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 Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]

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MessageSujet: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyJeu 11 Mai - 0:00

Les armées en campement avaient toujours quelque chose d’impressionnant dans le charivari qu’elles dégageaient. Plus que des marées humaines, elles charriaient aussi quantité de vivres, de tentes et d’équipements qui s’amoncelaient çà et là, au gré des unités et des besoins … Voir même de la fatigue des soldats qui convoyaient tout cet amas. S’y retrouver était une véritable gageure, y compris pour les nobles comme Bowen qui arpentaient les allées boueuses du Conflans, sous une bruine fine qui ne cessait de tomber depuis le petit matin et rendait la progression aussi désagréable que salissante, le sol paraissant s’accrocher aux bottes et les engloutir par moments. Emmitouflé dans ses cuirs et peaux typiquement nordiennes, le Glover ne pouvait s’empêcher de répéter en frissonnant les célèbres mots Stark, qui prenaient à cet instant une signification autrement plus importante que d’habitude : l’Hiver venait, et avec lui son cortège de privations, d’épreuves et de dangers pour ses terres d’origine. Tous l’avaient senti, en particulier les natifs d’au-delà du Neck, habitués à ses rigueurs et à ses outrages. Les sudiers ne connaissaient pas aussi bien que ses difficultés et pourtant, malgré cela, le guerrier percevait dans leurs yeux l’inquiétude. Avec les batailles, faire les réserves nécessaires était difficile, parfois impossible. Et si l’Hiver venait … Alors il faudrait faire vite, sous peine de devoir se replier. Nul doute que bientôt, l’armée se remettrait en marche.

D’un mouvement souple, Bowen s’écarta pour laisser passer une estafette qui courrait en sens inverse. Les messages fusaient partout, lui-même en avait reçu un il y a peu lui signifiant de se tenir prêt. Soupirant, il tenta de se faire une note mentale pour envoyer un corbeau rapidement à son épouse pour la tenir au courant d’un éventuel déplacement, mais aussi tout simplement pour s’enquérir de son état, ce dernier le préoccupant énormément. Il savait que la grossesse était une étape difficile dans la vie d’une femme, et d’un couple, et d’après les paroles populaires, les premières étaient les plus risquées. Certes, au fond, il savait pertinemment qu’il n’aurait été d’aucune utilité à sa femme s’il avait présent à ses côtés … Pour autant, le remord l’assaillait à l’idée de la savoir seule, sans lui, sans un Glover à ses côtés pour la protéger. Non, voilà qu’il était injuste à présent : si elles ne portaient pas le même nom, sa tante Menora et sa cousine Théa partageaient son sang, et elles étaient à ses côtés, à Winterfell. Nul doute qu’elles sauraient prendre soin de la jeune femme, la conseiller, la soulager au mieux. Après tout, sa tante avait mené trois grossesses au cours de son existence, et était une matrone renommée à la tête d’une longue lignée épanouie. Et elle était en sécurité dans la capitale … Même si devoir se reposer sur son intendant et le bailli royal l’agaçait prodigieusement, bien qu’il n’en laissât rien paraître.

En effet, la mort de son père et le départ de son épouse faisait qu’aucun Glover ne résidait plus à Motte-la-forêt, le domaine et sa reconstruction étant donc désormais entre les mains de son homme de confiance et de celui du roi. Bien sûr, il avait confiance en eux, seulement, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour ses gens, pour leur avenir … Et leur survie. Impossible de savoir si le bourg serait reconstruit avant l’hiver, et les bras manquaient pour achever de récolter le grain, sans compter que le moulin avait en partie brûlé. Certes, les artisans Karstark, Cerwyn et Corbois ne déméritaient pas, de ce qu’il avait reçu comme rapport, pas plus que ceux payés par le couple Braenaryon pour la réhabilitation du château, mais il n’aurait l’esprit en paix que lorsque tout serait enfin achevé. Quelque part, il savait que la guerre n’était pas l’unique péril qui planait sur son peuple, et avait parfaitement conscience que les pauvresses attendant leurs époux et fils partis au combat, ayant à peine eu le temps de les consoler de leur malheur auraient eu à cœur d’être consolées par leur famille suzeraine. Il savait que Maedalyn s’y était employée, du moins le lui avait-il demandé. Sauf qu’il avait bien fallu trancher entre le domaine et la santé de sa femme. Il avait même songé un moment à demander le détachement de son cadet, avant de se reprendre. Edwyle n’avait aucun goût pour l’intendance, et piaffait d’impatience à l’idée de combattre. Le temps qu’il arrive, qui plus est … L’hiver serait déjà là. Tant pis, il devrait faire confiance à ses gens, aux hommes que son père avait formé, que son père de substitution avait mis sur ses terres. En parlant de lui …

La tente du Roi, non, de l’Empereur était en vue, et paraissait en proie à une agitation sans nom. Les messagers entraient et sortaient, les généraux entraient et sortaient, beaucoup de nordiens, mais quelques inconnus également pour Bowen aux oripeaux étrangers, sans doute des peyredragoniens pour la plupart. Près de lui, un contingent nordien se rassemblait, et il lui sembla entendre des cris d’orfraies provenant d’une tente, sans doute une dispute à propos d’une fille ou d’un butin quelconque … La routine dans ce genre d’endroits. Pressant le pas, le Poing du Nord évita les uns et les autres pour parvenir enfin à son but, un oriflamme avec les nouvelles armes de l’ancien souverain nordien flottant désormais au-dessus de l’édifice de toile. Prenant une profonde inspiration, le jeune homme salua les gardes et se fit annoncer, avant de pénétrer à l’intérieur.
S’inclinant avec tout le respect dû à un homme occupé à de telles fonctions, Bowen prit quelques secondes supplémentaires vis-à-vis de l’étiquette ordinaire, pour marquer sa déférence, une mauvaise habitude qu’il avait prise de ses années de service à ses côtés, avant de déclarer :

« Mes respects, Votre Majesté. »

Majesté … Etait-ce bien ainsi qu’on s’adressait à un Empereur ? Cette question pouvait paraître idiote, cependant elle trahissait bien toute la singularité de l’entreprise commencée par l’ex-Stark. Jamais quelqu’un, en Westeros, n’avait tenté de porter un titre pareil. Tous avaient déjà entendu parler de l’Empire valyrien, bien sûr … Mais c’était en Essos. Loin. Ici, il n’y avait jamais eu que des Rois et des Princes. Il faudrait en sus inventer tout un nouveau protocole, une manière de penser. Les empires n’étaient pas que des accolements de royaumes entre eux, après tout. Enfin … Il serait temps de penser à tout cela après. Bowen était certain que l’homme ne lui en tiendrait pas rigueur s’il avait commis par mégarde une erreur de langage. Nul doute qu’il n’était pas le seul à devoir s’habituer à ces nouveaux titres.

« Je suis très honoré que vous ayez pris le temps de m’accorder cette audience, surtout en des temps aussi féconds en occupation.

J’ai d’ailleurs bien reçu votre message. Mes hommes piaffent d’impatience à l’idée d’en découdre, et sont prêts à partir à tout moment. J’ai moi-même pris mes dispositions à ce sujet, afin de faciliter le travail du Train royal. »


Voilà pour les salutations d’usage et les nouvelles immédiates. Il était temps d’en venir à l’objet premier de sa visite … L’espace d’un instant, une douleur sourde lui étreignit le cœur, et son visage se rembrunit, reprenant sa tonalité austère et mélancolique des derniers mois, que seul son mariage avait un peu atténué. Oiseau de mauvaise augure, maudit, damné … Il savait ce que certains murmuraient sur son passage, quand la nouvelle du décès de Galbart Glover s’était répandu. A croire qu’en effet, les Anciens Dieux avaient décidé de punir la maison au poing ganté pour quelques péchés inconnus. Néanmoins, il devait s’acquitter de cette lourde tâche, maintenant qu’il en avait enfin l’occasion. Tel était son devoir de seigneur nordien.

« En raison de votre blessure et de vos épousailles, je n’ai pu vous entretenir en personne de certaines nouvelles, même si je vous ai fait parvenir un message. Pour autant … Par respect et honneur dû, je tenais à ce que ces mots vous soient délivrés de ma bouche, en souvenir de mon père et de la loyauté profonde qu’il avait envers vous. »

Bowen inspira, puis, roidi presque, déclama :

« Lord Galbart Glover, Seigneur de Motte-la-forêt et du Bois aux loups, est décédé il y a quelques semaines. J’ai reçu le corbeau de mon épouse confirmant la nouvelle il y a peu. La gangrène l’a finalement emporté. »

Avant de conclure :

« En vertu de mon droit d’aînesse, j’ai pris sa succession en toutes choses, y compris dans les vœux de fidélité rendus par la maison Glover à la maison Stark, et à quiconque a vocation à être la suzeraine de cette dernière, depuis que mes ancêtres ployèrent le genou devant les Loups qui surent les conquérir et s’attacher leur loyauté.

Et comme mon père le fit jadis avec vous, je servirais votre fils avec le dévouement et le respect qui lui sont dû.»

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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyJeu 11 Mai - 23:16

Les messagers, guides, nobles et officiers ne faisaient qu’entrer et sortir de la tente. Mes propres gardes étaient épuisés. Rectification, les gardes de mon fils. La Garde-Loup constituée voici des années n’était plus la mienne, désormais. Encore quelque chose auquel je renonçais pour accomplir un idéal qui avait toujours été là, caché, sous-jacent à chacune de mes actions. Je pensais avec colère depuis bien des années que le Nord assumait seul la défense de Westeros vis-à-vis des monstruosités qui peuplaient le Véritable Nord. Pourquoi devrions-nous continuer à endurer ces pertes et ces souffrances tout seul ? De plus, j’avais vu que si le Nord seul ne serait jamais capable de vaincre la toute-puissance d’Harrenhal, il était capable de tenir bon. Un allié, un seul et bien mené, permettrait de chambouler l’équilibre des forces. Des alliés, j’en avais trois aujourd’hui. Plus Harren et les membres de sa famille s’attiraient les inimitiés et plus je me renforçais. Pourquoi ne pas en profiter ? Une guerre pour mettre à terme à tous les conflits futurs. L’idée était belle, tout autant que le pouvoir restait séduisant pour qui y avait goûté un jour. Je faisais cela pour Westeros, pour le Nord bien sûr, que je ne voulais plus voir saigner seul comme à La-Mort-Aux-Loups, mais je faisais aussi ça pour moi. On n’est rien sans ambition. Même le Grand Septon, si bouffi de vertu, en avait nourri pour atteindre son poste. Mais contrairement à Harren le Noir, je ne comptais pas privatiser ce pouvoir, en jouir pour mon propre profit.


Ce pouvoir avait un prix, bien sûr. Comme pour gouverner le Nord, mais en pire. Il fallait donner de sa personne. Raccourcir ses nuits. S’esquinter sur les champs de bataille. Mal boire, mal manger, mal dormir, tout rendre le plus rapide et le plus efficace possible, bien que le premier de ces impératifs l’emportait presque toujours sur le second. Ce matin ne dérogeait pas à la règle. Même ici, en plein cœur de son domaine, notre ennemi continuait de se dérober. Quelques reconnaissances m’avaient permis de savoir qu’il avait placé de très modestes garnisons sur nos routes potentielles. Suffisamment pour tirer information pour le gros des troupes si nous passions, mais ils ne voulaient pas nous arrêter pour autant. Ce qui était plus nébuleux était la situation de la Néra et celle de Vivesaigues ; les nouvelles concernant ces contrées étaient contradictoires. Le plan avait été arrêté la veille avec tout le conseil de cet Empire nouveau-né. Tully et Jon avaient déjà leurs missions, pour souder leurs troupes et leurs royaumes et nous dégager la voie. Rhaenys encourrait comme d’habitude de grands risques personnels, mais je préférais paradoxalement la savoir par-delà les nuages qu’au milieu d’une foule dont la loyauté n’était pas encore totalement garantie, mixant encore trop d’anciennes allégeances.


Si j’étais moins exposé que Jon et Tully aux coups de l’offensive, je le serais plus si l’ennemi se décidait à réagir enfin. J’en venais à douter de la stratégie de mon adversaire. Tout indiquait depuis le début qu’il nous laissait entrer pour mieux nous isoler et nous détruire, mais ça n’avait jamais eu lieu. Rhaenys et quinze mille hommes de Peyredragon, de la Néra et autres mercenaires et rebelles, avaient sans cesse progressé face à plus de six fois leur effectif, et n’avaient jamais été sérieusement arrêtés. Lorsque nous avions envahi le conflans par le Nord, Jon n’eut pas plus que quelques guides et éclaireurs à combattre, et les escarmouches furent presque inexistantes. Seule mon offensive en plein cœur fut combattue, et malgré toute la fougue et l’audace d’un Tully laissé en infériorité numérique et qualitative, n’avait aucune chance de nous arrêter seul. Alors, à quoi jouait l’ennemi ? Il avait eu plusieurs occasions de nous battre séparément. Et une fois rassemblés, il ne venait pas non plus. Comptait-il sur l’attrition ? Elle nous avait touché, bien sûr, mais le soutien du Conflans, la solidité de la Néra et mes onéreux investissement pour le Train avaient augmenté notre capacité à nous ravitaillement correctement. Je me disais que l’ennemi avait sans doute encore un atout dans sa manche, rien d’autre ne pouvait expliquer ses manœuvres. Harren n’était pas un lâche, pas plus que son boucher de fils et sa barbare de fille.


Les ordres étaient rédigés et partaient en continu depuis bien avant le lever du soleil. Rhaenys était partie, elle aussi, et nous avions échangé une dernière étreinte avant que je ne la vois décoller. Nous jouions déjà l’Empire que nous venions de créer. Le décret sur la création de la Garde de la Maison Impériale partait pour les cantonnements des gardes royales présentes en ville, les ordres de ravitaillement et ordres de marche pour toutes les composantes de l’armée étaient envoyées elles aussi, ainsi qu’une pelletée d’ordres de réquisition, de conservation, de construction et de tout ce qui est nécessaire pour organiser le bon déroulement des opérations. On me signala l’arrivée d’un visiteur, que j’avais accepté de voir malgré l’ampleur de la tâche, au vu des circonstances. Il entra enfin et je dus me faire violence pour achever ma lecture d’une missive de la Reine de l’Orage, qui m’entretenait de ses prochains mouvements. Encore une pile de choses à régler, mais l’heure était à autre chose. Je détaillais Bowen du regard. Il avait vieilli, mais pas tant que cela. Il avait échappé à Paege, du fait des hasards de la guerre, mais il y avait dans ses yeux l’horreur de La-Mort-Aux-Loups, la culpabilité de Motte-La-Forêt et de son destin, mais aussi une certaine sagesse, marque des hommes mariés, qui savent désormais ce qu’est la vie commune. Je souris et attends qu’il se relève, tardivement comme à son habitude.



| Je suis heureux de vous voir, Bowen. Et je suis tout autant ravi de vos dispositions ; votre contribution au bon déroulement des opérations dans l’armée du Roi du Nord a déjà été saluée par ce dernier et son arrivée sans trop de tracas si loin au sud en est sans aucun doute le meilleur témoignage. |


Bowen avait été éduqué à mes côtés, pour beaucoup. Oh bien sûr, les siens lui avaient appris toutes les bases. Mais on n’est pas aide de camp d’un Roi du Nord sans rien apprendre de l’art de la guerre. Il avait assisté dès sa prime jeunesse à bien des conseils, des disputes, l’organisation de campagnes, de garnisons, de ravitaillement. Il savait comment faire. Ce qui le rendait précieux pour Jon, qui s’il savait aussi comment faire, avait senti bien plus pesamment ma propre ombre, suffisamment en tous cas pour le brider malgré ses propres talents. Sa propre conduite de l’armée n’avait toutefois pas eu à rougir de celle de Bowen, ni de celle que j’aurais eue à leur place, sans doute. Bien sûr, la raison de cette entrevue n’est pas si joyeuse, et mon visage se ferme à l’évocation de son père disparu. Je me rapproche et pose ma main sur son épaule. Je n’ai jamais eu la distance de mon propre père avec ses hommes. Je baisse un instant les yeux, le tenant ainsi d’un côté, murmurant quelques paroles aux Anciens Dieux.


| J’ai bien eu votre message. Il n’a été ni oublié ni négligé ; j’ai accusé durement le coup que fut la nouvelle de la disparition d’un de mes plus vieux amis, banneret fidèle et compagnon de toujours. Votre père nous manquera à tous, et même si les événements ne l’ont pas laissé partir de sa belle mort, son sacrifice n’aura pas été vain. Nous avons pu venger Motte-La-Forêt et lancer ensemble sa reconstruction. Le Nord se souvient de ses héros, et les membres de votre famille figurent parmi les plus éminents. |


Je savais bien qu’aucune parole ne pouvait vraiment réconforter de la disparition d’un mort. Mais la philosophie nordienne, si elle n’oubliait jamais la plus petite disparition, la plus petite tragédie, permettait de puiser de la force dans les drames traversés. Une force motrice, pour l’avenir, la vengeance et la reconstruction. Bowen jure allégeance au Roi du Nord et à son suzerain, sans nommer l’Empire. Je sais qu’il y a des récalcitrants dans nos rangs ; je sais que leur soutien dépendra autant de la continuité de nos victoires, que du butin, mais surtout de ma capacité à les convaincre sur le long terme.


| Et en retour, vous avez la protection et la gratitude de la Maison Impériale en toutes choses et en toutes circonstances. La loyauté sera récompensée et protégée, même si j’escompte vous rétribuer plutôt avec la tenue des promesses de l’Empire qu’en espèces sonnantes et trébuchantes ou en menus avantages. Je n’aurais pas de meilleur cadeau à vous offrir que de savoir vos enfants et vos petits-enfants échapper à cette Grande Guerre que nous menons aujourd’hui. |


Je me tourne vers la carte, et lui fais signe de se rapprocher. J’ai toujours eu confiance en Bowen, je l’ai toujours aimé. Ce garçon est intelligent, et méritant. Je ne peux tout lui confier ; ce n’est pas son rôle. Mais il est important qu’il sache que son soutien compte réellement.


| L’ennemi agresse Dorne et l’Orage, qui s’en sortent comme ils peuvent. Dorne est resté sourd à nos missives et l’Orage risque de bientôt nous demander de l’aide. Pour une raison qui honnêtement, m’échappe encore, nos ennemis n’ont pas contourné nos lignes pour attaquer le Nord. Peut-être ont-ils eu peur de mes dispositions défensives, mais leur inaction dans le Conflans m’inquiète. Je vais les pousser à réagir à nos mouvements, il nous faut prendre un ascendant décisif alors que l’Hiver Vient. Vous assisterez Jon du mieux que vous le pourrez, comme vous le faites déjà. Je ne sais si vous aspirez à une autre position dans ses forces ; je ne peux rien décider à la place du Roi du Nord, qui dispose de ses troupes. Mais plus que d’un protecteur, le Roi du Nord aura besoin d’amis fidèles qui l’aideront aussi bien face à l’ennemi qu’aux côtés de nos amis, car vous travaillerez en étroite collaboration avec nos alliés riverains et peut-être peyredragoniens. Je sais que vous n’avez pas encore œuvré avec eux, ni le Roi d’ailleurs. Mais la coopération est essentielle dans la réussite de notre entreprise. Nous avons œuvré ensemble pour le Nord, Bowen, pendant vos jeunes années. Je vous ai appris à négocier, transiger, décider et convaincre. Le Roi aura besoin de vous en ce sens, alors que l’encadrement que je lui lègue est constitué pour bonne part de jeunes et fougueux commandants qui auront du mal à agir de façon unie et cohérente, tout autant que de commandants plus expérimentés mais qui ont de vieilles rancunes, surtout pour les chevaliers du Conflans qui furent nos ennemis. Nous devrons dépasser cela. Ou bien nous serons vaincus les uns après les autres. Je ne me vois pas confier cette mission-là à qui que ce soit d’autre. Acceptez-vous cette mission ? |


Je savais que Bowen aussi, comme nous tous, nourrissait de la rancune. Si j’avais pu me passer des riverains, de leurs effectifs, de leurs ressources, je les aurais crucifié les uns après les autres sur la route d’Harrenhal pour montrer au monde ce qu’il en coûte de s’en prendre à mon peuple. Mais ayant accepté de nous rejoindre au moins pour partie d’entre eux, les riverains devenaient mon peuple autant que les autres. Je me contenterais donc de hisser sur la croix ceux qui resteront fidèles à nos seuls véritables ennemis. J’espérais honnêtement que Bowen accepterait, parce que j’avais confiance dans son analyse et surtout, dans sa capacité à se montrer plus fort que les autres, voués à la facilité. Jon m’avait rassuré sur ce point, mais comme Conrad l’avait prouvé depuis vingt ans, un Roi a besoin d’amis. Et je ne voulais pas laisser sur ses seules épaules et celles de Tully le poids d’une coopération qui allait sans doute devoir se faire, au moins pour un temps vues les autres urgences stratégiques, loin de mon regard.


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Let it be War


I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.



Torrhen Braenaryon
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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyDim 28 Mai - 18:41

Bowen n’était plus le féal direct de celui qui lui faisait face avec majesté, il n’était plus son fidèle suivant comme du temps de sa jeunesse, et pourtant, alors que les mots coulaient, qu’ils résonnaient dans la tente et qu’il s’en gorgeait, s’en rengorgeait même, le jeune homme comprenait que le lien qui l’unissait à l’ancien souverain du Nord ne se tarirait sans doute jamais de son côté, qu’il aurait toujours cet ineffable respect pour Torrhen, ce besoin d’avoir son approbation. Réellement, alors qu’il sentait la brûlure du chagrin s’apaiser peu à peu par quelques paroles d’usage, le Glover appréhendait toute l’étendue de l’affection qu’il avait à son encontre, celle d’un garçon qui, ayant grandi trop vite, s’était trouvé un père et s’y raccrochait comme un noyé à sa planche. Plus que l’amour de son propre géniteur, les faits avaient fait que l’un des rares avis à lui être nécessaire était celui d’un autre homme et s’il avait conscience que les événements ne feraient que les détacher, qu’il était désormais un morceau du passé de ce nouvel Empereur, une part de lui, la plus sombre, cachée, désespérée, ne pouvait s’empêcher d’éprouver une fierté presque coupable en entendant ses compliments ou ses louanges sur sa famille.

Les méritait-il pour autant ? Le Poing du Nord en doutait, dans le sens où il estimait que celui qui avait brillé était infiniment plus le fils que l’aide de camp. Après tout, il n’avait fait qu’exécuter des ordres qui s’étaient avéré justes, et organiser au mieux la troupe. Il n’y avait pas là de quoi mettre à rude épreuve son talent de gestionnaire. Il aimait simplement la rigueur du casernement, tout planifier, un peu comme l’ex-roi nordien qui avait du reste considérablement facilité la tâche de toute l’intendance avec ses multiples mesures comme le Charroi royal et autres dispositions qui avaient transformé l’armée batailleuse du Nord en un contingent discipliné et à l’efficacité redoutable pour avancer en territoire hostile. Il était peut-être temps de le soulever :

« Je n’ai fait qu’exécuter de justes ordres, Votre Majesté. Et du reste, toutes les décisions que vous aviez prises en amont ont considérablement facilité notre avancée, notamment du point de vue de l’intendance. Je gage que peu sont aussi préparés que nous, et c’est grâce à la lucidité que vous avez eu depuis toutes ces années de préparer le Nord aux échéances qui approchent. »

Certes, Bowen avait amplement conscience que cela grevait considérablement les finances du royaume et qu’il viendrait un moment où soutenir un tel train d’effort ne serait plus possible, sans compter la kyrielle de réformes qu’il faudrait mettre en œuvre rapidement une fois les affrontements finis pour retrouver une économie stable et pacifique. La tâche s’annonçait rude, surtout dans ce Nord guère productif et à présent tellement habitué à une centralisation qui, trop poussée, pourrait un jour s’avérer mortifère. Pourtant, pour le moment, force était de constater que sa patrie s’était muée en une redoutable machine de guerre, et ce pour le meilleur. Tant que l’édifice tenait … Il n’y avait pas de raison de ne pas louer son bâtisseur.

Entendre louer sa famille décimée lui mit également un peu de baume au cœur, comme toujours quand quelqu’un reconnaissait le sacrifice consenti par les Glover pour la survie du Nord. Certains auraient susurré à son oreille que les paroles de Torrhen n’étaient, une fois encore, que condoléances de circonstances et d’usage, pourtant, Bowen avait le fol espoir ou la douce naïveté de les croire véridiques. Il savait que son père avait, dans des temps reculés, sauvé la vie de son souverain, que Galbart Glover avait toujours été un banneret soucieux de ses devoirs, au point de tout abandonner à l’appel de son roi tout en sachant pertinemment que sa maison pourrait en subir de tristes conséquences. Il lui avait laissé son fils aîné pendant de longues années, défendant sans cesse la politique royale auprès de ses pairs quand certains pouvaient émettre des doutes vis-à-vis des constructions pharaoniques du suzerain ou de sa centralisation de plus en plus importante. Pourtant, il n’avait jamais douté, démontrant par ce souci constant d’honorer ses serments qu’il était envers et contre tout fidèle au Nord et aux Stark malgré son mariage avec une riveraine que d’aucuns avaient pu lui reprocher. Aussi, il finit par acquiescer doucement, la gorge trop nouée pour parler, et s’approcha sans mot dire de la carte que lui désignait Torrhen, ses yeux scrutant les informations stratégiques annotées dessus avec intérêt, ses sourcils se fronçant à mesure que l’Empereur lui expliquait ce qu’il attendait de lui, non pas par rejet, mais parce qu’il réfléchissait tout simplement déjà à la mise en œuvre de pareille entreprise.

Etait-il flatté de savoir que, même au sein de cet Empire qui ne lui était pas forcément familier, une place l’attendait ? Pas nécessairement. Etait-il heureux en revanche de savoir que l’ancien Stark continuait à lui faire confiance ? Assurément. A défaut d’avoir l’idéal politique chevillé au corps, le Glover avait pour lui sa loyauté irrépressible envers les Loups de Winterfell. Où ils iraient, il suivrait. Là était son honneur, son devoir, sa fierté. Tout autre comportement était inconcevable. Détourner Bowen de son mentor et de sa descendance aurait demandé un véritable séisme, quand bien même il avait une certaine appréhension envers tout ce qui se menait. Mais il avait appris à taire ses doutes, et était trop discret pour qu’on remarque que le fidèle de l’ombre pouvait avoir des pensées contradictoires, surtout qu’il ne vocalisait jamais ses rares hésitations, ou alors en ayant longuement soupesé le pour et le contre. Cela rendait ses interventions éparses, quoique importante, car ses interlocuteurs savaient qu’il était particulièrement étrange qu’il discute d’une décision. La pensée de ses futurs enfants et petits-enfants lui arracha tout de même une expression heureuse, avant qu’il ne retrouve sa sobriété ordinaire et qu’il finisse par dire doucement :

« Je ne vis que pour servir là où mon suzerain estimera que je suis le plus utile, comme mon père et mes ancêtres avant moi. »

La gloire d’un commandement le tentait, il ne pouvait pas dire le contraire, pour autant, il savait sa place indispensable également, et savait qu’il était doué pour la gestion, ce qui n’était pas forcément donné à tout le monde. En soi, la conduite de ses propres hommes le contentait, et si Jon Stark préférait l’avoir à ses côtés, alors il ne changerait pas de responsabilité dans l’armée. Bowen n’avait jamais été ambitieux, et du reste, une part de lui répugnait à cette position de guerrier, comme si son cœur tremblait à la perspective de redevenir le monstre de la Mort-aux-loups, la bête assoiffée de sang qui pourchassait sans relâche les sauvageons et se délectait de leurs souffrances. Peut-être valait-il mieux qu’il se contente de l’ombre. Après tout, c’était là qu’il était le mieux, de toute manière. Coordonner les commandants lui convenait, en cela. Voilà une mission dont il pouvait s’acquitter sans trop de problèmes, d’abord parce qu’il connaissait la plupart des chefs nordiens, certains étant même ses parents, comme Karstark ou Manderly. Et pour les riverains … Il n’avait jamais renié ses origines. Sans doute le choix du souverain n’avait d’ailleurs rien d’étranger à cela. La question lui brûlait les lèvres, et il finit par la poser d’un ton neutre :

« Sont-ce les origines de ma défunte mère qui vous ont fait penser que j’étais le mieux placé pour m’acquitter de cette tâche ? »

Si c’était le cas … Il avait vu juste.

« Je n’ai aucune aversion envers les riverains. Les Nerbosc sont mes cousins, de même que les Tully par mariage, bien que nos relations aient été pour le moins … discontinues, au vu des conflits entre le Conflans et le Nord. Cela ne veut pas dire pour autant que ma famille a jamais oublié le sort qui s’abat sur ceux qui font le sacrifice de la vie des leurs. Mon sentiment n’est peut-être pas partagé par tous, mais je suis heureux de ne pas avoir à combattre les frères de ma défunte mère. Je l’aurais fait, évidemment, sans la moindre hésitation, mais j’apprécie simplement la chance de pouvoir œuvrer avec tous les miens pour la même cause.

Nous ne sommes pas si différents des riverains. Du moins … Je le crois. »


Bowen plongea son regard opale dans celui de Torrhen, avant de conclure avec une certaine solennité :

« Si vous m’estimez digne de cette mission, et si le roi du Nord n’y voit point d’inconvénient … Je la ferai mienne, et j’espère m’en montrer digne. Pour offrir un futur à mes enfants … »

Un instant, il hésita, puis laissa tomber doucement, dans un murmure ténu, comme s’il ne savait s’il était raisonnable, ou simplement convenable d’offrir un tel aveu :

« Ma femme est enceinte, Votre Majesté. Je veux que cet enfant naisse dans un monde plus sûr … »

Qu’il ne subisse pas le même sort que ses grands-parents, que ses jeunes oncles qu’il ne connaîtrait jamais. Que ce Glover ne soit pas menacé comme l’avait été Bowen. Qu’il soit le symbole d’un renouveau si attendu par cette famille harassée par la guerre.

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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyJeu 8 Juin - 22:47

Il est temps d’avancer, il est temps d’évoluer. Je ne veux en aucun cas que les choses ne se précipitent, mais je ne suis pas certain d’avoir le choix. Pas aujourd’hui, pas maintenant. J’ai eu des années pour préparer au mieux mon pays à la prochaine guerre. Et maintenant, je me retrouvais à devoir faire de même auprès de bien d’autres royaumes. Ce n’était pas forcément quelque chose que j’avais anticipé. Je pensais simplement, il y a treize ans de cela, que j’allais un jour ou l’autre être à nouveau confronté à une invasion des fer-nés et des troupes du Sel et du Roc. Aujourd’hui, toute cette logistique, ces dépots, ce train, ces entraînements, tout portait ses fruits. Mais j’avais déjà subi bien des pertes. Heureusement, le Nord n’avait eu à affronter pour le moment que deux armées ennemies. Une de fer-nés venus se perdre dans les marais du Neck, une autre de Riverains moins nombreux et moins préparés. La bataille n’avait rien eu de facile, rien du tout même, mais nous l’avions finalement gagnée. Et l’ennemi avait perdu son ascendant le plus net, celui d’une supériorité numérique de plusieurs guerriers contre un.


J’en viens à remercier Bowen Glover, qui malgré son jeune âge, était déjà expérimenté. Il ne valait pas un Conrad Omble, ni un Lord Reed ou Karstark, mais il incarnait au même titre que mon fils la prochaine génération de commandants du Nord. Un homme élevé depuis sa prime jeunesse dans le but premier de faire la guerre, un homme qui, de plus, avait peut être, comme moi, sentit l’odeur de la mort et fait couler le sang bien avant de se perdre entre les cuisses d’une femme. Bref. Ce genre d’homme jeune et vigoureux, plein de bonne volonté et de capacité, ne pouvait que mener notre armée à la victoire. Sans se battre, ils avaient fait peser une terrible menace sur les arrières de l’ennemi, problème toujours secondaire mais bien présent, s’enfonçant de plus en plus dans les entrailles du Conflans sans jamais perdre d’effectifs, en dehors de quelques traînards, déserteurs et malades. Rien de terrible, comparé au destin qui aurait pu facilement être le leur. Je hoche la tête aux compliments de celui qui fut jadis mon écuyer.



| Il est vrai que le Train draine nos ressources et fatigue nos hommes, mais il a été efficace. Entre cela et les fournitures gracieusement mises à notre disposition dans un pays dont les places ne sont pas défendues, j’en viendrais presque à regretter d’avoir investi si cher dans notre ravitaillement. Mais c’est aujourd’hui le Détroit qui nous nourrit. Nos navires partent de Blancport et débarquent marchandises à Salins ou Sombreval, avec les fournitures d’autres de nos alliés. Nous avons les reins pour la prochaine offensive. |


Mais pas forcément le cœur. Je ne partirais pas du principe que cette vaste armée impériale allait se mouvoir comme un seul homme. Les riverains étaient d’une loyauté et d’une combativité qui s’avérerait pour le moment douteuse, tandis que les gens de Peyredragon continuaient de plus obéir à leur Reine qu’aux autres officiers, de même chez les nordiens. Au moins nordiens et peyredragoniens avaient-ils déjà remporté une grande victoire ensemble, pris trois villes à l’ennemi de concert. La conquête forgeait l’unité. Mais il restait les riverains à englober, les réticences des nordiens à dépasser, et la déception de Peyredragoniens ambitieux, masqués par leurs nouveaux alliés, à juguler. Il allait falloir fournir de quoi se « nourrir » à toute cette armée pour qu’elle continue de former un tout.


Le fait était que tout le monde attendait quelque chose de l’Empereur. Comme si ce titre m’avait permis de revêtir un pouvoir nouveau, qui n’était pas le mien auparavant. Comme si cette nouvelle distanciation avait donné l’excuse au réveil des ambitions, ou au contraire, était génératrice d’attentes. On me soutenait, alors j’étais redevable. Je le sentais parfois, dans certaines discussions. Jamais de façon franche et assumée, bien sûr. Mais cela comptait quand même, pour moi. Les Glover étaient une famille importante au Nord. Pas la plus proche, loin d’être la plus riche ou la plus puissante. Mais honorable. Et elle incarnait mieux que beaucoup d’autre l’esprit de sacrifice qui nous animait tous, au nord du Neck. Personne n’avait autant perdu qu’eux. Mais les Stark dans la souffrance, n’avaient de leçons à recevoir de quiconque. Nous avions payés nous aussi le prix fort, au fil des années, de la défense du Royaume. Tout le monde souffrait.


Et il fallait que cela cesse.


Je savais que je pouvais paradoxalement œuvrer à la paix avec un des meilleurs outils militaires jamais forgé. L’armée nordienne compilait l’expérience et la solidité. La loyauté, également. Sa motivation était la meilleure de toutes les armées de Westeros, forgée en des décennies de combats. Pas tous victorieux, mais les décisions avaient toujours été en notre faveur dans les plus gros conflits, dans les plus terribles face à face. La Mort aux Loups avait achevé de m’attacher l’armée, même de ceux des bannerets les plus éloignés, ou les plus rétifs. Le jeune homme m’interroge sur cette mission. Il l’accepte. Je le laisse continuer. Jusqu’à ce qu’il m’annonce du bout des lèvres qu’il sera père. Mon visage s’illumine dans l’un de ces rares instants où la surprise l’emporte sur la réserve. Je ris et lui donne une grande tape sur l’épaule, au mépris du protocole et de toutes les convenances ; je reste nordien dans mon cœur comme dans mes actes, tout Empereur suis-je devenu.



| Félicitations, mon garçon ! Que dis-je ! Cela fait longtemps maintenant que vous êtes un homme. Doublement accompli aujourd’hui ! Bravo ! |


Ce genre de nouvelles était toujours plaisant. D’un pas vif, j’allais nous servir une grande corne de ce vin sudien peu goûteux, mais qu’importe. Je lui place une des coupes en main avant d’entrechoquer la mienne contre elle.


| A l’avenir des Glover ! |


Et j’en bois une longue rasade, avant de reprendre.




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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyDim 2 Juil - 22:41

« A l’avenir des Glover ! Et du Nord ! Et de l’Empire ! »

Le vin avait l’amertume des crus trop verts et pas assez rugueux au goût d’un nordien, pour autant, une fois sa corne entrechoquée avec celle de l’Empereur, Bowen en avala une rasade d’un trait, savourant l’acreté qui lui brûla la gorge l’espace d’un instant, étonné, presque étourdi par cette brusque sortie de sa réserve de Torrhen, lui qui s’était pourtant montré là relativement mesuré, à la hauteur de sa nouvelle charge. Comme par miracle, à l’annonce de la grossesse de son épouse, le monarque avait laissé la place au mentor, à l’homme, du moins, c’était ce que son ancien écuyer espérait, croyait voir dans cet éclat. Il le pensait sincère, et n’avait pas le moins du monde l’idée que tout cela puisse être feint. Les membres des familles royales devaient être de bons acteurs, mais un tel comportement n’avait rien de prémédité. A son humble avis, la personne en face de lui laissait tout simplement court à une joie sincère, à entendre son bonheur familial et le renouveau programmé de sa lignée. Quelque part, le jeune homme avait la certitude d’assister à un moment rare, qui ne se reproduirait pas de sitôt, peut-être jamais en sa présence. Ils étaient amenés fatalement à s’éloigner. Leurs chemins avaient longtemps été entremêlés, et fut un temps où celui qui n’était qu’un héritier ne voyait pas son existence éloignée de celle du maître de Winterfell. Le destin lui avait prouvé le contraire. Lui resterait dans le Nord, condamné à n’être qu’un souvenir dans l’esprit de quelqu’un appelé à d’autres fonctions. Quelque part, le garçon devait admettre en éprouver une certaine peine, même s’il l’estimait puérile. Après tout, il demeurait humain, et pas exempt de défauts.

Bowen avait longtemps considéré Torrhen Stark comme un père. Bien sûr, il avait toujours eu conscience de sa place, et n’avait d’ailleurs pas souvenir d’avoir un jour verbalisé son affection réellement, ou du moins, d’une manière aussi tranchée, flagrante. Le Glover avait toujours été infiniment trop timide pour cela, trop effacé, trop conscient de son infériorité en termes de rang pour oser exprimer pareille pensée, qu’il jugeait singulièrement déplacée. Il n’était pas le fils de Torrhen, et ne le serait jamais. Il n’avait, quoiqu’on ait pu penser de lui, jamais désiré prendre la place qui revenait de droit à Jon Stark. Pour autant, l’ancien souverain du Nord avait été un modèle admiré, révéré même, qui avait énormément appris à son écuyer sur la conduite des affaires du royaume ou tout simplement sur l’âme des hommes, corrigeant doucement les naïves croyances d’un garçon élevées dans des vertus chevaleresques d’un autre temps. Avec lui, l’adolescent qu’avait été le natif de Motte-la-forêt avait perdu ses illusions, et ce, pour le mieux, tout en se forgeant un haut sens du devoir et de la loyauté. Sous sa houlette, finalement, il était devenu un homme, l’homme qu’il était aujourd’hui, celui qui avait pris épouse et s’apprêtait à avoir une descendance, qui s’affirmait peu à peu comme l’une des voix qui comptait dans le royaume. Oui, Torrhen Stark avait infiniment compté dans sa vie … Et il était temps de le dire, de le proclamer par un acte fort, le dernier sans doute qui le lierait à son ancien suzerain, avant que la marche du destin ne les sépare définitivement. Une page était en train de se tourner, et il ne tenait qu’à Bowen d’en écrire la lettre finale dans la plus belle enluminure qui soit.

« Avant de continuer plus avant, et sur des terrains nettement moins personnels … J’aimerais que vous m’accordiez une faveur, Votre Majesté. »

Torrhen devait être harassé de demandes en tous genres de la sorte aussi, pour éviter toute méprise, le jeune homme explicita immédiatement son propos, afin de ne laisser planer aucune doute sur ses intentions, qui n’avaient strictement rien de mauvaises. Non, il était en vérité animé par un désir d’hommage et de fidélité personnelle, rien de plus. Comme il l’avait toujours affirmé, Bowen ne calculait pas. Il ne réfléchissait pas aux conséquences politiques de ses actions privées, du moins pas d’une façon politicienne. Il était capable d’émettre un jugement, un raisonnement pour le royaume ou son fief, au contraire même, il était raisonnablement doué pour cela. Mais les machinations de courtisans, très peu pour lui. Il n’avait jamais rien fait qui irait à l’encontre de ce trait de sa personnalité qu’était l’honnêteté, et ne comptait pas changer de sitôt.

« J’espère que vous ne jugerez pas déplacés mes propos, Votre Majesté … mais vous avez énormément compté pour moi, quand j’étais jeune. Je vous ai pris pour modèle … Et je crois que, quelque part, je vous considère comme un second père. Comme celui qui a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. Qui m’a transmis les valeurs du Nord, au même titre que le seigneur mon père, qui m’a aidé à grandir, à mûrir, à devenir un guerrier au service de notre royaume.

Et j’ai conscience que … Tout cela s’achève. S’est achevé. Vous êtes appelé à des fonctions qui me dépassent, et je sais parfaitement quelle est ma place, et ce que vous attendez de moi.

J’aimerais cependant … Que mes enfants sachent quel homme vous êtes. Quel homme vous avez été pour moi. Et pourquoi leur père est comme il est. »


Bowen inspira profondément, avant de déclarer sur un ton empreint de déférence et de solennité :

« Autorisez-moi à avoir l’honneur de nommer mon enfant Torrhen, si c’est un mâle. Ce prénom lui donnera la force du Nord … et l’amour de ceux qui ont contribué à reconstruire son foyer, son héritage.

Je ... Je ne vous cacherais pas que ... cela compte énormément pour moi. »



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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyDim 9 Juil - 22:33

Nous trinquons aux noms de sa maison, du royaume et de l’Empire. Tout est tellement vite chamboulé dernièrement, que ces mots ont à mes oreilles une résonnance assez neuve. Ils ne sont pas débarrassés de leur ancien sens mais je ne sais pas. Plus jamais le Nord ne sera le même, que je gagne ou que je perde mon pari insensé de changer Westeros. Les changements imprimés dans les paysages, dans notre culture et dans nos âmes étaient trop profonds, j’en étais persuadé, pour que le Nord redevienne un jour ce pays froid et isolé, inquiet du monde extérieur, qui ne connaît que la voix des armes. J’étais à peu près sûr que je parviendrais à faire évoluer les consciences, de faire de mon peuple rugueux un peuple plus que jamais tourné vers son avenir. Ne pas se contenter de survivre, mais vivre pleinement. Se développer. Se renforcer. L’extérieur n’est pas uniquement source de dangers, contrairement à ce qu’on apprend à tous les petits nordiens. D’accord, nous étions ravagés par la guerre éternelle contre l’au-delà du Mur, nous étions raidés et pillés depuis les mers par les pirates, par les fer-nés. Menacés sans cesse par le sud. Mais qu’importe. Nous avions trouvé la force dans ces épreuves, la force de nous émanciper de ces malheurs et de conquérir notre destin. C’était cela, que j’étais venu accomplir dans le Conflans. Bouleverser l’équilibre des choses, surmonter la fatalité. Je pensais que mieux que beaucoup, Bowen Glover serait capable de comprendre cela.


Bowen avait été en partie été élevé par mon entourage et moi-même, alors qu’il fut mon écuyer pendant une longue période. Son caractère était celui de son père au même âge, mais il avait été modelé en partie par son entourage, par sa proximité avec les gens de ma suite. Par Conrad, sans doute, même s’ils étaient tous deux opposés en de nombreux points. Par mon propre fils avec qui il avait grandi. Avec quantité de soldats et d’officiers de mes escortes. Fatalement il avait appris à mon contact. Peut-être plus que mon propre fils, car il avait été présent à tous les instants, bons comme terribles. Il avait connu la « guerre », en tout cas la petite que nous menions aux pillards pendant ses jeunes années, la précédente vraie guerre, il ne devait pas en avoir gardé tant de souvenirs tant il était jeune à l’époque. Je m’attendais donc à ce qu’il surmonte la vieille fierté et indépendance nordienne, qu’il comprenne les nécessités politiques de tous ces chamboulements, qu’il comprenne les tenants et les aboutissants de ma stratégie. Et voilà qu’il me demande une faveur ? Bref signe de tête en guise d’acquiescement. Je l’écoute attentivement, je n’avais pas vraiment l’habitude de requêtes de sa part, même s’il en avait effectivement à nos dernières rencontres. Il me fait alors part de ses sentiments à mon encontre. C’était l’explication de sa demande. Je fronçais les sourcils, un peu surpris. Dans le Nord, on ne parle pas facilement de sentiments, même ne privé. Il hésite, bute un peu sur ses phrases. Je lui offre un sourire éclatant, alors qu’il se fait plein de morgue.



| Ce serait un honneur pour moi, Bowen. Je suis touché par votre demande, et y accède volontiers. Encore que le nom et l’héritage de ce nom ne sont pas faciles à porter, croyez-moi. Vous aussi, vous comptez, mon garçon. Vous avez été le meilleur aide de camp que j’ai jamais eu. Un gamin curieux et courageux, droit et sincère, comme le Nord en manque tant. Je vous ai appris ce que j’ai pu, je sais que votre père a fait tout ce qu’il a pu également, et voici ce que vous êtes devenus, grâce à nous certes, mais surtout grâce à vous-même. Un jeune homme plein d’intelligence, de bon sens, de bonne volonté. Et courageux. Votre maison sera glorifiée de votre nom, vous pouvez me croire sur parole. En plus de vingt ans de guerre et de règne, j’ai appris à jauger le cœur des hommes. Et vous en êtes un des meilleurs specimens. Mon fils aura beaucoup de chance de vous avoir à ses côtés, votre famille également. Serais-je égoïste que je vous demanderais de me suivre éternellement. Mais je crains, Bowen, que ma propre route ne comporte encore tant de guerres et d’intrigues que cela ne vous tiendrait que trop éloigné des vôtres. Vous êtes un nordien dans l’âme. Je ne vous demanderais pas ce sacrifice. Je l’ai fait jadis, et cela m’a tant coûté que je ne peux le demander à quiconque. Moins encore à quelqu’un que j’estime et que j’aime comme un fils. Il y aura toujours de la place pour vous et les vôtres à Winterfell, ou peu importe quelle sera ma prochaine demeure. |


Je sais, ou plutôt j’espère, que mes mots lui apporteront joie et réconfort. La pente sur laquelle nous étions engagés était ardue, et dangereuse. Peut être que je ne reverrais jamais Rhaenys, la prochaine fois que nous serons séparés. Peut-être mon fils ne reviendrait-il pas de ces assauts. Peut être le jeune Torrhen ne connaîtra jamais son père. Je n’espérais pas tout cela, mais c’était un risque que je connaissais, que j’acceptais. Une nouvelle perte, n’importe laquelle, allait me mortifier je n’en doutais pas. Mais je l’affronterais, parce que c’était mon devoir, mon devoir sacré.






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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyMer 9 Aoû - 19:35

« Je vous remercie, Votre Majesté. »

Il y avait une émotion indicible dans les mots de Bowen, un bouleversement tellement profond qu’elle l’empêchait de parler davantage, quand bien même il n’en éprouvait finalement pas le besoin. Tout était contenu dans ces paroles : sa reconnaissance, son amitié, le bonheur de s’entendre dire tout ce qu’il avait tant désiré obtenir pendant toutes ces années à suivre celui qui n’était alors que Roi du Nord, occupé à défendre son royaume, à le centraliser, à le transformer autant en une forteresse inexpugnable qu’en une machine de guerre formidable. Toute son adolescence, le jeune homme avait désespérément voulu obtenir la certitude qu’il comptait, qu’il avait compté au moins un peu dans la vie de cet homme dont il n’était ni le premier, ni le dernier écuyer. Cette place que certain dédaignaient, lui l’avait appréciée, embrassée pleinement, pour l’honneur fait à sa famille de suivre et d’apprendre auprès de leur souverain. Il en était ressorti transformé, grandi. Il avait adhéré aux désirs de modernisation du Vieux Loup, tenté d’en comprendre les mécanismes, et s’il n’avait pas le génie tactique de ceux qui entouraient ce dernier, il ne manquait pas d’une intuition sans pareille en matière de logistique, ce qui le prédisposait à épauler les rois. Peut-être que, sans le vouloir, Torrhen avait façonné l’aide idéale pour son fils. En tout cas, il lui avait beaucoup donné, et la confirmation d’avoir apporté au trentenaire un soutien l’emplissait d’une douce nostalgie d’un temps ancien et révolu, en même temps que d’une extrême résolution pour l’avenir.

Les deux êtres qui se faisaient face dans cette tente en avaient probablement conscience, mais leurs chemins étaient amenés à se séparer. Torrhen avait une nouvelle dynastie à fonder, une épouse à s’occuper, sans doute bientôt une progéniture à élever, un idéal à faire triompher au sud, tandis que Bowen avait une maison à reconstruire, un enfant et une femme à protéger, un idéal à servir au nord … Etonnamment, malgré leurs différences d’âge, les deux hommes évoluaient sur des voies parallèles, mais qui partaient en sens contraires. Et si tous deux pouvaient en éprouver une forme de tristesse, elle était vite tarie par le sentiment que leurs devoirs étaient différents. Oui, vraiment, Bowen aurait suivi son mentor jusqu’au-delà du Détroit s’il le lui avait demandé, peu importe ce que cela lui aurait coûté. Quand le roi avait appelé ses bannerets, malgré la menace, il avait quitté la Motte-la-forêt. Quand il avait su que son mariage serait immédiatement suivi d’une campagne, il n’avait pas même bronché. Le Poing du Nord était voué à se lever pour l’oriflamme au loup, et une partie de lui-même savait confusément que sa loyauté envers les Stark passerait toujours avant tout, même avant sa famille. Que plus tard, Jon lui demande d’aller aux quatre coins des Sept Couronnes porter la bonne parole, et il le ferait sans sourciller. Bien sûr, l’absence lui pèserait … Evidemment. Tout comme il avait regretté de ne pas avoir vu ses cadets grandir, sans nul doute que, plus tard, le jeune homme éprouverait de terribles remords à l’idée d’avoir laissé son épouse enceinte seule, et si les dieux en décidaient ainsi, de ne pas avoir connu ses enfants comme ils l’auraient mérité. Jeyne avait décidément bien raison : par trop d’aspects, et pas forcément pour le meilleur, Bowen Glover ressemblait désespérément à Torrhen Braenaryon, anciennement Stark.

« Vous me l’auriez demandé, je vous aurais suivi, Votre Majesté. Parce que je crois en vous, et en l’idéal que vous avez incarné pour le Nord, et que vous incarnez maintenant pour d’autres royaumes que celui qui nous a vu naître : celui d’une promesse d’un autre avenir.

Même si je serais sans doute plus heureux en servant votre fils, en l’aidant comme je le peux, comme il le désirera, je ne le nie pas. J’essayerais d’être pour lui ce que Lord Omble est pour vous. »


Torrhen connaissait bien son ancien écuyer. Bowen était un nordien, de cœur et d’âme, pétri de ses traditions et de sa culture, pas fermé au reste du monde, mais trop amoureux de sa terre pour renoncer à la servir. Pour lui, rien n’aurait jamais le charme des vallées enneigées, même dans un été doux, des élans Corbois qui s’ébattaient dans les tréfonds de leurs forêts aux profondeurs parfois encore inconnues, emplies de mystères et de contes d’autres âges, ou des embruns des côtes de Motte-la-forêt, près des petits villages comme Oyster dont les familles de pêcheurs emplissaient régulièrement le château seigneurial de l’odeur des poissons fraîchement pêchées dans la Baie des Glaces … Décidément, il était incorrigible, à se laisser gagner par les souvenirs de cette façon ! Tentant de reprendre contenance, il finit par balancer avec un sourire amusé, plaisantant clairement pour clôre une séquence riche en émotions :

« Après tout cela, il ne faudrait point que ma femme me donne une fille, voilà qui ne serait pas une récompense digne de l'honneur que vous m'accordez, ne trouvez-vous pas ? »


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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyJeu 17 Aoû - 19:07

Bowen me remercie et je sens bien que c’est important pour lui, en plus d’être flatteur pour moi. On avait déjà donné mon nom à d’autres choses. A Quart-Torrhen quand la ville fut bâtie, par exemple, sur les restes de plusieurs communautés de la région, établies là depuis fort longtemps. Je reconnaissais toutefois dans le ton de mon ancien écuyer une reconnaissance profonde, parfois proche de la dévotion. Je n’étais pas un Dieu aux yeux de ce jeune homme, pas un père non plus. J’étais autre chose. Et j’occupais toujours une place prépondérante, sinon dans sa vie, au moins dans la manifestation de son destin. Maintenant plus que jamais, le jeune Lord Glover allait devoir subir les affres d’un futur sombre qui s’étalait devant nous, sombre et violent. Il était facile dans ces moments-là de perdre la foi. Je devais continuer à gagner. A vaincre. Toujours. A tout prix. Le jour où je cesserais de remporter des victoires, tout ce que j’avais entrepris de construire risquerait de s’effondrer pour de bon. Je ne me gargarisais pas d’être indispensable à l’Empire, mais en vieux souverain je connaissais tout de même de le poids de la tête couronnée dans un édifice improbable et unique, ambitieux. Si je mourrais maintenant, si je tombais d’une manière ou d’une autre, plus personne ne nous suivrait jamais. Je devais bien faire attention à ce que j’allais faire maintenant.


J’allais aussi devoir m’entourer. J’aurais apprécié avoir Bowen à mes côtés mais je ne pouvais pas dépouiller mon fils de ses propres soutiens, ni de tout ce que le Nord comptait comme compétences en matière militaire. Encore un sujet sur lequel je devais prendre garde! L’empire allait avoir besoin de génies à son service, s’il voulait lier des royaumes aux longs différents, voire aux antagonismes marqués. Mais je ne pouvais pas tout retirer à Jon. Je devais lui laisser des divisionnaires compétents. Je lui prendrais Conrad, si le Sénéchal voulait devenir le général en chef des armées impériales. Je comptais le demander à Rhaenys, mais ce n’était pas une chose que je devais négocier à la légère ; je ne pouvais pas recruter que des nordiens à mes côtés. Je devais ratisser plus large… Si j’y arrivais. Si j’arrivais à convaincre au-delà de mon propre camp. Je regretterais Bowen, c’était une certitude. Peut-être plus tard… Quand il sera prêt à s’éloigner de Jon, du Nord, et de ses enfants à naître. Et ça ne sera pas tout de suite. Bowen me dit qu’il me suivrait, il semble croire à cet idéal que je défends aussi bien par ambition personnelle qu’ambition pour tout Westeros.



| Ne me tentez pas, Bowen, sinon vous seriez sans doute le premier Comte d’Empire. Mais je vous remercie de votre confiance, je suis ravi que vous partagiez mon sentiment. Je pense aussi que vous serez heureux en servant le Roi du Nord. Je sais que mon fils sait déjà bien s’entourer, et il est probable que Lord Omble me suive dans ma nouvelle quête. Si c’est le cas, j’imagine que Jon vous demanderait à vous de prendre le titre de Sénéchal et de chef des armées nordiennes. Je ne vous cache pas que ce serait un choix à double-tranchant. Vos compétences sont évidentes, Bowen, mais on taxera votre parcours de favoritisme et d’autres seigneurs plus âgés et plus expérimentés vous envieront. Si les choses devaient prendre cette tournure, négociez les choses avec doigté. |


Je haussais les épaules, mince sourire aux lèvres, quand Bowen évoqua la possibilité d’avoir une fille plutôt qu’un héritier.


| Pour un homme dans votre position je vous souhaite d’avoir un fils… Autrement, il y a aussi de la joie à avoir une fille. |


Comment aurais-je tenu, comment les Stark auraient tenu, sans la présence de Jeyne à Winterfell ? Elle était tellement comme sa mère… Et comme son père aussi, ce qui m’allait tout aussi bien, même si notre ressemblance entretenait parfois des tensions sur certains sujets.




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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyMer 30 Aoû - 0:31

L’ancien roi du Nord avait toujours eu la qualité de savoir récompenser ses sujets les plus loyaux. Beaucoup de suzerains avaient tendance à prendre la loyauté pour acquise et à jamais l’entretenir personnellement, pensant que leurs vassaux se contenteraient de leurs fiefs et de quelques compliments. Un tel comportement pouvait marcher un temps, mais viendrait forcément le moment où les ambitions se réveilleraient, et où les féaux voudraient voir leurs sacrifices récompensés. Il n’y avait pas pire mécontent que celui qui a cru en une personne et se trouve cruellement déçu par cette dernière … Et ce terreau forme les révoltes les plus sournoises. Il fallait promettre, flatter, montrer de l’appréciation justement, touche par touche. Bowen avait parfaitement conscience que Torrhen avait toujours joué de cela avec les Glover. Il s’était attaché leur futur seigneur en récompense d’une action d’éclat du précédent Lord, et l’avait formé à une fidélité fanatique, tout en entretenant une proximité avec lui qui ne se démentait. De même, il avait préféré participer à la reconstruction de Motte-la-forêt grâce à un cadeau de mariage commun avec celle qui était à l’époque sa fiancée, et non pas sur sa simple demande. Il mettait un sens à ses largesses, et c’était la marque des grands. Jon saurait-il mener ses hommes de la même façon ? Il le faudrait. Sinon, l’édifice patiemment bâti par son père s’effriterait peu à peu.

Pourtant, malgré toute la foi qu’il plaçait dans son lien avec l’Empereur, Bowen n’aurait jamais cru qu’il se retrouverait un jour à évoquer son ascension potentielle à de tels firmaments. Toute son existence, il avait sincèrement pensé que son destin se limiterait à Motte-la-forêt. Puis les derniers mois l’avaient forcé à voir plus grand … A imaginer plus. Lui, l’homme de l’ombre, le discret et timide, l’éternel second sans distinction rêvait d’un avenir autre. Certes, son manque criant d’ambition n’avait pas disparu, mais il avait trouvé une nouvelle motivation : sa femme, et l’enfant qu’elle portait. En un sens, son union avec Maedalyn avait réellement changé sa vie, et pour le meilleur. Pour la première fois, il avait eu conscience qu’il n’avait pas été élevé uniquement pour servir les autres, pour être à la hauteur de ce que certains attendaient de lui. Désormais, il devait subvenir aux besoins d’une famille par lui-même, et par-dessus tout, prouver à son épouse que son père avait eu raison d’accéder à sa requête et de parier sur ce jeune homme désargenté, fils d’une maisonnée décimée et qui ne demandait qu’à renaître de ses cendres. Apprendre qu’il serait bientôt père avait été l’aiguillon décisif. Longtemps, il avait agi par devoir et reconnaissance. Désormais, il le faisait par envie également, et peut-être que ce simple fait changeait tout. Il voulait offrir un avenir à son enfant, et ne pas se contenter de lui léguer un château reconstruit comme il le pourrait. Alors secrètement, lorsqu’il avait reçu le corbeau de son épouse lui annonçant la nouvelle, il s’était secrètement juré de tout faire pour que plus jamais les Glover ne souffrent de leur position de vassaux de l’ouest du royaume nordien, pour que son épouse n’ait jamais honte de sa maison d’adoption, de cesser de se rabaisser en permanence pour enfin se montrer à tous avec ses qualités et ses défauts. Désormais, le Glover n’avait plus seulement la rage de vaincre : il avait aussi une dévorante envie de réussir.

Néanmoins, son naturel pondéré n’était pas de taille à s’effacer aussi facilement, de même que sa loyauté envers sa famille. En d’autres circonstances, peut-être aurait-il pondéré davantage sa réflexion vis-à-vis d’une intégration plus directe de l’Empire. Mais une pensée envers son fief chassa bien vite cette pointe acérée de l’ambition qui perçait son cœur. En revanche, il n’osait croire à ce que Torrhen Braenaryon lui annonçait comme s’il édictait l’évidence. Sénéchal ? Lui ? En entendant ces mots, le cœur de Bowen s’était gonflé d’orgueil en même temps que d’une peur irrationnelle, les doutes le submergeant douloureusement, le ramenant à sa qualité d’éternel deuxième. Il n’avait pas la sauvagerie d’un Conrad Omble, ni son aura. Il n’était que Bowen Glover … Soit un homme qui avait combattu à seulement douze ans les fer-nés, qui avait tout sacrifié pour le Nord, y compris sa propre famille, dont personne ne pouvait remettre en cause la loyauté avérée, les qualités de gestionnaire ou encore la férocité dans la bataille. Et un gamin de vingt-et-un printemps, timide et guindé, sans ce génie stratégique qui faisait les grands hommes. Il n’était qu’un imitateur, sans talent particulier. Mais il avait cette faconde des artisans besogneux, ce sens des hommes et ce don hors-pair pour observer et comprendre. Encore fallait-il que Jon ne soit pas empêché par un vieux ressentiment. Il savait que leur relation avait considérablement évolué, pourtant, s’il devait effectuer ce choix si particulier … Ne préférerait-il pas ultimement un de ses cousins par exemple, plutôt que l’ancien homme à tout faire de son père ? En un sens, le Poing du Nord pouvait comprendre un tel dilemme. Se serait-il désigné, s’il avait été en position de choisir ? Pas sûr. Même s’il allait falloir au roi un nouvel entourage pour asseoir sa légitimité … Conscient néanmoins qu’il n’avait que trop attendu pour parler, c’est d’une voix légèrement étranglée par l’émotion qu’il parvint à éructer :

« C’est … trop d’honneur que vous me faites en parlant ainsi, Votre Majesté. »

Son visage était plus pâle que d’ordinaire, et en parfait contraste, un voile rouge vint colorer ses joues alors qu’il se rendait compte qu’il paraissait tel une pucelle choquée par les choses de l’amour. Il n’était cependant pas parvenu à contenir la foule de sentiments tous plus contradictoires qui l’assaillaient. Inspirant profondément pour tenter de se reprendre, et de se donner meilleure contenance, il continua avec un ton un brin plus assuré, où perçait pour autant une très légère mélancolie :

« Je ne peux renoncer à Motte-la-forêt … Pas après tout ce qu’il s’est passé. En d’autres circonstances … C’eut été un plaisir et un honneur que d’obtenir ce rang, Votre Majesté. Et je le pense sincèrement. Mais je gage que vos nouveaux comptes obtiendront d’autres terres, plus au sud, alors que je n’aspire qu’à reconstruire les miennes. Je l’ai juré sur la tombe de ma mère et de mes frères, devant les Anciens Dieux.

Mais si j’avais été libre de tout engagement … Enfin, à vrai dire, je ne sais pas exactement ce que vous attendez de ceux qui porteront ce titre, Votre Majesté, je peux me méprendre … »


Tout était à construire dans cet Empire, y compris la noblesse. Qui seraient-donc ces comtes ? Des hommes inféodés directement à l’Empire, sur un territoire qui ne dépendrait que de la lignée Braenaryon ? Des vassaux d’autres royaumes qui changeraient d’allégeance directe, privant éventuellement les souverains fédérés d’appuis anciens ? Tout était possible, et malgré lui, Bowen se sentait lié à cette construction qui se faisait, qu’il n’avait pas appelé de ses vœux mais qui ouvrait tant de possibilités, et pas uniquement pour les ambitieux qui ne manqueraient pas de se bousculer au portillon pour servir l’Empereur et sa dragonne d’Impératrice. Egoïstement, le Glover se disait qu’ainsi, il ne risquerait pas de combattre à nouveau sa famille riveraine … Et malgré l’éloignement, cela comptait énormément à ses yeux, suffisamment pour qu’il mette tout son cœur à soutenir une entreprise dont il n’acceptait pas nécessairement toutes les composantes, mais qu’il estimait à son avantage. Quant au Nord … A ces responsabilités.

« Si je puis me permettre une confidence … J’ai toujours pensé que mon rôle était d’être dans l’ombre. Je ne crois pas avoir caressé un jour dans ma vie l’espoir d’atteindre de telles hauteurs … Et même maintenant, une part de moi est pleinement d’accord avec vous. Je suis jeune. Je n’ai pas la faconde de certains, ni la même capacité à me mêler à la foule. Certains me trouvent guindé. Timide. Pas assez … fort.

Pour bon nombre de nordiens, je suis l’ombre des Stark. Et je ne devrais pas être plus. »


Ses yeux bleus se posèrent alors sur Torrhen, et leur pâleur habituelle avait laissé place à un feu ardent qui les emplissaient d’une sérénité nouvelle :

« Mais le Roi devra aussi cesser de n’être que votre fils et le Jeune Loup, pour se construire un autre nom, et pour devenir un prénom. Et pour cela, il devra s’entourer de ceux qui ne le voient pas uniquement comme l’héritier de celui qui fut Torrhen Stark avant d’être Braenaryon. De ceux qui ne pensent pas qu’il est trop jeune pour sa tâche. Qui ne guettent pas ses failles. Parce qu’ils sont confrontés aux mêmes défis.

Cela peut être moi, ou un de ses cousins, un autre Lord, je ne sais, et je ne saurais être fat au point de présumer de ses intentions, bien que votre confiance en ma personne me flatte assurément.

S’il fait ce choix … Je le servirais pour lui, et pas parce qu’il est votre fils. Et je crois au fond de moi que c’est une donnée importante. J’ai grandi avec lui. Je connais sa valeur, comme ses défauts, car personne n’en est dépourvu. Et je crois que nous serions complémentaires.

Charge à lui de savoir s’entourer d’un Conseil qui allie les sensibilités et sait ménager les âmes. Peut-être que d’avoir rencontré les divers Lords au cours de ma vie et d’avoir conversé avec eux sera utile à cette construction délicate. Le tout est que chacun se sente valorisé peu à peu, je crois. »


Il n’osa pas ajouter que l’appui de familles importantes comme les Cerwyn, Karstark et autres Manderly ne pourraient que l’aider, cependant, Torrhen était trop fin pour l’ignorer, et il n’avait guère envie de se vanter de sa parentèle. Mais maintenant qu’il y songeait … Peut-être qu’alors envoyer des corbeaux pourrait s’avérer judicieux.

« Je n’aurais sans doute jamais la valeur militaire de Ser Conrad Omble … Mais à défaut, je crois que j’ai toujours été meilleur pour coordonner les âmes, ménager les sensibilités … Sans doute serais-je un appui différent. C’est certain même. Pour le meilleur ou pour le pire, je ne saurais dire, et cela ne m’appartient pas. »

La politique passée, la conversation vogua sur son héritier, et un doux sourire s’épanouit sur les lèvres de Bowen quand Torrhen évoqua le bonheur d’avoir une fille. De cela, le garçon n’avait jamais douté … Peut-être parce qu’il s’était toujours très bien entendu avec les dames.

« De cela, je ne doute point. Je sais combien la naissance d’Alysanne a donné du bonheur à mes parents, surtout quand les Anciens Dieux les ont gratifiés de quatre garçons derrière … Ma mère se serait trouvée un peu seule, sans sa fille, je crois. »

Evoquer sa mère au passé demeurait une blessure douloureuse, et pourtant, la voix blanche des premiers instants avait laissé place à un doux sourire nostalgique des temps anciens. Comme pour tout, le temps faisait son œuvre, recouvrant la plaie de cet onguent appelé mélancolie.

« J’aimerais assurer ma lignée avec un garçon … Mais je crois que j’ai toujours espéré avoir une fille, parmi mes enfants. Sinon, Motte-la-forêt manquera par trop de douceur. J’ai vu le résultat avec quatre petits mâles. »

Perspicace, il ajouta, ayant depuis longtemps appris à interpréter les non-dits du Vieux Loup :

« Et Winterfell n’aurait pas été la même votre fille, je crois. »



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MessageSujet: Re: Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé]   Le passé et l'avenir [Tour IV - Terminé] EmptyMar 12 Sep - 19:10

La vie avait été plus simple à Winterfell, même si je me retrouvais souvent sur les routes. Il y avait un calme certain dans la capitale du Nord, dans la demeure des Stark. Ces conduites d’eau thermale, sortant chaude des sources thermales sous le château, embaumaient l’air d’une forte humidité et d’une tiédeur entêtante, surtout les nuits d’hiver les plus rudes où le chaud combattait à chaque instant contre le froid. Les affaires y étaient plus calmes. Sauf l’hiver, paradoxalement, car le peuple de la ville, pour beaucoup constitué d’artisans, de chasseurs, de pêcheurs et mineurs, rejoignait les exploitations dans la région l’été durant et tout ce petit monde s’amassait au solstice dans la ville basse de la ville. Ma ville me manquait. Enfin, ce qui avait été ma ville. Maintenant ce serait celle de Jon. Je n’y serais plus vraiment chez moi. Je pouvais encore m’y rendre, sans doute. L’empereur devait être chez lui dans chaque ville et village de ses domaines. Mais ce ne serait plus chez moi ; ce serait chez lui. Je n’avais jamais anticipé cela, auparavant. Le fait de me déposséder moi-même de tout ce que j’avais toujours, depuis ma plus tendre enfance, considéré comme acquis. Je devais me trouver une nouvelle maison, maintenant que j’avais changé de nom. Je me demandais comment je ferais pour m’adapter, désormais, à une vie sans doute plus sudienne. Difficilement, sans doute. Rhaenys avait jadis vécu d’amour et d’eau fraîche, entourée et protégée par ce cocon familial qui assurait protection à tout l’environnement de Peyredragon.


Peut-être la Néra ? Les premières discussions avaient abondé dans ce sens. Le Nord et le Conflans ne voulaient pas forcément concéder un de leurs propres territoires pour l’attribuer à la maison Braenaryon, ce que je pouvais comprendre. Nous avions par ailleurs pris beaucoup de terres à l’ennemi, et il y avait beaucoup de légitimité à y placer une future maison. Je me rendais compte qu’il y avait beaucoup de villes potentielles, mais il faudrait alors plutôt piocher parmi les vaincus. Salins avait ma préférence ; la base était solide, à proximité maritime ou terrestre des premiers royaumes fédérés. Je ne voulais pas d’Harrenhal, je ne voulais pas de la maison maudite de mon ennemi ; comment pourrais-je y vivre, apprécier y dormir, quand cet homme honni y avait guidé et concentré ses efforts pour mettre à bas tout ce que je construisais ? En plus de ça, il y avait le poids des ressentiments. Bref. Je devais me tourner vers l’avenir, mais pour ce faire j’aurais le plus grand mal du monde à le faire sans d’abord m’attaquer aux problèmes immédiats. Bowen Glover lui, est flatté de mes mots. Je suis content de faire plaisir ; c’est une satisfaction rare pour un souverain que de savoir avec certitude que l’on vous suit avant tout par choix et non par loyauté dûe à votre rang, à ce que vous représentez d’un point de vue symbolique. L’homme pique un fard même et je pars d’un grand rire rocailleux en lui donnant une tape sur l’épaule.



| C’est l’honneur qui vous fait rougir comme une pucelle ? Gardez contenance Lord Glover. La suite sera tout aussi ardue que le début. Bon, soit, vous refusez. Je ne compte pas délocaliser mes seigneurs, pas ceux qui ne le souhaiteraient pas. | Je soupire, soudain fatigué | Il y a beaucoup de problèmes à tout organiser. Frontières. Lois régaliennes, lois impériales, Collège et autonomie. C’est un défi de composer avec tout cela, je n’étais pas fait pour être diplomate ou gestionnaire ; je suis un soldat et un logisticien. Mais j’apprends. Mon Impératrice apprend. Il reste une quantité gigantesque de détails à régler, mais nous en viendrons un bout. Un problème, une solution. Je respecte quoiqu’il en soit votre décision. Votre épouse n’aimerait sans doute pas que vous passiez vos temps à sillonner les cours fédérées. Profitez de votre jeunesse ; nous pourrons toujours en parler plus tard si l’occasion se représentait. |


Bowen continue sur sa lancée et m’explique quelle place il pensait occuper, ce à quoi il aurait d’ailleurs aspiré volontiers une très large partie de sa vie. Je hochais la tête. Je comprenais ce qu’il voulait dire. J’étais adepte et je comprenais les ordres sociaux assez stricts ; je ne pouvais en aucun cas tolérer le désordre, la dépense d’énergie et de ressources qui pourraient être mieux employées ailleurs. Ce qui était certain, c’était qu’un monde qui se reconstruisait rapidement avait quantité de postes à pourvoir, de tous les genres et dans tous les pays. Il suffisait encore d’avoir le choix et la liberté de les saisir. Il me parle de Jon ; je comprends que sa loyauté est plus dirigée et orientée envers les Stark qu’envers une personne unique, c’est-à-dire moi-même. Je ne pouvais pas me targuer de soulever les foules par la loyauté et l’amour, pas directement en tout cas. J’avais mes irréductibles soutiens, mais je ne faisais pas toujours vibrer comme on le disait d’autres souverains sudiens. Je faisais avec ce que j’avaiscomme toujours. Il veut aider Jon, donc. Un Stark, à Winterfell. C’est sans doute plus commode pour lui et la famille qu’il est en train de bâtir, sans doute plus confortable aussi pour ces mêmes raisons. Je hochais la tête, j’avais bien formé Bowen. Et fondamentalement, je n’avais pas besoin de lui si j’avais Conrad, si j’avais d’autres volontaires. J’aurais préféré construire tout ceci en sa compagnie, mais je ne pouvais pas du tout anticiper la suite des événements et c’était sans doute plus simple à tous points de vue qu’il rejoigne l’équipe d’état-major de Jon.


| Je comprends vos raisons. Elles sont bonnes, sans nul doute. On oubliera vite je pense, que j’ai été un Stark, mon fils sera si tôt plongé dans la guerre et dans la gloire qu’on ne retiendra de moi que la fondation de l’Empire, et lui sera le premier Roi du Nord qui soit fédéré, il y aura foule de défis internes et externes à relever à ses côtés. Son entourage n’en sera ni moins important ni moins célèbre, vous pouvez me croire. Tous ceux qui participeront à cet édifice commun, novateur et unique dans notre histoire, auront une bonne part de la légende. Il aura de la chance de vous avoir, quoiqu’il en soit. |


Je lui tends la main, lui offrant pour la serre comme des guerriers, fébrile et ténu terrain d’égalité entre nous. Quant au reste, il me parle de son désir d’avoir une fille mais aussi un fils et donc un héritier. Je comprends ces deux désirs ; je me rappelais de la naissance de Jeyne. Jeyne qui s’éloignait plus que jamais. A cause de mon éducation, qui la tournait naturellement vers sa nouvelle famille plutôt que celle de sa naissance, à cause de mes absences, à cause de son propre caractère. Je devais assumer cela, aussi. Le fardeau de mes erreurs devenait plus lourd à chacun de mes pas, chemin que je nourrissais régulièrement de libations de sang pour oublier à quel point il était devenu difficile et douloureux.


| C’est vrai. Encore que dire adieu à ma fille fut plus douloureux qu’envoyer mes propres fils exécuter leurs devoirs. Celui de Jeyne implique trop d’éloignement, à tous points de vue. Choisissez un mariage plus proche de vous, si vous devez avoir une fille. |





Je me masse l’arête du nez et reporte ensuite mon regard sur le jeune homme.


| Bien. Vous devriez rejoindre votre commandement, Lord Glover. Vos Hommes vous attendent et votre mission n’attend plus que vous. Je gage que nous nous reverrons, et que le lustre de votre blason sera un peu plus brillant encore d’ici là. Bonne route. |


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Let it be War


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Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.



Torrhen Braenaryon
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