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 Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets / Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé]

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MessageSujet: Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets / Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé]   Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets /  Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé] EmptyDim 8 Nov - 20:15

Tricia était de retour à Hautjardin, cela voulait dire beaucoup pour elle, et bien qu'elle n'affichait que peu de chose à ceux qui l'entouraient à nouveau dans la demeure qui avait été la sienne pendant des années, elle tentait tant bien que mal de garder la tête froide et de ne surtout pas montrer qu'elle était quelque peu tremblante à chaque nouveau pas qu'elle faisait dans la capitale du Bief. Elle savait qu'on ne cessaient de la scruter, chacun attendant avec presque impatience qu'elle vienne à montrer son véritable visage, ses sincères préoccupations et ce qui l'avait amené à revenir ici, qu'on vienne à voir l'ancienne souveraine du Bief montré un projet futur ou alors qu'elle vienne à faire un faux pas, un faux pas que certains devaient espérer depuis bien longtemps. Mais son exil qu'elle s'était elle-même imposée pendant plusieurs mois n'était-il une erreur déjà commise aux yeux de ses détracteurs ? Elle avait vu bon nombres de choses dans les yeux des personnes qu'elle avait croisé depuis son retour à Hautjardin. Certains s'étaient montrés inquiets, d'autres amusés ; souvent, elle voyait de la pitié dans leurs yeux, ou un air de revanche, elle qui avait tout eu, aujourd'hui elle n'avait plus rien, elle n'était plus rien. Elle avait froid, elle avait tellement froid dans son cœur. Qu'est-ce qu'on pouvait dire quand une vie venait à s'en aller, et toutes celles qui venaient à s'effondrer par la même occasion, tel un château de cartes qui venait à être balayé d'un seul revers de la main. Elle avait eu de nombreuses fois envie de demander à ce qu'on fasse demi-tour, qu'elle suive le conseil de sa mère et qu'elle vienne à rester à Villevieille. Elle aurait sans doute pu parfaitement imaginer commencer une nouvelle vie dans la cité de son enfance, mener de nouveau projet, espérer un nouveau mariage avec un quelconque noble en seconde noce, sans exigence de donner un enfant à cette famille, chose dont elle était pleinement incapable de faire. Mais de ça, tout le Bief, et sans doute tout Westeros était au courant de cette incapacité physique dont elle était la victime, ou peut-être la coupable, comme si les Sept, et la Mère plus particulièrement avait eu la volonté de la condamner pour un pêché qu'elle n'avait pas commis ou plutôt qu'elle n'estimait pas avoir commis. Elle aurait pu également rester à Villevieille et venir alors à se mettre au service plein et entier de la Foi et de vouer son existence toute entière à la religion des Sept, et peut-être que d'une certaine façon, c'était ce qu'on attendait sûrement d'une veuve sans héritier, une veuve qui n'avait plus grand chose à apporter au monde. Mais elle aimait bien trop la vie pour pouvoir se contraindre à tant de chose, aussi croyante pouvait-elle être.

Alors elle était revenue après la naissance de sa nièce, après plus de six mois passés à Villevieille, à se questionner sur son existence et sur son avenir dans le Bief. Il fallait être à la hauteur, être à la hauteur du titre qu'elle avait porté pendant des années, de l'homme qu'elle avait aimé et qu'elle avait accompagné tout autant de temps. Mern lui manquait, la mort n'avait pas été le seul à agir sur un éloignement du couple, le manque d'un héritier légitime y avait parfaitement contribué auparavant. Mais pourtant, il ne l'avait jamais désavoué, il ne l'avait jamais répudié, il l'avait gardé à ses côtés, même si rien ne changeait et ne changerait jamais concernant ses problèmes de fertilité. Il y avait par moment des silences glaçants, qui en disaient bien plus long sur les pensées véritables de chacun que n'auraient su le faire des mots prononcés à voix haute. Mais il y avait aussi ses regards complices, ses murmures amusés au creux de l'oreille et ses caresses l'un envers l'autre. Ils s'étaient aimés, même si chacun avait sans doute fini par chercher du réconfort ailleurs, et peut-être aussi de répondre à la terrible question de savoir lequel des deux ne pouvait réussir à procréer. Incontestablement, cela venait d'elle, bien qu'elle n'en avait jamais parlé ouvertement à son époux, le seul à qui elle avait tout raconté était son frère. Son frère représentait tellement pour elle, sans aucun doute bien plus encore que Mern ne le serait jamais. Elle avait toute confiance en lui, elle connaissait certaines de ses failles, il connaissait les secrets de son cœur et de son couple, ses doutes et ses joies. Et il s'en était finalement servi contre elle. Imaginait-il toute la rancœur qu'elle pouvait avoir à son égard aujourd'hui, et rien ne saurait faire taire réellement la colère sourde qui ne cessait de faire vibrer son corps et son âme. Et contre sa belle-soeur également. D'ailleurs c'était en fuyant l'image de la jeune mère se promenant avec son enfant dans les jardins que Tricia avait poliment faussé compagnie à ses dames d'atour, venant à se glisser dans un recoin et de pouvoir ravaler les quelques sanglots qu'elle avait dans la voix, et les premières larmes dans ses yeux.

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MessageSujet: Re: Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets / Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé]   Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets /  Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé] EmptyLun 9 Nov - 15:38


Il n’est pire aveugle…




Bien qu’elle n’ait pour eux aucun talent, faute de pouvoir voir ce qu’elle fait, Aenor a beaucoup d’affection pour les travaux manuels. Elle aime, bêtement, se servir de ses mains. Elle aime sentir les différentes textures sous ses doigts, et imaginer les couleurs. N’importe. A 23 ans, aveugle, faute de pouvoir faire de la broderie ou du dessin, ouvrages de dames de renom comme elle, on l’avait mise dehors, comme une plante verte, avec du fil de lin et quelques perles. Toucher, c’est sa façon de voir. Armée d’une aiguille, elle se souvient de ce que lui a appris sa nurse, il y avait une éternité, à Vertepierre, et s’efforce de faire des fleurs, des fleurs de perle. Aenor est parfaitement incapable de juger de l’esthétique de la chose, si les couleurs sont bonnes ou pas, mais la forme lui semble convenir, quand elle y promène ses doigts. Du reste, ça n’est qu’histoire de s’occuper, et de varier un peu de la musique. Le véritable but d’Aenor, aujourd’hui, est de profiter des jardins, du soleil magnifique qui y règne en maître et chauffe agréablement son visage, du parfum des fleurs et du bourdonnement des insectes.

Impossible de dire si Aenor aime terriblement l’extérieur parce qu’elle est aveugle, ou si cet attrait aurait été intact, sa vue l’eut été également. Est-ce le fait que les Dieux la privent d’en apprécier les couleurs et de pouvoir y circuler librement, ou bien est-ce l’attrait de la nature pour la nature ? Finalement, la jeune orageoise se pose en permanence ce genre de questions. Qu’est-ce qui, chez elle, a été conditionné par sa cécité ? A première vue, beaucoup de choses… Mais, et après ? Quand la rouquine en a assez de se torturer, elle se détache totalement de la problématique, qui peut parfois l’occuper des jours durant, en se disant simplement que les choses étaient ce qu’elles sont, et qu’elle se doit de composer avec, que ça lui plaise ou non. Au final, c’est moins ce qui l’a poussée à aimer ce qu’elle aime que ce qu’elle aime qui est important, car au final, si elle n’avait pas été aveugle, il est possible, voire probable, qu’elle aurait fini comme l’une des innombrables langues de vipères qui pullulent à Hautjardin, ou dans n’importe quelle cour de Westeros. A défaut d’aiguiser leurs esprits qu’ils estiment déjà tellement surchargés de connaissances, les nobles aiguisent leurs langues.

Et la pauvre reine déchue, Tricia Gardener, en avait fait les frais. Dans les couloirs, sont retour avait fait grand bruit, attisant autant de compassion que de moqueries, et déchaînant les passions autant que l’imagination, des petites gens comme des nobles. Aenor, pour sa part, ne savait que trop en penser. Elle avait de la peine pour cette femme, qui venait de perdre son époux. Mais l’avait-elle aimé ? Les apparences sont parfois trompeuses. La jeune fille, consciente de cela, s’était surprise à se demander ce qui pouvait le plus rendre la femme mélancolique… La perte de son époux ou de son statut ? Selon, ça pourrait en dire long sur la dame elle-même… Mais bien sûr, elle a gardé pour elle ce genre de pensées. A qui les aurait-elle partagées ? A Lady Taïna peut-être, mais sans doute est-ce un peu tôt… La Lady de la Treille amenait le sujet, elle lui confierait sans doute ses pensées, mais dans le cas contraire…

Occupée à enrouler son fil sur lui-même dans les perles grâce à l’aiguille pour faire les pétales de sa fleur, Aenor se stoppe, et relève la tête, comme une biche aux abois, quand elle entend ce qu’elle pense être un sanglot étouffé, proche, après un froissement de robe. N’aimant pas l’idée d’être surprise comme ça avait été le cas avec le roi et la reine, elle pose son ouvrage sur le côté, se lève, et lisse quelque peu sa robe, avant d’aller dans la direction approximative des sons qu’elle a entendus. « Bonjour ? » Elle laisse à la cantonade, d’une voix douce, les mains légèrement vers l’avant pour ne pas buter dans quelqu’un. « Je ne voudrai pas vous importuner, qui que vous soyez… Permettez-moi simplement de vous saluer, et de me présenter. » Comme l’impose la bienséance. Elle exécute donc une jolie révérence. « Je suis Aenor Estremont, de Vertepierre. Je suis otage ici, et comme vous le voyez, je suis aveugle… » Elle sourit. « Ce n’est donc pas moi qui pourrai dire vous avoir vu, comme ça vous le savez… » Son sourire se fait plus gentil qu’il ne l’était, et elle retourne lentement sur ses pas, pour retrouver son petit coin dans les jardins, la petite table sur laquelle on l’avait installée… Comme une plante verte.

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Ses mains continuaient à trembler sans qu'elle soit capable de calmer les réactions spontanées de son corps. Il semblait visiblement qu’elle avait perdu l’habitude d’être ainsi observée sous toutes les coutures, exigeant d'elle une attitude parfaite pour pouvoir compenser autant que possible son infortune personnelle mais aussi les dégâts qu'elle avait irrémédiablement causé pour l'ensemble du royaume du Bief et du peuple qui avait cru en elle, qui avait espéré qu'elle serait la gardienne de l'héritage de la maison Gardener en donnant un ou plusieurs fils à Mern. Oui, elle avait failli à la tâche que les hommes et les Sept lui avaient confié le jour elle s'était unie à son époux dans le Septuaire. Elle gardait des bons souvenirs des années qu'elle avait passé avec lui, des années qu'elle avait passé en tant que reine, malgré les attaques, malgré les guerres, malgré les morts. On avait accusé le Bief de beaucoup de choses, mais Tricia était innocente de tous ces crimes, à part celui de ne pouvoir concevoir et mettre un enfant viable au monde. Et pourtant, elle avait parfois l'impression que tous les maux du royaume pouvaient lui être reprochés simplement par le fait qu'elle n'avait pas réussi à remplir la seule fonction pour laquelle une femme existait et devait servir. Et en voyant Eren Hoare, marché ainsi comme une conquérante dans les jardins, les couloirs et les pièces de Hautjardin avec son enfant avec elle, cela la rendait malade. Il n'y avait pas d'autre mot pour expliquer les sensations qui étaient en train de lui parcourir le corps à cet instant. Tricia venait même à savourer avec un certain plaisir coupable que le premier enfant du nouveau couple royal soit une fille, une princesse et non un prince. C'était une bien maigre consolation, surtout que Tricia n'avait strictement aucune haine contre la jeune enfant, mais cela lui permettait un peu d'apaiser sa colère parfois. Dans tous les cas, si elle avait mis au monde une fille, si peu de temps après son union, elle serait pleinement capable d'être à nouveau grosse d'ici peu et de donner ainsi vie au fils prodigue. Enterrant un peu plus le souvenir de la précédente reine du Bief. Si un jour elle venait à être définitivement désespérer par la violence de ce monde, elle pourrait toujours envisager de rejoindre à nouveau Villevieille, de monter en haut de la tour de la Citadelle et de se jeter dans le vide, mettant ainsi un terme à sa vie dans une sortie beaucoup plus magistrale que son abdication au trône.

Elle en était là de ses réflexions, alors qu'elle continuait à être prise par quelques sanglots quand elle entendit un  bonjour d'une voix féminine et douce. Elle eut un léger hoquet de surprise en entendant cette voix presque s'élever de nul part avant de se sentir profondément coupable d'avoir ainsi été surprise dans un tel état de faiblesse. Elle porta immédiatement ses doigts sur ses lèvres, comme pour pouvoir se retenir de pousser un quelconque autre sanglot ou indication de son état de faiblesse actuelle. Les mains à son visage pour pouvoir effacer les larmes qui y avaient coulé, puis elle les glissa ensuite dans ses cheveux pour pouvoir remettre sa coiffure en place, elle se devait d'être parfaite, d'être toujours parfaite. Elle poussa pour autant un léger soupir de soulagement quand elle vit alors que la personne face à elle était aveugle. Au moins, elle ne pourrait pas voir  son état physique mais pour autant, elle ne pouvait pas cacher l'état actuel de ses émotions. En même temps, pour une fois, elle venait à se demander si ce n'était pas finalement une bonne chose, pour une fois elle n'avait pas envie de jouer à ce petit jeu de dupe. Elle eut presque un petit sourire et elle fit quelques pas pour la suivre et s'asseoir à côté d'elle, venant à fixer ce qui était sur la table devant elle. « Je vous remercie ... » Elle posa ses mains sur ses jambes essayant de se calmer. « Il n'est jamais simple d'être aveugle, il est encore moins simple d'être aveugle et otage dans un royaume étranger … Mais si vous êtes ici et non dans une geôle de Hautjardin, c'est que je puis espérer pour vous que votre captivité soit moins terrible que ce que cela ne laisse entendre. » Elle laissa le silence venir à s'installer quelques instants, se demandant si elle devait ou non lui révéler son nom. « Tricia, Tricia Gardener, Reine déchue du Bief et otage discret du souverain. »

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Il n’est pire aveugle…




Il est vrai de dire que, lorsqu’on perd un sens, ceux restant le compensent. De se fait, même si Aenor l’avait voulu, elle n’aurait pas pu ne pas entendre les sanglots de la pauvre dame, dans les buissons d’à côté. L’orageoise est une âme dont la douceur intérieure s’exprime, irradie à travers sa peau. Ce n’est pas un jeu qu’elle joue. Joue-t-elle jamais ? Parfois. De la musique, souvent, mais avec les gens ? Jamais. Ce n’est pas un jeu qu’elle aime. Quel plaisir pourrait-elle prendre à ajouter au chagrin de la dame ? Elle n’est pas naïve au point de croire que ce genre de personne n’existe pas, elle a déjà rencontrées bien assez, de ces serpents à sonnette qui se gavent du malheur des autres… Mais elle, non. Retournée à sa table de perles, Aenor reprend son ouvrage, et attend. Patiemment, elle laisse le temps à la lady, dont l’identité lui est encore inconnue, de la rejoindre ou non. Quelques froufrous de robe ne tardent pas à informer l’aveugle de la décision de la dame, qu’elle accueille, même si sans la regarder, avec un sourire toujours aussi gentil, plein d’une compassion pourtant dénuée de la moindre pitié.

« Tout le plaisir est pour moi… » Rassure Aenor, comme elle peut, son interlocutrice aux remerciements de cette dernière. La rouquine se dit que, peut-être, elle qui peut la voir, si elle la voit poursuivre son ouvrage, presque machinalement, ça l’apaisera. Une tâche, à priori insipide, qui occupe les mains et délie l’esprit, lui permettant de vagabonder. C’est sans surprise qu’Aenor se fait plaindre, une fois encore, pour son handicap et son statut d’otage. Discrètement, elle soupire. La compassion, ça finit par lasser, même si elle est d’une générosité insensée. Les gens, si contents d’être voyants, ne voient pourtant que ce qu’ils n’ont pas. Quel est l’intérêt de voir, dans ces cas-là ? L’orageoise, elle au moins, ne touche que du concret et rien que du concret. Ce qu’elle voit avec ses mains existe. Elle rêve, bien sûr, comme tout le monde, mais elle ne risque jamais de se perdre entre le rêve et la réalité. Alors elle se permet un petit rire discret, sans méchanceté, juste amusée au final qu’on puisse autant la plaindre et d’avoir l’impression pourtant d’être la personne la moins malheureuse de ce château.

L’expérience lui a appris que laisser traîner des blancs invite les gens à les combler. Et ça ne manque pas. L’inconnue finit par lui révéler son identité, mais pas que. Aux mots que la dame de noble lignée choisit, Aenor prend conscience de l’abîme de sa détresse. Ça lui fend le cœur en deux. Tellement de peine… Se sentir otage de son propre frère, porter, même après plusieurs mois, ses expériences comme des échecs retentissants… L’orageoise n’est finalement pas surprise que la dame se soit cachée pour pleurer. Gentiment, la jeune rouquine pousse vers la reine en disgrâce du fil et des perles. « Consentiriez-vous à m’aider à mon ouvrage, s’il vous plaît, votre Grâce ? » Elle demande, toute gentille, laissant le loisir à Tricia d’accepter ou non, tout en, elle-même, continuant à faire des fleurs. Très lentement, certes, mais sûrement. « Vous savez, c’est amusant… On me plaint sans cesse de ma cécité de ma qualité d’otage, sans se demander si j’aimerai qu’il en soit autrement. » Elle hausse les épaules, sourire malicieux aux lèvres. « Bien sûr, j’aimerai mieux ne pas être otage… Mais je suis très diligemment traitée ici, et le fait d’être un parti de moindre importance, et aveugle, m’épargne les cours assidues des jeunes coureurs de dots… » Son sourire se fait plus large. « Aurais-je dû être plus populaire, il m’aurait fallu subir les litanies incessantes des courtisans et leurs flatteries hypocrites. Ne me croyez-vous pas mieux ici, au milieu des fleurs ? » Elle, elle le pense en tous cas. De toutes ses forces. Elle entend parfois, les plaisanteries terribles de nullités des jeunes hommes, et les rires faux de leurs coquettes. Sous bien des aspects, même s’il lui avait fallu le temps pour l’accepter et faire la paix avec ce handicap, Aenor se dit qu’elle est loin d’être aussi malheureuse que ne le croient les autres, bien au contraire. Elle pense plutôt bénéficier d’une tranquillité qu’ils lui envieraient, s’ils savaient…

Un petit silence s’installe entre les deux femmes, avant que l’orageoise ne reprenne. « Déchue est un terme bien cruel que vous utilisez pour vous qualifier, votre Grâce… En ce qui me concerne, je n’ai pas vu votre abdication comme une déchéance, mais comme un sacrifice. Pour votre pays. Vous auriez pu vous accrocher à votre statut bec et ongle, mais avez estimé que le Bief avait besoin d’un roi, et choisi de déléguer votre couronne. Vous avez fait montre d’une humilité qui ne peut qu’être saluée. Si je devais vous choisir un épithète, je choisirai, Ma Dame, « La Grâcieuse », et non la déchue. » A nouveau, elle lui sourit gentiment. « Quant à votre qualité d’otage… Sachez que je suis en mesure, moi qui la vis depuis quelques temps maintenant, de vous donner quelque astuce pour l’endurer plus aisément… » A nouveau, la jeune Estremont sourit avec malice. Sans en dire plus, elle se lève, et s’éloigne un peu du bosquet, à tâtons. « Ouhouh ? » Elle scande, gentiment. Une fois, deux… A la troisième fois, un serviteur s’en vient. « Que puis-je pour vous, Miss ? » Aenor se redresse et joint élégamment ses mains devant elle. « Pourriez-vous nous faire amener du thé et quelques pâtisseries s’il vous plaît ? Merci. » Le serviteur s’incline, et s’en va, laissant l’aveugle retourner, trébuchant ça et là, jusqu’à son siège, tout sourire. « Nous allons prendre le thé ! » Elle s’exclame, enjouée, avant de poursuivre. « Vous savez votre Grâce, une pièce a toujours deux facettes. La première de la qualité d’otage est que nous sommes limités dans nos mouvements, la seconde, valable entre ces murs, c’est que nous ne manquerons jamais de rien… Et beaucoup ne peuvent pas en dire autant. » Elle assure, l’air brièvement grave, avant de reprendre calmement son ouvrage de perle, les doigts parfois aussi trébuchants, même si agiles, que ses pieds.

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Tricia se détestait d'être dans un tel état, elle se détestait encore plus de savoir que quelqu'un avait pu la découvrir et même si cette dernière ne pouvait pas la voir, elle avait pu voir bien plus profondément en elle, que la plupart des personnes qui était présente à Hautjardin. L'ancienne souveraine du Bief était consciente que son retour à la Cour avait du en surprendre plus d'un, en premier lieu son propre frère et également sa belle-sœur. Bien des personnes parlaient des a perte alors qu'elle portait encore le poids de la couronne sur ses épaules. Il était certain que le fait que le roi garde à ses côtés une reine qui n'était pas capable d'enfanter ne manquait pas de créer des rumeurs, des conspirations, des jalousies également. Que pouvait-il sincèrement lui trouver en dehors de son joli minois pour accepter de la garder à ses côtés alors que son ventre n'était jamais parvenu à enfler ? Tricia apparaissait comme une jolie plante, comme une jolie rose qui s'épanouissait aux côtés de Mern Gardener, dans les jardins de la demeure royale. Pour autant, on ne pouvait imaginer qu'elle puisse posséder un quelconque intellect qui valait vraiment le détour. Elle était si calme, si douce, si effacée. Sans doute parfaite pour jouer les apparences lors des doléances et des banquets, mais au fond, il n'y avait rien en dehors de son physique. On s'amusait même à la Cour, de dire que chez les Hightower, Manfred avait pris l'intelligence et la stratégie, et que Tricia avait pris la beauté, ainsi le frère murmurait à l'oreille de la sœur, qui venait elle-même à murmurer à l'oreille de son royal époux. De nombreuses familles de la grande aristocratie auraient sans aucun doute voulu placer une de leurs filles auprès de Mern, une fille fertile qui aurait pu donner à la maison Gardener ce qu'elle attendait, ce qu'elle espérait. Mais Mern l'avait gardé à ses côtés et elle avait été touché par le geste de son époux, espérant que cela serait suffisant, espérant que Kevan ne trahirait pas la confiance de son frère et qu'il viendrait à lui succéder s'il venait à disparaître, prenant la place de souverain légitime du Bief, venant à perpétuer la maison Gardener, et gardant elle l'espérait, un peu de compassion pour sa belle-soeur, la traitant bien malgré le fait qu'elle ne possède ni titre, ni terre. Mais rien ne s'était passé comme prévu, Kevan les avait trahis, les avait abandonné avant de mourir tout simplement. Mern avait pris des décisions inconsidérées, et l'avait payé de sa vie. Il ne restait plus qu'à Tricia d'abdiquer au plus vite, pour éviter une guerre intestine dans le Bief. Et elle avait fui.

Elle avait fui pendant des mois, gagnant un temps Castral Roc pour des célébrations auxquelles elle n'avait plus véritablement sa place, puis elle était rentrée à Villevieille, sans s'arrêter même une nuit à Hautjardin. Et elle s'était ensuite cachée dans la demeure des Hightower, remplissant la charge de lady de la maison et récupérant la gestion des terres familiales par décision de son frère. Il lui fallait guérir, et elle avait imaginé que c'était chez elle, auprès des siens, de ses parents, qu'elle y parviendrait, mais cela avait parfaitement échoué, la solitude avait été une blessure encore plus grande pour elle. Alors elle était revenue à la capitale du Bief, ne disait-on pas qu'il fallait soigner le mal par le mal. Pour autant, quand elle voyait sa belle-soeur, sourire face à l'enfant qu'elle tenait dans le creux de ses bras, elle sentait son cœur se serrer dans sa poitrine, la colère et la tristesse venant à l'étouffer, et elle avait quitté précipitamment les jardins pour venir pleurer à l'abri des regards le pensait-elle, bien qu'il n'en était rien d'une certaine façon. Cette jeune femme qui était venue à sa rencontre ne pouvait voir avec le regard, mais elle pouvait voir avec l'âme, c'était une formidable force et c'était aussi quelque chose de dangereux aux yeux de Tricia. On s'arrêtait sur l'apparence de l'ancienne souveraine et avec quelques minauderies, elle venait à duper la personne, l'aveugle ne pouvait que comprendre la réalité, à l'intonation de la voix, au tremblement que celle-ci pouvait prendre et aux sanglots qui s'y ressentaient encore. Alors, à quoi servait-il de lui mentir sur son identité ? Abandonnée cette barrière qu'elle mettait constamment entre les autres et elle serait peut-être une action bénéfique. Elle avait fini par la suivre, s'installant à ses côtés, comme si tout cela était tout à fait normal, une otage aveugle et une reine destituée, l'une à côté de l'autre, devant du fil et des perles. Tricia n'avait pas fait cela depuis une éternité, mais étonnamment, elle se souvenait à présent que durant ses jeunes années, ou pendant son mariage, quand l'angoisse venait à la submerger, elle aimait faire ce genre de travaux, cela lui permettait de s'occuper l'esprit. « Cela serait avec plaisir. »

Tricia s'installa convenablement à ses côtés, chassant de ses joues, les dernières traces de ses pleurs et elle commença alors à regarder les différentes perles présentes sur la petite table juste devant elle. Elle prit du fil et s'attela alors à l'ouvrage, écoutant la jeune femme avec un petit sourire amusée. « Sans vous paraître désagréable, vous êtes aveugles et vous êtes otages, pour beaucoup ici, vous venez à porter sur vos épaules deux fardeaux insurmontables au regard de la bonne société. A leurs yeux, ils se demandent comment parvenez-vous à être encore debout malgré tout ça ? Ils ne viendraient même pas à accepter un dixième de l'une ou de l'autre situation. Et puis, il faut bien qu'ils s'occupent à quelque chose. Et souvent la pitié est presque perçu comme un acte de charité de leur part. » Elle hocha distraitement la tête. « Vos paroles sont pleines de vérités, avec une justesse bien douloureuse malheureusement. Il est certain qu'un peu plus de considération, aurait été un mal, aussi bien de la part des femmes que des hommes qui se trouvent ici. La médisance et l’hypocrisie sont reines dans une cour royale. » Elle se mordit la lèvre un instant et se tourna alors vers elle pour l'observer, elle semblait en effet se porter bien, et c'était une bonne chose. Elle osa alors poser une question, espérant ne pas la froisser en étant si direct. « Puis-je vous demander commet vous vous êtes retrouvée ici, en tant qu'otage du Bief ? Vous qui venez de l'Orage. » Elle reprit son ouvrage, elle n'avait pas besoin de faire peser un regard lourd sur la jeune demoiselle à ses côtés et de lui parler ainsi à cœur ouvert, lui donnait presque l'impression qu'elles se connaissaient depuis longtemps, et que ce n'était pas la première fois qu'elles se rencontraient. « La Grâcieuse ? Vous me donnez un surnom bien trop complaisait face à la réalité. On ne voit aucunement cette personne que vous décrivez là, mais plutôt comme une souveraine qui était à bout de souffle, et qui n'avait de toute manière aucune autre possibilité d'action. Et aujourd'hui, j'ai l'impression d'être un fardeau, dans la demeure qui a pourtant été mienne pendant des années. Je finis parfois par me dire que ces gens ont raison sur mon compte ... » Elle sursauta légèrement au son qu'elle produisit, se demandant ce qu'elle était en train de faire jusqu'à ce qu'elle voit apparaître devant ses yeux un serviteur, qui ne manqua pas de s'incliner bien bas en la reconnaissant avant de s'intéresser à la jeune otage qui l'avait fait demander. Elle resta à sa place, regardant l'échange, remerciant le serviteur du bout des lèvres avant de porter ses yeux sur Aenor qui était réellement surprenante. Tricia haussa les épaules, un petit rire s'échappant de ses lèvres. « Alors prenons le thé, oui ! » Elle resta silencieuse quelques instants, méditant sur les paroles qu'elle venait de prononcer. « Oui, vous avez raison, nous ne manquons de rien ici. Mais jusqu'à quand … Un jour, on viendra à nous déplacer, vous comme moi, et l'avenir pourra s'assombrir rapidement. » Elle se demandait à quel époux Manfred viendrait-il la vendre, serait-il du Bief, ou de ses alliés Fer-Nés. Un long frisson lui parcourut tout le corps à cette simple idée.

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Le cœur des femmes…



La dame, malgré sa tristesse, est des plus agréables. Que ce soit dans le ton de sa voix ou dans le choix des mots qu’elle emploie, Aenor ne discerne que de la douceur… Et en son for intérieur, elle ne peut que déplorer que le Bief ne l’ait pas gardée comme souveraine. Si tel avait été le cas, peut-être que la guerre n’aurait jamais eu lieu. Peut-être que toutes ces villes orageoises ne seraient jamais tombée, et que Westeros serait toujours en paix. Peut-être que non, bien sûr, mais, toute aveugle soit-elle, Aenor ne l’est pas assez pour ne pas savoir les ravages qu’ont engendré les querelles des puissants. Sans doute est-ce bien naïf de la jeune Estremont, mais elle ne peut s’empêcher de se demander pourquoi des surnoms comme « Le Conquérant » ou « Le Brave » étaient d’avantage glorifiés que d’autres, moins guerriers. Pourquoi la compassion et le calme ne pouvaient-ils être mis en avant chez les têtes couronnées ? Pourquoi estimait-on qu’un règne sans expansion était un règne de perdu ? Toutes les têtes couronnées partageaient-elles cet appétit pour les terres du voisin ? Aenor ne peut le savoir. Sa rencontre avec Manfred avait été brève, tout comme celle avec la reine Argella. Celle-ci, d’ailleurs, avait semblée plus prompte à défendre ses gens qu’à se préoccuper de conquérir des terres du Bief ou de Dorne, ses voisins directs…

C’est une paire atypique que forment les deux femmes, deux fleurs bien différentes au milieu des milliers d’autres qui s’épanouissent dans les jardins de la capitale bieffoise. L’une est pleine de regrets, et l’autre temporise, sans savoir s’il lui est permis d’espérer, mais prenant tout de même cette liberté. Approcher l’âme en détresse que lui avait semblé être Tricia a été naturel pour l’oragoise. Elle-même l’a si souvent été, en peine… Maintenant qu’elle avait surmonté, semble-t-il, la majorité de ses chagrins, elle avait des armes à donner aux autres pour dompter les leurs. C’est ce à quoi elle aspire, tout du moins, en proposant à la dame de haut lignage à partager un thé, quelques pâtisseries, et des jeux de perles, purement mécaniques, pour leur occuper les mains pendant qu’elles discutent. Aveugle, mais loin d’être sourde, Aenor voit dans la comparaison que tire la reine déchue entre les courtisans et elle un compliment, celui d’une force latente qui ferait défaut à beaucoup d’autres. Elle apprécie, s’en enorgueillit, un petit peu, avant de se souvenir qu’elle n’aurait sans doute pas été différente de tous ces coquets enragés si elle avait pu y voir… Pensée qui la fait instantanément régresser à un stade d’humilité acceptable. Elle hoche gentiment la tête, alors, sans relever. Beaucoup de choses rendent les hommes humbles, au final. Il faut simplement qu’ils endurent les épreuves adéquates. Au final, ce sont toujours les dieux qui ont le dernier mot, et eux, pauvres mortels, n’ont d’autre choix que de s’y soumettre.

« Vous pouvez. » Répond Aenor, à la question de la reine concernant sa qualité d’otage. « Je me trouvais à Havrenoir lorsqu’elle est tombée. On ne m’a pas laissée rentrer chez moi… » Elle hausse les épaules pour masquer sa tristesse. Si elle s’accommode, par défaut, de sa condition, il n’empêche qu’elle aimerait retrouver les siens, et quitter ce nid de vipères. Le contraire serait étonnant. Prétendre que ce n’est pas le cas serait suspect. Une fille, loin de chez elle, sans être mariée… Il n’y a aucun doute que sans la menace que l’honneur de la famille royale ne soit entaché en cas de maltraitance, elle aurait déjà perdu, via les ragots à tout le moins, sa vertu. Ne souhaitant pas s’attarder sur ce sujet, elle laisse la conversation se poursuivre sur autre chose, et offre à son tour un compliment à sa complice de l’après-midi. Seulement, celle-ci ne semble pas plus disposée que ne l’a été Aenor à l’accepter… « Vous devriez cesser de vous flageller, Ma Dame… » Elle lui répond, toujours emprunte de cette même gentillesse. « Affronter la mort d’un époux aimé n’est jamais une chose aisée, encore moins quand le poids de la couronne s’ajoute à celui du deuil… N’importe qui se serait retrouvé à bout de souffle, harcelée de toutes parts. Je pense que vous auriez pu faire une monarque d’exception, si les attentes placées en vous ne vous avaient pas broyée à un moment où vous étiez si vulnérable… » Son sourire se fait plus ténu, débordant de compassion. « Les royaumes ont besoin de stabilité pour perdurer, et pour cela, il fallait un héritier. Vous auriez pu régner, et désigner un successeur qui aurait pris la couronne à votre décès. Neveu ou cousin… Voire même vous remarier. Les enjeux auraient été différents. Un million de possibilités s’offraient à vous, mais à vous entendre, vous avez cruellement manqué de soutien, et j’en suis sincèrement désolée pour vous. » Pas de pitié, seulement la perspective d’un énorme acte manqué pour la souveraine. « Je sais bien que dans la bouche d’une orageoise, ça n’a pas de valeur, mais pour moi, vous serez toujours la Gracieuse… Je vous promets d’appliquer cette épithète à votre nom, chaque fois que je le prononcerai. Ainsi, si les historiens le veulent, il vous survivra. » C’est, à son sens, le mieux qu’elle puisse faire dans sa situation.

Cela étant, l’évocation d’un mariage éventuel l’inquiète. Le Bief a-t-il l’autorité pour la marier, plutôt que ses parents ? Ne serait-ce pas là une affreuse provocation ? Aenor se sent un peu perdue vis-à-vis de sa situation. Que le Bief gagne ou perde cette guerre, elle s’était toujours figurée retourner chez elle, que ce soit en tant que nouvelle citoyenne bieffoise ou en orageoise libre… Mais en tant qu’Aenor Estremont. Le Bief pouvait-il disposer d’elle ainsi ? Elle espérait que non… Refusant de s’ouvrir à ses craintes à la femme déjà tourmentée qui l’accompagne, elle préfère la consoler. « Sa Majesté Manfred est votre frère, et vous doit sa position actuelle… Il doit vous aimer, Dame… Ou à tout le moins, vous être reconnaissant. Vous choisir comme époux et se choisir comme beau-frère un homme respectable me semble être la moindre des choses. Si ce n’est pas pour vous, au moins le fera-t-il pour lui… Mais, si cette perspective vous tourmente, pourquoi ne pas lui couper l’herbe sous le pied et vous choisir vous-même un prétendant, que vous lui soumettrez ? Si vous parvenez à lui faire croire, même, que l’idée est de lui, alors vous pourrez vous libérer de cette cage dorée, et vous ne le devrez qu’à vous seule. » Si elle devait le faire, elle, c’est ainsi qu’elle se sortirait de cette épineuse situation. « Quant à la cour, je suis certaine que vous avez encore beaucoup à offrir. Ne laissez pas des courtisans hypocrites, comme vous l’avez dit, vous définir, vous enfermer dans un rôle qui ne vous plaît guère… Quitte à faire jaser, j’aurai tendance à vous conseiller de suivre la voie qui vous attire le plus. » Retroussant discrètement son nez, se donnant, l’espace d’un instant, l’air rusé d’un renard, Aenor affiche un sourire de connivence avec la reine, curieuse de savoir de quels élans son cœur palpite.

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MessageSujet: Re: Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets / Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé]   Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets /  Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé] EmptyMer 17 Mar - 16:28

Il n'y avait pas à jouer à cet instant, il n'y avait pas à tromper par des gestes, par des faux sourires. Chercher à troubler l'interlocuteur qu'on avait en face de soi, maîtrisant son corps pour pouvoir donner le change alors que le cœur n'avait qu'une seule et unique envie, de pouvoir hurler, hurler jusqu'à ce que la voix se bloque, que la voix se taise et de pouvoir ensuite de retrouver le calme, de retrouver un peu de douceur, et peut-être un jour finir par atteindre la paix. Cette paix qui lui manquait tant, qu'elle voyait s'éloigner de plus en plus d'elle, qu'elle n'arrivait même plus à l'effleurer du bout des doigts. Mais en fait, cette sensation, cette façon d'être à cet instant venait sincèrement à l'effrayer, car il n'y avait plus d'artifice, il n'y avait qu'elle et seulement elle. Elle se demandait si elle pouvait faire face à elle-même à cet instant, accepter son véritable visage, et peut-être un jour finir par le porter avec fierté, plutôt que d'en avoir honte. Elle s'était sans doute déjà bien assez culpabilisée au cours des derniers mois qu'elle avait passé à Villevieille, se cachant dans ses appartements de la demeure familiale, sous les questions incessants de sa mère, et le mutisme colérique de son père suite aux derniers événements. Tricia avait fait le tour de la question des milliers et des milliers de fois sans doute et la conséquence était toujours la même, son infertilité avait brisé ses rêves, ceux de son époux également et avait mis la maison Gardener à genoux. Elle ne savait pas pourquoi, elle n'avait jamais compris. Elle avait vu de nombreux mestres, elle avait tenté de nombreuses potions, elle avait même supplié son frère pour pouvoir trouver une solution à ce problème. Elle ne savait si ses diverses tentatives lui avaient été bénéfiques ou si en contraire elles lui avaient coûté définitivement toute chance de concevoir un jour un héritier. Tourner la page, après les mois, après les années, elle n'y arrivait toujours pas, car tout son avenir tournait autour d'une chose qu'elle n'était pas capable de donner et qu'elle ne serait jamais capable de donner.

Tricia avait voulu en apprendre un peu plus sur la jeune femme venue de l'Orage, et se retrouvant ici à Hautjardin, en qualité d'otage. Il y avait certes des prisonniers de guerre, moins bien considérés qu'elle ne l'était, mais elle n'en restait pas moins une otage quand même, devant vivre loin des siens, loin de chez elle. Le Bief savait se comporter de façon correcte, mais elle représentait quand même l'ennemi et elle le resterait forcément, à moins que les tensions ne s'apaisent, à moins que la guerre ne touche à sa fin. L'ancienne souveraine du Bief avait pleinement confiance dans les capacités militaires et l'intelligence stratégique de son frère. Manfred Hightower était loin d'être un simplet, c'était même tout le contraire. On ne pouvait prédire l'avenir sur celui qui serait le vainqueur et celui qui serait le grand perdant, et elle venait à se demander ce qui serait le mieux pour elle, d'être du côté des vainqueurs, ou de faire parti des perdants. Qui sait, d'ici quelques semaines peut-être, quelques mois, Aenor Estremont serait libre et Tricia Gardener serait l'otage de l'Orage. Elle continuait à s'occuper des perles, tout en écoutant ce que la jeune femme était en train de lui dire. « Je suis sincèrement désolée pour vous … Je ne peux vous aider à rentrer chez vous malheureusement, je n'ai plus les prérogatives pour cela, mais si je peux faire quelque chose pour pouvoir améliorer un peu votre condition, je ne manquerai pas de le faire. » Tricia se mordit l'intérieur de la joue quand elle écouta les paroles de sa nouvelle comparse, elle sentait les larmes commencées petit à petit à lui monter à nouveau aux yeux. Rien n'était simple, mais elle ne voulait pas que sa tristesse, sa faiblesse transparaisse une nouvelle fois dans sa voix. « L'héritier désigné qu'était Kevan Gardener, le frère de mon époux, était tout désigné pour cela, mais il est mort lui aussi. Me remarier … Si tôt après mon veuvage … A vrai dire je n'ai sans doute pas pensé à toutes les possibilités … Et tout le monde me pressait. Il ne sert de toute manière à rien de revenir sur le passé, ce qui est fait, est fait maintenant. »

Le sourire lui revint alors un peu plus, et quelques instants, elle prit la main de la jeune femme dans la sienne et elle la serra dans la sienne. « Je ne peux que vous remercier pour votre soutien et pour cet épithète accompagnant mon nom. ». Elle relâcha alors sa main, reprenant son travail manuel. Elle ne savait rien des sentiments de son frère à son égard, il était clair que la situation était des plus compliquées entre elle et Manfred, elle n'avait toujours pas digéré ce qu'il lui avait fait. « Il serait bien capable de me faire épouser un Fer-Né pour pouvoir rallier des hommes de sa femme à sa cause … Mais vous avez raison, il est effet tout à fait possible et bien plus simple sans doute que je lui coupe l'herbe sous le pied. » Elle se mit alors à rire. « Vous m'êtes d'une aide fort précieuse Lady Estremont. »

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Le cœur des

femmes…



Complaisante, la main de l’aveugle vient saisir, à tâtons, celle de la reine déchue, pour la serrer légèrement avec affection, son sourire trahissant tout de son absence de naïveté à ce sujet. « Laissez, ma dame… Il n’est plus question ici de prérogatives mais de tractations politiques qui n’ont rien à voir avec moi. N’entrent dans la balance qu’à peine ma vertu, alors que mon nom et la valeur de ce nom dans l’Orage, terres ennemies du Bief, sont primordiaux. Je suis un pion, votre Majesté, un pion dont la valeur peut fluctuer de relativement intéressant, à sans aucun intérêt en un rien de temps… » Aenor sourit avec une triste lucidité, et finit par relâcher la main de la reine. « L’accepter m’a beaucoup aidée à m’acclimater à Hautjardin. » Elle confie, sans la moindre honte, puisque c’est, à son sens, la pure vérité. Si le Bief avait pu choisir, il ne l’aurait pas choisie elle pour être otage. Elle a juste eu la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment, mais si le nom en lui-même ne suffit pas, il n’est pas impossible que le Bief tape sur le nombre. Après tout, ils ont fait tomber Havrenoir, et son cousin, héritier de la maison, avec… Un Dondarrion, un Estremont… Voire plus d’orageois. Peut-être que cela finirait par donner l’illusion que la reine de l’Orage était incapable de protéger ses vassaux… Quoiqu’en soient les raisons, aucune n’avait de rapport avec Aenor, ce qu’elle était en tant que personne, et tout avait à voir entre l’Orage et le Bief, et leur satanée partie d’échecs.

Au moins la reine Tricia et Lady Taïna sont agréables avec elle, et lui montrent plus de compassion que la majorité des autres personnes faisant vivre Hautjardin. Sentant que la première, d’ailleurs, était toujours bouleversée par les événements qui l’ont récemment frappée, Aenor fait preuve de pudeur et n’insiste pas plus quand la reine décide de mettre un terme à la conversation. La jeune orageoise n’a pas la moindre envie de torturer sa vis-à-vis, bien au contraire, le fait qu’elles fassent des perles étant sensé les aider à se détendre. Sourire aux lèvres, la rouquine baisse légèrement la tête en signe de respect quand Tricia la remercie de l’élégant surnom qu’elle décide de lui attribuer, cependant, elle ne peut empêcher une expression de profond dégoût à l’entente de la possibilité pour la reine que d’épouser un fer-né… Pour accroître les armées d’un frère. « Quel genre de frère pourrait faire cela à sa propre sœur… ? » Elle souffle, trahie par son incrédulité, avant de se rendre compte de l’énormité qu’elle a sortie, et de rire gauchement au compliment que lui fait la Gardener. « Tout le plaisir est pour moi, votre Majesté… » Une réponse convenue et polie, même si Aenor est dans tous ses états. Elle vient de remettre en question certains des fondements des mariages arrangés, possiblement contre le sens du Bief… C’aurait été n’importe qui plutôt que la sœur du roi, c’aurait pu rester sans conséquences… Mais en se faisant, elle avait insinué la possibilité puisse être un frère, et donc un roi, cruel. Si Tricia décidait de laisser passer, Aenor saurait qu’elle devrait toujours faire attention, qu’elle pourrait lui réclamer des choses pour retenir sa langue… Si pas, et bien… Les possibilités allaient du chantage à la décapitation…

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Le destin de l'otage ne tenait qu'à un fil, celui de la guerre. L'avancement ou le recul de l'Empire et par extension des troupes de l'Orage contre les forces du Bief viendrait à tout changer pour l'avenir de la jeune femme, qui malgré son incapacité visuelle et sa position d'otage, continuait à sourire, continuait à être douce, et même à être complaisante avec une ancienne souveraine du royaume dans lequel elle était retenue prisonnière. Cela était assez impressionnant aux yeux de Tricia Gardener, et elle pouvait avouer sans détour, qu'elle possédait en cet instant, un réel respect pour Aenor Estremont. Elle ne perdait pas espoir et pourtant la situation n'était clairement pas en sa faveur, bien que pour le moment Manfred ne semblait pas décider de faire d'elle sa nouvelle proie et de chercher à s'amuser avec la jeune femme d'une manière ou d'une autre. Bien qu'elle serait la grande perdante dans tous les cas, car Manfred Hightower pouvait avoir le plus grand amour pour une personne et pourtant se décider à poignarder celle-ci en plein cœur, littéralement ou métaphoriquement, si cette dernière venait à contrarier ses plans sur le long terme. C'est ce qu'il avait fait avec elle, et pourtant, il tenait sincèrement à elle, en tout cas c'était ainsi qu'il s'était toujours montré au sujet de sa petite sœur. Maintenant, à savoir si c'était la réalité ou un jeu, les contours devenaient de plus en plus difficiles à identifier. Mais si la situation était déjà complexe pour elle, elle ne manquait pas d'imaginer celle dans laquelle se trouvait la jeune otage, et elle avait de la compassion à son égard, une compassion sincère. Elle aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour elle, pour négocier son retour parmi les siens, mais elle n'était malheureusement plus en position de le faire, et elle se demandait même si elle l'avait été un jour. « Je ne manquerai pas néanmoins, si vous me le permettez, de prier les Sept pour vous, et souhaitez que vous retourniez au plus vite auprès des vôtres. » Elle ne pouvait indéfiniment rester à Hautjardin, elle viendrait un jour à partir, pour se marier ou pour rentrer chez elle, Tricia venait à espérer que ce soit la seconde option et non la première.

Elles continuèrent à discuter, et notamment à discuter de Manfred et des décisions qu'il pourrait prendre dans l'avenir la concernant. Tricia n'avait pas envie de cacher son inquiétude à cet instant, car celle-ci était tenace et elle savait qu'elle avait manqué de jugeote quelques temps auparavant avec son frère, en lui montrant qu'elle n'avait nullement oublié ce qu'il lui avait fait, et qu'elle en gardait aujourd'hui encore une vive amertume qu'elle avait du mal à cacher. Cela avait été une grave erreur, elle avait oublié qu'elle ne pouvait aujourd'hui plus lui faire autant confiance qu'auparavant et que chaque chose qu'elle avait pu lui dire par le passé, avait été finalement utilisée contre elle, pour qu'il obtienne enfin ce qu'il voulait à la mort de Mer : la couronne du Bief. Elle avait compris qu'elle avait perdu son véritable allié ici à Hautjardin et peut-être partout ailleurs dans le royaume, il l'aimait peut-être encore assez pour ne pas lui faire l'outrage suprême de le vendre à un Fer-Né. S'il venait à prendre cette décision, elle viendrait à prendre un chemin bien plus radical pour éviter ce déshonneur certain, et il n'y aurait alors que deux solutions, se mettre sous la protection du Grand Septon ou la mort. Elle n'était pas prête à accepter son destin comme semblait si bien le faire Aenor. « Un frère qui pense avant tout à la politique et à réaffirmer les relations avec ses alliés, plutôt que de penser à sa sœur. Je ne suis plus qu'un atout dans sa manche dont il fera usage au moment qui lui paraîtra le plus opportun, que cela me plaise ou non. » Elle soupira longuement avant de poser son ouvrage de perle sur la table. « Je crois qu'il vaut mieux que j'y aille, avant qu'on ne se mette à ma recherche … Sachez que j'ai été plus qu'heureuse d'avoir fait votre rencontre et d'avoir pu libérer un peu mon cœur. Merci pour votre écoute et votre patience, Lady Estremont, j'espère que nous nous reverrons bientôt. » Elle posa sa main sur la sienne quelques instants et la serra délicatement avant de se retirer.

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