Fort Darrion - An 2 - Mois 5 - Semaine 4

@Torrhen Braenaryon

Ce n'était pas sans une certaine satisfaction personnelle que j'accueillis que l'Empereur acceptait de m'accorder audience. Dire que la capitulation du Val me réjouissait serait mentir, car tant de drames et de sacrifices auraient pu être évités si nous avions respecté la parole donnée par le passé. Néanmoins le Val pouvait désormais se racheté pour cet affront mais aussi pour tenter de restaurer dans le temps l'honneur de sa couronne. Seulement si cela avait son importance à mes yeux que l'Empereur et l'Impératrice acceptent un jour de reconnaître que le Val aura payé sa dette, concernant la grande majorités des autres au sein de l'empire en revanche eux m'importaient bien peu.

Sire Braenaryon. dis-je en baissant la tête avec respect. Nous avions combattu par armées interposées sans jamais nous rencontrer sur un champ de bataille, toutefois déjà du temps où il portait encore la couronne du Nord j'avais pour lui un profond respect. L'homme avait toujours été droit, fidèle à ses principes et un roi agissant dans l'intérêt de son royaume. En somme nous partagions bien des valeurs communes, comme le sens du sacrifice pour nos royaumes respectifs et notre voeu de loyauté.

Plutôt bien à vrai dire, merci majesté. lui dis-je en le rejoignant sur le balcon dominant la ville. La vue avait son charme entre la cité, la mer et les montagnes valoises. J'eus une légère peine pour les cités perdues, et les morts valois. Pour avoir participé aux négociations, j'estimais que le Val s'en sortait plutôt bien avec quelques cités concédées, et quelques mariages politiques. La plateforme à dragons construite aux frais de l'Empire servirait autant aux volatiles qu'à la protection du Val. Si ce n'était son coût en vies humaines, et les troubles provoqués par la Foi et les pillards, nous nous en étions finalement plutôt bien sortis, c'était une certitude à mes yeux.

Je n'ai fait qu'agir dans l'intérêt du Val Sire, et faire ce que je pouvais pour que la parole donnée autrefois soit enfin respectée. J'aurais préféré qu'elle le soit alors, et à l'époque déjà j'ai tenté tout ce qui m'était possible pour cela. lui dis-je sans mentir ni m'en vanter. Je partageais avec lui seulement les faits et mon sentiments sur la question.

Et vous Sire, comment supportez-vous le poids de vos responsabilités? Quand je vois ce qu'il en coûte de devoir assumer la couronne d'un seul royaume, je ne peux qu'imaginer la complexité de celle d'un empire. ajoutai-je pensif à cette idée.

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@Torrhen Braenaryon

Lorsque l'Empereur me dévisagea pendant un moment, je soutins son regard sans défaillir. Je n'avais rien à redouter de ses paroles, ni de son jugement. Face à lui comme à Ronnel, je resterai fidèle à mes principes et mon serment d'allégeance. Mais il devait avoir son lot d'intriguant ou autres flatteurs, aussi il pouvait s'avérer normal qu'il garde une certaine réserve à mon égard. Je gardai le silence lorsqu'il évoqua ma loyauté au Val, tout comme lorsqu'il répondit à ma question sur le poids de ses responsabilités.

Si je n'avais prononcé un mot pendant toutes ses réponses ce n'était nullement par manque de pertinence de sa part. Uniquement parce qu'il ne s'agissait que de préliminaires requis lorsque l'on s'adressait à quelqu'un de son rang. Mais il me surprit en me demandant d'en venir au fait. J'esquissai un sourire amusé par sa demande, y voyant là bien plus une satisfaction me concernant qu'une vexation. Certains auraient pu être agacés d'être ainsi coupé par leur vis-à-vis, mais pas moi, bine au contraire.

J'ai deux souhaits à vrai dire, dont un personnel, et puisque vous requérez de mettre de côté les palabres invoquées par l'étiquette, je vais vous les soumettre sans plus tarder. lui dis-je sans trembler devant l'homme. J'appréciais son caractère, pour le peu que je pouvais en apercevoir aujourd'hui, et après les négociations.

Si l'un des dragons impériaux venaient à voyager de l'Orage vers le Nord, ou inversement, une halte au Val serait la bienvenue. Après avoir provoqué la peur au sein de mes semblables, il est temps qu'ils voient qu'ils peuvent être des protecteurs pour les royaumes de l'Empire. Si cette visite se produisait, nous avons au Val quelques territoires où un dragon pourrait chasser à loisir, sous le contrôle de son... cavalier? dis-je d'abord, l'interrogeant sur le terme à employer. Quant au terrain de chasse que je lui évoquais, il s'agissait ni plus ni moins des territoires des clans des montagnes. Nous n'avions pas encore eu de réponse suite à la libération du prisonnier porteur de notre offre de ralliement, mais avec ces barbares il fallait être prêt à toutes les options. Un joli feu de bois dans leurs cahutes leur rappellerait que la couronne du Val serait leur seul salut.

Quant à mon souhait personnel, je voudrais vous proposer mon fils Donnel comme futur écuyer lorsqu'il sera en âge de l'être. Je ne lui laissai pas le temps de réagir sur ce point et repris-je aussitôt. Avec mon épouse nous nous efforçons de lui transmettre une éducation la plus complète possible afin qu'il soit armé pour tenir son devoir et son rôle à son tour. Mais il est important à nos yeux qu'il puisse aussi s'ouvrir à d'autres horizons. Plus son champ de vision sera large, plus il sera en mesure d'appréhender le monde dans son ensemble. Si j'avais été l'écuyer de mon futur beau-père étant enfant, je n'avais pas le même espoir concernant mon fils. Comme promis durant les négociations, il était promis à l'Orage. J'estimais l'Empereur pour ce qu'il était, bien plus que pour ce qu'il avait entrepris. Mon fils ne pourrait davantage apprendre qu'auprès de lui. Encore fallait-il qu'il survive jusque-là, car il était maitre de guerre après tout, et jamais bien loin des champs de bataille.

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@Torrhen Braenaryon

C'est déjà bien assez Sire compte tenu des priorités bien plus importantes pour l'Empire. lui dis-je, lucide. Il n'était pas compliqué de comprendre sa réponse, bien des champs de bataille requéraient la puissance des dragons. Les clans des montagnes étaient mon affaire, et je devrais faire sans ce coup de pouce ailé. Tant pis, mais si ma charge était trop facile alors n'importe quel grouillots du Val aurait pu résoudre le problème des montagnes.

Mon rôle au sein du Val me tenait loin des batailles externes à notre royaume, ainsi je n'avais pu suivre Ronnel à la guerre. Pourtant s'il avait fallu je m'y serais rendu sans frémir. Peu importait où mon devoir devait m'emmener, s'il le fallait je me rendrais au bout du monde. Mourir pour l'honneur et la loyauté n'étaient pas quelques choses que je redoutais. D'autant plus depuis que j'étais lord de ma maison, et davantage encore maintenant que je conseillais officiellement Ronnel.

Avec sa mère nous l'élevons depuis sa naissance dans le but qu'il devienne digne de servir le Val. Alors nous en serons fier Sire. Mais il est des limites que toute la bonne volonté de parents ne saura dépasser. Malgré tous nos efforts, il lui reviendra de choisir sa voie le moment venu par ses actes et ses choix. dis-je d'abord pour lui répondre.

Vous serez donc juge lorsque le jour viendra de s'il sera alors capable ou non. Cela me parait tout à fait logique. Il n'y avait aucune flatterie dans mes paroles, je n'en avais ni désir ni besoin. Quand bien même, il n'était pas homme à se laisser impressionner de la sorte.

A mon tour de vous poser la question Sire, quand bien même mon rôle m'amène à retourner bien vite au Val. Brève pause avant de lui retourner la question. Puis-je faire quelque chose à mon tour pour vous? lui demandai-je pour lui retourner la politesse. Il m'avait écouté sans me juger ouvertement, bien que j'étais certain qu'il devait s'être fait son idée de mes requêtes. Il était probable que nous ne revoyions pas de si tôt, alors s'il m'était donné de lui rendre service aujourd'hui, autant le lui proposer.

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@Torrhen Braenaryon

Si d'aventure vous venez à converser avec l'un ou l'autre de mes enfants, je doute qu'ils partagent votre avis. Mais comment les en blâmer? J'ai toujours eu plus à coeur de leur apprendre le devoir et la loyauté à notre royaume que la notion de bonheur. dis-je pour lui partager mon sentiment quant à mon apport avec mes enfants.

Lorsque parfois je m'offrais le luxe d'y réfléchir, étrangement uniquement tard le soir et une coupe d'alcool dans à la main, je me faisais un constat dur. Un jour viendra où l'un de mes enfants, ou peut-être les deux, me confrontera aux maux dont j'aurais été à l'origine en son coeur. La dureté de mon enseignement, l'absence d'expression exacerbée de mon amour ou de ma fierté. Si cela venait à se réaliser, je ne pourrais alors pas le leur reprocher. Mais je ne m'en excuserai probablement pas pour autant. Le rôle d'un père n'est pas d'être compris par ses enfants, seulement de leur donner les armes requises pour affronter la vie.

Soyez assuré que je m'y emploierai Sire. lui dis-je en guise de réponse, avant d'ajouter une brève phrase en inclinant légèrement la tête. Nous n'oublions pas. L'intention n'était pas de lui patiner les basques, mais bien de lui signifier que le respect que j'avais pour lui n'avait pas changé depuis l'époque où nous étions sur le point d'unir nos maisons.

J'aurais au moins eu cette occasion avant de m'en retourner à mon devoir, et peut-être ne plus jamais le revoir. J'avais un royaume à sécuriser avec le reste de mes pairs et ce ne serait pas une mince affaire. Pacifier des brigands, éliminer la menace des clans, reconstruire, réunifier. Et même si j'avais encore quelques entrevues à régler avant mon retour au Val, il était temps de libérer mon vis à vis. Je ne doutais pas qu'il avait fort à faire lui aussi.

Avez-vous d'autres points à traiter Sire? Je ne voudrais pas vous retenir plus que de raison. lui demandais-je pour lui donner l'opportunité de mettre fin à notre entrevue s'il le souhaitait.