La nuit est tombée depuis près d'une longue heure à présent et je contemple avec préoccupation le corps recroquevillé sur lui mème de la lune de mes jours recouverte d'une fourrure de loup sur les coussins richement décorés de mon pavillon. Son arrivée impromptue aujourd'hui avait rabattu certaines cartes car en dépit de mes craintes à son sujet notamment en raison du danger encouru par son ralliement à ma rebellion, je devais bien reconnaitre que mon oncle avait été dans le vrai lorsqu'il avait vanté les mérites de sa présence parmi nous. En effet, empoisonner nos armes représenterait une manière de faire gouter aux envahisseurs s'imaginant tout puissant sur nos terres que la rancoeur des Dorniens n'avait aucune limite d'une part tandis que les onguents qu'elle pourrait produire pour soigner nos blessés pourraient tout aussi s'avérer inestimables d'autre part. Sans oublier le fait que disposer d'une messagère en laquelle je pourrais placer ma propre vie représentait également une opportunité sans égale. Mes prunelles résolumment fixées sur cette jeune femme si fragile si menue mais paradoxalement bien plus courageuse que bien des habitants de ce pays et au caractère aussi dur que le métal de nos sabres et de nos lances. Ma douce et brave compagne d'infortune avait tentée durant tout l'après midi de faire battre en retraite la lancinante mélopée de mes émotions contradictoires s'affrontant les unes les autres à l'instar d'armées en guerre en mon for intérieur. Elle était parvenue à ses fins comme d'habitude à mon sujet. 

Ce qui m'amenait à penser que ma plus brutale détermination s'égrénait par trop souvent en lambeaux face à son minois délicat et ses yeux nimbés d'encre. Ce qui s'avérait déjà facheux en temps normal mais l'était encore infiniment davantage au vu de l'instabilité politique actuelle pour laquelle j'oeuvrais à présent. Un soupir désabusé vient nuancer le sourire d'adoration face au spectacle de ses mouvements sur ma couche. Jasmyne était dangereuse. Dangereuse pour elle-mème. Dangereuse pour mes élans les plus téméraires face à la menace d'une mort probable. Dangereuse par la douceur qu'elle incarnait dans mon existence à un moment de celle-ci ou je devais m'en départir afin de me nourrir de noirceur afin de donner matière à la fureur vengeresse. Mes yeux se ferment un instant tandis que je me perds dans les méandres les plus tortueux de mon esprit. Mon imagination me dévoile une scène improbable au cours de laquelle une colonie peuplée de sujets Valyriens s'étend sur nos cotes devant mes yeux. Tandis que j'ordonne le pillage et la destruction des lieux ma reine des fleurs s'interpose devant mon cheval et me demande de rappeller mes hordes de guerriers animés d'une dévorante soif de vengeance. Toute guerre est sale et injuste. Mème celles menées pour de bonnes raisons. Pourtant, je transmets l'ordre d'épargner les civils ne s'opposant pas à nous alors que mes cavaliers s'apprètent à dévaler la pente vers ce furoncle à notre honneur. Mes yeux retrouvent la pénombre rassurante de mon pavillon et je me déshabille lentement avant de me contenter de me couvrir d'une fourrure. 

Une fois plus à l'aise, je me sers du thé encore chaud avant de la savourer lentement. Puis, je retourne me coucher près de la jeune femme ayant tant d'emprise sur moi. Je remarque qu'elle murmure quelque chose dans son sommeil agité avant de la positionner plus confortablement. Mes doigts se mettent à jouer avec les contours de son visage de toute la délicatesse dont je suis capable de faire preuve. Je prends le temps de savourer son parfum unique et réconfortant tandis que je continue de témoigner mon affection en silence à la lune de mes jours. Je lui murmure un poème que j'avais rédigé en son honneur suite à ma décision de me rebeller face à l'autorité Valtigar alors que je pensais ne plus jamais la retrouver. “O princesse des dunes. Reine des fleurs. De tes effluves le monde est fol. Maitresse des poisons et des onguents. Tu es le sang de Dorne. Brule ma passion quand yeux se posent sur ta silhouette de jeune déesse. Mon coeur saigne face à l'horreur de te laisser seule en ce monde fait de danger. O mon aimée te contempler fut une joie de chaque instant. Pour tes caresses, j'eus pu presque tout abandonner sauf ma patrie. Car, notre mère ne saurait compter que sur les braves et les derniers. De tes baisers je reverai me souviendrais avant la charge. Et nos étreintes me réchaufferont face au spectre de ma fin.” Les prunelles sombres de ma douce me fixent d'un air qui me serre le coeur alors que je rouvre les yeux après m'ètre laissé emporter par mes émotions. Je fuis ce regard par pur réflexe prouvant par la mème que les hommes les plus courageux peuvent parfois faire preuve de lacheté dans certaines situations.

Douce nuit au milieu du désert, l'écho des dunes et les quelques murmures des hommes de Moran a l'extérieur l'ont doucement bercée jusqu'au sommeil le plus profond. Celui ci n'est possible que quand elle est en présence de son aimé, car elle se sait sous protection et pas seule. Après s'être longuement perdue dans les méandres de la volupté tout contre le corps de son bel amant, Jasmyne s'est laissée entrainer dans les rêves. Des rêves qui sont à présent plus sereins maintenant qu'elle le sait a ses côtés. Ainsi elle les voit tous les deux, dans le palais de leur imagination en plein désert, s'aimer encore et encore sous la voute céleste parsemée de milliards d'étoiles. Dans la nuit froide, son corps est source de chaleur, elle étudie et se souvient de la texture de sa peau sous ses doigts, pendant qu'elle retrace les contours finement musclés de son torse, son parfum masculin qui sait provoquer des crispations de désir au creux de ses reins. Ils s'enlacent, simplement, elle a l'impression qu'ils sont en train de flotter. Et dans ce monde là il n'y a rien qui ne les contrarie. Pas de guerres, pas de rangs, ils sont ici en maitres.

Recroquevillée dans la couche de son aimé, sa respiration se fait lente et paisible. Un petit frisson la prend quand inconsciemment elle sent qu'il n'est pas près d'elle. Elle refait ainsi lentement surface. Ce qui la ramène au réveil c'est sa présence qui de nouveau se fait et un doux murmure a son adresse la guide. Elle entend sa voix ainsi un écho, un murmure amoureux lui vient tandis qu'elle reconnaît la prose habile de son tendre amant. Un poème en son honneur qu'il ne lui avait pas encore récité, et dont elle sait qu'il est l'auteur. Elle l'écoute, ouvre lentement les yeux sur son visage a la fois préoccupé et paisible. Dans son esprit doit encore tourbillonner mille tourments contradictoires liés a sa présence ici. Il ne dort pas, c'est ainsi qu'elle le sait. Sur les derniers mots de son poème son cœur se serre, des phrases d'une beauté sans égale qui fait toujours plus plonger son amour pour lui. Il se dérobe de son regard, par pudeur, pourtant elle aime le voir s'ouvrir a ses émotions. Les hommes ne sont pas que des guerriers fait pour tout encaisser, ils ont un cœur, ils sont humains et il est normal qu'ils puissent aussi exprimer le fond de leur sensibilité puisqu'ils en sont pourvus mais bridés par les systèmes. Si Jasmyne maitrise les senteurs, Moran est habile orateur, il maitrise les mots comme un maitre et sait donner du sens a ses phrases dans un mouvement poétique. Un talent qui n'est pas donné a tout le monde, sa créativité est impressionnante, elle le lui a toujours dit et l'a toujours encouragé à le partager. « Quel magnifique poème...Merci mon Roi...» Jasmyne se rapproche un peu plus de lui, son index et son pouce relève son visage ainsi dans sa direction afin qu'il ne les détourne pas. Ses poèmes sont magnifiques, il sait qu'elle en est première fan, après tout c'est ainsi qu'il a réussi a la séduire. Sur cette place des météores par une dure et chaude journée d'été, il s'est arrêté devant son petit stand qui a l'époque ne présentait que quelques articles sous forme de baumes et d'onguents. Elle lui avait alors confié qu'elle pouvait aussi faire du sur mesure, et il avait été intéressé par ses poisons.

Et au fil des entrevues, les regards devenant plus insistants, leur bonne entente naturelle avait fini par les conduire dans les bras de l'un  et de l'autre après un poème qu'il avait écrit pour la célébrer. Elle se souviendra toujours de leurs premières étreintes. Ce souvenir est profondément ancré en elle et elle aimerait le revivre encore et encore. L'amour a fait surface par la suite, mais dès les premiers instants, la flèche avait déjà percé son cœur. Jasmyne vient blottir son corps nu contre le sien en l'invitant sous cette épaisse peau de loup tandis que ses lèvres se scellent aux siennes. Un baiser emprunt de douceur, pour le remercier de ces mots qui la touchent toujours d'une façon singulière. « Tu ne dors pas mon amour ? » Elle demande, quitte ces lèvres désirables pour venir nicher les siennes dans son cou et y embrasser sa peau. Depuis le creux elle remonte sous son oreille, sème ses baisers sur ce chemin. « Qu'est ce qui te tracasse ? » Elle a beau avoir combattu ses doutes quelques heures plus tard, elle n'a peut être pas écarté toutes ses inquiétudes. Ses doigts glisses dans son dos dessinent de doucereuses caresses en arabesque. Il peut tout lui dire, elle peut tout entendre, quel que soit le moment et l'heure, elle sait lui accorder de l'attention et le fait de bon cœur. Elle ne veut pas qu'il se torture trop l'esprit. Les inquiétudes face au contexte sont normaux, mais la concernant elle désire qu'il efface toute trace de préoccupation.

« Dis le moi » Elle murmure a son oreille, tandis que ses baisers sur sa peau poursuivent leur chemin dans son cou, sur la ligne de son épaule. Essaye t-elle de le soudoyer avec des baisers ? Il y a bien de ça, mais il y a surtout le fait qu'elle ne sache pas s'empêcher de le faire. Elle aime ce contact tactile et physique, elle l'invite a se laisser aller dans leur bulle intime et se confier sans craintes.

C'est dans un contexte particulièrement cocasse que je me rends à présent compte de la beauté des motifs d'une finesse exquise aux couleurs vives se détachant des pans de mon pavillon de campagne. Je n'eus jamais pu autant m'intéresser à quelque chose d'aussi trivial que ce détail aussi insignifiant que magistral sans ma débandade visuelle face à la présence culpabilisante du doux minois de mon aimée. Ce qui m'apparaissait à fortiori notoirement injuste car un artisan avait bien du s'user les mains et le dos à tisser ces décorations ouvragées avec patience pour les incruster dans cette toile de jute. L'œuvre passionnée d'un spécialiste ayant du attendre que la pudeur de son seigneur lui fasse battre en retraite devant les grands lacs sombres des prunelles de son amour pour finalement accorder sa juste valeur au fruit de ses efforts. Comme la vie était peu de chose en vérité ! Nous n'étions que des grains de sable à l'échelle de l'univers et des jouets face à la volonté des Dieux. Quel orgueil que celui de nos misérables carcasses qui ne tarderaient guère à retourner à la poussière de l'éternité...

Je me découvre une lâcheté vomitive en remarquant que je pouvais faire mine d'admirer les alentours durant une durée excédant plus d'une minute jusqu'à ce que ma lune ne me ramène à ses grands yeux sombres me semblant toujours si semblables à deux puits sans fonds d'une noirceur sublimée. Ses doigts détournent ma face préoccupée de la ligne imaginaire au dessus de moi pour lui imposer une bravoure nécessaire. Ses remerciements parviennent à me tirer de ma torpeur. Un infime haussement d'épaule pour signifier que ce n'est rien. "Tu as toujours été ma plus grande source d'inspiration ma reine. Il suffit que je t'observe pour que des vers s'écoulent dans mon esprit par dizaines. Tu es une véritable muse." Pressentant certainement que mon moral n'était guère plus haut ma douce se rapproche de moi en comblant la séparation avec aisance. Puis ses lèvres viennent se plaquer sur les miennes avec autorité mais néanmoins empreinte d'une douceur infinie. Mes sourcils se froncent par réflexe face à son regard interrogateur. "Le sommeil me déserte j'en ai bien peur."

Ma reine des fleurs entreprend de monter à l'assaut de mes turpitudes de la plus voluptueuse des manières puisque ses lippes aux éclats vermeils sèment un jardin de baisers me poussant à frissonner de contentement. Et mon corps semble prêt à trahir honteusement mon esprit tandis que ses caresses lippues entament lentement mais surement une érosion évidente de ma détermination à me murer dans le mutisme le plus sourd et obstiné. Les motifs tracés dans mon dos nu dénouent la tension dans ma carcasse marquée. Je bats une fois de plus en retraite et opte pour une autre tactique en fermant résolument mes yeux afin de me dérober à cette délicieuse torture. Mes lèvres closent semblent déterminées à tenir le pont levis dressé malgré la puissance de l'armée conquérante chargeant à toute allure. 

Hélas, lorsqu'elle murmure au creux de mon oreille avant d'atteindre mon épaule je perds toute volonté. Les hommes sont d'une faiblesse déconcertante dans certaines situations. "Grace grâce ! Quoi que je devrais certainement continuer de bouder afin que tu continues. Bien des choses me tracassent ma mie. Il faudrait que tu sois plus précise. Est ce la fait que j'ai déclaré la guerre à l'empire le plus puissant du monde ? Que nous allons devoir quitter ce camp dès demain parce que le fait que tu nous aies trouvé implique que d'autres en soient capables ? La perte de mon amie la plus proche ? Ou la perspective de ne plus jamais revoir mes enfants ? C'est un mélange de tout cela ma douce." 

Blottis l'un contre l'autre, Jasmyne sait pourquoi il est tourmenté mais elle veut qu'il puisse le dire, qu'il puisse parler et se délester d'un peu de ce poids qui lui pèse au cœur. Elle est là pour partager ses blessures, dans ses vœux d'amour éternel cela en fait parti et parce qu'elle ne veut pas qu'il se sente gêné de lui parler de quoi que ce soit. Elle le tire un peu plus contre elle, leurs peaux nues en contact se réchauffent doucement. Ses doigts glissent en motifs doucereux dans son dos. Elle est sa muse, mais elle est aussi sa compagne, alors elle voit qu'il a du mal a se confier, pour ça ses baisers sont d'un convaincant redoutable. Elle même savoure sa peau du bout de ses lèvres, elle suit la ligne de ses épaules et le sent légèrement frissoner, signe sans doute de rédition. Elle est pareil quand il s'y met, il lui suffit qu'il lui donne trop d'attention pour qu'elle lui cède tout. Jasmyne se fait plus sensuelle encore, son souffle chaud venant s'écraser contre sa peau, il finit par accepter de parler et elle l'écoute avec toute l'attention qu'il lui connait. C'est important pour elle d'être un soutient émotionnel, il passe par une période difficile et en plus de devoir se remettre d'un deuil il passe par tout un tas de difficultés qui viennent en même temps.

Elle caresse son doux visage avec amour, comprend son inquiétude, sans doute qu'elle aurait été dans le même état et ne peux pas les lui ôter. Elle se maudit d'être impuissante, aimerait s'incarner en violente tempête de sable pour tous les effacer. Ces doutes persisteront jusqu'à ce que la situation se tasse. Concernant sa famille, elle se fait la promesse de prier tous les jours pour lui permettre de les revoir. En revanche il y a bien quelque chose qu'elle peut faire les concernant, l'idée germe rapidement en tête. Elle songe a cette maison qu'elle possède, un peu isolée par rapport a la ville des Météores, peut être que les y rapatrier pourrait le rassurer et lui donnerait aussi plus facilement l'occasion de les voir étant sur un chemin plus sécurisé et plus éloigné de l'empire il s'inquiètera peut être moins ?

« Veux tu que l'on mette ta famille en sécurité ? J'ai une maison dans les Météores, ce n'est pas un palais mais il te sera plus facile de les savoir en sécurité avec une garde rapprochée. » Elle propose, ignore si c'est une bonne idée, lui seul saura lui dire, mais elle désire se montrer volontaire et lui montrer du soutien, prête à leur mettre sa maison a disposition pour leur assurer la sécurité et tranquilliser Moran afin qu'il puisse se concentrer sur le reste. « Tu as de bons guerriers, et tu as l'avantage du terrain puisque tu es Dornien. Pense a tes avantages mon amour, malgré les obstacles il faut que tu exploite tes forces et que tu gardes espoir pour tes hommes, pour toi. » Elle caresse son visage avec une infinie douceur. Elle désire qu'il garde la foi, qu'il garde espoir et qu'il use de ces craintes là comme une force. Il est capable de vaincre, elle est certaine de ça. Moran est un homme intelligent, habile, malin, elle est certaine qu'il a déjà commencé a chercher des alliés dans tout Dorne, et même peut être au delà. Que l'empire soit puissant ou pas, il peut craindre un homme comme Moran qui est plein de ressources. Ses caresses dans son dos persistent, remontent le long de son échine, pour redescendre dans le creux de ses reins. Sa peau est si douce, si agréable au toucher, elle même y trouve un certain réconfort. Mais près de lui elle n'a pas peur, quelles que soient les épreuves a traverser.  « Je crois en toi, pas parce que je t'aime mais parce que tu as l'expérience et les épaules nécessaires à porter cela. » Elle lui sourit, ses lèvres viennent frôler les siennes avant qu'elle ne l'embrasse doucement. Légèrement elle recule la tête, son regard plongé dans le sien. « Et tu as une empoisonneuse experte ! Ils ne me connaissent pas, si tu désires que j'y aille et que je les empoisonne dis le moi, j'y vais. » Elle rajoute pour le dérider un peu. « Il te faut te détendre, sans sommeil tu ne seras pas capable de tes pleines capacités. Demain sera un autre jour, je suis sure que les idées ne vont cesser de venir à toi et les solutions aussi, qu'importe ton adversaire. »

La promiscuité de nos deux enveloppes charnelles dénudées représente un puissant réconfort à ma morosité. Face à ce contact salvateur, je me sens revigoré de manière instinctive à l'instar de l'alguazil ayant interpellé de manière prévoyante un ladre peu recommandable en cela que l'univers me donne l'impression de me trouver à ma place légitime. Mon désir masculin pour la lune de mes jours se fait si pressant que ce dernier chasse quelque peu les nuages sombres du ciel tumultueux de ma psyché soumise à rude équipée depuis le déclenchement de cette rébellion. Cependant, ce réflexe goguenard ne produit qu'un effet limité tant cette fois la lourdeur de mes responsabilités s'avère pesante. Je ne sais point si j'ai plus envie de chevaucher avec ma compagne de coeur dans un ballet sauvage qui me viderait de mon énergie autant que des questions sempiternelles semblables à des vipères m'agressant sans cesse de leurs morsures vicelardes ou si je ne serais point plus aise que nous nous contentions de nous enlacer tendrement avec une douceur infinie. En fait, je suis aussi perdu à ce propos que sur ceux de mes tourments naturels face aux conséquences écrasantes de mon choix. Choix que je ne saurais jamais regretter cela dit qu'importe ou il pourrait me conduire. 

Je suis profondément dérouté par cette situation car je n'avais eu de cesse de me montrer assuré et arrogant dans toutes les circonstances de la vie depuis que j'étais adolescent. Ne me reconnaissant guère dans cet homme hésitant et craintif de l'avenir, je me félicite de parvenir à user de mes talents de courtisan pour rendre gloire à l'adage de feu mon seigneur de pater qui affirmait qu'un lord se devait d'apparaitre comme un roc pour ses gens en toutes situations qu'importe ses états d'âmes. Il eut été désastreux que mes partisans me voient ainsi quand bien même cela serait aussi compréhensible que faire se peut. Hélas, si leur chef se montrait aussi peu certain de leurs chances comment pourraient t'ils à leur tour supporter la terreur de l'échec et de son lot de fâcheuses conséquences ? Non, décidemment seule ma reine des fleurs pouvait avoir le privilège de me contempler dans un tel état de doute et de faiblesse honteuse. Sa proposition d'exil sécuritaire pour les miens m'émut tellement profondément que je dus réprimer un élan lacrymal. "Oh, ma dulcinée. Tu es un véritable ange tombée du ciel. Cependant, cela enverrait un très mauvais message à mes partisans potentiels. Sans compter que les Météores sont partisans de Mahée Allyrion et de l'empire. D'otages potentiels des Valyriens, ils deviendraient otages potentiels d'un autre empire. Non, ne t'en fais pas pour eux j'ai pris mes dispositions avant de prendre le maquis. Personne ne connait mieux les secrets de son fief qu'un membre de la maison régnante." 

Les réseaux troglodytes de la montagne sur laquelle était bâtie Spectremont étaient autant de cachettes indécelables pour des étrangers non membres de la maison alors des Valyriens n'ayant foulé Dorne que depuis quelques lunes... Ce rappel me remit du baume au coeur. "Je ne doute point de la valeur de mes soldats. Mais quand bien même, je n'ai pas besoin d'effectifs massifs pour mener une guérilla depuis le désert il me faudra bien plus que trente cavaliers. A dire vrai il m'en faudrait plusieurs milliers ma mie. J'ai fait ce qu'il faut pour rallier le plus de volontaires que possible. Nous verrons bien si cela porte ses fruits." Les caresses délicates empreintes d'une sincère affection de ma reine des fleurs sur les traits contrariés de mon visage couplées aux mots qu'elle prononce pour m'encourager finissent par faire effet. Le sillon dans mon dos glissant sur ma colonne pour atteindre mes reins est comme une promesse de paix certaine au milieu d'une guerre sale, brutale et sanglante qui s'annonce. Mais, c'est bien l'absence de doute comme de crainte affichée par ma lune qui atteint le but recherché par cette dernière. "Je te remercie sincèrement pour ces mots ma douce. C'est ce que j'avais besoin d'entendre." 

Sourire réconfortant. Baiser délicieux. Nos regards se croisent. Sa proposition d'assassinats ciblés me permet d'envisager tous les expédients auxquels j'allais certainement devoir recourir afin de parvenir à mes fins. Cependant, il est hors de question qu'elle s'expose autant. "Je ne doute pas de tes talents d'alchimiste mon aimée. Et ils ne te connaitront jamais car je ne t'enverrais jamais accomplir cela. Tu pourras préparer les poisons et l'un de mes agents sur le terrain se chargera d'exécuter la basse besogne. Je ne veux pas que tu souilles ta conscience ni que tu te mettes en danger." Mes lèvres se plaquent fougueusement sur les siennes avec vigueur alors que je saisis son visage entre mes mains. Puis, je me mets à déposer des baisers sur son visage avant de descendre dans sa nuque. "Tu as raison ma reine cependant je ne souhaite point dormir. Je préfère profiter de ta présence. Je pensais ne jamais te revoir. Quant au sommeil, je ne dors plus depuis quelques jours désormais. Les siestes en journée me permettent de récupérer. Mais si tu chantes qui sait ? Peut-ètre trouverai je le sommeil ?"

Jasmyne lui accorde tout le temps nécessaire pour qu'il confie la lourdeur qu'il a sur le cœur. La peine la prend de le voir ainsi mais elle le comprend également et est ravie de le voir enfin se confier à elle. L'amour c'est aussi partager ce genre de moments, elle lui demande de parler parce qu'elle l'aime et qu'elle refuse qu'il se sente seul dans ce combat là. Elle le soutiendra quoi qu'il arrive, désormais il a sa loyauté officielle, il lui aura fallut ployer le genoux, le front dans le sable mais cela aura été la meilleure décision de sa vie. Elle aidera le campement a bouger, elle a l'habitude de ce genre de chose. Jasmyne tente de proposer des solutions mais se sent légèrement honteuse de ne pas avoir prévu ce détail là concernant les météores. Pourtant ce n'est pas faute de lui avoir appris, mais la situation politique aux météores a beaucoup bougé ces derniers mois et elle n'est revenue qu'il y a quelques mois. L'architecture troglodyte peut en effet être un grand atout, tout comme Moran a selon elle l'avantage du terrain puisqu'il est Dornien. Elle essaye de trouver des petites choses afin de lui remonter le moral, des petits détails, n'y connait rien en stratégie, mais espère lui donner un souffle d'inspiration sur toutes les solutions qui peuvent se présenter à lui.

Le nombre de cavaliers peut aussi dépendre sur la façon dont il souhaite se saisir de cette affaire. S'il attaque en toute sournoiserie sur leur terrain il n'aura pas besoin d'une armée conséquente, mais pour cela, elle ne s'aventure pas a lui donner telle idée, n'étant clairement pas la mieux placée ni la professionnelle. Elle a foi en lui, elle espère qu'il retrouvera rapidement espoir...

« Ne me remercie pas mon amour, je le fais avec plaisir. Tu as tant de fois écouté mes tourments, aujourd'hui c'est  à moi de me montrer disponible pour toi. » Elle lui propose ainsi d'aller empoisonner qui il veut. Jasmyne n'a jamais donné directement la mort a quelqu'un, elle se contente de vendre ses poisons et ce que ses clients en font par la suite ne la concerne pas. Mais pour lui et s'il désire profiter du fait qu'elle ne soit l'enfant de personne, elle se porterait volontaire. Le cœur un peu tremblant certes mais le ferait sans la moindre hésitation. Moran tient cependant a préserver sa conscience et si cela doit avoir lieu, une autre personne irait a sa place. «Je comprends, ainsi je le réitère ainsi que je te l'ai dit pendant mon serment, tu me demandes ce que tu veux, je te prépare tout onguent ou poison dont tu désires faire usage. » Elle veut qu'il puisse se dire que c'est un atout, et qu'il a aussi un moyen de faire ça sans blesser ses hommes s'il le désire. Il l'embrasse fougueusement, Jasmyne prolonge ce baiser là, fermant les yeux au contact de ses lèvres, serrant un peu plus sa prise sur son corps pour le coller contre elle. Ses tourments ne s'en iront pas de si tôt, mais elle l'écoutera tant qu'il aura besoin d'une oreille attentive, si cela lui fait du bien alors elle en est la première heureuse. « Nous avons la vie devant nous désormais pour profiter l'un de l'autre, puisque je ne te quitterai plus mon soleil... » Elle caresse son front, glisse ses doigts dans ses boucles aux jolis reflets épicés et cuivrés. Elle se redresse pour se mettre sur le dos et l'invite a poser sa tête sur le haut de son buste, une main continuant d'entremêler ses doigts dans ses cheveux, l'autre retrace les contours de son visage. « Ferme les yeux mon amour. » Elle commence alors doucement a chanter...



Ses paroles d'une chanson de Dorne, elle les souffle avec sa douce voix, prend le temps de poser chaque mot afin de le bercer de ses paroles sans cesser les caresses douces qu'elle lui procure. Elle continue de chanter, tout en veillant a ce qu'il garde ses paupières closes et dans la volonté de le voir trouver le paisible sommeil qu'il mérite. Une nuit, juste une nuit de plein sommeil, pour lui permettre demain de se réveiller reposé, en forme et que renaisse son optimisme et sa détermination. Que les Sept veillent sur lui....

"Je te remercie ma douce car rien ne t'obligeait à venir partager mon destin. Surtout au regard du caractère funeste de celui-ci. Tu es plus que digne d'éloges." Sa loyauté a une saveur particulière à mes yeux car s'il est une chose de posséder celle d'hommes sous ses ordres en raison de l'ordre social c'en est bien une autre que de voir une jeune femme venir offrir la sienne de manière spontanée alors que rien ne l'y obligeait. Je m'interroge en mon for intérieur sur ma capacité à déclencher autant d'adhésion auprès de gens du peuple. Car, en dépit de la beauté de son ralliement à ma cause. Impossible de faire abstraction du fait que le lien amoureux nous liant pesait pour beaucoup dans ce choix. Parviendrais-je à susciter autant de ferveur et de soutien auprès du peuple de Dorne abattu, accablé, soumis, las et épuisé par toutes les tragédies successives ayant frappé la Principauté depuis le début de l'ère des luttes. Encore d'autres questionnements qui ne cesseraient de me torturer dans les jours à venir jusqu'à ce que mes actions conduisent à une réponse. Quoi qu'il en soit, son serment à ma personne autant qu'à ma maison me procure une fierté indicible car elle signifie que ma dulcinée croit en moi et perçoit quelque chose en moi digne de sacrifier bien des choses. "Je compte bien exploiter tes talents ma lune ne serait ce que parce que cela serait un véritable gâchis de ne point le faire tant tu es une femme exceptionnelle. Tu es d'ailleurs la première volontaire de ma rébellion. Un symbole qui me touche énormément ma compagne."  

L'union de nos lippes entérine avec autorité naturelle l'apaisement de mes troubles intérieures comme cela avait toujours été le cas en sa présence salvatrice. A l'instar d'un baume placé sur la plaie du spadassin trop téméraire, le contact charnu de ses lèvres contre les miennes représente un échappatoire implacable à mes tourments. D'une main soyeuse mais à la pogne ferme, ma douce nous rapproche lestement afin qu'il ne reste guère plus d'espace pour nous séparer. Un sourire de plénitude chasse les derniers vestiges de mes inquiétudes lorsqu'elle m'annonce notre attachement présentiel à compter de ce jour alors que ses doigts graciles caressent mon front avec affection non sans jouer avec mes boucles cuivrées. "Cela réjouit mon cœur au milieu de ces tortures morales et psychiques ma reine. Tu as tenu notre promesse et je te fais le serment de ne pas trahir cette promesse. Tu es le remède pour mon âme meurtrie." Puis, ma lune se redresse et m'invite d'un geste à poser mon chef sur sa poitrine. Je m'exécute avec docilité épuisé par ma lutte interne contre les démons de mes craintes et soupire d'aise devant ses caresses sur mes cheveux et mon visage. Mes paupières se closent suite à son injonction. Et j'apprécie la beauté envoutante de son timbre mélodieux et suave tandis qu'elle me berce de son chant de sirène. L'harmonie des rimes de cette chanson traditionnelle de nos contrées me pousse à céder du terrain face à la fatigue et je ne tarde pas à m'endormir dans cette délicieuse position. 

Hélas, par les genoux cagneux de l'Etranger ce havre de repos ne dure qu'un infime moment lorsque la voix de mon frère me tire de mon sommeil paisible. Ouvrant brusquement les yeux par réflexe, je grommelle dans ma barbe à propos des cadets indélicats et leurs manières de barbares d'outre détroit. Ce qui ne manque évidemment nullement de faire sourire le coupable. Un coupable absolument tout sauf gêné de découvrir son frère ainé dans son plus simple appareil en compagnie de sa dulcinée tout aussi peu vêtue. Milo Toland dans toute sa splendeur. Me redressant pour reprendre une posture plus altière, je contemple mon frère d'un air alarmé. Désignant mon sang d'un geste nonchalant de la main, j'entame les présentations d'usage. "Jasmyne ma douce. Je te présente Milo mon plus jeune frère. Ce rustre a trainé ses guètres en Essos voilà ce qui explique son absence de manières. Milo mon capitaine, je te présente..." 

Mon frère m'interrompt de bien cavalière façon comme d'habitude. "Voilà donc la fameuse Jasmyne dont tu nous bassines à longueur de journée. Cela dit sans offense dame Jasmyne. Je vous suis d'ailleurs grée d'avoir su tiré mon ainé de la tristesse dans laquelle il se morfondait suite à la perte de son épouse. Vous nous avez épargné bien des écueils." Levant les yeux au ciel face à cette attitude, je sens l'exaspération monter en moi par vagues successives comme des divisions martiales entrant en lice les unes après les autres. Mon cadet me connaissant par cœur se rendant compte de mon humeur délétère reprend finalement la parole. "Rien à signaler dans le périmètre mon prince. Les lieux sont surs. Mais, je précautionne que nous nous déplacions par prudence dès demain. Les hommes sont frais et dispos. Nous avons encore assez de réserves pour une semaine. Pas de nouvelles de nos missives pour le moment. Je voulais te soumettre une idée par ailleurs." Ce dernier jette un coup d'œil en direction de mon aimée et je me fends d'un haussement d'épaule explicite signifiant que je lui accorde toute ma confiance pour évoquer des informations délicates. Mon frère semble hésiter un instant avant de continuer. "Nous devrions tenter de rallier les montagnards de la vallée du nord." Je lisse ma sombre barbe sans cesser de fixer mon cadet. "Il s'agit d'une idée intéressante. Laisse moi la nuit pour y réflechir mon frère." Le Toland s'incline respectueusement avant de quitter les lieux d'un pas martial." 

Douces caresses qu'elle glisse dans ses beaux cheveux et sur son front, la marchande accompagne le sommeil de son aimé en chantant quelques douces paroles qu'elle lui dédie. Elle le voit ainsi abandonner et se laisse lentement tomber dans les bras de ses onirismes. Ebahie par sa beauté, elle ne se lasse pas de le regarder s'endormir, désire l'accompagner jusqu'à ce qu'il y soit complètement. Mais un bruit vient troubler ce silence apaisant alors qu'une entrée par surprise coupe court a ces instants.

Jasmyne soudainement surprise par cette apparition a le réflexe de recouvrir sa poitrine dénudée sur laquelle reposait la joue de son aimé avant qu'il ne soit lui aussi surpris ? En prenant place assise sur la couche conjugale elle voit l'homme entrer et même s'il n'a pas l'air menaçant elle pense pendant quelques secondes qu'il s'agit d'une attaque. Aucun de ses hommes n'a jamais pénétré leur intimité de la sorte, mais elle remarque rapidement qu'il n'y a pas de danger. Moran lui présente ainsi son frère, et Jasmyne garde le drap recouvrant son corps plus remonté sur son buste. Son aimé n'a pas le temps de faire les présentations que son frère parle déjà d'elle comme s'il la connaissait déjà. Alors il lui confie que son Prince du Désert la mentionne si souvent qu'il sait déjà a qui il a à faire. « Enchantée de faire votre connaissance également Milo... » Elle répond, un peu timidement, car troublée par la surprise, son cœur peine a se remettre du soudain galop de panique. Jasmyne observe Milo a l'éclat de la lumière douce des bougies, elle voit l'air de famille, assez amusée, se demande de qui Moran tient ses boucles cuivrées. Qui ressemble plus a la mère et qui ressemble plus au père. Ils ont l'air de bien s'entendre, ainsi Milo semble avoir toute la confiance de son aîné, il lui offre ainsi un rapport détaillé de sa mission.

Son frère sur le point de révéler quelques secrets, jette un regard en direction de Jasmyne mais Moran lui fait comprendre qu'elle a sa confiance. Un geste qui la touche, et pour ne pas les mettre dans l'embarras, elle fait mine de ne pas écouter et vient replacer l'oreiller de Moran, occupe ses mains et ne désire pas être sujet de discorde dans leur famille. Elle respectera la confidentialité s'il doit y en avoir une, ne l'aurait pas mal pris du tout si Moran préférait faire cela sans elle. Mais il le fait et elle se sent si honorée d'avoir telle confiance. Non pas qu'elle en doutait, mais pour des informations de la plus haute importance, l'occasion ne s'est jamais présentée. Maintenant qu'elle est là, ils sont en plein dedans et elle verra un autre visage de son aimé. Elle connait l'amoureux, elle ne connait pas encore le guerrier. Du moins pas de cette manière et une partie d'elle même est bien curieuse de le découvrir. Sans doute pourra t-elle poursuivre les quelques entrainements qu'il lui avait données pour savoir se défendre.

Jasmyne salue Milo quand il s'incline avant de s'en aller. Alors Jasmyne ramène ses genoux contre son buste et observe l'amour de sa vie dans son plus simple appareil. Il est beau ainsi nu sans souffrir de pudeur, elle ne peut s'empêcher de l'admirer quelques secondes. « Alors comme ça tu bassines tes proches avec ma personne ? » Elle demande, un sourire narquois sur les lèvres tandis qu'elle invite son aimé a la rejoindre de nouveau dans leur nid d'amour. « Ton frère et toi avez l'air proche, il a quelle position près de toi ? » Jasmyne ignore si elle a des frères et sœurs, elle ne le saura sans doute jamais. Elle pense que oui, elle devait être l'enfant de trop. Alors quand elle voit ainsi une entente fraternelle elle trouve ça réellement bien. Elle peut imaginer qu'ils se soient entrainés ensemble étant petits, où Moran plus vieux et plus expérimenté mettait surement des râclées a son petit frère. N'est ce pas comme ça entre les frères et sœurs ? « De qui tiens tu tes jolis reflets de cuivre dans tes belles boucles? Ta mère ou ton père ? » Maintenant les questions fusent les unes après les autres. Elle l'a souvent entendu parler de ses enfants, mais pas de ses parents ni de ses éventuels frères et sœurs, sauf Milo qu'il avait déjà dû évoquer puisqu'il a l'air d'être à son service.

Ma senestre passe machinalement sur ma barbe dans un mouvement instinctif comme si lisser cet amas hirsute de poils me permettait de régler tous mes problèmes d'un geste miraculeux ou du moins favorisait notablement ma concentration. Les mots de mon cadet indélicat résonnent en boucle dans mon esprit brumeux de la chape de sommeil qu'il avait du fuir malgré lui pour s'ancrer de nouveau dans cette sombre réalité étouffante tant en raison de l'aridité de l'environnent hostile à l'extérieur que la nasse camardeuse dans laquelle me plongeait mon affirmation politique. Mes yeux se closent d'eux même tandis que mes méninges se mettent à tourner mécaniquement. Une semaine de vivres certainement une de plus à condition de se rationner rigoureusement. Normal. Aucune nouvelle de mes lettres à mes alliés potentiels. Inquiétant. Un moral élevé chez nos hommes. Pour l'instant. Le périmètre est sécurisé. Nécessaire. Quitter néanmoins les lieux pour une autre position à l'aube. Obligatoire. Tenter de rallier les montagnards de nos terres. Audacieux. Mes prunelles contemplent de nouveau la pénombre ambiante à peine déchirée par le modeste brasero engoncé dans le sable au milieu de la tente. Puis, mon regard accroche celui admiratif de ma dulcinée. Le rappel évident de nudité me tort les entrailles tant elle apparait superbe qu'importe les circonstances. Mais, le fait que mon cadet l'ait entrevue dans pareille tenue ou absence de celle-ci me déclenche une furieuse envie d'aller me jeter sur ce dernier pour le talocher comme un sale gosse afin de lui inculquer quelques manières. Je lève les yeux au ciel avant de soupirer face au sourire narquois de ma douce. Par l'Etranger Milo ! Pourtant, j'éclate finalement de rire. "Me voilà démasqué ma lune. Il se pourrait que me languissant de ta présence délectable j'ai éventuellement à quelques reprises asticoter mes proches à ce sujet. Quand ma Jasmyne me reviendra t'elle ? Mon aimée s'est elle lassée de moi ? A quoi bon continuer de déguster ces pâtisseries si ce n'est avec elle. Pourquoi porter cette coupe de vin à mes lippes si mon cœur lui n'est que flaque de sang ?"

Me rapprochant finalement fatalement de nouveau de ma reine des fleurs, je me place derrière elle cette fois afin de l'enlacer par derrière. Cette position réveille en moi des instincts protecteurs et a le double avantage de me permettre de savourer son effluve délicat tout en réconfortant mon palpitant en chassant le souvenir sombre de cette année privée de sa divine personne. Mes lèvres se mettent à arpenter sa nuque avec application tandis que la jeune femme m'interroge sur la position de mon cadet auprès de moi. Je réfléchis l'espace d'un fugace instant afin de chercher la manière adéquate de répondre à cette question en apparence anodine et expéditive. "Eh bien. Ayant rejeté l'autorité des Valtigar suite à la mort de ma princesse et ne pouvant absolument point me résoudre à poser le genou devant les impériaux du nord et leur agent rebelle Mahée Allyrion, je me suis déclaré prétendant à la couronne princière. Ma maison est ancienne et vénérable. Elle a été la plus loyale à lignée Nymeros Martell depuis sa naissance. Mon cadet est le capitaine de mes armées. Armées ne comptant pour l'instant que la trentaine de cavaliers que tu as pu voir. Mais les Dieux aiment à éprouver la patience des hommes en fonction de la justesse de leur cause. Et la mienne est juste Dorne a bien trop souffert. Et mérite bien mieux que d'ètre le jouet d'un empire quel qu'il soit." Si, j'avais choisi Milo pour ce rang au lieu de ses ainés c'était parce qu'il était un combattant plus chevronné, un meneur d'hommes avec plus de poigne et un tacticien plus consommé en vertu de son expérience de mercenaire en Essos. La question suivante de ma lune s'avère un brin moins politique et par conséquent plus aisée à se voir apporter une réponse. J'esquisse un sourire amusé devant la lueur d'intérêt dans ses yeux face à une chose m'apparaissant comme triviale mais lui tenant visiblement à cœur. "Je tiens ce cuivre capillaire de ma mère Asharra. Milo lui tient de feu notre pater pour ses longues mèches ébènes. C'est elle qui est châtain. D'autres questions mon aimée ? Parle moi un peu de ta famille ? Je ne t'ai jamais demandé combien tu avais de frères et de sœurs ? Que font ils ?"

Milo les laisse dan sleur intimité après cette soudaine entrée. Jasmyne dans sa nudité soudainement timide garde fermement le drap contre sa poitrine. Elle a appris qu'il s'était langui d'elle a en bassiner les oreilles de ses proches, un détail qui lui fait fondre le cœur. Elle sourit, touchée, il lui explique alors que cela est bien vrai et qu'il n'a cessé de parler d'elle. Attendrie presque aux larmes. « Mon amour, je t'ai fait tant souffrir... » Elle l'invite a la rejoindre, ce genre de questionnement là il n'aura plus lieu de les avoir puisque désormais elle reste a ses côtés.

Moran la rejoint dans la couche conjugale, tandis que Jasmyne reprend confortablement place, c'est dans son dos qu'il se glisse. La jeune femme colle la silhouette féminine contre le dos de son aimé, toujours électrisée par le contact de sa peau nue. Mais elle aime ainsi le sentir sans la moindre obstacle textile. Un soupir de bien être passe ses lèvres, et elle se sent transportée par les doux baisers qu'il sème sur sa nuque. Jasmyne lui prend le bras pour qu'il l'entour, qu'il la tienne fermement de sa silhouette protectrice et masculine. Il lui parle ainsi du conflit actuel tout en déclarant qu'il est prétendant a la couronne. Elle l'ignorait, mais elle comprend et elle lui donne raison, cela le mettra donc au rang de roi ? Jasmyne est admirative de son ambition et de sa détermination, il ne lui émet aucun doute, il y arrivera. « Tu le mérites mon aimé. Tu feras un merveilleux monarque» Elle murmure, tandis qu'il poursuit et lui parle du positionnement de son frère cadet. Il se soucie réellement du sort de Dorne et pour ça elle ne peut qu'appuyer un peu plus son allégeance. Moran ferait un monarque remarquable et dont la justesse et la fermeté pourrait bien être ce dont Dorne a besoin. Se pourrait il qu'il parvienne a l'unifier pour débarrasser leurs terres des envahisseurs ?

L'avenir le leur dira, en attendant, trêves de discussions politiques qui avaient déjà mené son aimé a une insomnie redoutable. Alors elle choiti un sujet plus léger, s'intéresse a sa famille et ainsi découvre qu'il tient les magnifiques reflets épicés de sa chevelure a sa mère. Que son frère tient de feu son père. Elle se demande a quoi ressemblent ses parents, a quoi ressemblait son père. Peut être qu'un jour elle rencontrera sa mère et ses autres frères et sœurs en plus de ses enfants. L'aspect familial a l'air d'être une valeur importante chez lui, elle trouve ça très attendrissant. Jasmyne ne s'attendait cependant pas a ce qu'il lui retourne la question. Alors dans sa tête survient l'image du désert. Il n'y a pas de visages, il n'y a pas de noms qui lui viennent a l'esprit. Ou...Si, il y en a bien un. Jasmyne rajuste sa position, venant un peu plus coller sa silhouette contre la sienne a la recherche de réconfort et de courage pour passer le cap de cette discussion. Elle n'en a jamais réellement parlé avec lui, ni même avec personne. Jasmyne serre un peu plus son avant bras contre son buste et se pince les lèvres. Par où commencer ? « Et bien de famille je n'en ai point mon aimé...Je ne connais ni ma mère, ni mon père ni ma fratrie si toutefois j'en possède une. » Elle refait le point sur ce qu'elle sait de son identité, il n'y a rien a part ce qu'elle a elle même construit. « J'ai été abandonnée sur le parvis d'une maison d'un Lord des météores. Le doyen domestique ayant été dépêché pour se débarrasser du nourrisson que j'étais n'a pas pu s'y résoudre et m'a cachée dans leur maison afin de faire en sorte que je survive. » Pour autant il n'y avait pas de relation père fille avec lui, il la nourrissait, le reste du temps il ne parlait pas. « On estime le jour de ma naissance a ce moment là car j'étais si petite que l'on aurait dit que je sortais du ventre de ma mère. » Elle n'a pas pleuré, comme si d'instinct elle savait qu'elle devait rester silencieuse pour une question de survie.

« Quand l'homme qui m'a sauvée est mort je devais être âgée de six ans, ainsi les autres domestiques m'ont chassée de la maison et je me suis retrouvée a mendier et a voler avec les autres orphelins des météores. » Cela a été une période très rude et difficile, car confrontée si jeune a l'injustice, il y a bien des fois où elle aurait voulu se faire dévorer par les chiens errants. « Je n'ai pas de prénom en réalité, je me suis nommée Jasmyne quelques années plus tard. » Un prénom qui lui parle, qui lui a donné bien du courage. « Mais je ne suis pas triste, car cela m'a permis de croiser ta route. Désormais ma famille c'est toi. » Quand elle parle de ça, lui revient un détail...Si elle a toujours cru ne pas être désirée par sa famille, ou ne pas être aimée par celle ci, se seraient ils vraiment tournés vers la maison d'un Lord dans l'espoir d'une adoption ? Ou bien est elle le fruit d'un adultère non assumé entre une lady et un soupirant de plus basse caste? Elle réalise que s'ils ne l'avaient pas aimée, ils l'auraient simplement laissée mourir.

La remarque de ma fleur du désert quant à mon ambition de me hisser à la tète de la Principauté afin de la faire renaitre de ses cendres fumantes me touche profondément. Tant parce que le fait que je le mérite à ses yeux me flatte autant qu'il me rassure sur ma capacité à faire naitre cette adhésion chez d'autres jeunes femmes et d'autres jeunes hommes déterminés à œuvrer avec moi quel que soit leur origine ou leur statut social afin de rendre à notre patrie sa gloire, sa fierté et sa prospérité. Que parce qu'elle considère que je ferais un excellent dirigeant pour notre pays. Les mauvaises langues affirmeraient bien vite de leurs sombres intentions que cette réponse s'avérait aussi évidente que logique au regard de la passion impétueuse nous liant. Cependant, ces serpents à face d'hommes devraient s'aviser du fait que gouverner n'est pas tant un service gracieux qu'un mouvement permanent qu'il fallait épouser de manière opportune afin de faire coïncider les intérêts parfois divergents d'une multitude de gens. C'était justement parce qu'elle me connaissait intimement que ma lune adorée représentait la plus perspicace juge de mes capacités de prince potentiel. 

Le sujet suivant bien plus léger me permet de constater à quel point l'intérêt que me porte ma dulcinée est sincère tant elle se demande tellement de choses anodines à mes yeux à mon sujet. Des teintes de cheveux de mes parents à ma ressemblance avec ma mère soit autant de questions m'apparaissant comme parfaitement triviales mais qui pour elle revêtait une curiosité logique. Je trouve cet attrait pour ma famille et ma personne particulièrement touchante et me promets de lui rendre cette attention en cherchant à tout savoir des siens ainsi que de son histoire personnelle. Car aussi surprenant que cela puisse paraitre je ne connaissais pas grand chose du passé de ma rose des sables. Mais avant cela, je l'enlace par derrière et me plaque amoureusement dans son dos pour savourer les retrouvailles de nos épidermes s'étant vu séparés par la fraternelle intervention. Instantanément, son parfum m'envoute et je me mets à jouer avec ses mèches de cheveux tandis que mon bras droit reste fermement enserré autour de sa taille ravissante. Mes lèvres ne tardent pas à chercher le chemin de sa nuque de manière instinctive tandis que je l'interroge sur sa propre famille.

Aussitot, je sens que quelque chose ne va pas en la sentant se crisper et se tendre contre moi. Sa prise sur mon avant bras se renforce avec fermeté comme si elle tentait d'évacuer son anxiété par ce biais. Je comprends que ses révélations vont s'avérer douloureuses pour moi et pénibles pour elle. Alors, je cesse de jouer avec ses cheveux et dépose mon menton sur son épaule de dextre avant de la laisser se confier sans l'interrompre à aucun moment. Mon coeur se fige à l'écoute de sa jeunesse compliquée. Je plonge dans un abime de tristesse profonde alors que j'imagine tout ce par quoi mon aimée a du passée. Et un soupir s'échappe lentement de ma gorge face à l'horreur d'une vie sans repères ni soutiens pour une enfant aussi jeune. Saisissant délicatement le visage de ma compagne, je la force à me regarder avant de planter mes yeux dans les siens. "Je n'ai pas les mots pour décrire à quel point je suis fier de toi ma douce. Je t'assure que je suis sans voix. Si tu possédais d'ores et déjà toute mon estime et mon admiration pour tout tes accomplissements. A présent, je suis carrément fanatiquement fasciné par la jeune femme que tu es. Tu as su dépasser ce drame pour devenir une merveilleuse jeune femme capable, aimant la vie, intelligente, brillante et bien éduquée. Ce que tu es tu ne le dois à personne contrairement à moi qui suis tributaire de mon nom, mon sang et ma maison. Tu es une héroïne. Nombre de jeunes malheureux devraient prendre exemple sur toi. Je souhaiterais aller me recueillir sur la tombe de ce brave homme un jour. Il t'a sauvé et pour cela j'ai une dette envers lui bien que posthume. Jasmyne te va bien. Ce prénom est fait pour toi. Et je vais me montrer digne de l'ètre. Allez viens ici." 

Retournant doucement la jeune femme, je l'installe délicatement sur mes genoux afin que ses jambes ceinturent ma taille avant de la contempler d'un air adorateur. Puis, je l'embrasse tendrement avec une pudeur extrême comme s'il s'agissait de notre premier baiser alors que ce dernier pouvait bien s'avérer le dix millièmes de notre existence commune. Mes mains caressent ensuite ses joues avec une dévotion presque religieuse comme si je découvrais le contact de sa peau. Avant de l'enlacer en positionnant sa tète contre mon épaule comme si je cherchais à la consoler pour une injustice lointaine qui au final avait contribuée à la rendre aussi forte et brave que le plus endurci de mes soldats. Une fois dans cette étreinte, je prends le temps de me concentrer afin de composer des vers. "A quoi bon continuer de vivre mon aimée ? Si ta présence n'est pas là pour l'embellir. A quoi bon te continuer de respirer. Si cet air n'est pas chargé de ton effluve. A quoi bon continuer de penser. Si tu n'es pas là pour occuper mon esprit. O mon aimée, qu'est qu'une existence privée de toi. Un long chemin vide de tout espoir. Car, de cette histoire tu es le décor. O mon aimée. Pourquoi continuerai-je de boire ce vin si doux quand mon coeur privé de toi n'est que gorgé de sang ? A quoi bon jouir des bienfaits d'une errance sans fin ? Si ton souvenir n'est qu'une esquisse du bonheur que tu étais." 

Que ferait elle s'il devenait Prince ? Elle resterait avec lui comme elle l'a promis, elle continuerait de le soutenir. Cette position là pourrait bien creuser encore un écart avec leurs rangs, pourtant elle l'aime, elle ferait tout pour lui. Si c'est ce qu'il veut alors elle l'aidera au mieux possible et lui restera loyale, fidèle. Mais un homme comme lui a la tête de Dorne,elle aimerait beaucoup ; car il est humble, empathique, il est protecteur. Elle est certaine qu'il est avec elle comme il pourrait être avec le peuple Dornien et cela pourrait éviter bien des situations. Elle lui sourit, même si un peu triste parce que cela pourrait encore mettre de la difficulté dans leur relation, s'il la revendiqué il a pris cette décision au sérieux et quelles que soient ses décisions elle sait qu'elles seront les meilleures. Elle s'intéresse a sa généalogie, a son hérédité. Sa mère doit être une femme magnifique, et son père nul doute que c'était un homme bon s'il a élevé un homme comme Moran.


Quand il lui demande de lui raconter à son tour, Jasmyne n'a pas peur de lui faire la confidence, elle a confiance en lui. Elle sait tout simplement que ce sont des choses qu'elle n'a jamais réellement posées à l'oral, personne ne lui a demandé ce genre de chose. Alors mettre un mot sur ses difficultés est un exercice assez compliqué. Elle lui évite le récit de la famine, elle lui évite toutes les fois où elle s'est fait battre, où elle a manqué de se faire tuer par des soldats alors qu'elle cherchait tout simplement a se nourrir. Elle n'est sans doute pas la plus malheureuse, mais n'a pas envie de lui imposer cela, il pourra deviner lui même que livrée a elle même a six ans ça n'a pas été facile. Elle parle de sa naissance, de son prénom inexistant, de l'homme qui l'a sauvé et des orphelins. A mesure que sa voix lui conte ces détails de sa vie, elle sent la prise de son aimé se serrer autour d'elle. Ses baisers l'encouragent, elle se confie sans crainte. Quand elle termine de délicates mains attirent son visage afin de lui montrer l'expression sincère de ses magnifiques prunelles quand il lui fait part de son admiration pour être passée au travers la tempête et être devennue ce qu'elle est. Jasmyne mesure sa chance, elle était certaine de finir dans un bordel. Ses mots la touchent, il peut voir son sourire s'élargir, presque émue aux larmes. « J'ai été bénie par les Sept. Si je n'avais pas de patrie, j'ai toujours eu la foi » Elle murmure, elle pense qu'en la prière elle a trouvé le remède pour s'en sortir.

Jasmyne se laisse aller quand il l'installe sur ses genoux. Elle l'enlace de ses bras, ses cuisses venant ceinturer sa taille. Le contact charnel lui fait grand bien après ses confidences, son cœur s'est allégé maintenant qu'il connait son passé. Il ne l'a pas jugée, pourtant elle est née dans la poussière et ils ne sont pas du même monde. Moran l'aime sans détour, sans jugement, qu'importe sa famille et son passé. Son cœur ému bat légèrement plus vite, elle se sent si bien avec lui. Ils s'embrassent lentement, avec une délicatesse aussi pure qu'un premier baiser. Ses mains caressent son beau visage. Sa tête se pose sur son épaule et dans son cou son nez se niche. Elle respire doucement, s'imprègne de son parfum. Tant amoureuse de cet homme merveilleux qu'il est...Son aimé murmure un doux poème dont elle sait qu'il lui est dédié, dont elle sait qu'il parle d'elle. Elle l'écoute tout en caressant sa peau du bout de ses doigts, ses oreilles ravies d'entendre de bien belles phrases en son honneur, elle garde le contact visuel, il peut voir le regard humidifié et touché de la jeune femme. Elle soupire lentement de bonheur quand son poème se termine, celui qui tenait son cœur dans une étreinte émotionnelle forte. Dans son cou elle dépose des baisers délicats et amoureux, son cœur continue de battre la chamade contre le sien.

« Je suis chanceuse de t'avoir mon amour...Merci pour ces mots qui me touchent au plus profond de mon être....Les Sept m'ont bénie en te mettant sur mon chemin et tu sais, ton existence a mes côtés a aussi été source de motivation pour moi d'avancer, d'essayer plus fort encore. » Elle redresse la tête pour avoir son regard ancré dans le sien. Un regard doux et amoureux.  « Je désire tellement te rendre fier, te combler. » Ils ne sonrt pas avares en déclarations amoureuses, mais ce sont des choses qui sont agréables a entendre, qui permettent d'effacer les troubles juste le temps d'en savourer le miel. Ses lèvres reprennent possession des siennes, elle le caline et se blotti un peu plus contre lui. Longuement la Dornienne prend le temps de savourer le goût et la texture de ses lippes tant aimées. Cela lui donne l'impression d'être dans l'un de ses doux songes, pourtant c'est bel et bien la réalité.

Mes prunelles claires dans celles sombres de mon astre favori témoignent silencieusement mais non moins profondément de toute l'étendue de ma compassion, ma fierté, ma sollicitude, ma rancœur envers ceux l'ayant délaissé à l'aube même de son existence mais également de tout l'amour que je ressens pour elle. Un amour qui ne pouvait que se renforcer face à l'aveu tragique d'une vie de combattante digne d'une fille du soleil n'ayant guère été dotée des cartes les plus avantageuses lors de la distribution hasardeuse par les Sept. Je souhaite par ce contact visuel lui faire passer toute l'ardeur de la douceur de ma tendresse à son encontre tout en me passant du moindre mot ou du moins en tentant d'en prononcer le moins possible en raison du fait que bien que parfois sublimant ces derniers s'avéraient également souvent bien creux et vulgaires en certaines circonstances. Or, les circonstances présentes correspondaient pleinement à ce constat selon moi. Raison pour laquelle, je me contente de la choyer physiquement afin de dépasser les élans verbeux par des contacts charnels plus intimes et donc plus sincères. L'adoration coutumière ressentie pour sa personne lors de nos retrouvailles luit littéralement dans mon regard alors qu'elle achève de se confier. 

Nul besoin pour elle de se lancer dans des tirades sans fin au sujet de cette terrible enfance car tout le monde connait d'ores et déjà le quotidien misérablement miséreux d'un orphelin des rues. Il y en a hélas dans la plupart des cités de ce vaste monde et leurs vies semblent toutes similaires dans le malheur. Je n'aurais qu'à me remémorer ces tristes marmots pour me figurer ce par quoi était passée ma tendre moitié. Mais, je m'en abstiens afin de ne point déclencher une vague de colère en moi face à cette injustice du destin préférant me focaliser sur la réussite éclatante de ma reine des fleurs qui avait su s'élever seule malgré les difficultés de sa situation. Seule ? Pas tout à fait car comme le souligne ma dulcinée, les Dieux l'avaient pris en affection pour lui permettre de prendre une superbe revanche sur la vie. Je peux déceler sur son minois ravissant l'émotion provoquée par mes paroles ainsi que l'élargissement solaire de son sourire. Sa réflexion sur nos Dieux ne fait que renforcer mon amour pour elle. Car, rien n'est plus agréable à un fervent croyant que de constater la piété dans une ame aimée. “Bien des gens auraient pu se détourner des Dieux en raison de pareille injustice mais toi bien au contraire tu ne les révère que davantage au vu de la grace qu'ils t'ont fait de te permettre de dépasser cette condition Tu es une femme exceptionnelle ma douce. Si tu savais à quel point je suis honoré de t'avoir à mes cotés.” 

Souhaitant la réconforter je lui dédie un poème auquel je réfléchissais depuis des lunes à présent inspiré par son absence vagabonde. Notre position en lotus me permet de lire l'émotion dans ses grands yeux farouches à présent un brin humides. Tandis que je murmure mon poétique présent à sa gloire ses doigts fuselés me caressent tendrement le visage. Le poids de sa tète sur mon épaule est telle une bénédiction pour moi et j'apprécie pleinement ce dernier à sa juste valeur. Je savoure à leur juste valeur les mouvements délicats de ses mains sur mes traits burinés. Le soupir de félicité qui accueille la fin de mon ode à ma muse et compagne me tire une intense satisfaction tandis que j'entends la course folle de son cœur en tendant l'oreille. 

“Ces mots c'est toi qui me les a inspiré ma tendre fleur. Et nulle autre femme que toi n'eut pu le faire. Je ne suis qu'un modeste poète cherchant à consoler son amour. Je suis profondément honoré de l'apprendre ma lune. Si, j'ai pu être une source de motivation pour toi alors ma félicité est encore plus grande que ce qu'elle n'était déjà. Quant aux Sept, disons qu'ils nous ont offerts un magnifique présent en nous plaçant sur le chemin l'un de l'autre.” Ma dulcinée se redresse lentement afin de capter mon regard du sien. La douce tendresse d'une passion pure est décelable en son sein. “Tu me combles déjà de tout. Je suis tel un époux béni des Dieux d'une pareille chance. Quant à me rendre fier c'est également le cas, tu es devenue une grande marchande de la Principauté et une jeune femme accomplie. Je ne saurais être plus fier ma reine. Tu as rejoint ma rébellion dès son déclenchement manifestant là un courage sans égal. La fierté menace de m'étouffer Jasmyne.” Délaissant un instant le champ verbal afin de savourer ces instants bénis non sans continuer d'éclaircir les pensées de ma beauté fleurie je m'abandonne à la passion dévorante de cette exploration dont nous ne saurions jamais nous lasser. O grand jamais ! Je pourrais l'embrasser ainsi durant des heures jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Nous séparant afin de reprendre nos souffles respectifs, je plonge un regard sérieux dans le sien. “Si tu voulais davantage me combler ma mie tu me donnerais un enfant.” 

Le doux parfum de sa peau lui chatouille les narines, provoquent des sensations uniques qui remontent son échine. Elle aime son odeur naturelle, elle la reconnaitrait entre toutes et s'emplit toujours les poumons de longues inspirations quand elle a le nez niché dans son cou. Elle lui a raconté son histoire, sans peur, il l'a écoutée avec attention et l'a félicitée pour le chemin parcouru. Jasmyne n'a jamais eu pour habitude de se morfondre ou de regarder en arrière. Aujourd'hui elle passe le regard par dessus son épaule pour constater son évolution depuis la toute première fois. Elle a retiré ses œillères ; maintenant elle sait qui elle est, elle sait d'où elle vient. Qu'importe qu'elle soit enfant de bonne famille ou enfant du peuple, elle est Jasmyne, une femme qui n'a jamais baissé les bras malgré les difficultés, qui a gardé la foi et qui a cru en ses rêves.

Entendre son aimé dire qu'il est fier d'elle et qu'il est honoré de l'avoir a ses côtés l'aide a se rendre compte qu'elle aussi devrait être satisfaite de sa vie. Et qu'elle doit porter son histoire sans honte, tout comme chaque fief a la sienne. Il lui récite un poème de sa main, en son honneur, qu'elle écoute et apprécie tout en ayant le cœur serré d'émotion. Son bel amant est habile de ses mots, chacun d'entre eux semble avoir une dimension supplémentaire, comme si ces derniers résonnaient dans son esprit. Jasmyne aime entendre ses poèmes, admirative de quelle façon il sait manipuler les mots pour en faire quelque chose de très artistique. Sa sensibilité la touche, et la rend d'autant plus amoureuse qu'elle ne l'est déjà. Est ce seulement possible ? Blottie au creux de ses bras elle caresse le haut de sa colonne vertébrale du bout de ses doigts, savoure le contact de la pulpe de ses doigts avec son épiderme soyeux. « Parce que je crois en toi, parce que je désire être près de toi pour veiller sur toi et pour t'apporter tout le soutien nécessaire à ta cause, mon amour...Mon serment d'allégeance était le plus sincère et je suis heureuse de l'avoir fait ! Je te dois cela, parce que tu as donné un sens a ma vie. » Sa rencontre a changé bien des choses, a rendu sa vie moins morne. Elle se souvient de quelle manière le souffle de l'amour est arrivé sur son cœur. Et elle l'a entendu battre la chamade sur ce cavalier perché sur sa monture qui observait son petit étalage, intrigué.  Toute sa vie elle se souviendra de leur rencontre et de leurs premiers émois ensemble. Ils terminent cette discussion là par un long, lent et tendre baiser. Leurs corps enlacés, ils se délectent en toute simplicité de ces instants de tendresse. Leurs cœurs ainsi s'expriment, l'écho des battements l'un dans l'autre, jusqu'à libérer leurs lèvres pour reprendre leurs souffles.


Ses yeux s'arrondissent légèrement, alors que sa révélation de l'élu de sa vie trouble son cœur, augmente sensiblement la cadence. Ses pommettes rosissent - touchée, intimidée, heureuse. Elle a toujours rêvé de devenir mère, elle pensait que pour lui avec tous ses enfants il n'en aurait plus envie. Mais là c'est une surprise de taille et elle s'imagine le ventre arrondi, couvant leur progéniture, tandis que l'enfant grandirait dans l'amour et qu'elle lui donnerait tout ce qu'elle n'a pas eu. Son front se pose contre le sien, peut être que maintenant qu'ils vont rester tout le temps ensemble, l'heureux événement finira par arriver ?« Ce serait un honneur pour moi de devenir mère grâce à toi, mon amour....Je porterai tes enfants avec plaisir. » Un sourire presque timide, elle revient lui voler un baiser, savoure encore le goût de ses lèvres contre les siennes. C'est un sujet assez sérieux, mais elle n'a jamais été effrayée a l'idée de porter son enfant, si cela avait dû arriver elle l'aurait bien évidemment mis au courant et aurait chéri cet enfant. Tous ces qu'ils pourraient potentiellement avoir de toute manière seront chéris et aimés. Est ce que le contexte actuel rendrait ça raisonnable ? Elle a conscience d'être devenu un sujet d'inquiétude pour lui juste par le fait d'être ici. Elle ne désire pas que cela double avec un enfant et que ça puisse de trop le distraire....hélas ce sont de ces choses là qui ne préviennent pas bien qu'elle connaisse son cycle de fertilité. Les dieux lui permettront une grossesse quand ils l'auront décidé et elle sait qu'elle restera volontaire et féroce. « Excuse moi, je ne m'y attendais pas.. » Elle demande pardon parce que son visage a viré au rouge, et que l'émotion lui prend le cœur en otage.  Elle sourit, un très large sourire, les étoiles dans les yeux. « Je pensais qu'avec tes cinq enfants tu n'aurais pas telles envies même avec moi. »

Juché sur mon palefroi aussi nerveux qu'impétueux, je dois faire montre d'autorité afin de le maintenir dans le droit chemin. Céleste est un étalon dans la fleur de l'âge aussi ce dernier supporte mal la monte de cavaliers novices incapables de lui imposer leur volonté. Cependant, pour le centaure que je suis cela n'est qu'une infime formalité. Flattant l'encolure immaculé de mon compagnon équestre, je souris à une plaisanterie de Milo tandis que Nymor pousse un soupir désabusé face à la rudesse verbale de notre cadet tout juste de retour d'Essos. Nous sommes venu présenter nos respects au seigneur des Météores. Mais également profiter de l'halte afin de nous détendre bien loin de nos terres natales. Pour ma part, je compte défier une fois de plus l'Epée du matin dans un duel amical afin de tenter de lui ravir le titre de meilleur épéiste de Dorne. Nous chevauchons ainsi au pas encadrés de nos chevaliers et d'un porte étendard au milieu de la cité lorsque parvenus au marché, je croise le regard d'une superbe jeune femme. 

Mon souffle se coupe face à pareille beauté et je stoppe ma monture aventureuse d'un geste ferme afin de pouvoir la contempler dans son ouvrage. Mes cadets cherchent à comprendre mon immobilisme soudain et me taquine sans aménité. Quelle beauté ! Par les Sept ! Il me faut aller lui parler. Donnant l'ordre à ma suite de me précéder dans la forteresse amie, je m'attarde un long moment à l'observer travailler de ses mains lestes. Un étal recouvert de produits s'apparentant à des parfums et des onguents me sépare d'elle. Le besoin impérieux de la courtiser s'impose à moi et je m'excuse silencieusement envers Ellayna mon épouse décédée avant de talonner les flancs de Céleste. Ses prunelles de jais se fixent finalement dans les miennes alors que je mets pied à terre et m'approche d'un pas paisible avant de l'interroger sur son activité. 

...

La douceur de sa caresse le long de mon échine me pousse à déposer un baiser sur son épaule dénudée. Le gout de son épiderme finement halé par ses pérégrinations sous le soleil infernal de notre contrée est semblable à celui du miel le plus divin qui soit. Sa remarque vient me faire littéralement fondre et je peine à masquer l'émoi que cette déclaration provoque en moi. Je lève donc les yeux au ciel par réflexe mais je sais qu'elle n'est pas dupe de cette réaction résolument masculine que j'affichais chaque fois que mes sentiments se dévoilaient de manière trop prégnantes à mes yeux. "Si j'ai donné un sens à ta vie. Toi tu as sauvée la mienne de la noyade dans la mélancolie et des affres de la tristesse ma douce. Tu ne peux pas savoir à quel point ce serment m'honore. Je sais que tu ne le trahiras jamais. Et je suis fier d'aimer à la folie une jeune femme si brave. Ton amour est ce qui me transcende à faire ce qui est juste. Tu es une membre du peuple et c'est pour le peuple que je souhaite redresser la situation de notre contrée. Je sais que tu me seconderas merveilleusement dans cette tache." 

Une chevauchée lippue nous laissant essoufflés face à face plus tard, je lui révèle le fond de ma pensée quant à la félicité suprême qu'elle pourrait m'apporter. Je peux presque deviner l'emballement fol de son rythme cardiaque alors que son visage se pare d'une expression de surprise pure. Je ne parviens pas à analyser tout le tourbillon d'émotions qui se déverse à travers ses prunelles. Ses adorables pommettes rosissent sous le choc de ma demande tandis que je maintiens mon visage parfaitement sérieux afin de lui faire comprendre que je ne saurais être plus déterminé. Nos fronts se plaquent l'un contre l'autre avant qu'elle ne me souffle une réponse favorable. "Et ce serait un honneur pour moi que tu les portes ma reine." A son sourire timide, j'oppose un sourire radieux. Ses lèvres viennent de nouveau me dérober un tendre baiser avant qu'elle ne se perde un instant dans ses pensées fort logiques au vu de ce sujet aussi important qu'épineux. 

"Pourquoi t'excuses tu ma lune ? Je comprends aisément ta surprise. Il est vrai que ma lignée est déjà assurée. Cependant, l'avenir étant si incertain à présent. Je ne saurais quitter ce monde sans avoir laissé une trace de la puissance de notre amour en ce bas monde. Cela me fendrait le cœur si je venais à disparaitre au cours de ma lutte. Et puis a t'on jamais trop d'enfants ma mie ? As tu déjà des prénoms en tète ? Il faudrait quelque chose de princier. Nymeria si c'est une fille en hommage à ma douce amie. Et Nymeros si c'est un garcon." 

Les instants sont précieux, ceux là font parti de ses favoris quand dans leur plus simple appareil ils se câlinent et parlent ainsi pendant de longues heures, le tout ponctué par de doux baisers. Cela amplifie la symbiose de leurs corps et de leurs âmes, et lui montre a quel point elle se sent en confiance ainsi da ns la plus crue de ses formes. Elle ne lui cache rien, parle avec le cœur, les yeux dans les yeux et de déclarations enflammées ils passent parfois sur des sujets plus sérieux. Son aimé n'arrivait point à dormir, alors ils passeront cette nuit à refaire le monde. Dans leur palais au milieu du désert, qu'importe sa forme, elle se sent riche de leur relation. Il lui apporte tellement. Jasmyne est heureuse de voir que l'avoir rejoint lui fait plaisir, c'était un sujet de réflexion sur son retour de Dorne, la lettre envoyée n'a fait qu'accélérer le processus. La marchande aurait fini par ployer le genou devant lui pour lui promettre loyauté et allégeance. Désormais il est son seigneur et une nouvelle page de leur histoire débute. Une page où sa vie sera tout aussi mouvementée par les événements qu'elle sera plus tranquille puisqu'elle ne sera plus livrée a elle-même.

Elle aidera comme elle le peut, soignera ceux qui sont dans le besoin, lui sera un soutient moral et confectionnera les poisons les plus redoutables de Dorne. Ses doigts caressent son visage, glissent dans sa barbe fournie, ses lèvres viennent embrasser leurs jumelles, doucement, longuement. Il lui réchauffe le ventre, lui fait frissonner l'échine de la plus douce des façons. Elle est touchée par ses mots, se souvient que malgré les sourires qu'il lui donnait, il y avait une tristesse incommensurable. Jamais il n'oubliera sa défunte épouse et elle ne la remplacera jamais. Jasmyne ne veut pas avoir ce rôle là, cette femme incroyable a participé a faire de lui ce qu'il est aujourd'hui et pour cela elle lui sera a jamais reconnaissante. Il lui est arrivé de prier pour elle, de lui promettre qu'elle prend soin de lui. Elle espère que dans le royaume des dieux, elle a béni cette union qu'est la leur. Les baisers reprennent, avec sensualité, avec une dévotion unique. Le sujet de l'enfant vient pour la première fois se glisser dans leurs papotages amoureux, troublant la marchande qui s'imagine avoir cet honneur là. Elle l'avait espéré sans l'exiger et découvre que malgré sa lignée, l'idée d'en avoir avec elle lui conviendrait aussi. Elle espère alors en être capable, avoir le ventre assez fertile pour lui et bien assez confortable pour y abriter la vie. « Pas encore mais je pense que des prénoms de plantes me seraient venus ou bien le prénom de ta mère ou de ton père. » Elle réfléchit, pour les prénoms et Moran désire alors rendre hommage a son amie disparue, idée qu'elle acquiesce sans hésitation.


« Cela me convient, Nymeria ou Nymeros... » Elle se mordille les lèvres dans son large sourire. Leurs deux front collés elle baisse les yeux sur son ventre nu et l'imagine s'arrondir par la magie de leur amour. La désirerait il toujours aussi fort avec ce petit plus issu de leur amour ? Ses mains se posent dessus, la sensation doit être plaisante, elle arrive a se projeter et se sent prête a franchir le pas si jamais cela doit arriver au résultat de leurs nuitées amoureuses. « Saurais je être une bonne mère ? Toi qui a l'expérience, penses tu que ma personnalité colle avec un devoir maternel ? » Elle sait s'occuper de très jeunes enfants, elle est douce et attentive, elle prend soin de son prochain. Mais s'occuper ponctuellement un enfant et en élever un ce n'est pas la même chose et là dessus elle sait qu'elle apprendra beaucoup de lui, elle aura sans doute tout un tas de questions a poser le jour où cela lui arrivera, tant pendant la grossesse que quand ils élèveront cet enfant. Elle voudrait que leurs enfants ne manquent de rien, qu'ils aient l'esprit libre et qu'ils parviennent a trouver appui sur elle ou sur leur père. Des lignes droites et justes afin de pouvoir s'exprimer et s'épanouir....C'est comme ça qu'elle aurait imaginé sa parfaite enfance, mais ne jamais les laisser connaître la sensation d'abandon parental. Et si les dieux le veulent, elle pourra aussi être une figure maternelle pour ses enfants à lui, sans remplacer la mère, mais se montrer tout aussi présente.

Si je me suis dressé contre le joug des Valyriens c'est tant par vengeance pour la perte d'une amie sans égale que par haine d'un envahisseur dont la simple présence sur nos terres représente une offense sans nom envers notre première princesse ayant du fuir les plaines de la Rhoyne avec son peuple pour échapper à l'emprise délétère de Valyria. Mais également et cela me parait tout aussi primordial de le souligner par hommage et respect à mon ancienne maison suzeraine la lignée Nymeros Martell aussi paradoxal que cela puisse paraitre. En effet, j'avais mené les forces de ma maison lors de la nuit fatidique ayant vue Dorne être décapitée de sa dirigeante légitime. En effet, c'avait été par la menace et la contrainte que les Valtigar m'avaient poussé à suivre leurs plans. Quand bien même, une pointe d'ambition avait pu motivée ma décision notamment en raison du choix de Nymeria de renverser Deria devant l'offre alléchante des conquérants ainsi que le constat de l'inaptitude de cette dernière à mener convenablement le pays. Que pouvait un seigneur face à la perspective de voir toute sa maison incinérée par une bète monstrueuse ? La survie imposait parfois de souiller son honneur. Mais mon honneur restait toujours infiniment sauf par rapport à celui de la maison Allyrion rebelle, traitre, parjure et inféodée aux ennemis impériaux du nord que les Martell combattaient avec acharnement suite à la trahison des Targaryen et des Durrandon. Je ne pouvais supporter de voir ma contrée basculer dans le camp ennemi car cela reviendrait à injurier la mémoire de la princesse Deria. 

Je me suis dressé sans posséder la moindre garantie de soutiens massifs dans la population ou dans la noblesse de la Principauté, je l'ai simplement fait par ce que c'était la décision à prendre. Et quand bien mème, je viendrais à perdre la vie dans cette tentative de prise de pouvoir je ne regretterai jamais ma décision. Car, elle était celle d'un véritable fils de Dorne rejetant les empires quels qu'ils soient que l'un soit masqué sous le sceau d'un humanisme de façade cachant à peine son désir hégémonique ou que l'autre soit au contraire pleinement fier de son caractère tyrannique. Dorne était fière, indépendante, neutre, glorieuse et surtout profondément libre. L'allégeance de ma dulcinée est venue en quelque sorte balayer tous mes doutes, toutes mes inquiétudes, désinhiber toutes mes terreurs potentielles. Jasmyne était le peuple de Dorne en quelque sorte. Bien plus représentative de la Principauté que mes guerriers personnels qui étaient attachés à mon nom par la naissance. Son serment offert sans arrière pensée ni hésitation était parvenu à effacer mes doutes quant à ma propre capacité à atteindre ce but glorieux ou à assumer une charge aussi lourde. Elle avait fait ce dont j'avais inconsciemment besoin depuis le déclenchement de cette rébellion. Nous nous baignons dans notre affection réciproque distillée avec un dévouement énamouré aussi profond que tendre. Cet amour ne datait pas d'hier. Il avait deux longues années de vie. Et s'était développé et renforcé au gré de nos séparations et de nos retrouvailles. Il avait subi la distance comme les affres de l'absence ainsi que les douleurs des convenances sociales. Il avait subi le feu de la passion et l'épreuve de la différence. Il s'était endurci au gré des lunes sans que rien ne parvienne à le briser. 

Aussi tandis que nous nous offrons des manifestations ordinaires mais néanmoins savoureuses de passion tantôt enflammées tantôt apaisées, nous en arrivons à discuter de tout et de rien. Et comme le sommeil ne semble pas pressé de venir nous emporter au doux pays des songes terribles ou réconfortants selon les caractères et les émotions, nous allions refaire le monde dans cet abri bien léger face aux assauts du désert. J'avais hâte de me confier à elle au sujet des mille et unes idées de réformes que j'avais pour la Principauté du secteur agricole au commercial en passant par l'artisanat sans oublier l'élevage ainsi que l'armée. J'avais déjà des projets très ambitieux pour redresser ma contrée natale par ses propres moyens et la seule valeur de ses habitants. Mais pour l'heure, je souhaitais aborder un sujet bien précis avec ma compagne. Puisque c'est le sujet de notre futur enfant que j'aborde sans la moindre once d'hésitation. Et c'est sans la moindre hésitation que me répond ma moitié au sujet de l'hommage homonyme des futurs prénoms. "J'aurais bien rendu hommage à mes parents mais l'histoire de Dorne en aura décidé autrement ma lune. Ravi que cela te convienne." 

La morsure de ses lippes réveille un besoin en moi tandis que nos souffles s'entremêlent en raison de notre proximité intime. Fronts contre fronts, yeux dans les yeux, âmes communiant. Jusqu'à ce que ses yeux superbes s'abaissent jusqu'à son ventre et je l'observe avec attention ainsi que tendresse. Ses mains se posent sur son ventre nue et je décolle mon visage du sien pour aller embrasser la peau de cette zone avec une affection profonde. "Tu seras la meilleure des mères ma reine. Tu es douce, attentive, prévenante, protectrice, adorable, habile de tes mains et dotée d'un cœur en or. Tu sais prendre soin des autres et tu as le sens du devoir. C'est normal que tu sois intimidée par le rôle mais je suis certain que celui ci est fait pour toi. Tu as cela en toi. Tu es lumineuse et saura être un modèle de vertu pour nos enfants. Souhaiterais tu un garçon ou une fille ? Penses tu qu'il te ressemblera davantage qu'à moi ? Ou qu'il aura mon caractère ombrageux ? S'il est aussi fougueux que je ne l'ai été tu vas avoir du travail." Conclus-je dans un rire. 

La nuit est douce, leurs étreintes encore plus. Ils ne semblent vouloir se détacher de cette étreinte, le contact de leurs peaux nues est très agréable et amplifie la communion de leurs êtres. Jasmyne n'a connu cela avec personne, et ne pense pas qu'il lui sera possible de le vivre avec quelqu'un d'autre. Elle veut finir sa vie a ses côtés, voir leur couple amoureux comme au premiers jour embellir toutes les journées qu'ils passeront ensemble depuis ce jour là jusqu'à la fin. Ils prennent le temps de se câliner, puisque le sommeil est parti, les discussions et les confidences s'enchainent, de même pour les aveux d'amour qui la comblent toujours autant. Elle demeure assise sur ses cuisses, leurs corps enlacés dans la plus pure des formes, la discussion de l'enfant vient sur la table. Puisque maintenant qu'ils seront tout le temps ensemble, cela pourrait finir par arriver. Et vu leur cadence cela pourrait bien arriver plus vite que prévu. Elle n'a pas pour habitude de se pencher sur ses cycles de fertilité, mais là ça pourrait être le bon moment pour vérifier que quelque chose n'a pas déjà été entamé.

Son aimé se baisse pour déposer un baiser sur son ventre, qu'elle espère assez fertile pour réaliser ce rêve là qu'ils projettent ensemble de devenir parents. Un frisson lui vient dans le dos, elle pousse un petit soupir de contentement accompagné d'un sourire épanoui. Elle aimerait le faire père de nouveau, voir dans ses yeux la fierté de porter leur progéniture, le fruit de leur amour solide. Ses compliments lui vont droit au cœur, il sait qu'elle en est capable alors les questionnements disparaissent et elle sent son cœur se gonfler de joie. S'il lui fait confiance, alors elle mettra tout en œuvre pour être une bonne mère et contribuer au bien être de leur famille. « S'il me ressemble également ça ne sera pas de tout repos, j'étais une vraie tornade étant enfant...Je grimpais sur les bâtisses, je volais, j'étais insolente, provocatrice... » Elle rit de bon cœur,  la vie lui était compliquée aussi, elle devait rester dure pour ne pas se faire marcher sur les pieds et pour ne pas mourir de faim. Quoi qu'il en soit ils auront un enfant agité si cela s'accord sur leurs deux personnalités. Mais cet enfant sera le fruit de leur amour, désiré et choyé. « Que ce soit un garçon ou une fille, cela m'est égal, je le veux juste en bonne santé...Et qui sait peut être que nous en aurons plusieurs ! » Elle caresse ses cheveux, l'observe embrasser son ventre avec un sourire attendri. « Je prie la Mère pour qu'elle nous bénisse de ce cadeau. » Jasmyne prie aussi cette dernière pour que la famille de Moran l'accepte, que ses enfants voient sa présence comme quelque chose de positif. Elle sait qu'il y avait beaucoup d'amour dans son foyer en présence de sa défunte femme, la barre est haute, mais elle se montrera telle qu'elle est : bienveillante et disponible pour que ses enfants vivent bien sa présence près de leur père, si toutefois elle a l'occasion d'y être. Tout dépendra de son rang a ce moment là, mais elle voudrait pouvoir participer a la vie de sa famille, cela lui tient à cœur. En l'aimant elle avait conscience qu'il n'était pas seul. « Et je mettrai tout mon cœur pour donner de l'amour a tes enfants, qu'ils me voient comme une alliée... »

Elle prendra ce rôle a cœur, le moment venu, tout comme elle sera heureuse de porter ses enfants, autant qu'il en désire. « Et je te suivrai quoi qu'il arrive. » Elle baisse la tête vers lui,  embrasse sa tempe, lui fait ensuite relever le visage qu'il vienne a sa hauteur afin d'embrasser ses lèvres. « Il est temps de dormir, mon amour... Une longue journée nous attend demain. »

Me pencher en avant représente une douleur soudaine tant la douceur de notre position front contre front est nimbée d'une aura de bonheur sans équivalent. Cependant, puisque je bats en retraite afin d'aller déposer une marque d'affection sur le coeur de sa maternité future le dépit de mettre un terme à notre communion charnelle s'avère relativement léger. Le frisson que procure à son corps l'imposition solennelle de mes lippes sur cette partie quelque peu intime de son épiderme soyeux me tire un soupir de satisfaction virile. En jetant un coup d'œil vers le haut, je peux constater avec contentement son regard comblé ainsi que son sourire rayonnant. Je comprends donc que ma lune devait avoir souhaité intérieurement et silencieusement devenir mère de mes enfants sans avoir osée m'en faire part. Cela m'émeut profondément bien plus que je ne souhaiterais le laisser paraitre. Je baisse de nouveau les yeux sur ce nombril centre d'une matrice créatrice capable de faire naitre un fruit sublime des élans de notre passion dévorante. 

Un rire sonore autant que rauque emplit les lieux alors que je me laisse aller à l'hilarité la plus complète devant la perspective de contempler des enfants encore plus turbulents que ceux issu de mon premier mariage légitime. Des petits bandits terribles à n'en point douter. Une pointe de tristesse enserre néanmoins ma personne lorsqu'elle rappelle implicitement son statut d'orpheline. Je prends sur moi afin de ne pas troubler la parfaite harmonie de ces instants. "Eh bien ! Nous allons engendrer de vraies petites terreurs. Tout cela promet de s'avérer aussi éreintant que magnifique." Je visualise l'espace d'un instant un garçon et une fille aux yeux sombres et aux cheveux clairs dont le teint légèrement tanné soulignerait les origines géographiques différentes de leurs deux parents. Les deux garnements s'élancent vers une sublime femme parée d'une somptueuse toilette. Quoi qu'il puisse advenir de moi, je donnerais des instructions à mes parents afin que notre enfant soit aussi bien traité que mes premiers porté en sécurité loin des menaces ennemis si le pire devait arriver. "Tu as bien raison qu'importe le sexe tant qu'il a ta beauté et ma vigueur ainsi que nos esprits à tout deux. Te voilà bien pressée ma douce !" Conclus-je en riant. 

Tandis que ses doigts caressent de nouveau mes boucles téméraires, je me remets à embrasser la peau lisse de son ventre en l'enserrant de mes mains. Mon visage est illuminé d'un contentement sincère. "La mère nous l'accordera à n'en point douter. Je suis aimé des Dieux et tu as su rester une de leur fidèle brebis en dépit des difficultés de ta jeunesse." Je ne parviens guère à imaginer le moindre problème quant à cette grossesse tant ma fertilité avait été plus que prouvée avec Ellayna et la jeunesse de Jasmyne la préservait des risques de soucis quant à la capacité de procréer. Les problèmes potentiels se situaient davantage dans la situation politique et les aléas d'une vie de nomade rebelle en arme. "Mes enfants sauront reconnaitre ta valeur et te considéreront à n'en point douter comme une figure maternelle de substitution." Finalement, ma moitié relève mon visage vers le sien afin d'y apposer un baiser d'une tendresse délicieuse avant de souligner notre besoin de sommeil. "Comme tu le dis ma lune. Nous avons besoin de repos."