A new Stark is born [Tour VIII - Terminé]

Tour 8, An 1, mois 10, semaine 2.

Winterfell vibrait doucement de cette joie que pouvait provoquer la naissance d'un enfant royal dans une capitale qui avait connu tellement de changements au cours des derniers mots. Entre les mariages, le fait que son roi si illustre avait déposé la couronne pour la laisser à son fils aîné, devant régner alors que son père était toujours vivant, que son père était devenu empereur. Un autre mariage, entre un Jeune Loup que tout le monde observait et une étrangère, qui n'était pas née reine mais qui avait été faite reine par les affres du destin, issue d'une famille du Conflans qui s'était opposée pendant de longues années au royaume du Nord, et donc d'une façon directement à l'homme qu'elle venait tout juste d'épouser. Jon n'avait pu accompagner son épouse jusqu'à Winterfell quand Eléanor lui avait annoncé sa grossesse. Il était hors de question pour leur image, pour avoir l'approbation du peuple et son soutien, que le nouvel héritier du royaume du Nord, que le futur Stark de Winterfell, puisse naître en dehors du territoire de son père, naître dans le Conflans, le ferait devenir un étranger, même en portant le nom de Stark. Quand Jon avait posé des questions pour connaître la façon dont la jeune reine s'était comportée à son arrivée dans le Nord, rien de négatif ne lui avait été dit et c'était un soulagement. S'il avait compris une chose concernant son épouse, c'est qu'elle avait la volonté de bien faire, même si elle avait fait preuve à de nombreuses reprises de maladresse mais visiblement, plus qu'avec son propre époux. C'était sans doute une bonne chose pour le bien du royaume, quant aux restes, par rapport à eux deux, l'avenir seul pourrait dire si le rapprochement continuerait ou non. Eléanor lui avait posé la question et Jon s'était retrouvé un peu perdu quand il avait fallu lui répondre. Bien évidement, les choses s'étaient apaisées entre eux, le fait que la grossesse se passait si mal, permettaient aux deux époux de se tempérer l'un et l'autre d'une façon différente, mais il ne voulait en rien se précipiter, malgré la naissance de leur fille.

Car oui, après des mois d'attente, des semaines complexes dans l'incertitude la plus totale de savoir si l'enfant et surtout la mère allaient survivre. C'était un soulagement que les choses se soient terminées sur une note positive, même si Eléanor avait connu des complications. L'attente avait été longue, très longue, il avait fallu presque la journée avant qu'elle ne finisse par donner naissance à leur premier enfant. Tout ce temps-là, il avait prié les Anciens Dieux pour que les deux soient en vie à la fin de l'opération, et il avait été entendu. Cependant, toutes ses prières pour avoir un fils n'avaient visiblement pas été entendu. Petite princesse aux quelques cheveux auburn sur le sommet de sa tête, ses yeux d'un noir profond, typique du Nord et surtout à l'identique des yeux de son père. Elle était un petit bijou, et Jon serait prêt à donner sa vie pour pouvoir protéger ce petit être. Il avait l'impression que le poids sur son cœur s'était envolé au moment même où il avait tenu Sigyn pour la première fois dans ses bras. Deux jours après la naissance de la petite princesse, la joie parcourait les rangs de ces nobles dames qui avaient rejoins Winterfell alors que leurs époux étaient repartis à la guerre. Un enfant était une source de joie et de discussion également, mais l'entrain n'était certainement pas aussi vif que pour un fils. Jon avait un souvenir très lointain de l'annonce de la naissance de Walton, et la forteresse avait été bien plus vivante et festive qu'elle ne l'était aujourd'hui. La reine était au moins capable de tomber enceinte, de porter un enfant pendant plusieurs mois mais aussi de mettre au monde ce même enfant, en bonne santé. Ce n'était que du positif pour le couple royal. Mais les attentes ne seraient que plus grandes pour le prochain, et si Jon était tout à sa joie d'être père, il était roi et savait parfaitement ce que cela voulait dire. Après deux jours, presque constamment au chevet de sa femme et de sa fille, il s'était permis de se rendre sur le haut de la forteresse, parcourant le trajet que faisaient les gardes pour observer les allentours. Redescendant dans les couloirs moins pris au vent, il se retrouva alors face à Alysia et son visage s'illumina doucement. Il inclina la tête devant elle. « Lady Flint, me voilà heureux de vous revoir … Puis-je vous proposer de faire quelques pas avec moi ? »

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le devoir est une série d'acceptations.

A new Stark is born

Alysia s’était petit à petit renfermée sur elle-même, depuis l’accouchement de la reine Eleanor. Elle avait eu l’occasion de passer devant la porte de ses appartements et d’entendre les gémissements de douleur. Cela ne lui avait permis que de faire ressurgir de mauvais souvenirs. Elle était donc retournée dans ses appartements, tentant d’ignorer les images qui défilaient devant ses yeux. Elle se remémora l’instant où l’homme chargé de l’aider à accoucher était placé face à son entrejambe, lui donnant des indications pour mener à terme cette grossesse. Elle se souvint avoir presque hurler de douleur. Son corps était en sueur et trempait le reste de ses draps, quand ils n’avaient pas été tâchés par du sang ou des substances méconnues. Elle se rappela des larmes qui ruisselaient le long de ses joues, alors qu’elle se pensait libérée d’un poids quand son premier enfant arriva. « Ne lâchez rien, Lady Flint. Il y en a un deuxième qui arrive. ». Il n’avait fallu que quelques mots pour la faire paniquer davantage. Son époux était parti au combat à ce moment. Comment pouvait-elle lui en vouloir, quoiqu’elle aurait aimé serrer sa main pour sentir une présence un peu plus chaleureuse que les autres à ses côtés ? Puis, elle se souvient des dernières paroles de son médecin : « C’est un garçon. Il est… mort ». Sans doute voulait-il dire qu’il était en excellente santé, mais cela n’avait pas été le cas. Sa vue s’était rapidement troublée et elle s’était retrouvée incapable d’en entendre davantage. Le souffle coupé, elle s’était totalement coupée du reste du monde, de son premier enfant, incapable d’affronter cette terrible réalité. Sans compter qu’elle était à bout de force. La jeune Flint se demanda alors comment s’en sortait Eleanor, alors qu’elle prit place sur une banquette, près de la fenêtre, tout en rapprochant ses jambes de son corps.

Quelques jours étaient passés depuis l’accouchement de la reine et elle n’avait pas pu croiser une seule fois Jon. Heureusement, d’ailleurs. Alysia aurait été incapable de le féliciter un peu plus tôt. Il y avait eu tellement de réminiscence de souvenirs douloureux qu’elle aurait préféré oublier. Il fallait dire qu’elle avait évité la plupart des couloirs où les dames de la Cour se contentaient de parler que de cet heureux événement. De toute manière, la jeune veuve ne s’était jamais sentie comme appartenant à leur groupe de commérages. Il fallait dire qu’elle était bien souvent plus à l’aise avec les hommes qu’avec les femmes. Leurs conversations étaient bien plus intéressantes. Malheureusement, sa réputation était en jeu à chaque fois qu’elle s’approchait un peu trop près. Ces vipères étaient à l’affût du moindre mouvement et elle détestait cela.

Comme pour fuir cette terrible réalité qu’elle n’était pas prête à affronter, elle s’isola dans ses appartements avec son fils Kaegan. Elle tenta de retrouver du réconfort auprès de lui, sans pour autant lui faire comprendre son profond chagrin. Alysia se mit alors à imaginer ce qu’aurait pu être sa vie si jamais le mariage avait été fait entre Jon et elle, et non pas son défunt mari. Tout aurait été tellement différent. Puis, elle secoua le visage, pestant contre elle-même pour avoir des idées aussi saugrenues. Jon était le roi et son mariage avec Eleanor était un franc succès. Il n’y avait rien d’autre à rajouter. Bon sang, elle devait prendre l’air avant de devenir totalement folle !

Confiant son bien-aimé à une femme spécialisée dans la garde des enfants de la Cour, elle rajusta sa robe rose pâle, aux volants en dentelle. Elle ne connaissait que trop bien le Nord pour savoir qu’une cape était de première nécessité pour affronter les températures de l’extérieur. S’équipant comme il se le devait, elle quitta ses appartements, sans aucune idée en tête, si ce n’était de profiter de ce moment pour se ressourcer et se changer les idées. Malheureusement, elle n’y parvint pas et fut rapidement rejointe par Jon. Évidemment, elle était heureuse de le revoir, mais quelque part, elle lui en voulait d’être venue, parce qu’elle serait incapable de jouer parfaitement la comédie s’il lui demandait comment elle allait. Et puis, cette alternance du tutoiement en privé et du vouvoiement en public étaient assez déstabilisants pour elle. Alysia n’en oublia pas pour autant les coutumes et fit sa plus belle révérence à son ami.

— Évidemment. Qui serai-je pour refuser un peu de temps en compagnie du Roi ? Répliqua-t-elle en lui adressant un léger sourire qui se voulait presque uniquement de politesse. Elle était bien trop perdue dans ses pensées et avait besoin d’un petit moment pour se reconnecter au présent.

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Alysia et lui s'étaient toute une histoire. Une histoire qui remontait à bien longtemps déjà, et peut-être une histoire qui aurait dû s'arrêter à ce moment-là et qui permettait, au moins aux yeux de Jon, de garder de très bons souvenirs avec une jeune femme qui avait été bien plus qu'une simple amie, mais une personne pour qui il avait noué de sincères sentiments, à une époque où les premiers émois étaient une chose importante, même si on ne mettait pas de mots sur ce qu'il se passait. Jon passait pour quelqu'un de froid, une vraie statue de glace qu'il était impossible d'atteindre. Il avait cette stature, digne de son héritage nordien, qui s'était étoffée petit à petit au cours des années et à présent au cours des batailles auxquelles il avait participé. Il avait des boucles aussi noirs que les corbeaux et des yeux sombres, qui restaient fixes et n'exprimaient que rarement ses émotions, qu'il enfouissait profondément en lui. Alors forcément, cela avait tendance à déstabiliser les personnes qui se trouvaient en face de lui, et encore plus quand il venait à ne faire aucun effort pour se montrer plus agréable. Il avait toujours dit qu'il était un loup solitaire, et même s'il était à présent marié, il avait du mal à changer sa nature profonde. Il en revenait toujours au même point, à cet événement qui avait tout changé. Il était bien conscient que cela était un frein pour s'épanouir un peu plus dans sa vie, bien que le pouvoir vous poussait souvent à la solitude, mais pour lui, cela était quelque chose de plus développer. Jon estimait quand même qu'il avait fait des efforts au cours des dernières semaines, parce qu'il était de retour chez lui, parce que les choses se calmaient un peu avec son épouse, parce qu'il allait être père, parce qu'il avait retrouvé des personnes qu'il appréciait sincèrement et qui lui avaient prouvé qu'ils étaient là pour le soutenir. Il y avait des doutes, mais il se sentait quand même plus serein qu'avant.

Et puis, deux jours auparavant, il avait été prévenu au petit matin que le travail de son épouse avait commencé. La reine était en train d'accoucher, le roi lui faisait les cent pas, attendait avec impatience la conclusion de tout cela. L'enfant et la mère allaient bien, et c'était un soulagement après toutes les complications de la grossesse. C'était une fille, une petite Sigyn comme ils avaient décidé de la prénommer, en l'honneur de la mère défunte du roi. Un prénom qui serait, il espérait, bénéfique pour la petite princesse. Il était certain que sa mère, si elle avait été encore en vie, aurait été comblée d'avoir une petite fille, et qu'elle n’aurait pas manqué de veiller sur elle. Alors c'était une façon supplémentaire que la grand-mère soit auprès de sa petite-fille d'une façon ou d'une autre, et qu'elle soit une aussi grande Dame de Winterfell qu'elle avait pu l'être. Cela risquait peut-être de mal passer auprès de son père et de sa belle-mère, après les confidences qu'on lui avait faites, mais c'était un désir de sa part et le Nord ne manquerait pas d'être derrière lui dans cette décision. Jon avait donc envoyé de nombreuses missives à travers le royaume et à travers Westeros. Après deux jours à passer entre son bureau et la chambre où dormait la reine et la jeune princesse, il avait eu le besoin de sortir pour pouvoir s'aérer un peu l'esprit. Et cela lui avait fait du bien.

Encore plus quand il s'était retrouvé face à face avec Alysia Flint. Il n'avait pas eu beaucoup de temps à lui consacrer ces derniers temps, à ses grands regrets, mais maintenant qu'elle était là en face de lui, il avait la volonté de passer du temps avec son amie, si elle le désirait bien évidement. Certes, on disait souvent qu'on ne pouvait rien refuser à un souverain, les deux se connaissaient depuis assez longtemps pour ne pas s'encombrer de ce genre de chose si elle n'avait pas le désir de converser avec lui. Quand elle accepta, il lui sourit tendrement avant de se reprendre un peu, même s'ils étaient assez tranquilles pour le moment. Ils se mirent à marcher côte à côte lentement. « Ce n'est point le roi, mais l'ami qui a envie de profiter de votre présence à ses côtés. Comment allez-vous ? » Il ne voulait pas qu'il pense qu'il se moquait d'elle, de sa santé et de son état d'esprit alors que c'était lui qui l'avait invité à venir à Winterfell.

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Alysia avait quelque peu honte d’elle-même, pour avoir voulu éviter son ami durant des jours. Son attitude était assez pitoyable. Ce n’était pas parce qu’elle avait perdu un enfant qu’elle devait en vouloir à la terre entière et jalouser Eleanor, parce que son accouchement s’était bien déroulé, en perspective, à côté du sien. La jeune femme avait beau avoir un franc-parler reconnu à la Cour de Winterfell, cela ne l’empêchait pas pour autant de garder certaines choses pour elle. En particulier lorsqu’il s’agissait de jalousie. Elle ignorait depuis quand cette situation durait. Eleanor était une femme particulièrement charmante, mais elle entretenait une place particulière dans le cœur de Jon, qu’elle aurait aimé avoir lorsqu’elle avait quinze ans. Le destin en avait voulu autrement. Mais quelque part, elle voyait en elle ce qu’elle aurait toujours aimé avoir et cette perspective était devenue de plus en plus envahissante depuis qu’elle avait donné la vie à la petite princesse du Nord. Elle jalousait sa chevelure de feu. Elle jalousait le fait qu’elle ait eu la compagnie de son mari à son chevet, tout le temps de sa grossesse. Elle jalousait le fait qu’elle avait pu donner la vie sans la reprendre immédiatement, alors qu’elle en avait été incapable. Elle jalousait le fait qu’elle puisse enlacer Jon en public, alors qu’elle-même était obligée de le vouvoyer. Et la jeune Flint s’en voulait terriblement d’avoir de telles pensées. Elle devrait se réjouir de l’avenir de son ami. Elle devait d’ailleurs faire tout ce qu’il était en son pouvoir pour lui montrer que c’était le cas. Alysia ne voulait pas l’embarrasser avec ses tourments. En particulier parce qu’il le concernait lui, son mariage et sa famille. Il vivait un bon moment et elle serait si égoïste de s’en accaparer.

Sur ces brèves pensées, elle se mit à lui sourire délicatement. Sa main glissa le long de sa propre peau, pour remettre une petite mèche rebelle derrière son oreille. Elle savait parfaitement qu’il était son ami et pas seulement son roi, mais elle se devait de jouer la comédie en public. Il fallait bien avouer que le passage entre le vouvoiement et le tutoiement devenaient assez compliqué pour elle. Lorsqu’elle avait l’impression d’être un peu plus proche que lui que ce qu’elle pouvait réellement, le « vous » lui rappelait brutalement sa place et un fossé se creusait entre eux. Il y avait quelque chose de bien trop cadré dans l’emploi de ce mot qui faisait qu’elle ne parvenait pas à avoir les mêmes conversations avec Jon dans les deux situations. Dans son esprit, le vouvoiement caractérisait son roi, celui pour qui elle devait un dévouement absolu et à qui elle avait prêté allégeance dès son premier jour de règne. Le tutoiement se référait à son ami de longue date, celui pour qui elle ferait n’importe quoi.

— Je me porte bien. Merci de vous en soucier, commença-t-elle en entamant un petit morceau de marche à ses côtés. J’ai enfin pu me réadapter à ce château, à cette Cour qui a énormément changé depuis mon départ.

Son visage sérieux laissa petit à petit entrevoir un sourire de bienveillance. Elle ralentit la marche, jusqu’à l’arrêter entièrement pour avoir toute l’attention de Jon. Alysia jeta un rapide coup d’œil autour d’eux, assez longtemps pour être certaine qu’ils étaient seuls dans ce couloir. Quand elle en fut certaine, elle déposa un bref instant sa main sur son épaule et la retira au bout de quelques secondes pour ne pas prendre le risque d’être surpris.

— Je voulais te dire que j’étais vraiment heureuse pour vous, Jon. Tu feras un excellent père, murmura-t-elle de façon à ce que cette conversation ne parvienne pas à des oreilles indiscrètes.

Alysia voulait simplement échanger avec son ami et non pas son Roi, même si cela ne durait que quelques brèves secondes, comme celles-ci, avant que tout redevienne comme avant.

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L'arrivée de la petite Sigyn avait bouleversé l'existence de Jon malgré le fait qu'elle n'était encore qu'un petit nourrisson qui avait quelques jours à peine. Il l'avait toujours dit, enfin il avait osé se confier aux personnes qui lui étaient le plus proche, ce qui ne faisait pas plus d'une dizaine de personnes et encore il était peut-être généreux sur le nombre de gens qui faisaient vraiment partis de son cercle le plus intime et à qui il avait osé avouer qu'il avait besoin d'être père, pour se sentir enfin complet. Sans doute parce que la relation avait son propre père était extrêmement complexe, que les deux hommes se ressemblaient trop pour pouvoir arriver à se comprendre, de nombreux rendez-vous manqués et ce jusqu'à tout récemment encore. Et il ne manquait pas de douter encore que les choses s'arrangent pleinement entre son père et lui, alors qu'il avait pris la décision de prénommer sa petite fille comme sa défunte mère, Sigyn. Ce qui serait sans doute vécu comme un bel hommage de la part de la famille proche, tout comme de la part du peuple du Nord, il savait que cela pouvait être vécu comme un affront pour son paternel après l'annonce de la vérité sur la mort de sa mère. Ce n'était pas contre lui, contre sa belle-mère, c'était ce qui lui apparaissait le plus normal, le plus logique et bien qu'il avait songé pendant un temps à lui donner un autre prénom, dans le cas où ce serait une petite fille, il avait finalement renoncé à cela pour rester sur son premier choix. Il était heureux de tenir la petite princesse dans ses bras, c'était un soulagement qu'elle soit née, en vie et dans une forme assez bonne. Jon n'avait pas eu l'occasion de sortir souvent, de son bureau ou de la chambre conjugale au cours des deux dernières journées, entre les moments d'annonce au lointain de la nouvelle arrivée, et de s'assurer que son épouse et sa fille se portaient bien.

A présent, Jon avait besoin de s'aérer l'esprit et il était sincèrement heureux que son chemin avait rencontré celui d'Alysia. La situation et surtout les sentiments étaient toujours complexes entre les deux anciens amants. Ils étaient tous les deux mariés, même si elle était veuve, ils étaient tous les deux parents. Cela imposait forcément de nouveaux changements entre eux, mais Jon n'avait pas pour autant l'envie de perdre son amie de toujours, parce qu'il était roi, parce qu'il avait une épouse et parce qu'il avait aujourd'hui une petite fille. Alysia avait sa place ici, s'il l'avait invité à Winterfell, ce n'était pas seulement pour faire la charité à la jeune femme car elle avait perdu son mari à la guerre et un de ses enfants lors de son accouchement. Beaucoup de femmes avaient connu des sorts identiques, et des pertes aussi dramatiques. Jon, lui-même, avait manqué de peu de perdre femme et enfant et il avait imaginé un temps ce que cela aurait pu provoquer chez lui et il en aurait été profondément bouleversé. Pour le moment, il était donc tout à sa joie de la naissance de sa fille, bien qu'il aurait voulu un fils, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il rejettait les autres. Alysia oscillait entre le sérieux d'une conversation codée et publique, puis un instant plus tard, elle venait à lui sourire, comme s'ils étaient seuls au monde et elle lui parlait sans fioriture superflu, chose qu'il avait toujours détesté. Il regarda la main qu'elle posa sur son épaule et il lui sourit tendrement avant de murmurer du bout des lèvres. « Allons dans mon bureau, nous serons plus tranquille pour pouvoir discuter. » Il lui fit un signe de tête pour lui demander de le suivre, et il se dirigea à un rythme classique jusqu'au lieu désigné et il la fit entrer dans la pièce avant de la rejoindre et de fermer la porte derrière eux. « Voilà … Il sera plus simple de parler ici … Je te remercie pour tes bons mots à notre égard et aussi pour moi … J'espère sincèrement que je serai un père à la hauteur, un fils aurait été l'idéal pour assurer la pérennité des Stark mais … Elle est si jolie … Et si petite, si fragile … »

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Alysia appréciait énormément Jon, mais son nouveau statut avait créé une sorte de fossé entre eux. Elle ne pouvait plus le fréquenter de la même manière qu’auparavant. Ils avaient tous les deux une conduire à tenir et cela signifiait qu’ils ne pouvaient plus se poursuivre dans les couloirs pour voir qui attraperaient l’autre en premier. L’âge des bêtises et des amusements était passé depuis fort longtemps et il était désormais l’heure d’assumer leurs nouveaux rôles. Tout ce qui lui restait, c’était la nostalgie de leur passé commun et la complicité qu’ils devaient s’efforcer de camoufler au risque de créer des tensions au sein du royaume.

La jeune veuve n’était pas stupide. Elle savait que si leur relation passée venait à se savoir, ce ne serait pas uniquement le statut de Jon qui serait sali, mais sa propre réputation. Aussi fou que cela puisse paraître, Alysia ne voulait pas finir vieille fille. Même si elle avait déjà été mariée, il y avait des sensations que son corps ne voulaient pas oublier. Si Kaegan lui demandait un temps monstrueux, elle savait qu’il finirait par grandir, partir à la guerre ou accomplir ce pour quoi il était doué. Il ne resterait pas éternellement avec elle et elle n’avait aucune envie de sentir ce vide dans son cœur quand cela se produirait. Alors, Alysia se laisserait le temps de trouver un homme bon, un homme bien, qui serait prêt à vouloir d’une femme qui avait déjà été mariée par le passé. Cette tâche ne serait pas facile, mais elle voulait d’une union avec le cœur, pour contraster avec celle qu’elle avait déjà pu avoir par le passé. Elle avait une seconde chance, une chance de faire les choses bien et elle ne la laisserait pas filer entre ses doigts.

Suivant silencieusement Jon, dans ses bureaux, elle se rendit compte d’à quel point leur relation semblait stupide à cet instant. Cette pièce était la seule où elle pouvait se conduire simplement et normalement en sa compagnie. Quelque part, cela lui faisait tout drôle. Elle avait terriblement envie de s’amuser avec lui, de rire en public et elle se demandait si un jour elle aurait la chance de pouvoir le faire, sans risquer de déclencher des commérages ou une mauvaise réputation sur leur famille. Alysia se mordilla nerveusement l’intérieur de la joue, en pensant à toutes ces petites choses qui la dérangeaient, mais qu’elle ne voulait pas confier à Jon.

— Vous aurez bien d’autres occasions pour essayer d’avoir un fils. En attendant, la petite princesse saura conquérir le cœur du Nord. J’en suis persuadée.

Elle lui sourit doucement et déposa délicatement sa main sur son bras, pour montrer l’entièreté de ses bonnes intentions. Les Stark avaient toujours su conquérir le sien, que ce soit en amitié, en respect ou en amour. Elle vouait une profonde dévotion à toute cette famille, qu’elle jugeait apte à gouverner et à prospérer.

— J’espère que Sigyn et Kaegan s’entendront bien, répliqua-t-elle avec une légère lueur de joie dans le regard, en imaginant une compagnie de jeu pour son fils.

Et peut-être même qu’un jour elle aurait une fille, elle-aussi, qui pourrait rencontrer la jeune princesse et faire son éducation ici-même, comme elle avait déjà eu l’occasion de le faire par le passé. Cette idée lui semblait si plaisante, si attrayante...

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Jon n'avait jamais eu la volonté de délaisser son amie au cours des dernières semaines. Ils n'avaient fait que de se croiser, de se saluer, et d'échanger quelques mots assez banales entre deux couloirs, sans pour autant avoir la possibilité d'avoir un vrai moment, tous les deux, et de pouvoir discuter comme avant. Mais rien n'était plus comme avant, car ils n'étaient plus seulement deux adolescents qui avaient grandis ensemble, qui avaient créé une profonde amitié, et qui avaient partagé bien plus dans l'intimité de la chambre du jeune prince qu'il était alors. Elle s'était mariée, avait fondé sa famille, et Jon avait dû faire de même, acceptant la femme qu'on lui imposait, mais qui ne réussissait pas à obtenir son cœur. Et aujourd'hui, les choses n'avaient pas vraiment changées pour lui. Il était vrai que la grossesse compliquée que Eléanor avait dû traverser, avaient rapproché les deux époux. Cela devait forcément se produire, Jon n'était pas un être insensible, même si à bien des égards il était encore plus rude que le froid du Nord en apparence, c'était un homme sensible qui avait une réelle inquiétude pour la jeune femme et il avait une certaine tendresse à son égard, mais il ne pouvait encore parler d'amour pour elle, même si elle était à présent la mère de son enfant. Tout ce qu'il pouvait lui promettre, c'est qu'il serait toujours là pour la soutenir et pour veiller sur elle, et sur leur famille puis-qu’aujourd’hui c'est ce qu'ils formaient tous les trois avec Sigyn. Et Jon espérait que dans un futur, pas si éloigné que cela, il pourrait annoncer à tout Westeros qu'il y avait un nouveau loup à Winterfell, que le Jeune Loup avait enfin un prince héritier. Pour le moment, Eléanor devait se remettre et Jon pouvait quitter un peu plus souvent son chevet, pour pouvoir aller à la rencontre de son peuple et dans ce cas-là, prendre le temps de discuter avec une amie à lui, qui comptait sincèrement.

Cependant, ils étaient toujours obligés de se rencontrer à l'abri des regards indiscrets des gens de la Cour, sans parler de la Dame de Compagnie de la reine qu'elle avait ramené du Conflans avec elle, et qui était là, tournant comme un vautour dans la forteresse nordienne quand elle ne se trouvait pas aux côtés de Eléanor, bien trop prompt à causer des problèmes dans le couple. Il lui était difficile d'être au naturel, parce qu'il était roi, parce qu'il était marié, parce qu'il était père. Les souverains étaient seuls, mais ils étaient seuls à bien des égards et dans diverses situations. Observant attentivement Alysia, une fois tous les deux dans le bureau à l'abri des regards et des oreilles indiscrets, il semblait qu'elle avait une certaine gêne envers lui et c'était une chose fortement désagréable pour le jeune souverain. Il hocha doucement la tête, alors qu'elle lui parlait de la naissance d'un fils un jour. « J'espère que tu dis vrai … Certes Walton est mon héritier pour le moment, et je sais qu'il serait pleinement capable d'assurer ce rôle si un jour je venais à disparaître sans héritier mâle mais … J'aurais aimé que ce soit un garçon, pour assurer de manière plus sereine le futur … Après je suis pleinement heureux d'avoir eu une fille. Elle est si belle mais si fragile … Je me sens bien maladroit en la prenant dans mes bras … » Il lui sourit doucement, alors qu'une rougeur rare venait à naître sur les joues de Jon. Il baissa un instant le regard, prenant la main d'Alysia dans la sienne et la serrant quelque peu. « Oh je ne doute pas qu'ils trouveront un terrain d'entente, nous avons nous-même réussi à nous accorder alors que cela semblait être mal parti au début, vu nos caractères. Ils se bousculeront peut-être un peu, comme nous l'avons nous-même fait quand nous étions plus jeunes. »

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Alysia était réellement heureuse pour Jon. Certes, il n’avait pas eu le parfait héritier pour le trône, mais elle ne doutait pas que cette charmante fille soit la première d’une longue lignée. Le peuple avait dorénavant connaissance que la Reine était capable de donner la vie. Ils auraient donc la certitude que l’héritier tant attendu arriverait un jour ou l’autre. Du moins, elle l’espérait. Les affaires de trône n’étaient jamais une chose simple et Alysia avait vu Eleanor dans un sacré état. La grossesse ne s’était pas bien déroulée et il était possible que la prochaine ne le soit pas non plus. Elle ne l’espérait pas pour elle. Ce n’était pas parce qu’elle était mariée à un homme qu’elle avait aimé autrefois qu’elle allait lui souhaité malheur. Loin de là. Sans oublier qu’Alysia croyait énormément en la puissance des Dieux qu’elle priait. Elle ne prendrait jamais le risque de prier pour que malheureux événements arrivent. Il ne fallait pas jouer avec ce genre chose.

Mais soit. Eleanor avait accouché et elle était en vie, tout comme leur fille. Il y avait de quoi se réjouir pour eux. Alors, quand Jon l’attira dans son bureau, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, elle se permit de le prendre dans ses bras, une fois que son monologue fut terminé. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle pressentait que c’était le bon moment pour lui offrir cette brève étreinte. Quelques fois, c’était le meilleur moyen d’apaiser une âme tourmentée de questions.

— Tu auras tout le temps de songer à un hériter plus tard. Profite de cet instant. Ils grandissent très vite.

Elle se recula et posa un instant sa main sur sa joue. Son regard plongea dans le sien pour lui offrir toute la tendresse et le plaisir qu’elle ressentait pour lui à cet instant, avant de se retirer. Alysia pensa alors à leurs enfants. Elle était bien curieuse de voir cette amitié se créer entre eux. Elle songea un instant au destin de son fils et à la possibilité qu’il puisse réaliser l’un de ses rêves en rejoignant la famille Stark. Peut-être rêvait-elle trop grand? Mais à présent, il n’y avait que Kaegan qui pouvait espérer évoluer dans cette vie. Alysia avait déjà fait son bout de chemin, aussi jeune soit-elle. Tous les bons partis étaient pris. Et très peu de personnes voulaient d’une femme veuve avec un fils sur les bras. Elle ne se voilait pas la face. Sa vie, désormais, elle ne pourrait la vivre qu’à travers les yeux de son fils. Au fond, elle espérait qu’il s’épanouisse, bien plus qu’elle ne l’avait été ces dernières années.

— Peut-être pourrions-nous trouver le temps de fêter ça, un de ses jours ? J’aimerai vraiment voir le visage de ta fille.

Alysia lui offrit un doux sourire empli de respect à son égard. Il construisait quelque chose de beau. Elle était visiblement ravie pour lui. Un avenir radieux se dressait devant lui. Ce n’était que le commencement. Elle en était certaine. Elle avait toujours cru en lui. Il était sage et réfléchissait assez pour ne pas mettre le royaume en péril. La situation n’était pas forcément simple en ce moment, avec le départ des hommes sur les champs de bataille, mais il gérait la situation avec brio. Sans oublier ces nouvelles obligations qui venaient de s’y rajouter.

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L'avenir était un secret pour tous, à part pour les Dieux. Il avait eu une fille, là où aurait voulu un fils, c'était ce que chaque homme désirait. Ce n'était en rien un regret d'avoir une fille, mais qu'on soit roi ou paysan, la force d'une famille se faisait par la naissance de garçons, assez solides pour pouvoir traverser les hivers, et pour un jour reprendre le métier de leur père, quel qu'il puisse être. Sigyn serait un joyau pour le Nord, et même si elle était toute jeune, Jon avait déjà cette fierté et cet amour paternelle pour cette petite chose fragile, qu'il avait peur de briser en la prenant dans ses bras. Mais les rouages dans son esprit étaient déjà en route, la guerre était là, d'une façon ou d'une autre, elle était aux portes du Nord, leurs ennemis avaient le désir de les exterminer tous jusqu'aux derniers, et la chose était entièrement réciproque. Bien qu'il ne soit pas envisageable pour le moment qu'elle se retrouve être la seule héritière du royaume, ayant son père, son oncle, ainsi que de nombreux cousins, Jon ne manquait pas de se souvenir des nombreuses morts dans la maison Stark qui s'étaient accumulées en très peu de temps, et pourtant avec son père, ils étaient en tous quatre fils, cinq si on venait à compter le bâtard, et aujourd'hui il ne restait plus que Torrhen en vie, et la guerre même au cours des derniers mois avaient bien failli lui coûter la vie. Buron avait été une grande défaite pour l'Empire, mais cela aurait sans doute pu être bien pire encore. Alors oui, demain, il pouvait disparaître, son frère également, et ses cousins aussi. Il ne resterait que peu de choix alors pour pouvoir espérer continuer à avoir un Stark à Winterfell. Le fils de sa sœur, le petit Martyn, bien qu'il était hors de question d'imaginer un Lannister à la tête du Nord, même si sa mère était née louve. De ce fait, il devait faire en sorte de penser à l'avenir de Sigyn, même si pour le moment ce n'était qu'un nourrisson.

Jon n'ignorait pas les paroles de la part d'Alysia, elle avait parfaitement raison et il comptait bien profiter de cette petite fille. « Je sais que tu as raison, et toi moi tu as vécu cela avec ton fils … Je ne le vois qu'à quelques intervalles, mais il est vrai que cela fait maintenant trois mois que je suis rentré à Winterfell et que tu as rejoins la capitale, et il change à chaque fois que je viens à le croiser … Et il deviendra sans doute un grand gaillard avant même que l'on puisse s'en rendre compte ! Mais je ne doute pas qu'il aura auprès de lui, la meilleure des mères pour pouvoir veiller sur lui, de jour comme de nuit. » Il n'avait jamais eu de doute sur le fait qu'Alysia soit un jour une bonne mère, et cela était encore plus évident depuis qu'elle lui avait présenté Kaegan en arrivant à Winterfell. Elle était très précautionneuse avec lui et d'une tendresse sans égale. Jon était sincèrement heureux de les avoir tous les deux dans la forteresse du Nord. Maintenant que tous les hommes valides et en âge de combattre étaient repartis en direction du Sud pour la guerre, il était bon pour la capitale d'avoir une nouvelle génération , des petits enfants riant dans les couloirs et bientôt il espérait que sa fille se joignerait à eux. Il plongea son regard dans le sien, prenant la main qu'elle avait posé sur sa joue pour pouvoir embrasser doucement le dos de celle-ci. « Nous ferons sans doute une petite cérémonie pour présenter la princesse aux nobles dames de la Cour du Nord. Pour le moment, comme elle est née un peu en avance, c'est bien plus important de lui laisser prendre des forces pour être la plus belle à être présentée et puis j'aimerai que Eléanor soit présente aussi, c'est son moment à elle également, si elle veut s'installer un peu plus en tant que reine. Mais je te la présenterai … Elle a quelques cheveux déjà, plutôt auburn, à l'image de sa mère mais elle a les yeux noirs des Stark. »

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Alysia avait tendance à ne plus réellement dire ce qu’elle pensait depuis son retour à Winterfell. À vrai dire, les choses étaient si différentes depuis qu’elle en était partie… Le fait que Jon était roi et marié changeait la donne. Quand elle s’adressait à lui, elle s’adressait aussi à un dirigeant et pas seulement à un ami. Ainsi, elle ne pouvait pas dire tout ce qu’elle pensait, au risque de se le mettre à dos ou de lui causer du tort. Par exemple, elle se trouvait incapable de lui dire qu’à chaque fois qu’elle le croisait, cela réveillait les souvenirs du passé en elle. Elle se remémorait leur moment d’intime complicité qu’ils ne connaîtraient sans doute plus jamais. De toute manière, elle ne pouvait lui faire ça. Elle n’avait pas le droit de lui causer des tourments supplémentaires, en plus de tout ceux qu’il pouvait avoir quotidiennement. Elle était incapable de lui dire la flamme qui lui chauffait le creux du ventre au moment où il déposa un baiser sur le dos de sa main. Tout en se mordillant l’intérieur de la joue, elle serra un instant ses doigts autour de la paume de son ami et reprit possession de cette partie de son corps, avant qu’il ne s’enflamme tout entier. Qu’était-il donc arrivé à la petite Alysia franche et qui n’avait pas froid aux yeux ? Elle se ramollissait avec le temps…

Ses pensées se tournèrent alors vers Kaegan et les tourments qu’elle ne pouvait pas partager non plus à Jon. Elle craignait le jour où il lui serait arraché, quand il aura l’âge de partir à la guerre. Elle avait des années devant elle, mais chaque jour, elle s’attachait un peu plus à son doux visage et craignait le jour où on pourrait lui apprendre qu’il est parti comme son père. La guerre faisait des ravages et l’évolution de la situation n’était certaine pour personne. La situation pouvait très bien s’améliorer, comme s’empirer avec le temps. Bien que son allégeance se prêtait au Roi, elle ne savait pas tellement quoi penser de l’Empire, si cela allait les conduire vers un monde meilleur ou si cela allait causer la perte de bien des royaumes. Le problème avec ce genre de projet était qu’il était difficile de se projeter très loin, que les gens qui n’étaient pas haut-placés n’avaient pas toutes les informations à leur portée, et qu’ils se contentaient de subir les conséquences, positives ou non, sur le tas. Évidemment, Alysia soutiendrait toujours le royaume du Nord, Jon et par conséquent l’Empire. Mais il lui arrivait parfois de craindre pour son fils, pour sa vie et celle de ses proches, sans pour autant que cela fasse d’elle une traître. Elle était bien loin d’en être une. Au contraire.

— Je pense que cette cérémonie apportera un peu de baume aux cœurs des habitants.

Elle sourit tendrement à Jon. Le royaume tout entier avait besoin d’un tel événement pour oublier les atrocités de la guerre, au moins quelques jours. Elle ne doutait pas du fait que cela soit un franc succès, même s’il ne s’agissait pas d’un petit garçon. Une naissance de ce genre était symbole d’espoir et de prospérité. Le peuple y verrait un moyen d’assurer l’avenir du Nord. Quant à Alysia, elle ne doutait pas que cette jeune princesse devienne un symbole important pour eux, dans les années à venir. Elle était entourée de personnes fortes, intelligentes et droites. Elle ne récolterait pas uniquement l’amour de ses deux parents, mais également des conseils qui lui serviraient toute sa vie. Sigyn était entre de bonnes mains et elle avait un avenir radieux tout tracé devant elle.

— Et toi, comment vas-tu, en dehors de tout ça ? le questionna-t-elle, inquiète par un éventuel surmenage de sa part.

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La grossesse de Eléanor avait provoqué beaucoup d'attente et beaucoup d'impatience, tout d'abord parce qu'il était bon pour un jeune couple et un jeune couple royal de surcroît de voir qu'aussi peu de temps après son mariage voir naître un possible héritier pour le trône du Nord. Au moins c'était la marque qu'ils avaient tous les deux remplis leurs devoirs conjugaux, ce qui devaient bien évidemment rassurer de nombreuses personnes à Vivesaigues, que ce soit dans la famille de la mariée, du marié ou tout simplement du peuple tout entier. Jon avait peu d'espoir que les mauvais échos sur son mariage, où il n'avait pas su décocher un seul sourire pendant toute la célébration, ne manquent pas de venir à être un sujet de discussion jusqu'à Winterfell. Non, le jeune couple avait fait ce qu'il fallait pour le bien de la maison Stark, et une fois assuré de l'état de la jeune mère, Jon avait quitté Vivesaigues pour la guerre, et elle était partie découvrir sa nouvelle patrie. A partir de ce moment-là, cela n'avait été qu'une suite de problèmes pendant la grossesse de la jeune femme. La neige avait commencé à tenir sur les routes au cours de son voyage, elle avait eu des petites pertes de sang qui avaient fait craindre à son entourage qu'elle ne fasse une première fausse couche avant même qu'elle ne passe les lourdes portes de la forteresse nordienne. Mestre Roshar l'avait bien vite examiné et avait pu la rassurer sur le fait qu'elle n'avait pas perdu l'enfant. Jon avait été soulagé, même s'il était loin, il faisait en sorte de suivre l'état de santé de son épouse jusqu'au moment où il était rentré dans le Nord. Très vite après son arrivé, la jeune souveraine avait dû être contrainte à garder la chambre jour et nuit, si elle ne voulait pas risquer de perdre l'enfant ou même la vie.

Aujourd'hui, elle avait donné la vie à une petite fille, et même si la partie semblait être gagnée, le mestre les avait bien prévenu qu'elle n'avait pas pour le moment la possibilité de quitter son lit, elle avait perdu beaucoup trop de sang, était encore bien trop faible pour pouvoir reprendre ses activités, bien que rien n'était plus normale pour elle depuis que son père s'était engagé aux côtés de l'Empereur, et qu'elle était alors devenue reine. Cependant, il fallait penser à l'après, et même si ce n'était pas un fils qui était né, la célébration de la mère et de sa première née seraient une bonne chose pour son moral de tout le monde. Jon lui sourit doucement. « Oui ça fera du bien à tout le monde, les soldats sont à peine rentrés qu'ils ont du repartir à la guerre et je sens bien que cela pèse sur le moral de tous. J'aurais aimé qu'il en soit autrement, j'ai tout fait pour pouvoir les ramener au plus vite à leur famille mais la neige était si dense et nous étions si nombreux qu'il était difficile de faire plus vite. Le printemps n'a jamais été aussi rapide à revenir … Une naissance permet d'apporter un peu de joie, alors nous ferons en sorte de la partager avec tout le monde. » Jon serra doucement ses mains et la conduisit jusqu'aux fauteuils pour qu'ils puissent s'installer tranquillement, néanmoins il ne lâcha pas ses paumes pour autant. Il haussa doucement les épaules. « Tu sais bien comment je suis, je n'ai jamais beaucoup dormi, ces derniers temps encore moins que d'habitude … Trop de choses en tête pour réussir à fermer l'oeil souvent. Et puis … Je sais que d'une certaine façon je ne devrais pas être ici mais avec mes hommes … Il y a une part de frustration et peut-être un peu de honte … Et toi ? Tu vas bien ? Je n'ai eu que peu l'occasion de te voir ces derniers temps. »

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Alysia estimait énormément le Roi du Nord. Il était quelqu’un de réellement respectable à qui elle ne voulait pas porter préjudice. Pour ces raison, elle faisait toujours en sorte de le vouvoyer et de garder une certaine distance en public. Elle savait que le peuple avait tendance à jaser et il n’avait clairement pas besoin de tourments supplémentaires. Rester dans son coin et vivre sa vie était la meilleure décision qu’elle puisse prendre. La naissance de sa fille, son mariage récent et le départ à la guerre des hommes du Nord avaient dû bouleverser son quotidien. La jeune femme ne voulait pas lui rajouter de tourments supplémentaires. Il en avait assez.

— Tu as des nouvelles d’eux ? Comment évolue la situation ?

Alysia avait entendu quelques bruits de couloirs, mais elle ne voulait pas y prêter attention. Pour elle, seuls les propos de Jon avaient de la valeur. Pour dire vrai, la jeune veuve ne faisait pas confiance à grand monde. Elle préférait voir et entendre les choses en personne plutôt que de prêter attention à ce que des personnes mal-intentionnées pouvaient dire. C’était comme ça que naissaient les conflits la plupart du temps. D’ailleurs, c’était peut-être l’une des raisons pour lesquelles elle n’avait jamais eu d’histoires à la Cour : elle ne se mêlait jamais de ce qui ne la regardait pas. Elle ne se servait jamais du malheur des autres pour se rendre intéressante, pour avoir un sujet de conversation, pour se faire des amis. La solitude lui collait très bien à la peau. En temps normal, elle pourrait très bien être acceptée par de jeunes femmes sans avoir à commérer. Ô grand jamais elle ne s’abaisserait à ce genre de choses ! Peut-être même était-ce pour cette raison que Jon lui avait accordé sa confiance, quelques années plutôt, lorsqu’ils avaient partagé des moments charnels, à l’abri des regards indiscrets. Il savait parfaitement qu’elle n’irait pas s’en vanter, ni même le confier à la personne en qui elle a le plus confiance. Les enjeux étaient bien trop grands pour chacun d’entre eux : une mauvaise image pour Jon et celle d’une femme à ne jamais marier pour Alysia. Il y avait très peu d’hommes qui voulaient d’une femme sans sa vertu et il était même évident qu’Edder aurait refusé de l’épouser s’il avait su. À l’âge qu’elle avait, elle n’aurait jamais voulu épouser un homme veuf de la trentaine. Cette idée l’avait même répugnée autrefois. Mais maintenant elle avait bien plus de maturité et elle était un peu plus âgée, également. Cela avait changé la perception qu’elle avait sur bien des choses.

— C’est sans doute égoïste de ma part, commença-t-elle en baissant légèrement le visage, mais je suis plutôt contente que tu ne sois pas au front. Je pense que je ne supporterai pas ta perte.

Elle savait que cette situation devait peser sur la conscience de Jon, qu’il devait ressentir que sa place n’était pas au château, contrairement à ses propres devoirs. Néanmoins, c’était triste de l’avouer, mais elle savait qu’elle supporterait moins sa perte que celle d’Edder. Il avait partagé une plus grande partie de sa vie. Elle l’avait vu grandir, devenir un homme… Un monde sans Jon était difficile à envisager. Edder, quant à lui, avait été une rencontre et un mariage arrangés. Elle ne l’aurait jamais épousé avec sa propre volonté. Enfin… Aurait-elle épousé qui que ce soit aujourd’hui si son père ne l’avait pas un peu poussé à le faire ? Sans doute que non. Alysia tenait bien trop précieusement à son indépendance.

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Jon n'en avait parlé à personne, car ce n'était pas dans sa nature de s'exprimer sur des choses qui le concernaient de trop près. Ce n'était pas toujours évident à supporter, mais avec le temps il avait appris à fonctionner ainsi et il ne s'en portait finalement pas plus mal. C'était, après tout, un mécanisme de défense comme un autre et cela évitait au moins aux trop curieux de venir commérer à son attention, et on pouvait alors affirmer que le souverain était bien trop secret, même si cela pouvait sûrement provoquer un petit effet d'intrigue supplémentaire, les personnes qui travaillaient à Winterfell pour servir le roi du Nord ne faisaient pas partie des plus intrigants. La Cour dans le Nord était bien moins protocolaire, que ce qui pouvait exister dans d'autres royaumes plus au Sud, même s'il y avait un respect essentiel et bien présent, envers le couple royal, il y avait une atmosphère plus familiale qui semblait exister et il trouvait qu'il était bien moins oppressant de vivre là que le peu de temps qu'il avait pu passer à Fort-Darion. Cependant, il n'avait jamais vraiment apprécié d'être au centre des attentions de tout le monde, et surtout il se demandait ce que pouvait penser les personnes présentes alors que ses troupes étaient parties en compagnie du Sénéchal et que lui était resté ici à Winterfell. Lui le Jeune Loup, lui le jeune souverain, qui se devait être le successeur de son père, Torrhen avait toujours été présent pour toutes les batailles qu'il avait mené ou presque et voilà que son fils ne suivait pas totalement le même chemin que lui. Mais Torrhen Braenaryon, à présent, pouvait se prévaloir d'avoir donné un fils qui serait son successeur à la tête de l'Empire. Il en était tout autre pour Jon, qui avait failli perdre sa femme et qui aujourd'hui avait une fille à la place.

« Ils sont mouvements pour le moment, je n'en sais pas plus, nous avons mis un certain temps pour pouvoir regagner le Nord, il en faudra presque tout autant pour pouvoir à nouveau le quitter, bien que l'hiver est à présent moins conséquent et que les routes sont plus dégagées qu'auparavant. Le moral était bon aux dernièrs nouvelles que j'ai pu avoir. Espérons que cela continuera. » Jon était conscient, néanmoins, que son temps de présence à Winterfell était compté, il avait certains projets à mener dans le royaume mais l'un des plus importants était que Eléanor puisse être rapidement enceinte. C'était sans doute horrible à dire mais pour autant, c'était une nécessité. Tant qu'elle n'aurait pas mis au monde un fils, Walton restait l'héritier, et même si cela ne le dérangeait pas outre mesure, ils étaient actuellement en période de guerre et l'avenir était tellement incertain qu'il ne pouvait se permettre de ne pas avoir de fils. Si une seconde fille venait à naître, Jon se mettrait à nouveau à douter de pouvoir perdurer la lignée des Stark, alors qu'il y avait eu tant de fils lors de la génération de son père. Jon se rapprocha d'Alysia, caressant doucement sa joue avant de glisser une mèche de cheveu derrière son oreille et de poser son front contre le sien. « Ne t'inquiète pas pour moi pour le moment, il n'est pas prévu que je rejoigne les troupes dans l'immédiat … Et puis je compte alors rendre une visite à la Garde de Nuit, cela ne sera le temps que de quelques semaines avant que je ne revienne à Winterfell. Mais je ne cours aucun danger. » Il lui sourit tendrement. « Parle-moi un peu de toi, tu profites de Winterfell ? Et Kaegan, comment se porte-t-il ? »

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Alysia savait que Jon avait l’esprit ailleurs, ces derniers temps. Il fallait dire qu’entre les guerres et la naissance de sa fille, il devait courir de tous les sens. Elle s’estimait presque heureuse qu’il ait pu lui accorder un peu de son temps. Cela avait bien changé du temps où ils étaient enfants et passaient la moitié de la journée ensemble. Un élan de nostalgie l’envahit et elle se souvint de la fois où Jon s’était caché dans cette pièce, laissant Alysia parcourir la moitié du domaine pour le trouver. À la fin, un élan d’agacement l’avait emporté et elle s’était mise à lancer des râleries à tout va, chose qui avait évidemment amuser Jon. Il fallait dire qu’à l’époque, elle n’aurait jamais osé s’aventurer dans cette pièce et qu’elle avait trouvé ça injuste de la part de Jon de se cacher ici. Le bon vieux temps… Pour qui les personnes de ce château les prendraient-ils s’ils rejouaient à ce jeu, comme autrefois ? Sûrement comme des fous à lier ! Elle n’imaginait même pas l’image et la réputation que cela lui donnerait. Quelque part, elle ne put s’empêcher de sourire face à tous ces souvenirs qui lui revenaient en tête et qu’elle pensait enfouis à jamais.

— J’espère que tout ça finira par s’arranger.

La jeune femme sourit doucement à Jon. La guerre, ça ne la connaissait pas. Elle aurait aimé comprendre davantage les enjeux stratégiques, savoir comment les décisions et les plans d’attaque s’établissaient, mais elle ne se voilait pas la face : elle n’avait pas la position pour pouvoir accéder à ce genre de connaissances. Elle se contentait donc d’observer ça de loin, ignorant comment la situation évoluait sur le terrain. C’était vraiment terrible quand on savait qu’un de nos proches était là-bas. Elle aurait aimé avoir des nouvelles d’Edder Fint, bien avant qu’on lui annonce sa mort à Eysines. Nerveusement, elle se mordilla l’intérieur de la joue. Non. Elle ne replongerait pas dans pareils souvenirs !

— Tu pars au Mur ?

Un de ses sourcils se souleva légèrement, de surprise. Elle se demandait comment cela se passerait au château sans lui. Allait-il laisser la Reine prendre toutes les décisions ? Était-elle en état de le faire ? Quand reviendrait-il ? Qu’allait-il y faire ? Tant de questions dont les réponses lui échappaient et qu’elle ne connaîtrait jamais, par peur de paraître indiscrète. Les choses avaient changé ici, à Winterfell.

Elle apprécia ce doux moment de proximité avec Jon, ayant quelque part l’impression de jouer avec le feu. Pourtant, quelque chose en elle la poussa à caresser doucement sa joue, tout en éloignant légèrement son visage du sien. Alysia tenta d’ignorer le flot d’émotions qui l’envahissait et répondit à son interrogation.

— Je m’occupe comme je peux, mais je passe la plupart de mon temps avec Kaegan. Il est assez déstabilisé par le changement d’environnement, j’ai l’impression.

La jeune femme haussa doucement les épaules. C’était assez prévisible. Ils n’étaient plus à La Veuve et même s’il était assez jeune, il n’en restait pas moins conscient de ce qui se produisait autour de lui. Un jour, il commencerait à parler et à la questionner et elle devra se tenir prête à répondre à ses interrogations sur ses origines et sur son père. C’était une triste réalité qu’elle se préparait à affronter dans les années à venir.

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La guerre n'avait que deux issus, la victoire ou la défaite. Il espérait tout autant qu'Alysia que les choses puissent un jour s'arranger, mais pour le moment ils étaient juste à l'aube de nouveaux combats et il ne pouvait voir ce qu'allait donner l'avenir. Sa fille venait tout juste de naître, il pouvait à peine profiter d'elle, en ayant déjà dans son esprit la question de son avenir. Il savait que dans quelques mois, il lui faudrait retourner combattre et il ne savait en aucun cas si cela pourrait permettre à sa fille de grandir dans un monde plus serein. Il pouvait continuer à prier les Anciens Dieux autant que possible, rien n'était moins sûr, souvent les choses se jouaient à quelques détails, une mauvaise décision, un mauvais calcul, une mauvaise information et la victoire pouvait alors vous échappez en un claquement de doigts. Dans tous les cas, qu'ils viennent à gagner ou à perdre, l'Empire subirait des pertes, il n'était pas possible d'y parvenir autrement et sans doute que c'était pour ça que Jon avait le plus de mal à accepter de devoir envoyer son armée au Sud. Certes, le Nord n'était pas attaqué sur son territoire, mais n'était-ce pas folie que de continuer à aller combattre toujours plus, est-ce que la vision de l'Empire était meilleure que celle d'Harren le Noir. De nombreuses questions venaient à le travailler depuis plusieurs semaines, mais il avait répondu aux demandes de son père, la question était de savoir jusqu'où il était prêt à aller et Jon était encore dubitatif là-dessus. Cependant, il ne lui était pas permis de douter, ou en tout cas, il ne lui était pas permis de douter devant la jeune femme. Car même si elle était une amie d'enfance, qu'elle avait été une femme que Jon avait aimé sincèrement et qu'il aimait sans doute encore aujourd'hui, elle était aussi aujourd'hui un sujet du royaume et il ne pouvait pas l'inquiéter pour ça. Elle avait déjà ses propres problèmes à gérer, toutes ses choses qui ne la quittaient pas depuis la mort de son mari, la perte de son fils également. Elle devait prendre soin d'elle, ainsi que du petite Kaegan.

Jon caressa doucement sa joue, comme pour pouvoir la rassurer sans savoir s'il allait y parvenir, mais il ne voulait pas qu'elle y pense pour le moment. Il hocha doucement la tête à sa question. « Oui je pars au Mur. Je vais en profiter pour passer faire un tour dans les châteaux au nord de Winterfell, pour pouvoir voir comment cela se passe là-bas, ce dont ils ont besoin avec le départ des hommes à la guerre et avec le retour du printemps également … Et puis j'irai ensuite voir comment se porte la garde de nuit. Après tout, le roi du Nord est d'une certaine façon, le plus important protecteur des hommes qui portent le noir … C'est une question d'un mois tout au plus, le temps de faire l'aller-retour … Je ne doute pas que vous devriez vous en sortir sans moi et puis s'il y a une quelconque urgence, il sera possible de m'écrire. Mais je suis le nouveau souverain du Nord, nous avons célébré mon couronnement officiellement et donc il faut que je me présente comme tel là-bas. Après tout, le Lord Commandant est censé être détaché des décisions politiques qui courent à Westeros … Mais il n'en reste pas moins qu'il porte le nom d'Hoare. » Jon soupira doucement quand il la vit s'éloigner de lui, mais il accepta et recula également, ne voulant pas lui mettre une quelconque pression sur les épaules. « J'espère que ce moment-là va finir par partir pour lui, cela ne doit pas être simple à gérer pour toi. Tu peux rester ici sans problème mais si tu sens que c'est trop compliqué et que tu désires rentrer auprès de la famille de ton défunt mari je comprendrais … Tout ce que je veux pour toi et ton fils, c'est votre bonheur. »

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Alysia savait que cela était égoïste de sa part de vouloir que Jon reste au château. Il avait des devoirs en tant que roi, mais elle n’appréciait pas vraiment le fait qu’il s’éloigne autant. Si cela ne tenait qu’à elle, elle le garderait ici, à Winterfell, là où elle pourrait lui parler à l’abri des oreilles indiscrètes. Ce n’était pas un environnement idéal, voué aux rapprochements qu’ils pouvaient avoir de temps à autre, mais elle se contenterait de ce que la vie lui avait donné. Jon avait été un pilier important dans son évolution personnelle et il avait été aussi celui qui lui avait permis de devenir une femme. Elle savait qu’ils avaient tous les deux grandis et qu’ils avaient laissé leurs hormones d’adolescents parler pour eux, mais une partie d’elle ressentait toujours cette attraction pour lui.

Il fallait dire qu’il était loin d’être horrible à regarder. Il était même plus charmant qu’autrefois, mais elle s’y refusait d’y songer. Cette force invisible qui tentait de la pousser chaque jour un peu plus vers lui commençait à la peser. Elle était incapable de nier le lien profond qu’elle ressentait à l’égard de Jon. Mais tant de choses avait changé… Ce n’était pas bien de penser ainsi. Il était marié et avait fondé une famille. Alysia n’avait pas le droit de détruire cela, sous prétexte qu’elle avait envie de se sentir proche de lui.

D’un geste lent, elle recula, de façon à lui faire comprendre qu’elle préférait le regarder dans les yeux quand il lui parlait, alors qu’en vérité, la proximité devenait difficile à gérer pour elle. Alysia glissa lentement une mèche rebelle derrière son oreille et écouta attentivement ce qu’il lui racontait au sujet du nord du territoire. Il avait raison. Il se devait de se présenter aux habitants et c’était admirable de sa part.

— Je ne me fais aucun soucis pour toi. Tu prends au sérieux les devoirs qui t’ont été conférés lors de ton couronnement et je trouve cela admirable, commença-t-elle en lui adressant un doux sourire empli de bienveillance. Un mois sans te voir risque d’être bien long, mais j’ai tenu des années. Ce n’est rien à côté.

Enfin… Ce n’était rien parce qu’elle ne l’avait pas revu depuis un certain temps. Quelque part, elle venait de le « récupérer » et elle ne voulait pas le voir partir aussi tôt vers de nouveaux horizons. Un mois… Tant de choses pouvaient se produire en un mois. Mais soit. Elle s’y ferait.

— Ce n’est peut-être pas mon rôle, mais si jamais Eléanor a besoin de soutien, pour s’occuper de votre fille, tu peux lui dire que je suis là ?

Les premiers mois avec un enfant pouvaient être très compliqués quand on avait personne pour nous guider. Pour cette raison, Alysia était prête à venir en aide à sa Reine, même si elles se connaissaient à peine et qu’elles n’étaient pas spécialement amies. Ce serait peut-être l’occasion d’apprendre davantage à connaître la personne qui occupe la vie de Jon ?

— Pour Kaegan, je ne m’en fais pas. Il est petit, certes, mais plein de ressources. Il se fera à ce château, comme j’ai réussi à m’y faire plus jeune. Il y fait bon vivre et l’ambiance est toujours au rendez-vous.

Alysia était sincère. Winterfell avait fini par devenir sa maison, quand bien même avait-elle eu du mal à quitter le domaine familial. Ici, elle s’était trouvée une place qu’elle n’avait retrouvé nul part ailleurs. Maintenant qu’elle était revenue dans les parages, elle aurait du mal à revenir en arrière. Elle en était intimement persuadée.

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es choses étaient bien plus compliquées que par le passé entre Jon et Alysia. Ils n'étaient plus des enfants depuis bien longtemps maintenant, ils étaient tous les deux mariés, même si Alysia avait perdu son mari au cours de la bataille d'Eysines, elle devait néanmoins aujourd'hui encore porter le deuil de sa mort, ce qui n'était pas une chose si simple. Ils étaient aussi devenus parents l'un comme l'autre, certes Sigyn avait à peine deux jours, et il ne pouvait envisager tout ce que cela allait pouvoir bouleverser dans sa vie. Il était heureux d'être devenu père, mais cela ne manquerait pas d'être une source d'inquiétude supplémentaire, mais encore plus une source de joie. Il comprenait toute l'affection que Lady Flint pouvait exprimer quand elle parlait de son petit Kaegan, un petit être pouvait changer toute votre vie, dés la première seconde où vous veniez à poser le regard sur lui. Son monde avait changé d'une manière si radicale au moment même où il avait vu Sigyn pour la première fois, comme si elle était tout ce qu'il avait toujours désiré, la seule chose qui comptait réellement en ce terrible monde. Il n'aurait pas su l'exprimer autrement, et il ne cherchait pas à le faire dans tous les cas. Elle serait sa petite princesse, pour aujourd'hui jusqu'au terme de sa vie. Jon avait bien souvent trouvé que son père avait été plus dur avec lui, ou avec Walton, bien plus pour son jeune frère par ailleurs. Mais avec Jeyne, il avait toujours porté un regard totalement différent sur elle. Il n'avait jamais été jaloux de sa sœur, pas un seul instant, mais Torrhen était plus doux avec elle, c'était certain. Mais Jon était le prince héritier, on attendait donc de lui qu'il joue son rôle, et les bons sentiments n'étaient pas obligatoires pour cela.

Et on lui rappelait alors ce qu'il était, même dans l'intimité, Alysia venant alors à s'éloigner de lui pour pouvoir le regarder dans les yeux. Jon inclina quelques instants la tête, puis recula à son tour, croisant ses mains dans son dos, gardant une position droite alors qu'il la regardait. « J'essaie de faire cela au mieux, ce n'est pas toujours simple, mais j'ai eu de bons exemples dans la famille pour conduire ce royaume au mieux. Mais tu verras, un mois cela passera très vite. » Il ne pouvait y avoir de catastrophes en si peu de temps … En tout cas il l'espérait sincèrement. Il hocha la tête, venant à sourire légèrement à ses paroles. « Je ne manquerai pas à le lui dire, cela lui fera sans doute plaisir d'avoir du soutien auprès des autres dames de la Cour lui fera le plus grand bien. Surtout qu'elle se doit de garder encore le lit pendant plusieurs jours. Enfin jusqu'à ce que Mestre Roshar lui dise que son état de santé n'est plus inquiétant j'imagine. » Pour le moment, il était surtout important que la toute jeune mère se repose, les dernières semaines, les derniers jours avaient été compliqués, et on craignait encore pour sa vie, même si le mestre faisait tout pour le rassurer. « Pour Kaegan nous ferons en sorte que Winterfell lui offre tout ce qui était possible de lui offrir. Je ferai en sorte que ça soit le cas pour lui, et pour toi également. »

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le devoir est une série d'acceptations.

Sujet: Re: A new Stark is born [Tour VIII - Terminé]