La douleur avait été terrible, elle avait été insupportable et il avait fini par comprendre petit à petit que la folie avait commencé à l'atteindre, que son esprit n'était plus le même et que tout simplement, il avait perdu le contact avec la réalité. Comme cette sensation était perturbante, tous les repères dans son existence avaient disparu, une partie de lui semblait pourtant encore consciente par moment, consciente jusqu'à se rendre compte que les choses allaient de plus en plus mal, comme s'il était plongé dans un puissant cauchemar, mais en même temps, il lui était bien impossible de revenir à un état de clairvoyance quelconque, il ne parvenait en aucun cas à se sortir de là. Alors, quand la lutte devenait trop difficile, quand le corps semblait ne plus avoir assez de force pour lutter, quand il se sentait totalement paralysé, totalement démuni face à tout ce qu'il se passait, il finissait par rendre les armes et par sombrer. Il rejoignait alors les ténèbres, sans avoir l'impression que son corps ne reprenait des forces, enfermé qu'il était dans son propre corps, dans son propre esprit, par une maladie qui ne laissait guère de chance à celui qui l'avait contracté. Il avait parcouru bon nombres de territoire au sein de Westeros, il aurait pu contracter bon nombres d'infections en tout genre dans certains lieux qu'il avait fréquenté, et pourtant, c'était chez lui à Kayce qu'il avait fini par tomber, en même temps que d'autres membres de sa famille. C'était terrible, mais c'était pourtant la dure réalité. La fièvre était apparue dans les basses couches de la population de la cité de l'Ouest, se propageant à une vitesse folle, sans qu'on ne parvienne à la maîtriser. Comment était-elle arrivée jusqu'au château ? Il suffisait qu'un des serviteurs en soit atteint, qu'un des courtisans soit allé passer la soirée dans un tripot que finalement, il n'en fallait pas plus pour que cela finisse par toucher également les Kenning qui étaient présents au château. Dès que sa belle-soeur avait montré les premiers signes d'infection, Tybolt avait fait en sorte que son épouse, ainsi que son petit garçon soit tous les deux mis à l'abri et qu'ils soient le moins en contact avec les autres membres du château. Il ne s'était malheureusement pas rendu compte tout de suite que ses parents, plus âgés, avaient déjà contractés la maladie, et bien vite, cela avait été à son tour aussi.

Le jour avait succédé à la nuit, encore et encore, sans qu'il ne puisse se rendre compte du temps qui s'était écoulé. Cela pouvait être des jours, comme des semaines, il n'était dans tous les cas, pas assez lucide pour se rendre compte de ce qu'il se passait. Pendant un temps, il avait assez déliré pour avoir l'impression que Lysandra se trouvait dans le coin de la pièce, là, à veiller sur lui, comme pour le soutenir dans cette épreuve. Pour autant, il était pleinement conscient que la jeune femme qu'il avait tant aimé n'était plus de ce monde et il avait fini par espérer la rejoindre, pour que la douleur cesse, qu'il puisse enfin arrêter de souffrir. Puis un jour, il lui avait semblé que le ciel était un peu plus clair, un peu plus lumineux. Les encens dans la pièce étaient toujours aussi entêtants mais il lui était plus supportable de les respirer. Il avait réussi à se redresser un peu, l'eau qui avait coulé dans sa gorge lui avait donné l'impression qu'un torrent glacé venait à réveiller son corps tout entier et il s'était rappelé que son ventre criait famine. Petit à petit son être venait à recouvrir ses forces, lentement, trop lentement sans doute, mais il ne pouvait pas aller plus vite, il n'était pas maître de son destin à cet instant et aussi frustrant que cela puisse paraître, il devait continuer à se reposer, encore et encore jusqu'à ce que le mestre puisse enfin l'autoriser à quitter sa chambre. Ce matin-là, il avait été autorisé à faire quelques pas dans sa chambre. Cela consistait simplement à aller de son lit jusqu'à un fauteuil qui se trouvait à trois mètres de là, mais c'était comme s'il venait à parcourir trois lieues tout entier. Il avait fait à peine cinq pas, qu'il s'accrochait de toutes ses forces au meuble, courbé comme une personnage âgée, il se tourna lentement vers la porte d'entrée quand il entendit celle-ci s'ouvrir. Il comprit avant même qu'Alys ne lui dise les terribles mots que c'était fini pour eux. Quand elle se jeta dans ses bras, il n'eut pas la force de le supporter, et tout en la tenant contre lui, il s'effondra sur le sol, se mettant à pleurer avec elle. « Cela … Cela n'est pas possible ... » Il ne pouvait pas envisager une telle chose, pas maintenant, pas comme ça, pas sans leur avoir dit au-revoir.

Il avait vu Alys, il avait vu la détresse dans son regard, il avait vu sa poitrine se soulever avec une évidente difficulté, mais pour autant, il n'avait pas compris, il n'avait pas réussi à faire le lien, ou il n'avait pas voulu le faire tout simplement. La brune était venue tout contre lui, l'emportant sur le sol dans une étreinte nécessaire pour elle, mais dont Tybolt n'avait pas pu la réceptionner correctement. Il n'avait pas su être le socle solide, le roc sur lequel elle pouvait se reposer en cet instant tragique, suspendu dans le temps. Puis soudainement, le froid s'était fait dans sa propre poitrine, le brouillard qui semblait engourdir tous ses sens depuis plusieurs jours, depuis plusieurs semaines étaient en train de se dissiper. Petit à petit, il prenait conscience, et il eut l'horrible et soudaine envie de se mettre à hurler. Mais si l'esprit commençait à se réveiller de cette longue léthargie, le corps lui n'était pas encore prêt, il n'avait pas la force de crier sa peine, d'exprimer son angoisse, de pleurer cette disparition. Tout à l'intérieur de lui semblait soudainement s'être mis à bouillonner et pourtant, à l'extérieur, rien ne laissait transparaître ce qu'il ressentait. Il était littéralement cloué sur place. Il n'avait pas pu leur dire au-revoir, il n'avait pas pu leur tenir la main une dernière fois, il n'avait pas pu demander de conseil à son père en une ultime occasion, il n'avait pas pu embrasser tendrement le front de sa mère pour lui dire adieu. Pendant une fraction de seconde, il vint à se dire qu'il aurait préféré que la maladie l'ait emporté lui aussi car le gouffre qui se présentait à lui à présent semblait énorme. Il n'avait ni la force physique en cet instant, ni la force morale pour parvenir à passer au-dessus de tout cela.

Telle une poupée de chiffon, il laissa Alys faire, le redresser, puis l'aider à se relever, mais c'est quand il entendit sa voix qu'il parvint enfin à revenir un petit peu à la réalité, observant les murs de sa chambre sous un jour nouveau et soudainement, il s'arrêta. Cette chambre n'était plus véritablement la sienne, maintenant que le Lord n'était plus, il allait devoir prendre sa place, et cela voulait également dire qu'il allait dormir dans le lit d'un mort. Pourquoi se raccrocher à ce détail si insignifiant à cet instant ? Il n'aurait su le dire, mais cette simple idée lui provoqua un frisson glacé dans tout le corps. Il finit par glisser sa main dans celle de sa plus jeune sœur, pour la serrer autant que ses forces le permettaient. « Tu as fait tout ce que tu pouvais Alys, je … J'en suis certain, je te connais, je sais que tu ne les as pas abandonné, et pourtant tu aurais pu être plus gravement touché par cette fièvre. Tu as fait ce qu'il fallait pour les accompagner jusqu'au bout, mais malheureusement … Les Sept avaient décidé de les rappeler auprès d'eux. » Il l'attira doucement à lui, posant alors ses lèvres sur le front de sa plus jeune sœur et l'embrassa fébrilement mais tendrement. « Tu n'as pas à t'excuser. » Lui souffla-t-il en réponse tout en la relâchant.

Le temps semblait s'être arrêté pour lui, pour elle, pour eux et il ne sut combien de temps, il se passa sans qu'il ne vienne à prononcer un seul mot. Il était si lasse que son esprit avait du mal à se rendre compte de tout ce que cela impliquait maintenant. Il entendit quelqu'un taper à la porte et mais Tybolt ne parvint pas à comprendre ce qu'il venant à dire, et Alys renvoya une première fois le malheureux. Elle n'était pas prête non plus pour l'organisation posthume de Kayce. Elle fut bien plus brutale la seconde fois, et alors qu'elle venait à fermer la porte de sa chambre avec détermination et une certaine forme de rage, il vint à s'effondrer dans le fauteuil qui était juste à un mètre de lui. Et comprendre qu'il était le nouveau Lord Kenning, et comprendre que la succession allait se faire dans la douleur et la maladie. Il resta un moment stoïque, puis les larmes commencèrent à dévaler ses joues, dans le silence le plus absolu. « Moi aussi … Moi aussi je voudrais qu'ils soient là, mais … Maintenant … Il va falloir faire face … Faire face sans lui … Faire face sans elle. »

Il aurait préféré que la réalité ne vienne pas le percuter aussi brutalement, il aurait presque encore aimé que la fièvre l'accompagne et qu'il puisse se replonger dans cet état de semi-conscience qui l'avait accompagné depuis tous ces jours, peut-être même plusieurs semaines déjà. Au moins, quand il se retrouvait dans un tel état, il n'avait plus besoin de penser, de réfléchir, de s'inquiéter pour l'avenir, le sien, celui des membres de sa famille, son fils qu'il chérissait tant et pour le nom des Kenning et son rayonnement au cœur des Terres de l'Ouest. Tybolt avait fini par perdre la notion de temps, dans tous les cas, et il aurait aimé que cela continue. Car revenir dans le monde actuel n'était clairement pas ce qu'il appréciait, c'était même tout le contraire. Il avait mal, mal dans chaque petite parcelle de son corps, il avait l'impression que son sang se mettait à bouillir, que sa tête allait  exploser, que le souffle venait à lui manquer, et que chacun des ses muscles était douloureux. Mais c'était surtout d'un point de vue psychologique que cela faisait le plus mal. Il se détestait littéralement pour ne pas avoir été assez fort, pour ne pas avoir réussi à combattre la maladie, à l'affronter, et pouvoir être le roc sur lequel l'ensemble de sa famille aurait pu se reposer alors que le monde semblait s'écrouler tout autour d'eux. Quand une épidémie venait à faire son office, rien ni personne ne pouvait l'arrêter, elle continuait à faire son œuvre mortuaire là où elle devait passer, comme une punition divine à laquelle on ne pouvait échapper. Il avait failli à sa tâche, il avait failli à être un bon fils, il avait failli à être un bon époux, il avait failli à être un père. Et pourtant, maintenant, l'heure était venue pour lui de devenir le nouveau lord de Kayce, et il ne s'en sentait pas les épaules pour le moment.

Et il s'avérait qu'il était également un frère décevant. Alys était là, juste à côté de lui, si faible, si fragile à cet instant, et il était bien incapable de pouvoir parvenir à la soutenir comme elle le méritait, elle qui avait tant fait pour leur famille ces derniers temps, elle qui avait pu être là pour embrasser leurs parents sur leur lit de mort. Elle avait tellement grandi, il était loin le temps de la petite fille, celle qu'il connaissait au final bien mal. Il lui donna sa main et il pressa cette dernière dans la sienne avec douceur, il ne pouvait pas faire plus pour le moment. « Parce qu'il y a un moment où il est possible de dire oui ou non … Je suis l'aîné. » C'était un constat, sombre mais simple, dans tous les cas, il était l'aîné et c'était à lui que cette tâche incombait tout simplement. Peut-être qu'il aurait mieux valu que cela ne soit pas le cas, que Robert, ou Gareth soit celui qui hérite de cette charge. Ils semblaient que l'un et l'autre auraient sans doute été plus dignes de tout cela que lui ne le serait jamais. « Je me dis que pendant quelques secondes, quelques minutes encore, on pourrait demander à ce que je reprenne mon souffle et ensuite, voir … » Il se tourna vers elle, prenant lentement le soin de passer son bras autour de ses épaules et de la ramener un peu plus vers lui. Il posa un léger baiser sur son front pour lui apporter un peu de soutien. « Tu en as déjà fait beaucoup Alys. Et je n'ai pas assez de mots pour te remercier de tout ce que tu as fait et vécu au cours des dernières semaines. Tu n'as pas à devoir gérer ça aussi ... »

La réalité était terrible et il n'avait aucunement le temps de se remettre de celle-ci. Tybolt était parfaitement conscient qu'il n'avait pas le choix, qu'il lui était impossible de se défiler, qu'il en était totalement hors de question, mais s'il avait toujours su qu'un jour il lui faudrait prendre la succession de son père, que ce dernier ne serait pas éternel et que c'était dans la juste suite des choses, ce n'était pas pour autant qu'il s'en sentait capable à cet instant bien précis. Enfin, pouvait-il réellement parler de justice dans tout cela ? Les uns après les autres, chacun jouait ses cartes et ensuite, une fois que tout le jeu avait été avancé, on laissait sa place pour que l'un de ses enfants puisse prendre la suite et c'était un éternel recommencement. Enfin ça, c'était quand tout se passait bien, quand il n'y avait aucun problème de succession, qu'on pouvait partir sereinement. Et dans sa tête, la tempête était en train de gronder à cet instant précis, avec une telle violence qu'il était bien incapable de se lever et de prendre sereinement la moindre petite décision pour lui-même alors pour les gens de Kayce, c'était encore une toute autre chose. Surtout que ces derniers avaient affreusement soufferts, subissant de plein fouet, tout comme les maîtres des lieux, l'épidémie de fièvre. Il se demanda pendant un cours instant, s'il restait même encore du monde sur ses terres dont il devait s'occuper, qu'il faudrait protéger. Les pauvres étaient bien plus touchés que les riches, cela restait une vérité universelle, triste mais c'était la réalité. Rien que dans la maison Kenning, trois de ses membres avaient été emportés, Tybolt avait lui-même failli y passer, et d'autres membres de sa famille étaient tombés malades également. Alors, chez ceux qui connaissaient déjà des difficultés pour se nourrir convenablement, qui vivaient dans la grasse et les vermines en tout genre, cela ne faisait que favoriser un peu plus la prolifération de ce genre d'épidémie.

Il faudrait tout reconstruire, son domaine, sa propre maison. Et il se sentait pour le moment si faible moralement et physiquement qu'il en avait une terrible nausée. Pourtant, Alys était là à ses côtés, et elle jouait le rôle du pont entre son subconscient et la réalité, le moment présent. Il ne répondit pas quand elle accepta d'attendre son signal. N'était-il pas le nouveau suzerain de ce domaine ? Cela voulait donc dire que même s'il avait des obligations, il avait aussi des droits et pour le moment, il désirait surtout rester là, assis sans rien faire d'autre et en aucun cas devoir prendre des décisions essentielles pour Kayce, qui pourraient être plus nocives que bénéfiques pour tout le monde. « Pourquoi dis-tu que tu l'as abandonnée ? Ce n'est en aucun cas la vérité. Tu te fais du mal inutilement. Il est parfois plus simple de se reprocher les choses, de culpabiliser alors que face à ça … On ne pouvait prédire l'épidémie, et encore moins les victimes qu'elle allait faire ainsi que le nombre de ces dernières. Tu aurais pu mourir également en restant à notre chevet à tous, et cela aurait été une perte bien plus grande. Alors ne t'inflige pas cela, sinon cela t'emmènera plus bas que terre. Il est bien plus facile de lâcher prise face au chagrin que de lui tenir tête. » Il lui frotta doucement le dos quand elle se mit à nouveau à pleurer contre lui, ne prononçant plus un mot alors qu'il la laissait aller librement. Si elle en avait besoin, elle devait le faire. Il eut envie de pleurer également, pendant une fraction de seconde mais il se reprit néanmoins. « Je te remercie de ton soutien petite sœur. » Il lui adressa un faible sourire, qui finit par disparaître quand elle prononça le prénom d'Adélaïde. « Oui … Il faudrait sans doute … Mais … Voilà un point qui me ramène à l'horrible vérité. Si je venais à mourir, je n'ai toujours pas d'héritier ou plutôt, je n'ai pas de fils qui pourrait prétendre me succéder. » Lysandre était l'être le plus important de son existence mais il n'en restait pas moins un bâtard.

Tybolt avait vécu les derniers jours, les dernières semaines dans un brouillard sans nom. Il ne savait plus réellement les moments où il venait à retrouver la réalité du monde, de ceux que son propre esprit venait à inventer pour lui, pour le guider, pour le soutenir, et pendant un long moment, il avait surtout envisagé que cela puisse le conduire à une mort certaine. Alys était tellement en train de souffrir, c'était si lourd pour elle après tout ce qu'elle avait enduré, alors que plusieurs personnes de sa vie étaient entre la vie et la mort, qu'il ne pouvait pas lui dire que pendant un petit moment, il aurait aimé que la mort vienne le chercher et qu'ainsi, il n'ait plus besoin de lutter. Pour se sortir de tout ça, et pour faire face ensuite à tout ce qui allait l'attendre et qui commençait déjà à peser sur son esprit et sur son cœur. Il était encore faible physiquement, mais le poids moral semblait être beaucoup plus lourd encore à cet instant. Il devait réussir à aller de l'avant, il devait se remettre debout, mais sur l'instant, cela lui paraissait totalement impossible. Il se souvenait d'avoir rêvé, en tout cas, c'est ainsi qu'il le voyait, d'avoir rêvé de son père, qui lui faisait un hochement de tête entendu, son regard plongé dans le sien, sans prononcer un seul mot. Puis ensuite, c'était sa mère qui lui était apparue, toujours aussi douce et délicate, venant à prendre son premier né dans ses bras, comme pour lui assurer un soutien éternel, un soutien qui dépasserait la mort. Il avait l'impression d'avoir senti cette dernière lui déposer un baiser sur la tempe. Comme pour lui dire au-revoir, lui dire adieu. Tybolt savait qu'il allait retrouver ces derniers dans quelques instants, qu'il allait faire le chemin entre sa chambre et la leur pour venir leur rendre hommage. Le problème étant, que même s'il prenait leurs mains dans la sienne, même s'il venait à embrasser leurs fronts, la vie avait déjà quitté leurs corps, que leurs esprits seraient loin. Il avait tellement de choses qu'il aurait aimé lors dire, partager avec eux. Il ne se sentait pas à la hauteur.

Tybolt serra un peu plus sa petite sœur dans ses bras alors qu'elle avait des paroles très dures envers elle. « Je ne veux plus jamais t'entendre dire ça. Le mieux aurait été que nous soyons à nouveau tous ensemble et en pleine forme, malheureusement, les choses ne se sont pas passées ainsi. Mais imagine un instant, nos parents ayant perdus leur petite fille chérie, leur dernière née. Ce qui s'est passé est terrible, mais il est plus logique d'enterrer ses parents, que de devoir enterrer son enfant. De plus, tu es plus jeune, tu étais plus robuste que … C'est dans la nature des choses. On peut retourner le problème dans tous les sens, on ne pouvait rien y faire ... » Il ferma à nouveau les yeux, et resta silencieux, alors que respirer était toujours un peu compliqué et parce que les mots étaient difficiles à prononcer. Il fut plus que surpris d'entendre son questionnement à propos de Lysandre et il haussa un sourcil en tournant son visage vers elle. Il savait que la venue au monde du petit garçon et surtout dans le contexte dans lequel il avait vu le jour, avait été un choc pour sa famille et que cela avait blessé plus d'une personne. « Je ne sais pas j'avoue. J'ai toujours eu la volonté de lui donner un meilleur avenir que ce que son statut de bâtard peut lui offrir. Rien que ce mot est détestable. Je n'ai jamais cherché tout ce qui est arrivé, mais Lysandre est mon plus beau trésor. Néanmoins, il n'en reste pas moins que même en le légitimant, cela reste compliqué. » Il se questionna un instant de savoir s'il devait s'excuser ou non pour la naissance de Lysandre mais il refusait de mêler son fils à tout cela. Il hocha légèrement la tête. « Nous verrons bien ce que l'avenir nous réserve ... » Souffla-t-il. L'épidémie lui avait démontré que les choses pouvaient changer facilement. Il prit le temps de se relever et il tira doucement Alys pour qu'elle puisse en faire de même. « J'aimerai avant de devoir prendre des décisions, sortir d'ici et prendre l'air, et puis … Je voudrais me recueillir auprès de nos parents. Il faut que je les embrasse, que je les remercie, que je leur dise quelques mots avant de les laisser partir définitivement. »