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 L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]

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MessageSujet: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyVen 24 Juil - 0:37


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse

Il était encore bien tôt et pourtant, je n’arrivais plus à dormir. A mes côtés Colyn était toujours plongé dans des songes qui n’appartenaient qu’à lui. Ses sourcils étaient froncés, et il semblait contrarié. J’aurais été tentée de le réveiller, mais je préférais ne rien en faire. Si quelque chose le tracassait, j’étais bien la dernière personne à qui il en parlerait. De plus, il s’était couché bien plus tard que je ne l’avais fait moi-même. Nous avons dansés la veille pour le fils de la Reine Sharra, à l’occasion de son anniversaire. Fort heureusement il n’y avait eu aucun dragon en vue, ni même de loup-garou ou de lion à deux têtes. Les rumeurs sur les créatures mystiques allaient bon train dans notre troupe, et je dois bien l’avouer que cela me terrifiait à chaque fois. Si les gros reptiles volants existaient, qu’est-ce qui pouvait exister d’autres ? C’était la porte ouverte à toute sorte de bestioles dont je ne voulais croiser la route pour rien au monde.

J’écartais doucement le bras de mon époux de ma taille pour sortir du lit. Sans un bruit, je passais sur ma chemise de nuit une vieille robe de chambre qui commençait à être usée. N’ayant plus d’eau dans la carriole, j’enfilais des bottes, puis je pris une bassine avant de sortir sans faire le moindre bruit. Je sautais les trois marches qui grinçaient pour atterrir avec souplesse sur le sol légèrement humide à cause de la rosée du matin. Je prêtais l’oreille quelques secondes, puis une fois certaine que Colyn n’était pas éveillée, je me rendais à la rivière. J’y fis une rapide toilette, remplis ma bassine, avant de revenir chez nous. Je trouvais l’homme toujours endormi. J’eus le temps de mettre de l’ordre dans nos vêtements et de les ranger, puis de faire un léger ménage dans les deux petites pièces, sans qu’il ne s’éveille. Je me pinçais la lèvre inférieure hésitant une nouvelle fois à le réveiller. Nous n’avions plus de nourriture et il m’avait indiqué qu’il se rendrait en ville ce matin. Seulement, les heures filaient et il devait plus tard superviser l’entrainement des acrobates et vérifier avec eux leur numéro. S’il ne se mettait pas tout de suite en route, il n’aurait jamais le temps.

Je pris finalement la décision de me rendre moi-même en ville, même si cette idée m’angoissait légèrement. Je ne connaissais pas Goeville, et je craignais de faire de biens mauvaises rencontres. Je m’habillais le plus sobrement possible, laissa un morceau de parchemin à mon époux sur la table pour l’informer de mes intentions, puis récupéra un panier tressé. Je sortais une nouvelle fois sans un bruit, laissant Colyn se reposait autant qu’il le pouvait. Depuis notre arrivée dans le Val, il ne s’était pas arrêté une seule seconde et la fatigue l’avait finalement rattrapé.

Il me fallut un long moment pour rejoindre le quartier commercial. Je l’avoue, je m’étais perdue en chemin et j’avais fait plusieurs fois le tour de nombreuses rues avant d’arriver à destination. Me rendant compte du temps que j’avais perdu, je me dépêchais d’acheter tout ce dont nous avions besoin. Ma bourse n’étant pas très importante, je faisais l’impasse sur les fruits, préférant acheter un peu de pain et un morceau de viande rouge pour Colyn. Je ne pris pas non plus de poisson comme j’en avais eu l’intention. Il ne me restait déjà plus rien, après l’achat de quelques légumes que j’avais pris en plus du reste. Je ne pus m’empêche de soupirer. A chaque fois que je dansais lors de banquets, je voyais tous les grands de ce monde se baffer de nourriture et en gaspiller une bonne partie. Ne se rendaient-ils pas compte que beaucoup mourraient de faim au-delà de leur mur ? J’avais la chance d’avoir un métier et quelques revenus mais ce n’était pas le cas de tout le monde.

Je remontais une rue le long de port lorsqu’une petite escorte fit son apparition. Je m’écartais de son chemin, mais malheureusement pas assez vite. L’un des gardes me bouscula et mon panier s’écrasa au sol, déversant son maigre contenu. Je les rattrapais tant bien que mal, mais certaines de mes vivres finirent tout de même à eau. Et un chien errant s’empara de la viande qui était tombée elle aussi à terre. Je poussais un léger cri désespéré en le voyant s’enfuir avec. Je me gardais bien de dire ma manière de penser aux gardes qui continuaient leur route comme si rien ne s’était passé. J’avais bien trop conscience de ma position et je ne voulais pas qu’ils viennent s’en prendre physiquement à moi. Je ravalais difficilement mes larmes et ma colère alors que je ramassais deux tomates légèrement écrasées, une courgette, trois pommes de terre, et la miche de pain. C’était là les seuls vestiges qui restaient de mes courses. J’en étais à la fois honteuse et en colère. Je savais que Colyn ne m’en voudrait pas, même s’il aurait tous les raisons de le faire. Je ne craignais pas sa réaction. Cela ne m’empêchait pas de me sentir sotte et plus bas que terre. Je m’écartais du tas d’aliments que je venais de rassembler, pour récupérer mon panier, tombé un peu plus long. En me retournant j’eus la mauvaise surprise de voir un homme me tournant le dos, contempler mon maigre tribus. Je ne pus m’empêcher de courir, me placer entre le tiers de mes courses et lui déclarer, les yeux rivés vers le sol, sans une seule fois le regarder. Je vous prie de m’excuser. Ces courses sont miennes. Ma voix n’était pas sûre d’elle, légèrement tremblante. Je m’agenouillais pour les ramasser et les rassembler dans mon panier abimé, sans ajouter le moindre mot, sans relever la tête. J’avais déjà pris un risque en réclamant mes biens, il n’était pas question de rajouter de nouveaux griefs à mon encontre. S’il décidait de s’approprier mes biens, je ne saurais pas capable de l’en empêcher. Je m’en rendais parfaitement compte.


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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyLun 27 Juil - 12:40

Ses prestations lors de la joute et de la mêlée n'avaient pas changé grand chose dans le quotidien du Bâtard et finalement, ce n'était pas plus mal. Il conservait une certaine liberté de mouvements qui étaient refusée à ses frères et sœurs. Roward devait batailler pour pouvoir se promener seul, sans escortes, Deria, ce n'était même pas envisageable qu'elle puisse sortir sans gardes et Arianne... Depuis son enlèvement par les Fer-Nés, la sécurité avait été multiplié autour d'elle pour éviter que cela se reproduise. Le problème étant que Deria comme Arianne avaient la fâcheuse tendance de fausser compagnie à ceux qui étaient désignés pour les protéger et que finalement, leur coller des gardes ne servait pas à grand chose. Anders n'approuvait pas, mais il ne blâmait pas ses sœurs, comprenant leur besoin d'anonymat et de liberté. Il serait devenu fou de devoir se déplacer avec une escorte. Comme celle qui était en train de fendre la foule, sans grand égard pour les petites gens. Il y avait des nobles tout à fait sympathiques et il y avait de belles ordures qui ne baissait jamais la tête vers les plus pauvres. Le bâtard n'était pas forcément un modèle de gentillesse avec les plus démunis, mais il n'humiliait jamais gratuitement. Il n'avait que trop connu ce sentiment pour apprécier d'en jouer sur qui ne le méritait pas.

Une jeune femme fut bousculée et elle perdit ainsi les fruits de ses achats sur le marché bondé. Tout se déversa dans la rue sale et poussiéreuse, alors qu'un chien en profitait pour faire son affaire de la viande. Des injustices comme celle là, il y en avait tous les jours. Et Anders aurait parié que l'homme à qui appartenait cette escorte était le genre à le snober ou le mépriser, parce qu'il était un enfant illégitime. Il n'avait que trop été habitué à ce mépris insupportable. La propre femme de Nymor l'avait regardé ainsi pendant toute son enfance. Comme un insecte indésirable qu'il lui démangeait d'écraser d'un coup de pied. Anders avait apprit à fuir la mère de Deria et Roward. Mais cela ne fonctionnait pas toujours et quand il se retrouvait avec elle... Il supportait les insultes. Oh rien d'ordurier, c'était une princesse. Mais les mots, tout enrobés de miel soient-ils, faisaient mal. Et malheureusement, Anders n'avait pas apprit à tenir sa langue et ne se laissait pas faire, la défiant.

Autant dire que les choses s'étaient mal passées entre eux. Et qu'il avait été soulagé de son décès, même si c'était horrible de penser ainsi et qu'il s'était bien gardé de montrer ce sentiments à son demi frère et sa demie sœur affligés. Il était resté avec Arianne. Plus douce et pondérée, elle n'avait pas manifesté sa joie comme lui. Ils s'étaient retrouvés tous les deux et il lui avait fait part avec véhémence de ses griefs contre la défunte, de son contentement qu'elle ne leur pourrisse plus la vie. Il n'avait alors que 11 ans, mais parlait déjà beaucoup trop sans réfléchir. Bien qu'il ne se soit pas risqué à cela avec une tierce personne. Arianne l'avait reprit à ce sujet, mais il savait qu'elle partageait le même sentiment de libération.

Alors quand il vit la demoiselle à terre, ses cheveux blonds masquant son visage résolument baissé, il se demanda si lui aussi aurait été capable de cette humilité. Non. La réponse était claire. L'injustice le faisait bondir. Et il ne savait pas conserver sa place. S'il avait été un simple gueux, il serait déjà mort, ou à croupir dans un quelconque cachot parce qu'il se serait révolté ou aurait manqué de respect. Il se mettait bien trop facilement en colère et il imaginait aisément que la jeune femme devait bouillir intérieurement, mais tenir sagement sa langue. A moins qu'elle ne soit juste... résolue à subir son sort...

Il allait ramasser les affaires abandonnées, quand elle se retrouva soudainement devant lui. Toujours avec humilité, elle revendiqua ces courses comme sienne et il ne put s'empêcher de sourire en coin. Humble, mais audacieuse. Elle s'était presque faite piétiner, mais elle n'était pas décidée à se laisser dépouillée pour autant.

« Vraiment ? Avez-vous une quelconque preuve pour étayer vos dires ? »

C'était un peu cruel de jouer ainsi avec elle. Mais Anders avait toujours eu ce tempérament provocateur. Il ne comptait pas s'approprier ses maigres biens. Quelle fierté retirer de dépouiller ainsi les plus démunis ? Aucune.

« Je suppose que je dois vous croire sur parole... »

Ses vêtements, sans être luxueux, n'étaient pas des guenilles non plus. Anders évitait d'afficher son aisance quand il se retrouvait au milieu du peuple, préférant se mêler à eux et éviter de se faire remarquer. Néanmoins, les tissus étaient d'excellente qualité et neufs. Aucune trace d'usure.

« Avez-vous perdu beaucoup ? »

Ce qu'elle avait acheté était-il encore consommable après l'incident ? Il lui était encore impossible de voir son visage. Ses cheveux blonds et sa peau pâle contrastaient avec la peau brune et les cheveux noirs du Dorniens. Il y avait aussi une grâce dans ses mouvements qu'il n'avait pu s'empêcher de remarquer.

« Vous savez, il serait plus agréable de m'adresser à votre visage qu'au sommet de votre crâne. »

Une façon amusée de lui demander d'enfin oser lever la tête et lui montrer ses traits.

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyMer 29 Juil - 1:28


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse

Je ramassais avec hâte les maigres courses qu’il me restait. J’espérais que l’homme passerait son chemin et qu’il n’essayerait pas de réclamer le peu qu’il me restait. Un simple coup d’œil à ses chaussures m’avait permis de me rendre compte qu’il était bien plus riche que je ne le saurais jamais. Combien de fois avais-je réparé mes vêtements et mes chaussures, ainsi que ceux de Colyn ? Nous n’en rachetions que lorsque cela était vraiment nécessaire et que nous n’avions pas d’autres choix. Et pourtant, nous n’étions pas si pauvres que cela. Mes danses me rapportaient une entrée d’argent régulière et mon époux gagnait aussi plusieurs pièces. Nous pouvions nous permettre de manger régulièrement de la viande et du poisson et j’étais bien consciente de la chance que nous avions. C’était quelque chose dont nous évitions de parler autour de nous, pour ne pas faire des envieux, ni nous attirer les foudres des autres. Nous ne roulions pas sur l’or, mais nous nous en sortions bien quand même. Les bons mois, mon mari se permettait de m’acheter de nouveaux tissus pour que je puisse me confectionner de nouveaux costumes de danse, même si à chaque fois, je lui faisais remarquer que ce n’était pas essentiel. Son geste était touchant oui, mais j’avais appris à être très économe, au point où le moindre achat me semblait pas aussi vitale que cela, en dehors de la nourriture.

Je m’en voulais vraiment de ne pas être arrivée à préserver plus mon panier. J’étais en colère contre moi-même et honteuse. Quand le Lord remit en cause ma parole j’arrêtais de ramasser quelques secondes ma pomme, avant de finalement la prendre et la ramener dans mon panier, tout en soufflant doucement, et sur un ton on peut plus humble Aucune Messire. Que pouvais-je ajouter de plus ? Je ne voulais pas m’attirer ses foudres, si cela n’était pas déjà fait. S’il voulait me voler mes vivres, je ne pouvais rien faire que de le laisser faire, même si je doutais qu’il soit réellement intéressé par ma nourriture. Elle avait roulé par terre et elle était sale. Rien d’irrécupérable bien entendu mais pour un grand de ce monde, cela devait ressembler bien plus à des déchets qu’à des mets consommables. Je fus soulagée lorsqu’il me concéda mes biens. Je lui répondais ainsi Merci Messire dans un souffle, avant de finir par tout récupérer. Enfin, tout non, mais le maigre qu’il me restait. Un coup d’œil vers l’eau me montrait quelques fruits et légumes flottants. J’étais tentée de les récupérer seulement… Seulement je ne savais pas nager et je craignais de me noyer en essayant. De plus, on pourrait me voler entre temps mon panier et alors, il ne me resterait plus rien. Je me pinçais la lèvre inférieure, avant de me relever, mais gardant toujours le visage bien rivé sur le sol. Je pensais que le seigneur passerait son chemin, mais il n’en fit rien. Il me questionna ce que j’avais perdu et un instant je fus tentée de relever la tête, avant de me reprendre. C’était là une question surprenante. Et qui signifiait qu’il avait assisté à la scène et qu’il s’était donc joué de moi un peu plus tôt. Je me gardais bien lui en faire la remarque, tenant beaucoup trop à ma vie pour cela, ainsi qu’à mon intégrité physique. Je ne pense que cela soit intéressant pour vous Messire de le savoir. Lui dis-je, avant de me reprendre et d’ajouter Mais la réponse est oui Messire. . Qui étais-je pour penser à la place d’un lord ? Personne. J’espérais qu’il oublierait ma première réponse et n’y verrait aucune offense, car là n’avait pas été mon but. J’avais simplement voulu mettre en avant son désintérêt pour ma situation. Je n’étais point intéressante après tout à côté de lui. J’eus un instant d’arrêt lorsqu’il déclara qu’il serait plus agréable pour lui de s’adresser à moi si je relevais la tête. Qui était-il donc ? Se pouvait-il qu’il ne soit finalement pas un lord, mais un voleur ? Les nobles ne veulent pas que les petits relèvent l’échine et le regard. Ils prennent cela pour de la défiance. Avec ses chaussures impeccables, s’il n’était pas riche, il était donc un brigand qui a détroussé les autres. Cette idée me fit frissonner et ramener mon panier un peu plus contre moi. Je ne savais pas quoi faire, et me décidais-je à un compromis. Je relevais légèrement la tête sans dépasser le niveau de son cou. La couleur de sa peau me fit légèrement louper un battement. Un dornien. Aucun doute à avoir. Et cela expliquait aussi sa précédente demande. Je l’avoue, je craignais d’avoir devant moi l’un des enfants avec qui j’avais pu m’amuser lorsque ma troupe s’était attardée à Lancehélion. Je me rassurais en me disant que je n’étais qu’une jeune femme, qu’une danseuse sans importance qui n’aurait marqué personne la bas. J’avalais difficilement et leva entièrement la tête. Le choc fut bien plus terrible que ce que je m’étais imaginée. Il n’y avait tout simplement aucun doute à avoir. J’en lâchais mon panier qui se vida une nouvelle fois par terre. Je me baissais de nouveau rapidement, le cœur battant extrêmement fort. Je priais pour qu’il ne m’ait pas reconnu. Oui, pourvu qu’il n’ait pas eu le temps de bien voir mon visage. Il avait changé et ses traits avaient bien muris. Et pourtant, il n’y avait aucun doute à avoir. L’homme en face de moi était le premier que j’avais aimé et à qui je m’étais donnée. Je ramassais de nouveau très rapidement le contenu de mon panier. Veuillez m’excuser Messire. soufflais-je avant de me reculer le regarde toujours rivé sur le sol. Il fallait que je m’en aille et ne dérange plus l’homme en face de moi. Il n’était plus Anders Sand, mais dorénavant Anders Martell. Cela marquait encore plus cette distance qui nous séparait. Je ne me rappelais que trop bien la dernière entrevue que nous avions eu, et cela pressa un peu plus mon pas. Je craignais qu’il me reconnaisse et qu’il puisse m’en tenir toujours rigueur, même si j’avais conscience que je me donnais là bien plus m’importance que j’en avais. Ne regardant pas où je mettais les pieds, je finis par ne plus avoir de sol stable et bascula en arrière… Droit vers cette eau que je redoutais tant. Je poussais un cri de surprise et de désespoir. Par les sept. J’allais finir noyer juste après avoir revu quelques secondes ce visage que j’avais tant embrassé, aimé et caressé alors que je n’étais qu’une jeune femme pleine de rêves et d’espoirs.


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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyJeu 30 Juil - 14:32

Il n'était pas très charitable de se jouer ainsi d'elle et de lui faire peur en lui laissant penser qu'il pouvait lui prendre ses maigres possessions, juste par envie de la déposséder. Il n'était pas comme cela. Il n'était pas inutilement cruel et ne prenait aucun plaisir à humilier les plus humbles. Mais il y avait une morgue et une arrogance en lui qui lui avaient souvent attiré des ennuis et qui pouvaient le rendre antipathique de prime abord. Si bien que peu de personnes cherchaient à en savoir davantage auprès du Bâtard des Martell, s'arrêtant à leur première opinion. Un travers dont il ne s'était pas encore défait. La jeune femme répondit de nouveau humblement, consciente qu'elle ne pouvait rien faire contre les caprices des puissants. Cela devait être vraiment invivable. Et pourtant, elle ne laissait rien paraître, prête à s'écraser s'il décidait de lui confisquer ses maigres biens. Il soupira, mettant fin à ce petit jeu cruel et inutile. Agacé également qu'elle se montre si... peureuse ? Il n'avait pas de mot exact pour son attitude servile. Elle était craintive et prudente. Sans doute la bonne attitude pour éviter les ennuis. Mais elle devait alors faire abstraction de toute fierté... Les petites gens pouvaient-ils seulement se permettre d'en avoir ? Sans doute pas... Il consentit donc à la croire. De toutes façons, il avait assisté à la scène. Elle le remercia, toujours dans le regarder.

Il s'enquit alors de l'importance de ses pertes, la prenant sans doute au dépourvu. Elle devait se demander ce que cela pouvait bien lui faire. Pourquoi un noble se préoccuperait-il d'une pauvre fille comme elle ? Elle devait juste être au supplice et prier tous les dieux qu'il la laisse enfin en paix au lieu de rester planter là à lui poser des questions dont il devait se moquer de la réponse. Ce n'était pourtant pas le cas. Il était révolté par l'attitude de ces gardes qui ne s'étaient même pas arrêtés pour venir en aide à la jeune femme qu'ils avaient heurté... Et comme prévu, elle se demanda ce que cela pouvait bien lui faire, avant de se reprendre et de répondre qu'elle avait effectivement perdu une partie de ses vivres. Il pinça les lèvres.

« Désolé de l'apprendre. »

Il s'imaginait sans peine qu'il n'était pas aisé pour la jeune femme de retourner en acheter. Elle ne devait pas avoir l'argent pour acheter le double de ce qu'elle avait déjà acquis. Il suffisait de voir ses vêtements pour deviner qu'elle n'était pas aisée. Ils étaient usés, sans doute maintes fois recousus, mais propres, c'était déjà cela. Elle devait se demander pourquoi il était désolé pour elle, elle qui était une inconnue, insignifiante. Il la pria alors de lui montrer son visage et il la sentit se crisper, rapprochant son panier d'elle. Mince, elle allait décamper en 4e vitesse face à cette simple demande ? Il espérait que non. Il ne savait pas encore s'il se lancerait à sa poursuite pour voir quel charmant minois accompagnait cette voix douce mais timide ou s'il la laisserait s'enfuir et disparaître à jamais. Mais elle ne fuit pas, lui épargnant alors ce dilemme.

Et doucement, elle releva le visage vers lui. Et quand il croisa son regard, il ressentit un choc. Sans doute partagé alors qu'elle en laissait tomber son panier, s'accroupissant vivement pour le récupérer. Ce n'était pas possible... Mais comment oublier les yeux clairs et les cheveux blonds de sa jolie petite danseuse ? S'il avait connu bien des femmes après elle, il ne l'avait pas oublié pour autant. Il avait été séduit par elle et ils avaient été heureux ensemble, mais si leur relation avait été éphémère. Il s'était amouraché de la danseuse, comme elle était tombée amoureuse de lui, alors qu'ils savaient tous deux que cette relation n'avait aucun avenir. Tout bâtard fut-il, il avait des devoirs envers sa famille et épouser une danseuse était hors de question. Mais cela ne les avait pas empêché d'en profiter autant qu'ils avaient pu. Il avait trouvé une certaine liberté auprès d'elle, l'aimant avec toute l'insouciance et la passion de ses 15 ans.

Et puis, elle était partie. Ils s'étaient séparés fâchés. Anders était entré dans une colère noire alors qu'elle le quittait. Être conscient que leur relation était éphémère, n'avait pas empêche le bouillonnant Dornien de rejeter la réalité et d'en vouloir à Solvej pour cela. De lui en vouloir de tout laisser si facilement, de l'abandonner ainsi... Il était si jeune, si fougueux, si naïf... Depuis, les années avaient passé et il avait regretté sa colère. Ce n'était pas sa faute. Elle avait fait ce qu'il fallait, quittant Dorne avec sa troupe et sa mère mourante. Il s'était montré immature en l'accusant ainsi alors qu'elle était dans une détresse terrible. Il n'avait fait qu'ajouter à sa peine. Et s'il avait conçu un quelconque doute quant à son identité, sa réaction était là pour lui confirmer qu'il avait raison de se fier à son instinct. Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine, alors que le souvenir de leurs étreintes lui était revenu en mémoire sans prévenir. Elle s'était donnée à lui. Elle s'était déshonorée pour lui... A l'époque, il n'avait pas mesuré le sacrifice qu'elle avait fait. Ils s'étaient promis tellement de chose dans l'intimité d'une couche. Ils s'étaient promis de s'aimer toujours.. ; C'était si loin. Elle s'excusa alors et commença à battre en retraite.

« Non, Sol, attends... »

Elle avait fait comme si elle ne le reconnaissait pas, mais il n'y prit pas garde. Il amorça un mouvement vers elle, avant d'aviser qu'elle reculait droit vers l'eau.

« Non, arrête ! »

De ses souvenirs, elle ne savait pas nager. Elle avait une peur bleue de l'eau depuis que sa mère avait tenté une méthode un peu trop radicale pour la guérir, la traumatisant encore davantage. Et même lui n'avait su l'aider pour cela. Il doutait que depuis, elle soit devenue une nageuse d'exception. Et elle bascula dans un cri. Sans hésiter, il se précipita à son tour. Lui, il était bon nageur. Dommage que l'eau du Val soit bien plus froide que celle de Dorne, mais cela ne l'empêcha pas de partir à la recherche de Solvej, qu'il attrapa solidement, lui sortant la tête de l'eau, tout en regagnant la berge, l'y allongeant. C'était bien elle, aucun doute là dessus. Mais quelque chose semblait d'être brisé en elle. Elle avait changé. Elle n'était plus l'adolescente fraîche et naïve, heureuse, qu'il avait connu. Quelles épreuves avait-elle don subi ? Il avait changé lui aussi bien sûr mais pas autant. Autour d'eux, les gens pressaient le pas. Ils ne voulaient pas se mêler de cela, ne pas être témoins.

« Allez Sol. Ça va, c'est fini, tu es sauve. »

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyVen 31 Juil - 0:00


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse

Je fus étonnée en entendant le seigneur dont je ne voyais que les pieds se dire désolé de la perte de mes maigres courses. En vingt ans, je n’avais connu aucun noble se souciant vraiment de ce genre d’injustice. Ils avaient bien droit à faire avec leurs guerres et leurs banquets pour s’intéresser à tous ceux d’en bas. Nous n’étions là que pour les servir, les divertir et grossir le rang de leur armée. Ils ne désiraient pas nous connaitre, nous aider, nous tendre la main. Et pourquoi l’auraient-ils fait ? Ils n’auraient pas assez d’une vie pour se soucier personnellement de chaque personne du peuple. Et je n’avais pas besoin qu’ils le fassent. Ma vie, si elle était loin d’être parfaite, et bien qu’elle ne me rende pas spécialement heureuse, me convenait. J’avais vu bien trop de misère lors de mes voyages pour me plaindre de ce que j’avais. Je n’étais qu’une petite brindille, mais j’avais la chance d’avoir un métier, un toit, de la nourriture à chaque repas et un époux qui ne traitait avec respect. Je ne pouvais rien attendre de plus de la vie. Ne le soyez pas Messire. J’aurais du faire plus attention. lui répondis-je d’une petite voix, m’inclinant légèrement. Cela ne comptait pas pour lui et il n’avait pas besoin de faire semblant. Je n’attendais pas de compassion, ni de compensation. Cette situation était en partie de ma faute. Si je m’étais écartée à temps, cela ne serait pas arrivé. Je savais très bien que les gardes ne rompraient pas leur formation pour m’éviter. Leurs travails consistaient à protéger, peu importe les dommages qu’ils pourraient faire, et les vies qu’ils prendraient. Colyn nous protégeait, et jamais je n’avais vu en lui un monstre. Il faisait ce qu’il avait à faire, de la même manière que je devais danser pour apporter de l’argent dans notre foyer et honorer la mémoire de Mère.

Je n’avais pas vraiment envie de relever la tête, mais je craignais ce qu’il viendrait à faire si je refusais de me plier à ses volontés. Il avait été assez prévenant pour un riche homme, je ne voulais pas que le vent se mette à tourner et qu’il ne s’en prenne à moi si je ne lui obéissais pas. J’espérais vraiment qu’il ne me ferait pas de mal et qu’il n’essayerait pas d’abuser de moi. Cela était arrivé à d’autres danseuses et si jusque-là j’avais été épargnée, je n’étais pas à l’abri de tout danger.

Il ne fallut qu’un simple croisement de regard pour que je reconnaisse le jeune homme qui se trouvait en face de moi. Mes craintes avaient finis par se réaliser et mon chemin avait de nouveau croisé celui d’Anders. J’en avais lâché mon panier sous le choc, rebaissant aussitôt la tête, espérant vivement qu’il n’ait pu avoir le temps de me reconnaitre. Mon cœur s’était complètement emballé. Comment aurait-il en être autrement ? J’avais donné au dornien mon bien le plus précieux, ainsi que mon cœur. Nous savions que cela était voué à ne pas durer, et pourtant, il s’était emporté contre moi lorsque je lui avais annoncé que je devais m’en aller avec Mère et que nous ne nous reverrions plus. Il n’avait pas supporté que je puisse mettre fin à ce que nous savions déjà couru d’avance dans me battre. Seulement, à quoi me battre aurait-il servi ? Il n’aurait jamais pu épouser une petite danseuse sans origine. Et je n’aurais pas pu abandonner Mère alors qu’elle était blessée et être source de honte pour elle. Sa colère m’avait terrifié et je redoutais qu’elle soit toujours présente en lui. Je me donnais sans doute bien trop d’importance. Il était fils de noble, tout aussi bâtard soit-il. Il avait dû connaitre bien des femmes et être surement marié ou fiancé à présent. De ce que j’avais entraperçue, il n’avait rien perdu ses traits étaient toujours aussi beau bien qu’ils avaient gagné en maturité avec l’âge.

Je devais m’éloigner, et m’en aller. Je reculais vivement, descend toujours mon regard vers le sol. En l’entendant m’appelant par le surnom qu’il me donnait jadis et en se montrant familier, je me pressais un peu plus. Il me demanda de m’arrêter, mais je n’en fis rien, comprenant trop tard mon erreur. Mes pieds n’étaient plus sur un sol, et mon corps bascula en arrière, dans l’eau. Je poussais un cri de terreur, avalant de l’eau en y plongeant. Ce fut alors la panique. Je fus incapable de raisonner essayant de remonter à la surface en battant des mains et des pieds, mais n’y arrivant pas. J’avais l’impression fausse de couler un peu plus à chaque seconde. Je manquais d’air bien vite, redoublant de peur. On m’attrapa, alors que j’essayais de me débattre, ne réalisant pas vraiment qu’on venait à mon secours. Je m’étais vu condamnée à mourir noyée dès que mes pieds avaient quitté la terre ferme. Je toussais et respirais anarchiquement en revenant à la surface, cette peur me tiraillant toujours le cœur. Il me fallut plusieurs minutes pour réaliser qu’on m’avait ramené sur la berge et que je ne craignais plus rien. Je pleurais de terreur, mais cela ne se voyait heureusement pas avec toute cette eau qui ruisselait sur mon visage. Je m’écartais aussitôt mes esprits retrouvés du bord et d’Anders, reculais sur les fesses sans me relever. J’en étais tout simplement incapable. La voix du dornien se voulait rassurante, mais elle ne l’était pas pour moi, elle ne l’était plus à présent. Je… Je fus prise d’une violente toux, crachant à terre de l’eau que j’avais avalé dans ma noyade. Je fis signe à l’homme de ne pas approcher alors que mon corps rejetait ce liquide qui avait manqué de me tuer. Je ne voulais pas qu’il approche. J’en avais déjà bien assez trop fait. Je vous remercie Messire Martell… soufflais-je entre deux toux. Je repris difficilement ma respiration, me forçant à la calmer comme Mère me l’avait appris. Vous n'auriez pas du... Je le pensais vraiment aussi étrange que cela puisse paraitre. Il aurait pu se faire du mal ou se noyer. Je n'en valais pas la peine, vraiment pas. Ma vie n'avait aucun importance. La sienne si. Vous êtes sale et mouillé par ma faute… J’espère que vous accepterez mes excuses… Je… Je vous dédommagerais… Je toussais une nouvelle fois, mais cela ne m’empêcha pas de me positionner sur les genoux, et de m’incliner devant lui plus bas que terre, mon visage touchant presque le sol, et cela même si ma quinte se fit plus importante. Des larmes continuaient de couler sur mon visage et mon corps était toujours pris de tremblements. Pathétique. J’étais pathétique. Au moins avais-je encore mes bonnes manières en tête. Je ne savais pas comment j’allais pouvoir dédommager ses riches habits et ses chaussures impeccable. Mais je le ferais. Je multiplierais les danses à en faire saigner mes pieds si cela était nécessaire. Colyn ne payerait pas pour mes erreurs, je m’y refusais. Je rembourserais toute seule, même si je devais ne plus toucher d’argent pendant des années. Il n’était pas question que je me mette la famille Martell à Dorne.

Martell… Anders Sand avait fini par être reconnu comme un Martell. En apprenant la nouvelle, cela m’avait réjoui pour lui, même si la perte de son père et de sa grand-mère avaient dû être terrible pour lui et entacher cette joie qu’il avait dû ressentir. J’avais hésité à lui envoyer un corbeau de condoléance, mais y avais renoncé en me rappelant qu’il était entré dans une colère monstre lorsque j’étais partie et qu’il n’avait pas pris de nouvelle de ma Mère. Les choses devaient être ainsi. Je n’étais qu’une petite danseuse et lui un noble. Rien ne pouvait nous attacher l’un à l’autre, si ce n’était un lien de servitude que je lui devais et que je m'efforçais d'appliquer tant bien que mal.


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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyDim 9 Aoû - 16:23

Elle n'avait pas eu le temps de boire suffisamment la tasse pour sombrer dans l'inconscience. Pas d'eau dans ses poumons. Il en conçut un indicible soulagement, mais qui disparut tout aussi vite alors qu'elle s'écartait brutalement de lui en toussant et pleurant. Du moins, il lui semblait qu'elle pleurait, trempée comme elle l'était, ce n'était pas évident. Elle aurait pu se noyer. S'il n'était pas allé la chercher, cela aurait été le cas. Solvej ne savait pas nager et surtout, elle avait peur de l'eau. Apparemment, cela ne s'était pas arrangé avec le temps. Elle toussa, cracha de nouveau, tandis que le dornien, agenouillé, se redressait légèrement en s'accroupissant, passant une main dans ses cheveux trempés pour les dégager de son visage et observer celle qui avait fait battre son cœur d'adolescent 6 ans plus tôt. L'adolescente était devenue une femme. Son corps avait légèrement changé, ses formes se faisant plus féminines. Son visage était plus fin, perdant les rondeurs de l'enfance. Mais ce qui le choquait c'était son attitude, ce qu'il pouvait lire dans ses yeux. L'adolescente rêveuse, qui avait le rire si facile et si clair, qui l'avait emporté dans son monde avait disparu... Il ne restait qu'une terrible humilité, voire de la peur. Une peur qu'il pouvait lire quand elle le regardait et c'était cela qui était terrible.

Lui aussi avait changé bien sûr. Il avait grandi, forci, était devenu un adulte, sculpté par l'entraînement aux armes. Pourtant, il était toujours nonchalant, toujours arrogant et semblant se moquer de tout et de tout le monde. La vie ne l'avais pas spécialement épargné, il avait reçu des coups, il avait perdu des êtres chers... Il était animé de sentiments qu'il aurait aimé étouffer. Mais cela ne l'avait pas changé profondément, pas autant que Sol. Il se sentit transpercé en plein cœur quand elle lui donna du Messire Martell... Si il avait pu douter qu'elle le reconnaisse, c'était désormais assuré qu'elle savait bien qui il était. Qu'il avait été légitimité. Et qu'elle l'appelait comme n'importe quel noble qu'elle aurait pu croiser, oubliant ce qui avait pu exister entre eux.

Ils s'étaient quittés fâchés. Ou plutôt, c'était lui qui était fâché. Solvej était juste... désolée. Résignée. Il lui avait fallu des jours pour décolérer. Il l'avait insultée, il avait souhaité que jamais elle ne croise sa route pour le laisser tomber comme ça. Il s'était senti trahi, il avait eu mal. Un premier chagrin d'amour, doublé d'une atteinte à sa fierté, déjà bien trop exacerbée. Et puis, la tempête était retombée. Il avait prit conscience qu'elle n'avait pas eu le choix, privilégiant sa famille, comme il se devait de privilégier la sienne. Et il s'en était voulu de la quitter ainsi, de venir gâter leurs beaux souvenirs par ces adieux houleux. Lui en voulait-elle encore ? Etait-ce pour cela qu'elle se montrait si distante avec lui aujourd'hui, pensant qu'il lui en voulait encore ? Six années étaient passées quand même... Anders était vif et colérique, mais pas à ce point. Pas au point d'être encore guidé par la rancune six ans plus tard.

Elle ajouta alors qu'il n'aurait pas dû et il sentit la colère monter de nouveau. Il était comme ça. Et elle l'agaçait prodigieusement à s'obstiner à jouer les inconnues pour lui. Ils ne pouvaient pas faire semblant. Lui, ne pouvait pas faire semblant. Il se frappa le front du plat de la main, avant de répondre, sarcastique :

« Oui, j'ai été idiot, j'aurais mieux fait de te regarder te noyer. »

Ben voyons, cela aurait été facile. Déjà une inconnue, il aurait plongé. Il ne pouvait pas laisser mourir une innocente ainsi. Alors une femme qui avait compté pour lui... Elle continua dans sa lancée, en parlant de dédommagement, avant de voiler son visage de ses cheveux et de lui offrir de nouveau son crâne en spectacle. Cette fois, c'était trop. Il se redressa, la rejoignant rapidement, et s'emparant de ses bras pour la forcer à se redresser, fermement, un brin excédé.

« Bon sang Sol, qu'est-ce que tu me fais ? Arrête de me donner du Messire Martell et de ramper comme ça devant moi, ça m'agace au plus haut point ! Pour toi, c'est toujours Anders. Je n'ai pas changé et ce n'est pas parce que je suis devenu un Martell que j'ai besoin que tu t'aplatisses devant moi. C'est amusant de la part de certaines personnes, je te l'accorde, mais pas de la tienne... »

Il ajouta, moqueur :

« Et comment comptes-tu me dédommager ? Je doute que tu ai assez d'argent pour cela. Alors, si tu veux t'acquitter de ta... dette imaginaire, tu vas te relever, venir avec moi et on va discuter. »

Il la relâcha, passant ses mains dans les cheveux de la jeune femme, dégageant son beau visage.

« Tu sais, j'ai longtemps pensé qu'on finirait par se revoir. Je l'espérais. Je n'avais pas imaginé les choses ainsi... Je pensais que je finirais par te voir te produire lors d'une fête... Je pense que... j'ai des excuses à te faire. Je n'aurais pas du t'en vouloir de partir ainsi. J'ai réagi trop vivement. Je m'en rends compte à présent. S'il te plaît, arrête de jouer les demoiselles terrifiées à l'idée de déplaire à un noble. Il ne t'arrivera rien avec moi. Et je ne te punirais de rien. »

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyMar 11 Aoû - 17:58


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse


Je regrettais à bien des égards d’avoir voulu décharger Colyn de sa tâche. A cause de cela j’avais perdu toutes les courses, j’avais manqué de me noyer, et je devais affronter Anders. Je ne pensais pas le revoir un jour, je devais bien l’avouer. Cela faisait maintenant six ans que nos chemins s’étaient séparés et ne s’étaient plus retrouvés. Il n’avait jamais essayé de me recontacter, pas même pour prendre, ne serait-ce quelques nouvelles de ma Mère. Si j’avais été tentée de lui envoyer un parchemin, je m’étais rappelée à temps, juste avant de lui envoyer qu’il ne voulait plus entendre parler de moi. Si j’avais continué à écrire pendant un temps, j’avais à chaque fois brûlé mes lettres. Finalement elles étaient un exutoire. Après mon mariage avec Colyn, j’avais arrêté de gâcher de l’encre et du papier pour rien. J’avais passé trois ans à écrire pour rien, et trois autres années à me défaire de cette habitude. Je devais bien l’avouer, si j’avais toujours essayé de ne plus penser au Dornien, dans les moments les plus mal, mes pensées vagabondaient de ce côté-là. Ce n’était pas seulement pour lui, mais tout le contexte. Mère était encore là, et elle était fière de la danseuse que je commençais à devenir. Nous étions à l’abri du danger et du besoin. J’avais des rêves plein la tête et mon cœur avait chaviré pour un jeune homme qui s’était montré prévenant et doux avec moi. Cette époque me semblait si loin maintenant, comme si elle n’avait finalement jamais existé.

Ma vie n’était pas un conte de fée que l’on peut lire aux enfants nobles et si avant j’avais eu la sottise d’espérer la changer, ce n’était dorénavant plus le cas. J’avais grandis et les désillusions s’étaient accumulées avec le temps, jusqu’à former mon quotidien. Je n’étais rien et je n’avais aucune importance. Le monde n’allait pas s’arrêter parce que je n’étais plus. Il ne l’avait pas fait quand Mère avait disparu. Il ne le faisait pour personne, encore moins pour des êtres tel que moi. Le Dornien avait été imprudent et sot de sauter à l’eau. Il aurait pu se blesser ou mettre sa vie en péril. Que je sois ou non une inconnue, il aurait dû rester sur la berge. Telle était sa place après tout, alors pourquoi en sortir ? De plus, il était dorénavant un Martell. Non, il n’y avait aucune raison à ce qu’il agisse ainsi. Le gamin que j’avais connu l’aurait fait oui. Mais l’homme qu’il avait du devenir ne pouvait se permettre ce genre de folie. Vous auriez dû en effet. soufflais-je en deux toux. Même si je l’avais connu jadis, j’eus peur qu’il me fasse du mal lorsqu’il m’attrapa les bras. Mes larmes redoublèrent et le cri qui aurait dû sortir de ma bouche fut remplacer par une nouvelle quinte de toux. Au moins cela m’avait-il permis d’échapper à une autre humiliation, même s’il ne restait guère peu de fierté, pour ne pas dire aucune. Je frissonnais à son contact prolongé. C’était plus fort que moi. Je craignais vraiment qu’il puisse me faire du mal, même si  j’eus un pincement au cœur en l’entendant utiliser une nouvelle fois le diminutif de mon prénom. Il m’intime de ne pas l’appeler autrement que par son prénom, ne se rendant pas compte que cela est impossible. Je ne pouvais me permettre telle chose. Ce n’était tout simplement pas concevable. Tout comme le fait de ne pas « m’aplatir » devant lui, comme il le dit si bien. Je me pinçais la lèvre inférieure lorsqu’il mit en avant le fait que je n’avais pas assez d’argent pour le rembourser et cela me blessa bien plus que je ne l’aurais pensé. J’étais peut-être pauvre, mais je n’étais pas sans sous, et j’avais quelques économies. Même s’il me faudrait des années pour le rembourserait, j’étais en mesure de le faire. J’avais un travail et je gagnais ma vie. J’avais eu au moins cette chance là dans la vie. Je n’eus pas le temps de lui répondre quand il me relâcha ni même l’occasion de reculer et de courber l’échine une fois de plus. Il passa ses mains dans mes cheveux, un geste si familier, et venant de lui, toujours aussi agréable. Non je ne devais pas voir les choses de cette manière. Ce n’était pas bien. Il dégagea mon visage et son regard trouva aussitôt le mien. Je ne pouvais qu’admirer la beauté de ses traits. J’avais trouvé beau le jeune homme qu’il était à l’époque, et l’homme qu’il était devenu l’était tout autant. Il avait gagné en maturité avec l’âge, mais il n’avait pas été autant marqué que ceux que je côtoyais par le temps. La vie était bien plus facile pour lui qu’elle ne l’était pour tous les autres. Mais ce qui me marqua le plus fut la lueur dans ses yeux. Ça, ça n’avait pas changé. La mienne s’était éteinte peu après la mort de Mère. Je l’écoutais et fus horrifiée en l’entendant s’excuser. Il n’en avait aucune à me présenter. Si je fus rassurée de l’entendre me dire qu’il ne m’avait gardé aucune rancœur, je ne pouvais agir comme il me le demandait. Si les années nous avaient éloignées, je me surprenais à le croire sur parole. Seulement les choses étaient bien différentes dorénavant. Je ne suis pas une sans sous lui dis-je, me surprenant par ma propre audace. S’il vous est gré de m’accorder un temps, je vous rembourserais. ajoutais-je aussitôt avec plus de respect, baissant légèrement les yeux, pour ne plus le regarder en face. Je chassais l’eau et les larmes de mon visage, avant de reprendre.  Je serrais mes bras entre mes mains, essayant de me réchauffer un peu et de chasser cette sensation de froid et de terreur que je ressentais toujours. Ce n’est pas à vous de me présenter des excuses mais à moi. Je n’aurais pas dû agir comme je l’ai fait vis-à-vis de vous. J’ai oublié la place qui était mienne et je vous ai froissé. C’est donc à moi de vous présenter mes excuses Messire Mart.. Je m’étais arrêtée un instant, buttant sur son nom de famille. Cela le dérangeait, et je ne devais pas le déranger. J’en avais déjà bien assez fait. Ainsi prononçais-je dans un souffle très peu audible . Anders Je frottais mes bras avec mes mains, en vain. Ma robe était trop imbibée pour que j’arrive vraiment à me réchauffer et j’étais encore bien trop près du bord pour me sentir plus en sécurité, même si, je devais bien le reconnaitre, la présence d’Anders était rassurante. Je finis par lui dire, relevant quelques secondes les yeux vers les siens avant de les rebaisser aussitôt. Je… Merci... Même si vous n’auriez pas du… Merci d’être venue à mon secours comme il l’aurait fait avant. Anders me troublait. Bien plus que je ne voulais l’admettre. Je ne me montrais pas seulement soumise parce que je le devais, mais également parce que cela me permettait de me cacher. Je me sentais perdue. J’étais à la fois terrifiée et heureuse qu’il soit là. J’avais autant espéré que redoutais le moment où nous nous retrouvions. Je ne m’étais pas imaginée que ce serait dans ce genre de circonstance. J’eus de nouveau un frisson à cause du froid, et lui dis-je, toujours doucement et respectueusement Vous allez attraper froid Messire. Vous n’êtes surement pas habitué à des températures si basses. je m’arrêtais un instant hésitant, avant d’ajouter.  Je… Nous logeons non loin d’ici, bien plus près que le château ne l’est. Si je ne peux vous prêter vêtements luxurieux et vous promettre le confort dont vous avez l’habitude de connaitre, je peux tout de même mettre à votre disposition des habits secs et propres le temps de laver les vôtre et les faire sécher devant un feu. .


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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyLun 17 Aoû - 22:42

Anders prit quelque peu ombrage que Sol lui rétorque qu'il aurait du en effet la laisser se noyer. Ben voyons... C'était tellement dans sa nature de regarder une femme se noyer tranquillement. Il aurait toujours pu prendre un des rares aliments qui lui restait pour déguster un petit quelque chose en admirant le spectacle tiens. Ah quel idiot de ne pas y avoir pensé, de ne pas totalement mépriser les petites gens ! Même s'il avait été élevé au sein du palais, entouré de nobles qui le méprisaient pour la plupart, d'ailleurs, il avait souvent parcouru les rues de Lancehélion, traîner avec des enfants du coin, s'était battu avec eux. C'était aussi comme cela qu'il était tombé sur cette jolie et souple danseuse. Qui n'avait pas su qui il était la première fois. Et qui s'en était moquée quand elle l'avait su. Il avait apprécié que son comportement ne change pas, même si tous deux avaient conscience que tout cela était éphémère, quand bien même Sol s'était montrée plus mature que lui pour trancher le lien qui s'était noué entre eux et reprendre la route. Pour sa mère. Il s'était comporté comme un gamin capricieux et gâté. Il l'était encore parfois. Comme maintenant, alors qu'il la retrouvait, oubliant les années qui avaient passé et ne comprenant pas que Solvej ne fasse pas de même, qu'elle se comporte comme une petite souris craintive avec lui. Mais Sol, elle, avait conscience des convenances...

Il se demandait si elle avait eu des déboires avec des Nobles qui lui avaient rappelé son rang insignifiant de façon méprisante pour qu'elle soit si apeurée, même avec lui. Ou si elle pensait qu'il ai pu changé au point de se montrer odieux et exiger ainsi qu'elle baise le sol... Et il tenta bien de la convaincre que ce n'était pas le cas, exécrant ce comportement. Ce n'était tellement pas elle... Que lui était-il arrivé ? Où était sa fière danseuse qui avançait la tête haute et riait si facilement, qu'il avait tenu dans ses bras et avec laquelle ils avaient rêvé d'une vie ensemble, alors même qu'ils savaient tous deux que ce n'étaient là que des rêves. Mais ils étaient jeunes, ils étaient insouciants... Et ils se moquaient des conséquences.

Il la piqua au vif en lui faisant remarquer qu'elle aurait bien du mal à la rembourser. Ce n'était pas très délicat et franchement goujat, mais c'était vrai et en plus, il avait au moins susciter un semblant de rébellion en elle et ça, c'était un bon point. Elle avait quand même un peu de fierté ! Et c'était ce côté là qui lui plaisait. Une étincelle de malice dansa dans le regard du Dornien alors qu'un léger sourire en coin venait accueillir l'éclat de la danseuse, montrant ainsi sa satisfaction d'avoir ainsi fait mouche. Elle le pria alors de lui laisser le temps de le rembourser, revenant à son attitude détestable et il répliqua du tac au tac :

« Et si cela ne m’agrée pas ? »

A moins qu'il accepte... Qu'il ne la force à venir à Dorne, à rester le temps de rembourser sa dette. Il l'aurait ainsi sous la main et réussirait bien à lui faire baisser sa garde. Il pouvait aussi se montrer plus vicieux encore et lui demander de ne danser que pour lui... Il ne balaya pas l'idée, la conservant dans un coin de sa tête. Il tenta alors le tout pour le tout, s'excusant même de s'être montré si puéril et promettant que tout se passerait bien entre eux maintenant. Des excuses qu'elle n'accepta pas vraiment, se rabaissant une nouvelle fois. Il sentit de nouveau la colère monter, mais elle fut coupée nette quand elle consentit à l'appeler par son prénom. C'était étrange cet écho du passé. Elle semblait gelée, tremblant encore et essayant de se réchauffer avec ses bras. Il fut tenté de la prendre son lui pour y remédier, mais étant donné comment elle se comportait, elle se serait sauvée aussi sec. Ou se serait tétanisée dans ses bras. Alors qu'il avait accueilli ses soupirs de bonheurs et ses petits gémissements d'extase... Ah... Ce n'était pas le moment d'être nostalgique. Y pensait-elle aussi ? Le revoir ravivait-il des souvenirs chez la jeune femme ? Elle finit par le remercier de l'avoir sortie de l'eau, non sans tempérer en s'entêtant sur le fait qu'il n'aurait pas du.

« De rien. »

Que dire d'autre ? Rien. Sinon qu'il ne se serait pas pardonné qu'elle meurt ainsi devant lui. Il tenait encore à elle d'une certaine façon, elle avait une place dans son cœur, même si les sentiments d'adolescents avaient disparu en devenant adulte et qu'il ne demeuraient que les souvenirs pour les lier. Et de l'affection. Elle reprit alors la parole. Certes, il faisait plus froid qu'à Dorne, surtout en étant mouillé et sa peau se paraît de chair de poule sans qu'il ne le contrôle, mais il n'avait pas aussi froid qu'elle.

« Je ne sais pas si je vais tomber malade d'un petit plongeon dans cette eau, mais il est vrai que la température est moins agréable qu'à Dorne. »

Et là... Elle lui proposa tout simplement de venir chez elle, afin de lui fournir des vêtements secs en attendant que les siens sèchent. Si elle avait été une inconnue, il aurait refusé, lui aurait donné quelques pièces pour son panier disséminé et serait parti (sauf s'il aurait eu envie de la séduire et que cela se termine au lit, bien sûr). Mais c'était Sol... C'était une occasion en or de passer du temps avec elle, d'abattre cette foutue barrière entre eux et d'apprendre ce qu'elle était devenue.

« D'accord. Je te suis. »

Il était de nouveau nonchalants et souriant.

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyMer 19 Aoû - 23:52


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse

Anders Matell ne voulait décidément pas me faciliter la tâche. Le jeune homme que j’avais connu était têtu, très têtu, et je me rendais compte que cela n’avait pas changé. Le revoir après toutes ses années n’était pas facile. Je m’avais redouté et je me rendais compte que j’avais bien eu raison. Il y avait bien trop de souvenirs qui remontaient et… Ce n’était pas bien. Ce n’était pas bon, ni saint. Et je ne pouvais pas me le permettre. Il n’était pas n’importe quel personne de mon passé, et il n’était pas qu’importe qui tout court. Le mieux était vraiment de ne rien montrer, de prendre sur moi et de me comporter comme je devais le faire, même si c’était difficile. Je me forçais à ne pas le considérer comme quelqu’un que j’avais connu mais comme le Sir qu’il était dorénavant. Je devais être respectueuse, et bien rester à ma place. C’était la meilleure manière d’agir, même si l’homme ne semblait pas l’entendre de cette manière. Et si j’étais déterminée en temps normal, là j’étais encore sous le choc de la noyade avortée. Je tremblais autant de froid que de peur. J’avais vraiment cru mourir, vraiment. L’entendre me dire qu’il ne voulait pas m’accordé de temps me fit un peu paniqué. Quelles autres solutions avais-je ?... Si, je savais. Même si cela ne me plaisait pas, j’avais une solution. Je pouvais vendre la caravane de ma Mère à Jehän, et de m’avancer l’argent que je me ferais en dansant jours et nuits.  Je vous rembourserais alors tout de suite. lui répondis-je doucement, un peu la mort dans l’âme. Colyn n’allait pas être content, pas du tout et je voyais déjà sa colère arriver. Mais qu’importe. Si je devais m’épuiser pour rembourser cette dette, je le ferais. Je n’avais tout simplement pas d’autres choix. Je ne pouvais pas impliquer mon époux, et… Je ne le désirais pas. Tout cela était de ma responsabilité et je refusais que nous la partagions. Je lui avais déjà causé bien assez de souci suite à mon « entrevu » avec le lord Hightower. Rien que d’y repenser j’en une un frisson, et celui-ci n’eut rien à voir avec la froideur du temps. Pas celui-ci en tout cas. J’avais froid, et je grelottais légèrement. J’essayais de me réchauffer, mais j’en étais bien incapable.

Je m’inclinais devant lui un peu plus bas lorsqu’il affirma que ce n’était rien, suite à mes remerciements. Je restais persuadée qu’il n’aurait pas dû sauter à l’eau, et qu’il ne devait pas s’excuser. Lorsque nous étions jeunes… Et bien j’aurais dû ne jamais laisser quelque chose se produire entre nous. Il m’avait bien vite appris qu’il était le fils de Nymor, et si j’avais hésité quelques jours, j’avais quand même accepté de le revoir. Il était tellement… Lui tout simplement et tout m’avait plu en lui. Je secouais la tête pour chasser tout cela de mes pensées. Tout cela appartenait au passé et le ressasser n’était pas bon. Mère me l’avait assez répété. Ce n’était pas saint et cela n’apportait rien de bon. J’avais passé l’âge de rêvasser. Je n’étais plus une jeune fille naïve. La réalité m’avait rattrapé le jour où elle m’avait enlevé Mère. Cela avait été brutal et j’avais dû me montrer forte et prête même si je ne l’avais pas été.  Jouer la comédie, et faire ce que je devais faire.

J’avais froid. Et… Je m’inquiétais de la santé d’Anders même si j’avais conscience que je ne le devais pas. Cela était plus fort que moi. Parce qu’il était lui, et que je ne pouvais pas oublié qui il avait été pour moi, qui il resterait à mes yeux. Je n’avais pas la sottise d’espérer que le passé se répète. Je ne le désirais pas. Bien trop de choses nous séparaient désormais et nous devions rester à notre place. Le quitter avait été la meilleure décision pour nous deux, même s’il m’était arrivé avant d’épouser Colyn et après la perte de ma Mère ce qu’aurait pu être ma vie si j’étais restée. Les choses auraient-elles étaient différentes ? Pour moi oui. Je serais surement en train de mendier dans la rue, ou me prostituer pour gagner ma vie. Je n’avais pas le droit de me plaindre de ma situation.

L’entendre me dire qu’il ne pensait pas tomber malade me rassura un peu. Je m’en voulais quand même et je craignais encore tout de même pour lui. S’il lui arrivait quelque chose par ma faute… Je ne pourrais me le pardonner. Je fus soulagée qu’il accepte ma proposition même si je regrettais de l’avoir énoncé à voix haute. Il n’était pas à sa place dans le logement si modeste d’une danseuse. Cependant, je ne pouvais revenir en arrière. J’avais été spontanée et donc stupide. Mère m’avait pourtant répété mille fois que je devais d’abord tourner plusieurs fois ma langue dans ma bouche et penser au conséquence de mes paroles avant de les partager à voix haute. J’y arrivais bien en temps normal. Simplement là, j’étais chamboulée, et par Anders et par mon plongeon.

Avant de lui montrer le chemin, je jetais un coup d’œil à mon panier, sur le bord de la berge. Je me mordais la lèvre inférieure, hésitant à le récupérer. Je savais que je le devais seulement... Je ne le pouvais pas. J’avais déjà bien du mal à me calmer alors retourner si près de cette eau qui me faisait tant peur… c’était au dessus de mes forces. Par… Ici. Soufflais-je à l’homme, en empruntant une ruelle. Me rendant compte qu’elle pouvait apparaitre malfamée – ce qu’elle n’était pas –  je me retournais vers le Dornien pour lui préciser C’est le chemin le plus court. Il n’y a… aucun danger  avant d’ouvrir la voix. Ce genre de ruelle était fréquentée majoritairement par  bas peuple et je doutais que ce soit le genre d’Anders de trainer dans pareils endroits. Simplement… Si nous ne faisions pas de vagues, il ne nous arriverait rien. Je l’avais plusieurs fois emprunté, et si j’avais été abordée quelques fois, j’étais arrivée à m’en tirer à bon compte, et sans problème. Si je marchais plusieurs mètres devant lui, je ralentis la cadence afin de lui souffler Je sais que cela n’a aucune importance ni valeur mais… Messire Anders, j’ai été peinée d’apprendre pour votre Grand-mère et votre Père. Je me rendais bien compte que je n’aurais pas dû lui dire cela ; qu’il s’en fichait surement. Simplement…  J’avais énormément souffert de la perte de ma Mère, et… J’avais eus vraiment de la peine pour Anders. Malgré tous les efforts que j’essayais de faire, je ne pouvais pas oublier mon passé et tous ces moments que nous avions partagés. Il était le premier – et le seul – homme que j’avais aimé, avec sincérité et passion. Je lui jetais un rapide coup d’œil, espérant ne pas lui avoir fait de pleine. Ma sollicitude ne valait rien... Simplement j'avais connu son Père et sa Grand mère même si je ne leur avais jamais vraiment parlés - ma Mère s'en occupant parfaitement - . Ils n'avaient pas mérité le sort qui leur avait été réservés. Anders n'avait pas mérité de perdre deux êtres chers aussi brutalement. Même si cela n'avait rien changé à ma peine, j'avais eu le temps de me préparer à la mort de ma Mère. Lui non. Je... Pardonnez moi Messire, je n'aurais pas dû. ajoutais-je rapidement.

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyVen 28 Aoû - 14:35

On dirait qu'en vieillissant, Solvej avait aussi perdu son sens de l'humour et cela arracha un petit soupir au dornien. Il n'irait pas la mettre en difficultés, quand bien même sa retenue à son égard l'agaçait prodigieusement. Il n'était pas aussi... mesquin. Bien qu'il pouvait tout à fait faire preuve de mesquinerie quand il était contrarié ou en colère. Ils n'en étaient malheureusement pas là. Il était attaché à Solvej, elle était une partie de son passé, de doux souvenirs qui avaient bercé son adolescence. Un amour encore jeune, passionné, sans doute idéalisé car interdit. Les années avaient passé, de l'eau avait coulé sous les ponts. Mais apparemment, avec les années, Solvej avait apprit où était sa place... Et il le regrettait. Il regrettait l'intrépide adolescente qui s'était donnée à lui en sachant qui il était, en sachant qu'ils n'avaient aucun avenir, mais qui avait décidé de saisir le présent pour ne rien regretter.

Et justement, la question se posait maintenant : le regrettait-elle ? Avait-elle des remords concernant leur histoire et ses conséquences ? Pour lui, il n'y en avait eu aucune. Solvej était passée dans son lit comme nombre de femmes après elle et quelques unes avant elle. Mais elle avait été la première dont il soit tombé amoureux ou du moins, à laquelle il se soit attaché et qui ai réussi à lui briser le cœur. Ce n'était pas un mince exploit. Heureusement, cela ne l'avait pas rendu amer vis à vis des autres femmes. Ainsi en allait la vie, mais il avait plus souvent briser des cœurs que souffert lui-même de nouveau d'une rupture. Il avait évité de trop s'attacher par la suite, entraînant son cadet dans ses nuits de débauche.

Avec l'insouciance qui le caractérisait.

Mais Sol... C'était une femme. On exigeait d'elle qu'elle soit intacte pour son futur époux. Et elle ne l'était bien évidemment plus, ce qui devait rendre un mariage plus difficile, même si elle n'avait probablement pas la même pression que les nobles ou les têtes couronnées. Encore que... Cela différant grandement en fonction des contrées. A Dorne, ils étaient beaucoup moins à cheval sur ce genre de principes... Deria en était le parfait exemple. Elle était princesse de Dorne, mais absolument plus chaste. Son mari devrait faire avec. Si c'était un Dornien, cela ne poserait aucun soucis. Sinon... Mais Anders ne voyait guère qui sa sœur pourrait épouser, hormis un homme du Sud, afin de consolider son royaume fragilisé par les morts de leur père et de leur grand-mère...

Cela l'amenait forcément à songer à son propre mariage. Pour le moment, il n'y avait aucune candidate et cela lui convenait parfaitement. Malheureusement, il n'en serait pas toujours ainsi. Il viendrait bien le temps où Deria aura besoin d'alliances et les meilleures se faisaient par le mariage... Il y avait Arianne et Anders comme candidats, des bâtards, certes, mes légitimés et très proches de la famille régnante. Ce n'était pas négligeable. Autant il se moquait de se marier, même si cela ne l'emballait pas plus que ça, autant imaginer Arianne mariée à un autre avait de quoi le rendre fou de jalousie.

Ses pensées s'égarant, il choisit de les chasser et de se concentrer davantage sur Sol qui l'invitait à le suivre afin de changer ses vêtements et éviter de tomber malade. Sur le principe, il n'en avait pas besoin, mais c'était l'occasion rêvée de découvrir un peu de la vie de la danseuse. Il ne savait rien d'elle. Si elle était mariée ou non, heureuse ou non... ce qu'il s'était passé durant les dernières années. Il lui emboîta le pas, ne remarquant même pas qu'elle abandonnait son précieux panier derrière elle. Ils prirent une ruelle qui n'était pas des plus engageantes et la jeune femme se tourna alors vers lui pour lui assurer que c'était sans danger. Il leva un sourcil amusé.

« Je ne crains pas le danger, cela n'a pas changé non plus. J'aime le danger, je me ris du danger. »

Il avait rétorqué d'un ton léger, avec un grand sourire qu'on aurait pu taxer d'arrogant s'il n'y avait eu une sorte d'auto dérision dans sa voix. Il n'avait pas peur. Anders ne connaissait pas vraiment la peur... Il était un intrépide, qui vibrait quand il risquait sa vie. La peur, il ne la ressentait pas pour lui, mais pour les autres. Comme quand sa sœur avait été enlevée durant ces longs mois... Solvej semblait vouloir conserver un distance certaine entre eux, pourtant, elle ralentit l'allure pour finalement glisser au jeune homme qu'elle avait été peinée d'apprendre la mort de Meria et Nymor Martell. Il cessa d'avancer, surpris que cela tombe ainsi, touché également. Peut-être interpréta-t-elle cela de travers alors qu'elle s'excusait presque aussitôt...

« Si... Si, cela me touche. Je sais que c'est sincère. Merci. »

Il reprit lentement sa marche. La perte de ces êtres chers avait été brutale. Il avait été très proche de son père, qui n'avait jamais fait aucune différence entre lui et Roward. Il avait été un peu moins touché par la mort de sa grand-mère, plus froide et lointaine.

« Je... Je n'ai jamais vraiment su ce qu'il s'était passé après ton départ... Concernant ta... mère. »

Amputée, incapable de danser... Avait-elle survécu ? Sans doute pas...

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyDim 30 Aoû - 22:46


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse

Je n’avais pas répondu à Anders. Il était un homme, et maintenant un noble. Le danger n’était pas vraiment quelque chose de méconnu pour lui et il avait toujours sur faire avec. Lorsque nous étions que des gosses, il passait une grande partie de son temps à se mettre dans des situations périlleuses. Sa réponse me faisait comprendre que ce fait n’avait pas changé même après toutes ses années. Il n’était un peureux comme je l’avais devenu. Il était resté le jeune homme courageux que j’avais connu qui agissait bien souvent avant de réfléchir. D’un autre côté, il pouvait se le permettre. Il avait énormément de ressources et je ne doutais pas qu’il possède sa propre escorte désormais. Lui avait appris à se battre et son nom devait en faire trembler plus d’un. Vraiment, nous n’étions plus du tout du même monde.

Je marchais plusieurs minutes en silence, légèrement en avant sur lui. Il aurait été inconvenant que je marche à son niveau non ? Et pourtant, j’avais finis par ralentir pour lui glisser que j’avais été désolée d’apprendre les derniers évènements qui avaient Dorne. Je n’essayais pas de bien me faire voir de lui, j’étais réellement sincère. Je n’avais connu Nymor qu’à travers les paroles du jeune Anders, et il m’avait vraiment semblé un homme bien et bon Père. Si Meria était très froide avec le bâtard de son fils, elle restait la grand-mère du dornien et quelque part, il avait été attaché à elle. Il était bien trop proche des siens. Ou du moins, il l’avait été jadis et je doutais que cela est également changé. Sinon pourquoi sa sœur Deria lui aurait-elle donné le nom de famille de Martel ?

En voyant l’homme s’arrêter de marche, je compris que je venais de commettre une erreur. Si je ne pouvais plus revenir en arrière dorénavant, je pouvais tout de même l’excuser et lui dire que je me rendais compte que je n’aurais pas dû lui parler de tout cela. Je lui présentais tout cela très rapidement, avant qu’il ne s’offusque plus. Je fus alors étonnée qu’il me remercie et se dise touché par mes mots. Je fus tentée de le penser poli et non sincère, seulement… Et bien Anders n’était pas ainsi et je savais qu’il me disait la vérité. Je me contentais d’un signe de tête avant de reprendre ma marche à travers la ruelle. Je ne m’étais pas attendue à ce qu’il parle de ma mère et je butais contre un pavé, manquant de tomber, me rattrapant tout juste. Je n’aurais pas été danseuse et donc réactive et souffle, je serais tombée la tête la première sur le sol. Je fis mine de rien, cachant ma gêne, en continuant à marcher. Elle nous a quitté peu après que nous ayons rejoint le Bief. à peine quelques semaines après notre départ de Dorne. Je m’étais retrouvée orpheline bien trop tôt, et j’avais dû me prendre en charge à l’âge de quatorze ans. En sa mémoire, j’avais repris son nom de scène, Gaïa, qui, contrairement à ce que j’avais toujours pensé, n’était pas son véritable prénom. Elle avait emporté avec elle bien des secrets nous concernant. Je n’étais pas plus avancée qu’à mes treize ans, et j’ignorais toujours tout de mes origines et de celle de mes parents. J’avais fini par me faire une raison avec le temps. Je ne connaitrais jamais mon passé. Ne me restait qu’à suivre ma voix, et avançais tant bien que mal.

Parler de ma mère était toujours aussi douloureux, ainsi ne rajoutais-je rien. Elle avait été ma seule famille et je l’avais perdu. Peut –être étais-je pour cela que je n’arrivais pas à m’accrocher à Colyn ? Autour de lui planait tellement de non-dits et de secrets qu’il ne partagera jamais avec moi. Je lui faisais confiance pour assurer ma sécurité et être fidèle. Mais je ne lui faisais pas assez confiance pour me livrer entièrement à lui. De toute manière, cela je l’avais fait une fois, avec un autre homme et nous avions… Enfin j’ai fini par le cœur brisé. Anders m’avait fait du mal avec ses paroles la dernière fois que nous nous étions vus et même si je comprenais, cela ne m’avait pas empêché de souffrir. En quelques mois, j’avais tout perdu : ma mère, celui que j’aimais, mes rêves et mes espoirs. Et pourtant, je ne pouvais pas regretter ce que nous avions vécu. Au moins avais-je eu la chance de me sentir aimé une fois au cours de mon existence par un homme. C’est par ici. lui glissais-je en montrant une rue sur la droite. Au bout de cette dernière, plutôt courte, nous déboucherions à l’extérieur de Goeville. Quelques mètres plus loin, dans une prairie, nous avions installé notre camp. Je m’arrêtais de marcher, pour dire à l’homme, fixant toujours ses chaussures Il serait plus prudent que vous ne parliez pas de notre… nos rencontres précédentes. Je ne voudrais pas vous attirer des problèmes. Peut-être… Peut-être devriez-vous finalement rentrer au château. Cela serait surement plus sûr à bien y penser. Je craignais la réaction de mon époux s’il apprenait qu’Anders était l’homme à qui je m’étais offerte jadis. Je n’étais pas sotte ni naïve. Je savais très bien que cela lui avait déplu de l’apprendre même s’il avait dû faire avec et ne m’en avait jamais parlé. Je ne voulais pas qu’il s’imagine qu’Anders pouvait être un amant que j’avais toujours. Il deviendrait fou de rage et s’en prendrait à lui. Et… Je ne souhaitais aucun mal à Anders. Jamais. Je restais et resterais toujours attachée au dornien. Le revoir… Cela ravivait des choses à la fois bonnes et mauvaises et si ma première réaction avait été de fuir, et bien je ne voulais pas le voir s’en aller si vite. C’était tellement… Compliqué. Le revoir me chamboulait complètement. J’étais partagée entre mes devoirs et ma place, et entre mes désirs de partager quelques moments avec lui et de découvrir quel homme il était devenu.

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyDim 20 Sep - 20:56

Solvej demeurait silencieuse alors qu'ils arpentaient la rue. Il avait tout loisir de réfléchir et de contempler la jeune femme qui se tenait légèrement devant lui, le guidant. Il ne pouvait s'empêcher de remarquer sa façon gracieuse de marcher ou sa façon de rouler des hanches, terriblement féminine, malgré le tissu grossier de ses vêtements. Oui, elle était gracieuse, malgré son origine modeste. Et il l'imaginait sans peine vêtue des plus beaux atours, dignes d'une princesse, et passer totalement inaperçue parmi les nobles, par son élégance naturelle. Elle avait un joli port de tête, quand elle ne se courbait pas à outrance en signe de soumission naturellement... Et ses pensées s'égaraient sur leurs jeunes années, sur leurs étreintes, sur leurs mots d'amour et leurs promesses. Ils n'étaient que des gosses rêveurs. La réalité les avait rattrapé. Chacun avait suivi son chemin... Elle avait suivi les pas de sa mère, reprenant le flambeau, sans doute avec brio. Et il se prit à avoir envie de la regarder danser, de voir ce corps fin bouger... Il l'avait vue danser adolescente, il se demandait ce que cela donnait maintenant qu'elle était une femme... Était-elle sensuelle ? Oui, elle devait savoir l'être. Perdait-elle sa timidité quand elle exerçait son art ? Il l'espérait.

La voix toute proche de Sol interrompit le fil de ses pensées et son imagination qui s'enflammait toute seule. Elle lui présentait ses condoléances, sincèrement navrée de ce qui était arrivé à la famille Martell, à ces assassinats qui avaient laissé le royaume vacillant et la fratrie un tantinet perdue. Pourtant, ils trouvaient la force dans les liens qui les unissaient, dans la loyauté indéfectible dont ils faisaient preuve les uns envers les autres. Anders brûlait de venger les siens, mais Deria appelait à la tempérance et il n'avait d'autre choix que de ronger son frein. Il s'arrêta sous le coup de la surprise. Même s'il était un homme, il demeurait affecté par le deuil, bien qu'il n'en montra rien. Les paroles de Solvej le touchaient. Elle s'excusa tout aussi vite, comme horrifiée d'avoir osé lui adresser la parole pour dire cela, mais il la rassura bien vite, la remerciant avec sincérité.

Elle n'était pas aussi indifférente qu'elle le laissait croire. Même si elle demeurait une distance prudente avec lui, il y avait de vieux réflexes. Il en était heureux. Peut-être que d'ici quelques temps, elle ne se montrerait plus aussi distante. Il le désirait fortement. Jamais il ne lui chercherait querelle parce qu'elle s'était montrée familière. Anders avait été trop souvent rabaissé pour ne pas savoir ce que cela pouvait faire. Et s'il pouvait s'amuser à se montrer méprisant envers ceux qui l'avaient été avec lui avant qu'il ne soit légitimé, il ne le faisait pas gratuitement. Mais cela, Solvej ne pouvait le deviner, ne connaissant pas l'homme qu'il était devenu. Il n'appartenait qu'à Anders de se faire connaître. Sauf qu'il lui faudrait de la patience et ce n'était clairement pas une de ses qualités.

Il s'enquit alors du sort de la mère de Sol. C'était quand même parce qu'elle avait eu un accident et que ses jours étaient en danger qu'elle était partie. Et il n'avait pas vraiment su ce qu'il était advenu d'elle. Si Anders avait marqué un temps d'arrêt à la question de la danseuse, Sol, elle, manqua de tomber, surprise à son tour, mais se rattrapa rapidement, avec une célérité qui forçait l'admiration. Il avait esquissé un geste pour la rattraper, mais elle n'avait pas besoin de lui. Elle lui avoua qu'elle était morte, dans le Bief. Si ses souvenirs étaient exacts, c'était là que la troupe se rendait en quittant Dorne, ce qui signifiait qu'elle n'avait pas vécu longtemps après leur départ... sans doute que la gangrène l'avait emportée.

« Je suis désolée de l'apprendre... »

Et de ne pas avoir été là pour consoler l'adolescente d'alors qui s'était retrouvée seule. Il ne trouva rien de pertinent à ajouter et se tut donc, laissant de nouveau le silence s'installer entre eux, lourd de deuils et de non dits, des souvenirs de leurs étreintes passées mais aussi de leur séparation houleuse, à cause du sale caractère du dornien. Elle lui indiqua une autre ruelle, avant de s'arrêter, semblant soudainement se rétracter. Il fronça les sourcils. Anders était peut-être emporté, mais il n'était pas stupide.

« M'attirer des problèmes ? Tu t'inquiètes vraiment pour moi, ou plutôt pour toi, là ? »

Parce qu'il ne voyait pas quels problèmes il pouvait s'attirer, en se rendant dans le camp de la troupe, il ne connaissait personne. Elle, en revanche, connaissait tout le monde et il se demandait si elle n'avait pas peur qu'ils apprennent leur liaison passée.

« Tu sais, il n'était pas dans mes projets de fanfaronner en criant à tue tête que j'ai été l'homme qui t'a ravi ta vertu. Je suis peut-être vantard, mais j'ai tout de même un minimum d'éducation et de retenue. Tranquillise toi, je ne dirais rien. »

Il était surpris par la demande de la jeune femme. Parce qu'il ne voyait pas quand il aurait pu vendre la mèche, même en discutant avec des membres de la troupe. Enfin, un peu d'élégance quand même, il n'était pas un mufle, même s'il était moins raffiné que son frère. Il avait quand même deux sœurs. En revanche il ne comprenait pas ce qui pouvait déranger d'avouer qu'ils se connaissaient d'avant. Mais si elle lui demandait, il le ferait.

« Comme tu veux, nous voilà donc de parfaits étrangers. »

Néanmoins, il ne put s'empêcher de lâcher avec ironie à sa proposition de rentrer au château pour sa sûreté :

« Plus sûr ? Pourquoi, il y a des coupes jarrets dans ta troupe ? Si c'est le cas, la compagnie a bien changé. »

Ah, quelle sale manie de parler plus vite qu'il ne réfléchissait et avec cette ironie agaçante. Oh, en cela, il n'avait pas changé et Sol pouvait s'en rendre compte. Il était le même qu'à 15 ans.

« Écoute Sol, si ma présence risque de t'attirer des ennuis, dis le tout simplement au lieu de tourner autour du pot. Je n'ai pas envie de partir, j'ai envie de savoir ce que tu es devenue et je jouerais le jeu que tu veux si cela peut t'éviter des problèmes, mais si vraiment tu ne le veux pas, dis moi de partir... »

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyMar 22 Sep - 22:36


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse

Je n’aimais pas vraiment parler de ma Mère. Pas même avec Anders qui avait été pourtant, il fut un temps, mon confident. Cela était encore bien trop douloureux. Je l’avais perdu bien trop tôt et elle était partie avec tous ses secrets, me laissant seule avec tous ses mystères. Elle me manquait, et je pleurais chaque jour sa mort. Seulement… Cette tristesse laissait souvent place à de la colère et de l’amertume. Elle ne m’avait jamais aimé assez pour se battre contre la maladie. Elle s’était laissée mourir en comprenant qu’elle ne pourrait plus danser. Et elle ne m’avait jamais aimé assez pour me dire toute la vérité. Tout cela était bien trop compliqué et je n’avais jamais eu personne à qui en parler, ni même désiré vraiment le partager. Colyn n’avait jamais essayé d’en apprendre plus et personne ne venait jamais me parler de ma Mère. Pourquoi le ferait-il de toute façon ? Elle n’était qu’une petite danseuse sans importance qui était morte, comme de nombreuses autres inconnues avant elle, et comme de nombreuses autres à venir. J’étai sans aucun doute la seule à penser encore à elle régulièrement, même si les années m’avaient emporté le son de sa voix, de son rire, et les traits de son visage. Elle était devenue une étrangère à bien des égards, ce qu’elle avait, finalement, toujours été pour moi.

Je ne répondis pas au Dornien même si cela n’était pas des plus poli. Je ne voulais pas aborder ce sujet, ni même qu’il puisse continuer à vouloir en savoir plus. On avança en silence quelques instants, puis je lui indiquais une ruelle que nous prîmes. J’avais finis par ralentir, jusqu’à totalement m’arrêter avant que nous n’arrivions en vue du campement de ma troupe. Après m’être mordue la langue inférieure, je demandais, non sans appréhension à Anders de prendre garde de ne pas divulguer notre passé commun. Sa réaction me fit me reculer légèrement et être sur la défensive. Je baissais encore plus bas ma tête, et mes cheveux mouillés retombèrent autour de mon visage Mon existence n’a bien que trop peu d’importance pour que je m’en inquiète lui répondis-je dans un premier temps, alors qu’il me demandait si je craignais le danger pour lui ou pour moi-même. La réponse était pourtant évidente. Je lâchais un hoquet de surprise en l’entendant ensuite parler de manière si ouverte. Cela ne comptait sans doute pas pour lui, mais ce n’était pas mon cas. De plus je lui intimais cela non pas pour m’en cacher – ce n’était après tout un secret pour aucun membre de la troupe que Colyn n’avait pas été le premier homme à avoir partager ma couche – mais pour le préserver lui. Passée la surprise vint alors la colère. Je n’aimais pas ce qu’il sous-entendait et mes poings se serrèrent. Je n’aimais pas le ton de sa voix et ses paroles si acerbes à mon encontre. Nous sommes devenus de parfaits étrangers le jour où tu m’as tourné le dos et tu as refusé de comprendre que, aussi pauvre étais-je, j’avais également des obligations à suivre et des devoirs envers les miens.  Je m’étais laissée emporter et sans m’en rendre compte je m’étais mise à la tutoyer. J’avais levé les yeux vers les siens, pour lui faire comprendre toute la fureur qui m’animait en cet instant. Je pointais mon doigt sur son plastron et ajouta, mon regard ancré dans le sien Cela te semble peut-être inconcevable mais, en effet, il y a quelques coupes jarrets dans la troupe, qui d’ordinaire s’occuper de notre sécurité. Et Colyn se ferait un plaisir de te tuer s’il apprenait qui tu étais. Alors gardes ton ironie pour les autres. Ce ne sera une surprise pour personne d’entendre que je n’étais pas vierge le jour de mon mariage. Par contre cela le saurait d’apprendre que c’est le fils de Nymor Martell le premier et seul homme que j’ai pu aimer. Ce n’est pas pour ma vie que je crains, mais pour la tienne. J’étais sotte de raisonner ainsi, je m’en rendais bien compte. La réciproque ne saurait jamais plus être vraie. Il avait veillé sur moi jadis, mais il m’avait laissé au moment où j’avais eu le plus besoin de lui. Il ne m’avait jamais écrit et n’avait jamais essayé d’inviter les miens pour, ne serait-ce que me revoir. Je n’avais été qu’une fille parmi tant d’autres, je m’en rendais bien compte. Mais lui, lui n’avait pas été un homme parmi tant d’autres. Il avait été le seul homme que j’avais réellement aimé, et auprès de qui j’avais tant rêvé. Cela avait été bien douloureux de partir, bien plus qu’il ne pouvait se l’imaginer. J’avais laissé mes espoirs à Dorne et je n’en avais jamais plus eu. Je ne rêvais plus d’un avenir, j’attendais de voir ce que la vie me réserver, jour après jour. Si Colyn avait des tords, j’en avais également de nombreux. Il était trop secret, trop mystérieux et trop distant pour que je m’ouvre, ne serait-ce qu’un peu à lui. Et je ne voulais plus prendre le moindre risque. Je l’avais fait deux fois par le passé : avec ma mère, et elle était morte ; avec Anders qui n’avait rien trouvé de mieux que de s’énerver alors que j’avais le cœur brisé à devoir le quitter pour suivre les miens.  Et tu veux savoir qui je suis devenue ? N’est-ce pas facile à présent de dire ça alors que tu as brillé par ton absence toutes ses années ? As-tu ne serait-ce qu’une seule fois repenser à la petite danseuse que tu avais rencontré jadis à Dorne ses dernières années ? La réponse est évidemment non. Tu avais bien trop d’autres choix pour réchauffer ta couche et avec qui t’amuser, sans te soucier des conséquences ni même de la tristesse que tu as semé derrière toi. Elle n'a jamais été qu'une partie tant d'autres !


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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyJeu 22 Oct - 21:27

« Oh pitié Sol... »

Sa façon de se trouver insignifiante commençait à agacer le Dornien. Ce n'était pas ainsi qu'il l'avait connue et cela le hérissait. Elle n'était pas insignifiante. Personne ne l'était. Il était bien placé pour le savoir et le dernier à mépriser les gens du commun. D'accord, sa mère était née dans une riche famille, et si Nymor ne l'avait pas reconnu comme son fils, il n'aurait sans doute manqué de rien, mais il suffisait qu'il prenne l'exemple d'Arianne, née d'une prostituée... Et jamais il ne s'était senti supérieur à elle à cause de l'écart d'éducation et de caste de leurs mères. La mère de Solvej avait été une danseuse, mais a priori honorable. Quant à son père... C'était le grand mystère pour Anders. Et pour Sol. Hélas, Anders avait tendance à s'emporter rapidement et à parler avant de réfléchir, si bien qu'il continua dans sa lancée, se lançant dans des hypothèses. Ce qui eut le don d'horrifier Solvej, mais aussi de la secouer. Et la colère monta également chez elle. Et bien la petite souris n'était qu'une façade finalement, il demeurait une part de petite tigresse prête à sortir les griffes.

« Cela n'avait rien à voir avec ta pauvreté Sol. Aurais-tu été princesse que cela aurait été la même chose. Qu'est-ce que tu veux ? Que je te dise que j'ai été un crétin de me fâcher ainsi et de refuser de comprendre que tu devais suivre ta mère ? Et bien d'accord, j'ai été un crétin égoïste et je m'en suis voulu ensuite de cette façon de nous quitter, mais je ne pouvais pas revenir en arrière. »

Anders admettait facilement ses erreurs, intérieurement, mais les reconnaître publiquement était bien plus difficile. Sauf que pour cette fois, il devait admettre qu'il s'était vraiment comporté comme le dernier des connards. Mais c'était un adolescent possessif et sans doute un peu amoureux qui voyait sa jolie danseuse lui échapper... Sans doute définitivement. Et il l'avait mal vécu. Et c'était Solvej qui avait prit, naturellement. Ensuite... oui, il aurait sans doute pu tenter de se renseigner sur l'avenir de la troupe, tenter de reprendre contact avec la jeune femme, mais à quoi bon ? Pourquoi se démener ainsi alors que tout était terminé et qu'il n'y avait aucun avenir ? Juste pour s'excuser ? Mais Solvej n'en avait pas terminé et il conserva le silence alors qu'elle repartait de plus belle. Au moins, il avait l'impression de retrouver l'adolescente frondeuse et passionnée d'antan, même si c'était pour se faire sermonner.

Elle qui, depuis le départ, baissait les yeux devant lui, le vouvoyait et lui donnait du Messire, voilà qu'elle se lâchait et le rudoyait comme s'ils s'étaient quittés la veille. Il aurait pu en prendre ombrage et il devait admettre ne pas aimer être ainsi la cible d'une scène, mais ce serait un brin hypocrite alors qu'il lui certifiait depuis le début qu'il n'avait pas changé, qu'en passant de Sand à Martell, il n'était pas subitement passé de l'autre côté d'une barrière invisible et punissait les gens du commun pour leur familiarité. Jamais il ne ferait du mal à Sol... Pas physiquement du moins. Car, hélas, il lui avait déjà fait du mal dans le passé. Et continuait de le faire. Mais l'abcès avait besoin d'être crevé.

Il tiqua néanmoins quand elle parla d'un certain Colyn. C'était qui celui-là ? De même, il nota malgré lui qu'elle parlait de lui comme le seul homme dont elle soit tombée amoureuse. Et qui lui avait ravi sa pureté au passage.

« Attends, c'est qui ce Colyn ? Pourquoi est-ce qu'il se ferait un plaisir de me tuer ? »

Il était perplexe. Un soupirant ? C'était possible. Cela expliquerait qu'il désire tuer un... rival. Même si ce n'était plus d'actualité désormais. Mais la jalousie était irrationnelle, Anders était bien placé pour le savoir...

« Tu aurais préféré que l'homme qui fasse de toi une femme soit un homme pour qui tu n'éprouves rien ? Et qui n'éprouvait rien pour toi ? »

Cela sous entendait clairement que cela n'avait pas été son cas. Il ignorait s'il avait été amoureux de Solvej, mais il avait eu un coup de cœur pour elle, sans conteste. Il avait nourri des sentiments sincères pour la jolie danseuse. Sans espoir d'avenir, certes. Et sans doute que cela avait été une erreur de coucher avec elle. Ils n'avaient pas pensé aux conséquences... mais chaque étreinte avait été mâtinée de joie et de bonheur, alors comment regretter ? Le jugement de Solvej à son encontre était sévère... Celui d'une femme blessée, voire bafouée. Naturellement qu'il ne s'était pas lamenté durant toutes ces années après elle, qu'il s'était perdu dans d'autres bras...

« Et bien au moins, je sais ce que tu penses de moi maintenant. »

Il avait parlé d'un ton guindé, un peu froid. Vexé sans doute.

« Que tu me crois ou non, oui, il m'est arrivé de repenser à toi. J'ai même déjà songé à retrouver ta trace... Mais pour quoi faire ? Pour te présenter des excuses ? Et après ? Qu'est-ce que cela aurait changé ? Ma vie est à Dorne, la tienne, partout, mais sûrement pas à mes côtés. Même si je suis un bâtard, j'ai des devoirs envers Dorne, envers ma sœur. »

Il soupira, avant de lâcher, à voix basse :

« N'importe quelle femme peut réchauffer ma couche, peu ont su réchauffer mon cœur. Je suis désolé de t'avoir blessé. Mais ne pense pas que tu as été une parmi tant d'autres. C'est faux. Si tu ne dois croire qu'une chose venant de moi, c'est celle-ci.»

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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyMar 27 Oct - 15:35


L'avenir est un long passé


Ander Martell dit "Dédé le dornien" et Solvej, la danseuse

Les paroles d’Anders et tout ce qu’elles sous-entendaient eurent raison de mon calme et ma patience. Je me laissais emporter, sans plus prendre en compte cette différence flagrante de statut qui nous séparait. Il se comportait comme un enfant qui ne se rendait pas compte de combien le monde était brutal et dur. Il avait été choyé, et aussi bâtard fut-il, il n’avait jamais été de basse naissance. Il ne pouvait pas comprendre ce qui nous animait, nous, gens du peuple. Nous pouvions mourir de maladie, de faim, ou la gorge tranchée, le monde n’en avait cure et continuerait à tourner. Si je disparaissais, Colyn serait surement un peu triste, mais il s’en remettrait bien vite. Jehän n’en serait pas heureux, non pas parce qu’il avait un quelconque attachement pour moi, mais parce qu’il perdrait des revenues. Je n’avais pas d’importance, si ce n’était celle de ramener de l’argent. Personne ne comptait sur moi et je ne comptais pour personne. Cela aurait sot de ma part de penser le contraire. Je lâchais un rire amer à ses paroles. Il ne comprenait rien. Je ne voulais pas de ces excuses. Je n’attendais plus rien de lui depuis bien longtemps maintenant. Je m’en fichais bien de savoir qu’il avait conscience d’être un crétin égoïste.  Ce n’est pas que tu ne pouvais pas, c’est que tu n’en voyais pas l’intérêt, ce n’est pas la même chose ! Et justement cela a tout à y voir. J’aurais été princesse, tu aurais cherché à me revoir, à me réinviter chez toi. Mais je n’étais qu’une petite danseuse sans importance. A quoi bon user de l’encre et du papier pour elle ? A quoi bon proposer au directeur de sa troupe de l’argent pour la revoir à Dorne ? A quoi bon se déplacer dans le Bief pour prendre de ces nouvelles ? N’as-tu ne serait-ce qu’une seule fois, pris un bout de parchemin pour m’écrire quelques mots ? Non, jamais. Aussi désabusée qu’était la gamine que j’avais été jadis, elle avait toujours espéré recevoir un corbeau d’Anders, ou de le revoir. Je lui avais écrit, de très nombreuses fois, de très nombreuses lettres, jusqu’à ce que je sois mariée. Elles avaient toutes subis le même sort, finissant dans un feu, déchirées. Je n’aurais fait que me ridiculiser à les lui envoyer. Coucher ce que j’avais sur le cœur m’avait fait cependant un bien fou, me permettant d’avancer chaque jour un peu plus. Je me rendais à chaque compte que je ne pouvais pas me laisser aller, pas alors que j’avais la chance d’avoir un toit, un repas chaud, et un métier. Quand bien même le monde se fichait de mon existence, je n’avais nullement envie de mourir.

Je n’arrivais pas à contrôler toute cette colère qui grondait en moi, la laissant totalement se déverser sur le dornien. Il m’avait fait énormément de mal et les années n’avaient rien changé à ma peine. Je détestais qu’il puisse penser que tout ce qui m’importait c’était de préserver une soit disant image ou fierté que j’aurais. Comme je venais de lui dire, ce n’était un secret pour personne que je n’étais plus pure à mon mariage et que Colyn n’avait pas été le premier homme à partager ma couche. L’identité d’Anders par contre était un secret que j’avais bien gardé même si Jehän et mon époux avaient maintes fois essayer de me la soutirer. J’étais restée muette comme une tombe, non pas pour moi, mais pour le jeune homme. Jehän se serait arrangé pour tirer profil du statut du dornien et Colyn… Colyn aurait été capable d’aller à Dorne pour lui trancher la gorge. Il était assez impulsif pour cela et surtout j’avais conscience que de ne pas avoir le premier homme à connaitre mon lit lui avait toujours posé problème, même si cela ne l’avait pas empêché de m’épouser.

Je ne répondais pas à l’homme concernant Colyn. Je n’aurais pas dû prononcer son prénom, ni l’évoquer. Cela ne regardait en rien Anders. Par contre, je ne pus m’empêcher de n’énerver un peu plus à ses questions suivantes. Non seulement il me faisait dire ce que je n’avais pas dit et en plus, il sous entendait qu’il avait un jour éprouvé quelque chose pour moi, quelque chose de différent que ce qu’éprouvait Colyn. C’était faux. En dehors d’avoir aimé ce corps que m’avait donné la nature, et forgé par mes entrainements, il n’y avait rien eu de plus. Sinon il n’aurait pas laissé tant d’années filer sans chercher à me retrouver, ou ne serait-ce que s’intéresser de mon sort. Ais-je une seule fois dit que je regrettais ? Pourquoi crois-tu que mon époux soit si fâché à l’idée que j’ai connu un autre homme que lui ? Les années t’ont elles rendus sot au point de ne pas comprendre quelque chose d’aussi simple ? Je ne m’en suis jamais voulu d’avoir partagé ta couche à Dorne plusieurs fois. Mais je t’en veux d’avoir profité de la faiblesse de mon cœur pour que je le fasse. La gosse que j’étais t’aimait, et pensait que cela était réciproque. Imagine donc la déception qu’elle a ressentie lorsqu’elle a compris que ce n’était pas le cas. Et malgré cela, je chérissais toujours ses souvenirs, ces instants que j’y avais passé en sa compagnie. Ma voix s’était calmée à mesure que je parlais, pour finir très basse. Je laissais sortir tout ce que j’avais gardé pour moi pendant tant d’année et cela était, quelque part, un soulagement. J’en voulais à Anders, et je le détestais encore autant que je l’aimais. Il avait été le seul homme pour qui j’avais ressenti pareils sentiments. Mais il m’avait ensuite tout repris brutalement alors même que ma vie était difficile. J’avais non seulement perdue ma mère mais j’avais perdu aussi celui pour qui mon cœur s’était épris, et tous mes rêves.

Je passais mes mains sur mes yeux, ravalant des larmes de rages et de tristesse. Elles ne couleraient pas. Je ne pleurerais pas. Cela ne servait à rien et j’étais déjà assez humiliée comme cela. Je reculais d’un pas, pour m’éloigner un peu plus de l’homme qui avait encore autant d’emprise sur moi malgré les années. Je n’étais plus la même gamine qu’avant, mais il faisait remonter des choses en moi que j’aurais préféré contenir. Je détestais être à la fois triste, en colère et quelque part, heureuse.

Il n’aimait pas ce que je lui disais, mais tant pis pour lui. Il m’avait forcé à parler et à laisser de côté la distance et la politesse dont j’avais fait preuve à son égard. Il m’avait poussé à lui dire ce que je ressentais. Si cela ne lui plaisait pas, il n’avait qu’à se le reprocher. Que s’était-il imaginé ? Que je sauterais de joie après tant d’années en le revoyant ? S’il était revenu avant mon mariage avec Colyn, je l’aurais surement fait. Mais plus maintenant. Mes années au côté de mon époux m’avaient montré que, lorsqu’un homme en avait assez la volonté, il était on ne peut plus capable de tenir ses promesses. Je n’aimais peut-être pas Colyn, mais je lui faisais confiance et je savais que jamais, il ne me ferait du mal. Il se tenait toujours de mon côté, même pendant les moments les plus difficiles. Il aurait pu me détester lorsque j’avais perdu notre enfant, ou me forcer à lui en donner d’autres mais il n’en avait jamais rien fait. Il prenait soin de moi, me respecter et respectait ses engagements. Ce n’était peut-être pas ce dont la gosse que j’étais avait rêvé, mais c’était mieux que rien. Ce que j’avais, peu de femme ne le possédait.

Pour quoi faire ? Me garder à tes côtés par exemple ? A la mort de ma Mère, si tu m’avais demandé de revenir à Dorne, de laisser tout ce que j’avais derrière moi, je l’aurais fait, simplement pour pouvoir rester avec toi, et ressentir encore la joie que tu m’inspirais et ce bonheur dont nous avions pu rêver. Je ne pouvais pas laisser ma Mère, aussi menteuse soit-elle, tout comme tu n’aurais pas pu laisser les tiens. Je ne t’en ai jamais voulu pour cela. Mais après sa perte, pendant des années, j’ai espéré que tu reviennes me trouver, alors que toi, tu étais déjà passé depuis bien longtemps à autre chose. Si je n’y avais pas été obligée, je n’aurais pas connu un autre homme. Et toi Anders ? Combien de temps t’a t il fallut pour ça ? Combien de temps t’a t-il fallut pour retrouver quelqu’un qui réchaufferait ta couche ? Non, ne réponds pas. Je m’en fiche dorénavant. finis-je par lui dire. Je ne voulais pas qu’il me réponde. Je n’aimais pas la tournure de cette conversation. Elle devenait bien trop intime et me bouleversait bien plus qu’elle ne l’aurait dû. Je détestais me montrer aussi vulnérable. Je détestais être encore blessée. J’avais aimé ma Mère et elle m’avait menti, et blessé. J’avais aimé Anders et il en avait fait de même. Sans doute était-ce pour cela que je n’arrivais pas à aimer Colyn ? Il me les rappelait tous les deux d’une certaine manière. Et je ne le voulais pas. Je ne voulais pas m’attacher à lui et lui donner le moyen de me faire du mal comme on me l’avait déjà fait par deux fois. Je n’avais pas besoin d’éprouver des sentiments pour vivre avec mon époux au quotidien et partager sa couche. J’y parvenais très bien sans, et m’en portais très bien malgré tout. Je ne pouvais compter que sur moi-même de toute façon et sur personne d’autre. Arrêtons là et finissons ce pour quoi nous sommes venus ici. lui dis-je avant de lui montrer de la tête le campement et d’en prendre la direction. Je lui prêterais des vêtements secs, et laverais les siens. Je le rembourserais ensuite, et nous reprendrons ensuite le cours de nos vies comme si nous ne nous connaissions pas.


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MessageSujet: Re: L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé]   L'avenir est un long passé [Tour I - Terminé] EmptyLun 16 Nov - 0:19

Anders ouvrit la bouche pour riposter au flot de reproche de Solvej mais aucun son n'en sortit et il ne put que la refermer sans trouver quoique ce soit de... pertinent à redire. Il avait été tenté de lui répondre du tac au tac que si elle avait été une princesse, JAMAIS il ne se serait permis de se glisser dans sa couche. Il avait encore assez de jugeote pour ne pas se lancer dans ce genre d'entreprise, aussi séduisante l'idée soit-elle. On ne touchait pas aux princesses quand on était un bâtard, c'était aussi simple que cela. Même quand on était prince d'ailleurs. On ne volait pas impunément la vertu d'une femme, moins encore quand elle était de haut lignage. C'était cette vertu qui leur donnait de l'importance. Du moins dans beaucoup de royaumes. A Dorne, c'était un peu différent. Cependant, il savait que ce qu'il avait fait à Solvej n'était pas correct. Oh il ne l'avait pas déflorée pour ensuite la jeter comme une vieille chemise et ne plus se préoccuper d'elle. Il avait prit son innocence en ayant des sentiments pour elle. Si les intentions n'étaient pas mauvaises, mais plutôt simplettes, les conséquences demeuraient les mêmes.

Solvej était partie, déshonorée, avait fait sa vie, comme elle avait pu et lui... Lui, il était passé à autre chose. Il n'avait jamais réussi à déterminer comment se passeraient les retrouvailles entre eux. Ils s'étaient quittés fâchés. Lui, il lui en avait voulu de partir. Elle... Elle lui tenait grief de ne pas l'avoir cherchée ensuite. Mais à quoi s'était-elle donc attendu ? Qu'il remuerait ciel et terre pour la retrouver, la ramener à Dorne et... Et quoi ? En faire sa maîtresse officielle ? Aucunes épousailles n'était possible entre eux, ils le savaient depuis le début. Bien que bâtard, il était le frère de la princesse de Dorne, il était soumis à quelques exigences. Notamment concernant son mariage. S'allier à une petite danseuse n'apporterait rien à Dorne. Solvej avait été bien naïve de penser qu'il pourrait la chercher... Et puis, il avait pensé qu'ils étaient fâchés bon sang ! Qu'elle ne voulait plus entendre parler de lui, trop égoïste pour comprendre qu'elle n'avait pas le choix, trop capricieux pour voir sa petite danseuse lui échapper ainsi.

Il avait mal agi oui. Mais il n'était pas coupable de tout.

Pourtant, après elle, il y en avait eu d'autres, des jeunes filles séduites par un sourire charmeur, de belles paroles, par l'audace du dornien, qui s'étaient fait des illusions et avaient fini déshonorées et esseulées. Il s'était fait réprimander plus d'une fois pour cette conduite, comme Roward, mais ils avaient la séduction dans le sang et ne pouvaient s'empêcher de jouer les jolis cœurs en présence d'une jolie fille. La colère de Solvej alimentait celle du dornien qui faisait amende honorable mais dont elle se moquait. Hors, Anders avait une certaine fierté, parfois exacerbée, appelée souvent arrogance et il ne s'abaisserait pas à la supplier. Il avait présenté ses excuses, elle n'en avait cure, soit. A son tour de parler et de mettre les points sur les i. Quand bien même Sol n'avait pas tout à fait tort. Elle n'avait pas raison non plus. Et il entendait là le discours d'une enfant de 15 ans délaissée, pas d'une femme réfléchie.

« Tu n'étais pas sans importance. Arrête de penser ainsi. Mais dis-moi, qu'est-ce que cela aurait pu donner si j'étais venu dans le Bief, si je t'avais fait venir à Dorne ? Qu'est-ce que tu aurais été ? Qu'aurait été notre relation ? Nous aurions été amants encore quelques temps et après ? Quel avenir pour toi et moi Sol ? Nous savions dés le départ que cela n'était qu'un doux intermède dans nos vies. Nous avons été fous de penser autrement. Te serais-tu contentée d'être ma maîtresse ? C'était cela que tu voulais ? Maîtresse officielle du bâtard de Dorne, quel titre ! Ou bien... Que nous restions amis ? Nous ne pouvions pas être amis. Pas après ce que nous avions vécu. Moi, je ne le pouvais pas. »

La colère était mauvaise conseillère. Elle embrasait les cœurs, déliait les langues et les paroles étaient comme des dagues acérées. Malheureusement, il n'était pas difficile de faire sortir le bâtard de ses gonds. Il avait le sang chaud et ne s'était guère calmé en vieillissant. Solvej avait toujours son tempérament de feu, son petit manège de danseuse servile n'étant qu'une façade pour se préserver. Mais l'armure s'était craquelée. Il interpréta ses paroles, sans doute de travers. On peut coucher avec nombre de femmes, vivre avec des sœurs et ne toujours pas comprendre la psychée féminine, décidément bien trop complexe. Il fut surpris qu'elle lui rétorque vertement qu'elle ne regrettait pas de s'être offerte à lui, de l'avoir aimé et que c'était justement ce que lui reprochait son époux. Son époux... C'était étrange de songer qu'elle puisse être mariée... Mais elle commençait à l'exaspérer en lui disant ainsi clairement qu'il n'était qu'un immonde salaud qui s'était joué d'elle.

« Très bien ! Libre à toi de te morfondre dans le rôle de la pauvre petite naïve abusée par le vilain bâtard ! Tu as l'air d'adorer cela ! Puisque tu ne veux pas croire un mot de ce que je te dis ! Puisque tu n'arrives pas à songer que l'adolescent que j'étais était vraiment épris de toi. Je n'ai pas de temps à perdre avec ces enfantillages ! Je suppose que tu as passé toutes ces années à bien alimenter ta rancœur à mon égard et à te poser en victime. »

La discussion s'envenimait. Il commençait à l'avoir mauvaise, s'agaçant qu'elle l'accable de tous les maux et le pense si indifférent, si... il n'avait pas de mots. C'était idiot, parce que beaucoup de femmes bafouées devaient penser cela de lui mais... Il avait osé espérer que Sol serait différente, qu'elle aurait vraiment compris qu'elle avait eu des droits sur son cœur durant un temps. Qu'il avait été sincère. Mais non. Le temps et les non dits avaient tout déformé, avili. Il ricana à la nouvelle flambée de Solvej. La colère avait définitivement prit le dessus sur le repentir. Ils avaient tous les deux des forts caractères et cela provoquait forcément des étincelles, surtout après tant de temps à ressasser chacun de leur côté.

« Et voilà ! Je suis encore le méchant et toi la pauvre jeune fille qui a soupiré désespérément après son amant qui l'a oublié et a enchaîné les conquêtes ensuite ! Grandis un peu Sol ! Ces rêves là sont ceux d'une gamine. »

Il la rattrapa alors, l'attrapant par les épaules pour la forcer à lui faire face, impitoyable.

« Ne pose pas de questions dont tu ne veux pas entendre la réponse alors ! Tu lances des accusations, mais tu n'écoutes pas ce que j'ai à dire. »

Il parlait d'une voix dure, qu'elle n'avait jamais entendu chez lui. Une voix assurée également. Il n'était plus un enfant. Plus celui qu'elle avait connu. Il reprit, fermement, mais un ton plus bas :

«  Nos routes se sont séparées, parce que cela devait arriver. Ton départ m'a énormément affecté, c'est pour ça que j'ai si mal réagi. Et puis je me suis fait une raison. Tu avais ta vie, sur les routes, j'avais la mienne à Dorne. Alors oui, désolé, je n'ai pas passé ces dernières années à te pleurer et à me lamenter sur ce qui aurait pu être entre nous. J'en ai gardé un très bon souvenir et la vie a continué, sa réalité m'a rattrapée, comme elle a du te rattraper, plus cruellement que moi. Je suis navré de constater que tu ne gardes qu'amertume de tout cela. »

Il la relâcha. Tout était dit.

« Tu as raison, arrêtons ici les dégâts et cesse ta comédie de vouloir éponger une dette ou éviter des représailles. Si j'étais le Lord que tu craignais tout à l'heure, jamais je ne t'aurais laissé me parler ainsi. Je pourrais m'y plier, après tout, vue l'image déplorable que tu as de moi, un peu plus ou un peu moins... »

Et cela ne serait pas totalement démérité. Néanmoins, il avait assuré qu'elle pouvait parler librement. Elle l'avait fait. Tant pis si cela l'avait blessé.

« Je ne vais pas t'imposer ma présence plus longtemps. Je ne mourrais pas d'être mouillé ou d'attraper un rhume, merci de ta sollicitude. »

Il marqua une pause, avant d'ajouter, à mi-voix :

« Adieu Sol. Prends soin de toi. »

La colère retombait. Restaient les regrets devant tout ce gâchis et la douceur se fit entendre dans les dernières paroles alors qu'il tournait les talons et laissait son passé derrière lui, désolé qu'il soit revenu tel une gifle pour le mettre face à ses responsabilités... Le souvenir de ces retrouvailles volcaniques et de ces reproches n'avait pas fini de le hanter pour les semaines à venir.

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