La guerre à Westeros changeait de sens et se complexifiait à mesure que les mois passaient. Désormais, les armées des puissances en guerre étaient renforcées de mercenaires de l’étranger, et Westeros était maintenant le théâtre d’opérations de troupes exotiques… Et dangereuses.
Quelques jours plus tôt, une flotte battant pavillon valois avait leurré les patrouilles impériales au large de la Néra, et avait déposé deux mille Puinés en terre impériale. Le carnage et le pillage qui s’ensuivit était à la hauteur de la réputation de ces soudards, mais se sachant repérée, la flotte de transports mit le cap au sud-est pour échapper à d’éventuels poursuivants. La flotte impériale était en état d’alerte, mais une tempête hivernale repoussa le temps de préparation des navires et les équipages perdirent de précieuses heures.
Ce n’était pas le cas de l’Impératrice.
Rejoignant les éléments de tête de la flotte impériale, Rhaenys Braenaryon chevauchait la terrible Meraxès. Elle dépassa ses navires, et entreprit de scruter les vastes étendues d’eau du Détroit, suivant les indications données par les vaisseaux qui avaient pu repérer l’ennemi avant la tempête. La visibilité n’était pas très bonne, et la flotte de transports était dispersée sur un large horizon par les vents violents mais aussi par les vagues hautes d’une mer agitée. Son armure de cuir ne protégeait pas très bien la jeune conquérante des éléments. Transie par les averses brèves mais violentes, elle était trempée et sa dragonne tenait mal les bourrasques qui les battaient à mesure de leur périple.Il fallut beaucoup de temps pour repérer le premier navire ennemi, un peu plus à l’est que le reste de l’escadre. Rhaenys était méfiante ; l’ennemi avait plusieurs fois tenté d’utiliser des armes d’un nouveau genre contre sa dragonne. Faute de cadence de feu, de précision ou simplement de pragmatisme, ces armes s’étaient avérées moins efficaces que des combats au sol, ou des volées de carreaux à bout portant. L’Impératrice scruta en plusieurs tours quasi-stationnaires le pont de sa première proie, mais elle n’y distingua que la panique de marins qui voyaient un dragon pour la première fois. Les hommes tiraient sur la voilure et lâchaient du lest pour filer plus vite sous le vent. Quand la jeune femme aperçut des barriques d’eau douce jetée à la mer, elle n’hésita plus ; les pillards étaient désespérés, et ils seraient bientôt morts.
Une grande masse sombre fondit sur le navire. D’un ordre en haut-valyrien, l’Impératrice provoqua l’incendie de la cogue venue de Braavos. En pleine chute, Meraxès ouvrit la gueule pour projeter la mort et le feu sur le navire. Les hurlements de son équipage coururent sur l’eau assez loin pour que le reste de l’escadre ne rate rien de l’agonie rapide et violente de tout un équipage ; plus de cinquante hommes avaient été calcinés ou se jetaient, en feu, dans une mer qui se teinta de nuances jaunes et oranges, car l’eau était à peine suffisante pour étouffer le feu-dragon. Quelques flèches avaient été tirées, quelques carreaux aussi, mais sans grande précision. L’énorme reptile volant fendait les airs à une vitesse incroyable ; il fallait prendre la précaution de tirer loin en avant de sa trajectoire pour espérer la toucher, et les vents violents n’aidaient pas les tireurs, bien vite réduits à l’état d’éphémères chandelles humaines. La dragonne était mal remise de ses blessures, et les vents n’aidaient pas à sa stabilité. Elle dû planer, ou plonger de tout son poids pour chuter comme une pierre pour ne pas louper ses cibles. Ca la rendait moins souple, moins agile. Mais les petits navires de commerce et de transport n’avaient aucune chance en l’état.
Ces navires avaient déposé la mort sur les rivages de l’Empire, aussi Rhaenys Braenaryon ne montra aucune pitié. Rattrapant un second navire, elle continua ensuite sur un troisième, un quatrième. La mer reflétait les feux ravageant les ponts et les mâts, et l’endroit n’était plus qu’un concert de hurlements de souffrance, d’agonie ou de terreur pure. Le cinquième montra plus de répondant. Une volée de carreaux blessa superficiellement Meraxès qui, au lieu de cracher du feu, s’abattit serres en avant sur le pont. Ce qui passa à sa portée finit projeté à la mer, lacéré par les griffes du dragon, ou massacré entre ses crocs effilés. L’Impératrice elle-même dû tirer l’épée, et fendit casques et poitrail de sa lame. L’équipage eut un sursaut d’espoir… Mais le capitaine fut déchiqueté par les crocs de la bête, coupé en deux. Des arbalétriers alignèrent la tête de la dragonne depuis le château arrière, mais depuis le dos de sa monture l’Impératrice profita d’un sursaut de la bête pour égorger un adversaire d’un revers, et fendre le crâne de l’autre par un coup de taille. Elle finit par reprendre le contrôle de la dragonne, repue de vengeance autant que des corps passés à sa portée, laissant une cogue éventrée derrière elles.
En dehors des navires mués en torches géantes ou en train de sombrer, les navires survivants, encore l’essentiel de la flotte, jouèrent chacun leur chance en cherchant à se disperser, en abandonnant matériel, vivres et eau douce pour aller plus vite. La justice impériale s’abattit sur toute une rangée d’entre eux, encore en pleine manœuvre pour s’éloigner les uns des autres. Trop tard. La dragonne tomba des nuages et incendia plusieurs navires de suite, faisant un deuxième passage pour détruire jusqu’au bout ces cibles, parfois simplement endommagées, en proie à des incendies partiels. D’autres projectiles furent tirés, mais bien peu touchèrent la cible et l’essentiel se brisa ou rebondit sur les écailles de Meraxès. L’Impératrice s’en tira pour une fois sans blessure.
Plusieurs cogues, en particulier venues de Lys, mirent en panne et hissèrent le drapeau blanc. Les armes étaient ostensiblement jetées par dessus-bord. L’ombre de la mort plana sur chacun d’eux, mais l’Impératrice les délaissa pour rattraper deux navires de plus. Le vent se levait à nouveau et les nuages sombres présumaient nouvelle tempête. Rhaenys Braenaryon s’arrêta dans sa poursuite, de plus en plus gênée niveau visibilité. Douze navires avaient été intégralement perdus, éventrés ou incendiés. Quatre navires s’étaient rendus. Huit autres avaient fini par s’échapper. L’effroyable bilan était porté à plus de six cent marins tués ou disparus.
Revendiquant une victoire aussi nette que brutale, l’Impératrice resta en vol stationnaire, et fit cracher plusieurs fois Meraxès dans les nuages, terrorisant les équipages des navires rendus en incendiant le ciel.
Cet artifice appelait à la Braenaryon la flotte impériale, les nuages portant la lumière des flammes lui servant de phare pour ses dromons. Il fallut quelques heures de plus pour que les navires battant pavillon impérial prennent possession des navires captifs, et ne se mettent en route pour Peyredragon. Meraxès était épuisée, l’Impératrice aussi. La victoire n’avait pas été complète, beaucoup de navires avaient fui plutôt que combattu, faute de tireurs en nombre suffisants et d’une visibilité moindre à cause du gros temps, qui ne leur avait permis que de tirer au dernier moment.
Malgré cette victoire incomplète, l’Impératrice avait envoyé un message de terreur à ses ennemis. Qu’ils s’en prennent à son peuple, et leurs péchés seront purgés par le Feu et le Sang.
Points de l’Empire+5pts victoire mineure
+5pts objectif rempli, fuite de l’ennemi et lourdes pertes infligées.