Nonchalamment installé dans la grande salle de Spectremont, je contemple ma famille du haut de mon siège seigneurial. Un fauteuil massif rappellant à tous que les Toland avaient régnés en souverains sur ces terres autrefois. Cette époque lointaine remonte à bien avant l'arrivée de la reine Nymeria sur nos terres ensablées. Bien avant son union avec lord Mors Martell avec laquelle elle fonda la glorieuse et suzeraine lignée des Nymeros Martell. Bien avant l'unification de la Principauté ou la construction de Lancéhelion. A une époque reculée au cours de laquelle, les Montrbun les Roncier les Conquest et autres maisons de l'est s'affrontaient âprement pour la domination du pouvoir. En ces temps oubliés, les seigneurs Martell n'étaient alors que des modestes barons. Comme l'Histoire pouvait s'avérer pleine de rebondissements, de surprises et de leçons à retenir. Une autre Nymeria régnait à présent sur la Principauté ou du moins sur une partie de celle-ci. Nymeria de la maison Gargalen ma meilleure amie depuis notre enfance commune à Salrivage. Une jeune femme intelligente, brave, ambitieuse, ravissante et idéaliste bien que profondément attaché à ses intérêts. C'était en grande partie pour elle que j'avais rallié les Valtigar ca et le rejet de la rebelle impériale Mahée Allyrion. Les Valtigar n'avaient pas ma loyauté. Nymeria avait toute ma fidélité. Aussi tant qu'elle resterait princesse je resterais dans le rang. Elle avait organisé des célébrations fastueuses au palais des Jardins Aquatiques qui devait avoir eut lieu la veille ou l'avant veille si je ne m'abusais. Elle souhaitait en faire une main tendue entre Valyriens et Dorniens dans l'espoir d'unir deux peuples naturellement antagonistes vers un rêve commun. Un souhait pieux à mes yeux car nos deux cultures étaient opposées en tout point d'une part à l'instar de nos systèmes politiques d'autre part. Tout cela n'était que poudre aux yeux à mon humble avis. Les Valyriens se muselaient afin de présenter une apparence plus civilisée au reste du continent et ce pour mieux les amadouer avant de les planter dans le dos. Pour l'heure, je relis une missive de la dame ayant conquis mon coeur Jasmyne la marchande de cosmétique de la compagnie de Jade. La femme pour laquelle je brulais d'une passion dévorante. Ses mots réveillaient en moi un amour extatique et un sourire empreint de mélancolie étirait lentement mes lippes face au spectacle de ma marmaille s'agitant sous les yeux impuissants de leur grand mère et de leurs tantes. Mes frères étant occupés à diverses taches de gestion du domaine. C'est dans cette ambiance paisible mais néanmoins survoltée que survient l'un des espions de mon réseau. Ce dernier se nommant Ashkaz doit reprendre son souffle pour m'annoncer la funeste nouvelle. J'ordonne qu'on lui porte une coupe de vin. Mon agent m'informe que la princesse Nymeria est morte assassinée et que la fète des Jardins Aquatiques s'est achevée en un véritable massacre pour les Dorniens. Bondissant sur mes pieds, je le rejoins en quelques foulées et le saisis par les épaules avant de le presser de continuer son récit. Il informe l'assemblée à présent terrifiée que les Valyriens ont réprimés des troubles dans tout le pays et matés les rebelles de la capitale dans le sang et les flammes et qu'un dragon a été abattu. Dorne est décapitée. Dorne est à genoux. Dorne est enchainée. L'épuisement de mon homme de main est manifeste aussi je lui accorde d'aller se reposer tandis que mon visage se décompose avant que je ne laisse déborder l'émotion provoquée par la mort de ma proche amie. Les larmes dévalent prestement les courbes de mes joues couvertes de chaume. Ma vieille mais toujours vaillante mère s'approche de moi bien consciente du lien m'ayant uni à la princesse. Elle me serre dans ses bras de manière affectueuse et je me laisse faire docilement. Une fois la léthargie passée, je croise son regard. Elle m'interroge sur ce que nous allons faire. C'est animé d'une rage sourde sans nom que je lui réponds avec assurance que nous allons venger notre princesse martyr de l'envahisseur impie. Ma mère sourit d'un air entendu avant de laisser sa main sur ma joue durant quelques instants. Je fais volte face et quitte les lieux pour me rendre sur le rempart nord celui duquel je peux contempler la baie de Spectremont. La vue de ces navires Valyriens me fait hurler de rage et je sais en mon for intérieur que ma décision quant à la réponse à offrir aux évènements est déjà prise. 

La forteresse de Spectremont est en pleine ébullition alors que les premiers rayons du soleil égrènent les derniers vestiges de leur éclat mordoré mordant. En effet, j'ai donné mes ordres à mes frères et mes capitaines. Ma famille sera conduite à l'abri au sein des cachettes troglodytes creusées dans la montagne elle même depuis la fondation de la forteresse familiale. Passage et grottes connus uniquement d'une poignée de personne triées sur le volet. La maison Valtigar n'allait manquer de faire abattre toute la vigueur vengeresse de son courroux conquérant sur mon nom aussi je me devais de m'assurer que mes proches se trouvaient hors de leur portée. Mes frères qui ne me suivraient pas tous sur le terrain resteraient avec la famille afin d'assurer sa protection. L'un d'entre eux recevrait le commandement de Spectremont pendant que je prendrais le maquis. A lui de tenir la cité et la forteresse avec une maigre garnison symbolique. De toute manière, nos forces seules ne pourraient prétendre tenir tète aux légions du tyran d'outre détroit aussi gaspiller des ressources humaines en les laissant ici plutôt que de les entrainer à ma suite serait aussi peu judicieux que stupide. Tremor serait le gouverneur de Spectremont tandis que Doran protégerait la famille dans les cavernes avec quelques hommes et que Milo viendrait avec moi. Quant à mes cinq enfants, ils resteraient avec leur grand mère Ashara la fière née Roncier. Tandis que tout le monde s'activait à remplir leurs différentes taches, je m'échinais à achever mes missives qui se verraient expédiées aux quatre coins du pays autant que du continent sous le regard inquiet de mon vieux mestre. Tandis que je terminais ma nécessaire besogne car nul ne pouvait vaincre un ennemi supérieur sans allié le vieil homme se montrant familier me prit dans ses bras et me souhaita bonne chance. Voilà pourquoi j'appréciais particulièrement mon mestre. Contrairement à d'autres membres de la Citadelle celui-ci ayant eu le temps de se roder au caractère impétueux et brut des Toland avait très tôt cessé de se perdre en récriminations inutiles. Il me promet de suivre les directives que je lui avais laissé et qu'il s'assurerait de prendre soin de tout les habitants du château. Une fois la manifestation d'affection sincère terminée, je me rends dans mes appartements et entreprends de passer mon armure avec l'aide de mon écuyer le jeune Roncier. Une fois harnaché de pied en cap de mon armure frappé du dragon anthophage d'émeraude, je rejoins ma famille dans la cour à présent pleine de monde entre mes soldats et chevaliers non mobilisés dans les armées Valtigar pour motif qu'il étaient membres de mon escorte personnelle, les serviteurs afférés à leur tendre de la nourriture et de l'eau ainsi que tout ce qui nous sera nécessaire à une survie dans le désert et les femmes de tout ces braves rebelles prenant fait et cause pour leur seigneur. Nous étions à l'étroit malgré l'étendue des lieux. Je prends le temps d'embrasser mes enfants et de les serrer contre moi en réprimant la tristesse dans mon coeur. J'offre une remarque personnelle à chacun d'entre eux avant de soulever ma seule fille Meria dans mes bras et de la faire rire afin de chasser ses larmes. Puis vient le tour de ma féroce mater qui ne s'étend guère en épanchement mais me fait promettre de vaincre ou de mourir avec gloire. Arrivent finalement mes deux frères cadets Tremor et Doran que j'enlace sans la moindre pudeur avant de leur conseiller de se montrer dignes de notre maison. Une servante du nom de Tysseria s'approche de moi et me tend un baluchon plein de patisseries et autres mets délicats dont j'ai la préférence. Estimant que les circonstances le permette je la serre contre moi et dépose un baiser sur son front. Puis, je me hisse sur le dos de Foudre mon cheval de bataille avant de faire signe aux gardes d'ouvrir la porte et d'abaisser le pont levis. Je quitte mon berceau une pâtisserie à la bouche le casque à nasal sur le front suivi de mon écuyer portant mon étendard, mon frère Milo et d'une trentaine de cavaliers dont une douzaine sont chevaliers. Une bien mince équipée pour défier un empire. Mais la valeur de Dorne coule dans nos veines...   

Les ténèbres envahissent lentement mais sereinement la voute céleste nous dominant et nous toisant de sa lointaine magnificence. Le coucher de soleil venait à peine de s'achever sur cette portion du désert Dornien inféodée à nul autre homme que le brave capable de le braver et d'en assumer les conséquences directes les plus évidentes. Rassemblant mes hommes se résumant actuellement à trente hommes tous cavaliers légers, lourds et douze chevaliers de ma maisonnée personnelle fils de gentilhommes ayant eux mèmes servis mon pater avant moi et ainsi de suite de génération en génération depuis des temps oubliés, j'arbore une tenue de jais pour l'occasion de cet hommage à ma plus proche amie. Tous mes partisans composant pour l'instant ma modeste armée rebelle ont quant à eux du noir qu'il s'agisse un bandeau noué autour de leur bras ou de leur poignet, d'un turban sombre ou de chausses noire. Nous avons composé avec les moyens du bord car isolés au milieu du désert afin d'échapper aux représailles aussi implacables que massives de la maison Valtigar, nous n'avions pas franchement l'embarras du choix concernant nos tenues. Ser Lyonnel mon oncle paternel et capitaine de la troupe hurle à plein poumon de s'incliner devant nos icones des Sept que nous n'avions manqué d'emmener avec nous afin de nous assurer bienveillance et soutien de nos Dieux dans notre folle entreprise. Je m'incline comme tous les hommes présents et nous nous mettons à psalmodier en rythme des chants en l'honneur de nos Dieux afin de rendre hommage à feue la princesse martyr Nymeria de la maison Gargalen. Une noble et vénérable maison du sud est qui avait perdue sa perle la plus éclatante. Tandis que je loue la grace de la mère en mème temps que mes guerriers, je m'interroge sur le sort de la soeur ainée de Nymeria. Ellaria avait servie de très près le pouvoir Valyrien puisqu'elle avait été nommée trésorière de la Principauté par les soins de sa soeur. Un mouvement bien habile parce que qui contrôlait le trésor contrôlait le pays. Seulement, j'espérais qu'elle soit actuellement à l'abri bien loin du courroux des envahisseurs. Elle avait naturellement comptée au nombre des personnes que j'avais tenter de contacter par missive avant de lancer mon mouvement rebelle de libération de la Principauté. Je me demandais si mon cavalier était parvenu à lui délivrer mon message. Chassant ces préoccupations triviales bien qu'essentielles, je me remets à psalmodier avec ferveur mes Dieux afin qu'ils accueillent  notre princesse auprès d'eux. Puis, tandis que nous nous trouvions à présent enfoncé dans la nuit la plus sombre qui soit et que certains hommes allumèrent des torches afin de nous éclairer. Je me redresse lestement et me dépoussière avant de me placer devant eux. “La princesse Nymeria fut une grande et bonne dirigeante pour son peuple et cela bien que son règne s'est achevé de manière par trop injuste et précoce. Je ne me perdrais pas en longs discours lui rendant hommage. Tous ici présents connaissiez parfaitement la teneur des liens nous liant. Aussi, vous savez à quel point cette disparition tragique représente une double peine à mes yeux. Elle nous montra l'exemple à deux reprises. La première fois lorsqu'elle rallia les Valtigar. La maison Martell ayant failli à tous ses devoirs envers son peuple. La rebelle Allyrion ayant embrassé la cause des traitres à leur parole de Peyredragon et de l'Orage. Nous n'avions pas le choix. Elle nous le montra une fois de plus en faisant ce qu'il fallait pour débarrasser le monde d'un dragon et en tentant d'éliminer l'élite des envahisseurs. Elle le paya de sa vie. Cependant, son héritage ne sera pas vain. Car en se dressant pour quelque chose de plus grand que son intérêt personnel elle nous a montrée la voie à suivre. A nous d'honorer son souvenir de la plus glorieuse des manières. Je vais veiller toute cette nuit comme le souhaite la coutume. Dix volontaires devront rester de garde. Le choix est libre aux autres.” Rejoignant ma tente afin d'aller me couvrir d'une épaisse fourrure au vu de la fraicheur blessante des étendues arides locales, je ressors bien couvert et rejoins mon premier protecteur et mes hommes volontaires rassemblés autour d'un feu. Le silence se fait écrasant alors que nous avalons quelques rations tout en faisant le deuil d'une grande femme. L'alcool coule comme il se doit au vu de l'occasion mais je m'assure que cela reste raisonnable car l'ivresse ne saurait que nous faire du tort au vu de notre situation. A cet instant précis, je me rends compte de l'immensité de la tache que je me suis assigné et me sens bien petit à coté de ce poids sans égal que je me suis infligé seul. Et je ne peux pas encore savoir que le lendemain m'apporterait une alliée de choix en la personne de l'élue de mon cœur. Mais, pour l'heure je me contente de veiller face aux crépitements des flammes. 

Abandonné à mes élans rageurs, je m'étais volontairement ostracisé de l'ensemble de mes partisans proches ou sujets afin de laisser libre court à ma furie vengeresse au milieu des anciens salons de feue mon arrière grand mère dame Lucinda Toland. Mes cris proches du rugissement primaire semblaient tout droit émaner des tréfonds de mes tripes. De cette partie de l'âme humaine encore damnée par la nature animale de notre personne. La poussière voletait furieusement dans les airs empreints de pénombre au fur et à mesure de mes destructions acharnées sur le mobilier par trop vétuste en raison de son ancienneté. L'aile de la hacienda étant par trop éloignée du reste de la forteresse, je pus laisser aller mon courroux revanchard sans m'inquiéter d'attirer yeux et oreilles fichtrement indiscrètes. Car, que se diraient mes sujets si ils découvraient leur nouveau prince autoproclamé en train de s'adonner à la mélopée funeste du désespoir le plus brutal qui soit. Nul doute qu'ils ne manqueraient guère de cesser définitivement et précocement de se figurer que je pouvais avoir les épaules suffisamment fortes pour incarner la salvation de la Principauté. Aussi, j'avais longuement erré à travers ma forteresse jusqu'à ce que je me remémore de ce sanctuaire ou l'on m'avait toujours interdit de me rendre étant enfant car le destin de mon arrière grand mère avait été des plus tragiques. En ces instants terribles au cours desquels le tumulte tourbillonnant de mes émotions aussi sombres que néfastes m'enserraient les entrailles et me déchiraient littéralement l'esprit l'ombre de mon aïeule semblait planer dangereusement au dessus de ma caboche vide de la moindre lumière. Jasmyne avait été conduite dans les appartements de feue mon épouse pour s'y délester et s'y reposer tandis que ma compagnie de chevaliers avait été casernée avec rigueur par mon oncle ser Lyonnel et que le reste de ma parenté était retournée se livrer à un tète à tète avec Morphée. Il se pouvait que peu des miens ne parvienne à trouver le sommeil tant les noires nouvelles avaient été mauvaises. J'avais péché par excès de suffisance et d'orgueil persuadé que la création d'une troisième voie pour notre contrée suffirait en tant que telle à m'assurer le ralliement d'une partie de la noblesse locale hélas il n'en avait rien été. Les rebelles par trop conscients de la faiblesse de leur cause face à l'empire Valtigar se cachaient dans les jupons de l'impératrice Braenaryon et les suiveurs de la maison Valyrienne de Volantis avaient par trop peur de quitter le giron écrasant du joug étranger. J'étais politiquement tout aussi seul que dans ce refuge que je m'échinais méthodiquement à mettre à sac pour évacuer mes nerfs. Comme si dévaster le domaine de Lucinda pouvait m'apporter une pointe de réconfort. Finalement, je portais à mes lippes une seconde aiguillette de vin et la lapais avidement avant de me laisser tomber à genoux abattu par le Destin. J'avais été si présomptueux... Mais alors que je me sentais à un cheveu de me laisser vaincre par l'ordre des choses, mes yeux accrochèrent une icone des Sept enluminés de pierres précieuses et enchâssée dans un cadre d'or massif. Chaque visage de mes Dieux m'apparut aussi inquisiteur que condamnateur, déçu que dépité, encourageant qu'affligé... Ce fut dans la contemplation de cet objet saint que je retrouvais la volonté suffisante pour balancer au loin le poison écarlate avant de plisser ma tenue débraillée. Adressant une promesse muette aux Sept, je quittais les lieux du carnage avec une détermination renouvelée pour rejoindre l'étreinte réconfortante de mon aimée.