La peau nue si lisse sous mes doigts rendus rêches par une existence de maniement de l'épée et de toutes sortes d'outils fort utiles pour occire son prochain m'apparaissait telle une merveille sensorielle à la douceur inégalée. Ce teint de porcelaine quelque peu réhaussé d'élans rosés recélait en son sein un attrait implacable. Les sillons énamourés que je dessinais avec application sur le corps svelte en dépit de ses nombreuses grossesses de ma compagne endormie représentaient autant de marques d'affection fort masculine que je lui dédiais passionnément avec autant d'ardeur décuplée que celle d'un époux s'apprêtant à se voir arraché brusquement la source de son bonheur par la réponse honorable à un devoir millénaire. Aussi, je profitais sans nulle once de gène de la présence chaleureuse de la dame de la maison Florent dans notre conjugal baldaquin en priant les Sept tant pour les remercier de m'avoir octroyé pareille merveille dans ma vie que pour les implorer de me laisser la retrouver en un seul morceau quand je rentrerai victorieux de cette campagne suicidaire contre les trois quarts d'un continent s'abandonnant à une tyrannie par faiblesse tant de corps que de l'esprit. Mais pour l'heure, aucune de mes pensées ne dérivaient ni vers la situation politique hautement hasardeuse de Westeros et encore moins celle de mon propre royaume en dépit de mon profond sens patriotique. Malgré mon amour de la chose martiale dont je ne me dérobais au grand jamais. Les perspectives tragiquement glorieuses de triomphes militaires obtenus à coups de cavalcades effrénées de la plus grande chevalerie de cette partie du monde connu ne m'affriolaient guère tant que cela. Je ne parvenais ni à m'imaginer mon armée en marche par rangs bien ordonnés en adéquation avec mon plan de formation. Ni les soucis logistiques à anticiper pour le ravitaillement. Ni les patrouilles sur nos flancs et nos arrières afin de prévenir à tout risque d'embuscade. Ni les étendards claquant aux quatre vents avec l'aplomb d'un jeune gentilhomme fraichement adoubé et impatient d'aller gueuler à la face du monde sa bravoure indicible. Ni les bruits de milliers de sabots frappant en rythme le sol meuble de cette fin d'été. Ni les blagues entre soldats paillardes ou grossières à souhait. Ni la crispation des visages de la bleusaille ou la détermination de ceux des vétérans. Ni ma propre carcasse morose mais encore dangereuse juchée tel un roc de certitude face à un océan d'incertitude sur une monture de guerre titanesque aux allures de monstre dégénéré. Tout cela comptait tellement et si peu en cet instant précis. Instant parmi les derniers de bonheur pur éludant sans ménagement aucun les réalités atroces d'un monde atrophié. Mon univers entier ne se résumait pour l'heure qu'à cette femme. Tout était plus simple à la guerre raison pour laquelle les hommes la préféraient souvent à la vie ordinaire de père, de chef de famille et d'époux dont les responsabilités étaient aussi éreintantes qu'exigeantes. Mais, en ce moment l'inverse était particulièrement réel. Rien ne me paraissait plus simple que de rester ici à contempler ma compagne dormir nue dans mes bras.

Si j'eus voulu qu'un instant de mon existence dura une éternité cela serait sans nulle once d'hésitation celui ci tant la perfection exquise de ce moment de douceur conjugale s'avérait profondément sublime. Des instants encore sublimés par la perspective tragique de mon départ tout proche vers une boucherie à l'issue incertaine. En homme d'honneur infiniment loyal à son royaume mais non dénué d'une certaine ambition que d'aucun et notamment ma tendre épouse ici présente qualifieraient de démesurée, je ne rechignerai jamais face à la réalisation de mon devoir le plus sacré. La protection de son fief, de son peuple, de son sol, de son nom et de sa lignée représentait le devoir primaire de tout suzerain car ainsi avait été bâti l'ordre millénaire de notre société féodale. Et le serment me liant à mon propre suzerain me poussait fort naturellement à respecter mes engagements envers les souverains du Bief. Bien qu'il eut été suffisant pour que je partisse en guerre contre tout un continent de me faire comprendre que l'intégrité de mon pays natal était d'ores et déjà en danger de mort tant j'aimais profondément le Bief comme j'aimais ma compagne, mes enfants, mes parents, mes gens, mon domaine, ma forteresse. Soit d'un amour inconditionnel et passionnel avec lequel il m'était impossible de transiger. J'avais hérité de feu mon pater un code de conduite particulièrement simple. Honorer les Dieux. Aimer sa femme. Défendre son pays. Or, si j'avais eu quelques mailles philosophiques avec le dogme, connu quelques errances détestables dans cet amour, je n'avais par contre jamais o grand jamais renié le dernier de ces points tant mon essence même était celle d'un combattant de son royaume. Chevalier de la Foi des Sept et vassal de son suzerain. J'en tirais par ailleurs une indicible fierté bien davantage que celle d'incarner le dirigeant de l'une des plus grandes maisons du Bief et ce malgré mon appétit d'honneurs et de titres. Cette guerre, ce chaos représentaient autant d'opportunités que de drames et je ne manquerais évidemment guère de parvenir à mes fins de bien diverses manières. Le Renard est un animal roublard, rusé et fort habile. Mais pour l'heure même ma soif de grandeur s'inclinait respectueusement et humblement face à l'affection incomparable que je ressentais pour ma reine du cœur. La femme que j'avais couronné reine d'amour et de beauté il y avait désormais des années de cela et qui s'était alors juré de faire de moi sa moitié. Aussi, tandis que je caressais l'épiderme superbement mielleux de ma dame tout mon être se voyait absorbé dans une contemplation énamouré de sa merveilleuse personne. Un contact sur mon bras m'enseigna qu'elle venait de quitter les bras de Morphée que je souhaiterais occire pour avoir osé la prendre dans les siens pour revenir dans les miens. Son salut aussi simple que gracieusement dévoué fut suivi rapidement d'un long baiser manquant fort de chasteté qui ne manqua point de réveiller ma nature masculine. Une fois de nouveau lovée contre mon torse, je me mis à embrasser le sommet de sa chevelure auburn avec une patience infinie non sans jouer avec ses magnifiques mèches du bout des doigts. Lorsque nos yeux se croisèrent de nouveau, Louanne Florent put y lire plus que de l'amour de l'adoration. "Je ne veux pas partir loin de vous..." Aveu plus que couteux pour un homme de ma trempe et de ma réputation.

La réponse de ma tendre mais néanmoins relativement féroce compagne recélait en son sein toute la tragédie de l'existence de deux amants condamnés à des séparations hasardeuses parfois particulièrement longues et empreintes de la terreur sourde d'une perspective macabre. Nos deux volontés s'imbriquaient de manière aussi fusionnelle que nos deux âmes et nos deux corps enchevêtrés sur ce large et imposant baldaquin parés des couleurs séculaires de la maison du renard rieur. Cependant, qu'importait l'ardeur de nos caractères respectifs devant l'inéluctable. Ce dernier restait aussi immuable et inébranlable que la grandeur du royaume du Bief. Un royaume devant lequel nous devions nous incliner aussi surement que si nous étions de vulgaires serfs ou manants. Car, sur le grand plateau de cyvosse de ce continent tout le monde devait jouer son rôle à l'instar d'acteurs de théâtre quand bien même le scénario de la pièce ne nous plaisait guère. Puissants comme petits nul ne pouvaient échapper à leur destin. Le fait que ce rappel aussi cruel que nécessaire émane des lippes terriblement attirantes de mon épouse rendait ce dernier quelque peu plus acceptable. Dans le sens que si même ma délicieuse moitié se faisait la chantre du devoir alors je ne pouvais décemment guère m'abriter derrière sa nature féminine de victime de l'ordre établi. Car, si la Renarde de Rubriant faisait preuve de courage en acceptant le risque de ne jamais revoir l'élu de son amour alors le Renard lui ne pouvait plus que se démener à accomplir son devoir de la manière la plus efficiente et spectaculaire possible afin de pouvoir se pavaner devant sa femme bien davantage que profiter des fruits de ses exploits pour avancer ses pions sur son échiquier personnel. Et comme si elle lisait foncièrement dans mes pensées sans le moindre effort, icelle me fit une remontrance déguisée notoirement fine relative à mon gout parfois par trop prononcé pour les coups d'éclats. Un sourire amusé ne manqua donc point d'étirer ma face d'albâtre la parant d'une lueur goguenarde fort sardonique. "Cessez donc de faire cela femme ! Lire dans mes pensées de la sorte. C'est fort désagréable. J'ai l'impression d'être doublement nu devant vous." Puis, après m'être laissé aller à un rire fort guttural témoignant de mon amusement face à cette connexion spirituelle de nos esprits respectifs prouvant qu'après ces quelques vingt années de mariage nous nous connaissions bien mieux que ne le faisaient nos propres parents respectifs. Je repris d'une voix suave mais néanmoins teintée de mélancolie. "Mon ambition est dévorante ma chère Renarde néanmoins tous mes plans dépendent assurément de la victoire de notre royaume sur ses innombrables ennemis. Je ne vous en fais point part car vous me réprimanderiez. Alors qu'il n'est que justice que notre nom brille au firmament." La lueur d'adoration dans mes yeux ne racontait que trop bien à quel point cette femme m'était essentiel dans cette vie. Sans sa présence, les plaisirs victoires succès douceurs paraitraient tous ternes. Elle allait me manquer d'une manière inimaginable. Et j'allais me torturer à penser à elle à dos de cheval, dans ma couche, face à mes hommes, l'épée à la main, en train de dévorer ma pitance, au conseil militaire du roi... Bref, tout me pousserait à me remémorer cette atroce perte. Sans que cela ne me détourne de mes obligations martiales et leurs nécessités car nos retrouvailles étant corroborées à ma survie et ma victoire... "Oh ma dame, je me fais trop vieux pour les exploits fantasques. Cependant, sans ces derniers comment pourrais-je de nouveau impressionner ma dame et lui prouver l'ardeur de l'amour qu'elle m'inspire ? Tous ces nobles personnages, ces braves soldats, ces impétueux chevaliers, ces terrifiants gardes royaux, ces austères officiers savent t'ils donc que ce n'est que pour mon épouse que je cherche à briller ainsi ?" Ma tirade pleine d'une éloquente dévotion trouva une fin pour le moins abrupte lorsque mon épouse fiévreuse devant mes manifestations de désir s'imbriqua de façon fort habile contre moi avant de m'embrasser de nouveau avec la fougue d'une jeunesse perdue...

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Le son divinement mélodieux du rire cristallin de ma compagne résonna tel un chant angélique dans mes oreilles entièrement dévouées à sa cause. La perspective de ne plus pouvoir profiter de ce son si merveilleux à ma personne ne fit qu'empirer encore davantage l'émoi dans lequel je nageais difficilement depuis que les premiers rayons mordorés de l'astre flamboyant avaient transpercés de leurs éclats chaleureux les tentures soyeuses de notre couche conjugale. En effet, tandis que mes yeux cyans aux reflets aquatiques s'étaient délectés de la silhouette dénudée de ma muse aux allures de sirène depuis l'aube mon for intérieur lui était en proie à une guerre absolument atroce. Pour en revenir au motif de son éclat de jovialité goguenarde, ma Renarde ne lisait pas forcément dans mon esprit mis à part lorsqu'il s'agissait de notre complicité fusionnelle. Il fallait bien davantage convenir du fait qu'une double décennie de vie commune rendait plus aisé la connaissance de son partenaire. Seulement, ma douce le faisait avec tellement de nonchalance que l'on pouvait réellement la croire sorcière. Le visage illuminé de bonheur aussi intense qu'écrasant, le sérieux qui revint sur les traits graciles de ma reine de cœur et de beauté ne parvint guère à me dégriser de la saveur indicible de ces instants fugaces arrachés au destin le plus tragique qui soit. "En effet ma mie. Nous ne formons qu'un. Que ce fol l'ose et je lui prouverai que l'amour d'un Renard pour sa Renarde ne souffre aucune contradiction à coups de gantelets." Si, le ton comme la remarque de ma dame n'étaient point parvenu à me faire froncer du chef le regard plein d'autorité qu'elle m'offrit réussit là ou le reste avait échoué. Par ce regard tant de propos était échangé dans le silence le plus complet et pur qui soit. Elle me mettait au pied du mur de mes errances passées en me faisant comprendre qu'elle ne parviendrait jamais à oublier à défaut d'avoir pardonné. Elle me faisait comprendre par une menace à peine voilée que la récidive n'était même pas envisageable si je tenais à mon existence en ce bas monde. Elle me faisait également comprendre que la blessure ne cesserait jamais de l'élancer dans sa poitrine. Sans oublier le fait qu'elle m'indiquait sans la moindre parole qu'elle possédait le droit le plus sacré qui soit de lire dans mes pensées pour avoir réussi à sauver ce mariage du naufrage. Aussi, je me sentis rétrécir face à ma dame alors même que ma carrure tenait de celle de l'ours face à la pucelle. Je pus de nouveau respirer lorsque nous abordâmes un autre sujet. "Et je vous promets de vous revenir en un seul morceau ou du moins pas trop abimé ma mie. Quant à mes projets mieux vaut que vous restiez dans l'ignorance tant ceux ci me dépassent moi-même." Le sourire étincelant que m'offrit ma confession quant à mes motivations premières de créer des exploits dignes de fanfaronnades me fit littéralement fondre et me souvenir à quel point j'aimais ce petit brun de femme. Par conséquent, je m'apprêtais à exécuter ses volontés de manière fort séductrice non sans lui souffler d'une voix fiévreuse. "Bien moins dangereux mais non moins noble ma dame. Vos désirs sont des ordres..."

Si la mélancolie planait vigoureusement au dessus de nos tètes enfiévrées par une passion sans cesse renouvelée au gré des années palpitantes de vie commune, force était de constater que l'ardeur de notre amour ne cessait de la maintenir hors de notre cocon doucereux. Et ce en  vertu d'un accord tacite silencieux et instinctif clamant sans équivoque notre volonté de savourer chaque instant éternel de notre fugace idylle présente. En effet, le poids des responsabilités et des sombres moments que laissaient entrevoir l'horizon ténébreux flottant au loin ne parvenaient guère à faire le poids face à la perspective de témoigner l'éclat incommensurable de mon admiration tant sensorielle qu'intellectuelle envers ma Renarde. Pourtant, si je tendais l'oreille vers les carreaux et les meurtrières je pouvais sans nul doute percevoir les chants immémoriaux de la guerre et de ses fils carnages à venir aussi innombrables qu'iniques aux regards des épouses, des filles, des nièces, des tantes et des mères. Hélas, les conflits prélevaient fort souvent leurs lourds tributs en fonction de la gloire associée à leur nature. Et ceux que nous traversions depuis le passage d'une ère à une autre s'avéraient plus sanglants les uns que les autres. Il ne faisait pas le moindre doute dans mon esprit de professionnel de la chose martiale d'un point de vue nobiliaire qu'au moins une trentaine des braves hommes d'armes de ma suite y resteraient pour la sécurité de la mère patrie ainsi que son indépendance o combien inestimable. Mais terriblement et tellement plus de mes levées connaitraient funeste destin. Si cela ne devrait guère m'affecter plus que cela au vu du statut de la roture. Cela le faisait pourtant. Et mes pensées s'assombrissaient en me figurant le nombre de mes métayers, paysans, artisans, bouchers, valets et hommes de labeur aussi valeureux que dur à la tache qui quitteraient nos terres pour ne plus les retrouver. Fort heureusement pour mon humeur, ma douce mie me détourna physiquement avec une autorité fort naturelle au vu de son histoire personnelle de mes préoccupations moroses.