Les deux parties avaient conscience de l’urgence de la situation.
D’un côté, l’Ouest savait que le Conflans des Tully allait réagir à la prise du Fort de la Dent d’Or par les armées du Lion de Castral Roc. Il fallait donc se presser. Ouvrir un nouveau front et mettre en danger l’Empire sur son flanc occidental, alors que le Val semblait pressé de toutes parts, encerclé par les forces Braenaryon du Nord au Trident, sans parler du Détroit. Le général Gareth Kenning, homme jeune et qui n’avait pas encore connu de guerre, était toutefois l’homme de confiance du tout aussi jeune Roi Lyman. Il était non impétueux, mais empreint d’une certaine fougue. Il prit la décision de rassembler toutes les forces ouestriennes rassemblées dans les environs pour marcher sur la capitale du Conflans, à portée de quelques jours de marche seulement.
Dans le même temps, Lyham Tully était ressorti victorieux des forces Hoare, grâce à l’aide de l’Empire en général, du Nord et de Peyredragon en particulier, qui avaient misé de larges forces pour sa sécurité. Il n’en restait pas moins que son emprise et sa légitimité sur ses terres dépendaient largement de la sécurité du peuple, dont il était le garant. Si son règne restait marqué de la même terreur et l’insécurité caractéristiques du règne d’Harren Hoare et de la multiplication des conflits et des invasions, le Roi risquait de voir son autorité sapée à court terme. Il devait donc s’opposer à l’avancée ouestrienne pour signifier sa détermination aussi bien à ses ennemis qu’à ses propres gens.
Les deux armées ne partirent pas chacune le même jour, mais arrivèrent à quelques heures d’intervalle. Alerté par sa maîtresse, la Prêtresse Rouge Shaera de Volantis, le Roi Lyham apprit que l’Ouest déboulait et risquait de détruire son armée. Rumeur aussitôt confirmée par ses éclaireurs, qui lui rapportèrent que les Lions étaient déjà là, et présents sur ses flancs. D’ici quelques heures, la forteresse serait encerclée. Lyham Tully n’avait que peu de choix qui s’offraient à lui ; il se savait en infériorité numérique sans renforts des autres Royaumes Impériaux, et son armée n’arriverait qu’au compte-goutte, comme celle des Ouestriens. S’il pouvait nourrir de bons espoirs de tenir la dragée haute à ses adversaires par une offensive rapide, il risquait de voir sa principale armée encerclée et submergée, donc détruite.
Les ouestriens continuèrent leurs manœuvres, alertés plus en retard des mouvements ennemis. Il y eut quelques escarmouches de cavalerie, mais le mouvement riverain était couvert par la cavalerie légère et si des combats éclatèrent spontanément entre les deux groupes d’éclaireurs, les pertes étaient minimes et lorsque le corps principal de l’Ouest arriva sur place, il assista à l’entrée dans la forteresse de plusieurs milliers de soldats, fantassins comme cavaliers, dans ses murs. Et apprit par la même occasion qu’il ne s’agissait que d’une fraction des forces Tully ; le reste, trop éloigné pour atteindre Vivesaigues avant l’arrivée de la masse ouestrienne, avait fait demi-tour sous la couverture d’un fort parti de cavalerie lourde.
La Truite de Vivesaigues avait décidé de fractionner ses troupes, et d’en enfermer dans la forteresse à ses côtés… Cela ferait-il le jeu de l’Ouest ? Autant de forces ne pourraient survivre longtemps enfermées, avec des stocks qui fondraient à vue d’œil jour après jour. Mais d’un autre côté, Lord Kenning et Lord Marpheux, les généraux Lannister, ne pouvaient pas ignorer le château pour continuer leur avancée, au risque de voir une sortie dévastatrice couper leurs lignes de ravitaillement.
L’invasion du Conflans commençait par un second acte épineux, qui n’était pas sans poser de nouveaux défis tactiques et stratégiques aux deux camps.
Vivesaigues allait-elle tenir ou tomber ?
Points de l’Ouest+5pts Siège de Vivesaigues
Points du Conflans-5pts Siège de Vivesaigues