Entourée et choyée, voilà comment je décrirais mon enfance. Déjà enfant, je pouvais être très colérique et faire tourner en bourrique ma gouvernante et les servantes, dès que mon très cher père,  seigneur de la maison et sire de Castel-Cerwyn venait à quitter la demeure familiale. J’avais toujours voué un culte sans nom à mon père. Le respect que j’avais pour lui s’était développé bien jeune. Ma mère était une personne aimante et je pense tenir d’elle la douceur et la force que je possède aujourd’hui. La douceur des gestes et la délicatesse des mots. Je grandis, comme tous les enfants de mon âge. L’âge mûr ne tarda pas à arriver et mon caractère s’enrichit au dépit de mes chers parents. Bien qu’alors âgée de quatorze ans, je savais d’ores et déjà ce que je désirais et ce que je réfutais. Malheur à celui qui essayait de me faire changer d’avis. Je n’étais jamais indécise et mon percepteur devait toujours se rappeler de mes excès d’autorité, même des années plus tard. J'ai toujours ressemblé à une poupée de porcelaine, à l’apparence si fragile et à la peau si claire. Ainsi, j’occupais mes jours à suivre des leçons, à m’instruire sur l’histoire et à observer les chevaliers s’entraîner. A côté de cela, je rêvais de monter à cheval et de parcourir les champs enneigés qui m'entouraient. Ce besoin de liberté brûlait à l'intérieur de moi.



Dix-huit printemps plus tard, je faisais enfin partie du monde des femmes. Les robes que je portais étaient de plus en plus ornées. Les fils d’or et les pierres précieuses s’accumulaient sur les parures. Je portais les plus belles pièces, fabriquées par les plus talentueux couturiers. Etant une fille unique, mon père m’offrait tout ce dont je désirais. L’instruction était de mise, et je pouvais me vanter d’y exceller. J’avais pris l’habitude de mener les discussions aux débats politiques et en philosophie. J’avais toujours eu de la répartie et je pouvais enfin manier le langage à mon avantage… J’avais toujours détesté la musique et j'avais fait en sorte d’éviter les leçons que l’on voulait me prodiguer. En revanche, j’adorais écouter la musique. Mes dix-huit ans m'offrirent aussi d’autre découverte, celle de la romance par exemple. J'étais amoureuse de l'amour comme disait mon cher père. Mais pour autant, jamais aucun homme n'a su faire tomber les barrières que j'avais hissées autour de moi. Je ne me laisse pas facilement courtisé et peu d'homme relève mon attention. Je les trouve pour la plupart indélicats et bien loin des subtilités auxquelles je m'attends. De nature, j’étais une jeune femme méfiante envers les hommes et leurs attraits. J’avais conscience que certains d’entre eux use de stratagèmes pour pouvoir obtenir les faveurs des dames. Je n’étais pas de celles-là. Je ne me laissais pas courtiser facilement. Je n’avais pas suffisamment confiance dans la gente masculine pour pouvoir céder à chaque avance que l’on pouvait me faire. Sans oublier que j'avais l'honneur d'être la fille du seigneur de Castel-Cerwyn et ma vertu à préserver. Je n’étais pas ni candide, ni naïve. Je n’étais pas de celle qu’on ensorcelle en quelques phrases bien tournées. Je suis, en quelque sorte, comme une citadelle imprenable.



J'avais une vision différente de l'amour. Jusqu'à aujourd'hui, aucun homme n'avait réussi à m'amadouer, à me posséder. Et mon père réalisa bien aisément que je ne me trouverai peut-être jamais un mari si l'on ne me forçait pas la main. "Jamais !" avais-je répondu à mon cher père pour l'informer de mon refus. Non, je ne serai jamais la chose d'un homme, qu'il disposera à son bon vouloir. Je réfutais le mariage aussi fort que je le pouvais. Et pourtant, mon père en avait décidé autrement. C'est à l'âge de vingt-quatre ans que je réalisais que la vie n'était pas un éternel conte de fée. Mon père m'annonça qu'il était en pourparler avec le seigneur d'une maison du Nord. Mais, le lendemain, mon père quitta Castel-Cerwyn accompagné de mon frère et de leurs hommes pour la guerre. Son départ impromptu lui a fait revoir ses priorités. Il ne se préoccupa plus de me trouver un bon parti mais simplement de revenir en vie. Je sais que mon répit sera de courte durée et qu’aussitôt de retour à Castel-Cerwyn, je serai probablement rapidement mariée à un parfait inconnu. Et c’était comme cela que l’histoire se finirait, je serai mariée à un homme que je ne connais pas, à un homme que je n'aurait pas choisi. Un parfait inconnu qui aura des droits sur moi et sur mon corps. Oui, je m’étais résolu à accepter un mariage, pour ma famille, pour ma maison. C’était mon devoir.


Bowen Glover. Voilà l'identité de mon époux. Certes je connaissais Lord Glover depuis longtemps, certes il ne m’était pas étranger. Des années que nous ne nous étions vus et j’ignorai quel homme se tenait réellement devant moi. Quelques échanges m’avaient fait entrevoir un homme doux, étrangement patient et droit. Je qualifiais ses qualités comme denrées rares chez un homme. Mis à part mon père et mon frère, je trouvais les nordiens rudes, vulgaires et irrespectueux. L’homme que je venais d’épouser semblait être en totale oppositions avec ce que j’avais l’habitude d’observer. J’attendrais. Parce que je trouvais cette chance trop belle pour être vraies. J’attendrais, anxieuse, de constater que je m’étais trompée ; que j’avais été leurrée. J’avais toujours imaginé le mariage comme une contrainte, un triste chemin de croix, une sombre obligation à laquelle je devrai me plier tôt ou tard. Je m'étais bel et bien trompée.

Depuis que Torrhen et Rhaenys se sont mariés, ils ont fondé l'Empire, qui regroupe, notamment le Nord dont Jon doit prochainement hériter, Peyredragon, l'Orage et les déserteurs du Conflans menés par les Tully. Maedalyn appréciait le Roi Torrhen et avait eu l'occasion de le côtoyer, de converser avec lui. Accessible et d'agréable compagnie, elle regrette déjà de ne plus le voir en terre nordienne. Néanmoins, son héritier, Jon semble avoir les épaules pour gouverner le Nord. Maedalyn a confiance dans les Starks depuis bien longtemps déjà.