Per ardua ad astra [Ft Jeyne, Jon, Walton & Isla]

Per ardua ad astra

An 2, mois 8, semaine 4

« An eye for an eye will only make the whole world blind. »

Nerveux, le souverain devait l’être. Il l’était. Pourtant son cœur ne battait pas au rythme de la pulsion de l’angoisse. Les palpitations qu’il ressentait étaient de tout autre nature. Le destin sera fait, ou défait, dans les heures à venir. Il n’y avait désormais plus de dérobade envisageable et le Lannister ne le souhaitait aucunement. Plutôt que de se laisser à la crainte de tout perdre, le lion se laissait porter à l’espérance qu’en agissant ainsi, il sauverait son amour. Qu'importait le prix finalement, tout ce qui comptait, c’était de rendre fière Jeyne, sa sœur Megara, ses enfants, ses neveux et nièces. Et peut-être songeait-il sottement, sa mère et feu Loren. Dès lors que son regard se portait sur sa femme, tous ses doutes et ses inquiétudes étaient balayés dans un néant terrifiant. Le plus puissant de tous. Elle était son ancre, son phare, son repère. Et pour éteindre ses peines, l’homme était prêt à sacrifier son hubris, le plus odieux présent offert par les Sept au genre masculin.

Par amour pour les siens, Lyman était revenu sur son opinion de l’Empire, ses rancœurs, ses préjugés.

Un acte d’un saint ? Certainement pas. C’est lui qui avait poussé l’Ouest dans les bras des Puissances Centrales. C’est lui qui avait déclaré la guerre aux Braenaryon et à leurs alliés. Et c’est lui désormais qui se retrouvait vecteur des ambitions de paix de sa femme.

Un acte altruiste ? Absolument pas. C’était sa famille qu’il faisait passer avant le bien du royaume. L’entité impériale lui paraissait toujours méphitique.

Un acte de passion ? Probablement.

La calèche s’arrête finalement au abord du palais de Pierremoutiers. L’air était humide. Le souverain descendit en premier, tendant sa main pour attraper celle de sa femme et l’aider à descendre. Ses lèvres murmurèrent un bref « Nous y sommes. » Son fin sourire cachait une certain dépitement qu’il espérait dissimuler. Sa tête se tourna vers les bannières du Loup et du Lion, portaient par ses propres hommes. Tout un symbole qui le fit soupirer. Son étreinte sur la main de sa moitié se renforça. Plus que jamais il avait besoin d’elle, et de son courage. La Lannister-Stark avait supporté plusieurs lunes de conflits internes entre ses devoirs de fille et de femme. Lui n’aurait pas été capable d’une pareille prouesse. Alors, malgré toutes ses appréhensions, le jeu en valait la chandelle.

Pas à pas, suivis de quelques-uns des plus fidèles gardes royaux, le couple avançait dans la cour du palais qui fourmillait de soldats. Les feuilles automnales volaient au gré des brises de vent offrant à l’atmosphère un air presque bucolique. Le passé ne tarderait pas à ressurgir.

« Si je deviens trop virulent, n’hésite pas à m’écraser le pied. » lui marmonna-t-il sur un ton léger, presque amusé alors qu’ils pénétrèrent dans le bâtiment seigneurial.

Sans surprise aucune, le lieu était placé sous étroite surveillance ce qui n’était pas des plus rassurants. Toutefois, le moindre incident pouvait provoquer de graves conséquences.

Le couple finit par pénétrer dans la salle où attendait Jon Stark et Walton Stark, côte à côte, ainsi qu'une jeune femme blonde au regard perçant. Son nom avait été soufflé par un garde, Chelsted, une îlienne de Peyredragon. Une parfaite inconnue qui venait casser une réunion de famille bien dysfonctionnelle. S’ils savaient.

La main du lion lâcha celle de sa femme. Ce moment n’était plus le sien, mais celui des retrouvailles entre Jeyne, Jon et Walton, Walton, Jon et Jeyne. Une soeur et des frères, des frères et une soeur. De cela, il ne pouvait pas priver sa femme. Les premières paroles ne devaient pas être politiques, elles le seraient suffisamment très prochainement. Alors, autant s’offrir un dernier répit.

« Roi du Nord fédéré Jon Stark, Prince du Nord Walton Stark, Dame Chelsted, c’est un honneur que de vous rencontrez en ces circonstances. » Celle d’une guerre qui n’aurait jamais pu avoir lieu si le roi libre n’en avait pas eu le désir. Une paix qui désormais devait se construire avec des sacrifices.

Le champ de guerre, que Lyman n’avait jamais réellement connu, laisserait place à celui des mots, qui pouvaient être tout aussi durs. Des destins contrariés pour la plupart, qui auraient espéré se trouver ailleurs, ou du moins se retrouver en de meilleures circonstances.

Le Nord, l’Ouest et l’Empire, rassemblés dans une même pièce. La partie de Cyvosse pouvait débuter.

(c) DΛNDELION

Le sommeil l'avait encore fui au cours de la dernière nuit passée. Il savait que les Lannister avaient passé la frontière, il savait que bientôt ils seraient à Pierremoutiers. Ils seraient bientôt à aux portes de cette ville, au croisement du Bief, du Conflans, de l'Ouest. Le Jeune Loup était particulièrement conscient de l'enjeu, ou plutôt des enjeux qui allaient se jouer pendant cette rencontre, il aurait fallu être naïf ou totalement éloigné du monde pour ne pas prendre en compte toutes les conséquences qu'une telle entrevue pouvaient engendrer, sans parler que plusieurs factions au sein de Westeros étaient concernées, et cela venait à dire de nombreuses vies. Lui qui n'avait jamais véritablement su s'exprimer auprès des autres, gardant un visage fermé, d'une neutralité parfois glaçante devant la foule, ne voulant pas montrer son caractère, les forces et les faiblesses qui allaient avec, pour tenter de se protéger comme il le pouvait. Il avait toujours préféré être un observateur, bien qu'une fois sur le champ des combats, il devenait un féroce chef pour motiver ses troupes, n'hésitant jamais à être en première ligne pour les accompagner dans chacune des batailles qu'il avait pu mener. En privé, cela était autre chose, il avait un caractère explosif, mais aussi une tendresse qu'il ne montrait qu'à de rares personnes. Cette dernière partie s'était véritablement réveillée depuis que la vie lui avait offert sa petite Sigyn, depuis qu'elle avait poussé son premier cri, depuis qu'il avait pu la tenir dans ses bras. Elle avait éveillé quelque chose en lui, ou plutôt réanimé une part de lui-même qu'il pensait avoir perdu à jamais quand sa mère avait poussé son dernier souffle de vie. Et il avait compris, il avait immédiatement su qu'elle était son avenir, et qu'avant toute chose, bien avant même d'être Roi, il voulait être père, il voulait être un mari, il voulait avoir sa famille et constituer un foyer chaleureux qui lui avait si cruellement manqué dans sa propre enfance. C'était pour elle, pour Eléanor, et pour son petit garçon qui venait de naître qu'il faisait cela. Pour Jeyne aussi, pour cette sœur qu'il aimait du plus profond de son cœur et qu'il avait cru perdu à jamais. Il avait été si lasse du poids de cette couronne qui pesait pourtant depuis si peu de temps sur sa tête. Mais son poids était immense, et à bien des égards, il avait l'impression d'avoir les pieds et les mains liés sans pouvoir y échapper. Alors oui, sa rancune envers Lyman Lannister était grande, et sans doute le mot employé n'était pas assez fort pour dire ce qu'il ressentait à son égard, mais s'il était prêt à faire un pas vers lui, il était prêt à lui rendre la pareille et se changer en diplomate pour le bien de tous.

Jon avait été le premier à rejoindre la salle qu'il avait choisi pour cette rencontre à haut risque. La Garde Loup avait été mise à contribution pour pouvoir assurer la sécurité de chacun, ainsi que la sécurisation des lieux les plus sensibles. Il n'était pas question un instant qu'ils viennent à subir un attentat dans de telles conditions. Le Roi du Nord n'avait pas oublié que Pierremoutiers était encore une ville ennemie quelques semaines auparavant, pas plus qu'il avait oublié la tentative d'empoisonnement des membres de l'Empire à son propre mariage. Il n'était pas encore devenu paranoïaque, mais si quoique ce soit arrivait ici, les répercussions seraient catastrophiques. Il avait été rejoins par son frère, qui lui avait demandé d'être présent pour ce rendez-vous. L'aîné des Stark avait été heureux d'une telle demande, bien qu'il ne savait s'il était question de participer et de se former au rôle qui était le sien, ou si cela était pour profiter de la présence de Jeyne. Sans doute un peu des deux. Il y avait aussi Lady Isla Chelsted, représentante officielle de l'Empire. Jon n'avait pas eu l'occasion de la rencontrer auparavant, ou alors si cela avait été le cas, ils n'avaient pas pris le temps de discuter. Il fallait dire que ses passages à Fort-Darion étaient toujours très courts, entre deux fronts, entre deux campagnes militaires, il n'avait guère le temps de s'éterniser alors que ses hommes venaient à mourir face à l'ennemi. Ils avaient eu l'occasion de parler un peu des exigences paternelles, impériales, ce n'était jamais évident de voir les limites de l'un et de l'autre, et l'étau semblait se resserrer de plus en plus. En attendant, c'était aussi bien pour l'Empire que pour les Stark qu'il faudrait se battre aujourd'hui. On vint les prévenir qu'ils arrivaient, Jon resserra ses poings dans son dos, alors que l'appréhension et la tension grandissaient. Et enfin, ils vinrent à franchir la porte devant eux. Le Roi du Nord regarda Jeyne un long moment puis Lyman qui vint à parler le premier. Le Roi du Nord s'approcha alors. « Vos Majestés, c'est un honneur de vous recevoir à Pierremoutiers. Je sais que les conditions pour venir jusqu'ici n'étaient pas les meilleures, mais je vous remercie d'avoir accepté de faire l'un comme l'autre, le déplacement pour rejoindre la cité. Votre présence à tous les deux est un gage de votre implication dans les pourparlers dont nous avons pu commencer l'échange par missive et je ne peux que prier les Anciens Dieux d'une issue favorable pour tous à cette réunion au sommet. » Il inclina légèrement la tête devant eux. « Néanmoins, si vous le permettez un instant, je vais laisser l'étiquette royale derrière moi, la bienséance qu'on exige entre souverains, pour voler quelques secondes purement de fraternité. » Il vint à combler les derniers mètres qui le séparaient de Jeyne et il vint à la serrer dans se bras, venant à poser un baiser sur son front comme il le faisait quand elle était enfant. « Tu m'as tellement manqué. » Lui murmura-t-il à l'oreille.

jon stark

le devoir est une série d'acceptations.

Per ardua ad astra [Ft Jeyne, Jon, Walton & Isla] HtKQo2R

Per ardua ad astra

Lyman & Jon & Walton & Isla & Jeyne

Let me tell you something about wolves, child. When the snows fall and the white winds blow, the lone wolf dies, but the pack survives

Le ciel est bas et le froid déjà là. Pierremoutier n'a sans doute jamais eu l'air aussi grave, qu'elle se dit en apercevant le petit fort en contrebas. Jeyne n'a pas décroché un mot depuis un moment, le ventre noué par la hâte et l'inquiétude. Revoir Jon et Walton était inespéré il y a quelques mois encore, alors que son mariage était proche du point de non-retour. Alors que la guerre battait encore son plein et que les têtes pensantes de ce royaume réfléchissaient déjà aux prochains mouvements. Un basculement inattendu mais bienvenu de la situation, dont elle s'est promis de profiter. Pourtant, sur les derniers mètres qui la séparent de la meute, c'est l'angoisse qui la paralyse. Les questions s'enchainent dans sa tête fatiguée et tournent toutes autour de la même crainte.

Et s'ils la détestaient ?

Et si le sang versé avait définitivement brisé leur lien, celui pourtant si solide qu'ils ont créé à Winterfell ? Et si en arrivant, elle ne voyait que de la haine au fond de leurs prunelles ? Cette peur, elle devra bien l'affronter. Elle n'a pas le choix que de faire face aux agissements de sa belle-famille, de son nom. Elle n'est plus Jeyne Stark et il est grand temps qu'elle se comporte en reine Lannister. Et les reines, il parait, n'ont pas peur.

Elle, elle est terrifiée.

Alors elle essaie de puiser un peu de force dans la présence de Lyman à ses côtés, garde son épaule en contact avec la sienne avant qu'ils ne descendent, ne lâche pas sa main lorsqu'ils sont dehors. Et elle essaie de garder la tête droite, et haute. Elle essaie de pas avoir l'air trop effrayée, trop désolée. Elle essaie d'être courageuse, pour une fois. Un roc sur lequel il est possible d'abattre toute sa colère sans qu'il ne se brise, en somme.

- Oui, il faut croire.

La brune déglutit, ravale toute son appréhension et jette un coup d’œil derrière elle. Alys s'échappe à son tour de la calèche dans laquelle elle a fait le voyage. Jeyne s'arrête puis avance vers la jeune femme, la prend dans ses bras et demande à ce qu'elle soit bien installée dans ce fort. Elle lui promet qu'elles se retrouveront bientôt, qu'elle lui racontera tout à ce moment-là. La Lannister délaisse ensuite son amie pour retrouver Lyman et raccroche sa main à la sienne, la pressant légèrement pour lui faire signe que ça ira. Le couple se met en marche, entourés de leur garde, Lyman lui souffle alors qu'il ne faudra pas hésiter à le molester en cas de besoin. Et Jeyne, dans tous ses tourments, ose en rire.

- Essaie de ne pas déclarer de nouvelles guerres trop vite et tout ira bien.

Elle sait qu'il fera preuve de bonne volonté, c'est pour cette raison qu'elle se permet l'humour plutôt qu'une de ses graves et maternantes remontrances. Elle sait qu'il est ici pour elle, et qu'il fait cet effort sérieusement. Alors elle se permet, pour la première fois depuis longtemps, de penser que les choses peuvent se finir bien. C'est sur cet état d'esprit que les portes s'ouvrent, les laissant entrer dans une pièce où se tiennent le roi du Nord, le prince du Nord et Isla Chelsted. Ses frères. L'envoyée impériale. Son cœur manque un battement, elle entend à peine les mots qui sont prononcés par Lyman et se rend compte qu'il a lâché sa main. Elle s'incline, machinalement. Ses yeux cherchent ensuite ceux de Jon, ceux de Walton, et se retient d'aller les serrer dans ses bras. Elle reste immobile, figée. Dans l'attente du moindre signe d'hostilité. Dans l'attente, définitivement. Et puis c'est Jon qui s'avance, il a l'aplomb et la force d'un roi désormais. Elle ne peut pas s'empêcher d'en être fière, mais garde la tête baissée.

Elle ne s'attendait pas à ce qu'il laisse tomber toutes les convenances pour elle, pas après tout ce temps. Pas après ce qu'elle a laissé faire. Mais il le fait et lorsqu'il l'étreint, toute la tension qui s'était invitée dans ses muscles s'échappe. Elle étouffe un sanglot et le prend dans ses bras, serre plus fort qu'elle n'a jamais serré quelqu'un.

- Tu m'as tellement manqué aussi.

Elle ose finalement le regarder dans les yeux et n'y voit rien de ce qu'elle craignait. C'est ce qui achève de faire fondre le poids qui lui écrasait le cœur et lui permet de sourire sincèrement. Elle le serre brièvement contre elle une dernière fois, rien que pour s'assurer de la réalité de ce moment, et se tourne vers Walton. La salle ne ressemble plus en rien à ce qu'elle est, le froid théâtre de leurs pourparlers. C'est une pièce de Winterfell, il y a deux ans. Et ils sont à la maison. Jeyne avance donc vers le jeune homme que son petit frère est devenu et l'attire vers elle.

- Et toi aussi tu m'as manqué.

Ses mains encadrent son visage, ébouriffe ses cheveux. Elle évite de lui dire qu'il a grandi, qu'il ressemble presque à un homme désormais. Elle sait que ça l'énerverait. Mais elle, ça la ferait rire. Le sourire toujours aux lèvres, Jeyne salue également Isla Chelsted d'un signe de tête.

- Enchantée de vous rencontrer Lady Chelsted.

Elle revient ensuite aux côtés de Lyman, des couleurs plus vives sur les joues, un regard moins terne. Elle est heureuse, pour la première fois depuis longtemps. Et n'a plus aucune envie de parler de politique.

Codage par Magma.

« Her aura was a warm chaos »

Love is the bane of honor, the death of duty. What is honor compared to a woman's love? What is duty against the feel of a newborn son in your arms... or the memory of a brother's smile? Wind and words. Wind and words. We are only human, and the gods have fashioned us for love. That is our great glory, and our great tragedy

Super cadeau de Lin, merci à elle:

Jeyne élue cutie de l'année:

Per ardua ad Astra

Nord Fédéré & Terres de l'Ouest & Empire

Après de longues journées de chevauchée à travers divers royaumes, Isla était enfin arrivée à Pierremoutier. Il avait plu, à son arrivée en fin de journée. Ignorant le harassement des derniers jours, elle s'était rendue auprès de Jon Stark, roi du Nord, pour se présenter face à face après les lettres qu'ils avaient échangé. Elle apprit que les négociations auraient lieu le lendemain, et après quelques minutes de discussion afin de partager leurs attentes et besoins, elle prit congé pour aller se reposer. La peyredragonienne alla trouver Aymeric pour lui indiquer ce qu'elle avait appris sur la tenue des négociations et l'arrivée des parties prenantes puis le remercia de son accompagnement.

« Si vous souhaitez prier vos Anciens Dieux, faites-le pour l'Empire, demain. » lui lança-t-elle tandis qu'il prenait possession avec le reste de ses hommes de ses quartiers.

Une certaine reconnaissance émanait de la jeune femme envers ce nordien bourru. Sans lui, elle n'aurait certainement pas réussi à venir jusqu'ici. Elle parvenait à peine à vraiment le réaliser. Leur voyage n'était pas terminé. Pierremoutier n'était que la première étape avant le château Lothston. Lorsqu'elle se coucha, elle mit du temps à trouver le sommeil. Beaucoup de choses se dérouleraient le lendemain. Des enjeux personnels et impériaux. Elle devait être à la hauteur, elle n'avait de toute façon pas le choix.

Apprêtée sans extravagance mais avec la classe des couleurs impériales dues à son rang, elle rejoignit le roi Jon et son jeune frère Walton, qu'elle n'avait pas vu la veille lors de son entrevue. Elle les salua avec déférence, s'inclinant respectueusement. C'était la première fois qu'elle les voyait véritablement, à la lumière du jour. Jon avait les traits d'un homme déjà marqué par les épreuves et ce qui l'attendait. Walton paraissait plus jeune, moins expérimenté. Elle ne connaissait pas réellement le type de lien qui les unissait tous les deux et se demandait s'il était semblable à celui qu'elle entretenait elle-même avec sa petite sœur : un instant complices, le suivant à se chercher des noises. S'il était là en tout cas, c'était qu'il prenait à cœur l'avenir de son pays.

On annonça qu'ils arrivaient et Isla sentit l'atmosphère se raidir brusquement. Aux côtés des deux Stark, larges de carrure et grands, elle se sentait minuscule. Alors elle relevait la tête, gardant le menton haut et fier, prête à jouer son rôle. Ils entrèrent, escortés par quelques gardes. Si jeunes. Si beaux. Reine et roi, dont les pas étaient guidés par la dignité et le courage. Il en fallait bien, pour venir jusqu'ici accepter des négociations. Lyman salua tout le monde, Jon compléta. Isla l'observa ensuite s'avancer vers sa sœur Jeyne et la prendre délicatement dans ses bras. Elle sentit l'émotion l'étreindre, même à distance, et déglutit. Et un léger sourire pris place sur ses lèvres lorsqu'elle vit Jeyne faire preuve de tendresse envers son jeune frère, voyant son visage s'illuminer à ce simple toucher.

Jeunes, ils étaient tous si jeunes. Séparés par les circonstances et la guerre, la politique et le mariage. Chacun d'un côté du rideau alors qu'ils ne souhaitaient sans doute rien d'autre que de passer le restant de leur vie en famille. Comme à chaque fois, ces moments avaient quelque chose d'intemporel et de solennel, et elle se sentait chanceuse de pouvoir y assister. Isla se souvenait des précédentes négociations auxquelles elle avait participé, pour soumettre le Val. Rien n'avait été facile à l'époque, et même s'il en était sorti de grandes choses, elle se souvenait très clairement de la sensation de fierté mêlée à la panique qu'elle avait ressentie sous cette tente. C'était dans ces moments-là qu'on distinguait les meilleurs souverains, elle en était persuadée. Ce n'était pas au nombre de coups d'épée, de victoires tactiques. Cela comptait, oui. Mais c'était dans l'adversité et la confrontation qu'on pouvait réellement voir de quel bois étaient faits les dirigeants. Et à la capacité à faire ce qu'il y avait de mieux pour son peuple, en dépit de tout égo ou de toute fierté mal placée. Isla se souvenait de Ronnel qui avait su rester droit et fier malgré les défaites subies. Elle se souvenait du reste des conseillers, respectueux de la volonté de leur roi, mais prudents quant à la résolution du conflit. Et elle se souvenait surtout de Torrhen, inébranlable dans ses convictions mais flexible sur les choses sur lesquelles il pouvait lâcher du lest. A l'époque, Torrhen était à ses côtés. Ici, il n'était pas là. Elle était seule, à devoir défendre l'Empire et sa Maison Impériale. Cela avait de quoi lui flanquer un vertige qui n'avait rien à voir avec ses nausées. Il n'en restait pas moins qu'elle était déterminée.

D'un signe de tête, elle remercia Lyman et s'inclina avec respect. Une fois redressée, elle jeta un œil à la reine Jeyne qui l'avait saluée, dont la peau si blanche contrastait avec la noirceur de ses cheveux puis à ses frères Jon et Walton, qui partageaient sans doute en plus de leur nom cette chevelure de jais.

« Vos Majestés, c'est un honneur pour moi de vous rencontrer. »

Elle se stoppa pour prendre une inspiration et décida de s'adresser à la jeune femme qui lui faisait face, les autres gens semblant déjà être au courant de son implication :

« Je suis ici aujourd'hui sous mandat de l'Empereur Braenaryon afin de superviser ces discussions. Je rejoins le roi Jon : votre présence en ces lieux est de bon augure et j'espère que nous saurons capitaliser sur cet élan afin de conduire ces échanges déterminants pour notre avenir à tous. »

Cela ne faisait pas de mal de le rappeler. Clarifier son rôle serait aussi important. La conseillère sentait néanmoins poindre en elle une once de tristesse en pensant à Torrhen. Nul doute qu'il aurait adoré retrouver ses enfants, même pour un temps si court. Il lui avait souvent dit qu'ils lui manquaient et qu'il s'en voulait de ne pas avoir pu plus souvent les serrer dans ses bras. Et dans cette pièce, la figure paternelle Stark manquait cruellement. Walton, Jon et Jeyne étaient liés par le sang et le représentaient, d'une certaine façon. Isla et Lyman étaient finalement les deux pièces rapportées dans cet ensemble qu'ils tâtonnaient petit à petit à découvrir. Pour autant, le secret qui grandissait en elle l'inclinait à une sorte de complicité inavouée et maladroitement assumée avec ces gens qu'elle ne connaissait pas vraiment.

Isla reprit, regardant d'abord Lyman :

« Permettez-moi également de vous adresser mes sincères félicitations pour la naissance de votre fille, Joy. J'espère que le voyage ne vous a pas trop éprouvée. » finit-elle en laissant son regard couler sur Jeyne.

Dans tous les cas, rafraîchissements et sièges étaient dispersés autour de la table à côté d'eux sur laquelle traînaient une carte, des parchemins et de l'encre. Isla trouvait la jeune Reine bien courageuse en tout cas de se lancer dans une telle initiative juste après avoir donné naissance à un enfant. Cela forçait le respect, et l'admiration même si ces deux choses lui étaient déjà toutes acquises. Il émanait d'elle une sorte d'aura rassurante. Elles étaient également les deux seules femmes dans la pièce ce qui poussait la jeune Chelsted à la voir comme une alliée.

(c) a m i t y

dark have been my dreams of late

Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

hēnkirī:

Le grand jour est enfin arrivé. Aujourd’hui, la meute allait être réunie, enfin. Après deux années qui m’ont semblé en durer des milliers, nous allons enfin retrouver Jeyne. Dès que j’ai su que des pourparlers allaient être entamés avec l’Ouest, j’avais demandé à Jon la possibilité d’y participer, avec la crainte à peine dissimulée qu’il refuse, de peur que je sois trop dans l’émotion pour raisonner correctement. Il avait toutefois accepté, avec plaisir me semble-t-il. J’ai fait la demande à la fois pour ce moment, pour ces retrouvaille, mais aussi par devoir, pour apprendre. J'ai appris à faire la guerre avec Bowen, maintenant, je dois apprendre à faire la paix. J’ai bien conscience qu’il ne s’agit pas d’une réunion de famille, bien que cela puisse y ressembler, et que bien des choses sont en jeu, y compris des vies humaines. Aussi, je ne peux pas me permettre d’oublier mon devoir.

J’entre dans la salle où auront lieu les débats, vêtu d’une tenue simple mais élégante de laine grise et noire, assez habillée pour nos illustres invités, mais malgré tout sobre au vu du contexte. L’ensemble est complété par ma cape brodée au motif de loup, fermée par une broche en argent en forme de branche de barral. Je prend ma place auprès de Jon, avant de lui dire, sans réellement attendre de réponse :

” Je crois que j’aurais été moins nerveux si ça n'avait pas été Jeyne, pas toi ?”

Je salue ensuite l’arrivée d’Isla Chelsted, la représentante de l’Empire. Je sais peu de chose sur elle, pour ainsi dire rien. Une dame de Peyredragon, sans doute plus proche de Rhaenys que de Père de ce fait, j’imagine. Ce qui n’est pas plus mal. Au regard du contexte, il vaut mieux qu’il y ai au moins quelqu’un d’extérieur à la famille pour s’assurer du bon déroulement de ces pourparlés. Je prend un grand souffle alors qu’on annonce l’arrivée de Lyman et de Jeyne. Je ferme les yeux, et revet mon plus beau masque. Celui du parfait petit seigneur, que j’ai arboré toutes ces années, pendant qu’Oncle Bran me préparait à mon futur rôle auprès de Jon. Ce sourire simple mais accueillant, à la fois sincère, et en même temps façonné. Car je n’oublie pas que derrière la joie de retrouver Jeyne, nous sommes ici pour jouer un rôle. Un rôle crucial pour l’Empire, pour le Nord, mais surtout pour nos hommes, qui attendent en périphérie de la ville de savoir si la guerre avec l’Ouest va reprendre ou si la paix est possible entre le Loup et le Lion. Je ne peux pas me laisser aller à l’émotion et à la tendresse. Même si elles sont là, elle ne peuvent pas mener la danse.

Après les saluts d’usage, Jeyne prend Jon dans ses bras, avant de s’approcher de moi. Et alors qu’elle carresse mes cheveux, je ne peux que remarquer a quel point elle à changé. Son regard surtout. Elle qui a toujours été comme une mère pour moi, la voilà maintenant mère de ses propres enfants. Une nouvelle étincelle dans son regard s’est illuminée… Ou est-ce moi ? Moi qui n’étais qu’un enfant lors de notre dernière rencontre ? Un enfant précipité dans les affres de la Mort-aux-Loups. Un enfant qui perdait son dernier repère, et qui ignorait encore qu’il allait en perdre encore bien d’autres. Et maintenant… Pas encore tout à fait un homme, mais l’enfant est parti depuis longtemps. Aujourd’hui, nos yeux se font faces, sans qu’elle ai à baisser la tête, sans que j’ai à lever le regard.

” J’ose à peine te dire à quel point tu m’as manqué, toi aussi…”

Je prends ensuite ses mains, et baisse les yeux avant de poursuivre à voix basse.

” Bowen aurait voulu que je te salue de sa part. Je sais qu’il comptait aussi beaucoup pour toi.”

Je m'approche ensuite de Lyman Lannister. Lui et moi avons échangé juste avant la bataille du Bois au Loup contre les sauvageons, même si nos échanges ont été peu développés. Je lui tend la main.

“ Votre Altesse.”

Après quoi, je retourne à ma place auprès de Jon. Les acteurs sont en place, la scène va pouvoir commencer.

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Time of Change

Per ardua ad astra

An 2, mois 8, semaine 4

« An eye for an eye will only make the whole world blind. »

Lorsqu’il lâcha sa main, c’est son univers entier qui se déroba par la même occasion, se rappelant qu’il était le chat parmi les chiens, le lion parmi les loups. Et une dragonne ? Ou une louve, ou une chimère ? Son regard se posa naturellement sur l’îlienne qui était une curiosité et également l’unique point de fuite de la scène qui se jouait sous ses yeux. Une forme d’ancre dans la tempête à venir. Toutefois, par principe, et nature, cette étrangère demeurait une antagoniste également. Une de plus dans une salle qui serait probablement bien rapidement hostile. Mais pour l’heure, le souverain du Roc ne pouvait qu’être affecté par les regrets d’avoir privé sa femme de ses racines, des siens. Du coin de l'œil, il observait se jouer la scène de la réunion sans un pincement au cœur. Ses pensées se détournèrent sur Megara, et sa regrettée Nymeria, décédée dans le Val et qui lui avait laissé une béance dans son cœur. Eux aussi étaient trois. A ces regrets se mêlèrent un brin de jalousie inopportun, risible, qui échappait même à la conscience de l’hôte qui accueillait cet émoi. Il fallait dire que la pression commençait à se faire sentir. Lyman n’était ni un diplomate ni un guerrier. Simplement un roi.

Ce sont les mots de sa femme qui résonnaient dans sa tête. Essaie de ne pas déclarer de nouvelles guerres trop vite et tout ira bien. Le ton que sa moitié avait employé tout à l’heure était celui de l’humour épuisée de toute rancune. La réalité était morne cependant. S’il n’y avait pas de fédéralisation, l’Ouest poursuivrait la guerre derechef. Si la fédéralisation advenait, c’était contre des anciens alliés que la couronne des Lannister allait devoir se battre. L’évidence même que la neutralité était l’option écartée par absolue nécessité pour la sécurité du royaume. Les idéaux allaient bientôt affronter le marbre de la factualité et de la géopolitique. De plus, des questions demeuraient encore sans réponse de part et d'autre de la table où se trouveraient très prochainement les pentarques, si on pouvait nommer ainsi le groupe formé.

« Nous vous remercions de vos bons mots à l’égard de la nouvelle princesse de l’Ouest dame Chelsted. » Il ne restait à espérer que la guerre ne soit pour elle que des histoires lointaines que l’on raconte aux enfants pour les faire rêver alors que le sol aura fini d’éponger le sang visqueux d’un conflit ayant bien trop duré.

Le roi souffla intérieurement. Sentiment inquiet de ne pas réussir à sortir son épingle du jeu, à ne pas parvenir à sauver Jeyne qu’il n’avait jamais observé aussi souriante depuis des lunes. Amoureux, probablement l’était-il plus que jamais. Et son cœur s’appaisa lorsqu’il vit la louve-lionne revenir vers lui même si son visage dissimula parfaitement ses émotions. Pensées fugaces pour sa mère sur l’instant, elle qui lui avait fait des révélations sans dévoiler le moindre sentiment.

Il tira le dossier pour sa femme. « Si vous souhaitez me faire l’honneur de vous installer ma reine. » Son regard croisa le sien avant de finalement aller chercher celui des stark et de la peyredragonienne. Il murmura à son oreille. « Je suis désolé de devoir briser l’ambiance des retrouvailles. » Il prit place à son tour autour de la table.

« Nous avons répondu par la présente à l’invitation de l’Empire à venir discuter d’une possible cessation des combats et d’une fédéralisation de l’Ouest sous l’égide de la couronne Braenaryon. » Le ton était grave malgré une voix chaude. Lyman lui-même ne savait pas vraiment ce qu’il faisait. « Des discussions au sein du conseil restreint ont été entamées depuis déjà presque deux lunes quant au devenir de la guerre grâce à l’influence de la reine Jeyne Lannister-Stark. C’est finalement une lettre de l’Empereur Torrhen Braenaryon qui aura décidé l’Ouest à consentir à saisir une opportunité pour des négociations. » Un simple historique des faits afin de mettre en exergue le poids qu’avait eu sa femme dans la préparation de cette conférence et également un moyen de rappeler que l’Ouest songeait déjà à son avenir dans le conflit. Assurément, le roi tairait son ressenti bien négatif à l’égard de l’entité impériale.

(c) DΛNDELION

Tellement de choses avaient changé depuis que Jeyne et Jon s'étaient vus pour la dernière fois. Cela en donnait presque mal à la tête rien que d'y penser, et pourtant, il se devait de faire ce point. Il allait se marier avec Eleanor à l'époque, et on ne pouvait pas dire que ce fut le meilleur moment de son existence à cet époque-là. Bien que sa sœur fut présente, et qu'elle était un soutien non négligeable, il aurait été sot déjà à ce moment-là de fermer les yeux sur les choses qui avaient commencé à les séparer. L'ombre de la guerre planait déjà sur eux deux, et la communication avait été tendue entre la sœur et le frère, la première accusant le second de plier le genou face à l'Empire et de renoncer à une certaine forme de liberté, de pouvoir aussi. Le second avait reproché à la première qu'elle était maintenant plus lionne que louve et qu'elle priorisait sa belle-famille, que celle qui l'avait vu naître. Il y avait du vrai et du faux dans les deux cas, mais tout cela, si on l'ajoutait une union qui ne faisait guère plaisir au jeune souverain, une mariée dont le caractère était assez aléatoire et le désabusait totalement, sans parler de la tentative d'empoisonnement du banquet, et la guerre en général, cela n'avait pas forcément été le meilleur moment donner un nouveau souffle aux liens préexistants. Jeyne était devenue mère deux fois, depuis. Jon était devenu père deux fois, depuis. Ils s'étaient tous les deux posés dans leur vie personnelle et s'ils avaient toujours été conscients du devoir qui serait un jour le sien, son poids avait su les surprendre, il fallait bien en tenir compte. Il y avait tellement choses qu'il aurait aimé lui dire, mais il savait qu'en premier lieu, rien d'autre ne devait compter ou plutôt, rien d'autre ne pouvait compter tant qu'ils n'auraient pas discuter au nom de cette paix potentielle entre l'Empire et les Terres de l'Ouest. Il espérait secrètement au fond de son cœur, qu'il aurait d'autres occasions, moins protocolaires, pour lui parler en tête à tête.

« Toujours moins que de se retrouver face à Torrhen et Rhaenys ensemble. » Dit-il comme réponse à l'oreille de son frère, regardant brièvement du coin de l’œil la représentante du couple impérial qui se trouvait non loin. Il fallait dire que les plus proches collaborateurs des Braenaryon avaient tendance à les défendre bec et ongles et qu'il était parfois difficile de faire comprendre à ces derniers qu'il pouvait blaguer, même lui. Cependant, l'entrée du couple Lannister vint à le rappeler à l'ordre, il n'était pas là pour être spectateur cette fois, mais bien pour être acteur dans cette rencontre. Sa sœur avait volé la vedette à son souverain de mari, et Jon n'avait pas hésité à interrompre le protocole pour pouvoir se rapprocher d'elle. L'odeur de ses cheveux n'avait pas changé, et cela n'avait l'air de rien, mais c'était ce genre de détails qui comptait. Il la sentit sangloter contre lui et il resserra un instant son étreinte, regardant attentivement son visage, souriant en la voyant sourire également. Puis il la libéra pour pouvoir étreindre Walton. Chacun reprit sa place après les effusions des retrouvailles. Lyman était profondément solennel à côté de son épouse et il se demandait comment appréhender la chose. Ils avaient discuté tous les deux, comme deux jeunes princes qu'ils étaient alors, mais cela remontait au mariage des jeunes tourtereaux à Winterfell. Une éternité du point de vue de la guerre. Il s'installa aussi, après avoir offert la même politesse que Lyman à Isla Chelsted avant de gagner son siège. Jon fut plus que surpris d'entendre le Roi employé le terme de « Lannister-Stark », après tout ce qui avait semblé être fait pour gommer l'appartenance de Jeyne à sa maison de naissance, c'était assez étonnant. Cependant il n'en montra rien continuant à écouter son homologue ouestrien.

jon stark

le devoir est une série d'acceptations.

Per ardua ad astra

Lyman & Jon & Walton & Isla & Jeyne

Let me tell you something about wolves, child. When the snows fall and the white winds blow, the lone wolf dies, but the pack survives

Jeyne met un certain temps avant de retrouver la raison de sa présence ici. La paix. Celle qu'elle a tant réclamé, pour laquelle elle a hurlé et pleuré si souvent. La paix politique est oubliée, à ce moment. Elle en a trouvé sa propre version personnelle, sa famille presque réunie, sans invective, sans faux-semblants. Rien que les sentiments bruts et l'expression d'un soulagement sincère en se retrouvant. C'était tout ce dont elle avait besoin pour continuer à se battre, pour ne jamais abandonner. Alors elle prend le temps de savourer ce moment, serre les mains de Walton dans les siennes et l'écoute, apprécie cet instant de communion qui lui manquait tellement. Le prince évoque leurs pertes et l'un de ceux qu'elle ne pourra jamais retrouver, son cœur se serre.

- J'aurais aimé lui dire au revoir.

Son sourire tombe un peu, devient plus contrit. Cette conversation ressemble à celle qu'ils ont eu lorsque Bran est tombé lui aussi. C'est aussi ça, une famille.

- Mais il sera toujours avec nous, d'une certaine manière.

Il a rejoint les anciens dieux, il est donc partout autour d'eux. Ces mêmes dieux en lesquels elle n'est plus censée croire, mais qui resteront les siens. Ça aussi, ça lui serre le cœur. Simplement car la contradiction entière qu'elle représente culpabilise de l'infidélité qu'elle fait à son mari en étant si heureuse de retrouver ses frères, les siens, ses dieux. Tant de choses qui sont étrangères au monarque Lannister. Jeyne se sépare de Walton à regret et revient aux côtés de son mari, qu'elle connait suffisamment pour percevoir les maux qui le tourmentent. Le lion se trouve en terrain ennemi, entouré de canidés qui n'ont rien des félins qu'il connait si bien. Jeyne se rapproche de lui légèrement, en espérant à lui apporter suffisamment de familiarité pour qu'il ne se sente pas menacé. En espérant lui donner suffisamment de force pour avoir envie d'aller au delà des préjugés qu'il peut avoir, comme il l'a fait pour elle à son arrivée à Castral Roc. Et elle ignore si cela fonctionne. Les mots de la Chelsted la font largement sourire et si Jeyne laisse Lyman la remercier, sa spontanéité revient au galop.

- Merci beaucoup, Lady Chelsted. Le voyage fut agréable et notre fille va bien, tout s'est donc déroulé à merveille. J'ose espérer qu'il en a été de même pour vous.

Son regard s'attarde quelques secondes sur la jeune femme qu'elle a l'impression de voir pour la première fois. La nervosité l'aveuglait jusque-là, le monde entier semblait brouillé. Elle est belle, indubitablement. Dotée de cette beauté pure et unique que l'on ne trouve qu'à Peyredragon. Mais plus important encore, une gentillesse simple et honnête s'entend dans ses mots, s'observe dans son regard. Et cette constatation suffit à Jeyne pour faire tomber toutes les barrières qu'elle avait érigé autour d'elle lorsqu'elle est entrée dans cette pièce. Mais son roi la ramène bien vite à la politique, à raison. Elle obtempère sans discuter lorsqu'il lui demande de prendre place à la table des négociations, s'installe à côté de lui et pose sa main sur la sienne. Le fait qu'il se trouve assis à cette table sans en être militairement contraint signifie beaucoup pour elle. Elle veut qu'il le sache.

Alors elle l'écoute, il retrace l'historique qui les a menés à se faire face aujourd'hui, ce qui a été échangé, les enjeux, les pas qui ont été faits. Jon énumère ensuite leurs conditions. Et si tout ça ne concernait qu'elle, alors la conversation serait déjà terminée, la constitution signée, les détails vite balayés. De plus, voir son mari et son frère échanger si sérieusement alors qu'elle les connait tous les deux bien différents de ce qu'ils montrent aujourd'hui lui donnent terriblement envie d'en rire. Ce qu'elle fait, d'ailleurs.

- Pardon.

Elle s'excuse immédiatement, puisqu'elle sait parfaitement qu'il n'est pas de bon ton de plaisanter d'une conversation qui mettra fin aux affrontements entre nordiens et ouestriens, ou les relancera.

- C'est seulement que je n'ai pas l'habitude de vous voir si sérieux, tous les deux.

Parenthèse faite, Jeyne fait de son mieux pour se reconcentrer et repasse en revue les différents points énumérés.

- Vous le savez tous, j'ai toutes les raisons du monde de vouloir que ces négociations aient une issue favorable. Les conditions de l'empire Braenaryon me paraissent donc parfaitement raisonnables.

Elle les avait imaginé bien moins raisonnables, en vérité. Elle est pourtant consciente que certains points pourraient poser problème. Envoyer Jordane à la cour impériale est une décision qui couterait à Lyman, elle le sait. Mettre fin à l'hégémonie des Sept sur les terres de l'Ouest causerait probablement des remous importants au sein de la noblesse. Peut-être bien que les hommes qui ont combattu l'empire ne comprendront pas le revirement de leur souverain. Autant de choses qui lui semblent toutefois moins couteuses que de continuer à mener une guerre contre les siens.

- Mais le bouleversement que cela représente pour les terres de l'Ouest est important. Si tu as des réserves, nous pouvons donc en discuter.

La deuxième partie de sa phrase s'adresse évidemment au Lannister, sa main presse légèrement la sienne. Jeyne a conscience que sa contribution n'est pas la plus pertinente qui soit. Elle sait aussi que ces questions là ne sont finalement pas les plus épineuses et que certaines d'entre elles ne seront peut-être pas aussi simple à évacuer.

Codage par Magma.

« Her aura was a warm chaos »

Love is the bane of honor, the death of duty. What is honor compared to a woman's love? What is duty against the feel of a newborn son in your arms... or the memory of a brother's smile? Wind and words. Wind and words. We are only human, and the gods have fashioned us for love. That is our great glory, and our great tragedy

Super cadeau de Lin, merci à elle:

Jeyne élue cutie de l'année:

Per ardua ad Astra

Nord Fédéré & Terres de l'Ouest & Empire

Les retrouvailles Stark faisaient chaud au cœur, Isla devait bien l'avouer. Le destin savait ramener à lui de façon bien cruelle parfois certains événements. Mais cette rencontre n'en était nullement le fruit. Elle était née d'une idée qui avait germé et qui avait porté ses fruits et aujourd'hui, ils étaient là, tous autour de cette table, pour discuter de l'avenir non pas d'un ou de deux royaumes mais bien d'un empire tout entier. Le roi Lyman remercia Isla pour son attention envers la princesse de l'Ouest, suite à quoi Jeyne reprit la parole pour confirmer puis lui retourner la question. La peyredragonienne maintint son sourire

« Je vous remercie pour votre considération, reine Jeyne. Disons simplement que le voyage s'est déroulé. Il a l'avantage d'être maintenant terminé. »

Ellipse dans le discours pour ne pas placer l'attention générale sur son échappée orageoise et les difficultés rencontrées sur le trajet. Aucun n'était idiot, ici. Ils connaissaient le statut des contrées, la guerre, les sacrifices et les dangers. Ce n'était ni le lieu, ni le moment pour s'éterniser. Isla sentit le regard de la jeune fille sur elle et elle le soutint sans outrager sa position. Bientôt, ils prirent place à table et Isla également, sous l'invitation du roi Jon qu'elle remercia d'un signe de tête. Lyman venait de remettre les négociations à l'ordre du jour, brisant sans vergogne la bulle de familiarité qui s'était installée.

Les choses sérieuses pouvaient commencer.

Le roi Jon énuméra avec brio l'ensemble des conditions impériales. Tandis qu'il parlait, Isla scrutait le camp adverse, cherchant à déceler des réactions annonciatrices d'acceptations ou de refus. Tout le monde semblait suspendu à ses lèvres, dans l'attente de la fin de la liste. Un léger rire s'échappa des lèvres de la ouestrienne aux cheveux noirs corbeau. Isla esquissa un sourire attendri lorsqu'elle se justifia. Curieuse réaction néanmoins que celle-ci mais qui rappelait qu'ils étaient avant tout des hommes et des femmes, avec les mêmes forces et faiblesses. Si Isla voyait en Jon le roi du Nord, Jeyne ne pouvait y voir que son frère, même si le titre et l'apparence ne trompaient pas. C'était curieux, en fait, comme toutes les barrières semblaient prêtes à tomber au moindre coup de vent. Des barrières qui n'existaient finalement que dans leurs esprits et dont le rire de Jeyne rappelait la fragilité.

Lorsque Jon eut fini, la reine prit la suite pour dire que les conditions lui paraissaient raisonnables et ouvrit la porte à son époux pour qu'il puisse s'exprimer. Isla remercia d'un signe de tête le roi Jon, lui adressant un signe de tête reconnaissant, puis compléta :

(c) a m i t y

dark have been my dreams of late

Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

hēnkirī:

Time of Change

Per ardua ad astra

An 2, mois 8, semaine 4

« An eye for an eye will only make the whole world blind. »

(c) DΛNDELION

jon stark

le devoir est une série d'acceptations.

« Her aura was a warm chaos »

Love is the bane of honor, the death of duty. What is honor compared to a woman's love? What is duty against the feel of a newborn son in your arms... or the memory of a brother's smile? Wind and words. Wind and words. We are only human, and the gods have fashioned us for love. That is our great glory, and our great tragedy

Super cadeau de Lin, merci à elle:

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(c) a m i t y

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Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

hēnkirī:

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