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 Smaug Corbray

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MessageSujet: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 24 Aoû - 15:43

Smaug Corbray

Capitaine de la Garde Royale



  • Royaume du Val et de la Montagne



 
Rorgard Corbray ▪▪ Père décédé Oshana Corbray ▪▪ Mère décédée Sharra Arryn ▪▪ Soeur adorée Jehan Arryn ▪▪ Beau-frère décédé Ronnel et Jonos Arryn ▪▪ Neveux  


"Sage comme un Corbeau"

Année de naissance ▪▪ - 32
Nom de naissance ▪▪ Smaug Corbray
Ville de naissance ▪▪ Cordial
Royaume de naissance ▪▪ Royaume du Val et de la Montagne

Situation matrimoniale ▪▪ Célibataire
Royaume servi actuellement ▪▪ Royaume du Val et de la Montagne
Titre / rôle au sein du royaume ▪▪ Lord de la Maison Corbray, Capitaine de la Garde Royale de la Reine, Sharra Arryn.
Positionnement politique actuel ▪▪ Je suis pour la neutralité
Avatar ▪▪ fire&blood
Crédit ▪▪ gyfcat

▪▪ Loyal ▪▪ Emporté ▪▪ Franc ▪▪ Acharné ▪▪ Responsable ▪▪ Fier ▪▪






 

   
   

- 32


   

J'ai vu le jour au château de Cordial. Arrivé en seconde position, après ma sœur Sharra, j'ai toujours connu mère souffrante. Elle l'était déjà à ma naissance. Père, lui, était un homme d'une droiture et d'une exigence sans pareil. A peine étais-je venu au monde qu'il avait déjà de grandes attentes à mon égard et au fil des années il n'eut de cesse de me rappeler que j'avais le poids de l'héritage de ma maison sur les épaules.


 



 

   
   

- 30


   

Je m'en souviendrais jusqu'à ma mort si un homme pouvait se souvenir de l'année de ses deux ans. L' année où cet homme fourbe et concupiscent a fait irruption dans nos vies. Notre père, après avoir tout tenté pour faire soigner notre mère de sa mystérieuse maladie, introduisit lui-même le loup dans la bergerie en faisant appel à Mestre Duncan, un érudit de la Citadelle. Malheureusement, il ne se pencha pas que sur la maladie de Mère.


 



 

   
   

- 22


   

J'avais dix ans et j'avais grandi auprès d'une mère malade qui, malgré sa tendresse et son amour pour nous devait être épargnée à cause de sa santé fragile. Je ne me sentais pas le droit de lui confier mon mal être, cette sensation de n'être jamais à la hauteur des attentes de Père malgré tous mes efforts pour devenir le meilleur bretteur, le meilleur chevalier, le meilleur fils. Sharra éclipsait de sa beauté en fleur tous mes exploits, d'un seul sourire. Qu'elle paraisse dans une pièce, et mon père ne voyait qu'elle, qu'elle accueille nos invités, et tous se détournaient de ma conversation pourtant spirituelle et instruite pour se précipiter vers la jeune beauté. Moi qui l'avait admirée et adulée, je me mis à la jalouser secrètement. Notre complicité profonde fit place à une froideur et un éloignement que je nous infligeai tous les deux.


 



 

   
   

- 19


   

J'étais loin de me douter de l'enfer qui allait s'abattre sur ma soeur et de ce que dissimulaient ses sourires, de ce que sa beauté s'épanouissant d'année en année allait susciter chez un être vil et corrompu. J'avais treize ans, et, envoyé par notre Gouvernante, j'allai chercher Sharra dans sa chambre. La nuit tombée, tout le monde s'était endormi mais les plaintes de notre mère, plus fortes qu'à l’accoutumée, avaient tiré ses gens du sommeil. Notre père étant sorti pour une inspection de nos angardes n'était pas présent, et c'était le "jeune seigneur" qu'on avait réveillé, craignant que Lady Oshana ne trépasse promptement. Tout à l'émotion de voir ma maman décliner, je ne frappai pas en entrant dans la chambre de mon aînée. Ce que je surpris alors me glaça le sang et acheva de m'anéantir. Ce pourceau de Mestre était sur ma sœur. Mon sang ne fit qu'un tour et j'assommai l'ignominieux d'un coup de pommeau de mon épée. Après avoir confié ma Sharra aux soins d'une jeune guérisseuse nouvellement recrutée au chevet de notre mère, je rejoignis aussitôt Père pour dénoncer les actes de ce pervers. Sa réaction ne se fit pas attendre. Il l'exécuta avec Dame Affliction mais tût le véritable objet de la mort du Mestre. Il avait échoué à soigner son épouse et payait son incompétence de sa vie. Ce demi mensonge visait à préserver l'honneur de Sharra mais surtout de la Maison. Pour autant, je doutais que ce fût bon pour ma sœur que le crime dont elle avait été victime ne fût jamais jugé, même si, digne et forte, elle affichait toujours ce sourire et cette allure altière, je lisais dans ses yeux une souffrance cachée. Plus que jamais je me rapprochai d'elle, me sentant terriblement coupable de l'avoir laissée sans protection face à la vilenie du monde.


 


 

   
   

- 18


   

Père avait peut-être raison, finalement, de ne pas ébruiter les sévices dont ma grande soeur avait été victime. Il l'avait privé d'un procès par lequel elle aurait vu son agresseur jugé coupable et condamné, mais peut-être cette discrétion lui permit-elle de faire un bon mariage. Ma sœur était devenue magnifique et Jehan Arryn tomba sous son charme. Comme elle était issue d'une des grandes maisons du Val, rien ne faisait obstacle aux épousailles qui furent célébrées en grandes pompes, avec moult festins et tournois. Quant à moi, j'éprouvais des sentiments contradictoires. Fierté et joie de voir Sharra accéder à un mariage des plus enviables, puisque Jehan était héritier du trône, et, j'en avais l'impression au bonheur, car il semblait que les deux époux se vouaient des sentiments sincères et forts. Pour autant, je redoutais que ce mariage n'éloigne ma sœur que je venais de retrouver en quelques sortes, et dont j'étais plus proche que jamais. Un sournois sentiment de jalousie refaisait surface, mais différent de celui que j'éprouvais enfant. Mais ayant cruellement expérimenté l'effet nocif de ce dernier, je le refoulai au plus profond de moi et fit honneur à notre maison en m'illustrant lors du tournoi donné pour les noces.


 


 

   
   

- 17 à - 15


   

Âgé de 15 ans, je complétai alors mon apprentissage aux côtés de Lord Grafton qui me forma à la navigation et aux stratégies navales. Je devins proche de ses deux enfants. Le fils, Willibert, de trois ans mon aîné devint bientôt mon ami le plus proche, faisant figure de grand frère, un modèle. Ensemble nous écumèrent les tavernes de Goeville après les entraînements. Ce fut Willibert qui m'encouragea à jeter ma gourme avec une catin et me fit prendre conscience de l'ascendant que j'avais sur la gente féminine. Quant à sa sœur, Thalia, elle avait tout pour me plaire. Des rumeurs d'un possible mariage flottèrent dans l'air un moment, mais, à mon grand désespoir, que je gardai pourtant secret, le projet de mariage entre Thalia et moi, fut abandonné , le Roi m'appelant à la servir dans sa garde. Ce revirement m'apprit le renoncement pour servir une cause supérieure. Je gardai toutefois de très forts liens avec les Grifton et continuai à correspondre avec le frère et la sœur. J'avais 17 ans et la vie devant moi. Je pourrai toujours trouver une autre épouse, mais je n'avais qu'une sœur. Et cette affectation allait me permettre d'être auprès d'elle.


 


 

   
   

- 11


   

Le Val pleurait son Roi, mais célébra bientôt son nouveau souverain, Jehan Arryn, faisant de ma sœur la Reine. Une épouse qui lui donnera deux héritiers, Ronnel et Jonos. J'étais fier, et heureux pour elle, loin de me douter que son nouveau titre allait instaurer une barrière invisible entre nous. J'étais devenu un officier accompli dans la Garde et j'étais prêt à servir le nouveau Roi aussi bien que le précédent. Plus que jamais déterminé à protéger la famille royale et le Val. A protéger ma sœur. Quelques mois après, notre père, Lord Rorgard, suivit le Roi qu'il avait servi sa vie durant dans la tombe, après m'avoir transmis son anneau sur son lit de mort, ainsi que Dame Affliction, faisant de moi le Seigneur de Cordial.


 



 

   
   

- 5


   

Après une demi décade de relative tranquillité, l'Orage était à nos portes. Le vieux Cerf, Argillac Durrandon envahit le sud de notre Royaume. Je fis partie de ceux qui tinrent les lignes de défense.Toujours aux côtés de mon Roi et beau-frère. C'était ma première expérience de la guerre. J'étais loin de me douter qu'elle allait durer trois ans. Trois ans au terme desquels j'allais faillir à ma mission de protéger mon souverain.


 



 

   
   

- 2


   

Les Portes Sanglantes ne parurent jamais avoir si bien porté leur nom. Face à un ennemi enragé qui nous assiégeait nous tenions la porte depuis des semaines. Chaque homme du Val avait conscience qu'il luttait pour sa terre et sa liberté. Notre Roi, connu pour sa fougue, se portait toujours en première ligne. Cela me plaisait et me contrariait tout à la fois. Je devais assurer sa protection, j'en avais fait le serment solennel à ma soeur. J'aimais être en première ligne, j'avais pris goût aux batailles, au goût du sang. Peut-être trop. J'aurais dû être plus persuasif envers mon souverain, l'enjoindre à plus de prudence, parce qu'il portait le flambeau du Val, parce qu'il était l'époux de ma chère soeur. Mais comment le convaincre de se préserver alors que l'ennemi se pressait à notre porte, que je brûlais moi-même de le réduire en pièces ? J'avais sous estimé la rage de Jehan et sa bravoure. Lorsqu'il a survolé le mur de boucliers de nos ennemis avec son cheval, je n'ai pas pu le suivre, assailli par des fantassins qui cernaient ma monture. De l'autre côté de la ligne de combat, ce fut une boucherie. J'entendrais jusqu'à ma mort les cris d'agonie de mon Roi. Jehan était mort, et la victoire, l'assaut repoussé par nos troupes, avaient un goût amer qui me resterait toujours en bouche. J'avais failli à ma mission. A cause de moi, le Val se retrouvait sans roi, ma sœur était veuve et mes neveux orphelins. A ma grande surprise, Sharra ne me tint aucune rigueur de ce drame et me nomma Capitaine de la Garde Royale.


 



 

   
   

An 0 mois 01


   

Marquée par ces années de guerre et inquiète pour l'avenir du Val et de ses fils, Sharra organisa avec maestria un Concile où elle invita tous les souverains à se réunir pour tenter de sauver la paix. Je l'assistai de mon mieux, assurant surtout la sécurité lors du Conclave puis des festivités qui le ponctuèrent. Festins, tournois, joutes en mêlées. Tous les plus grands bretteurs du continent croisèrent leurs armes lors de cet événement. Sa grandeur était à la mesure de l'envergure de ma Reine. Hélas les retombées politiques furent mitigées, même si elles eurent l'avantage de créer des liens entre certains royaumes. Aux divers tournois, ce fût Dorne qui brilla, et tandis que moult gens s'en offusquaient, je ne pouvais qu'être admiratif de ces combattants intrépides et victorieux, tout comme les charmes des beautés dorniennes ne me laissèrent pas indifférent. Nous y gagnâmes le soutien et la protection du Roi du Nord, et je m'en réjouis sur le moment, ignorant ce que ma sœur y avait laissé de son cœur. Je pus aussi jauger chacun des souverains réunis suite à la lecture des rapports de ce Concile. L'avenir de Westeros restait incertain et houleux. Mais le Val devait avant tout gérer ses conflits internes, et ils ne tardèrent pas à germer.


 



 

   
   

An 1 mois 3


   

Le Val avait un Roi, mais un Roi âgé de quinze ans et malgré la régence exercée  avec sagesse par Sharra, certains opportunistes virent dans cette jeunesse une fragilité à exploiter. Grand mal leur en prit. Ma Reine n'était pas du genre à se laisser impressionner par quelques factions rebelles, même si menées par des hommes mûrs de la noblesse. Alors que notre royaume semblait divisé entre trois factions, entre les partisans de l'Empire, ceux de la Foi et ceux de la neutralité, notre jeune Roi perdit son épouse adorée Nyméria, et notre Royaume vit son alliance avec l'ouest fragilisée. Sharra devait à présent assumer une régence face aux frondeurs, à la souffrance de son fils.


 



 

   
   

An 1, mois 6


   

J'ai pendu haut et court le Rougefort sur son ordre. Ce chien était prêt à trahir ma Reine, soulevant contre elle des séditieux pour les mener contre le Nord qu'il jugeait hérétique. Ce que ce vil ignorait, c'est que je me fous bien de qui honore quel dieu. Grand bien leur fasse. Moi je n'honore qu'une déesse et c'est Sharra. J'ai tant failli à mes promesses renouvelées de la protéger , de protéger sa famille, par naïveté, vanité, et tant d'autres défauts qui sont miens. J'ai tant à me faire pardonner, à me pardonner à moi-même. Il ignorait, ce chien, combien serait terrible ma vengeance contre ses ennemis. Rougefort, ses terres, sa Maison sont sous mon joug à présent, et je ne relâcherai l'étreinte mortifère que quand je serai certain qu'il n'y a plus aucun nid de rébellion dans cette maudite maison.


 



 

   
   

An 1, mois 8


   

Je sens Sharra accablée par le fardeau qu'elle porte et par le chagrin persistant de son fils qui pleure la Reine Nymérya. Une fille Lannister ...  Une alliance fragilisée qu'elle va vouloir renforcer... A quel prix ? Je la sens inquiète aussi des complots qui peuvent s'ourdir contre la couronne du Val. Je dois lui prouver que chaque dissidence sera étouffée dans l’œuf, dans le creux de ma main. Après tout, c'est mon rôle. Je suis né pour ça. J'en ai à présent la certitude. Il y a eu les Rougefort, mais tout autre qui se lèverait contre la Maison Arryn, verrait le Corbeau se dresser en travers de son chemin... Et c'est bien connu, les corbeaux ne laissent rien que les os aux cadavres des champs de bataille. Et plus que ma vie, je suis prêt à donner mon nom, qu'elle portait aussi étant enfant, si cela peut aider à rendre encore plus fort le Val et la Montagne. .


 









  • Matt
Bon me revoilà BC ! Je crains d'avoir pris le virus et du coup vous allez devoir me supporter encore un peu plus avec Smaug ! Je t'ai connu via Myria, mais je vous aime tous . Ce qui m'a tout de suite charmé, c'est tous les tapis dans lesquels je me suis pris allègrement les pieds depuis un an, avec un festival cet été (testeur candide du Cyvosse c'est mon second pseudo). Par contre je dois te l'avouer, je ne suis pas fan de cette question est obsolète quand on prend un TC ou alors c'est qu'on est maso, ce qui n'est pas à exclure cela dit. Si 7/7 signifie que je peux passer tous les jours, je pense que ma présence sera au minimum de 7/7. Si 4/4 signifie que je peux rp toutes les semaines, mon activité sera au minimum de 4/4. Allez c'est pas tout ça, mais on a plein de choses à faire alors, en dernier mot, j'aimerais te dire que Merci de m'avoir accordé l'occasion de jouer Smaug  et merci à Sharra pour me l'avoir permis Smaug Corbray   2896906054. PS : je confirme avoir bien lu le règlement. je l'ai relu hier au cas où il y ait eu des ajouts.



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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 24 Aoû - 15:43




  • Smaug
Apprends à voler ou meurs, petit corbeau !

L'enfant



- C'est un garçon !

Oshana se tordait encore de douleur alors qu'on venait d'extirper ce petit corps fripé de son ventre. Elle venait de jeter ses dernières forces dans cet enfantement mais Rorgard serait fier. Elle lui avait enfin donné l'héritier tant attendu. La douce dame aurait voulu pouvoir prendre son enfant dans ses bras, sentir le contact de sa peau contre la sienne, lui offrir son sein qui perlait de lait. Mais les spasmes étaient trop violents qui déchiraient ses entrailles et coupaient son souffle. Elle abandonna son second né aux femmes de l'art, car le Corbray ne voulait pas qu'un Mestre, un homme posât les mains sur son épouse. Un Corbray devait venir seul au monde avec sa mère. L'homme qui le tiendrait à bout de bras le premier serait son père. Ainsi était la tradition des Corbray. Et c'est le Corbray lui-même qui transmettrait l'anneau à son premier né mâle, ainsi que le disait la geste du Corbeau. Oshana avait entendu cette légende et savait que son fils y serait assujetti. Elle avait appris à aimer son époux, rude, intransigeant et pourtant si juste, si clairvoyant. Elle lui avait donné une fille déjà. La si belle et rieuse Sharra. Et cette enfant avait été leur soleil, leur premier trait d'union. Désormais, il y avait ce petit braillard aux cheveux noirs et drus. Il lui avait coûté sa chaleur et sa force. Elle n'eut même pas la joie de le baigner. Cela revint à une servante qui avait des connaissances pour les accouchements.

Oshana entendait son fils hurler dans la pièce adjacente tandis qu'on le débarrassait des matières gluantes de l'enfantement. Par les Sept, qu'il avait de la voix, ce gaillard. Et quelle énergie. L'officiante dut le tenir bien fermement pour ne pas l'échapper tandis qu'elle le trempait dans le bassin. Elle sourit en voyant la raie poilue qui partait de la nuque de l'enfant pour suivre son épine dorsale jusqu'à ses fesses.

- Ce sera un guerrier !

Tandis que les femmes de la maison s'employaient à aider Lady Corbray dans les suites de son enfantement, le Lord fit son apparition dans la pièce des soins. Il avait surpris les propos de la baigneuse.

- Par les Sept, et quoi d'autre ! C'est un Corbray. Il a la ramure du Corbeau. A lui revient l'anneau !

Les servantes s'inclinèrent et répétèrent ensemble:

- A lui revient l'anneau !

Le père examina l'enfant, le prit par les mains et le mit debout. Il essayait déjà de marcher. Il le souleva par les bras, le soupesa et le reposa sur le lange.

- Il n'est pas vraiment très lourd, nous devrons l'entraîner pour qu'il devienne fort. Beaucoup.

Et le Seigneur s'en retourna sur les remparts sans même passer par la chambre où sa femme vivait les affres de l'après enfantement. Elle lui avait donné une fille forte et pleine de vie, puis un garçon moins gros que sa sœur et noir de poil. Ne savait-elle faire que des filles fortes et des fils dans la moyenne ? Et puis surtout il ne voulait pas voir ce que cela lui en coûtait d'avoir ce petit rejeton avec Oshana. C'est qu'elle était belle et friponne lorsqu'il l'avait mariée. Maintenant, depuis qu'elle attendait ce rejeton, elle n'était plus que gémissements et soupirs de faiblesse. Depuis neuf mois sa femme n'était que l'ombre d'elle-même et voilà qu'elle lui donnait l'ombre d'un héritier. Voyant le Seigneur s'éloigner sans plus un mot, la servante qui séchait l'enfant dans un lange le prit contre son cœur malgré ses hurlements déchirants. Un valet de sa connaissance crut bon de plaisanter pour détendre la jolie frimousse de la jeune fille.

- En tout cas, il coasse aussi fort que les corbeaux des mestres, le Corbray.

La jeune fille lui adressa un regard noir, autant parce qu'il risquait sa vie si le Lord l'entendait que parce que ce n'était gère charitable envers l'enfant.

Oshana vit grandir son fils en pointillé. Il fut allaité par une nourrice, ce que n'était pas rare dans toutes les maisons nobles, mais le pire fut qu'elle ne put l'élever que de son lit. Lecture, instruction, arts. Qui allait dispenser cela au jeune Corbray que son père avait baptisé Smaug ?

- Ça lui ira très bien ! Il est aussi sombre qu'un jour de brouillard sans pain dans une grotte de nains ! balança son père le jour du baptême. Mais j'en ferai un homme, ou je le balancerai par la porte de la Lune. C'est ce que dit l'Histoire ...

^-^-^-^-^-^


Smaug ne parlait pas, et c'est ce qui inquiétait le plus sa mère. Quand on le lui présentait, il la regardait de cet air grave et sombre, mais sans jamais babiller. Comme s'il n'eût pas voulu la fatiguer avec ses vocalises d'enfant. A trois ans, il était toujours silencieux. Ce qui avait le don d'énerver Lord Corbray. Il craignait que son fils ne fût atteint d'un quelconque maléfice, en comparaison de sa sœur si joyeuse et bavarde, qui dès ses deux ans charmait les dames de la cour de ses babillements, et à cinq ans tenait des conversations intéressantes. Son fils était-il un de ces êtres simplets, privé de tout raisonnement ?

A cinq ans, Smaug parlait à ses figurines de bois, aux chats, aux chiens et à sa sœur ... Aux autres point. Il avait l'impression de peser s'il parlait. Il était devenu un joli bambin aux cheveux noirs épais, soyeux et bouclés, au regard bleu profond qui avait toujours l'air de vous sonder en vous observant longuement d'un air grave et recueilli. A sa mère il accordait des sourires et lui apportait des fleurs des jardins. Il se couchait contre elle et caressait sa joue avec sa petite main potelée. Oshana sentait qu'il était rempli d'amour. D'un amour bloqué, comme derrière un barrage. Le jour où il déborderait ... Il n'y aurait que le Val pour culminer sous ce flot.

Oshana se mourrait et son époux, l'aimant à sa façon, avait pris depuis longtemps la mesure du mal qui la rongeait. Il avait consenti à faire venir un Mestre de la Citadelle pour la soigner et enseigner à sa progéniture. Il apprit de cet homme que Smaug était loin d'être sot, qu'il avait appris à écrire avec facilité, ce qui prouvait qu'il saurait parler quand il le le déciderait. Alors, Rorgard apprit à aimer Smaug, comme un prolongement de son épouse, parce qu'elle aimait cet enfant. Elle mourrait lentement depuis qu'il était né. Il devait bien y avoir une raison à ce sacrifice que les Sept lui envoyaient. Lord Corbray se mit à aimer cet enfant, oui. A sa manière. Et Oshana savait que cette manière pouvait être cruelle. Quant à Sharra, il ne l'aimait pas. Il la vénérait. A elle il réservait les tendresses et les attentions, les encouragements, la protection. A son fils, la rudesse, l'indifférence apparente, les réprimandes et les épreuves.

Un jour qu'elle était mieux, Lady Corbray se hasarda à plaider pour son cadet, plus de compassion, de bienveillance auprès de son époux. Après tout le petit n'avait que huit ans.

- Elle, c'est une colombe ! Lui c'est un Corbeau ! Que veux-tu femme ? Crois-tu que les Corbray ont gagné ce lieu en se faisant caresser et flatter ?  Un jour, il sera Lord de Cordial ! N'oublie pas que jadis dans les temps lointains des premières heures du Val, mon ancêtre gisait sur le champ de bataille ... Sans avoir pu connaître et former son héritier ... Et ...

Lady Corbray interrompit son époux d'un geste las de la main.

- Et un corbeau vint comme tous les corbeaux pour se repaître de la chair des soldats morts à la bataille... pourtant il épargna le jeune chevalier mourant et ne fit que voler son anneau en le retirant de son doigt, puis vola pour le déposer dans le berceau de l'enfant. Poursuivit-elle d'une voix douce. Mon doux ami, vous m'avez conté cette histoire le soir même où nous nous embrassâmes pour la première fois. A cette époque vous vous pensiez maudit. Et regardez, notre union nous a donné une fille d'une grande beauté et sagesse, un garçon d'une persévérance incroyable face à vos réprimandes. Sa loyauté est sans pareil. Il vous aime tant Rorgard. Comment pouvez-vous ne pas le voir alors que tous nos gens le voient, eux ?

- Je suis son père et je ne suis pas ces gens, je ne dois pas me soucier de son amour, mais de sa valeur. C'est ce qui lui permettra de survivre dans ce monde. Rétorqua Rorgard en se raidissant pour masquer son émoi. Sharra n'aura pas à combattre dans les miasmes des champs de bataille. Elle n'aura pas à déjouer les complots ourdis contre notre maison. Elle n'aura pas des milliers d'hommes à mener au combat, à affermir dans leur loyauté.

Lord Corbray ignorait à quel point il se trompait en disant cela. Mais les parents se trompent la moitié du temps en discourant sur l'avenir de leurs enfants, c'est bien connu.






  • Je suis le Corbeau
On apprend souvent la Haine en même temps que l'Amour

L'adolescent


Mère ... ma sœur ... Deux femmes qui avaient bercé mon enfance de douceur. Quand les hommes n'étaient que rudesse. Mes deux refuges, mes deux havres de paix face aux exigences toujours plus grandes de Père. De tous. En réalité j'avais l'air de m'en sortir plutôt bien si on en croyait mon maître d'armes et Mestre Duncan. Je progressais sans cesse. On avait craint que je sois malingre parce que j'avais un petit poids à la naissance mais j'avais vite dépassé les enfants de mon âge. J'avais un appétit féroce à table et un appétit de la vie en général. Je le faisais pour Mère parce que j'avais l'impression de lui donner un peu de ma force à chacune de mes visites, lorsque j'entrais dans sa chambre pour la saluer après un de mes entraînements. Je le faisais aussi pour Sharra, pour qu'elle soit fière de moi et se sente en sécurité quand nous allions nous promener à cheval. Je pourrais la défendre contre les clans de la Montagne même, s'ils se hasardaient à nous barrer la route. Bien entendu, notre sécurité était discrètement assurée, à l'époque, par les preux chevaliers du Val dont la bravoure avait franchi les frontières. Mais cela me plaisait assez de penser qu'en m'entraînant des heures durant, jusqu'à sentir mes muscles se contracter de douleur, je pourrais défendre Sharra. Je le faisais pour LUI, pour qu'il m'aime et me voie enfin comme son digne héritier. Père qui n'avait de cesse de me rabrouer, de me montrer mes faiblesses sans jamais sembler voir mes talents, pourtant reconnus par tous.

- Il est trop vaniteux. Il ne veut briller que pour épater ses amis ou les pucelles qui traînent à la suite de sa sœur. Ce garçon me désespère. Que ne pourrais-je désigner Sharra comme héritière pour prendre ma suite ? Bien sûr elle n'a aucune formation martiale. Mais elle a d'autres atouts qui seraient sans doute plus efficaces que ceux de ce singe savant que le Mestre et le maître d'armes font de mon fils !

J'avais surpris ces mots entre un de mes maîtres d'armes et mon père, à l'aube de mes dix ans. La rage dans laquelle ce mépris apparent me plongea me fit jeûner deux jours, puis envisager de quitter le Val sur mon chargeur. Mais je n'aurais pas été loin. Je pris sur moi la douleur et n'en parlai à quiconque. Lentement, imperceptiblement, je pris mes distances avec ma sœur et les femmes qui me cajolaient déjà trop. Je m'astreignis à des corvées que nul ne voulait pour développer ma musculature. Je fréquentais de bien mauvais bougres dont les passe-temps favoris étaient de voler les victuailles dans les cuisines du palais pour les redistribuer dans les faubourgs de la ville. Je fis de bien mauvais tours à toute la maisonnée, n'épargnant que ma mère. J'avais été jusqu'à farcir de suc d'orties le savon du maître barbier et à mettre des cafards dans les lits de ma sœur et de ses suivantes. J'enrageais d'une colère noire qui ne désarmait pas. Puisqu'on me voyait comme un incapable, j'allais devenir un vaurien. Ces divagations durèrent à leur apogée pendant plus d'un an durant lesquels je rendais folle toute notre maisonnée, à commencer, et c'était très injuste, par les gens à notre service.

Paradoxalement, un an plus tard, je changeai de stratégie et redoublai d'ardeur pour m'approcher de l'idéal que mon père désirait comme héritier. J'avais douze ans et je me battais chaque matin à l'aube, mettant à contribution trois maîtres d'armes. Me mêlant aux chevaliers qui me dispensaient avec bienveillance leur sagesse, et je déméritais pourtant à ses yeux. C'en était trop. Un matin je défiai le loyal et très anciennement adoubé second de mon propre père. Je le sommai de me mettre à l'épreuve. Mon défi attira tous les hommes d'armes cantonnés dans la place forte de Cordial qui n'avaient pas de tour de garde ou de mission à assurer. Le premier lieutenant de mon père était brave et d'une loyauté sans faille mais il lui plaisait de m'enseigner son art, aussi ne se déroba-t-il point.

Nous commençâmes par un enchaînement à l'épée et au bouclier. Tout d'abord, il se contenta de contrer mes attaques. J'enrageai! Que ne venait-il pas sur moi pour m'afferrir ?

- Ne me ménagez point Messire ! dis-je en rompant la passe pour le saluer.

Le preux hocha la tête en signe d'assentiment et se rua sur moi sans plus de ménagement. Il cabossa bien vite mon bouclier de sa masse d'armes et fendit mon heaume sans le pénétrer d'un coup de taille qui me fit sonner les cloches des Sept. Je demandai trêve et m'armai d'une seconde épée. Ferrant des deux, je surpris mon adversaire et une clameur d'étonnement s'éleva dans l'assemblée. Mais une attaque foudroyante du vieux chevalier pourfendit mon haubert et cisailla mon gambison. Je tentai de contrer la passe suivante mais de revers, il entailla ma spalière jusqu'à l'arrête. Je ne dus ma survie qu'à la modération du preux qui avait freiné son geste. Il me salua et sans engager plus je posai la question:

- Maintenant que vous avez vu comme je suis mauvais, enseignez moi, Messire pour que je sois aussi digne que vous au combat.

Une vague de rires parcourut l'assemblée.

- Geralt est le plus ancien preux du Val ! Seul le Corbray peut l'égaler ! Ou notre Roi !

Une voix surgit alors d'au dessus de nos têtes.

- Qu'as-tu trouvé encore pour te ridiculiser Smaug ? Tu es loin d'être prêt pour affronter un aussi vaillant guerrier que Ser Geralt ! Tu ferais mieux de t'entraîner encore avec ton maître d'armes au lieu de faire perdre du temps à mes valeureux soldats !

Le preux qui m'avait donné la leçon crut bon d'intervenir en ma faveur. Quant à moi, j'étais tétanisé par la voix de mon père qui roulait comme le tonnerre et résonnait dans la cour de garde.

- My Lord, vous savez, il me semble qu'il a beaucoup progressé. Il abaisse trop sa garde mais il a quand même réussi à me surprendre. Il se débrouille plutôt bien en combat à deux épées et tout le monde sait que ce n'est pas le plus facile ... Il n'y a qu'un chevalier qui maîtrise cet art à la perfection, ce fameux dornien ...

- Allons donc, nous l'entraînerions nuit et jours jusqu'à ses cinquante ans que ce garçon n'arriverait pas à la cheville de l'épée du Matin. Trêve de balivernes ! Mais puisqu'il doit améliorer sa garde, je vais lui donner la leçon moi-même !

Père descendit l'escalier de la tour pour nous rejoindre et, d'un signe, commanda à son écuyer qui lui apporta sur le champ son équipement pour l'adouber. Il l'habilla de pied en cape comme s'il devait partir en campagne, à l’exception du plastron que mon père refusa, et l'aida à ceindre Dame Affliction à sa taille.

- Ulfin, toi qui fait à peu près la même taille que lui, vas donc chercher ton armure et aide le à s'adouber. ordonna -t-il à une jeune chevalier qui venait de quitter son état d'écuyer.

Ulfin s'exécuta sans tarder et disparut dans l'armurerie.

- My Lord, votre fils n'a jamais pu s'entraîner en armure ...

- Je le sais, foutre-dieu ! Puisqu'il n'en a point ! Je ne vais pas dépenser nos deniers à équiper un soldat qui n'en vaut pas la peine. Testons-le et vous verrez que j'ai raison !

Ser Ulfin revint chargé comme un baudet, ployant sous le poids de tout son harnois et commença à m'apprêter. J'oscillais entre terreur et rage, entre la peur de mourir et le désir farouche de prouver un peu de ma valeur à mon géniteur.

- C'est folie ... My Lord, je vous ...

- Il suffit Geralt ! C'est un corbeau ou une poule mouillée ? Que diable ! Nous allons bien voir s'il est digne de ce sceau ! Et de cette belle dame ! hurla Rorgard Corbray en baisant son anneau sigillaire puis la lame de son imposante épée.
- Alors ? Est-il prêt ? Rugit-il.

Ulfin lui-même tremblait en sanglant mon plastron, enfin le sien. Il s'y appliquait, je le voyais bien. Il n'avait guère que six ans de plus que moi, mais six ans qui faisaient toute la différence. Il me jeta un regard compatissant avant de taper sur mon épaule caparaçonnée pour me signifier que j'étais prêt. Puis il m'aida à ceindre le fourreau de sa propre épée.

- Elle sera votre première, jeune seigneur. C'est un honneur pour moi. Elle est bien plus légère et rapide que Dame Affliction. Prenez là à dextre et gardez votre épée d'entraînement à senestre. Me glissa-t-il à l'oreille.

Ainsi prêt, je me tenais droit devant mon père, à peine plus grand que moi, mais terriblement plus massif, valeureux et expérimenté.

- Voyons si tu sais voler des deux ailes, Corbeau ! me défia -t-il en prenant son bouclier de sa main libre.

Il n'y eut pas de salut solennel comme avec le Maître d'armes, pas de temps pour se jauger. Il fondit sur moi et martela mon armure par deux fois avec le tranchant de sa lame. Je parais, mais le fil de mes épées glissait sur celui de Dame Affliction dans un chuintement sinistre. Alors que je venais de me replacer il tenta une attaque et me toucha d'estoc derrière le genou. Je n'avais pas eu le temps de voir sa lame faucher ma jambe qu'il me frappa à revers d'un coup de bouclier qui fit voler mon armet et ma mentonnière un peu trop grands, après m'avoir percuté au menton. Je volai littéralement dans un silence de mort et atterris par chance sur un tas de foin destiné aux destriers. J'avais toujours en main mes deux épées dont je serrais la fusée très fort au point de m'en faire blanchir les jointures à l’intérieur de mes gantelets.

- Tu voles bien, petit corbeau ! Mais tu ne te sers pas assez de tes ailes !  Hé bien, vas-tu te relever ou achever ta sieste sur ce tas de foin ? cingla mon père.

L'arrière de ma jambe gouttait le sang et me brûlait, j'avais des bourdonnements dans les oreilles et des points de lumière dansaient devant mes yeux. Le goût de mon propre sang dans la bouche. Ne pas pleurer, ne pas pleurer ... Un spasme m'envahit entre sanglot et hurlement. Je me relevai péniblement, engoncé dans mon armure si lourde et m'élançai dans le même mouvement, croisant de mes deux lames. Mon père jeta au loin son bouclier, pour mieux parer cette attaque et se déplacer plus vite. Dame Affliction vrombissait sans sa main en moulinets meurtriers. Je parai, suant sous mon armure, soufflant sous son poids considérable qui me ralentissait. Je tentai, dans un dernier élan, une attaque croisée. Mais sa formidable épée brisa ma lame d'entraînement. Net. Ma dextre revint en balancier et laissa un long sillon horizontal dans la cuirasse en cuir bouilli que portait mon père. La contre offensive ne se fit pas attendre. D'un retour, la garde de l'épée paternelle me démonta la mâchoire et m'envoya valdinguer contre un poteau dans un bruit de ferraille assourdissant.

Autour de moi, des silhouettes floues s'agitaient. Les sons me parvenaient déformés. Je reconnus le visage d'Ulfin au dessus de moi. Inquiet. Il me parlait, agitait ses mains sur l'armure. Puis soudain je respirai mieux. Il avait ôté mon plastron. Puis il fit de même avec mes genouillères.

- Rien de grave ...

Il reprit en criant rien de grave. Pourtant je sentais un liquide chaud couler de ma joue et je n'arrivait pas à articuler le moindre mot.

Le mestre diagnostiqua deux côtes cassées, soigna une longue entaille derrière mon genou et immobilisa ma mâchoire inférieure avec un bandage qui me donnait l'air d'une demoiselle portant une guimpe. Mon père vint me voir dans ma chambre et inspecta mes blessures. Il fit sortir tout le monde avant de soulever son surcot pour m'exhiber le large bandage qui lui ceignait le ventre.

- Tu m'a bien amoché le gras du ventre, Fils ! Tu as déchiré ma cuirasse comme la panse d'un agneau. Si j'avais été plus maigre, tu m'auras mis les tripes à l'air. Tu m'as bien eu avec cette attaque rapide. Mais toi aussi tu serais mort si j'avais porté mon coup de taille. Je t'aurais décapité. Au lieu de quoi, je t'ai simplement défiguré avec ma garde. Tu seras juste moins beau qu'avant. Mais tu l'étais de trop ... La faute en revient à ta mère. C'est ça qui te rendait vaniteux. Maintenant que je t'ai défiguré, tu seras plus humble et sérieux. Moins distrait par les gueuses aussi.

Mon père venait de m'appeler Fils, de me complimenter sur une blessure que je lui avais occasionné. Il me l'avait montrée fièrement comme on exhibe un trophée remporté lors d'un tournoi. Son regard sur moi changea à compter de ce jour, mais il allait encore changer davantage.

Pourtant il se trompait encore sur un point. La balafre que sa garde avait dessinée sur ma joue ne m'avait pas défiguré. Certes elle me marqua à vie et je me mis à porter la barbe de ce jour. Mais les dames adorent cette blessure cachée qu'elles ne peuvent voir que lorsqu'elles me couvrent de baisers.

^-^-^-^-^-^

L'infamie est plus cruelle lorsqu'elle touche un être qui vous est cher que quand elle vous frappe vous même, car vous ne pouvez savoir avec quelle souffrance il la porte. Cette phrase énigmatique m'avait été confiée par un vieux chevalier dont le fils lui-même adoubé venait de rompre le rang et de déserter. Sur le moment je n'en avais pas compris la portée. J'allais comprendre toute la profondeur de cet aveu lors d'une funeste nuit durant laquelle l'état de notre mère, Oshana, s'était soudainement dégradé malgré tous les soins de Mestre Duncan.

C'était une nuit sans lune, une nuit noire et, après un entraînement intensif avec Ser Geralt qui était devenu mon maître d'armes attitré, par les ordres de mon père, je m'étais endormi comme une souche sur ma couche. Je rêvais à une pucelle que j'avais repéré au lavoir naguère quand deux mains me secouant fermement par les épaules me tirèrent de ce songe agréable et non dépourvu de réactions physiques.

- Seigneur Smaug ! Par la grâce des Sept! Réveillez-vous !

- Par le Corbeau ! Qui vous permet de me tirer ainsi de mon sommeil ?

- Jeune seigneur ... La suivante était en larmes à la lueur de la chandelle qu'elle avait posée sur mon chevet. Il vous faut vous vêtir pour sortir et  retrouver apparence présentable...ajouta-t-elle embarrassée en lorgnant le bas de mon torse.

Je rabattis le drap sur mon corps nu. Je dormais toujours nu et c'est une habitude qui ne m'a jamais quitté.

- Impudente ! rétorquais-je en riant. Mais la mine de la jeune fille m'alarma sur le champ. Ce n'était visiblement pas une ruse pour se glisser entre mes bras. Que se passe-t-il ?

Lady Oshana est au plus mal ... et Lord Corbray est parti depuis matines aux inspections des Hangardes ... La guérisseuse dit qu'il est trop tard pour tenter quoi que ce soit. Le mal est fait depuis trop longtemps. Elle m'a envoyé vous quérir car elle veut vous parler ... Mestre Duncan est introuvable ...

Je me dressai sur mon séant et attrapait une chemise de lin que j'enfilai au plus vite, me levai pour chercher mes pantes, ceignant sans y réfléchir mon épée, comme si elle pouvait refouler le mal qui rongeait ma mère adorée. Sans plus écouter les gémissements de la pucelle, je sortis de ma chambre en disant

-Courrez quérir Mestre Duncan. Je vais réveiller ma sœur car elle est d'un grand réconfort pour notre mère...

Je courrais dans les couloirs éclairés par la lueur dansante des torches fixées aux murs. Ma vue se brouillait déjà en songeant avec angoisse que le moment tant redouté par ma famille était en train d'advenir. Après des années de lutte contre le mal qui la rongeait, mère était en train de céder. Ce mal qui l'avait saisi à ma naissance. Échevelé, débraillé, j'arrivai en larmes à la porte de ma sœur. Je m’engouffrai dans sa chambre sans même prendre la précaution de frapper. Le souffle court, le visage ruisselant, j'ouvris la bouche pour crier mais aucun mot ne put en sortir. Sur sa couche, ma sœur était étendue, sa chemise de nuit remontée et ... Un homme la chevauchait. Hoquetant, je sortis dans le couloir et me saisis d'une torche comme si sa lumière allait effacer l'ignominie que je venais d'entrapercevoir dans la pénombre. Je revins dans la chambre. L'homme se redressait déjà, les mains en avant, essayant de justifier sa présence. Sans plus y réfléchir, je dégainai mon épée et le frappai de sa garde, répugnant à souiller ma lame de son sang. L'homme s'écroula sur les dalles de la chambre et ma sœur éclata en sanglots... Je la dévisageai, incrédule mais ses yeux me disaient tout. J'arrachai la courtepointe du lit et l'en enveloppai et la serrai dans mes bras en baisant ses cheveux, son front.

- C'est fini, Sharra ... Tout est fini ! Viens !

Je refermai la porte et appelait la garde. Deux soldats en armures accoururent.

- Gardez cette porte ! Que personne n'entre ou ne sorte avant l'arrivée de Lord Corbray !

Sharra titubait, le visage ruisselant de larmes, serrant mon bras au point d'y enfoncer ses ongles à travers ma chemise, tandis que je la soutenais. Arrivé aux appartements de ma mère, je frappai et ouvrant la porte, appelai dans l'antichambre, la jeune guérisseuse qui veillait son chevet.

- Dame, prenez soin de ma sœur. Elle a grand besoin de réconfort. Préparez-lui un bain et donnez lui du lait de pavot. Et surtout, écoutez-là si elle parle, avec votre cœur, mais ne posez aucune question si elle n'y consent.

Mon regard bleu de glace se fit tranchant et dans la lumière des torches, la jeune femme acquiesça. Je lus dans ses yeux la compassion. Sans que j'eusse à dire un seul mot, elle semblait avoir compris. Je fus frappé sur le coup, de constater que la sagesse et l'empathie étaient du côté de la jeunesse et que l'abjection prenait les traits de la force de l'âge. Car dans la chambre, j'avais reconnu, aussitôt qu'il avait tourné son visage vers moi, l'homme qui nous enseignait depuis plusieurs années, mais aussi celui que mon père avait engagé pour soigner son épouse, notre mère.

Ayant laissé ma sœur pantelante de honte et de douleur aux soins de la guérisseuse, je rebroussai chemin dans l'idée d'éviscérer et de castrer ce porc. Je défouraillai mon épée et arpentai le couloir dans une rage noire et douloureuse. Presque arrivé à destination, je me heurtai à la haute silhouette de Ser Geralt.

- Où allez-vous ainsi, jeune corbeau ? S'exclama-t-il  Puis, avisant mon visage déformé par la haine, il s'alarma.

- Je vais tuer le Mestre ! Laissez-moi passer ! Hurlai-je.

Ser Geralt barrait le couloir de toute sa largeur d'épaules.

- On vient de m'informer que Lady Corbray n'est pas au mieux, mais parfois les Sept ont la main sur le sort de leurs ouailles et le Mestre a sans doute fait ce qu'il a pu. J'allais me rendre à son chevet et lui annoncer que j'allais quérir notre Lord son époux ...

- Laissez moi passer Geralt, je vous en conjure, que je lave l'affront fait à ma sœur !

La surprise se peignit sur le visage du preux.

- Votre sœur ? Quel outrage ? La douleur vous fait délirer jeune seigneur ! Je me répète encore une fois, mon garçon ! Mestre Duncan a fait ce qu'il a pu. Personne ne peut aller contre la volonté des Sept ... Smaug, de grâce, reprenez-vous ... Songez à votre mère ... Ne m'obligez pas à vous assommer pour épargner d'autres tracas à la Maison Corbray !

Combien aurais-je aimé que ce loyal chevalier eût raison ! Mais mes yeux savaient ce qu'ils avaient vu. Pour autant, je ne pouvais dire l'indicible sous peine d'outrager davantage ma sœur et son honneur. Peut-être en avais-je déjà trop dit, même si la loyauté de Ser Geralt était sans faille. Dans un sursaut de lucidité je répondis:

- Vous avez raison, Ser Geralt ! Je deviens fou !  La douleur m'égare  ... Je dois aller prendre l'air ! Rejoignez ma mère et ses suivantes, votre présence les rassurera. Mestre Duncan ... a fait ... plus qu'il ne fallait ... pour notre famille. Articulai-je péniblement.

Je me faufilai dès que le brave s'effaça pour me laisser passer mais je ne pouvais aller faire un carnage dans la chambre de ma sœur alors qu'il se tenait devant sa porte. Prévenir mon père! Cette évidence s'imposa à moi et au lieu de me rendre à la chambre du Mestre, j'obliquai vers l'extérieur, les écuries. Là, comme je m'y attendais, le chargeur de Ser Geralt était déjà sellé et je sautai sur son dos, le talonnant rageusement à la surprise de l'écuyer et du palefrenier. Nul ne songea à me barrer la route lorsque je me présentai à la porte de Cordial. Sitôt le pont levis abaissé, je m'enfonçai sans escorte dans l'obscurité du Val, à destination du dernier hangard où mon père devait passer la nuit.

Jamais corbeau n'eut plus noir message à apporter à Lord Corbray et c'était son fils qui en était porteur. Au petit matin, l'escorte du Lord de Cordial entra dans la cité. Moins d'une heure plus tard, Mestre Duncan fût décapité du haut de la plus haute tour de la forteresse. Sa tête roula dans les douves et fût dévorée par les cochons et les rats qui s'y tenaient. Son corps fut démembré et émasculé avec la plus grande sauvagerie. Rorgard proclama que c'était la sentence à subir pour une si grande incompétence. Comme pour conforter son jugement, Lady Corbray s'éteignit trois jours plus tard. Une semaine avant mes quatorze ans.







  • Le corbeau du Val
Aussi haut que l'Honneur



L'homme

Aussi lourd que le roc du Val, mon devoir ! Aussi haute que ses cimes, ma loyauté ! Aussi profonde que ses abysses, ma blessure !

Je m'en voulus terriblement de m'être éloigné de Sharra, mû par un sentiment déplacé et injuste de jalousie à son égard. Si j'étais resté proche d'elle, j'aurais sans doute confondu Mestre Duncan dès le début, et même peut-être pu empêcher le calvaire qu'elle avait dû endurer durant des mois, des années. Le mal était fait pour elle comme pour moi. Elle porterait cette flétrissure toute sa vie durant et cette certitude me fit basculer dans une démence larvée. Si la mise à mort du coupable avait été exécutée par Lord Rorgard, notre père, le carnage qui en avait suivi n'était que de mon fait. Cela aussi Père le tût et prit sur lui cette barbarie atroce. Après avoir décapité le Mestre, après que sa tête eût roulé dans les douves, mon père s'était assis et pris la tête entre les mains pour pleurer. C'était la première fois que je voyais mon père pleurer et cela me choqua profondément. Cela ne faisait qu'exacerber le sentiment d'horreur qui m'animait au sujet de ce que ce monstre avait fait subir à ma sœur. Ainsi les monstres peuplaient notre monde, ainsi, ils souillaient la beauté, piétinaient la vie, détruisaient les âmes ... Et l'un d'eux s'en était pris à ma sœur innocente ?

Mon regard sombre fixait la ligne de crête des cimes du Val qui embrassait le ciel. L'un des plus beaux paysages qu'il m'était été donné de voir et qui m'émouvait toujours lorsque j'arpentais le carré de notre plus haute tour. Pourtant, alors que la lumière de l'aube naissante, délicatement irisée de rose, les découpaient majestueusement, cette vue m'était à présent insupportable. On avait terni la beauté du Val. Cela était possible, rien ne les arrêtait. Tandis que mon père sanglotait comme un enfant, une ombre passa dans mon regard et j'empoignai Dame Affliction qu'il avait laissé choir sur les dalles de la tour, déjà tâchées d'une large flaque de sang. Le sang impur de ce cadavre étêté. Puisque les monstres se dressaient dans l'ombre autour de nous, j’épouserais l'ombre, et deviendrait un monstre moi aussi pour les repousser.

Avant que quiconque eût le temps d'esquisser un geste, j'abattis l'épée de Cordial, encore et encore sur le corps du monstre, je tranchai un bras, puis l'autre, puis je m'acharnai sur son bassin et bientôt, les jambes furent elles aussi séparées. Je hurlais sur ce buste écœurant et d'un mouvement de faux le tailladai ses pantes jusqu'à ce que son membre viril qui avait souillé ma sœur ne fut plus qu'un amas de bouillie infâme. Alerté par mes cris, Ser Geralt fit irruption sur le carré et se figea devant cette vision d'horreur. Il tenta de me prendre à bras le corps pour stopper la boucherie mais d'un mouvement arrière des deux bras je le repoussai violemment. Je ahanais en abattant le tranchant de Dame Affliction encore et encore. Mes larmes de rage se mêlaient à la morve qui sortait de mon nez, à la bave que ma bouche crachait. J'étais rougi du sang du félon, mon gambison, mes pantes devenues écarlates, de petits morceaux de tripaille s'étaient incrustés dans les mailles de mon haubert. J'avais l'apparence d'un chevalier revenant d'une campagne particulièrement sanglante, la fatigue et les blessures en moins. Encore que la blessure qui s'était ouverte en moi, ne guérirait jamais, bien qu'elle soit, pour le moment, invisible.

Le preux recula avec un haut le cœur, et me dévisagea comme s'il ne me reconnaissait plus. Son regard exprimait une peine infinie quand il croisa le mien, habité par la folie. De ce jour-là, il m'interdit de m'entraîner avec les jeunes recrues de notre maison et ne me confia qu'à des chevaliers expérimentés qui pouvaient contenir ma rage. Pendant que la noirceur était entrain de gagner mon cœur, père œuvrait en secret pour les épousailles de ma sœur. Lorsque le Prince Jehan Arryn fût fiancé à Sharra, j'en conçus des sentiments mitigés. J'étais heureux pour elle que notre Prince l'honore de son choix, d'autant qu'elle semblait sensible à son charisme. J'étais soulagé que ce qu'elle avait subi ne fût pas un obstacle à son bonheur et ne détourne pas l'homme qu'elle semblait devoir aimer. Mais la voir s'éloigner de moi alors que nous venions de nous retrouver m'emplit de tristesse, ce qui n'arrangea pas ma tendance obsessionnelle à faire couler le sang, à me battre sans raison apparente, comme si je cherchais à me détruire et à ravager tout ce qui pouvait me paraître nocif autour de moi. Les hommes qui manquaient de respect aux femmes, notamment, finissaient mal lorsqu'ils croisaient ma route sur la lice ou dans une taverne.

J'acquis une réputation de querelleur mais aussi de fine lame car je n'hésitais pas à défier les plus aguerris et imbus de nos chevaliers voire même ceux des Maisons voisines, pour peu que leur comportement me parût délictueux envers le beau sexe, fut-ce une gueuse ou une noble dame, peu m'importait. Le mariage de Sharra et Jehan se déroula aux Eryées dans un faste assez considérable. La cérémonie fut particulièrement soignée à la demande des deux époux qui voulaient s'assurer de la bénédiction des Sept. Ma sœur était si rayonnante de beauté au bras de son époux qu'elle éclipsa toutes les femmes présentes dans le Septuaire et j'enrageais de lire la convoitise dans les regards de bien des hommes de l'assemblée, même ceux qui avaient épouse. Je me promis  en secret de les dérouiller particulièrement à la moindre occasion. Le festin qui suivit dura une semaine entière et fut ponctué de jeux, de spectacles de jonglerie, de baladins, et surtout de tournois quotidiens auxquels je m’inscrivis en louant le Guerrier et en dédiant chacun de mes combats à ma sœur. Étaient en lice plusieurs des meilleurs chevaliers de Westeros mais je m'illustrai à cheval et en bataille mêlée. Je récoltai plusieurs blessures bien que les lames de tournois fussent émoussées à dessein, mais j'en donnais encore davantage, particulièrement à ceux qui avaient osé porter sur la mariée un regard trop concupiscent. Je n'avais que quinze ans mais aucun chevalier de mon âge ne put rivaliser et je marquai plusieurs de mes aînés. Portant haut et fier la bannière de notre maison, le noir corbeau qui me définissait si bien, je fus remarqué par le Roi et le Prince Jehan eux-même.

Mais il sembla toutefois que ma fougue excessive me desservait et ils conseillèrent à mon père de m'envoyer auprès de Lord Grafton pour canaliser à bon escient ce caractère bouillonnant et parfaire mes connaissance sur la marine et l'armada du Val. Je devais y passer deux ans.

^-^-^-^-^-^

J'avais quinze ans lorsque j'arrivai à Goeville pour apprendre l'art du combat naval et les secrets de la navigation. Au tout début, mon humeur sombre et quelques difficultés d'adaptation - j'avais le mal de mer - mirent à rude épreuve la patience de Lord Grafton. Si j'étais passionné par l'apprentissage des tactiques  et manœuvres navales des navires de guerre, par les entraînements aux abordages, éperonnages et tout ce qui avait trait à la guerre, les techniques de navigation en elles-mêmes et l'art de gouverner un esquif me semblaient plus rébarbatifs. Mais Lord Grafton ne me passa rien et mit sur mon dos son propre fils qui supervisait ma formation. Une tâche ardue s'il en est, car je ne fis rien pour lui faciliter les choses, passant le peu de temps libre que j'avais à boire et à me battre dans les tavernes du littoral. Toujours dans cette logique d'auto destruction, je ne faisais guère honneur à mon nom, ni à mes enseignants. Mais un soir je dépassais de trop les bornes de l'irrespect en querellant un timonier des plus réputés de notre armada. Comme je n'étais encore qu'un blanc-bec malgré de très réels talent à l'épée, l'homme d'une stature redoutable me donna une correction des plus cuisantes. La figure en sang, un œil poché par le passage à tabac que j'avais essuyé, mon surcot déchiré et pendouillant à l'épaule, j'étais juste minable quand Wilibert fit irruption dans l’établissement, sans doute alerté par ses hommes.

Ivre comme un soudard, j'étais perché sur une table, au milieu de la troupe et j'avais sorti mon attirail pour tenter de pisser dans les chopes des malheureux soldats qui n'osaient protester connaissant mon rang. Le jeune Grafton m'attrapa par les jambes et me faucha de ses bras pour me projeter sans ménagement sur le plancher. Je me relevai encore plus mal en point mais ne fermai pas ma bouche pour autant, me répandant en paroles d'une voix pâteuse et alcoolisée sur la vanité de la vie et le charme de la mort que j'appelais de mes vœux. Un direct, puis un uppercut, tous deux foudroyants me clouèrent le bec et je m'effondrai à moitié sonné, mais entendant à travers le bourdonnement d'oreille  la voix rugissante du Grafton.

- Tu déshonores toute la marine du Val, Smaug Corbray ! Honte sur toi ! Tu parles devant ces hommes sans savoir! Tous ont frôlé la mort et ont vu bien des leurs être emportés. Des vies infiniment plus valeureuses que la tienne ! Tu n'es qu'un pleutre qui chie dans ses pantes parce qu'il n'a pas les couilles de se battre en mer, d'apprendre à commander un navire ! Tu me dégoûtes ! Tu trahis la confiance de ton père, de mon père ... Et pire, de tes souverains !

Il m’attrapa par le col et me releva pour me forcer à le regarder dans les yeux.

- Tu aurais pu devenir le meilleur Pair du Val ! Quelle lâcheté de gâcher un tel talent, une telle opportunité de te faire un nom, de te battre pour ton Royaume, pour ta bannière. Par les Sept ! Qu'on l'ôte de ma vue, sinon je vais l'achever ! Conclut-il en me crachant au visage avant de me laisser retomber sur le sol à moitié dépenaillé. Puis il se détourna tandis que deux matelots me prenaient sous les aisselles pour m'emmener cuver dans la porcherie voisine.

Je me réveillai le lendemain, couvert d'horions, pataugeant dans le lisier et au milieu des cochons, l'âme aussi souillée que le corps, avec une apparence au diapason de mon état d'esprit. Je puais tant que les plus humbles me considéraient avec dégoût ou pitié et s'écartaient de mon chemin lorsque je me mis à arpenter la ville dans un but bien précis : aller en finir avec cette infamie. Me jeter dans le port et me noyer. Mais l'endroit était par trop fréquenté et je ne voulais pas qu'on me retrouve, qu'on me sauve. Je cherchai un endroit plus isolé et dans les brumes de l'aube j'avisai une jetée déserte qui pourrait faire mon affaire. Titubant, je m'avançai jusqu'à son extrémité prêt à sauter, quand un cri perçant se fit entendre.

- Non ! Ne faites pas ça ! N'avancez plus ! L'eau est si froide ! Vous ne survivriez pas à un plongeon ! Ne m'obligez pas à me jeter à l'eau pour vous sauver ! Je ne sais si j'y parviendrais !

Mon regard se porta dans la direction de la voix et je découvris en contrebas, sur la plage, une jeune fille à la chevelure rousse qui tendait ses bras dans ma direction en un geste suppliant.

- Gardez-vous bien de me secourir ! Je ne le mérite pas ! Passez votre chemin ! Laissez-moi ! Et d'abord que faites-vous à cette heure matinale, seule sur le rivage  ? Etes-vous folle ? Vous pourriez faire une mauvaise rencontre !

Elle porta les mains à ses hanches comme si elle était courroucée et se mit à marcher à grands pas, autant que sa taille menue le lui permettait, sans prendre même la peine de soulever ses jupons qui traînaient sur le sable.

- Par les Sept !  C'est vous qui me traitez de folle ? Si vous faites encore un pas, je le promets, je sauterai derrière vous !

Elle avait l'air déterminée et j'étais à présent tétanisé, incapable de faire le pas fatidique, refusant de risquer une vie innocente. Lamentable, je criai :


- Si vous approchez, je saute !


- Faites donc, mais je sauterai aussi ! Répondit-elle en continuant à remonter vers la jetée.Quelle raison peut justifier qu'on veuille en finir à votre âge avec la vie ? Ne pensez-vous pas que la mort nous arrache à la vie bien assez tôt ? Les guerres, les épidémies ne font-elles pas assez de ravages selon vous ? C'est vous qui êtes fou de vouloir renoncer à la vie !

Les yeux écarquillés, couvert de sang et de souillures, je devais effectivement avoir l'air d'un fou.

- Qu'en savez-vous ? Comment savez-vous que je veux en finir ?

Un rire triste s'éleva jusqu'à moi tandis qu'elle approchai toujours.

- Il suffit de voir votre mise pour se douter que vous ne veniez pas contempler le lever du soleil !

Plus elle approchait et plus je perdais pied. Bientôt, elle fût assez près pour que je puisse voir les détails de son visage au teint pâle, dévoré par de grands yeux aux nuances d'émeraude. Des sourcils arqués et très expressifs, une bouche rose et tendre. Elle me sembla comme une apparition irréelle. Pourtant lorsqu'elle se planta devant moi, l'air furieux, la gifle magistrale qu'elle m'infligea avait toute la réalité possible et imaginable.

- Stupide idiot ! Alors c'est vous ! J'en suis certaine ! C'est vous qui faites vivre un enfer à mon frère depuis que notre père lui a confié la mission de vous éduquer! Smaug Corbray ! Et si vous mourrez, c'est sur lui que l'opprobre rejaillira. Jamais il ne se le pardonnera.

J'étais complètement anéanti. J'aurais voulu disparaître sur le champ, happé par une vague ou dévoré par un monstre marin, mais au lieu de cela, je devais affronter le regard fulminant de cette jeune fille  ... si incroyablement belle. Elle tendit la main pour prendre la mienne.

- Ne me touchez pas ... je suis ... sale ...

Elle se contenta de hausser les épaules. C'était tellement vrai. Je me sentais sale comme jamais, mais pas seulement parce que j'avais passé une nuit à dessaouler au milieu des cochons. Mon âme était sale, mon esprit souillé de la plus grande des ignominies. J'avais perdu toute dignité. Pourtant sa main saisit la mienne et me tira loin du bord de la jetée.

- Si vous voulez vous dégriser, et vous laver, au moins venez le faire sur la plage. Par ce  froid et dans votre état, une brutale entrée dans l'eau serait fatale.

Je me laissai guider jusqu'en bas, comme un pantin. Je me laissai dévêtir autant que la décence le permettait, sans dire un mot, la fixant du regard, ne pouvant détacher mes yeux de ses iris verts, hypnotisé. Lorsque je me retrouvai en chausses et chasuble, elle me guida par les épaules jusqu'au rivage, ce qui l'obligeait à marcher sur la pointe des pieds car elle était bien plus petite que moi. Elle m'obligea à m'allonger et plaça sur mes lèvres son index pour m'intimer le silence.

- La mer va vous laver ... Laissez-la faire ...

Tandis que je me nettoyais dans les vagues, elle trempa mes vêtements dans les flots et les lava de ses mains fines et blanches. Je finis par m'asseoir et me lavai le visage à grande eau avec mes mains, grimaçant de douleur pour chaque entaille que le sel piquait.  Je finis par me relever et elle ôta sa cape pour m'en vêtir, puis roulant sous son bras, mes effets humides, elle passa son autre bras sous le mien.

- Venez, rentrons au château. Vous devez vous vêtir de chaud et manger une bonne soupe. Je ne vous laisserai pas mourir d'un coup de froid.

Je claquai des dents, jetant furtivement des coups d’œil sur ma sauveuse, je croisai plusieurs fois son regard en biais qui me dévisageait sans l'ombre d'une retenue. Une fois arrivés au château des Grifton, je n'eus pas besoin de lui indiquer où se trouvait ma chambre. Devant la porte, elle me tendit mon paquetage et demanda sa cape, puis, s'éloigna en disant "je vous fais porter de la soupe". Mais soudain, elle s'immobilisa, fit volte face et revint près de moi, son visage scrutant le mien couvert d'ecchymoses, enfin après un temps qui me parut une éternité, elle plongea ses yeux dans les miens et murmura:

- C'est pourtant vrai ce qu'on m'a dit ... Vous êtes beau ...

Et, posant ses lèvres sur les miennes, bleuies par le froid, elle me vola un baiser avant de s'éloigner en chantonnant.

Les jours qui suivirent furent très étranges pour moi. Une sorte de renaissance dans un certain sens. Je présentai mes excuses publiquement au timonier, aux clients de la taverne et à Wilibert Grafton. Ils eurent la bonté de les accepter avec une mine très dubitative et il me fallut des mois pour faire amende honorable et preuve que je pouvais être un bon soldat sur mer comme sur terre. Ma première année de formation se termina mieux qu'elle n'avait commencé et ma rage semblait s'être adoucie. Comme je devins un combattant méritant et assidu aux entraînements comme aux leçons de manœuvres, Wilibert finit par me prendre en affection et je prenais de plus en plus modèle sur lui, excepté dans un registre où je peinais à le suivre. Le jeune Lord Grafton plaisait aux dames et nombreuses étaient celles qui lui couraient après, de la plus humble servante à la plus dotée des filles de leurs vassaux ou pairs. Cependant, il mit un point d'honneur à parfaire mon éducation dans le domaine charnel et pour mon seizième anniversaire, il convia toute une tablée de jeunes chevaliers et de ribaudes qu'il avait convaincues de nous instruire d'autres genres de corps à corps. A ma grande surprise, je fus très disputé par ces dames qui avaient pourtant le choix de chevaliers plus âgés que moi. En levant sa pinte à mes seize ans, Wilibert me gratifia d'une bonne bourrade fraternelle.

- Tu plais aux femmes, toi aussi, jeune corbeau ! Tu pourrais toutes les avoir à tes pieds, si tu sais y faire !

Je lui rendis un sourire gêné. Comment pouvait-il, alors, savoir que la seule que je désirai alors voir dans mes bras et non à mes pieds, était sa propre sœur, Thalia, que j'avais croisée sur la plage bien des mois auparavant et dont le baiser m'avait laissé un goût d'extase sur les lèvres et fait naître un brasier dans mon corps transi.

L'année qui suivit fût sans doute la plus heureuse de ma vie et le restera peut-être à jamais. J'étais revenu à la vie à bien des égards et j'y reprenais goût, grâce à Thalia dont je n'avais cessé de me rapprocher, chaque moment de liberté lui étant consacré. Cela n'échappa ni à son frère, ni à son père qui en fit état à mon père. Wilibert me laissa même entendre que des pourparlers étaient engagés pour discuter d'une union entre nos deux familles. J'étais heureux, amoureux et j'avais regagné de haute lutte la confiance et l'estime de ceux qui pourraient devenir mon frère et mon second père sans rougir de honte. J'avais montré que je pouvais être digne d'épouser Thalia, de commander une partie de la flotte aux côtés des Grafton, de porter les couleurs du Val par dessus celles de Cordial. J'étais en train de devenir un homme. La vie semblait me sourire. J'ignorai alors que la mort n'en avait pas fini avec moi et que, faute d'avoir pu me prendre, elle s'acharnerait à frapper autour de moi, à faire souffrir ceux que j'aimais.

^-^-^-^-^-^

Le calme avant la tempête

Je m'accomplissais comme officier au sein de la Garde Royale. L'An - 11 marqua un tournant pour le Val lorsque notre Roi décéda et que Jehan, mon beau-frère, lui succéda, ma sœur devenant Reine du Val. Plus que jamais je m'impliquais pour soutenir cette transition qui plaçait le couple au sommet du Val. Ce fût une année de deuil pour Sharra et moi, puisque quelques jours après mes vingt et un ans, notre père suivit le roi qu'il avait servi toute sa vie dans la tombe. Sur son lit de mort, Lord Rodgard me glissa l'anneau sigillaire au doigt et me confia Dame Affliction, faisant de moi le nouveau Seigneur de Cordial.Il partit apaisé par notre réconciliation et fier de ses enfants, qui lui faisaient finalement grand honneur. Le début du règne de Jehan fût relativement paisible, permettant d'initier des réformes et de travailler à l'essor du Royaume. Malheureusement, cet état florissant suscitait la convoitise de nos voisins de l'Orage qui envahirent nos terres en l'An -5. Un guerre débuta, qui durerait trois ans et saignerait les deux Royaumes.

En l'An -2 ,ils étaient aux Portes Sanglantes, se rapprochant inexorablement. Nous devions les repousser. Depuis trois années nous tenions, et je luttais aux côtés du Roi pour la souveraineté du Val. Les combats, défaites ou victoires partagées nous avaient rapprochés, faisant de nous des frères, tout autant que son union avec ma sœur qu'il avait rendu heureuse. J'avais appris à connaître l'homme, le Roi et j'aimais l'un comme l'autre, d'un amour sans faille, lui vouant une loyauté inconditionnelle, une admiration sans bornes. Ma vie lui appartenait et, à travers lui, était désormais vouée au Val. Nous voulions en finir et marquer d'un coup d'éclat cette bataille pour repousser derrière la frontière les envahisseurs. Nous tenions les portes depuis plusieurs jours mais le moral de nos troupes s'amenuisait tant l'ennemi semblait tenir cette passe entre ses crocs et ne pas vouloir la lâcher. Le Val se battait au coude à coude contre les troupes du vieux Cerf dont l'opiniâtreté s'opposait à la fougue de mon jeune Roi. Ne rien céder mais regagner, percer leurs lignes et disloquer à revers leur armée, leur infanterie grâce à la vaillance de notre chevalerie. Sur les cartes d'état major, l'idée paraissait glorieuse et pleine de justesse. Rien n'avait jamais vaincu les chevaliers du Val. Ils étaient imprenables comme nos portes. Jehan était exalté, nos hommes voulaient en découdre. Le plan les enivraient de rage et de vaillance. J'aurais dû sentir le danger que recelait un tel plan, percevoir la mort qui rôdait dans nos rangs, l'ombre qui planait sur le Val. A la longue nous les aurions eus à l'usure car leur ravitaillement leur devenait fort coûteux sur la durée. tandis qu'en nous rationnant les Eyriés pouvaient encore tenir de longues semaines.

Mais Jehan voulait en finir, mettre fin à cette guerre qui le mobilisait loin de ses réformes, loin de son peuple. L'assaut fût donné, et nous vînmes au contact de l'Orage heurtant de cheval et de corps leur cavalerie qui fut dispersée face à nos chevaux lourds. Ils se replièrent derrière leur infanterie et formèrent un mur de boucliers qui nous masquait leurs rangs de piquiers encore bien fournis. Alors que je donnais ordre aux archers longs de former trois lignes à l'entrée des portes, Jehan regroupa une poignée de preux et s'élança contre le mur. Je compris ce qu'il voulait tenter. Suivre le plan jusqu'au bout, mais dans ce goulot étroit fermé par le mur de boucliers, nous ne pouvions charger en large. Seule une dizaine de chevaliers pouvaient se tenir côte à côte. J'entrevis avec horreur ce qui allait ariver. Le mur ne céderait pas face à cet assaut en pointe, pas assez pour que nous le disloquions. Il allait se refermer sur nos preux, et à  leur tête, notre Roi.

Je hurlai l'ordre du premier jet à nos archers puis donnait le commandement à l'un de nos officiers avant de m'élancer sur mon cheval vers le mur, menant une seconde vague de chevaliers. Je vis Jehan à notre devant, lancé à fond de train, s'élever avec la première vague au dessus du mur. Seule la moitié la franchit, les autres se fracassèrent dans un vacarme assourdissant sur les orageois formant le mur, d'autres s'empalèrent dans les brèches laissées sciemment par l'ennemi sur leurs piquiers. Et la poignée de braves qui le franchit disparut derrière le rempart de boucliers ennemis. Je hurlai à la vague que je menai de retenir la charge et de brandir la lance. Arrivant encore à vive allure nous transperçâmes le mur et les hommes derrière suffisamment pour le disloquer en divers points. Mais derrière le pan central, là où Jehan avait disparu, des cris effroyables s'élevaient à présent. Notre infanterie s'élança pour venir en renfort et s'engouffra  dans les brèches dès qu'une moindre résistance prouva que nos flèches avaient décimé l'arrière garde orageoise. Le carnage fut total et le sang ruissela sur les pentes du Val comme jamais.

Pied à pied nous repoussâmes l'ennemi et tandis que je semais la mort en utilisant mon épée comme une faux, tranchant des têtes, coupant des membres, mon regard ne cessait de chercher le destrier royal. Je m'efforçai de rejoindre mon Roi. Enfin, je vis dans la mêlée, l'étendard du Val qui oscillait. Puis je ne le vis plus. Le porteur était  tombé, sans doute piétiné par les combattants des deux camps. Une voix, celle de mon Roi, un cri d'agonie, puis plus rien. Notre arrière garde déferla enfin  tandis que l'infanterie orageoise se repliait en ordre dispersé. Je piquai des deux vers le cheval aubère de Jehan. Il gisait la tête séparée du corps par un espadon manié sans doute par un colosse et sous le corps  en armure de l'animal, mon Roi gisait, la cuisse broyée sous le poids, le plastron percé en maintes parts de coups de lance, le bras d'épée encore tendu et sa lame couverte de sang. Il avait donné  sa vie pour prendre celles de nos ennemis. Son regard semblait fixer le ciel bleu du Val et commençait déjà à devenir vitreux. Je sautai de mon cheval, épée en main et la plantai dans le sol, hurlant:

- A moi, carré, formez le carré ! Protégez le Roi !

Un mur de troupiers se forma autour de nous, nous isolant de la bataille qui se poursuivait.

- Mon Roi ! Vous avez réussi ! Nous gagnions ! Ils se replient . Voyez ... mon Roi ! Ecoutez ! Ils demandent grâce ! dis -je en sanglotant et en soulevant son torse contre moi, le prenant dans mes bras.

Deux mains gantées de fer me prirent par les épaules et la voix de Ser Geralt résonna à mes oreilles .

- Smaug, il est mort ... C'est fini ... Laissez-nous dégager son corps et lui rendre les honneurs.

Non ! Nooonn ! Noonn ! Il n'est pas mort, il est juste évanoui. Ce n'est pas possible ... Il n'est pas mort !

Deux chevaliers vinrent me séparer du corps de Jehan et m'attirèrent à l'écart. Je reculai, secouant la tête, refusant d'accepter l'atroce vérité. Mon Roi était mort à cause de ma négligence, parce que je n'avais pas eu l'aplomb de le dissuader la veille de la bataille de suivre ce plan trop risqué. Je reculai jusqu'à mon cheval et l'enfourchai avant de me lancer à nouveau vers la bataille qui s'était déplacée derrière les lignes ennemies. Hurlant je traçai un sillon sanglant derrière moi et fondis sur la masse compacte de soudards qui formait l'arrière garde de l'Orage. Je fis un vide autour de moi une sorte de cercle qui se couvrit bientôt de pourpre. Mais le nombre finit par me submerger. Ils renversèrent mon destrier, et se déchaînèrent sur moi, me faisant entrevoir la mort terrible de Jehan. Un coup de masse à la tempe, et le noir, le silence.

Geralt avait hurlé et rassemblé quelques chevaux légers et fondu sur mes assaillants. Il me ramassa couvert de sang, le mien, celui de l'ennemi. Il me crût mort et pleura.

^-^-^-^-^-^

Le pire des Enfers est celui dont on détient la clef

J'avais déliré pendant des jours, intransportable, gisant dans la tente de l'état-major. Quand, enfin, j'avais repris conscience, j'avais supplié les officiers de ne point envoyer de messager aux Eyriés. Je voulais annoncer moi-même la mort de son époux à ma sœur, et exiger ma propre sentence, mon bannissement, ou ma mort si cela pouvait apaiser ses pleurs. Mes plaies pas encore refermées, je m'étais remis en selle avec une petite escorte pour rallier la Capitale. Mon armure percée de multiples impacts, des croûtes de sang sur le visage, je m'étais présenté et agenouillé devant les deux trônes dont l'un resterait vide ce funeste soir, pour placer mon sort dans les mains de la Reine et lui annoncer la mort du Roi. D'une voix brisée, le regard brillant, me retenant de laisser couler mes larmes, je lui infligeai la terrible nouvelle.

- Majesté, le Roi Jehan Arryn est mort au combat ... A la tête de nos troupes ... Je  ... je n'ai pas su l'empêcher ... Faites de moi ce que vous voudrez ...

Son pardon était sans doute la plus belle preuve d'amour et de confiance qu'elle pouvait me donner. Mais je le vécus tout d'abord comme la pire des sentence, car je m'en sentais indigne. La culpabilité me hante encore aujourd'hui et si j'ai accepté l'honneur qu'elle m'a fait en me nommant Capitaine de la Garde Royale, j'ignore encore comment je pourrais m'accorder une rédemption tant j'estime avoir failli à mon devoir. La servir avec toute la loyauté dont je suis capable est peut-être le seul moyen de regagner l'honneur et de me montrer digne du Val, mais jamais je ne pourrais rendre leur père à mes neveux, jamais ma sœur ne pourra retrouver les bras de son époux.


Je l'ai soutenue quand notre jeune Roi, Ronnel a perdu sa douce épouse et leur héritier. Je l'ai soutenue face aux frondes, aux complots, je l'ai soutenue quand le Nord a dénoncé son alliance en choisissant la Targaryen. Tant de blessures que ma Reine a encore dû affronter après le deuil de son époux. Tant de haine que je nourris contre ceux qui l'ont blessée, moi le premier. Aujourd'hui, après avoir tenté d’œuvrer pour la paix, lors du Conclave de Goeville, elle se trouve face à une choix cornélien, alors que le Val est prié de choisir un camp. L'Empire ou les Puissances Centrales. Mon cœur ne bat que pour le Val, mon bras ne brandit Dame Affliction que pour défendre le Val. Je veux le Val libre et indépendant, autant que je veux que l'anneau revienne à mon descendant. Si les Sept m'accordent de poursuivre ma lignée.

Est-ce possible, alors que je ne vois en songe qu'un carnage sans fin sur lequel plane l'ombre de la mort qui ne m'a pas encore trouvé ? Je l'attends.

Je suis Lord Corbray, Seigneur de Cordial. Je suis le Corbeau.


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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 24 Aoû - 15:46

PREUMSSSSSSSSSSS !

Merci d'avoir pris Smaug, je suis trop trop contente !

Bonne chance pour ta fiche, et si tu as des questions n'hésite pas Very Happy

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 24 Aoû - 15:58

Merci Sharra ! Je lui ferai honneur ainsi qu'à toi !

Patience, patience, j'arrive grande sœur ! Smaug Corbray   2896906054

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 24 Aoû - 17:41

Re-Bienvenue petit Valois !

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 24 Aoû - 23:02

Merci Mereth, je pense qu'on est appelé à se croiser si je suis validé ;)

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyDim 25 Aoû - 10:04

Re bienvenue !


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Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyDim 25 Aoû - 17:48

Rebienvenue !

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyDim 25 Aoû - 17:49

Re-bienvenue par ici ! Smaug Corbray   1698932253


I'm waiting for the call, the hand on the chest. I'm ready for the fight, and fate.


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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyDim 25 Aoû - 22:24

Bienvenue sur BC !

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyDim 25 Aoû - 23:29

Merci à vous quatre !

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyLun 26 Aoû - 8:48

Avec du retard un peu mais Re-Re bienvenue à la maison Smile
Bon courage pour la fin de ta fiche et si tu as des questions comme toujours hésite pas ;)

Smaug est un super choix de perso ;)

Anonymous
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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyLun 26 Aoû - 15:46

re bienvenue avec ce nouveau perso, j'espère qu'il te comblera Very Happy

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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyMar 27 Aoû - 23:16

@Lysara Tully et @Eleyna Bonru  Merci à vous deux ! Smaug Corbray   2896906054

Ohh oui c'est un beau personnage et nul doute qu'il me comblera car j'y vais toujours au coup de coeur tout en réfléchissant longuement à ce que je vais en faire si je prends le personnage, (comment ça c'est paradoxal ? Ben oui je suis un homme paradoxal et j'assume! Smaug Corbray   3079312503 )

Allez je poursuis un bout d'histoire, ce soir! Smile

Anonymous
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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyMer 28 Aoû - 12:00

Re-Bienvenue valois What a Face Bon courage pour ta fichounette Smaug Corbray   1484214221

Anonymous
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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyMer 28 Aoû - 19:28

Merci belle lionne ! ;)

Anonymous
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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyVen 30 Aoû - 9:29

J'attends l'avis de Sharra du coup Smile


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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyVen 30 Aoû - 12:00

Je valide de mon côté !


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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyVen 30 Aoû - 12:01

Ok, de mon côté aussi !


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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptyVen 30 Aoû - 12:02

Bienvenue Smaug !

Et oui, te voilà validé(e) ! La classe hein ! Mais ne te repose pas sur tes lauriers trop vite, aussi confortables soient-ils, car il y reste encore quelques lieux à visiter, et dans lesquels tu dois poster. Nous t'avons fait une petite liste ci-dessous qui n'est pas exhaustive, mais qui t'indique les sujets les plus importants que tu dois aller voir absolument.  

▪▪ Demander un rang
▪▪ Verrouiller et Déplacer vos Sujets
▪▪ Créer des zones de jeu
▪▪ Démarches pour faire un scénario
▪▪ Les Chroniques du Cyvosse  ▪▪
▪▪ Le Cyvosse
▪▪ Demandes de liens  
▪▪ Demandes de rps  
▪▪ Section des corbeaux  
▪▪ Avoir un journal intime  
▪▪ Discuter dans le flood  
▪▪ S'amuser dans les jeux
▪▪  Participer aux animations du forum ▪▪
▪▪ Signaler une absence ou un ralentissement ▪▪
▪▪ Présentation du staff ▪▪
▪▪ Poser une question ▪▪
▪▪ Se situer dans la chronologie de BC ▪▪
▪▪ Lire les nouveautés de la semaine ▪▪
▪▪





N'envoyez de mps sous ce compte que pour notre jeu des trônes

Le Cyvosse
Le Cyvosse
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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 31 Aoû - 13:43

Hallo!

Merci pour votre validation. Serait-il possible de ne pas verrouiller tout de suite ma fiche. J'ai une bonne relecture à faire au niveau de l'orthographe et j'ai fini la rédaction vraiment tard jeudi, du coup je n'étais plus trop en état.


Edit : c'est fait Smile

Anonymous
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MessageSujet: Re: Smaug Corbray    Smaug Corbray   EmptySam 31 Aoû - 20:16

Bottin MAJ et je déplace.

La Corneille à Trois Yeux
La Corneille à Trois Yeux
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