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Adria Arjona est <a href="http://bloody-crown.forumactif.org/t6204-mahee-allyrion-x-la-deuxieme-etoile-a-droite-et-tout-droit-jusqu-au-matin#168412"><span class="Gp_Dorne">Mahée Allyrion</span></a>

RECENCEMENT

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<span class="Gp_Dorne">Mahée Allyrion</span> - Je suis contre mon souverain - Lady - <a href="http://bloody-crown.forumactif.org/t6204-mahee-allyrion-x-la-deuxieme-etoile-a-droite-et-tout-droit-jusqu-au-matin#168412">Personnage Inventé</a>

LIEU

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<a href="http://bloody-crown.forumactif.org/u634"><span class="Gp_Dorne">Mahée Allyrion</span></a> se trouve à <span class="Gp_Dorne">Ferboys - Dorne</span>

Le bateau tangue, au gré de la houle, des caprices des vagues, berçant ses occupants. Est-ce le jour ? La nuit ? L’aube ou le crépuscule ? Difficile à dire. Mahée a perdu le compte, tous ses repères, en descendant dans la cale de ce fichu rafiot. Dire qu’elle imaginait son premier séjour en mer très différent est un euphémisme. Le peu de fois où elle s’est envisagée naviguer, Mahée n’a jamais rêvé la chose qu’à bord d’une fière embarcation, en bonne compagnie, à profiter des embruns salés, de l’air marin et du soleil, sur le pont, et pourquoi pas savourant un peu de vin de la Treille avec quelques tartes au citron… Certainement pas aux fers dans une cellule surpeuplée… Encore qu’elle s’estime relativement chanceuse… Des mains des bieffois, être passés aux orageois… C’est une chance, quelque part, quand on sait que la reine-mère de l’orage est dornienne… Avec un peu de chance, une fois arrivés à Accalmie puisque c’est là leur destination, peut-être leur groupuscule de survivants profitera-t-il d’un rien d’hospitalité et de bienveillance… Mahée le souhaite, en tous cas, sans l’espérer.

Devant elle, adossée contre la coque fraîche et humide, elle discerne dans la pénombre ambiante l’un de ses compagnons commencer à s’agiter. Il essaie de se tourner, de se retourner, faisant cliqueter ses fers avec fébrilité. Mahée le regarde un court moment avant de comprendre. Son dos doit le faire souffrir le martyr… « Hey… » Elle l’interpelle, et lève un peu les bras, les ouvrant autant que ses propres entraves, qui lui cisaillent les poignets, le lui permettent. Le soldat la regarde sans comprendre. « Venez par-là… » Elle lui souffle, lui proposant ainsi le soutien, le dossier, qui lui permettrait de se mettre dans une position qui le soulagerait un peu. Le soldat hésite un instant. Leur geôlier ne la connaît sans doute pas, mais lui, il sait très bien qui est Mahée, qu’elle est une lady, et que ce comportement est inconvenant… Mais en même temps, ne sont-ils pas tous, à l’heure actuelle, de pauvres erres ? Son regard parcourt, sans arrière-pensée, l’allure de la dornienne. Ses vêtements sont aussi sales, maculés de terre, que les siens. Son visage aussi. Plus d’huile parfumée dans ses longs cheveux noirs et bouclés. Sans le pantalon de cuir qui est le sien, elle passerait pour être une femme du peuple. Alors le soldat, rappelé à l’ordre par le mal qui lui scie les reins, accepte l’offre de Mahée et vient se lover, aussi délicat que possible, entre ses bras entravés, et la dornienne laisse doucement retomber ses mains, qui tombent sur l’abdomen du soldat.

Deux minutes, à peine, et il sombre dans le sommeil. Mahée, elle, laisse aller sa tête contre le bois humide de la coque. Malgré l’épuisement qui est le sien, elle ne parvient pas à fermer l’œil. Dès qu’elle essaie, des images à la rendre folle se superposent les unes aux autres, des images réelles autant que des images sorties tout droit de son imaginaire. Aux cadavres des bieffois et des dorniens lors d’escarmouches frontalières s’ajoutent ceux, qu’elle n’a jamais vus, qui ne lui ont jamais été rendus, d’Idriss et de son père. Mahée rêve éveillée de cette funeste bataille, et sa douleur se réveille. Elle ferme les yeux, à s’en fendre les paupières, pour chasser ces visions d’horreur, essaie de se fermer mais c’est plus fort qu’elle. Les cris, le fracas de l’acier des armes, l’une contre l’autre, la cavalcade des chevaux… Tout résonne à ses oreilles, le film se déroule sur la toile de ses paupières closes, comme si elle y avait été…

L’un des captifs tousse, ramenant la dornienne dans la réalité, et suspendant le film. Mahée en est au stade où elle redoute le sommeil, fait traîner l’heure du coucher, et s’épuise petit à petit en raccourcissant de plus en plus ses heures de repos. Pour tenir à distance les cauchemars, la jeune femme tente de penser des choses qui lui inspirent plus de calme, de paix et de tendresse. C’est tout naturellement qu’elle se retrouve à Gracedieu, aux côté de sa mère, de sa petite sœur, de son jeune frère et de son fils. Daemon. Physiquement, il ressemble beaucoup à Idriss, avec sa tignasse blonde et bouclée, et ses yeux verts. De sa mère, il tient surtout une peau hâlée, adéquate au soleil de Dorne. Lui pardonnera-t-il jamais de l’avoir laissé ? A ce stade, moins que son pardon, Mahée espère surtout pouvoir le revoir un jour… Ce dont elle ne peut être certaine, et cette pensée lui serre le cœur. Toutes ces choses qu’elle manquera, si jamais elle ne trouve pas une façon de revenir vers lui… Son petit garçon, amené dans le monde avec tellement de difficultés… Mahée se souvient avoir douté d’être à même d’aimer ce petit, tant il lui a été pénible de concevoir qu’il naîtrait, et en vie, quand les mestres lui ont imposé un alitement complet. Longtemps, la dornienne n’a pas osé le considérer vivant, ou viable, de peur de ne pas survivre au chagrin d’un enfant mort-né, un enfant qu’elle n’était même pas certaine d’aimer ! L’ambivalence de ses propres sentiments l’a perdue le temps de sa grossesse. Pourtant, sa mère le lui a toujours dit. L’accouchement est le seul rendez-vous auquel tu es certaine de rencontrer l’amour de ta vie. Et elle avait raison. Les premiers cris de Daemon ont fait couler ses larmes. Elle n’a réellement réalisé l’ampleur du phénomène que lorsqu’on lui a posé cette toute petite chose fripée et pleine de sang sur le sein. C’est à ce moment-là que Mahée a compris que les cœurs des femmes n’avaient pas de limites, pouvaient donner sans compter. Et maintenant, elle n’est pas certaine de pouvoir à nouveau serrer son petit garçon dans ses bras un jour…

Elle se demande si, une fois à Accalmie, on la laissera envoyer des corbeaux. Bien sûr, le premier serait pour Gracedieu, pour informer sa mère qu’elle a au moins survécu… Pour l’instant. Mais le second, presque plus capital, serait pour son oncle, Milhan Noirmont, avec lequel elle entretient une correspondance assidue. Rien ne les y prédestinait réellement, d’ailleurs, puisqu’en l’absence de Noha, Yaël était celle qui communiquait avec son frère. Cela étant, Yaël n’a jamais cru bon d’interdire à sa fille la lecture de leurs échanges, et petit à petit, avec le retrait de sa mère, Mahée a fini par échanger d’avantage avec son oncle, qu’elle a appris à aimer et respecter, via cette relation épistolaire. Bien sûr, elle s’inquiète de son sort, du sort des siens et de son fief… Et se doute que l’occupation du Bief ne doit pas lui convenir… Dire qu’elle est curieuse de connaître son avis quant à la tournure des événements est un euphémisme… Quel avenir pour Dorne, selon lui ?

Prisonnière de la cale de ce navire, Mahée n’a plus d’attentes, pas ou peu d’espoir. Le passé la hante. Du siège de Ferboys aux pestiférés, en passant par l’exode des martyrs dorniens… Sa personnalité n’est plus qu’une façade, qu’elle s’efforce de maintenir, comme un masque. Mahée le sait, elle n’est plus que haine, vindicte, et détermination. Elle se battra, peu importe ce qu’elle a à perdre, même si elle doit y rester, pour la cause de Dorne, pour toutes ces personnes condamnées à l’errance par ce maudit Septon, pour tous les morts qu’ils doivent au Bief et aux Îles de Fer… Il n’y aura pas de pardon, il n’y aura pas de pitié. Elle louvoiera, si elle le doit, mais ne reculera pas… Pour Gracedieu et sa famille, mais surtout… Pour Dorne et les dorniens.