elle aussi.

Mais toutes les décisions qu'elle prenait, ou justement qu'elle ne prenait pas, venait à envenimer la situation. Une partie du peuple et des seigneurs voulaient gardaient la neutralité actuelle, ce qui venait à faire les affaires de Sharra, mais ce n'était malheureusement pas la majorité de la population. Une autre partie avait la volonté de rejoindre l'Empire, après tout le Nord avait été un des alliés du Val par le passé, alors même si la Reine de Peyredragon et Sharra Arryn ne s'étaient pas réellement entendu, on pouvait passer outre l'offense pour se concentrer sur la protection du royaume. Enfin, la dernière partie venait à favoriser les puissances centrales, et sous le couvert de la Foi qui appelait à une nouvelle fronde contre les hérétiques, mais cela comprenait autant ceux qui étaient en dehors du royaume qu'à l'intérieur du royaume et ce n'était clairement pas du goût de la reine mère. Et elle ne pouvait nullement continuer éternellement à prendre des décisions aussi importantes à la place de son fils. Il viendrait bien un jour où il se réveillerait de cette torpeur dans laquelle il était plongé corps et âme, et il ne pourrait sans doute que lui en vouloir d'en avoir trop fait, mais aussi de ne pas avoir été assez présente pour le peuple. Elle avait donc convoqué le Conseil du Faucon en urgence aux Eyrié et elle accueillait les seigneurs concernés les uns après les autres. Grafton n'était autre que le grand amiral de la flotte du Val et sa présence à cette réunion était tout simplement essentielle ici. Elle avait donc pris le soin de l'accueillir pour une entrevue privée dès son arrivée dans la capitale. Et après un long moment passé avec lui, il était venu l'heure du dîner. Willibert n'était pas venu seul pour l'occasion, et elle se devait de rendre hommage aux personnes qui l'avaient accompagné. Cela lui avait permis de passer un agréable moment, alors que les choses étaient si sombres actuellement au cœur de la forteresse. Les hommes continuaient leur discussion à table, la reine s'excusa alors prête à les laisser continuer leur repas et leurs plaisanteries grivoises sans qu'elle ne soit pour autant présente. Elle resserra un peu l'étole qu'elle avait autour de ses épaules et fut plus que surprise de se retrouver face à l'un des marchands qui avait accompagné lord Grafton jusqu'ici. Elle inclina légèrement la tête. « Vous n'avez pas à vous excusez, je ne me fais pas annoncer à chaque fois que je vais quelque part. » Elle allait  continuer sa route, quand il reprit alors la parole, d'une voix malicieuse et pleine de sous-entendus, elle restait un instant surprise face à ses mots, avant de laisser un petit sourire flotter sur ses lèvres. « Et qu'est-ce que vous pourriez donc me reprocher ? De vous avoir ainsi interrompu dans vos pensées par mon enchanteresse présence ? Je ne fais que reprendre vos mots ... » Elle se demandait bien jusqu'où serait-il capable d'aller dans la flatterie.

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyJeu 24 Déc - 1:56

L’histoire, au fond, aurait très bien s’arrêter là. Une rencontre improvisée au détour d’un couloir entre deux personnes qui n’avaient rien à se dire et que tout de leur rang opposait car pour la Reine du Val, sauf à faire preuve d’une excessive curiosité pour les affaires de la bourgeoisie commerciale, un marchand ne devait pas être bien plus haut qu’un serviteur. Et d’ailleurs si Sharra Arryn avait soudain exigé que j’aille lui chercher une coupe de vin, il m’aurait encore fallu le considérer comme un honneur ce qui prouvait bien qu’aux Eryés, ma fortune ne me distinguait que bien peu du reste du commun.

Avec une politesse souveraine, Sharra Arryn eut tout de même la générosité de me concéder que les torts étaient partagés, ce à quoi j’opinais courtoisement du chef sans rien ajouter. Mieux valait ne pas trop tirer sur la corde. Néanmoins je ne comptais pas en rester là et bien m’en prit car je ne savais encore si c’était dû à son humeur, au vin ou à son tempérament naturel mais la Reine accueillit en souriant ma plaisanterie ce qui me rassura un peu.

Je ne savais pas à quoi m’en tenir avec la souveraine du Val. Avec les Arryn en règle générale, d’ailleurs. Ils étaient des souverains distants, perchés sur la montagne et occupés à guerroyer contre les clans de l’ouest ou à mâter des révoltes dans les terres de sorte que pour le peuple marin de Goëville, c’était bien moins les Arryn qui les Grafton qui nous gouvernaient au quotidien. J’avais déjà pu observer la famille royale à plusieurs reprises, cependant, et même un jour longuement conversé avec le Roi lors d’un entrainement militaire, mais c’était tout et surtout c’était il y a des années. Des drames et de l’eau avaient coulé sous les ponts et rien ne m’indiquait que la Reine avait de l’humour ou consentirait à faire preuve de patience envers ma présence. Heureusement pour moi, cela semblait tout de même être le cas ce soir, ce qui m’encouragea à continuer avec un peu plus d’assurance…

- Plutôt de me faire craindre pour ma tête car entre chuter sur le chemin des Eryés ou bousculer ma souveraine, je ne sais quel péril est le plus grand puisqu’à les contempler tous deux je suis pris de vertige.

J’étais plutôt fier de la tournure de ma phrase et cela devait se voir à mon sourire. Sans mentir, c’était vrai qu’improviser soudain une entrevue avec la Reine du Val avait quelque chose de littéralement vertigineux. Quelques instants plus tôt encore je me confondais dans l’anonymat des autres marchands et soudain le hasard m’offrait un privilège dont certains avaient peut-être rêvé toute leur vie. Il y avait de quoi être un peu fébrile. C’était d’autant plus vrai que Sharra Arryn en imposait. Même si je me gardais bien de le laisser voir, j’avais certainement comme tous les hommes de la salle profité d’un moment d’ennui pour plus attentivement contempler la Reine, de l’autre côté de la salle à manger, et si ma conclusion était que sans doute ce n’était peut-être pas la plus belle femme que j’avais rencontré de ma vie – il existe sur le port de Goëville des filles qui vous font tourner la tête et le cœur d’une œillade – elle était celle qui m’impressionnait le plus pour le moment. Il émanait d’elle une impression de force qu’on retrouve plutôt d’ordinaire chez les militaires et ce sentiment que d’un regard, elle pouvait vous faire perdre vos mots.

Heureusement pour moi, cela allait encore pour le moment et presque comme une fuite en avant, je renchéris un peu histoire de ne pas laisser de blanc s’installer.

- Même si d’instinct, le second danger me semble tout de même présenter plus d’avantages que le premier.

Je n’étais pas chevalier, pas noble, et tout un pan de l’amour courtois m’échappais, il fallait bien l’avouer. Les seules dames que j’avais fréquenté étaient toutes de mon rang et si certaines savaient lire, on pouvait en général les faire rougir sans trop d’efforts, une allusion graveleuse ou à l’inverse quelques manières singeant les nobliaux y suffisaient. Cette fois, j’avançais avec moins d’assurance et sans doute qu’au regard des standards de la noblesse du Val, je devais paraitre un peu cavalier. Peu importait en fait, puisque je ne m’en rendais pas vraiment compte et que je me sentais soudain tout à fait invincible, le vin et la magnificence des Eryés aidant, j’étais prêt à présenter mes hommages à Sharra Arryn, peu importais si ces-derniers étaient inappropriés. Une femme comme elle les méritait de toute façon et si elle décidait de ne pas me faire jeter par la fenêtre ce soir, j’aurais au moins pour moi d’avoir joué les galants avec la Reine du Val. C’était quelque chose dont j’aurai matière à me venter.

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyLun 28 Déc - 14:31

Il lui semblait que cela faisait une éternité que Sharra n'avait pas quitté les Eyrié et qu'elle était là, bloquée au nid de faucon sans pouvoir réellement se déplacer et aller au contact des seigneurs du Val dans une période aussi troublée que celle qu'ils étaient tous en train de connaître. Il fallait dire que le dernier grand voyage qu'elle avait fait, avait été celui, il y a quelques mois, pour pouvoir ramener la dépouille de la jeune reine du Val, et la princesse de l'Ouest, Nymeria Arryn, née Lannister. Même si les choses étaient plus que complexes aujourd'hui avec Torrhen Stark, ou Torrhen Braenaryon comme il se faisait à présent appeler, il était resté correct, en acceptant qu'une délégation valoise traverse les terres de l'Empire pour rendre le corps à une famille épleurée, comme pouvait être la sienne après la disparition si soudaine et si tragique de la jeune reine et de l'enfant qu'elle portait. On savait tous que les grossesses n'étaient pas des choses anodines et qu'une femme pouvait perdre la vie facilement à chaque moment du développement de l'enfant en son sein et jusqu'au moment final de la délivrance. Depuis qu'elle était rentrée des Terres de l'Ouest, la seule expédition qu'elle avait mené sur son propre territoire avait été jusqu'aux terres appartenant aux Rougefort, et si elle avait tenté tant bien que mal de négocier avec le jeune Lord pour pouvoir calmer ses désirs de sang et de fer en menant la Croisade exigée par la Foi et le Grand Septon, il avait fini par être exécuté, un moyen plus que radical pour pouvoir calmer les velléités des croisés contre ceux qu'on appelait les hérétiques mais également contre le pouvoir royal en place, qu'on estimait un peu trop frileux sur le soutien des Arryn vis-à-vis de la religion. Cependant, depuis cet événement qui avait marqué les esprits, autant qu'il avait rendu méfiant les seigneurs prompt à la rébellion, elle était restée aux Eyrié et elle savait que c'était autant une force qu'une faiblesse. D'un côté, elle restait auprès de son fils et le soutenait comme elle le pouvait. De l'autre côté, elle s'éloignait de la population et d'une certaine façon, elle sentait le vent tourner petit à petit. Et tant que Ronnel ne reprendrait pas sa place, le flou autour du pouvoir royal serait une faiblesse bien plus qu'une force pour eux.

Si elle avait passé une bonne partie de sa vie aux Eyrié, ce n'est pas pour autant qu'elle n'appréciait pas Goëville et tout ce que la cité maritime pouvait apporter pour le royaume du Val et de la Montagne. Elle pouvait se perdre longtemps à regarder le ressac de la mer, ou à sentir la bonne odeur de l'eau salée. Parfois, elle rêvait à des voyages lointains, où seul un bateau pourrait l'emmener. Mais si, elle venait souvent à songer à une vue dégagée, à une mer d'huile et à profiter de la houle dans les voiles, le réveil était toujours le même, bien souvent dans la brume qui entourait la haute forteresse. Et toute la morosité qui pouvait aller avec. Alors oui, elle était heureuse de voir Lord Grafton et sa suite aux Eyrié, elle était heureuse d'avoir de nouveaux visages à la Cour des Arryn et de pouvoir un peu changer de conversation. Et il semblait que le jeune commerçant allait être une distraction intéressante en cette fin de soirée. Il voulait jouer et Sharra n'était pas la dernière à refuser les « joutes » verbales ; cela l'avait toujours beaucoup amuser de voir jusqu'où était prêt à aller certains pour pouvoir obtenir quelque chose de la couronne. Jehan en avait profité largement en compagnie de jeunes femmes, alors que Sharra restait beaucoup ferme sur ce qu'il était possible ou non d'obtenir. Le dernier marchand qui avait tenté quelque chose s'était rapproché de Smaug pour l'atteindre, et ce qu'il avait employé comme méthode avec plus que déplu alors à la souveraine. Toujours sur ses gardes, mais elle ne manquait pas de faire glisser un sourire amusé sur ses lèvres alors qu'elle était en train d'écouter les paroles de ce Liriam. « Je suis certaine que votre petit discours doit fonctionner sur les jeunes femmes … Vous êtes loin d'être désagréable à regarder, vous êtes un marchand, un commerçant des mers … Votre histoire appelle donc à l'aventure, au mystère, à l'exotisme et aux trésors cachés que vous avez ou allez un jour découvert. Je ne doute pas un seul instant que vous devez et savez comment créer quelques émois dans les jeunes cœurs encore à ravir … » Elle se rapprocha un peu plus de lui alors que son regard se faisait plus malicieux. « Je suis ravie néanmoins de savoir que je provoque un quelconque sentiment de vertige chez vous, mais je vous promets que vous ne perdrez point la tête ce soir, et si vous vous penchez d'un peu trop prêt du rempart, je ferai en sorte de vous rattraper avant votre chute … Il serait dommage que vous perdiez votre tête, ainsi que tout le reste. »

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyMer 30 Déc - 15:05

Il aurait certainement été un peu présomptueux de prétendre que j'étais parfaitement à l'aise, mais des habitudes de bagou marchand solidement ancrées en moi n'avaient pas tardé à remonter à la surface et parce que c'était encore le meilleur moyen de faire face à l'imprévu de la situation je me laissais aller en pilote automatique à quelques ronflants jeux d'esprit.

Ces derniers pour peut-être un peu artificiels qu'ils furent ne semblaient heureusement pas effaroucher la reine qui non seulement avait consenti à s'arrêter pour m'écouter mais semblait également trouver tout cela amusant. Il n'en fallait pas plus pour me pousser à continuer et même à faire dans la surenchère d'ailleurs. "Toujours s'engouffrer dans les opportunités" disait Nestar et malgré son trépas récent, je mettais un point d'honneur à continuer à appliquer ses enseignements par delà la tombe. Après tout, c'était lui qui avait mené la Compagnie à son état le plus florissant, c'était donc bien qu'il devait y avoir un peu de sagesse commerciale dans ses paroles.

J'offrais donc à Sharra Arryn ce que je jugeais être l'un de mes meilleurs numéros, non pas qu'il ne soit pas un peu sincère, mais sans doute exagéré pour une première rencontre, encore qu'avec Ces Majestés il faille toujours en faire un peu trop pour se montrer à la hauteur de leur pouvoir. Je ne sais pas trop ce que j'imaginais alors, mais manifestement la dame ne fut pas dupe et me le fit savoir avec humour, sous-entendant que si ce genre de démonstration fonctionnait sans doute avec les jeunes femmes naïves, elle n'était pas née de la dernière pluie.

Cela, je le lui concédais d'un hochement de tête, reconnaissant qu'elle marquait un point. Néanmoins le compliment me touche, d'autant qu'il est rare de s'en voir offrir venus de si haut. Si n'avait été l'obscurité des couloirs des Eryés, on aurait pu m'en voir rougir d'aise et je trouve dans la pénombre une alliée bienvenue. Je la laisse néanmoins continuer alors qu'elle se rapproche, chacun son tour et il serait malvenue de couper la parole à la reine, d'autant que notre conversation peut s'arrêter à tout instant selon son bon vouloir. Et puis, ne connaissant finalement pas grand chose de la personnalité de ma souveraine, je suis curieux de découvrir ses dispositions quant aux amabilités officieuses.

A nouveau je souris, décidément loin du protocole pénible des derniers jours, la Reine du Val se révèle moins inaccessible que je le pensais. Ou peut-être faut-il simplement mettre cela sur le compte du vin, ou d'un peu d’ennui qu'elle cherche à tuer dans une conversation avec un inconnu. Difficile de savoir, avec les nobles, ce sont des gens aux mœurs souvent imprévisibles pour qui ne les côtoient pas au quotidien comme moi et comparé aux caractère auxquels je me suis habitué lors de mes voyages en mer, tout ici est bien plus délicat mais également plus cryptique.

Quand je suis certain qu'elle a terminé sa tirade, je reprends la parole, peut-être un peu moins flamboyant qu'avant. L'espace d'un instant, j'en aurai presque oublié qu'il ne s'agit pas ici de vendre quelques draps de soie à une bourgeoise impressionnable mais d'attirer l'attention d'une reine. Plus périlleux encore, cette fois-ci il s'agit de la mienne. Je m'autorise tout de même un peu d'humour, mais sur un ton plus doux.

- Ma dame, me voila pleinement rassuré et même si cela aurait flatté mon esprit chevaleresque de voir les rôles inversés, être sauvé par votre personne resterait un véritable honneur.

Les cordialités de rencontre semblent être un peu passée mais Sharra Arryn n'a pas encore pris congé, alors ma foi, je ne veux pas laisser trop longtemps le silence s'installer. Je ne sais pas très bien ce que je suis en droit d'attendre de cette entrevue improvisée mais on a vu des gens malins s'attirer des faveurs au détour d'un hasard et puis la discussion n'a rien de désagréable, je dois bien l'avouer. Échanger des compliments avec la Reine du Val, mieux, en recevoir également, ça ne peut que flatter mon égo et me pousser à poursuivre, d'autant que j'aurai certainement peu de conversations avec une dame aussi impressionnante avant longtemps.

- Vous n'avez pas tout à fait tort pour ce qui est du mystère, cela plait beaucoup et si tout n'est pas toujours vrai, avec un peu d'adresse on peut en faire du bon matériaux à histoires. Vous ne vous en souvenez sans doute pas mais votre fils, il y a quelques années, m'avait fait l'honneur d'écouter quelques unes des miennes.

Je laisse un peu trainer mon regard ailleurs, nous parlons d'un temps qui semble suspendu et je sais que le Val et la famille Arryn a connu bien des drames depuis. Quant à moi j'ai fait mon chemin.

- C'était des aventures de matelots cependant, un récit d’allée et retour à Dorne quand les routes commerciales venaient seulement de se rouvrir. Depuis le commerce y est bien plus florissant... et les aventures d'autant plus flamboyantes.

Je ne sais pas très bien à quoi m'en remettre avec la Reine du Val, tantôt curieuse, tantôt moqueuse, toujours haute, j'hésite en quelle mesure me montrer famillier avec sa personne et jusqu'où elle y consentirait. Elle ne m'a pas semblé hostile aux boutades, ce qui est bon signe, mais enfin je préfère tout de même faire preuve de prudence alors je travaille au moins à ce que ces quelques minutes dans le couloir s'ouvrent sur quelque chose de plus sérieux, une relation pérenne, je n'ose trop l'espérer. Avoir l'oreille de la Reine serait le meilleur atout du monde, celui qui me permettrait demain de prendre l'ascendant sur mes concurents. Et puis, sa proximité est loin d'être désagréable.

- Vous plairait-il de les entendre ? Je ne voudrai pas abuser de votre temps ce soir, bien sûr, et je ne prétends pas avoir les talents d'un ménestrel mais s'il vous plait d'avoir une vision plus claire de nos relations avec Dorne et l'Orage, tout en écoutant un récit d'aventure, il y a moyen de joindre l'utile à l'agréable.

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyMar 12 Jan - 12:55

Sharra ne se posait pas réellement la question de savoir la raison de la présence de ce marchand dans ses lieux, pas plus qu'elle ne se souvenait réellement de la raison qui l'avait guidé jusqu'ici, à part l'idée qui était restée dans un coin de sa tête qu'il lui fallait à cet instant prendre l'air, et qu'elle s'était souvenue que par le passé, il lui était arrivé de se promener ici en compagnie de Jehan, quand ils s'accordaient quelques secondes, quelques minutes volés à leur haute fonction qui leur en demandait toujours plus, surtout qu'à l'époque elle venait tout juste d'avoir Ronnel et bien qu'elle disposait de plusieurs nourrices pour s'occuper de son fils, elle avait l'instinct maternel et le désir sincère de passer du temps auprès de son nouveau-né. Le vin avait sans doute aidé la reine du Val et de la Montagne à avoir l'envie de prendre l'air, de respirer un peu, et de ne plus se soucier des autres et de juste pouvoir souffler un peu, loin du bruit qui régnait à l'intérieur des murs du nid du faucon. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas eu la possibilité de s'arrêter un instant comme ça, et juste de badiner en haut des remparts comme si c'était la chose la plus normale qu'elle pouvait faire. Toute cette rencontre était incongrue et inattendue, mais ce n'était pas pour autant que cela n'avait pas quelque chose de plaisant dans le fond. Parce qu'elle en avait assez, parce que cela faisait une éternité qu'elle n'en pouvait plus, qu'elle était à la fois tout et rien, parce qu'elle ne devrait plus normalement être présente ici aux Eyrié et exercer son pouvoir, un pouvoir qui n'avait en réalité jamais été le sien, qui lui était revenu à la mort de son mari et dans l'attente ensuite, de le transmettre à son fils. Car c'était dans la droite lignée des choses, que c'était ainsi que se passait une succession normale, entre un roi et son héritier. Son temps en tant que régente s'était écoulée depuis longtemps, son fils aurait dû être ce roi étincelant qu'elle avait cherché à former pendant toutes ses années, qu'elle avait éduqué avec amour mais aussi avec une fermeté que le pouvoir exigeait malheureusement ; car la tendresse ne pouvait pas forger un souverain. Elle voyait bien comment la situation avait tourné suite au décès de Nymeria Arryn, quelques mois à peine après son mariage avec Ronnel et son couronnement. Quand un cœur était trop tendre, trop sensible, trop amoureux de la vie ou d'une femme, il venait alors à se laisser berner, à se laisser retourner et à ne plus savoir quoi faire quand ce qui faisait l'essence de son existence.

Sauf que ce n'était pas ce dont elle avait besoin pour son royaume. Elle avait cherché à retrouver la paix dans tout Westeros en organisant le Conclave de Goëville. Mais si les différents invités avaient apprécié les banquets et participé farouchement au tournoi, le calme n'était malheureusement pas revenu entre les différents royaumes. Elle avait eu ensuite la volonté de s'allier avec le Nord contre Harren Hoare, sentant la menace peser de plus en plus sur eux, et finalement, Peyredragon s'était rajouté dans l'équation, et si Rhaenys Targaryen n'avait pas fait l'affront au royaume qui l'accueillait pour trouver un accord de paix en réclamant la couronne de Ronnel, sans doute que la situation actuelle serait toute autre. Avec des « si » et des « on », on pouvait refaire le monde, néanmoins le résultat était là, le Val était plus divisé que jamais et elle ne savait pas combien de temps encore elle pourrait agir au nom de son fils et prendre les décisions nécessaires pour maintenir la paix et la neutralité sur ses terres. Le peuple tout entier ne saurait de toute façon s'accorder parfaitement, il y aurait forcément des déçus à un moment où un autre, entre ceux qui prônaient l'indépendance et la neutralité, ceux qui  voulaient la souveraineté avec l'aide des Puissances Centrales et enfin les derniers qui préféraient s'allier avec l'Empire, pensant prospérer dans une zone avantageuse d'un point de vue économique mais aussi d'obtenir la protection de son territoire. Tout cela était bien trop prenant et même si elle était contente de voir lord Grafton ici aux Eyrié, elle était parfaitement consciente qu'il ne venait pas pour une visite de courtoisie mais pour répondre à sa requête de présence. En revanche, les personnes l'accompagnant voyaient sans doute un certain profit possible à se faire en se trouvant à la capitale.

Son regard se perdit sur le décor alentour alors qu'elle continuait à écouter le jeune homme un petit sourire aux lèvres. Il ne semblait pas être si impressionné que cela de sa présence à ces côtés, et il était clairement un vil flatteur qui n'hésitait pas à la complimenter. Oui, elle était certaine qu'une telle attitude pouvait faire battre le cœur de femmes moins expérimentées en ce qui concernaient les choses de l'amour, et tout simplement le fait de bien parler. C'était un commerçant, il connaissait son métier et les moyens de parvenir à ses fins. « Je ne doute pas que Ronnel fut à l'écoute de vos récits, il a toujours eu envie de voyager et de découvrir le monde, sans pour autant pouvoir avoir la possibilité de le faire de part son rôle, et aussi de son âge à l'époque. Veuillez me pardonner de ne pas avoir été sensible à ce moment là à vos aventures merveilleuses … Mais si vous êtes disposé alors, ce soir sauvez moi de l'ennui et conter moi quelques uns de vos plus beaux moments en mer. » Elle lui fit un large sourire et lui fit signe alors de la suivre. Arpentant les couloirs, ils ne mirent que quelques minutes pour pouvoir rejoindre les appartements de la reine, venant à le faire entrer dans le petit salon, elle devant alors qu'on apporte un peu de vin et quelques douceurs. Elle retira la tissu qui recouvrait ses épaules, maintenant qu'elle était dans la chaleur de ses appartements et elle lui indiqua où s'asseoir. « Je ne suis pas certaine que nos contacts avec l'Orage me plaisent véritablement quand on sait que ce sont eux qui ont tué mon époux, mais je ne doute pas qu'il y a des choses intéressants à savoir sur Dorne. »

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyMer 13 Jan - 15:39

Je n'étais pas complètement sûr de ce en quoi la Reine Sharra pouvait être dupe de mes manières. Entourée de courtisans au quotidien, j'imagine sans peine que les politesses et les bons mots doivent finir par couler sur elle comme la pluie. Malheureusement pour moi, je ne sais pas vraiment quoi lui proposer d'autres, pour le moment du moins. Quand on rencontre son souverain, le respect est autant une arme qu'un bouclier pour éviter les faux pas dangereux et alors que nous ne discutons que depuis une poignée de minutes seulement je ne me vois pas lui servir le langage fleuri des ruelles de Goëville, quand bien même il existerait une maigre chance que cela la fasse sourire plutôt que ne la choque.

L'air de rien, je me rappelle au souvenir de la famille Arryn, évoquant il y a quelques années une après-midi passée en compagnie du jeune Roi, une manière de faire la conversation tout en réaffirmant que je ne suis pas complètement un inconnu. Pêché d'orgueil ou stratégie de marchand, les deux se confondent parfois, on accorde plus aisément sa confiance à quelqu'un qu'on a l'impression de connaitre depuis longtemps.

Cela semble un peu fonctionner, la reine évoque son fils et ses rêves de voyages. Comment ne pas le comprendre, une journée à peine que je suis aux Eryés et le château me semble étouffant, vertigineux, planté si haut et si inaccessible. C'est un nid de faucon mais pour ma part je me sens plutôt un oiseau de mer. Liriam le Cormoran, voila un surnom qui m'amuserait. En attendant, je me contente de hocher la tête poliment alors que Sharra Arryn s'excuse de n'avoir pas été aussi attentive que Ronnel à l'époque. Difficile de lui en vouloir, ce n'était que des histoires de mousse dont j'étais si fier mais qui me semblent aujourd'hui bien immatures.

Je vais pour répondre mais à ma surprise, la reine consent à ma compagnie pour le moment. Je n'avais osé en espérer tant et ne peux retenir un sourire : si l'on m'avait dit en prenant la route des Eryés ce matin qu'au soir je bénéficierai d'un entretien privée avec Sa Majesté, je ne l'aurai pas cru. Cela m'en a presque fait passer mon envie d'uriner. En une journée, me voici passé de commerçant à barde, il faut croire, mais si c'est celui de la Reine alors il n'y a pas lieu de s'en plaindre. De toute façon j'ai toujours aimé le son de ma propre voix...

- Ce serait un honneur autant qu'un plaisir ! Je dis avec le plus de retenue dont il m'est possible de faire preuve, c'est à dire pas tant que ça.

En lui emboîtant le pas, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il faudrait que je prenne un peu exemples sur l'un de ces grands seigneurs, pourquoi pas Lord Grafton lui-même ? Eux dégagent assez naturellement une certaine prestance qu'ont retrouve moins chez les gens du commun. Même mon père, aussi habile était-il, n'a pu m'enseigner d'autres manières que celles de l'amabilité et de la politesse. Mais en présence de Sharra Arryn, je me fais la réflexion que j'aimerai plutôt inspirer du respect ou du mystère, ne serait-ce que pour ne pas être perçu simplement comme un amuseur oubliable. Peut-être que mes histoires pourraient attirer son attention de ce côté là...?

- Sa Majesté Ronnel aura certainement de nombreuses occasions de faire des voyages diplomatiques, j'imagine. Je dis pendant que nous marchons. Des Rois aventuriers, cela s'est déjà vu.

Je crois... je n'ai qu'un assez vague souvenir des leçons d'histoires que l'on m'a donné plus jeune. J'ai toujours préféré les cartes et la navigations aux poussiéreux rouleaux de parchemins du septon qui passait à la Maison Bleue une fois par semaine et me faisait l'éducation. Heureusement pour moi, les appartements de la Reine ne sont pas trop loin et nous y arrivons avant que je n'ai le temps de dire trop de bêtises.

Nous pénétrons dans ce que je devine un petit salon et qui fait pourtant presque deux fois la taille de ma chambre, à Goëville. Il faut dire que je n'ai pas encore investi les anciens quartiers de Nestar après sa mort et pour le moment je me contente encore de la pièce de mon enfance. Un moyen peut-être un peu puéril d'en préserver quelques temps encore le souvenir avant de le laisser définitivement s'en aller.

De toute façon, la pièce n'a rien à voir avec la Maison Bleue et si j'avais trouvé les Eryés austères jusque là, ces quartiers sont beaucoup plus élégants mais surtout confortables que ce que j'ai pu voir du château. Les murs sont sculptés dans un froid marbre veiné de bleu mais le sol est couvert de tapis et la pièce confortablement meublée. Dans un coin, un âtre dégage un chaleur agréable venant trancher avec les couloirs parfois venteux de la forteresse. Je laisse trainer mon regard sur tout avec curiosité, conscient que c'est un privilège rare de voir les choses de l'intérieur et qu'il n'est pas dit qu'il me soit de nouveau offert avant longtemps.

Sharra Arryn fait commander un peu de vin et de quoi passer la faim si besoin puis se déleste un peu de ses châles jusque là nécessaires pour palier la fraicheur de l'altitude. Par ce simple geste, j'ai donc bien confirmation que l'entrevue est parfaitement officieuse. Cela me va, je ne prétends pas aux mêmes égards diplomatiques qu'un grand seigneur, mais cela me laisse du coup plus de marge de manœuvre pour mener mes affaires et puis, le spectacle n'est pas désagréable non plus.

Je prends place où l'on me désigne, peinant encore un peu à trouver ma place dans cet environnement luxueux. Pour qui a passé la majeure partie de sa vie à partager son intimité avec une douzaine d'autres hommes, à dormir dans les hamacs de la cale d'un navire, les coussins et les canapés ont encore parfois quelque chose d'artificiel. Même chez moi la décoration est raffinée mais austère, mon père a toujours préféré traiter ses affaires avec un sens des économies frôlant parfois l'avarice. En cela je ne suis pas si différent de lui.

Je prends une coupe de vin avec plaisir, curieux de mieux connaitre les goûts de la Reine et aussi de me mettre un peu plus à l'aise afin de perdre des manières que je trouve encore trop guindées à mon goût. Si je souhaite me démarquer, attirer l'attention de Sharra Arryn, j'ai conscience qu'il me faut dénoter de la politesse coincée des autres courtisans. C'est une occasion unique et tous mes sens de marchands me crient de ne pas la rater.

Je hoche la tête avec une certaine gravité lorsqu'elle me parle feu son mari mais souris à l'évocation de Dorne.

- Sans mentir, nous pourrions y passer la nuit qu'il y aurait toujours des choses à raconter !

Simplement penser à la péninsule suffit à me mettre de bonne humeur. J'ai passé des moments merveilleux là bas, elle représente pour moi mes premières véritables aventures, des rencontres inoubliables... sans oublier de larges profits commerciaux.

- Vous avez très certainement dû lire beaucoup de choses dans les livres ou les récits historiques mais... Dorne a quelque chose de plus qu'on explique difficilement sur le papier. C'est une atmosphère très différente du Val, je ne sais pas si c'est la race ou le climat ou les deux, les gens semblent plus libres en tout : dans leurs têtes, leurs corps, leurs mouvements, leurs paroles... avec les troubles que traverse la Principauté, j'ai pourtant vu des gens qui semblaient mettre leur joie de vivre avant toute autre chose, même leur propre sécurité.

Je dois avoir l'air d'un exalté en disant cela alors je recouvre un peu de mon sérieux, prends un air que j'imagine plus mystérieux. Si Sharra Arryn veut des récits d'aventures et d'exotisme, j'en ai quelques uns à lui proposer.

- Saviez-vous qu'à Dorne, il existe un "puits des soupirants" où vont se jeter les amoureux éconduits ? En tendant l'oreille on peut les entendre murmurer au fond et l'on dit que qui boit de son eau aura un mariage désastreux. Dans les rues, on considère que ne pas regarder une jeune fille c'est lui faire offense et si elle vous sourit, il faut la complimenter, sinon elle vous poignardera dans le cœur. Comme c'est la porte d'Essos, on y croise plus de sorciers et de mages qu'ailleurs, sur les marchés il faut faire bien attention à se faire payer avant de donner la marchandises sinon les clients se rendent invisibles et disparaissent avant que vous n’ayez pu réagir. Enfin, là bas les bâtards ne sont pas honteux et l'adultère est tant poussé au rang d'art que la moitié des habitants de Lancehélion s'appellent Sand...

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyJeu 25 Fév - 10:25

La reine avait ce soir besoin de divertissement et pour cela, il semblait que le jeune navigateur était prédisposé à  accomplir cette tâche, bien qu'elle ne lui avait finalement guère laissée le choix. Ils s'étaient retrouvés tous les deux par hasard sur ce coin de rempart, l'un n'avait aucune idée du pourquoi et du comment de la présence de l'autre à cet instant bien précis, et donc les voilà tous les deux au bord du précipice. Liriam ne semblait pas être le plus à l'aise juste à côté du gouffre qu'il surplombait. Il était certain qu'à une telle hauteur, les personnes qui n'étaient pas habitués aux lieux, ne pouvaient qu'être surpris par la hauteur que pouvait avoir le roche des Faucons. Le nid était là, comme posé sur la cime des montagnes, imposant sa stature sur l'environnement proche. Même parfois, pour Sharra, elle venait à avoir quelque peu le vertige quand elle se penchait à une fenêtre ouverte, ou là, le long de la ronde. Elle ne parlait même pas de la porte de la lune, heureusement que toutes les condamnations ne se finissaient pas par un saut dans la vie. Quoique, c'était peut-être une chose à laquelle il fallait réfléchir pour pouvoir voir la criminalité descendre, ou rappeler aux uns comme aux autres ce qu'il pourrait leur en coûter de chercher à offenser les Arryn, à les trahir. Car oui, elle sentait bien les tensions qui régnaient sur le royaume du Val et de la Montagne, elle sentait bien que celles-ci ne cessaient d'augmenter à mesure que le temps passait. Elle avait tenté des manœuvres politiques, elle avait même rappelé à chacun, lorsque qu'elle avait pendu le nouveau lord Rougefort à l'un des murs de sa forteresse, qu'elle ne se laisserait pas faire par les hommes et les seigneurs bien pensants, qui ne voyaient peut-être qu'en elle une exécutrice des dernières volontés de son défunt époux. Les épreuves de la vie avaient poussé Sharra à combattre, pour pouvoir obtenir la place qui lui revenait et pour pouvoir la garder ensuite. Heureusement pour elle, elle avait déjà fait son travail d'épouse, en donnant deux fils à la couronne, au moment où son mari avait pris la décision de se détourner d'elle pour pouvoir chercher ailleurs la tendresse et la passion qu'elle était pleinement apte à lui donner elle-même. Cette fois, elle avait laissé faire, tant qu'elle gardait sa place et son influence, elle n'allait pas chercher le conflit inutilement avec ce dernier.

Mais voilà, Sharra Arryn était un savant mélange de charme, de douceur, de belles conversations, une femme pleinement accompli qui n'avait rien à envie aux autres jeunes femmes de la Cour du Val. Pour autant, elle savait aussi se faire violente, intraitable quand la politique et le devoir l'exigeaient, ce n'était pas une chose aisée, et il était alors évident que beaucoup de personnes pouvait se questionner sur la véritable souveraine du Val et de la Montagne. Son temps serait bientôt révolu, elle le savait mais elle n'avait pas baissé les armes pour autant, qu'il soit de fer, ou qu'il soit de chair. Elle posa un instant le regard vers le gouffre qui se trouvait tout autour, et elle aurait aimé un instant que la mer soit juste aux portes des Eyrié, pour pouvoir accompagner les paroles du navigateur, que l'odeur iodé vienne jusqu'à ses narines pour lui donner la vague impression qu'elle aussi, à cet instant, elle était en sa compagnie sur un de ses navires et qu'elle allait pouvoir affronter la fureur des mers et les eaux parfois calmes, troublantes qui pouvaient venir effleurer la coque du bateau. Chacun devait trouver sa place dans le monde qui était le leur, le sien était ici, celui de Liriam était aux larges des côtes, à voguer à l'aide de la houle. Pour Ronnel … Pour Ronnel s'était une toute autre chose. Et quand le jeune homme qui lui tenait compagnie, vint à lui dire que peut-être que son fils serait un jour un aventurier, elle répondit un simple. « Oui peut-être. Il est roi après tout, il peut se permettre de partir en expédition. » Et si elle venait à soutenir son fils en apparence, il en était néanmoins toute autre dans son esprit. Il était hors de question qu'il se prenne pour un aventurier, et qu'il parcourt Westeros et en oublie ses obligations auprès de son peuple. Il avait déjà bien assez mal agi après la disparition de son épouse. Et bien qu'il était certain qu'elle comprenait sa peine et qu'elle comprenait la violence de la perte qui était la sienne, elle n'avait jamais oublié que le devoir devait passer avant le reste, même si cela était douloureux. Il avait bien assez pleuré comme ça, et son voyage au cœur du Val ne se passait pas aussi bien qu'il l'avait imaginé, mais encore une fois il n'avait pas eu le désir de l'écouter et tout venait un jour à se payer, malheureusement.

Les deux interlocuteurs s'étaient ainsi dirigés jusque dans les appartements mis à disposition de la Reine-Mère, et ainsi être un peu plus à leur aise pour pouvoir discuter, plutôt que de rester sur le haut des remparts qui étaient continuellement balayés par le vent. On se chargea bien vite d'aller chercher ce que Sharra avait demandé, il n'y avait pas vraiment besoin de plus de choses à cette heure tardive surtout qu'ils étaient sortis il y a peu du dîner, pendant que l'un est l'autre venaient à s'installer dans les fauteuils confortables qui peuplaient le salon privatif de la Reine. « Je ne doute pas que des aventures, des paysages, vous en avez vu de nombreux et que certains vous ont marqué plus que d'autres. Je ne suis jamais allée au Sud, j'ai vu le Nord, et j'ai vu l'Ouest, qui sont bien différents déjà du royaume du Val autant par les terres et également un peu aussi par la culture des gens qui y habitent. » Elle n'était pas là pour parler d'elle, mais pour écouter les paroles du jeune Liriam et de son ressenti par rapport à ce qu'il avait pu observer à Dorne. Il était certain qu'ils étaient différents, Sharra avait pu le reconnaître quand la délégation de la Principauté était venue pour les festivités de Goëville. « Et alors que pensez-vous de cela ? Est-ce qu'ils vous ont convaincu qu'il fallait faire passer le plaisir avant toute chose et même avant votre propre sécurité ? » Elle continuait de l'écouter avec la plus grande attention, et il fallait avouer de façon sincère que le commerçant savait en effet être un bon compteur. Sharra se mit à rire légèrement alors qu'il dépeignait les choses avec une facilité envoûtante. « L'amour est donc la plus noble chose qui semble régner à Dorne, où plutôt l'amour des corps et sans doute l'amour de l'amour … Je vous crois aisément concernant les nombreux petits Sand qui peuvent peupler la Principauté, c'est un fait presque notoire. » Elle se mit à sourire plein de malice. « Puisque vous êtes ici je peux supposer que vous ne vous êtes ni jeté dans le puits des soupirants, pas plus que vous n'avez mis à mal le cœur d'une jeune fille et qu'elle vienne à vous poignarder. Mais avez-vous laissé un petit Sand derrière vous ? »

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyJeu 25 Fév - 14:30

D'abord je l'avoue un peu mal à l'aise dans cette situation imprévue, en compagnie de l'une des personnes les plus influentes de Westeros, je retrouvais finalement mes marques assez facilement. L'impétuosité et l'enthousiasme de la jeunesse couplées à l'attention que portait la Reine Sharra à mes récits suffisaient à me redonner confiance en moi. Soudain, l'anti-chambre si impressionnante m'apparait plus comme un terrain de jeu et d'expression et la belle Arryn comme un nouveau public, peut-être un peu plus intimidant et exigeant que les autres, mais non moins intéressant.

Je conte les rumeurs de Dorne, en y ajoutant certainement un peu de mystère et de romantisme. J'ai l'idée que les femmes aiment cela, que ça les fait rêver. Malgré ses talents de dirigeante, la Reine Sharra peut-être fantasme-t-elle aussi sur ces contrées lointaines, le sable chaud et la lune basse sur les dunes de Dorne ? Si elle n'a jamais eu l'occasion de s'y rendre, alors n'est-ce pas ma chance de les lui faire voir par procuration ? Comme ouvrir par mes récits une fenêtre sur ce monde exotique. J'évoque le puits des soupirants et la légèreté des mœurs, les marchés fantastiques où l'on croise parfois des magiciens venus d'Essos, les femmes belles comme des sorcières et les empoisonneurs de corps, d'esprit et de cœur.

La Reine rebondit, à mon plus grand plaisir, sur mes anecdotes. Si je pense que le plaisir se doit de passer avant la sécurité ? C'est une bonne question.

- En tant que marchand, Votre Majesté, je suis souvent confronté à cette question. Lorsqu'on arrive dans une cité étrangère, il est tentant de chercher à découvrir ses secrets, au risque de négliger le travail. Heureusement parfois plaisir et richesse vont de paire. J'ajoute avec une pointe d'espièglerie.

Pour séduire un client, il est parfois nécessaire de lui offrir des divertissements : banquets, spectacles, filles ou garçons, on peut alors croquer aussi à ses petits délices pour l'accompagner. C'est un métier plaisant, parfois, et dur souvent. Pour une semaine sur terre à profiter du port, de ses cabarets et bordels, combien de jours en mer à tirer sur les bouts et vivre trempé d'eau salée ?

- Mais pour ce qui est de la sécurité physique... J'hésite un instant avant de sourire. Je pense qu'un bon commerçant se doit de vivre dangereusement.

Je dis cela avec une pointe d'arrogance. J'en oublierai presque que je m'adresse à la Reine mais je me laisse emporter par le moment et ses questions stimulent mon envie de plaire et de conter. Après tout nous évoquons un monde lointain et étrange, où les règles ne sont pas les mêmes qu'au Val et où le danger guète à chaque coin de rue.

- J'imagine qu'il en va de même pour Votre Majesté ? La sécurité est un luxe que le pouvoir chasse...

De quoi est-ce que je parle ? Il faudrait peut-être que j'apprenne à me taire un peu, et pourtant je continue, comme en terrain conquis désormais. Nous parlons d'amour et des corps Dorniens. Des souvenirs s'entrechoquent dans mon esprit mais je dois bien avouer que, ce soir, aucune des jeunes filles de la principauté ne parvient à éclipser la présence de ma souveraine, bien réelle, elle, en face de moi. Son sourire me met en joie, comme une invitation à la discussion, presque comme si nous étions bons amis. Je sais que je délire, peut-être le vin ou l'excitation de la jeunesse, mais voila : je me sens bien et la tension de cette rencontre asymétrique semble se dissiper alors que nous causons comme si de rien n'était.

- C'est bien vrai. Je concède quand elle me fait remarquer que je ne suis pas tombé dans le fameux puits, ni n'ait été poignardé au cœur.

Toutefois sa question m'amuse. Assez personnelle d'ailleurs, mais c'est le privilège des puissants de briser certaines frontières de la politesse à leur guise, au moins cela tend à me confirmer la teneur légère de notre discussion.

- Peut-être...

Je réponds d'abord un peu évasivement. Le souvenirs de certaines nuits me revient mais je sais aussi que les prostituées savent y faire pour ne pas tomber enceinte lorsqu'elles ne le souhaitent pas. Pourtant il y a eu d'autres aventures, avec des demoiselles qui ne demandaient pas à être payées et notamment, maintenant que j'y repense, une première fois au Palais des Martell, avec une courtisane... quelle douce nuit. Mais le temps a passé, j'aurai eu l'occasion de l'apprendre si cette dame avait voulu faire officialiser ma paternité.

- Quoique je n'ai pas l'honneur de porter de nom de famille, si bâtards il y a ils porteront le nom de leur mère, ou pas du tout. Mais pas Sand.

Cela ne m'attriste absolument pas. Pondre des gamins avec des filles du port est une chose relativement courante et aucun voyageur ne s'est jamais embarrassé de savoir sa responsabilité quant à leur avenir. Beaucoup meurent jeunes, de toute façon. C'est une autre paire de manche quand il faut les élever et les légitimer, mais je n'en suis pas là, même si j'ai théoriquement l'âge.

En tout cas, je viens d'apporter une réponse très pragmatique à une question qui, je le devine, appelait plus à développer qu'à quelque cours sur les règles généalogiques en Westeros que d'ailleurs Sharra Arryn doit connaitre bien mieux que moi.

- Je ne peux pas dire que ça n'ait pas été instructif, en tout cas. Quoique à Dorne on parle du Val comme d'un pays romantique, et moi je parle de Dorne comme d'une terre de sensualité. Finalement l'idéal serait certainement de composer avec les deux, j'imagine ?

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyDim 14 Mar - 20:19

Sharra se moquait bien de ce que pourrait dire les petites gens des Eyrié, en voyant qu'elle avait fait venir le jeune navigateur dans ses appartements. Pendant quelques heures, ou même tout simplement quelques minutes, elle n'avait aucune envie d'entendre parler de politique, de stratégie militaire, de religion où les Croisés avaient pris la décision de faire la guerre contre leurs propres voisins et peut-être même contre leur propre famille. Elle n'avait d'ailleurs pas plus envie que cela d'y penser tout court. Il y avait tant de choses qui venaient à peser sur l'esprit et le corps quand on était souverain, qu'il était bon de pouvoir s'arrêter quelques instants et de venir à nouveau à s'évader des Eyrié, à quitter le Val, même si le voyage n'était pas réel, même si le voyage n'était réalisé que par le biais de la pensée. Et dans ce cas de figure là, Liriam semblait être la personne idéale pour cela. Il était épris de conviction et d'aventure. Ambitieux sans aucun doute, un navigateur et un homme d'histoire qui ne se faisait visiblement pas prier pour pouvoir raconter ses exploits maritimes comme pour pouvoir expliquer ce qu'il avait vu, connu, découvert lors de ses expéditions à l'autre bout de Westeros. Sharra n'avait jamais véritablement eu le loisir de voyager aux travers des différents royaumes qui composaient le territoire, ce n'était pas ce qu'on attendait d'une femme, et ce n'est certainement pas ce qu'on attendait d'une Reine. Quand elle avait épousé Jehan Arryn, tout ce que Sharra avait toujours connu, c'était la route qui menait de la demeure des Corbray à Goëville ou aux Eyrié. A cette époque-là, elle avait obtenu ses connaissances surtout grâce à l'éducation qu'elle avait reçu et aux livres qu'elle avait pu lire. Et ce n'était pas en devant l'épouse du Prince héritier du Val et de la Montagne que les choses avaient changé. Certes, elle avait découvert de nouveaux territoires dans le royaume mais elle n'avait finalement pas quitté ce dernier, et même si elle avait eu le désir de le faire, la guerre avait bien souvent empêché tout mouvement extérieur. On attendait d'elle qu'elle mette au monde des garçons, ce qu'elle avait fait par deux fois ; et qu'elle reste aux côtés de son époux, tel un merveilleux trophée comme elle avait fini par le devenir au fil des ans, alors que l'amour disparaissait entre le couple royal, et qu'il s'intéressait plus à de nouvelles maîtresses qu'à sa propre épouse.

Puis Jehan était mort sous le fer des Orageois et elle était devenue régente. Le poids de la couronne n'avait pas été un problème et au lieu de visiter Westeros, elle avait fait venir Westeros à elle pendant les festivités de Goëville. Cela semblait remonter à une éternité à présent, et même si elle avait pu observer des personnes à la culture différente, la bienséance voulait que les invités se plient aux règles du Val et il n'y avait guère peu de choses exotiques là-dedans. Et pour sceller l'alliance avec le Nord, elle s'était rendue dans le royaume des Loups, qui était bien plus rude et bien moins verdoyant ou disposant de richesses dans la terre. Le dernier voyage qu'elle avait effectué, elle l'avait fait pour se rendre dans l'Ouest, mais ce n'était clairement pas pour une visite de courtoisie qu'elle s'était rendue là-bas et bien qu'elle avait pu reconnaître les charmes de la terre des Lions, elle n'avait pas pu enlever de son esprit que si elle était présente, c'était pour ramener le corps sans vie de la toute jeune Reine du Val et Princesse de l'Ouest, Nymeria Arryn, née Lannister, portant encore en elle, le corps mort-né de son enfant. Tout cela était bien trop pénible pour pouvoir réellement profiter du voyage. Alors, ce soir, après un dîner délicieux mais qui lui avait semblé interminable, elle était heureuse d'avoir fait la rencontre du navigateur et qu'il accepte son invitation. Et autant dire qu'elle l'écoutait attentivement. « Le plaisir a heureusement divers possibilité de se trouver. » Et elle ne doutait pas que le jeune homme ait pu le trouver. Elle continuait alors à lui sourire, le fixant toujours dans le regard. « Dois-je comprendre alors que vous êtes prêt à prendre tous les risques pour pouvoir arriver à vos fins ? » Elle le regarda pendant quelques instants avec des yeux ronds en entendant sa question, avant de se mettre à rire légèrement suite à cette dernière, détournant quelque peu le regard. « Nous dirons plutôt que la sécurité est une chose aléatoire, qui se joue en fonction de votre popularité auprès du peuple et du soutien des seigneurs … Mais il y a toujours quelqu'un qui désire votre mort, il en est certain. » Heureusement la discussion se prolongea sur les plaisirs et les nuits d'amour de Dorne, osant demander à Liriam s'il avait quelconque bâtard qui se cachait là-bas. Après tout, on disait des marins, qu'ils avaient une femme dans chaque port. De plus, il n'était pas homme déplaisant à regarder et sans aucun doute un beau parleur, cela ne devait pas laisser les femmes indifférentes, encore plus quand on les payait pour une nuit de tendresse ou de pur luxure. Elle finit par hocher la tête. « Oui le romantisme et la sensualité ne sont pas incompatibles en effet et bien plus agréable quand les deux se mélangent, je dois bien l'avouer. Mais nous sommes une terre sous le joug religieux de la Foi, et je ne suis pas certaine que le Grand Septon aimerait que nous nous mettions aux mêmes pratiques qu'à Dorne. »

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyMer 17 Mar - 13:48

Alors que je converse avec la Reine d'un ton finalement plus badin qu'on n'aurait pu s'y attendre, je ne peux m'empêcher de me faire la réflexion que cette scène, je n'aurai même pas pu l'imaginer encore quelques jours plus tôt. De la noblesse, je n'en ai qu'une idée vague et souvent protocolaire, mes seuls expériences se limitant à la Cour de Grafton où Nestar m'a toujours recommandé de bien me tenir et de me taire, et le Conclave de Goëville. Le reste, ça ne compte pas vraiment. De sorte qu'au bout du compte, perchés dans leur demeure suspendue, j'avais fini par imaginer les Arryn comme des souverains inaccessibles au commun des mortels, moins des hommes que des figures tutélaires.

Force est de constater que je me suis trompé. A prendre le vin ce soir en sa compagnie, la Reine Sharra ne me semble plus si étrangère que cela. Bien sûr, dans un coin de ma tête une petite voix ne peut s'empêcher de me répéter de ne pas trop me faire d'illusion : sans doute a-t-elle eu envie d'un pu de divertissement et profité de la présence des capitaines de Grafton pour s'offrir une petite discussion sympathique. J'imagine que dès demain, je serai sorti de son esprit et que tout ça ne restera qu'un bon souvenir, frôlant l'absurde et le merveilleux.

Mais... mais... mais j'ai aussi mon ambition, et des rêves pleins la tête, alors ce soir, je préfère moi aussi me bercer d'illusions et me dire que peut-être, peut-être tout ça n'est pas si vain, que c'est ma chance, mon occasion. Et surtout qu'au delà des calculs cyniques et commerçants, je l'aurai moi aussi mon étrange aventure, fréquenter une reine, ma foi, ce n'est pas anodin et j'ai dans l'idée d'essayer tout ce que la vie consentira à me proposer alors je ne compte pas laisser cette soirée se perdre comme un simple souvenir.

- « Le plaisir a heureusement divers possibilité de se trouver. Dois-je comprendre alors que vous êtes prêt à prendre tous les risques pour pouvoir arriver à vos fins ? »

Je souris. Cela fait exactement écho à ce qui me traversait l'esprit, en effet. J'ai bien conscience du caractère piégeux d'une telle phrase, après tout les commerçants aux dents longues et sans scrupules ne font certainement pas les sujets les plus loyaux. Mais en même temps, que dire ? C'est bien la vérité après tout, et peut-être faut-il aussi y voir une invitation à quelques missions ou confidences que l'honneur ne saurait confier à un chevalier ?

- C'est l'avantage des gens du commun, Votre Majesté, si vous me permettez cette parole. Sans rien à perdre, ni biens ni honneur, nous n'avons de limites que notre imagination.

Je dis un peu crânement. Envolé le gamin intimidé de tout à l'heure, plus la conversation avance, le vin aidant, et Sharra Arryn parvient à me rendre ma pleine confiance en moi. Il faut dire qu'il est plutôt glorieux d'être au cœur des attentions d'une Reine, même seulement le temps d'une histoire.

- Alors pourquoi pas ? Je demande. S'il plait à votre majesté de me confier quelque tâche, je pense l'accomplir aussi bien ou mieux qu'un noble !

C'est l'alcool et la jeunesse qui parlent ce soir, qu'importe ? Je brûle de faire mes preuves et des années de sentiment d'infériorité s'expriment par ma bouche. Ces chevaliers, je ne pense pas avoir grand chose à leur envier, mon or et mon esprit sont une arme tout aussi acérée que leurs épées, du moins était-elle celle de mon père et je ne compte pas le décevoir.

Elle rit, je la fais rire et cela me rend heureux.

- « Nous dirons plutôt que la sécurité est une chose aléatoire, qui se joue en fonction de votre popularité auprès du peuple et du soutien des seigneurs … Mais il y a toujours quelqu'un qui désire votre mort, il en est certain. »

- Je comprends. Je dis en hochant la tête. Est-ce que je comprends vraiment ? Vous êtes la cible des attentions, c'est bien normal de susciter jalousie et animosité. Mais c'est tout autant l'occasion de provoquer de la fascination et de la loyauté, j'imagine ? N'avez-vous jamais désiré l’anonymat un moment ?

La discussion dérive de nouveau sur Dorne et le sujet des bâtards qui m'amuse. C'est bien là une réflexion de noble, pour les roturiers, pas de bâtardise, un enfant sans père est simplement moins chanceux, mais pas considéré comme une faute ou que sais-je. Le mariage nous lie certes aux dieux mais les septons ont depuis longtemps abandonné l'idée de faire la chasse aux infidélités, réservant ce travail là aux grands noms. Ce n'est pas pour nous déplaire, de fait.

- Dorne est également sous le joug de la Foi. Je fais remarquer non sans malice. Vous devriez peut-être lui demander, après tout un Val un peu plus peuplé ne serait pas sans intérêt stratégique, et un peuple heureux consens moins à la révolte.

Je termine, à moitié en riant.

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyDim 28 Mar - 15:43

La soirée se prolongeait et elle devait bien avouer qu'elle était bien plus agréable que le dîner auquel elle avait participé il y a quelques heures déjà. Pas que de se retrouver en compagnie de Lord Grafton et de ses hommes étaient une chose désagréable. Il était plus courant que l'on pouvait imaginer que le couple à la tête de Goëville vienne rejoindre le couple royal ou à présent, seulement la Reine-Mère. Outre le lien unissant à l'époque les deux hommes, il était de connaissance notoire que Lady Grafton était une amie d'enfance de Sharra Arryn, les deux avaient le même âge, elles s'étaient connues pendant leur enfance et elles avaient grandis l'une auprès de l'autre, ce qui avait d'ailleurs poussé tout naturellement Sharra a demandé à son amie de devenir une de ses dames de compagnie, la plus importante, et qu'aujourd'hui encore, elle était toujours auprès d'elle, et elles se soutenaient mutuellement dans les moments difficiles qu'elles pouvaient traverser. Néanmoins, un peu de fraicheur ne pouvait pas faire de mal, elle avait besoin de se changer les idées, et il était certain que ce n'était pas du luxe de changer un peu des têtes habituelles, toujours présentes aux Eyrié. Elle avait surtout besoin de changer d'air à n'en pas douter. L'ambiance devenait de plus en plus lourde, de plus en plus pesante dans la demeure royale, et elle se sentait presque étouffer dans les lieux, sous le regard de tout le monde. Elle avait envie de partir, de prendre l'air, même si cela se résumait seulement à partir quelques temps sur les terres natales des Corbray, cela ne la dérangeait nullement de retourner sur les terres de son enfance mais elle ne pouvait en aucun cas laisser Ronnel derrière elle. Et elle ne pouvait pas plus laisser Jonos ou le royaume du Val souffrir de tout cela. Alors elle tenait, quoi qu'il puisse lui en coûter.

Et puis il était réellement amusant d'observer le navigateur. On disait souvent de Sharra qu'elle était impressionnante et que c'était une femme qui en imposait, qui pouvait même faire peur dans certaines situations, ce qui était bien sûr à son avantage vu les épreuves qu'elle devait traverser et les décisions qu'elle devait prendre. Mais visiblement, l'homme ne semblait pas des plus troublés devant elle, il avait de la répartie et on voyait qu'il avait l'habitude de se « vendre » ou plutôt de vendre ses produits, mais d'une certaine façon c'était un peu la même chose, si on venait à se décider à accorder plus d'attention et de confiance à un navigateur plutôt qu'un autre, toujours dans l'idée du profit et non de la perte quelle qu'elle puisse être. Elle continuait à lui sourire doucement. « Pensez-vous vraiment que vous n'avez rien à perdre ? Vous n'avez peut-être pas de nom, mais je ne pense pas que vous êtes pour autant démuni. Je sais que vous avez réussi grâce à votre travail et à votre détermination, et vous vous êtes créé votre propre nom et votre propre situation. Vous avez votre honneur de commerçant, de navigateur. C'est une chose précieuse que vous avez là. » Il ne pouvait pas jouer autant, sans doute, que quand il avait commencé à naviguer et qu'il était à ce moment-là sous les ordres de quelqu'un d'autre qui l'avait formé, qu'il avait accompagné. « En tout cas je prends bonne note de votre proposition, et je pourrai faire appel à vous, un jour prochain. »

Sharra resta silencieuse un moment juste après sa question sur le fait de revenir à un anonymat qu'elle n'avait jamais véritablement connu. Son père l'avait très rapidement mise sur le devant de la scène alors qu'elle était encore assez jeune, elle qui le rendait si fière au détriment de son frère. Puis elle était devenue une magnifique jeune femme et elle avait eu tous les regards sur elle. Dont celui de Jehan Arryn, et sans ça, elle n'aurait pas eu ses enfants, elle n'aurait pas pu devenir reine. « Sans doute que j'ai eu envie parfois de retrouver l'anonymat, mais si j'étais retournée à l'anonymat alors j'aurai du réinventer ma vie, et je suis fière sincèrement du chemin que j'ai pu parcourir et de la personne que je suis devenue. » Elle éclata de rire en l'entendant parler de Dorne et de penser un instant à inscrire cette liberté de penser et surtout de vivre au cœur du Val. « Je pense que le Grand Septon nous surveille assez comme ça ces derniers temps, ne lui donnons pas les moyens d'attirer un peu plus son regard sur le royaume du Val. »

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MessageSujet: Re: Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé]   Dans l'ombre des Grafton [Tour IX - Terminé] EmptyMar 6 Avr - 19:27

Sans me formaliser, je hochais également la tête à la réponse de ma souveraine, quoiqu'un peu moins doucement qu'elle, emporté par mon enthousiasme. Après tout, ne venait-elle pas de qu'elle me rappellerait peut-être ? Mon père venait de mourir et je brûlais plus que tout de faire mes preuves à mon tour, alors au service de la Reine... c'était plus que je n'en aurai seulement espéré. Je répondis toutefois à son objection d'un ton amusé.

- C'est vrai, on a toujours quelque chose à perdre. Mais aussi beaucoup à gagner et moins vous êtes bien doté, plus le ratio devient grand alors.

Je lui souris. S'il y avait quelque chose à tirer de cette soirée, outre l'indéniable plaisir d'avoir passé quelques heures en compagnie de ma souveraine, c'était de laisser entendre que je ne rechignais pas à être son homme, pourvu qu'elle en ait l'usage. Entourée de grands seigneurs, engluée dans le protocole et la politesse, on avait parfois besoin d'autres talents et je connaissais les miens. Outre le sens du commerce et l'or qui dormait dans mes caves, j'avais également été mené à guider mon navire dans les criques pour contrebande, et mes pas dans certaines ruelles pour tâter de la rue. Des savoirs qui pouvaient se révéler extrêmement précieux si bien employés et j'espérais que la reine Sharra s'en rendrait compte.

Soucieux toutefois d'en apprendre un peu plus sur elle et, peut-être, sur ses états d'âme, je qu'enquérissais par des formules détournées de savoir si la vie à la Cour lui pesait parfois. J'avais dans l'idée qu'à défaut de représenter une menace, ne possédant ni titre ni hommes, ma souveraine pourrait peut-être voir en moi une oreille muette, n'ayant aucun intérêt à révéler ses secrets. C'était peut-être faire preuve de naïveté quant au panier de crabe que pouvait représenter une cour royale mais cette idée me séduisait assez pour que j'y accorde du crédit. D'autant plus que privée de son mari depuis plusieurs années et exposée seule aux affres du pouvoir, peut-être exprimerait-elle le besoin d'exprimer ce qu'elle avait sur le coeur ? Peut-être d'ailleurs était-ce la raison de ma présence ici ce soir, juste un brin de causette sans conséquence pour des paroles qui ne sauraient être dites dans d'autres contextes ?

Sans doute sa réponse fut-elle un peu moins profonde que je ne l'avais espéré. Bon, peut-être vivait-elle bien la chose, après tout, ou bien était-ce moi qui n'étais pas digne de confiance encore assez. Je ne m'en formalisais pas, c'était déjà attendre beaucoup que cette entrevue, je n'allais pas encore me sentir vexé si la reine ne souhaitait pas en plus me délivrer les secrets de son cœur. Bien qu'une ombre d'ambition et de fierté me poussait d'autant plus à les découvrir, à présent...

Au moins la faisais-je rire et de cela, j'en tirais un grand contentement.

- Tant pis alors. Répondis-je mutin. Il faudra faire sa sa bénédiction.

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