La loi de Murphy

Everything was going well, no obligation
Thought I'd make a getaway on a chill-out day
A coffee to take away, I got my hair done
Should have been a lovely day, didn't end that way

Cette journée devait être calme, théoriquement.

Et théoriquement, Jeyne s'était même préparée à l'apprécier. Ses apparitions publiques se font de plus en plus rares alors qu'elle devrait s'appliquer à convaincre toute la cour ouestrienne qu'elle n'est pas une traitresse. Au lieu de ça, la jeune reine très gravement enceinte, joue à cache-cache avec toute la noblesse et passe le plus clair de son temps avec son fils. C'est à vrai dire la seule manière viable qu'elle ait trouvé de se protéger du reste du monde et de toutes les horreurs qui la menacent. Alys est récemment rentrée au Roc et l'absence de la jeune femme ces dernières semaines lui donnent d'autant plus envie de profiter de ce qui lui est cher.

Alors voilà, Jeyne fuit. Et parfois, les conséquences de ses fuites sont fâcheuses.

- Avec tout mon respect, Majesté, vous ne pouvez pas emmener l'héritier du trône de l'Ouest en promenade lorsque cela vous chante.

Jeyne hausse un sourcil, bras croisés en avisant la gouvernant de Martyn qui a visiblement décidé de lui passer un royal savon.

- D'autant plus sans me prévenir au préalabke. Nous nous sommes beaucoup inquiété pour le prince.

Froide comme un glaçon, Jeyne reste campée sur ses positions malgré son tort évident.

- Eh bien, avec tout mon respect, le prince est aussi mon fils.

C'en est suivi une longue discussion sur ses obligations en tant que reine, que Jeyne a détesté en long et en large. D'autant plus que d'ordinaire, c'est elle qui fait ce genre de leçons de morale. Être traitée en irresponsable est inédit pour elle mais ses hormones et son taux d'agacement général ont pour l'heure raison de son bon sens. Après avoir finalement réussi à échapper à cette gouvernante tyrannique, la jeune femme s'est décidée à rejoindre ses quartiers le plus vite possible. C'était sans compter les intentions d'une Lady ennuyante à mourir, heureuse d'enfin apercevoir une tête couronnée pour lui faire toutes ses demandes égoïstes et raconter ses potins. Jeyne presse le pas mais rien n'y fait, sa manche est attrapée.

C'est à ce moment là que la silhouette de Maryssa Kenning aperçue non loin est devenue pour elle une sorte de bénédiction providentielle. À nouveau, Jeyne presse le pas, se dirigeant droit vers la Lady.

- Lady Maryssa ! Quel soulagement d'enfin vous trouver, n'aviez-vous pas quelque chose d'urgent à me confier ?

Jeyne noue son bras à celui de la pauvre Maryssa et fait en sorte de semer ainsi sa rencontre incommodante. Une fois un peu plus loin, l'ancienne Stark soupire et entreprend enfin de s'expliquer.

- Je vous fais toutes mes excuses pour cette introduction brutale mais j'avais besoin... disons, de m'échapper de mon ancienne discussion.

La jeune femme laisse un peu plus d'espace à la Kenning en reprenant une distance respectueuse et fait en sorte de récupérer également un peu de contenance. Jeyne ne sait à vrai dire pas grand chose de Maryssa, si ce n'est qu'elle est la sœur d'Alys et qu'elle est appréciée de Megara. En soi, deux excellents gages qu'elle se trouve en face d'une bonne personne.

- Hum, eh bien... comment allez vous ?

Il faut bien commencer quelque part et théoriquement, sa journée ne peut définitivement pas finir plus mal qu'elle n'a commencé.

La loi de Murphy

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A coffee to take away, I got my hair done
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Maryssa apprécie être ici, au Roc bien qu'elle sait qu'elle devra rentrer à Kayce d'un jour à l'autre. Pouvoir s'approcher de ses neveux et apprendre à les connaitre l'emplit de joie. Elle aussi s'apprêtait à convoler en juste noces mais l'heure n'était pas à célébrer, alors que la guerre fait rage à leurs portes. La sœur loyale qu'elle a toujours été ne pouvait que s'inquiéter pour ses deux frères risquant leurs vies sur le champ de bataille. Elle se promenait dans les jardins lorsque la reine l'abordait. Surprise, presque prise au dépourvu, elle se montra confuse bien qu'elle s'empressa de faire la révérence.

« Ma reine. » déclara-t-elle, simplement.

Elle comprit ensuite beaucoup mieux pourquoi lorsqu'elle lui expliqua la raison, un sourire compréhensif se dessinait alors sur son visage. Elle hocha la tête tout en fixant la jeune femme.

« Ne vous excusez pas voyons, je ne peux que le comprendre. J'imagine que vous devez être beaucoup sollicitée par vos sujets. » ajouta-t-elle, calmement.

Elle marqua une pause et réfléchissait alors à ce qu'elle pouvait bien dire, bien sûr elle était heureuse d'être ici, d'avoir pu approché son futur époux mais elle avait pourtant une pensée pour ceux qui sont retenus sur le front. Elle se doutait bien évidemment que la jeune reine s'inquiétait pour son époux. Avait-elle des nouvelles ? Ces dernières semaines, Maryssa a beaucoup échangé par missives avec Gareth, Robert et Tybolt, quelque part cela la rassure de recevoir des réponses à ses lettres.

« Très bien et vous alors, ma reine ? »  répondit-elle, ensuite à sa question.

En réalité, elle ignorait si elle allait si bien que ça mais peut-être que c'était la retenue et son côté maternelle qui l'empêchait de dire la vérité. Jeyne étant plus jeune qu'elle et une très bonne amie de la plus jeune de sa fratrie, elle se devait de se montrer à son écoute et particulièrement respectueuse. Après tout, il s'agit de la reine.

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Comme presque tous ici, Maryssa la traite avec le respect qui incombe à son rang. Elle ne lui en tiendra évidemment pas rigueur pour ça, d'autant que d'autres se sont déjà chargés de lui expliquer la distance qui existe entre elle et les ouestriens pour tant de raisons différentes. Se rajoute à ça le fait que les deux jeunes femmes ne se connaissent pas si ce n'est pour ce qu'elles sont pour Alys. Alors bien sûr, Maryssa la traite avec respect. Et bien sûr, Jeyne ne sait pas tout à fait comment la mettre à l'aise. Si même si elle le peut puisqu'après tout, comme elle le sait parfaitement, elles ne se connaissent pas.

- Eh bien...

Oui. Plus ou moins. Pas pour des choses qu'elle aimerait, du moins.

- Disons que beaucoup ont des demandes à faire. Et disons que je n'ai pas toujours envie de les entendre.

Jamais, en vérité. Assez peu sociable, la jeune femme s'est toujours montrée trop brusque, pas assez distinguée, trop froide, pas assez ouestrienne. Quelque chose qu'elle n'est jamais parvenue à changer. Elle a depuis cessé d'essayer, pour le bien de sa propre santé. C'est d'ailleurs ce que sa réponse à Maryssa transmet, une fatigue évidente à l'idée de mentir sur ses sentiments. Et pourtant, les convenances l'exigent. D'une manière ou d'une autre. Le silence s'étire un peu alors que les deux jeunes femmes semblent hésitantes sur la manière dont poursuivre la conversation. Maryssa lui dit aller bien et Jeyne n'est pas sûre que ce soit le cas. La voilà à mentir à nouveau, finalement.

- Je vais bien aussi, je vous remercie.

À nouveau, le silence. Un silence de convenance, totalement naturel compte tenu de la situation étrange dans laquelle elles se trouvent. Puisque Jeyne en est l'instigatrice, c'est finalement elle qui reprend la parole.

- Êtes vous au Roc pour rendre visite à Alys ?

Bien sûr, elle aimerait lui dire qu'elle n'est pas tout à fait une reine mais une jeune fille perdue au milieu des lions, encombrée d'une couronne dorée. Mais elles sont trop loin des confidences et Jeyne le sait parfaitement. Alors elle continue, et fait semblant. Espérant que peut-être, cette discussion les mènerait à s'apprendre l'une l'autre.

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La jeune femme raffinée qu'elle s'emploie à être n'est qu'une étroite illusion, sous ses airs de parfaite Lady se cache pourtant un esprit rebelle. Maryssa a toujours eu cet esprit libre qui lorsqu'elle était plus jeune, inquiétait considérablement sa mère aujourd'hui décédée. Combien de fois Ceryssa Kenning a-t-elle dit : Mais que vais-je faire de cette enfant ? Son esprit posera problème et jamais je ne pourrais espérer un beau mariage pour elle ? Des questions qui resteraient à tout jamais sans réponses, si ce n'est qu'elle s'apprête presque à faire un beau mariage. Tout du moins, c'est ce dont elle espère. Aux paroles de la jeune reine, elle se montrait particulièrement attentive, voulant ainsi lui apporter le soutien nécessaire mais aussi une oreille à qui se confier.

« Vous en avez parfaitement le droit. Il m'arrive de recevoir les différents habitants de Kayce à notre château et je dois bien vous avouer que parfois, je n'ai aucune envie d'écouter leurs plaintes. » s'écria-t-elle.

En l'absence de ses deux frères ainés, Maryssa est celle qui siège le plus souvent à Kayce et qui reçoit la population qui peut parfois se montrer particulièrement difficile. Pas que la tâche lui est hautement compliquée à faire mais pour la jeune femme devoir écouter les autres, c'est aussi se mettre à leur niveau et de ce côté-là, elle a toujours été d'une grande écoute. Mais comme toute chose, cela a ses inconvénients et le rôle de gérante lui a été donné peut-être avec trop de responsabilités. Mentir pour mieux duper, c'est ce qu'il est aisé de faire mais s'il y a des personnes auxquelles elle ne pourra jamais mentir, c'est sa famille.

« Vous êtes sure ? » demanda-t-elle, calmement.

Elle a cru déceler une retenue dans la voix de la reine Jeyne, se pourrait-il que celle-ci mente ou se cache derrière les paroles bienveillantes et rassurantes ? Une question qui lui demeurait questionnable, en tout cas. Si un silence s'installait pourtant entre les deux brunes, c'est la plus jeune qui reprenait la parole.

« Cela a dû vous être rapporté mais j'ai été demandée en fiançailles par Rolph Reyne. Lannister et Reyne ont toujours été proches alors je suis venue officiellement ici pour consulter les ouvrages sur les familles de l'Ouest qui répondront je l'espère à mes questions mais plus officieusement, nous dirions plutôt que je suis venue rendre visite à ma sœur ainsi qu'à mes neveux. »  répondit-elle, ensuite.

Elle se maudissait d'avoir trop parler, toujours à trop rentrer dans les détails, elle espérait que ses grandes révélations ne l'ont tout de même, pas agacer. Après tout, sa faculté a trop parler peut paraitre prétentieuse et même sournoise mais ce n'est absolument pas le cas.

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Jeyne laisse échapper un rire bref lorsque Maryssa évoque sa lassitude à recevoir les différents sujets de leurs terres au fief des Kenning. Elles se comprenaient donc sur ce point là où bien d'autres Lady l'auraient amèrement jugée. L'ancienne Stark n'est pas surprise, elle savait. La sœur d'Alys pouvait difficilement être autrement. Elle retrouve d'ailleurs un peu d'elle dans sa manière d'enchainer les phrases, bien que définitivement plus posée que sa benjamine.

- Nous nous comprenons donc parfaitement, Lady Maryssa.

Ce qui ne peut être que source de réconfort au milieu de sa fosse aux lions favorite. La question de la jeune femme la surprend suffisamment pour qu'elle garde un instant le silence, ne sachant définitivement pas quoi répondre lorsqu'une ouestrienne lui demande ce genre de choses. Il lui a été souvent indiqué qu'il n'est pas bon de faire étalage de ses sentiments, de ses faiblesses. De ne pas les laisser voir la femme derrière la couronne, ou elle serait bien vite anéantie. Mais ce que Jeyne constate surtout avec le temps, c'est que malgré des airs plus distingués, les ouestriennes ne sont pas si différentes des nordiennes.

- Eh bien à vrai dire... je dois vous avouer être fatiguée. Ma grossesse est en cause, évidemment.

Elle n'en dit pourtant pas trop, incertaine de pouvoir réellement se confier à la jeune femme. Et sa grossesse est une coupable trop facile à désigner pour s'en priver. Jeyne saute sur l'occasion de changer de sujet, d'autant que celui-ci est bien plus gai que tous ceux qu'elle pourrait évoquer.

- Oui, bien sûr. Toutes mes félicitations pour vos fiançailles, Lady Maryssa. Avez-vous la chance de connaître votre promis ?

Puisqu'en effet, si féliciter machinalement est bien vu, Jeyne n'est pas certaine que ce soit très correct. Elle n'est pas certaine que toutes les fiançailles doivent être célébrées quand bon nombre d'entre elles rendent tristes à crever leurs promis. Mais à la manière dont la Kenning l'évoque, Jeyne devine sans mal que la perspective de se marier ne l'attriste pas. Elle acquiesce ensuite lorsque les Lannister sont mentionnés comme étant proches des Reyne.

- En effet, j'ai eu la chance de discuter avec Lord Alexander Reyne lorsqu'il était membre du conseil de mon époux le roi.

À l'époque, il était surtout membre du conseil de son beau-père, Loren Lannister. Et n'a jamais fait partie du conseil de son époux, le roi. Mais le Reyne a par la suite eu l'honneur d'être nommé Gouverneur de la compagnie de l'Ouest et semble s'en accommoder très bien. Jeyne sourit à Maryssa et ralentit un peu le pas pour leur donner l'occasion de discuter plus longtemps lorsqu'elle mentionne avoir des questions.

- Vous pouvez me poser vos questions, si vous le souhaitez. Je ne suis pas un livre mais j'aurai peut-être les informations pour vous aider.

Et les livres, elle les a tous lu lors de son arrivée dans l'Ouest. Un travail de longue haleine qui lui a causé de nombreuses, et douloureuses, migraines politiques.  

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Mêlant son rire à celui de la reine, Maryssa hochait la tête à ses paroles. Heureuse de voir qu'elles se comprenaient au moins sur ce point bien qu'elle se doute évidemment que les responsabilités de la jeune souveraine ne sont aucunement les mêmes que les siennes, simple Lady d'une famille vassale des Lannister. Elle se tournait vers Jeyne, amusée par cette conversation, curieuse aussi de savoir ce qu'une reine pouvait bien devoir gérer. Un titre qu'elle aurait certainement bien du mal à gérer, elle qui tient à son indépendance.

« Oui mais malheureusement je crains que vous ayez beaucoup plus de responsabilités que moi. J'aimerais pouvoir tout de même vous apporter mon soutien, ainsi que mes conseils les plus avisés. » déclara-t-elle, calmement.

En tant que fille cadette Kenning, la brune s'est toujours employée à être une confidente autant qu'un oreille attentive pour chacun de ses frères et sœurs. Ne connaissant pas vraiment les coutumes nordiennes, sa curiosité fait qu'elle cherche à en savoir plus. Jeyne n'est pas ouestrienne mais l'est devenue par le mariage et Maryssa en tant que vassale se devait d'être un sujet fidèle et disponible.

« Oh, je sus vraiment désolée de l'apprendre. Puis-je vous conseiller des plantes pour apaiser la fatigue ? Je m'y connais un peu en la matière et je serais vraiment heureuse de pouvoir vous aider. » proposa-t-elle, ensuite.

Pour une fois sa curiosité avait laissé place à sa bienveillance, elle fixait alors la jeune reine sérieusement jusqu'à le sujet s'oriente sur ses fiançailles. Un sourire se dessinait sur son visage, contrairement à d'autres, elle a effectivement cette chance d'avoir déjà rencontré son promis. Ce qui n'est pas négligeable.

« Je connais déjà mon fiancé, il est un ami de longue date de mon frère Robert. Je pourrais même vous dire qu'il a été mon ami aussi, alors j'estime être chanceuse d'au moins ne pas me marier à un inconnu. »  confia-t-elle, sérieusement.

Peut-être que Jeyne n'a pas vécu ses fiançailles avec le même enthousiasme, après tout devoir quitté son pays et les siens a du la chambouler pour un nouveau royaume, ce n'est pas anodin. Ce n'est pas la première qu'elle entendait parler de Lord Alexander Reyne mais jusque là elle n'a pas encore officiellement rencontré l'oncle de Rolph, son fiancé. Juste quelques informations qui lui ont été rapporté et il se pourrait même que ses frères le connaissent déjà.

« Malheureusement, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de rencontrer Lord Alexander Reyne mais de ce que j'en comprends, il s'agit d'un homme avisé et important. J'imagine que je devrais m'approcher de sa famille ou des personnes qui l'ont côtoyé pour en savoir le plus possible. Pourtant je ne veux pas paraitre comme étant intéressée, vous savez. » poursuivit-elle.

Suivant alors Jeyne à travers les jardins, elle appréciait cette discussion qui lui promettait ainsi un peu plus d'informations sur la famille qu'elle s'apprête à intégrer dans les semaines ou mois à venir.

« Est-ce que vous savez s'il existe un ouvrage retraçant l'histoire de toutes les familles ouestriennes ? Ce genre d'ouvrage pourrait grandement m'aider effectivement. » demanda-t-elle, alors.

Là c'était sa curiosité qui prenait le dessus. Les livres n'ont pas de secret pour elle, les longues journées à Kayce lui ont permis de lire la bibliothèque en long, en large et en travers. Ce qui lui apporte alors une certaine connaissance à la fois en politique, littérature et alchimie.

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Des responsabilités elle en a, c'est vrai. Dernièrement, la plus grande d'entre elles consiste à éviter soigneusement chacun des membres de la cour, plus particulièrement ceux ayant un rôle politique quelconque. Sa belle-mère en tête. Son mari en seconde position. Cette pensée manque de la faire à nouveau soupirer, elle parvient à se retenir uniquement par respect pour Maryssa.

- Je vous remercie de votre sollicitude, Lady Maryssa. Je saurais m'en souvenir.

La jeune femme lui parait honnête, bien qu'il y ait sans doute une part de curiosité plus ou moins légitime. L'exotisme qu'elle représente à déjà attiré quelques regards et autres questions indiscrètes, dont Jeyne ne s'est jamais réellement formalisé. Megara l'a d'ailleurs souvent mise en garde des demandes qui pourraient lui être faites, des dames de cour qui tenteraient de s’accaparer son attention pour obtenir des faveurs et autres informations. Pourtant, Maryssa ne lui semble pas être une menace quelconque et les mots qui suivent terminent de l'en persuader.

- Oh, vraiment ? Il s'agit d'un savoir précieux, comment l'avez-vous acquis ?

Cette fois, c'est sa curiosité à elle qui l'emporte. Jeyne se corrige ensuite et répond à la question qui lui était posée.

- Si vous en avez le temps et l'envie, je serais ravie d'écouter vos conseils.

Bien qu'en vérité, Jeyne n'ingérera sûrement rien d'inhabituel avant d'avoir accouché. Le bien être de son futur enfant passe avant tout, à ses yeux. Martyn et ce nouvel être sont ses priorités et cet état de fait est bien l'une des rares choses dont elle soit absolument certaine, en ces temps troubles. La Lannister passe une main sur son ventre, par réflexe.

- Je vois. C'est une bonne chose, vous apprivoiser sera sans doute plus simple.

Elle le suppose, du moins. Toutes les situations ont leurs avantages et leurs inconvénients, sa correspondance avec la reine du Val le lui a récemment prouvé. Et bien que son mariage avec Lyman connaisse des difficultés incontestables, elle sait parfaitement qu'elle n'en changerait aucun détail. Qu'elle aime chacune de leurs imperfections, chacun de leurs torts. Même si elle en est épuisée, parfois.

- Lord Alexander Reyne est en effet un homme avisé, et important. Il a été d'une grande patience et d'une grande bienveillance avec moi, lors de mon arrivée au Roc. N'ayez aucune crainte, il saura vous faire une place dans son cœur.

Leurs vues divergent pourtant, aujourd'hui. Le royaume de l'Ouest semble être unanime quant au fait que l'empire de son père ne mérite ni le bénéfice du doute ni leur intérêt. Les jardins du Roc sont pourtant calmes en ce début d'après-midi et l'air frais, légèrement salé, contribue à calmer ses humeurs chaotiques.

- Je pense que la famille de votre promis peut tout à fait comprendre que vous souhaitiez vous rapprocher d'eux, pour mieux le connaitre lui. Il ne s'agit nullement d'un comportement outrageant.

Selon elle, du moins. Et elle est loin d'être une référence en matière de manières. Jeyne finit par s’asseoir sur un banc en pierres, invitant Maryssa à la rejoindre d'un geste. Et elle soupire, lourdement, en entendant sa question.

- Oh oui, il existe.

Et elle l'a lu. Souvent. Longtemps.

- Je vous en ferai porter un exemplaire dans vos quartiers.

Elle hésite un instant puis finit par dire ce qui lui passe par la tête, comme à chaque fois.

- Mais je vous le déconseille. Il est d'un ennui terrible.

Elle a dû s'assoupir devant une bonne centaine de fois. À chaque fois qu'elle a daigné l'ouvrir, en vérité. Ce qui peut sûrement expliquer pourquoi elle a mis tant de temps à le finir.