Les beaux discours n’avaient visiblement aucune influence sur le roi hightower. Maegor observait la situation dubitatif. Le souverain Bieffois était une nuance de spontanéité et d’impassibilité rendant le personnage bien plus intriguant que ce qu’il aurait pu escompter jusqu’ici. Difficile pleinement d’anticiper ses actions et ses attentes. Cependant, une chose apparaissait certaine, le seigneur valyrien était testé, enchevêtré dans une toile à laquelle il avait gaiement participé, le premier d’ailleurs. Attentif, le colosse valyrien prenait acte de chacune des paroles de l’être bien grêle qui se trouvait face à lui. Il fallait bien le dire, jusqu’ici, Maegor n’avait jamais été confronté à pareil individu. Il émanait de lui un aura contradictoire qu’il faudrait cerner afin d’arriver à ses fins. Pragmatique, ordonné. Il fallait pourtant donner le ton et ne pas laisser un ascendant à un interlocuteur qui semblait presque s’amuser de la situation. Boycitre rentrait en jeu soudainement. C’était prévisible, pourtant la princesse de Dorne réclamait ce territoire. Cela la rendrait plus instable qu’elle ne l’était déjà. Nymeria avait prouvé son manque de foi dans le projet impérial en envoyant ses lettres diplomatiques à l'entièreté des Royaumes. Son avis, que Maegor aurait dû prendre en compte en temps normal, ne valait donc pas grand chose. Le premier bras de fer débutait et contrairement à ce que le commun pouvait songer, ce n’était nullement le plus fort qui l’emporterait mais bien le plus habile.

Manfred avouait de but en blanc que Boycitre serait le premier point pour poursuivre les négociations. Quelque chose d’intangible, d’impossible à négocier ou à remettre en question. C’était là un élément intéressant, car cela signifiait qu’aucune fortune ou acte ne pourrait changer la donne. Toutefois, cela offrait la possibilité de négocier le maintien du traité. Restait donc l’ardue tâche de trouver quoi pouvoir potentiellement soutirer. De l’autre côté, il y avait le baptême nécessaire pour accepter et embrasser une fois dont notre homme se moquait bien. Là encore, il y avait des marges de manœuvre dessus toutefois, c’était Jaenyra, sa sœur bien-aimée,qui avait cette lourde tâche. Ces propos étaient forts intéressants néanmoins et ne tombaient pas dans l’oreille d’un sourd. Le Hightower révélait la suprématie de la monarchie sur la théocratie de la foi, ce qui pouvait être étonnant pour un homme comme lui. Était-ce là une mise en garde de ne pas tenter de le doubler en s’appuyant sur le Grand Septon ? Difficile de le dire. La surinterprétation serait mortifère dans le cas présent. Toutefois, le valyrien qui avait certainement eu la palabre trop aisé, mésestimant son adversaire, se murait dans un silence pensif. La Foi jouait un rôle majeur chez les puissances centrales, même s’il s’agissait avant tout d’un justificatif à renforcer le moral plus qu’autre chose. Son hubris lui avait déjà joué un tour, alors autant laisser l’individu face à lui aborder l'entièreté de son point de vue ce qu’il fit d’ailleurs non sans une liesse. La prétendue bonne humeur de Manfred - son sourire, son regard pétillant- était communicative. Alors le seigneur dragon lui répondait silencieusement avec un fin mais léger sourire, dont il avait le secret. Il ne fallait pas montrer la moindre faiblesse à ce genre de prédateur songeait-il. Certainement Manfred s’entendrait-il bien avec le tigre de Volantis, ou non.  

Les tirades se concluaient et le valyrien s’apprêtait à reprendre parole quand il fut interrompu par l’arrivée imminente d’une femme ravissante qui semblaient être bien trop à l’aise pour n’être autre que souveraine… ou une folle. Ou les deux. La brune fit un compliment au dragon à l’extérieur avant de finalement se présenter. Maegor avait vu juste. « Votre majesté. C’est un honneur que d’avoir la chance de pouvoir discuter avec le couple royal régnant sur le Bief. » Ses paroles s’accompagnèrent d’une légère révérence à l’égard de l’invitée improviste. « Je suis en liesse de savoir que la vue de Maegyr vous satisfasse. » Il ne tarda pas à rebondir sur les propos d’Eren qui visiblement souhaitait vouloir jouer l’arbitre. C’était désormais un match à trois, un deux contre un ? Peut-être. « Votre présence aidera certainement la diplomatie à faire fit des différences qui nous anime votre mari et moi. » Probablement que sa visite relevait bien plus de l’inopinée que d’un plan préparé par Manfred. Ainsi, s’il était possible d’en tirer partie pour nuancer les positions de l’antagoniste en face de lui, s’était un risque à courir. Cependant, il était évident au vu de la réputation d’Eren, qu’il serait bien impossible d’en appeler à de la compassion de sa part. Après tout, ses intérêts devaient être avant tout ceux de son mari et malgré la joliesse de ses propos sur le dragon, la fer-née ne semblait nullement impressionnée. Une femme de poigne dangereuse.

« Vous dites donc, Manfred, que le traité de Boycitre doit être maintenu à tout prix. La puissance vaincue qui l’a signée autrefois n’est plus et même si vous le considérez encore valide, le temps s’est effacé. Cependant nous pouvons trouver un accord. Vous n’avez pas confiance et c’est relativement logique. Vous voulez les montagnes rouges ? L’Empire Valtigar et la nouvelle province de Dorne Valtigar peuvent sans passer si elle vous offre un sentiment d’abri à une menace armée. Il n’y a aucun problème. » Et tant pis pour la Gargalen ou notre popularité auprès de la noblesse Dornienne. Il faudrait certainement agir pour apaiser la situation là-bas, cependant pour le moment, la priorité de Maegor était de briser le verrou des négociations. « Concernant le degré des pierres. C’est plus difficiles, nous avions aussi des accords, antérieurs aux vôtres dessus. Cependant ils n’ont pas appartenu à l’ancien Empire Valyrien que notre père veut reconstruire. Vous craignez une arrivée navale massive à l’avenir ? Nous sommes prêts à en céder une partie également. Ne sommes-nous pas quatre grandes puissances à vouloir collaborer. Il y a douze îles, cela fait trois chacunes. Cependant en contrepartie les fer-nés devront abandonner toute idée de pillage sur Essos tant que le nouveau traité sera valable.   » Cela briser l’idéal de l’ancien traité, cependant il fallait bien que l’Empire Valyrien y trouve sa part également sinon les furies du diadoque risquaient bien de retomber sur son fils aîné. « Concernant la Foi, le baptême sera fait en fonction de ce que ma soeur, Jaenyra Valtigar pourra obtenir des négociations avec le Grand Septon. Cependant, nous n’avons aucun intérêt à vous duper. Nous ferons en fonction des conseils sa sainteté concernant les païens de ces terres cependant vous n’êtes pas sans savoir que nous avons placé une très pieuse princesse à sa tête. » Du moins c’est ce qu’elle disait, de celà Maegor n’en était pas vraiment convaincu.

« Comprenez bien, souverains du Bief, que mon père, le diadoque du Nouvel Empire Valyrien, n’a que pour ambition de reconstituer l’Empire de nos ancêtres. L’accroitre, encore et encore, ne ferait que renforcer son instabilité. Dorne a scellé d’elle-même son destin avec l’Empire, s’offrant à nous pour ensuite mentir. Ils en ont subi les conséquences. Hormis les îles de Peyredragon et de Lamarck, nous n’avons pas pour ambition de nous aventurer plus loin en Westeros, dans des conquêtes inutiles. L’Empire Braenaryon ayant refusé toute médiation, nous avons été contraints d’entrer en guerre contre ces derniers. Nous n’avons aucun intérêt à intervenir plus que cela dans les affaires du continent hormis à faire fructifier votre commerce. Ainsi hormis les îles qui ont autrefois appartenu, nous sommes prêts à laisser libre cours aux envies des puissances centrales de remodeler le continent à leur convenance. » Peut-être qu’à force de bonne foi, une ou deux enclaves supplémentaires pourraient être arrachées. Cependant pour l’heure, s’enliser dans un conflit étranger alors que l’Empire affrontrait Braavos, la cité la plus puissance d’Essos, paraissait être un très mauvais calcul.

« Cependant je suis prêt à mettre à notre cause commune les troupes valyriennes ainsi que nos deux dragons qui valent largement de puissantes armées. Là où les fronts le nécessiteront nous vous aideront. Regrettablement, détruire les Allyrions permettraient de pouvoir faire disparaître un front bien handicapant pour nous deux. Qui plus est plus rapidement cette menace sera balayée, plus rapidement nous pourrons entrevoir la sécurisation navale du degré des pierres nouvellement partagée. Si Lancehélion venait à tomber dans les griffes des Braenaryon, le commerce Ouestrien serait mis en difficulté tandis que Vieilleville ne serait plus si protégé des assauts des flottes fédérées. » Il fallait penser songer à l’action et la mise en place des traités précédents et c’est cette démonstration osait que tentait Maegor. « Enfin, ma sœur et moi-même sommes prêts à accepter des mariages afin de renforcer nos liens continentaux avec Westeros et favoriser des traités faisant voler en éclat la menace d’une invasion future. » Ce qui coûtait énormément à Maegor puisque son amour pour sa demie-soeur était grand et qu’il s’était longtemps imaginé épouser une valyrienne de sang pur. Cependant, s’il fallait concéder à ce genre de choses, alors c’était un modeste prix à payer. « Si vous avez des contre-propositions, l’un comme l’autre, je suis preneur. » C’était déjà concéder de nombreux points, mettre de côté l’orgueil. Ne resterait que la gloire et le prestige. S’il n’avait pas conscience de la folie de la division, alors le destin des dernières puissances libres de Westeros serait tragique. C’était ce pari qu’osait faire Maegor, très incertain d’autant que des écrits ne permettraient pas d'apaiser les doutes. Cependant, il fallait afficher une bonne volonté par des actions concrètes. L’homme n’oubliait pas que face à lui se trouvaient deux redoutables individus et qu’il faudrait, quoiqu’il advienne, agir avec grande prudence dans le futur proche, qu’importait la conclusion de ce qui se déroulerait à partir de maintenant.