Le soleil décline sur la longue digne droite de l'horizon. Et tandis que le crépuscule éclot des vestiges d'une journée brulante au cours de laquelle l'astre flamboyant a comme de coutume écrasé ce décor aride de son empreinte implacable, je m'agite en tout sens entre le tissu de mon pavillon. Pendant que le vent de l'est vient fouetter le blason de la maison princière à laquelle je me réclame trônant haut et fort au dessus de mon quartier général aussi vétuste que sommaire un souffle similaire vient animer mon âme. Ma compagne s'est dévouée corps et ame afin de préparer ce jour glorieux au cours duquel une nouvelle lignée princière verra le jour. Ma dulcinée avait mis la main à la patte afin de coudre les emblèmes de la maison Garland de Dorne des seigneurs de Vaillance sur chaque pièce de tissu disponible. Le sautoir d'or écartelé de gris sombre encadré par le cor d'or de l'appel au rassemblement des braves, de l'ancre d'or symbolisant le commerce et la prospérité attendue, le bouc dressé cabrant fièrement ses cornes imposantes en signe d'insoumission symbolisant l'agriculture vivrière de la Principauté autant que le caractère indomptable de ses habitants et enfin le bras paré d'acier étincelant du prince se dressant face à tous les ennemis de son peuple. Le fond ocre pour le sable de nos dunes et le désir de faire renaitre ma contrée de ces cendres. Cendres présentes par la griseur des bandes séparatrices signifiant la fin d'une époque, d'une maison suzeraine, d'une dynastie ayant failli à ses devoirs. 

Si, je tourne en tout sens comme un fauve en cage c'est parce que je n'ai toujours pas de nouvelles de mon cousin Daemon Sand dit le Sanglant en raison de son caractère impétueux et de son aisance une lame à la main. Le fils de mon premier protecteur avait été envoyé recruter des gentilhommes désœuvrés à travers la Principauté. Et cela depuis l'annonce de la mort de ma chère Nymeria car j'avais déjà pris certaines décisions depuis bien avant le drame fatidique ayant mis le feu aux poudres. Disons, que me méfiant et me défiant profondément de la maison Valtigar et cela encore davantage suite à mon face à face avec la princesse Jaenyra et ses venimeuses piques à mon encontre j'avais pris sur moi de m'adjoindre la loyauté d'une puissante troupe de chevaliers. Je ne manquais nullement de ressources pécuniaires et étais d'une maison noble majeure de la Principauté. Les Valyriens auraient vu en cela une tentative de renforcement en prévision de la guerre face aux parjures fratricides alors que cela aurait été une garantie de sécurité devant leurs conquérantes intentions. Mon cousin le plus sulfureux était donc parti en quète du maximum de volontaires dotés d'éperons pour se placer à mon service. Les membres de la noblesse d'épée ne manquaient guère en nos terres bien que peu nombreux comparés à nos cavaliers légers et nos redoutables hetaerois non nobles. 

Je finis par cesser mon manège en me rendant compte que ma sublime future épouse et soutien indéfectible devait s'avérer toute aussi terrifiée que moi si ce n'est infiniment plus par la perspective des évènements à venir. En effet, elle allait être celle qui poserait la couronne de fer noir et des quelques diamants de mon trésor personnel sur ma tète. Il s'agissait d'une relique datant de l'époque ou les Toland avait régné sur leur propre royaume s'étendant jusqu'aux doigts du détroit. Couronner prince un seigneur rebelle représentait d'ores et déjà en soit un acte relativement lourd de responsabilité et de conséquence pour une jeune femme issue du petit peuple mais ce qui s'ensuivrait devait la laisser encore plus dubitative et éprouvée par la marche des évènements. 

Quoi qu'il en soit, je prends le temps d'inspirer longuement de grandes goulées d'air chaud avant de me servir une coupe de vin corsé que je m'enfile intégralement d'un trait afin de me mettre du baume au coeur. Puis, je rejoins ma dulcinée avant de lui saisir les mains et les porter à mes lippes. J'ai besoin de prier les Sept afin de me libérer de ma tension mais également d'évacuer toute celle ci par le contact salvateur de ma moitié. Déposant des baisers affectueux sur la paume de ses mains, je ferme un instant les yeux avant de lui dire. "Je suis dans tous mes états ma reine. Daemon devrait déjà être ici avec ma surprise. Je suis certes un prince dénué de cartes foncièrement avantageuses mais je ne saurais me faire couronner sans garde personnelle. Je pensais que toute l'assurance d'une vie de commandement m'aurait préparé à une telle occasion mais il n'en est rien. J'ai préparé des missives, une constitution, des rangs à offrir, crée un blason et planifié cette cérémonie et celles qui suivront. Mais, je ne me suis pas préparé moi même à tout cela. Et je m'en veux de m'étendre ici alors que tu dois être mortifiée face à tout ceci. Excuse moi ma douce." 

Jasmyne n'aurait jamais pensé se préparer pour tel jour, mais elle est heureuse de le faire pour Moran, car dès ce soir, son seigneur deviendra prince et c'est elle qui a la lourde tâche de le couronner en tant que fille du peuple et symboliquement peuple de Dorne. Elle ne prétend pas être septa, le couronnement religieux se fera dans un second temps, mais la volonté de Moran envoi un message fort et qui elle est sure, motivera les Dorniens a se rallier a sa cause. Elle a pour l'occasion mis l'une de ses plus belles robes, modifiée aux couleurs de la maison Garland qui dès ce soir sera la nouvelle maison princière de Dorne. Elle le rejoint, fin prête, décorée de bijoux, elle s'est même mis un peu de rose sur les joues,  désire que ce soit là soit parfait pour lui. Mais elle le sent inquiet, très vite son sourire s'efface, place a l'inquiétude de le voir ainsi anxieux. Il lui dit alors ce qu'il a  sur le cœur, tout en éprouvant de la culpabilité vis a vis d'elle, qui n'a pas lieu d'être. Jasmyne est honorée, plus qu'honorée.

« Mon amour... »

Son front vient se coller contre le sien, elle le laisse ainsi s'imprégner de la force que dégage leur couple, lui laisse le temps de reprendre son souffle. Elle apprécie qu'il 'nait pas peur de lui montrer ses émotions, certains hommes trop fiers prétendent en être dénués et le garder pour soi est d'autant plus difficile. Moran lui fait assez confiance pour lui confier ce qui tourmente son esprit et son cœur, en lui faisant part de ses inquiétudes. Elle voudrait l'embrasser mais se refuse tant qu'elle ne l'aura pas couronnée pour rester dans la pureté des sept . « Souviens toi ce matin quand nous nous sommes promenés, au loin nous avons vu la tempête de sable nous contourner pour aller sur l'Est. Je suis certaine que dans la crainte de prendre la route habituelle balayée par les vents, Daemon a fait un détour afin d'assurer la sécurité de tout le monde. » Elle est certaine que rien ne leur est arrivé, dans le désert il est difficile de promettre une heure de rendez vous tant il faut prendre de paramètres en compte lorsqu'on le traverse. Mais elle comprend son anxiété, il aimerait que les choses soient faites comme il le souhaite pour se dire qu'il maitrise la situation et surtout dans son cas où quelque chose de plus grand encore l'attend une fois son couronnement fait. « S'il a fait ça, alors d'ici une heure il devrait être ici. » Elle conclu avec sa connaissance de la route d'ici, plus le fait qu'ils soient dans un endroit où l'accès est difficile pour anticiper la venue d'éventuelles menaces

« Je suis certaine que tout sera parfait. » Elle murmure contre ses lippes avant d'étirer un sourire. « Mais pendant ce temps d'attente, vous êtes tout a moi mon Prince... » Elle sourit, le regard brillant, elle prend un peu de recul pour admirer sa tenue, les quelques broderies faites par ses petites mains, les détails qu'il lui a demandé d'ajouter pour qu'il soit parfait en ce jour béni. « Que tu es beau... Le soleil lui même sera surpris par ta prestance mon Prince.» Elle fait le tour de sa silhouette, admire, sa carrure et sa stature princière, se sent privilégiée d'être aussi proche de lui pour ce moment qui le lancera dans un nouveau chapitre. L'aube se lèvera ainsi sur la maison Garland.

L'inquiétude profonde venant souillée les traits gracieux de ma compagne m'arrache une pointe de culpabilité douloureuse tant je déteste devenir la source de ses soucis. En effet, mon cœur énamouré n'aspire qu'à provoquer chez elle des conséquences solaires et la préserver de la noirceur masquée sous l'apparence d'invulnérabilité que tout dirigeant se doit d'afficher en toutes circonstances. Cependant, je sais que s'il y a bien une personne devant laquelle je peux m'abandonner à la nudité complète de mon âme tourmentée c'est bien elle. Elle fait en effet partie du cercle restreint de privilégiés en qui j'avais suffisamment confiance aveuglément pour afficher mes faiblesses les plus humainement abjectes. Ser Lyonnel, Asharra ma mère, mon cadet Milo et elle ainsi que feue dame ma première épouse sans oublier Nymeria étaient les seules personnes susceptibles de me contempler dans un état de vulnérabilité aussi prégnant. Et comme si je l'avais contaminé de mon anxiété, icelle se pare à son tour d'une expression préoccupée là ou son sourire irradiait de fierté quelques instants auparavant. Mon soutien, ma moitié, ma tour d'ivoire, mon astre favori, ma conseillère, mon souffle accomplit naturellement son devoir en venant plaquer son front contre le mien. 

Ce contact aussi pur qu'affectueux se voit accompagné du cortège somptueux d'un murmure empreint de tendresse en dépit de son caractère court. "Oui, mon aimée..." Je peux ressentir par ce biais la puissance de notre amour mais également et surtout la solidité de ce dernier. La sérénité émanant par de la puissance de notre union physique, émotionnelle et spirituelle parvient à me faire reprendre le contrôle sur le flot tumultueux de mes pensées déchainées. Et ainsi comme soumis à un mystérieux enchantement envouté autant qu'apaisé par la lueur réconfortante complice dans ses grandes prunelles de jais plus profonde que deux lacs d'eau sombres, je me calme peu à peu et parviens de nouveau à me maitriser. La cohérence de ses explications viennent parachever cette salvation martiale d'une troupe en pleine débandade. La tentation de gouter à ses lippes écarlates si proches et si désirables est vive mais je parviens à m'en abstenir en me souvenant qu'elle souhaitait rester aussi pur que chaste pour le moment fatidique ou elle viendrait placer le cercle de fer noir et de diamants d'émeraude sur mon front. 

"Tu as raison ma fleur des sables. Nul doute qu'il a été retardé en raison de cela. En dépit de son caractère ombrageux et tète brulé Daemon est un capitaine compétent. Mon cœur s'apaise à présent grâce à toi." Le facteur le plus difficile à prendre en compte lorsque l'on se lance dans une aventure aussi hasardeuse que la rébellion et la conquête est l'incertitude. Le fait de ne point pouvoir s'assurer un contrôle total sur toutes nos décisions s'avère aussi frustrant que détestable. Car, c'était comme si nous n'avions aucune prise sur quoi que ce soit. Déjà que je n'avais que bien peu de cartes en main pour l'instant, si je ne parvenais guère à maitriser le peu dont je disposais je craignais fort de basculer dans la folie. Enfin, cela n'arriverait jamais tant que ma dulcinée serait présente à mes cotés pour juguler les excès de mon caractère de bien habile manière. Son analyse est aussi simple que pertinente. D'autant qu'elle est particulièrement rompue aux routes sinueuses et difficiles de nos arides dunes de par son expérience de marchande itinérante. "Une heure. Tu as certainement raison ma mie. Prions les Sept pour que tu ne te trompes point."

Nos lèvres s'effleurent avec une complicité évidente tandis qu'elle entreprend de me dérider par la flatterie. Ses yeux sur ma personne sont empreints d'une admiration profonde et je me sens davantage ragaillardi par cette manifestation de confiance provenant de ma moitié. Tandis qu'elle me tourne autour afin de contempler son œuvre la plus impressionnante je prends une posture altière sans cesser de rayonner de fierté toute masculine. "Si je parais aussi princier c'est uniquement grâce à vous dame Desdunes. Votre talent une aiguille à la main n'a d'égale que votre habileté à me tirer du tourbillon sombre de mes émotions les plus détestables." Je retourne finalement vers la table de campagne sur laquelle se trouve une pile de parchemins avant de saisir celui au sommet de la montagne. Puis, je rejoins de nouveau ma déesse vespérale avant de lui proposer de lui lire mon discours afin de prendre conseil auprès d'elle sur certains points. "Veux tu bien m'aider à préparer mon discours inaugural ma douce ?" 

Jasmyne avait passé les sept derniers jours dans la chasteté et dans l'humilité, se dévouant sept fois par jour aux sept dieux dans la prière. Un isolement difficile, mais qui lui tenait a cœur, afin de pouvoir couronner son aimé avec l'accord des sept. Elle ne prétend pas avoir un rôle aussi important qu'un septon, mais Jasmyne voulait que ce couronnement soit fait dans la plus pure de ses formes. Et après ses dernières ablutions, ses dernières prières, elle était fin prête à assumer ce rôle, en tant que Dornienne, en tant que fille du peuple qui fait de Moran un Prince. Elle le retrouve, anxieux, elle se retient de l'embrasser, la pureté de son cœur doit le rester jusqu'à la fin. C'est une affreuse torture que de rester isolée de lui, mais elle fait ça parce qu'elle l'aime et qu'elle désire que son règne soit béni. Elle serre ses mains, son front contre le sien lui procure une sensation de bien être qu'elle espère lui communiquer.

Il est soucieux, c'est normal, qui ne le serait pas sur un jour aussi important que celui ci ? Elle essaye de relativiser, pensant tout simplement que ce retard est dû a la tempête de sable qui aurait forcé Daemon a changer de chemin avec sa garde. Alors elle prie les sept pour qu'ils n'aient pas plus d'une heure de retard. Cette heure là leur permet de reprendre contact après ces jours d'isolement, ils n'ont eu que peu de contact, souvent le soir, a discuter, a se témoigner de l'amour avec des mots, des lettres, d'infimes caresses. Où ils se témoignaient les envies pour leur avenir princier, pour la famille qu'ils allaient fonder, mais aussi leurs peurs communes et individuelles, afin de se séparer le cœur plus léger. Elle met fin a son isolement dès l'instant où elle se présente en tenue dans sa tente, mais son rituel se terminera après avoir posé la couronne sur sa tête.

Il entend raison par les mots qu'elle use pour le rassurer, ainsi l'on mettra la faute sur la tempête de sable. Leurs lèvres se frôlent, la tentation est forte, mais son amour pour lui est plus grand alors elle résiste pour le bien de son règne et qu'il ne lui arrive rien. Elle occupe son attention sur son allure princière et noble, ainsi habillé les dieux ne pourraient qu'être satisfaits. Jasmyne le contemple dans le charisme et le charme qu'il dégage, un peu plus difficile pour elle de ne pas ouvrir les pans de ce manteau et réclamer sa peau nue contre la sienne. « C'est mon devoir de vous faire honneur. Mais sachez que cela a été fait avec amour. » C'est comme ça qu'elle occupait ses journées d'isolement, a coudre, a lui faire cette tenue, a le rendre parfait a faire tout ce qu'il lui a demandé. Elle l'observe aller vers la table où se tient un parchemin. « Avec plaisir mon amour, je t'écoute. » Elle s'installe afin d'être toute ouïe, les yeux brillants d'admiration et d'amour sur sa belle personne.

Drapé dans mes atours altiers qu'avait confectionné avec une dose impérissable d'amour dévoué ma future compagne bienveillante, je rayonnais tel un practice des temps immémoriaux. Tissu riche et confortable arraché de haute lutte chez un maitre drapier par mon étoile la plus scintillante se confondait à présent avec les emblèmes férocement revendicateurs de ma nouvelle maison suzeraine. Le cor doré dominait orgueilleusement l'ensemble de son éclat solaire combattu en prestance par la chaleur mordorée se dégageant habilement de l'ancre tandis que le bouc cabré symbole de l'insoumission de mon sang montagnard côtoyait la lueur métallique du bras harnaché. Le tout sur un océan de sable aussi ocre que le sol de nos sempiternelles dunes. Ma moitié n'avait nullement lésiné sur les efforts et son sens du sacrifice m'avait permis d'afficher en ce jour historique une mine aussi royale que celle d'un légat de l'antique Valyria elle-même. Le regard que je déposais sur la silhouette menue aux formes néanmoins fort agréablement girondes de ma couturière de fortune était empreint d'une émotion indicible. Toute l'affection, toute la tendresse, toute la passion, tout l'amour, toute la folie, toute l'admiration, toute la félicité du vaste monde semblait vouloir s'insinuer dans mes prunelles alors que celles-ci accrochèrent celles de la future princesse d'une maison en devenir. Ma fleur des dunes ne tarda point à prendre place sur une chaise de campagne avec une grâce bien supérieure à celle dont se parait certaines dames de cour afin de jauger mon discours princier. "C'est cet amour qui me transcende et me pousse à prétendre redresser les torts les plus indélicats infligés à notre contrée." Un baiser fort chaste mais néanmoins enrobé d'une certaine goguenardise atterrissait sur sa dextre dans un élan courtisan. Avant que je n'écarte les pans de ma chlamyde sombre greffée à l'extrémité de ma senestre sur le manteau aux couleurs du blason Garland dans un geste théâtral. Imaginant une assemblée vociférant suspendue à mes lippes d'hommes en armes et de partisans, je dégoisai finalement mon propos harangueur avec une morgue verbeuse digne des poseurs de l'aristocratie. "Mes amis, mes braves, mes compagnons, mes parents et mes soutiens immuables... Je pourrais vous parler des Sept mais vous avez déjà les Dieux dans vos coeurs. Je pourrais vous parler d'honneur mais vous connaissez déjà tout de l'honneur. Vous qui étiez au col de Caradras aux Météores à Lancéhélion dans l'Orage et vous tenez à présents devant moi. Vous êtes les hommes les plus honorables de Dorne. Et c'est au nom de l'honneur de notre mère Dorne que je vous demande de me suivre en ce jour mémorable. C'est pour rétablir l'honneur de notre mère bafouée que je vous demande de me prêter votre force, votre valeur, votre bravoure." Je m'interrompis dans ma tirade enflammée prononcée avec mesure comme si je souhaitais soupeser chaque tournure afin de consulter ma dulcinée. "Qu'en penses tu ? N'est ce pas trop grandiloquent ma douce ?" 

La jeune femme se permet de s'asseoir afin de l'écouter, concentre toute son attention sur lui, il sait qu'il peut compter sur sa franchise pour lui donner son avis. Jasmyne s'est certes bien éduquée mais son origine non noble lui permet aussi d'avoir peut être plus de culot, mais surtout envers Moran, il n'y a jamais eu la moindre gêne de se dire les choses sincèrement, sans doute ce qui a permis a leur complicité de se construire et la confiance qu'ils ont l'un en l'autre. Et leur histoire continuera avec ce nouveau chapitre, la foi qu'il met en elle et en leur couple leur donnera la force nécessaire pour passer tous les obstacles. Avec galanterie il embrasse sa dextre, faisant rougir ses pommettes, il a beau avoir conquis son âme et son corps, ses joues se fardent toujours a ses gestes affectueux. Elle est touchée qu'il s'inspire de leur amour pour trouver la force nécessaire sans son entreprise. Il sait qu'elle ne le lachera pas, qu'elle sera toujours a ses côtés, elle désire être là pour lui qu'importe ce qu'il se passe.

Jasmyne l'observe, avec le cœur au bord des yeux, avec une admiration sans pareille pour cet homme. Son cœur bat la chamade au rythme de ses mots et de ses phrases. Elle a la chance d'être à cette place là, pour le voir s'élever, le regarder devenir un prince. Son attention toute tournée sur lui, elle le laisse tranquillement s'exprimer. Sa plume a toujours été belle, sans doute même la plus belle qu'il lui ait été donnée de lire, ainsi qui ne pourrait pas être convaincu par ces mots ? Elle ne pense pas ça parce qu'elle l'aime et qu'il la séduit au moindre souffle, Jasmyne prend le recul nécessaire en connaissance de l'importance de ce discours. Si cela n'aurait pas sonné bon a son oreille, elle le lui dit en toute franchise. Mais, là, il n'y a rien a dire, elle trouve que le plus important c'est qu'il parle avec l'intention, avec des mots choisis avec son cœur.

« Non, c'est parfait je trouve, très convainquant ! » Elle le rassure d'emblée, cherche ses mots pour décrire la sensation qu'elle a eu en tant que Dornienne, si elle était la personne dans la foule a l'écouter prononcer  ces mots.  « Tout le monde ferait tout pour protéger sa mère, on sent ton attachement sincère pour ces terres et ton envie de rétablir la souveraineté de son peuple. » Elle sourit, se lève et se rapproche de nouveau de lui afin de poser ses mains de part et d'autre de son visage. « Nul autre n'est plus digne que toi...Tu y crois avec ferveur et cela s'entend, cela se voit. » Elle fera tout pour être a la hauteur et pour légitimer le privilège qu'est le sien d'épouser cet homme là. « Tu m'impressionnes. Tu es tellement brave, tellement déterminé,  ta force guerrière se perçoit dans ta posture et ta verbe habile séduit les cœurs...Mon cœur palpite de te regarder, saurais je rester droite alors que l'émotion me prend déjà ? »

L'éloquence représentait une qualité nécessaire à tout courtisan de cour princière mais également à la valeur de tout seigneur se devant d'apparaitre comme un chef de guerre crédible aux yeux de ses troupes personnelles. Si j'avais depuis ma tendre enfance appris à manier l'art subtil et mystérieux mais infiniment gorgé de puissance mystique des mots tant par l'observation assidue des figures d'autorité telles que celle de feu mon pater lord Mors Toland dit le Sombre ou de la maison princière Martell entre autres lords liés à ma maison de naissance par amitié ou mariage, il n'en restait pas moins que je m'étais énormément perfectionné au cours des années. Par gout de l'érudition d'une part mais également par obligation en tant qu'héritier de maison aristocratique d'autre part. Cependant, ni les ouvrages illustres de mestre Meros ni la compagnie de grands orateurs à la capitale n'avaient pu outrepasser la portée de la pratique effective. En effet, ce fut lorsque je menais mes soldats des Météores aux Montagnes Rouges en passant par d'autres conflits moins importants que j'avais acquis cette aisance à manier la matière verbeuse à ma convenance. Ainsi, à l'instar de l'écrasante majorité des domaines rien ne saurait remplacer l'expérience véritable. Pourtant, sans que je ne sache définir la provenance de cet élan de doute je me surpris à m'inquiéter de la justesse de mon propos ainsi que de la tournure agile de ses figures de style. Il ne suffisait que d'un unique regard étincelant d'admiration de ma dulcinée sur ma personne anxieuse pour dissiper toutes les ombres venant souiller l'éclat solaire de ma confiance. Peut être était ce la conscience du poids de ma responsabilité ou de l'écriture de l'Histoire de ma contrée mais l'écrasante lourdeur de l'évènement vint ternir mon entrain praticien. "Merci mon amour. Exactement, métaphore de la mère est la plus aisée à saisir de tout le peuple qu'importe les rangs sociaux." Si les traits de mon faciès préoccupé semblait encore placés sous le sceau de l'inquiétude quant à l'accueil potentiel de ma tirade partisane ce qui au demeurant apparaissait comme quelque peu cocasse car je ne serais entouré que de soutiens fidèles et indéfectibles ceux ci s'adoucirent fatalement sous l'effet bienveillant des remarques aimées. "J'aime Dorne autant que je t'aime ma lune. Je l'aime à la folie. Et je ne veux que son bien. Si j'y crois avec autant d'ardeur c'est parce que je connais la valeur de mon peuple." Je sentis finalement un rire enjoué aux accents flattés de courtisane séduite roucoulant devant un prétendant m'échapper face à l'avalanche de compliments de ma moitié. Une fois mon rire rauque, puissant et solaire balayé par le silence de notre intimité, je plongeais un regard sérieux et interrogatif sur la future princesse. "Assez ma mie. Souhaites tu que je ne résiste point à l'envie de me perdre en toi ici et maintenant ? De ce contact entêtant, je tirerais une force incomparable bien que mon corps lui en pâtira de fatigue. Il te faudra également prendre la parole ma douce. As tu déjà des idées pour ton allocution ?" 

Le discours était convaincant, maintenant il lui tarde de l'entendre le prononcer devant ses hommes, devant son peuple et de voir l'émotion de ce jour se lire dans le fond de ses yeux. Elle sait que le chemin sera plus dangereux désormais, qu'ils ne seront plus les couples d'amants qui se retrouvent dans la discrétion des oasis. Mais elle lui a promis qu'elle le suivrait, qu'importe ce que cela implique. Elle désire être a ses côtés pour ces moments importants, sans doute les plus importants de sa vie. Jasmyne est fière de lui de voir avec quelle force il croit en ses idées et avec quelle détermination il les met en place. C'est avec grande admiration qu'elle lui dit ce qu'elle pense, essayant de ne pas trop se laisser influencer par l'amour qu'elle lui porte. On ressent profondément son amour pour Dorne et cela saura séduire les Dorniens. Maintenant il n'y a plus qu'à attendre que tout commence et elle sera là pour poser la couronne sur sa tête en représentation du peuple. Moran se fait quelque peu attristé de ne pouvoir se laisser aller avec elle, elle sait ô combien cela lui aurait été bénéfique et a elle aussi. L'amour physique est un puissant anti stress.


« Je ne veux pas offenser les dieux, personne de mon rang n'a jamais fait ça. » Il la sait très pieuse mais aussi superstitieuse concernant certains actes qu'elle ne veut faire qu'en ayant été soumise aux sept. Elle ne veut pas attirer leur colère, et désire aussi montrer a Dorne qu'elle prend aussi son rôle très au sérieux. « Te résister m'est difficile...Je te désire tellement. Mais pour la prospérité de ton règne je me tiendrai a mon souhait et aussitôt que je t'aurais couronné alors je pourrais te dévorer de baisers. » Elle sourit, proche de lui, résiste a l'envie de l'embrasser, de passer ses mains malicieuses sous sa tunique. Mais il peut voir le brasier dans son regard, la passion dévorante qui lui prend le corps. Elle soupire doucement, il lui dit qu'elle aussi se devra de tenir un discours. Jasmyne se pince les lèvres, elle sait qu'elle n'y échappera pas et sait que beaucoup attendront de ce discours là. Mais elle a peur de la réaction des gens, par rapport a son statut. Elle sort de sa poche un parchemin griffonné, elle le fera, parce qu'elle désire honorer Moran et non pas se cacher. « Prends place d'abord. »

Elle l'incite a s'asseoir afin qu'elle fasse de même, son regard parcours les quelques lignes dont certaines raturées. Elle n'a pas voulu appuyer le fait qu'elle ne soit pas de sang noble, ils le sauront déjà. « Chère assemblée, c'est avec humilité et bienveillance que je me présente a vous ainsi que l'épouse de Moran Garland et Princesse de Dorne. Je suis née a Dorne, j'ai appris a la connaître de fond en comble, j'ai appris son histoire et ses problématiques, mais surtout ses forces. Moi fille du peuple j'ai le désir de la représenter, de veiller sur elle et m'impliquer dans le bien être des Dorniens. Je jure fidélité au Prince Moran Garland et au peuple de Dorne. » Terminé, un petit discours encore très bref et sans doute en cours de construction. L'exercice est difficile, elle n'a encore jamais fait ça. Les mots lui ont été choisis avec le cœur mais elle a conscience que peut être certaines choses ne devraient pas être dites par une princesse. Ou d'une autre manière peut être ? Elle entend tout le système protocolaire qu'il y a autour bien qu'elle n'y ait pas encore été baignée puisqu'ils se trouvent encore dans le désert. Ce sont des mots qu'elle prononcera le jour de son couronnement, qui aura sans doute lieu a Spectremont avec la cérémonie officielle du Prince Moran.

Engoncé dans l'émoi provoqué tant par les bourrasques pleine du tumulte de mes sentiments relatifs à ses compliments devant l'éloquence de ma tirade patriotique se voulant comme la pierre angulaire de la naissance de mon règne qu'englouti sous la vague de mes craintes les plus fébriles liés aux évènements à venir dépassant de loin mon insignifiante personne, ce fut avec moult regrets que j'accueillis les remarques pleines de bon sens et de dignité d'ores et déjà princière de ma future compagne. Mon dépit du se peindre de bien criante manière sur mes traits montagnards nimbés de la tannerie d'un éclat flamboyant car un soupir s'échappa hors des lippes tentatrices de ma moitié à la bravoure sans égale. Icelle m'offrit alors en consolation une plongée ardente dans la fournaise intérieure de ses prunelles d'encre témoignage immatériel d'un désir tout aussi intense que proscrit par l'importance capitale du respect symbolique de religieuses normes. "Tu parles déjà comme une princesse ma lune. Avec autorité, sagesse et mesure je suis lestement ébahi devant ta prestance altière. Les Dieux sauront honorer ton ascension j'en suis certain. Tu les révères avec tellement de sincérité..." La tension sensuelle entre nos deux corps irrémédiablement proches semblait si prégnante qu'un coup de dague aurait pu la palper matériellement. Mais, je m'exécutais sagement à sa demande pour la voir faire de même et se placer près de moi. Bien docile en raison de la mention des Sept que je respectais et craignais farouchement à l'instar de n'importe quel fidèle de ce culte. Un sourire enrobé d'une pointe de tendresse immodérée apparut sur mes lippes devant son modeste parchemin griffonné et raturé sur lequel elle avait patiemment inscrit son discours. Discours que j'écoutais avec la plus grande des attentions. Mes mains se mirent à applaudir fermement la tirade mesurée et digne de la future princesse de la maison Garland. Et je dus réprimer l'envie féroce de déposer une litanie passionnée de baisers charnels sur toute la surface ravissante de son visage placé sous le sceau de la pudeur face à un exercice dans lequel elle était néophyte. "C'était vraiment très bien pour une première fois mon aimée. Mais il faudra également que tu travailles d'autres choses. Ta posture, ton maintien, ton expression, les émotions que tu manifestes, ton énergie, le ton que tu emploies... Il s'agit d'une représentation. Imagine que tu es en train de conter une histoire fascinante à des jeunes enfants. Il faut savoir leur faire ressentir tes propres émotions face à tes mots... Cela viendra avec de la pratique tu verras. As tu peur de rencontrer la foule ? Mes proches ? Ma mère ? Je comprendrais. Asharra est très intimidante mème pour moi." 

Jasmyne est heureuse d'entendre son aimé lui dire que son choix de purification avant de le couronner et de se maintenir la projette déjà dans son rôle de princesse. Ses joues rougissent de tant de compliment qui lui font tellement honneur, ainsi elle voit le dur travail de son éducation qui porte ses fruits. Elle n'a pas toujours été comme ça, Jasmyne, elle n'a pas bénéficié de l'expérience d'un proche entourage pour lui apprendre a parler correctement dès son plus jeune âge, cela s'est fait sur le tard. C'est son maitre herboriste qui l'a cultivée d'abord de l'écriture et de la lecture, puis le calcul afin qu'elle puisse l'assister. Puis au contact social, de plus en plus distingué, mais surtout au contact de Moran elle a appris a s'exprimer avec d'avantage d'élégance. La foi a toujours fait parti intégrante de son existence, ainsi qu'il le sait. Jasmyne pense que c'est sa foi et ses prières qui ont permis son ascension. Elle n'a jamais rien fait allant contre les mœurs des sept et s'est toujours soumise a leur volonté. Alors il est normal pour elle de poursuivre cette œuvre là et de se dévouer à eux, afin que ces mains tenant cette couronne soient des plus pures et que l'idée de Moran pour la prendre symboliquement comme représentante du peuple de Dorne soit sain et légitime.

Elle roule son parchemin, le gardant entre ses mains après lui avoir énoncé les quelques lignes écrites en vue d'un discours, rassurée de constater que cela plait à Moran. Elle sait qu'il ne lui fait pas de compliment uniquement parce qu'il l'aime, il sait l'importance de ce discours, si quelque chose n'allait pas, il l'aurait reprise et elle ne l'aurait pas mal pris. Ne pas oublier que c'est une première pour elle et qu'elle compte aussi sur sa guidance afin de ne pas faire de faux pas. Ainsi c'est toute ouïe qu'elle écoute ses premiers conseils et ses axes de travail notamment pendant la prise de parole, importante car elle doit véhiculer une image convaincante a ses mots. Jasmyne hoche la tête, en signe qu'elle en comprend toute la problématique. « Ca m'intimide un peu oui, tu as vu comment était ma vie, ça va être un grand changement pour moi je n'ai pas l'habitude de parler devant une foule et encore moins sous le statut de princesse. » Elle le constate, elle sait que ce sera une faiblesse a travailler et une peur a surpasser. Mais elle ne veut pas que l'on vienne voir Moran en lui confirmant qu'il a fait le mauvais choix en la désignant, ce serait un véritable cauchemar pour elle que de contribuer a décrédibiliser ses choix. « Mais je vais travailler dur, je te le promets, tu n'auras pas a t'inquiéter pour moi j'apprends vite et j'ai beaucoup de volonté. » Cela ne sera pas la première fois de sa vie qu'elle doit s'adapter a un nouvel environnement, et quelque part cela lui plait aussi, elle aime les défis, elle aime apprendre de nouvelles choses. Jasmyne se rapproche de son aimé, tend les mains pour prendre les siennes. « Pour toi je ferai tout ça, sans la moindre hésitation. »

La félicité embrasant les traits graciles de ma future compagne me réchauffa le saignant organe prompt à s'emballer dans une féroce gigue en sa compagnie salvatrice. Du reste, elle les méritait amplement à mes yeux et il ne s'agissait là en rien d'une débauche verbeuse née de ma passion dévorante à son encontre. Des desseins plus grands que nos deux personnes aimantes se jouaient à présent. Aussi, je ne ferais point preuve d'aveuglement stupide dans toute situation liée à mes ambitions pour le pays de ma naissance. Si, je la complimentais et l'arrosais ainsi telle une rose c'était uniquement parce qu'elle était capable de faire ce qui s'avérait nécessaire pour les mériter. Ma fleur de jasmin, ma perle des dunes, ma sirène des routes et ma reine des oasis était en soi une personne particulièrement exceptionnelle qui avait s'extirper à force de velléités d'élévation et d'aspiration à un sort meilleur de la tourbe dans laquelle elle avait vu le jour. La future princesse de la maison Garland n'était pas une simple roturière elle était l'incarnation de la potentialité de briser la roue apparemment immuable des limitations sociales aussi cruelles que nécessaires mais néanmoins parfois dépassées par le caractère incroyable de certaines destinées. Ma dulcinée hocha lestement du chef face à ma première remarque relative à l'énergie qu'elle se devrait de véhiculer et l'aura qu'elle se devrait d'imposer aux yeux du monde. "Je sens bien que cela te déroute par avance ma mie. Cependant, tu as toujours été habile de tes mots. Imagine toi qu'il s'agit d'une foule de clients potentiels pour tes parfums et que tu te dois absolument de les convaincre de la qualité exquise de tes talents..." Cette métaphore me sembla la plus adaptée pour indiquer à ma tendre moitié comment elle pouvait s'y prendre par l'usage de la visualisation ou de la mise en condition. Autant de petits tours de passe passe mentaux nous permettant de dépasser nos limites individuelles. Je ne ressentais pas la moindre crainte à ce sujet car je savais pertinemment que Jasmyne ferait ce qu'il faudrait pour pallier à cette faiblesse. "Je n'ai aucune inquiétude sur ce point ma douce. Je sais que tout ce que vous souhaitez accomplir vous trouvez le moyen d'y parvenir." Ma lune étoilée se rapprocha prestement de moi en rompant l'infime distance nous séparant avant de saisir mes mains dans les siennes avec douceur. "Je loue chaque instant les Sept de m'avoir attaché l'affection d'une femme aussi exceptionnelle que toi ma mie. As tu déjà pensé à la réaction possiblement négative de certains de mes proches ? Sais tu déjà comment tu réagiras ? As tu un plan établi pour conquérir les cœurs antagonistes ?"  

Moran est bienveillant avec elle, se montre pédagogue, car il sait que parler devant une assemblée est un exercice qu'elle n'a jamais fait. Jasmyne a de la chance d'avoir reçu un semblant d'éducation et fréquenter les nobles lui a permis d'acquérir une certaine prestance que Moran apprécie. Ainsi l'élocution n'est pas un souci pour elle, maintenant il lui faudra apprendre la politique et savoir s'exprimer devant un peuple qui attendra certainement beaucoup d'elle et qui ne sera a priori pas convaincu par son ascension. Elle saura les convaincre par des actes, par le fait qu'elle soit ainsi volontaire et dévouée aux sept. Elle est attentive a la comapraison qu'il utilise par rapport a son métier de base, acquiesce d'un signe de tête pour lui signifier qu'elle comprend où il veut en venir. « Avec la pratique cela deviendra naturel pour moi, et je n'aurait plus d'appréhension. J'ai conscience ue le premier sera important, alors je mettrai tous les efforts dans mes mots, promis je te rendrai fier mon soleil. »

Elle lui sourit, le trac parfois est bonne source de confiance en soi, cela lui donnera l'adrénaline nécessaire pour convaincre de ses mots. Il n'a pas de doute sur sa motivation, maintenant il ne reste plus qu'à attendre que ces cérémonies se fassent et ensuite ils pourront se concentrer sur les réfugiés de Lancehélion. Leurs mains liées, Jasmyne caresse le dos des mains de l'amour de sa vie du pouce. Infinies caresses tendres, tandis qu'ils continuent de discuter dans l'intimité du pavillon. Il lui demande comment elle compte convaincre, Jasmyne pense sincèrement que la première erreur serait de montrer le visage d'une personne qu'elle n'est pas. Elle ne peut convaincre si elle ne se montre pas telle qu'elle est, avec ses motivations et ses rêves.

« Je compte rester moi même mon aimé, et leur montrer que la noblesse de mon cœur vaut le titre dont tu me couronnera. Mon intérêt va au peuple de Dorne et je t'aime, j'accomplirai mon devoir en tant que princesse et en tant qu'épouse. » En montrant son intérêt pour le peuple, en œuvrant dans la limite sociale acceptée et en donnant des héritiers a son prince. Elle sait qu'elle sera attendue au tournant pour bien des choses, mais elle est prête, pour lui elle est prête a tout et croit en ses ambitions. Elle lui sera loyale, fidèle, ainsi qu'à été son premier vœu. « Et je vais montrer que je suis capable de tenir ce rôle, montrer ma détermination et faire preuve de dévotion et de piété. Que les dieux bénissent notre règne... » Elle prend ses mains dans les siennes, se retrouve proche de lui, il sera fier d'elle, c'est une promesse qu'elle se fait, malgré le fait que tout ceci se fasse dans l'urgence. Elle croit entendre les hommes dehors annoncer l'arrivée d'une cavalerie, alors voilà la garde qui arrive et le couronnement précédant l'officiel dans le septuaire va pouvoir commencer. « Les Sept sont de ton côté. » Elle murmure, embrasse ses doigts a défaut de lui voler les lèvres dans un baiser passionné. Elle lui sourit, voilà de quoi le rassurer.

Nul doute ne s'est frayé un chemin insidieux dans mes bouillantes veines quant à la justesse complète de mon choix d'épouse et de seconde dans la réalisation de ma vision politique pour notre patrie par trop meurtrie. Jasmyne est mon choix du cœur eu égard aux sentiments puissants nous unissant mais il est également celui de l'esprit politicien froid et calculateur. Les aspects néfastes de sa naissance roturière se voyant dans ma caboche galopine amplement compensés par les avantages d'un symbolisme populiste. Car, ce serait le peuple de Dorne éreinté par deux longues années d'humiliations comme de blessures qui porterait au fait de la gloire la destinée de notre contrée. Les nobles pouvaient bien se pavoiser dans leurs positions respectives, leur sang ancien et vénérable n'avait plus la primauté à mes yeux. Dans le contexte tel que le notre, tout s'avérait bouleversé et je serais celui qui saurait profiter de ce capharnaüm sans nom pour faire renaitre Dorne l'indomptable de ses cendres encore brulantes. "Bien sur mon astre. Avec le temps viendra l'expérience. Et avec elle l'aisance. Mais, je n'ai pas la moindre crainte par rapport à ton discours inaugural. Tu sauras toucher les âmes des présents. Les Sept t'ont bénie..." Son sourire d'un éclat solaire nimbé d'un nacre d'ivoire irréel vint apaiser mes inquiétudes muettes quant à tout cela. Nos mains nouées les unes dans les autres firent également beaucoup pour le retour d'une sérénité hautement nécessaire à mon équilibre intérieur. Ma princesse se mit à me caresser le dos avec délicatesse et une dose de tendresse que je ressentis avec félicité. Cette fois, ce fut à mon tour de sourire de manière rayonnante suite à sa réponse. "Voilà la réponse que j'attendais de toi ma moitié. Je ne souhaite point que cette charge te pervertisse mais que tu la sublimes comme tu en es profondément capable." Cela n'allait guère s'avérer une partie de plaisir pour ma superbe compagne mais sa détermination me rassurait sincèrement quant à sa capacité à endurer les affres d'une existence compliquée au sein de laquelle la paix n'était qu'une douce illusion. "Notre rapport à la religion sera extrêmement important vu que je brigue l'alliance des deux principales puissances de la Foi soit le saint siège et le royaume du Bief. Mais nous sommes tous deux de véritables dévots aussi je ne crains rien de ce coté... Les Dieux t'ont bénie Jasmyne et ils ne me détestent point. Tout ira bien." Tandis que ma lune prenait mes mains dans les siennes pour les porter à ses lippes désirables d'un geste machinal mais affectueux les bruits caractéristiques d'une cavalcade de chevaliers se fit entendre dans le lointain. "Les Dieux sont avec nous ma princesse. Avec nous..." Puis, me redressant lestement j'entrainai ma promise à ma suite en me dirigeant vers l'entrée du pavillon au moment ou Damian pénétra sur les lieux. "Altesse. Daemon est de retour avec les chevaliers. Deux centaines."

Jasmyne ne connait pas encore toute l'histoire de ces terres, les enseignements de Moran se font petit a petit. Mais il lui semble qu'aucune personne de rang royal ait un jour osé faire cela. Pourtant la noblesse doit bien commencer un jour quelque part et en remontant les arbres généalogiques, tous  sont de même rang a l'origine. Jasmyne sera une nouvelle princesse, la symbolique du choix de Moran fait sens, a ses yeux aussi, le peuple de Dorne a besoin de savoir que Moran est là pour Dorne. Jasmyne a parcouru en long et en large les terres arides, elle sait de quoi il en retourne, quelles sont les problématiques des Dorniens et ceux qui y vivent et qui subissent parfois injustement les décisions politiques. Maintenant elle compte travailler avec lui, dans le but de rendre ces terres prospères et sécurisées. Le chemin sera long, elle en a conscience, le travail commencera par elle, pour convaincre les autres qu'elle est capable de tenir ce rôle et que tout le monde fasse confiance à Moran pour son choix d'épouse. Elle a tant hâte d'avoir la bénédiction des dieux pour leur histoire, dans sa grande piété c'est important pour elle. Elle sourit, ravie de voir qu'elle parvient déjà a le convaincre lui, c'est important.

« Je n'ai jamais été a l'encontre des Sept, je les prie et les vénère avec dévotion. J'espère que le Saint Siège aura l'occasion de s'en rendre compte et approuvera au moins ton choix pour cela. » Et tandis qu'ils échangent, la bonne nouvelle arrive, elle a réussi a apaiser son époux et voilà que les cavaliers qu'il attendaient se pointent. En retard certes, mais il sont finalement là. Jasmyne sourit, heureuse de voir que sa supposition était juste et qu'ils vont maintenant pouvoir avancer. Elle serre ses mains dans les siennes, une dernière fois baptise le dos de celles ci d'un baiser adorateur. Damian pénétra les lieux, alors il le confirma et maintenant la cérémonie pouvait avoir lieu. « Allons y mon aimé, je suis prête. »

Ils sortent ainsi tous deux, Moran dans ses beaux atours de cérémonie et Jasmyne bien assez simplement d'une tunique en lin, avec une ceinture aux motifs dorniens et d'un collier avec une étoile a sept branches. Ses cheveux sont tressés. Une cérémonie aura lieu dans le septuraire de Moran, mais pour autant celle ci n'est pas négligée et elle remarque que les préparatifs ont permis de rendre aussi cela plus officiel, organisé. Jasmyne se dirige vers l'autel préparé en l'honneur des sept et là où est disposée la couronne, tandis que tous viennent se tenir de part et d'autre, pour assister à cet événement.

Le soupir profondément cynique empreint de tout le sarcasme existant dans ma carcasse de vétéran rompu aux horreurs des plus atroces bain de sang ne témoignait que trop bien du peu d'espoir envisageable quant à la réalisation de l'espérance de l'élue de mon existence. En effet, les Bieffois étaient parmi les plus portés sur la pureté du caractère azuréen du sang nobiliaire. Aussi, je voyais bien mal sa sainteté accepter sans broncher pour la forme mon choix teinté d'une insolente audace. Cependant, ce dernier était censé représenter le guide des croyants sur la terre aussi la réputation de piété absolue que devrait se tailler ma future compagne sans le moindre mal au demeurant en vertu de sa vertu la plus pure qui soit justement sur le sujet délicat de la foi. Seul l'avenir nous dirait si le grand septon me pardonnerait mes écarts aux règles ancestrales de la noblesse et de la royauté. Je ne me voilais hélas guère la face sur la question au vu des réalités de ce monde. J'adressai un sourire encourageant et recélant une pointe de tendresse presque paternaliste à ma sublime amante. "Tu es certainement l'une des femmes les plus pieuses de la Principauté aux mœurs si dissolues ma mie et cela encore davantage au regard de ta persévérance dans leur voie en dépit de ton passé difficile. Malheureusement, les puissants ont tendance à se servir de la piété comme d'une arme... Rien ne nous garantit que le grand septon se montre bien incliné quant à ta réputation. Le sang des aristocrates est une monnaie d'échange réellement inestimable." A présent apaisé par la présence réconfortante et salvatrice pour mes émotions de ma fleur du désert, je reçus la nouvelle tant attendue avec un soulagement non feint. Mes mains se virent flatteusement enserrer dans les siennes aussi soyeuses que légères avant qu'un baiser offert à mon dos ne vienne me faire frissonner de contentement. "Ne les faisons point attendre mon astre." Nous émergeâmes de l'intimité de mon pavillon princier de campagne d'une démarche fort altière en affichant le tableau d'une complicité sans égale. Son bras fermement accroché au mien, nous arrivâmes devant mon fils spirituel et cousin d'un pas princier. Ce dernier s'inclina respectueusement devant nous avec une déférence réhaussée par l'affection sincère nous liant avant de se voir imité par deux cents gentilhommes de tout horizon et de tout âge mais essentiellement de la génération de Daemon. L'avenir nous dirait s'il s'agissait de tètes brulées ou de vaillants preux... Les deux n'étant point antagonistes. "Mes braves ! Je vous remercie d'avoir répondu à mon appel aux armes ! Notre mère patrie souffre depuis bien trop longtemps et il est de notre devoir de la libérer de ces maux qui l'accablent. Suivez moi pour une nouvelle aube pour Dorne !"

Ca y est, le moment tant attendu est arrivé. Jasmyne se place sur l'estrade, l'oeil sur la couronne, attend que Moran s'avance vers lui pour enfin commencer cette cérémonie qui n'a rien de religieux. C'est un premier pas vers son ascension, mais Jasmyne pour ne pas offenser les dieux a fait en sorte d'être chaste et pure, ayant prié les dieux sept jours durant pour avoir le plus de neutralité possible et avoir l'honneur de poser ses doigts sur cette couronne. Elle inspire longuement, la lune est pleine et haute dans le ciel, les regards se tournent vers elle et elle ne perd pas plus de temps. « Mes frères Dorniens, l'avenir de notre patrie est compromise, Moran Toland ici présent poussé par son intérêt pour le peuple se place dès ce soir en défenseur de notre avenir. » Jasmyne prend ainsi la couronne entre les mains, la brandit au dessus de la tête de Moran et poursuit.

« En attendant la bénédiction des Sept dans sa cérémonie officielle. Symbole du peuple de Dorne, Moi Jasmyne, je te couronne Moran Garland premier du nom. Prince de Dorne, des Rhoynars et des Premiers Hommes, protecteur de l'Est et libérateur de Dorne. Puissent les Sept bénir ton règne et faire de toi notre guide vers la paix et la prospérité. » Sur ces mots choisis avec soin, elle pose alors sur sa tête cette couronne qui fait désormais de lui un prince. Cette cérémonie n'est pas l'officielle, elle aura lieu dans un septuaire, mais elle sait que pour Moran celle ci est tout aussi importante car elle se fait par la main d'une fille du peuple qui a choisi de le suivre, tout comme elle espère que d'autres Dorniens opprimés par les Valtigar le suivront. Elle a foi en sa vision du monde et de la sécurité, elle sait qu'il sera un prince bon et qui se soucie avant tout de son peuple. C'est ce que tout le monde veut, et pourtant c'est ce que beaucoup de tête couronnées oublient de faire. Jasmyne ne tremble pas, malgré la pression qu'implique son rôle ce soir. A partir de maintenant commence leur nouvelle histoire et l'ascension de la Maison Garland qu'elle rejoindra après avoir épousé Moran. Elle descend de la petite estrade, se place ainsi devant lui et s'agenouille pour lui refaire serment d'allégeance. Les autres ainsi font de même et ploient le genou. « Longue vie au Prince Moran Garland ! » Elle scande, tandis que les autres suivent dans des cris de joie. Jasmyne lève les yeux et observe son aimé couronné avec toute l'admiration et la dévotion qu'elle a a son égard. Si fière de le voir porter sa détermination au delà des limites. Ils se ressemblent beaucoup en ce point là. Elle entend les houra de ses hommes, motivés plus que jamais à le suivre, à se battre pour sa cause et sous sa nouvelle bannière.

Jasmyne sourit, se sent privilégiée d'être aux première loges, en oublie même de se relever, restant a genoux devant son Prince, et celui qui est désormais son foyer, celui qui lui donne envie de rejoindre une communauté et qui lui donne une identité dont elle est fière. Le silence finit par se faire, dans l'attente de quelques mots qui doivent être prononcés par le nouveau prince, après ces effusions de joie.

Mes prunelles ambrées ne se fixèrent nullement sur une multitude. Point de légions orientales en ce camp de fortune au milieu des dunes de l'arrogante maison Jordayne de le Tor. Ce n'était point une armée de dizaines de milliers de volontaires déterminés à se libérer des jougs étrangers quel que soient leur nature ou leur origine que j'avais sous les yeux empreint d'un cynisme désabusé en dépit de mes espoirs solaires de renaissance pour notre mère patrie bafouée. Une double centaine de chevaliers de tout horizon les uns très jeunes certains de ma propre génération ainsi que quelques vétérans en chemin vers les affres de celle de ser Lyonnel. Des bacheliers, des gentilhommes, des aventuriers, des errants, des jouteurs, des cuirassés... Il y en avait des fluets, des costauds, des grands, des plus mesurés, des musculeux et des athlétiques... Il y avait certainement des téméraires, des vaillants, des tacticiens, des prudents, des audacieux, des raisonnables, des patients... 

Tout Dorne semblait quelque part venu à moi sous la forme de ce corps d'élite si faible en quantité mais si important en qualité. Je les contemplais avec une satisfaction paternaliste tandis que je me figurais que l'on se souviendrait du début de l'histoire de la nouvelle Dorne par le ralliement de ces quelques valeureux vétérans. Puis, la cérémonie informelle commença comme nous l'avions planifié ma future princesse et moi et icelle se rendit sur la modeste estrade prévue à cet effet avant de saisir la couronne princière que Daemon avait rapporté de Spectremont avant d'aller se mettre en quête de mes hetaerois. Je m'avance à mon tour et m'agenouille devant elle de manière fort symbolique face à la modeste assemblée néanmoins fort solennelle. C'est finalement devant la patrie que je m'agenouillais avec déférence et humilité tandis que les éclats nacrés des rayons de la lune faisaient baigner l'atmosphère dans une ambiance de songe. 

Mon visage se fit animé d'une détermination dévorante au fur et à mesure du discours de couronnement de ma compagne. Je décidai de rester à genoux une fois le diadème ceint sur mon front. Je restai dans cette position jusqu'à ce que mon astre personnel flamboyant de dignité et de prestance ne rejoigne nos hommes d'armes agenouillés face à moi. Ce ne fut que lorsque les acclamations traditionnelles s'élevèrent dans l'air frais de cette nuit historique que je me redressai en tant que prince et non plus en tant que seigneur. Je me laissai emporté par la puissance de cette ferveur à mon encontre durant de longs instants avant de prononcer mon propre discours. 

"A dire vrai mes frères bien que je sois un homme éloquent, je ne sais vraiment que dire tant l'ampleur de tout cela me fait me sentir insignifiant. Je tenterais d'être bref. Je pourrais vous parler des Dieux mais vous portez tous des éperons aux pieds ce qui est le plus étincelant témoignage de votre piété envers les Sept ! Je sais donc que vous avez tout comme moi nos Dieux dans le cœur ! Je pourrais vous parler d'honneur mais vous êtes là devant moi perdus au milieu de ces dunes hostiles bien décidés à suivre une troisième voie souverainiste, indépendantiste et synonyme de renaissance de notre fierté Dornienne. 

Vous n'êtes qu'une poignée mais vous n'avez nullement hésité et je ne lis pas le moindre doute dans vos yeux. Vous connaissez donc déjà tout de l'honneur ! Je pourrais vous parler de bravoure mais vous étiez comme moi aux Météores, dans les montagnes rouges à Boycitre dans l'Orage pour certains et à Lancéhélion. La bravoure se lit sur vos traits ! Fils de Dorne notre chemin sera long, dangereux, éprouvant, ingrat, ardu et détestablement terrifiant mais la mère patrie mérite tous les sacrifices ! Alors allons apprendre à ces envahisseurs, ces parjures, ces traitres, ces chiens de Valyriens, ces fieffés menteurs d'impériaux ! Apprenons leur ce que sont de véritables Dorniens ! Et si nous devions mourir pour notre cause. Eh bien tel est le destin des héros !" 

Le discours de Moran est puissant, et met tout le monde d'accord. Ici ils ont tous confiance en lui et elle voit qu'il n'est pas seulement l'amour de sa vie mais également un bon chef de guerre qui a le soutien de ses hommes. Ils ont traversé le désert pour les rejoindre, ils l'ont suivi en dehors de Lancehélion. Maintenant il veut poursuivre les ambitions de feu son amie la princesse et il est déterminé. Jasmyne a eu l'honneur de le couronner et désormais sujet d'un prince elle rejoint ces derniers qui scandent sa gloire.

Jasmyne essuie le dessous de ses grands yeux tandis que des perles humides d'émotion menacent de dévaler ses joues. Elle applaudit avec les autres après qu'ils se soient relevés, tandis que les soldats brandissent leurs épées. Fière de son aimé, honorée de le voir dans tel moment de sa vie, tandis que pour lui ça doit être une décision pas des plus aisées a prendre au vu du chemin risqué sur lequel il s'embarque. Cette nuit ils honorent les dieux pour leur demander leur faveur, pour qu'ils soient présent pendant le couronnement de Moran dans le Septuaire. Alors quelques soldats dont la musique est la passion autant que la guerre commencent a chanter en l'honneur du Prince. On lui ramène son destrier princier afin qu'il puisse parader devant ses sujets qui chantent en son honneur. Jasmyne est émue par la scène, a aussi envie de participer a cette ambiance festive au milieu des Dunes. Elle prend l'un de ses longs châles rouges et se place près de son prince cavalier, danse ainsi avec le foulard autour du cavalier (gif de la danse). Elle s'amuse, autour de Moran, lui rend honneur de manière artistique, espère aussi attirer l'attention des dieux sur leurs festivités. Jasmyne a un large sourire sur les lèvres, les chants s'élèvent et sur les visages on voit beaucoup de joie. Les hommes qui croisent le regard de Moran lèvent leur verre de vin Dornien en son honneur. Pour Spectremont c'est un nouveau chapitre qui débute et elle sera là a ses côtés pour le voir évoluer.

Tandis que bien des hommes n'avaient pas encore vu Jasmyne, elle sait que certains parlent d'elle, voient a quel point elle est proche de Moran, le regard empli d'amour que tous les deux se portent. Les rumeurs vont vite, la plupart savent sans doute déjà que Moran compte l'épouser et même si elle ne fait pas l'unanimité, a ce moment là on ne peut qu'apprécier leurs regards complices, l'air que prend Jasmyne quand elle fait mine de lui tendre son foulard pour finalement le reprendre. Les soldats forment un cercle les entourant, tous profitent du petit spectacle qu'ils donnent et improvisent. Les chants dorniens sont repris par les quelques uns qui connaissent les paroles, puis l'hymne Garland qui s'élève pour la première fois. Ici ils ont l'honneur de faire les premières célébrations, a Spectremont ce sera grandiose sans doute mais le côté intimiste et isolé a son charme également. Il est en tout cas apprécié par Jasmyne, apprécié par les dieux qui font chanter les Dunes , la Lune pleine au dessus d'eux, les éclaire de sa lumière sacrée.

Mes prunelles aux nuances de pierre d'ambre aux relents crépusculaires croisèrent celles sombres comme une nuit sans étoiles de ma future compagne agenouillée au milieu de mes premiers soldats volontaires tous professionnels de la chose martiale. L'image eut pu paraitre fort cocasse tant la frêle carrure de l'élue de mes sentiments semblait détonnée en compagnie de tels mastodontes cuirassés et pourtant... Pourtant, c'est tout le contraire à dire vrai car ce petit brin de femme se trouvait parfaitement à sa place légitime pour l'amant énamouré que j'étais. L'étendue de sa bravoure valait amplement celle de mes guerriers bardés de plates et d'acier aussi tandis qu'elle tentait de réfréner son émoi avec une grâce fort altière, je l'imaginais par anticipation drapée d'une toilette luxueuse frappée du blason de ma naissante maison princière. Cette vision idyllique m'emplissait d'une félicité profonde fort plaisante. Cependant, je n'eus d'autre choix que de revenir à la réalité présente sous les acclamations et le brouhaha du fracas des armes contre les écus et des lances sur le sol sablonneux lorsque l'on me porta mon destrier aussi ténébreux que l'âme d'un Valyrien. Le présent valant titre de participation à la dote de mon épouse était aussi somptueux qu'un attelage d'or pur et j'enfourchais l'animal robuste et nerveux avec l'aisance d'un centaure tandis que Damian me tendait les rênes avec déférence. Une fois en selle, j'entrepris de faire volter ma monture de droite à gauche en lui faisant parcourir quelques pas afin d'offrir un tableau saisissant à mes partisans survoltés. Etant particulièrement conscient du fait que les hommes se nourrissaient de symboles tout autant que de mets généreux. Qu'ils représentaient le ciment de toute société humaine. Finalement, de la musique traditionnelle se mit à s'élever à mon plus grand plaisir et ce fut au son des tambourins et des fifrelins que je cédais le masque orgueilleux et digne pour celui du bon vivant sensible comme tout fils de Dorne aux élans entêtants d'une mélopée entrainante. Ma tendre moitié et premier soutien ne souhaitant visiblement guère s'avérer en reste entreprit de participer aux réjouissances de la plus spectaculaire des manières en se saisissant d'un foulard carmin qu'elle fit virevolter atour d'elle avec la facilité d'une danseuse professionnelle. Lui adressant un regard charmé et complètement conquis, j'assortis ce dernier d'un sourire énamouré alors qu'elle me poussait à me livrer à ce jeu sensuel et éreintant. Car chaque fois que mon imposante monture me positionnait au bon endroit pour me permettre de saisir son carré de tissu, la jeune femme parvenait d'une pirouette à s'esquiver. Soudain, la voix de Daemon s'éleva au dessus des autres de son timbre de matamore. Et, mon cœur sembla aspirer à jaillir hors de son emplacement légitime lorsque je reconnus ma composition patriotique. 

Hymne Garland:

 

Jasmyne joue un peu avec Moran, lui tendant le bout du foulard, puis s'échappant tout en continuant de danser avec. Elle tournoie sur elle même puis alors que les paroles de son hymne résonne elle le voit fier et ému de telles festivités en son honneur. Les voix s'élèvent dans le désert, sur le chant des grandes dunes quand le vent joue avec ses grains de sable. Le moment est solennel, poétique, elle espère que son aimé passe un bon moment. Jasmyne a un large sourire, sa bonne humeur est contagieuse et laisse quelques sourires tandis que des applaudissements accompagnent le rythme des pas du cheval de Moran et les mouvements de Jasmyne. Elle même se laisse chantonner  l'hymne, un large sourire sur les lèvres. Elle croit aux rêves de Moran, et cela la rend patriote. Si autrefois elle ne croyait qu'en Dorne et pas aux seigneurs, aujourd'hui il y en a bien pour qui elle se rangerait sous sa bannière. Par amour d'abord mais aussi parce qu'elle sait que c'est une homme bon et juste et que Dorne serait paisible sous son règne. Elle veut que tout le monde comme elle puisse le voir, s'en rendre compte, et accepter qu'il prenne les devants. Jasmyne continue de danser sur ces paroles là qui s'enchainent avec une ferveur sans égale. Puis quand les chants s'éteignent tous s'applaudissent mais applaudissent surtout Moran qui regroupe ici tout le monde dans un nouvel espoir. Jasmyne lui fait une belle révérence avant de lui envoyer son foulard rouge, imprégné de son parfum.

Tandis qu'il parade devant ses hommes, Jasmyne se remet sur un côté, le regard brillant de fierté de le voir ainsi s'élever et lui offrir la possibilité d'y assister. Elle se sait privilégiée, et même si autour tous ne sont pas forcément d'accord avec le mariage qui les liera, il semblerait que ce genre de discussion ne soit pas a l'ordre du jour. On lui offre une coupe de vin, tandis que l'on scande longue vie a Moran Garland. La fête est belle, elle le sera encore plus a Spectremont. Quand il revient en sa compagnie après être descendu de son destrier, Jasmyne l'accueille un peu intimidée parce que c'est un prince et parce qu'elle aimerait tant le serrer dans ses bras mais ignore si elle peut se permettre plus de familiarité devant les autres. Il est encouragé et félicité par ses hommes qui viennent naturellement lui prêter allégeance et prier les Sept pour un règne prospère et victorieux. Jasmyne se tient a ses côtés, tous ne sont pas au courant de ce qu'il se passe entre eux même si sa présence laisse quelques soupçons, pour la majorité elle apparaît sans doute comme une courtisane, une amante, mais pas celle avec laquelle il va se marier. Cela ne la touche pas puise qu'elle a tout son attention concentrée sur Moran. Et quand vient le moment où elle peut enfin avoir son attention elle lui tend une coupe de vin pour trinquer avec lui. « Félicitations mon Prince, mes sept prières te seront dédiées pour que tu réalises tous tes projets. » C'est tout a fait sincère, elle est profondément fière de lui et ne lui souhaite que de réaliser ses rêves. « Je serai toujours a tes côtés, tu peux compter sur ma loyauté et ma fidélité. » Elle lui a déjà fait serment d'allégeance, elle a plié le genou devant lui, mais elle souhaite réitérer ces vœux là maintenant qu'il est prince. Il sait qu'elle est de confiance et que son amour pour lui la rend d'autant plus fidèle.  

La vision de tous ces braves cuirassés de pied en cap et harnachés pour la guerre à venir entonnant l'hymne que j'avais composé pour le ralliement patriotique de tout le peuple de Dorne derrière ma maison princière symbole de renouveau me fit un effet jusque dans les trippes. Balayés mes doutes précédents ne restaient à présents que les vestiges bien amers de la désillusion nés des réactions hautaines et méprisantes du reste de l'aristocratie locale. L'émoi était tel que je dus réfréner l'envie de me laisser aller face à pareil tableau saisissant de grandeur. Si les historiens dateraient certainement le début de mon règne suite à des succès suffisamment majeurs pour que ce dernier soit considéré comme canon, il ne faisait pas le moindre doute dans mon esprit que c'était en cette soirée flamboyante au milieu des dunes joyeuses qu'avait débutée mon ascension vers les sommets du pouvoir et ce pour le bien commun. Je continuais de m'adonner avec entrain et vigueur au jeu de séduction typique de notre contrée honorant les cavaliers en tentant d'arracher à ma sirène des sables son foulard écarlate embaumé de son effluve si grisante et entêtante. Fatalement, le chant des braves s'acheva pour céder respectueusement place à un tonnerre d'applaudissements qui me fit chaud au cœur. Mon amante de cœur finit par me jeter le prix de mes efforts récompensant fort généreusement son futur époux de ce don voluptueux et vespéral. Je portais le morceau de tissu à mon nez après l'avoir saisi au vol afin d'en savourer le parfum. Je décidai de nouer cette faveur à mon bras d'épée avant de me mettre à faire cabrer ma fougueuse monture après avoir dégainé mon sabre et le brandir bien haut. Mes braves fidèles hurlaient mon patronyme avec une ferveur bien réelle tandis que j'assurais le spectacle. Je bondissais de mon compagnon équestre après avoir estimé avoir suffisamment donné de ma personne avant de rengainer mon arme. Je rejoignis ma dulcinée en quelques foulées avant de saisir sa coupe de vin d'un geste reconnaissant. Mes yeux luisaient d'une adoration sans égale pour celle qui m'avait jadis sauvé de la mélancolie lancinante. Celle qui m'avait réconforté suite à la perte de mon amie et princesse. Celle qui m'avait rendu gout à la vie. Celle qui deviendrait mon égale dans quelques heures. "Je vous remercie ma princesse. Plaisent aux Sept de me permettre de rendre à cette contrée son honneur, sa puissance, sa prospérité, sa gloire et son intégrité. Je ne le sais que trop bien mon aimée. Tu es la seule que je pouvais choisir pour m'accompagner dans cette aventure. La seule. Bientôt ces hommes te serviront avec loyauté et ardeur. En es tu consciente ?" 

La fête est agréable et l'on voit bien des sourires sur le visages de ces soldats, ravis de se retrouver mais aussi ravis de se réunir sous la nouvelle bannière de Moran. Elle comprend qu'ils lui font confiance en tant que personne, en tant que seigneur et en tant que chef de guerre. A Spectremont ils défendent leurs familles, elle aime l'émulation qui réside ici et même en ayany simplement promis son allégeance, elle se sent honorée de faire parti de cette communauté là. Ils l'ont bien accueillie, maintenant elle a hâte de pouvoir faire ses preuves aussi, gagner leur confiance et aider Moran a légitimer son choix puisqu'il va l'épouser en dépit qu'elle ne soit pas d'ascendance noble. Mais Moran se soucie du peuple de Dorne, l'épouser le prouve symboliquement et elle se sent particulièrement privilégiée au delà du fait qu'il soit incontestablement l'amour de sa vie. Elle se souvient aux tout débuts de leur relation, il était un cœur brisé et usé, qu'elle a réchauffé de ses attentions avant que l'amour ne se déclare entre eux. Aujourd'hui elle se tient a ses côtés, les étoiles dans les yeux alors qu'elle l'observe devenir prince et appuyer ses convictions, se battre pour celles ci. C'est lui qui lui a inspiré cette force et cette détermination, elle a trouvé le courage d'aller au delà des frontières de Dorne et s'est enrichie grâce a l'exemple qu'il a été pour elle. Aujourd'hui elle le voit encore, cela fait parti de ses nombreuses qualités mais surtout cela fait de lui quelqu'un de fiable plus que n'importe qui d'autre en ces terres.

Elle glisse son bras au sien tandis qu'ils savourent ce vin de Dorne sorti a l'occasion de ces petites festivités. Ils rejoindront Spectremont sous peu et cela confirmera son ascension de manière définitive. Elle le regarde avec amour et admiration, cela n'échappe pas au regard de Lyonnel et d'autres qui n'ont eu de cesse de dire que Moran a trouvé une femme qui lui sera assurément fidèle et dévouée. Ils trinquent ensemble, Jasmyne le félicite et il promet de belles choses, qu'elle a hâte de voir se concrétiser. Son optimisme est contagieux, elle imagine ces contrés en paix. « Je t'accompagnerai qu'importe ce que tu entreprends mon aimé. » Elle lui sourit, pose son front contre le sien et se laisse ainsi porter par la communion de leurs deux êtres. « J'en suis consciente et j'assumerai ce rôle, par amour pour toi et par amour pour le peuple de Dorne. »