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 Tour 4 – La Couronne Vacante - Année 0 - Mois 11 - Semaine 2

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MessageSujet: Tour 4 – La Couronne Vacante - Année 0 - Mois 11 - Semaine 2    Tour 4 – La Couronne Vacante - Année 0 - Mois 11 - Semaine 2  EmptyDim 24 Fév - 9:42

La Couronne Vacante
Bief



La bataille venait de s'achever, le sang des mourants commençait déjà à imbiber le sol boueux de Tinivel et les cris se faisaient plus sporadiques alors que les uns passaient à trépas et que les autres étaient hsoignés ou abandonnés sur le chemin. Le combat avait été rude, pour les deux camps, de nombreux hommes étaient morts et la victoire avait un goût bien âpre pour les orageois. Pourtant, ils pouvaient se targuer d'avoir capturé le Roi du Bief. Voilà qui n'était pas un mince exploit. La rumeur commençait déjà à se répandre un peu partout alors que les bieffois  étaient à peine en train de faire retraite, n'en étaient même pas à panser leur plaie et à réfléchir sur la suite des événements. Ils ne savaient pas encore de quoi le lendemain serait fait, comment réagiraient les ennemis mais aussi les alliés. Et, alors que la rumeur de la défection du Conflans commençait à se disperser parmi les survivants, Mern IX Gardener était conduit dans un petit village, grièvement blessé. Il avait tenu aussi longtemps que possible, menant ses hommes au cœur de la bataille sans relâche, jusqu'à ce qu'une lance le transperce.

Il aurait pu dire que c'était l'honneur qui avait mené son épée mais ce n'était pas vraiment le cas. L'image de la trahison de son cadet ne faisait que flotter sans cesse dans son esprit alors qu'il n'arrêtait pas de se demander comment les choses avaient pu en arriver là. Mais il avait failli, une fois de plus. Et maintenant il était là, agonisant entre ces quatre murs, attendant une sentence, une libération qui ne viendraient probablement jamais.

Il ne lui fallut pas longtemps à attendre avant que celle qu'il attendait entre dans la pièce. On l'avait aidé à se relever et le tête à tête fut bref mais d'une rare intensité. S'il était épuisé, s'il se sentait à bout de forces, il était tout de même prêt à la recevoir. Jamais il ne baisserait la tête devant qui que ce soit, encore moins devant celle qui avait fait tourner la tête de son frère au point de lui faire perdre tout honneur dans le seul but de retrouver une femme mariée. Et bien évidemment, rien de bon ne sortit de cette discussion, chacun campant sur ses positions, chacun brandissant sa vision de Westeros, de la loyauté, de l'honneur, que l'autre ne semblait guère partager. L'inimité qui avait creusé un fossé entre l'Orage et le Bief était actée pour de bon. Rien ne semblait en mesure de régler leurs différends et c'est dans un soupir de dépit que Mern vit la jeune Reine quitter les lieux, sans bien savoir ce qu'il adviendrait de lui ou de son peuple.

Et il attendit. Sans bien oser s'avouer à lui-même que c'était son frère qu'il voulait voir. Pour lui pardonner ou le maudire jusqu'à son dernier souffle, pour lui rendre son honneur ou le piétiner un peu plus. Il ne savait même pas s'il était là, s'il avait vraiment combattu contre ses propres frères pour une catin qui ne lui apporterait rien de plus que le déshonneur. La douleur se faisait de plus en plus diffuse à mesure que la toux le gagnait. Le Roi essaya de redresser à plusieurs reprises, pour ne pas mourir étouffé dans ses propres miasmes alors que sa respiration se faisait plus laborieuse.

Mais personne ne vint. Les orageois avaient fait ce qu'ils avaient pu vues les circonstances, mais dans son délire fiévreux Mern en vint à se dire que les orageois s'en moquaient, souhaitant, d'une façon ou d'une autre, venger la mort de leur propre Roi. Les pensées de Mern commencèrent à ne plus être très claires alors qu'elles s'égaraient en direction de Tricia, sa douce épouse inféconde qui ne verrait probablement jamais une issue pacifique à ce désastre. Il le savait, seule, elle serait incapable de garder le royaume à flot et il n'était en rien rassuré de savoir le Hightower la seconder. Tout allait sombrer parce qu'il avait laissé la colère le guider, parce que son frère avait laissé ses sentiments le guider. Les Gardener avaient failli à la protection de leur verte contrée et, à mesure que la nuit se mourrait, le Roi comprenait à quel point il avait fauté.

Et son regard s'attarda sur la petite fenêtre à mi-hauteur du mur qui lui faisait face alors qu'il se demandait si c'était la lune qu'il voyait là. Il ne réalisa même pas qu'il délirait alors que le bruit des combats, que les hurlements des blessés se mirent à envahir la pièce. Ils étaient tous là, morts, vivants, ceux qu'il avait tué lui-même, ceux qu'il n'avait pas sauvés. Le Roi, brûlant de fièvre se mit à hurler pour les chasser, pour retrouver ce silence auquel il aspirait tant. Il se rendit même pas compte qu'on était en train de l'allonger de nouveau, que l'on essayait de baisser la fièvre, en vain et que sa respiration se faisait de plus en plus laborieuse. Effrayés, les hommes qui avaient tenté de le sauver s'enfuirent, de peur qu'on ne les accuse d'avoir aggravé le cas du prisonnier.

Le soleil se levait alors que le Roi poussait son dernier soupir. Seul.

Le trône du Bief était désormais vide.

Et la rumeur s’est vite répandue.

Les appétits se sont aiguisés. La Reine Tricia Gardener n’avait jamais eu beaucoup de pouvoirs ; dans le Bief, la primogéniture masculine était la règle incontournable et en plus, la Reine n’était pas du sang de la famille royale ; elle était née Hightower. Avec le Roi mort, aucun enfant, plus de cousins, son frère jugé indigne car traître à la couronne, la Reine exerçait le pouvoir mais ce n’était qu’une façade, qu’un intérim.

Peu de seigneurs pouvaient en vérité se targuer de saisir l’occasion et de prendre le pouvoir. Lord Tarly avait une sévère réputation dans l’est du royaume et dans le sud, car il avait longtemps combattu orageois et dorniens et avait, jadis, emporté nombre de victoires. Mais sa bonne étoile s’était éclipsée et il avait été vaincu avec son Roi à la bataille de Tinivel. Il était toutefois toujours à la tête d’une grande armée qui venait défendre Grassy Vale d’une poussée de l’Orage, et avait encore de nombreux soutiens à la cour.

Lord Redwyne avait une certaine puissance maritime et l’appui financier de la Compagnie du Ferrand, instaurée par son fils, lui donnait une assise économique non négligeable. Toutefois, le fils Redwyne avait déserté l’armée et rejoint de son propre chef l’armée de Peyredragon ; les rumeurs de collusion entre cette famille est les Targaryen jetait le discrédit sur la famille, et lui valait plus de détracteurs que de soutiens.

Lord Tyrell, contre toute attente, fut également soutenu par une partie de la cour. L’intendant n’avait pas de domaine propre, et donc aucune légitimité en terme de puissance et de prestige. Sa position héritée depuis des décennies lui avait pourtant prodigué les atouts nécessaires pour investir ; il pouvait largement recruter parmi la population de Hautjardin et les taxes et droits de passage instaurés sur le commerce lui avaient permis de récolter une fortune. De plus, il était bien connu de la cour, de par sa position. Mais en dehors de Hautjardin, sa réputation de « jardinier » du Roi ne lui valait que des quolibets.

Lord Hightower, enfin, jouissait du prestige, de la puissance militaire et économique. Il avait commandé la flotte qui avait vaincu l’armada de pirates qui avait fait régner la terreur quelques mois plus tôt et avait également élaboré le plan qui avait servi à franchir les Montagnes Rouges et attaquer le sud de Dorne. La Principauté apparaissait grandement affaiblie grâce à cette stratégie, et le Bief semblait pouvoir prendre le pas sur son ennemi séculaire. Toutefois, son échec diplomatique à rallier l’Ouest et sa collusion présumée dans l’aventure de Mern IX dans l’Orage lui valait quelque discrédit.

Aucun de ces seigneurs ne se déclara officiellement. Tous jurèrent assistance à la Reine Tricia, et lui jurèrent protection.

La guerre restait la priorité ; chacun savait bien que se lancer maintenant serait un suicide politique car les trois autres ne manqueraient pas de s’allier. Tous voulaient une victoire, un coup d’éclat, avant de se déclarer. Lord Tarly voulait écraser l’armée de l’Orage pour venger le Roi, Lord Redwyne voulait détruire la flotte coalisée pour mettre à genoux les économies adverses, Lord Tyrell voulait que tous les autres seigneurs en viennent à être financés par lui pour les tenir, et Lord Hightower misait toute sur son offensive contre Dorne.

La guerre, une fois de plus, servait les intérêts politiques des grandes familles de Westeros.

Par Eren


Le Cyvosse
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