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Suki Waterhouse est <a href="/t9833-dy" target=_blank"><span class="Gp_Etranger">Dyane</span></a>

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Dyane - Membre d'équipage - <a href="/t9833-dy" target=_blank" >Personnage inventé</a>

La mer. La mer et le sable, à perte de vue. C'est là qu'elle se sentait le mieux, plus jeune, alors qu'elle savait à peine marcher. Au plus proche de la mer. Mieux encore que lors de ses expéditions nocturnes d'adolescente où Braavos se déroulait sous ses pieds. La mer, parce qu'elle lui appartenait. Qu'elle avait l'impression de goûter un brin à l'immensité du monde, alors que sa chambre était ridiculement petite et partagée avec ses sœurs. Ses doigts courent dans les cheveux clairs de sa fille, qu'elle a détesté pour être venue au monde. Pour l'avoir privé du peu de paix qu'elle avait trouvé et pour d'autres raisons qu'elle ne saurait expliquer. Elle n'était peut-être pas faite pour ça, qu'elle a souvent entendu murmuré dans leur langue bâtarde du haut-valyrien.

Alors des fois, c'est vrai, elle a l'impression d'avoir tout raté. Et elle aimerait recommencer, en se noyant dans la mer pour l'éternité. Elle y pense souvent, alors même que la gamine tire sur ses propres mèches blondes, qui ressemblent aux siennes. Dyane fait de son mieux pour lui sourire alors même qu'elle n'en a pas envie, je t'aime mais je ne voulais pas de toi, qu'elle aimerait avoir le courage de lui dire. Alors au lieu de ça, elle lui souffle à l'oreille.

- Un jour, maman rejoindra la mer.

Ses pas sonnent terriblement coupables sur le plancher rongés par les mites de leur maison. Dyane se faufile, sans savoir ce qu'elle cherche à faire exactement. Son sang bout dans ses tempes et l'empêche de trop y réfléchir, la force à poursuivre. Sa plus grande fugue, probablement la dernière. Puisqu'il ne s'agit plus d'être absente, mais définitivement partie.  

- Tu viens dire au revoir aux enfants ?

Elle a fini par haïr cet endroit pour tous les affrontements qui ont eu en leurs murs. Eyric en fait partie, lui à qui elle s'est liée sans réfléchir et qui en a payé le prix. C'était compliqué, c'est sûrement ainsi qu'il expliquera les choses quand elle ne sera plus là. C'était compliqué mais c'est terminé.

- Peut-être. Ou je te cherchais.

La liqueur posée à côté de lui projette une ombre menaçante, alors qu'elle devine pour quelle raison il se soule. Elle. C'est toujours à cause d'elle qu'il se soule. Elle n'a pas eu à lui avouer qu'elle partait, il l'a deviné.

- Pourquoi ?

Les yeux brillent, de larmes ou d'épuisement. Ou d'espoir, ce qui serait pire. Elle n'en sait trop rien. Il était temps qu'elle parte. La blonde ne s'avance pas davantage, elle se sent déjà étrangère.

- Pour te remercier de ne pas m'avoir tuée, alors que tout le monde te l'aurait pardonné.

Un sourire qui n'a rien de vrai se dessine sur leurs visages, ils ont été heureux, au moins un peu. Et après, ils ont été la prison de l'autre. Le sourire se fane, Eyric fait tourner légèrement sa chope dans sa main.

- De rien. Casse toi, Dya.

Enfin, elle devine. La main sur la porte usée par le sel, les quelques bons moments passés ici lui donnent l'impression d'être définitivement la méchante de leur histoire.

- Dis leur que je suis morte, s'il te plait. Pas que je les ai abandonné.

Un dernier regard et elle disparait. Officiellement, elle se sera noyée. Ce qui n'est pas si loin de la vérité.


Le port de Braavos où elle a vécu est devenu un point minuscule au large, avant de disparaitre. Elle n'a pas eu le temps pour la culpabilité, emportée par l'euphorie du moment, celle de l'équipage particulièrement atypique de ce navire qui l'est tout autant, de cette situation. Elle s'est laissée portée par le large, comme elle en a si souvent rêvé. Et pourtant, maintenant que les jours filent, elle pense encore souvent à ce qu'il se passe là-bas. À ce qu'il adviendra des frères, des sœurs, des parents, des enfants et du reste. Qu'est-ce qu'ils diront, qu'est-ce qu'ils penseront. Et sa nouvelle routine la rattrape et chasse tout ça. Elle s'occupe de l'entretien du bateau, récure ce qu'elle peut comme si elle lavait ses torts et ses péchés. Elle ignore ce qu'il adviendra d'elles, elles toutes. Celles qu'elle ne connait que trop bien, et celles dont elle ne sait rien. Il y a encore des choses à fuir sur ce navire mais n'a cette fois nulle part où aller.

Bientôt, elles verront Westeros de près. Si elle n'a aucune idée de ce que le continent peut leur réserver, elle n'a jamais été aussi impatiente. Et cette impatience, comme un raz-de-marée, balaie ce qui a été.