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 Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé]

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MessageSujet: Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé]   Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé] EmptyJeu 21 Jan - 18:14


   
Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ?
Arianne et Helena

   

« An 1, mois 12, semaine 1. Haye-Pierre »

Il n'avait finalement pas fallu beaucoup d'effort pour qu'Haye-Pierre se rende face à l'armée de Yoren Hoare ; des récentes victoires enthousiasmantes pour les troupes, des contacts sur place fidèles au souverain - et surtout à leur reine, ainsi qu'un effet de surprise jouant en leur faveur. Pourtant, Helena demeurait depuis quelques jours, furieuse contre son époux.

Au début de la campagne militaire, elle avait un peu abordé le sujet ; elle souhaitait combattre. Elle avait énuméré bon nombre d'argument pourtant. Cela motiverait les troupes riveraines et renforcerait la cohésion avec les fer-nés. Elle avait également mis en avant le fait de se battre pour les siens et pour son honneur, de montrer la voie en tant que Reine. Mais étonnement, les arguments ne semblèrent pas résonner chez son époux comme elle l'aurait voulu et Yoren était resté évasif. Le débat avait repris quelques-temps avant la reprise de Noblecoeur, puis de Haye-Pierre, créant ainsi au sein du jeune couple des étincelles. Le Roi ne souhaitait pas aller à l'encontre des us et coutumes, craignant de ne provoquer une fois de plus les Septons, qu'Helena ne cessait d'agacer par son indiscipline. Mais pour une fois, elle avait dû se rendre à l'évidence et n'avait pas pu désobéir à son époux, contrainte de rester sagement à l'écart.

La joie de la libération d'Haye-Pierre, le fief des Bracken, fut à demi teinte pour Helena. Elle ressentait à la fois une immense fierté et d'un autre côté, le goût amer d'avoir été contrainte de se soumettre à son mari. Les Bracken ne se soumettent pas, ils servent loyalement et suivent leurs propres volontés. Mais peut-être était-ce différent désormais qu'elle était une Hoare ?

Helena retrouva donc le château de son enfance, forcée d'y être mise à l'abri, elle et son futur enfant. Enceinte d'environ sept ou huit mois, la protubérance de son ventre ne l'empêchait pas de faire les cent pas dans la pièce principale. Elle était toujours aussi furieuse contre son mari, malgré l'amour qu'elle pouvait lui porter. Son regard croisa alors celui d'Arianne Martell, assise au fond de la pièce, silencieuse. Cette femme, qui malgré son statut de prisonnière, gardait toujours un calme déconcertant. Helena avait été contrainte de partager son intimité avec elle, depuis que son époux l'avait expressément demandé elle comme otage. Une demande qui avait été difficile à accepter pour l'épouse, connaissant le passé ambiguë entre la jeune Dornienne et le Roi Fer-né. Puis la cohabitation étant inévitable, elle avait été obligée de composer avec. Mais malgré toute l'ignorance dont elle voulait lui faire preuve, elle lui reconnaissait une certaine élégance et une douceur dont elle-même était dépourvue.

« Je sais ce que vous devez penser.. Nous sommes vraiment différentes toutes les deux, n'est-ce pas ? »

La jeune femme posa sa main sur son ventre, comme pour se rassurer. Si le statut de future mère ne lui était pas encore familier, elle aimait cet enfant qui grandissait en elle. Peut-être pouvait-on croire que son envie de s'impliquer malgré les dangers, dénotait une totale indifférence pour son état ? Ou pire encore, pouvait-on se dire qu'elle n'aimait pas son enfant ? Le regard d'Arianne était peut-être juste le miroir de ses propres peurs ? Et si elle avait peur de ne pas aimer cet enfant pour vouloir risquer ainsi sa vie et celle de son bébé? Même son époux, guerrier dont la réputation n'est plus à faire, avait refusé qu'elle se mette en danger. Elle secoua la tête comme pour chasser toutes ces pensées négatives et repensa à nouveau aux évènements récents. Elle se sentait en colère, impuissante...c'était comme si elle était aussi prisonnière qu'Arianne à ce moment-là.

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MessageSujet: Re: Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé]   Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé] EmptySam 23 Jan - 21:33

J’étais un oiseau en cage auprès du couple royal, et surtout un oiseau sans défense. Si le Roi Yoren m’avait attribué une solide garde au début de ma captivité, celle-ci s’était relâchée au fur et à mesure. Soit mon ancien amant avait jugé que j’étais assez sage, soit ses gardes s’étaient lassés de la surveillance d’une Dornienne peu avenante et peu réceptive à leurs avances, soit l’impératif de la guerre imposait une plus solide garde à sa Reine ou à sa personne. Toujours est-il que je n’avais plus qu’un homme chargé de ma sécurité, et ce dernier voyait ses nerfs mise à rude épreuve. Lui qui semblait bouillir d’une folle envie de détrousser l’ennemi et d’offrir des morts à son Dieu Noyé, il se retrouvait poster devant la pièce attribuée à une otage silencieuse.

J’aurais pu saisir l’occasion pour tenter de soutirer quelques informations, ou le guider dans quelques actions, mais je n’en fis rien. Helena et Yoren étaient préoccupés par leur guerre, par ce ventre qui grossit, par leur passion et par leur colère, et ils n’avaient donc guère du temps à m’accorder. Si les premiers mois, j’avais bataillé pour obtenir audience ou faire entendre ma voix, les conditions désastreuses d’une campagne militaire avaient vite eu raison de moi. Epuisée et lassée de corps et d’esprit, je m’étais cloîtrée dans un mutisme digne d’une sœur du silence. A quoi bon chercher les empoisonneurs de ces deux amoureux, si je n’obtenais pas leur assistance et que je suis considérée comme suspect ? Pourquoi chercher à leur offrir une sincère participation à une alliance durable entre nos deux nations, s’ils ne prenaient même pas la peine de m’écouter ? Enfin, pourquoi leur accorder une quelconque importance quand je n’en avais aucune ?

J’avais espéré, un tantinet, trouver une compagnie agréable à Haye-Pierre mais je m’étais fourvoyée. Les gens du domaine étaient effrayés par les perspectives de la guerre imminente, les rendant taciturnes et stressés. De plus, en raison de mes raisons étrangères, on m’évitait tout en m’observant comme une curieuse créature. Gênée d’être épiée et d’être mise à nue par une curiosité malsaine d’inconnus, je m’étais décidée que je ne me mêlerais plus à ces gens. Dès lors, mes journées se ressemblaient et s’écoulaient lentement. Mon seul loisir était de réfléchir, tout en fixant l’horizon, en silence. Si les premiers jours, j’avais essayé de penser au présent, tantôt à réfléchir aux manœuvres militaires possibles de Yoren, tantôt à m’inquiéter pour ma sœur et mes frères, l’absence de réponses à mes questions des uns et des autres m’avait forcé à me rabattre sur le passé, et sur le futur.

Je savais bien que la solitude insufflait des idées dangereuses, et pourtant je ne m’en étais pas préservée. Cette paix offerte m’avait comme enfermé dans un cercle vicieux, où je pensais et je repensais à chacune de mes actions et de mes décisions qui m’avaient conduit ici même. Petit à petit, la perspective de mourir sur ce sol étranger et auprès d’inconnus aussi vulgaires, aussi irrespectueux et aussi étrangers à ma personne m’effrayaient, et les arguments qui m’avaient qui m’avaient permis de prendre mon mal en patience jusqu’à maintenant n’étaient plus valables. Je me posais maintes questions. Pourquoi devrais-je payer des erreurs qui n’étaient pas les miennes ? Quel était le destin des autres otages au sein d’autres maisons ? En quoi le traité de Boycitre était-il une bonne chose pour la famille Martell, ou pour la Principauté de Dorne ?

Je « savais » que ces questions, et les réponses que j’inventais étaient mauvaises, mais plus les jours passés, et plus je m’enfonçais dans la certitude d’être juste et que le monde avait tort. J’étais troublée, et seul mon compagnon, Emris, pouvait le voir. La campagne militaire avait joué en ma faveur et en la défaveur de mes geôliers. J’avais gardé tout le long une attitude exemplaire, et petit à petit, je m’étais effacée. Ils ne connaissaient pas mes habitudes, croyant naïvement que j’étais une fille sans intérêt, et sans grand loisir. Ils ne savaient pas, comme Emris, comme mes frères, comme ma sœur, que lorsque j’avais un peu de temps, je dansais et je chantais jusqu’à épuisement ou jusqu’à ce que mon temps soit écoulé.

Ils étaient bien naïfs, Helena compris. Cependant, je n'avais pas à penser plus longtemps sur comment occuper mes journées, soit en faisant quelques bonnes actions pour racheter des fautes passées, soit apprendre à mieux me défendre. Telle une pluie inattendue et soudaine, la Reine entre dans mes appartements, m’adressant directement une question. Il y a bien longtemps que je ne me froissais plus de son manque de politesse, de courtoisie ou de manière. D’une, c’était sa nature que de vouloir agir comme un homme ou comme son époux, pour prouver aux autres sa valeur. De deux, elle était enceinte, et il était connu que les femmes de cette condition pouvaient être impatients. Si je ne comprenais pas cette première volonté, étant issue d’un pays où les femmes avaient autant de droit que les hommes, je voulais bien faire preuve d’indulgence en raison de ce ventre bien gros.

- Je ne pense rien, Votre Altesse, répondis-je laconiquement, me relevant et offrant la révérence due à toute personne royale.

A défaut de paraître joueuse ou heureuse, j’étais un tantinet plus présentable que ces derniers mois. Je m’étais lavée entièrement, ayant eu à faire remplacer l’eau du bac à de multiples reprises, et j’avais enfin enfilé une nouvelle robe propre et entièrement selon la mode du Conflans. Il n’y avait que ma peau, mes cheveux et mon accent qui trahissaient mes origines dorniennes. Par manque de fonds « propres », et en raison de l’atmosphère guerrière, il m’a été impossible d’ajouter des accessoires ou de trouver des parfums de qualité. Voilà bien longtemps que je ne m’étais pas habillée aussi simplement. Je me sentais presque « nue ».

- Vous me semblez préoccupés, et contrariés. Asseyez-vous donc, et dites-moi donc pourquoi vous me posez une telle question.

Il fut un temps, j’aurais sûrement glissé quelques habiles remarques, mais malheureusement je n’étais pas seulement lasse de me faire entendre, je l’étais aussi de répondre selon son bon vouloir ou selon mon propre bon vouloir. Je ne cherchais plus à la comprendre, bien trop préoccupée par mes propres Démons et par mon futur. J’avais aussi abandonné d’essayer de flatter son égo avec quelques preuves d’affections comme « ma Reine » ou « belle Reine Helena ». Je me contentais plus que d’Altesse et de Majesté, pour elle et pour l’époux, si on venait à se croiser. Cependant, je n'avais pas pour autant perdu de mon respect que ce soit dans mes gestes, dans ma parole, dans le ton employé, dans mon regard. J'avais "juste" perdu ce regard pétillant d'intérêt. J'attendais, mais je ne savais pas quoi moi-même.



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Arianne Martell
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Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ?
Arianne et Helena

 

« An 1, mois 12, semaine 1. Haye-Pierre »

Helena resta quelques minutes debout, stoppant ainsi sa démarche frénétique d'allée et venue dans la pièce. Elle ne portait pas vraiment Arianne dans son cœur mais, la proposition de s'asseoir était tout de même tentante pour une femme enceinte. Elle prit soin de reculer un peu la chaise et s'assit un peu plus loin que la Dornienne. Elle ne la regarda pas directement mais au lieu de cela, plongea son regard au-delà de la petite fenêtre d'où provenait la seule lumière de la pièce.

« Je m'efforce d'être juste et loyale, de défendre les idées auxquelles je crois, je m'efforce d'être une Reine qui représente son peuple et ce en quoi lui croit. Mais.. étant une femme, je finis toujours par être rattrapée par les conventions... » D'exprimer à haute voix ce qui la tourmente depuis toujours sembla l'apaiser un peu. La colère qu'elle avait contre son époux n'était bien évidemment que passagère, mais celle qu'elle éprouvait contre les Septons était elle, viscérale. Helena reprit, sans attendre une quelconque réponse de la part de la jeune femme qui l'observait toujours silencieusement. « Je vois bien que vous ne comprenez pas toujours la manière dont j'agis. Mais si il est vrai que moi j'ai toujours dû me battre pour pouvoir simplement être qui je voulais, vous vous avez la chance de venir d'un royaume où les femmes ont des droits. En cela, je crois que vous ne pouvez comprendre pourquoi on agit ainsi, ou en tout cas pourquoi moi j'agis ainsi. Vous pouvez changer les choses.. » Helena finit par regarder Arianne, l'étincelle dans les yeux.

Changer les choses, voilà ce qu'elle aimerait. Les deux jeunes femmes étaient désormais face à face, l'une Reine et l'autre otage, et pourtant, elles semblaient vouloir chacune ce que l'autre n'avait pas. Le pouvoir et la liberté. Mais les différences ne s'arrêtaient pas là, il était aussi évident qu'elles avaient des caractères radicalement opposés. Depuis qu'Arianne les avait rejoint en tant qu'otage, Helena ne l'avait jamais vu se révolter. Elle était d'une modération sans faille, jamais un mot plus haut que l'autre, toujours très polie et courtoise. Elle semblait s'accommoder de sa situation. Aussi secrète que discrète, était-ce de cette manière qu'elle avait charmé jadis son époux ? Helena avait toujours trouvé cela intriguant que son mari se soit intéressé à une fille aussi douce qu'insipide. Mais après tout, Arianne il l'avait choisi en tant que première femme Sel. Helena n'avait été qu'un choix politique afin de garantir la paix dans un royaume déjà tourmenté. Si des sentiments forts étaient nés entre les deux jeunes époux, Arianne lui renvoyait toujours le doute concernant Yoren.

« Etiez-vous amoureuse de mon mari ? Ou l'êtes-vous toujours d'une certaine manière ? »

La question était directe, franche, sans détour. La question s'était toujours posé dans son esprit et si d'un côté elle n'avait jamais voulu savoir ce qu'il en était du côté de son mari, du moins pour le moment, elle était prête à entendre la vérité du côté de la Dornienne.

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MessageSujet: Re: Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé]   Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé] EmptyDim 14 Fév - 18:37

La Solitude ne se contentait pas de tourmenter un Esprit, mais également d’offrir une acuité particulière. Par contre, est-ce que cette dernière vous conduit à la folie, ou à la raison, je ne pourrais pas me prononcer. A cet instant, mon avis sur le Reine Helena changea drastiquement. A notre première rencontre, je lui avais attribué une forte volonté et une grande énergie. Quelle erreur ! Certes, elle semblait avoir un feu bien plus ardent brûler en elle, qu’en moi, mais ce n’était pas cette flamme qui caractérisait sa personne. Elle était avant tout naïve et idéaliste, ayant sûrement quelques idées romantiques et arrêtées sur le pouvoir, sur l’honneur et sur la loyauté.

Je comprenais mieux l’attachement de Yoren vis-à-vis de ce bout de femme : ils nageaient ensemble dans le faux. Ils ne savaient pas encore que l’exercice du pouvoir n’était pas une noble tâche. Au contraire ! Pour préserver quelques terres, il fallait mentir, comploter, piéger, concéder, tromper, tuer, exiler, empoisonner et manipuler ! Un bon Dirigeant était celui qui savait cacher habilement son déshonneur. Le mauvais Dirigeant était celui qui souhaitait agir en gentilhomme ou en dame honorable : celui-ci payait bien vite un lourd tribut pour une telle franchise et honnêteté.

La Princesse Meria Martell, ma Grand-mère, avait été une « bonne » dirigeante. Si je n’étais pas dans le secret de toutes ces manigances, j’avais été suffisamment usée et abusée par cette dernière. J’avais été sa marionnette, obéissant à chaque ordre, menant à bien ses multiples missions, scellant tantôt la fortune de l’un, ou condamnant un autre à la mort. Pourtant, je serais bien cruelle si je disais qu’elle le faisait de gaieté de cœur, sans le moindre remord. En vérité, plus nous partagions les crimes, plus nous étions proches et plus nous nous comprenions. Elle me faisait confiance, et le sentiment était mutuel : elle m’avait toujours donné le sentiment d’agir pour une bonne cause, celle d’assurer l’avenir et la sécurité de la maison Martell et donc, par extension, mon Père, ma sœur et mes frères.

Si je n’appréciais pas particulièrement Helena, je me sentais dans l’obligation de lui fournir quelques conseils. Je n’avais pas été martyrisée ou maltraitée physiquement, et je serais bien ingrate de ne pas fournir un peu de mon aide à ma geôlière si généreuse.  

- Je n’ai jamais été celle que j’ai voulu être, et je ne me suis jamais battue pour avoir le droit de l’être. Pendant toute mon enfance, on me répétait constamment que je devais être très reconnaissante d’être accueillie par la famille Martell et d’avoir droit au même confort et à la même éducation que les enfants légitimes et royaux. Et depuis mon enfance, je n’ai pas cessé de repayer encore, et encore et encore cette dette. J’ai tout donné, et j’ai tout sacrifié , répondis-je calmement. Au vu de ce que je viens de dire, je ne sais pas si je suis bien placée pour vous conseiller. Malgré tout, je vais m’y essayer. Vous êtes nées femme, et vous le resterez toute votre existence. Nous avons assurément des faiblesses, mais la Nature nous a également pourvu de forces. Qu’importe qu’il existe des conventions, aucune femme ne peut s’élever sans l’aide d’un homme, et l’inverse est également vrai. Nous nous complétons avec nos forces, et nos faiblesses. Il n’est donc pas question d’agir comme une femme, ou comme un homme, mais d’agir selon vos forces et vos faiblesses.

Le conseil était assurément vague, mais j’espérais qu’elle en saisirait toutes les nuances le moment venu.

- Si vous vous épuisez à une tâche, soit vous n’avez pas la force nécessaire pour la mener à bout, soit vous vous limitez vous-même à ce que les conventions vous imposent.  

Et, après cette interlude un tantinet philosophique, venons-en au point épineux et surprenant.

- Quant à votre dernière question, je suis bien surprise. Avant que je ne réponde, pourriez-vous me dire pourquoi une telle curiosité après six mois ? Aurais-je commis une impaire par mégarde, et alimenté contre mon gré quelques méchantes rumeurs ?



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Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ?
Arianne et Helena


« An 1, mois 12, semaine 1. Haye-Pierre »

Helena écouta attentivement sa captive sans émettre aucune émotion sur son visage. Pourtant, elle éprouva une pointe de pitié en s'imaginant l'enfance qu'Arianne avait dû avoir. Mais ce qu'elle ne comprenait pas en revanche, c'était cette abnégation envers une famille qui de toute évidence, ne la considérait même pas. A l'instar de la position qu'elle adoptait en tant que prisonnière au sein du Royaume des Hoare, Arianne semblait subir avec passivité les volontés des uns et des autres, sans jamais exprimer un quelconque désir personnel. Mais en dépit du manque de caractère dont la Dornienne faisait preuve aux yeux d'Helena, elle apparaissait toutefois comme une femme intelligente. Ses propos prêtaient donc à réflexion sans que cela ne change pour autant le point de vue de la native Bracken.

« Il est vrai.. mais je persiste à penser que des limites existent. Je suis une femme noble et je me suis élevée par le mariage au statut de Reine. Mais ce n'est pas tant le statut qui me permet d'agir comme je le souhaite, c'est mon mari qui me le permet...ou non justement. Hors mon mari voyez-vous, peut agir sans que je lui permette. Voilà la nuance. » Elle repensa amèrement à la dispute avec Yoren, qui avait refusé qu'elle les accompagne, par prétexte religieux. Peut-être était-ce la colère qui parlait encore et qui l'empêchait d'entendre la sagesse des mots d'Arianne.

« Je suis toutefois étonnée qu'une femme de si bons conseils et de votre position, se laisse autant ballotter par les choix politiques de tous ceux qui l'entourent. » ajouta Helena, une pointe de sarcasme dans la voix.

Évidemment, la question la plus importante était éludée. Helena ne maîtrisait certes pas tous les rouages de la conversation mais elle reconnaissait là aisément l'art d'une diversion. La franchise n'était apparemment pas un trait de caractère dont les Dorniens étaient pourvue.

« Eh bien, c'est peut-être justement parce que cela fait déjà 6 mois que vous êtes là et que vous n'exprimez toujours rien. Aucune colère, aucune révolte... A croire que vous vous confortez dans cette position. » dit-elle un peu vexée par le manque de réponse.

La jeune Reine marqua une pause. Elle ne voulait pas montrer l'étincelle de jalousie qui commençait à poindre chez elle. Elle s'était bien évidemment déjà posée des questions sur la fidélité de son mari. Yoren n'était pas un homme réputé pour être des plus exclusifs, mais les sentiments qu'ils avaient développé l'un envers l'autre, avaient suffi à la rassurer. En revanche, si son mari éprouvait des sentiments pour une autre, il serait vraiment plus difficile de passer outre. Helena était une femme entière.

« Soyez honnête, je vous prierais. »



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MessageSujet: Re: Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé]   Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé] EmptySam 20 Mar - 1:40

Plus Helena parlait, et plus notre sujet de conversation me paraissait bien trivial. Le rôle de la femme, le rôle de l’homme, la Royauté, le Peuple … tant de notions qui n’avaient subitement plus aucun sens ou importance. Etais-je bien mieux lotie et riche qu’une femme du peuple, à cet instant-ci ? Avais-je d’avantage de droits et de libertés que ces domestiques qui hantaient les couloirs de ce château étranger ? Était-il nécessaire d’être d’un sang noble pour devenir Roi, Reine, Prince ou Princesse ? Lorsque les liens de sang vous faisaient défauts, le monde paraissait bien futile, faux, injuste et surtout bien trop vaste – et qu’importe que nous sommes un homme ou un millier à en arpenter ses terres.

- Si j’avais été une noble, de naissance, Votre Majesté, j’aurais été très peinée et insultée par vos paroles. Vous pouvez clamer, haut et fort, être Reine, vous risquez de perdre beaucoup de vos amis avec une telle franchise, susurrais-je à cette brunette dont la langue pendue me faisait penser à ma petite-sœur. Heureusement, je suis née bâtarde et j’ai appris à ignorer ces traits d’esprit.

En somme, je sous-entendais qu’il fallait faire preuve d’un tantinet plus de tact pour me sortir de mes gonds. L’affaire se corsait davantage lorsque je n’avais plus grand-chose à laquelle tenir. Ici, je n’étais que l’étrangère. A Dorne, j’étais l’oubliée. En somme, à quoi bon hurler et frapper ? De même, pourquoi pleurer ou se plaindre ? Qui m’écouterait sincèrement ? Qui chercherait à me tendre la main ? Personne, car j’étais livrée à moi-même. J’étais redevenue cette petite fille qu’on introduisait dans la cour de Lancehélion, et qui devait apprendre à grandir par elle-même parmi ces étrangers et ces intrus si richement et si joliment parés.

- Avez-vous connu d’autres hommes, avant votre époux ? demandais-je, devinant déjà la réponse. La demoiselle semblait être avide d’être aussi libre qu’un homme, mais son regard comme sa noblesse dans ses paroles m’inclinait à penser que le Fer-né avait été son premier homme et, si leurs Dieux voulaient, le seul pour toute sa vie. Je pose la question, afin que je sache par quels mots j’ai à décrire convenablement mes sentiments à l’égard de votre époux.

Allais-je me confesser ? La Reine exigeait, le Sujet obéissait.

- Votre époux est très habile à conquérir, mais il n’a pas la sagesse nécessaire pour garder et profiter de toutes ses conquêtes, commençais-je calmement. Est-ce que je l’ai aimé et, plus important, est-ce que je l’aime toujours ? Jugeons ensemble.  

Je me redresse un tantinet, plongeant mon regard dans le sien. Il n’était pas nécessaire de feindre une quelconque pudeur. Chacun savait que j’avais été la « femme-sel » de Yoren dorénavant – ou du moins, les plus proches du couple royal – et l’honneur d’une otage était déjà mise en danger dès qu’elle quittait le domaine de sa famille – mariée ou célibataire.  

- J’avais vingt-cinq ans lorsque j’ai rencontré le Roi, qui n'était encore que Capitaine. J’étais encore bien naïve et insouciante, protégée par feu la Princesse Meria et feu le Prince Nymor. Yoren et son équipage ont décidé de saborder le bateau où je me trouvais. Evidemment, ils ont vite su qui j’étais et le Roi Yoren s’est assuré que sa royale prise ne sera pas touchée par un équipage des plus lubriques.  J’ai découvert un homme rude, avec bien peu de manière. J’ai été effrayée, naturellement, et j’ai sûrement dû le maudire. Pourtant, il m’a conquis avec sa hargne de vivre, de gagner, de conquérir, de diriger. Ses rêves semblaient faire écho aux miens. Deux bâtards, contre le Monde.

Je me tais, évaluant déjà la brunette. Comprenait-elle tout ce que ce récit sous-entendait ?

- A cette époque-ci, j’étais persuadée de l’avoir aimé. Aujourd’hui, je ne sais pas. Est-ce que je l’aimais vraiment, ou me suis-je simplement raccrochée à lui pour me protéger et pour survivre ?

Je me souviens de tous ces morts, ces cris et ces horreurs sur le bateau capturé par les Fer-nés, ainsi que les rires goguenards et les festivités qui se sont suivies dans la soirée. Pouvait-on vraiment aimer celui qui avait causé tant de peines à des Dorniens ? Une petite voix me susurrait que « oui », car je faisais peu de cas pour Dorne ou pour le Monde. Seule ma famille et moi-même m’importaient. Précisément, parce que je tenais à ma propre vie, n’avais-je pas cherché à plaire, à complaire, à amuser et à ensorceler autant que je pouvais ce blond ?

- Puis la rançon demandée a été payée, et il s’est aussitôt débarrassé de moi. Ai-je eu des nouvelles ? Aucune. Ai-je rencontré sa personne pour quelques aventures romantiques ? Absolument pas. Les rares rencontres se sont souvent soldées par ses fourberies Fer-nés, par le sang d’innocentes personnes et par une humiliation de mon pays. Maintenant que nous sommes à nouveau réunis, suis-je traitée convenablement ? Je vis, et je suis traitée avec autant d’égard que la situation le permet. Pourtant, si nous réfléchissons davantage au curieux tableau que nous formons, il y a matière à réfléchir.

Mon ton n’exprimait toujours aucun sentiment, prouvant par là que j’avais réfléchi considérablement à tous ces points et que les émotions n’avaient plus leurs places dans ces récits.

- Ce que les hommes voient, c’est une « femme-sel » qui suit le Roi et vous, Votre Majesté, soit épouse légitime et enceinte de l’héritier à venir, d’un bout à l’autre du Conflans, dans la boue et sans la moindre idée de la destination ou du trajet, isolée, sans compagnie. Je suis moquée soit en raison de mes origines, soit en raison de mon sexe, soit en raison des mauvaises décisions prises par les hautes autorités de la Principauté. Le nom Martell est plus sujet de moqueries parmi vos sujets, qu'autre chose.

Est-ce que l’amertume se ressentait dans mon ton ? Nullement. Les longs mois passés à leur côté m’avaient accommodé à la situation d’une façon ou d’une autre, tantôt par le ridicule, tantôt par la colère. Aujourd’hui, l’affaire me paraissait quasiment normal.  

- Je ne l’aime pas. C’est bien impossible. Il faut être bien stupide pour commettre la même erreur à deux reprises, et pour la même personne. Et je ne le suis pas.

Je me sentais sans peur, à débiter de telles choses qui pourraient me valoir bien des punitions si elles venaient aux oreilles du blond.

- Cependant, je dois le remercier. D’une certaine façon, j’ai beaucoup appris avec lui. Qu’il faut savoir être égoïste, qu’il est nécessaire de s’entourer de bonnes personnes, qu’il est bien malavisé de sacrifier sa personne et son existence pour quiconque, qu’il soit un amant, une chimère, un époux, une sœur, une famille, un peuple ou un enfant.

Et j'attends ses réactions calmement.



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Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ?
Arianne et Helena


« An 1, mois 12, semaine 1. Haye-Pierre »

Si Helena avait connu d'autres hommes ? En voilà une question bien intime. Arianne ne manquait pas d'impudence. Les joues d'Helena rosirent légèrement et elle se renfrogna sur sa chaise. Mais si la question l'avait un peu gênée, ce n'était pas dans ses traits de se défiler.

« Je n'ai eu qu'un seul mariage, celui avec mon époux. Je n'ai jamais connu d'autres hommes.. cela paraît logique. » dit-elle légèrement vexée.

Logique pour elle en tout cas ! Bien évidemment, elle avait déjà été troublée par d'autres hommes avant de rencontrer Yoren, mais cela n'avait jamais été plus loin. Le mariage n'était pas pour elle une priorité, bien au contraire. L'idée de se retrouver dépendante d'un homme, devant répondre à ses besoins sous prétexte d'être sa femme, était exclu. Sa liberté lui importait bien plus. Si bien qu'elle s'était opposée catégoriquement et de toutes ses forces lorsqu'elle avait été promise à un homme de l'Ouest quelques années plus tôt. Quant à la découverte du plaisir charnel outre le mariage, cela n'avait jamais été aussi tentant que l'envie d'apprendre ou de manier l'épée. De plus, derrière son tempérament intrépide, Helena n'était pas des plus à l'aise avec la séduction. Elle n'avait donc bien évidemment, jamais charmé un homme de sa vie.

"Votre époux est très habile à conquérir, mais il n'a pas la sagesse nécessaire pour garder". Entendre Arianne poser des mots sur son histoire avec Yoren, avait quelque chose d'étrangement blessant. Elles avaient toutes deux été séduites par la même chose chez lui : son assurance, son désir brulant de vivre et de se battre pour ses idées. Et il y avait malgré tous ses mauvais côtés, quelque chose d'attachant chez lui qu'avait aussi pu déceler Arianne à l'époque.
Helena soutenait son regard, s'exerçant à rester impassible, encaissant la réponse tant attendue comme la sentence inévitable dont elle avait été l'initiatrice. Si les explications d'Arianne pouvaient apaiser ce qui se rapprochait le plus de la jalousie, elles ne lui apportaient finalement pas de satisfaction non plus. La princesse ayant été finalement rendu par le rustre pirate, s'était rendu compte que l'attention qu'il lui avait porté, n'était peut-être que par pur intérêt passager. Comment ne pas y voir un lien en repensant à la demande en fiançailles de Yoren faisant suite à la défaite d'Harren le noir à Eysines ? En posant la question qui lui avait brulé les lèvres depuis des mois, Helena venait de se rendre compte qu'elle ne s'était jamais préparé à recevoir la réponse.

« Je crois bien que c'est à mon tour de me sentir insultée par vos paroles, à la seule différence près que je suis née Noble et désormais Reine. » finit par lâcher Helena avec affront. Mais il fallait reconnaître que la Dornienne était criante de sincérité, bien qu'insolente.  « Heureusement pour vous, j'apprécie la franchise. Et je ne saurais vous blâmer pour m'avoir dit ce que je vous ai demandé. »

Elle marqua une pause. Posant subtilement une main sur son ventre bien rond, elle repensa aux derniers mots d'Arianne. Il lui avait appris qu'il ne fallait se sacrifier pour une femme ou pour un enfant. Devait-elle douter des sentiments du Roi pour elle ? Etait-elle, à l'instar de la princesse Martell jadis, le moyen pour Yoren de rallier les riverains à sa cause et de générer un héritier sur le trône Hoare ? Helena était persuadée d'aimer son mari, et persuadée qu'il éprouvait quelque chose pour elle en retour, mais tout à coup, il y avait comme un doute. La conversation était franche, sans détour, mais pour la première fois, la jeune reine n'avait pas envie de montrer cette fissure d'elle-même et préféra taire ses craintes.

« Je suis d'abord désolée d'entendre votre ressenti sur votre situation actuelle. Il est vrai que beaucoup de choses nous séparent, mais beaucoup nous unissent aussi..d'une certaine manière.  Je n'ai, je l'espère, jamais attisé volontairement toutes ces moqueries. Aucune femme ne devrait subir les répercussions des choix des autres. »

Elle hésita à éluder définitivement le sujet Yoren mais une dernière incertitude la poussa à revenir sur la question. Helena se leva et se dirigea à nouveau vers la fenêtre, le regard perdu et l'air de rien.

« Pensez-vous donc que je suis stupide, pour reprendre vos mots ? »


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MessageSujet: Re: Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé]   Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé] EmptyLun 3 Mai - 1:24

- Je n'ai eu qu'un seul mariage, celui avec mon époux. Je n'ai jamais connu d'autres hommes.. cela paraît logique, soutenait l’intrépide Reine.

Je ne peux pas m’empêcher d’esquisser un sourire devant une telle affirmation. J’ose espérer qu’elle ne répéterait pas de tels mots devant d’autres dames de la Cour. Toutes n’avaient pas cette « logique » soit parce qu’elles avaient succombé aux plaisirs de la Chair bien avant ce mariage, soit parce qu’elles avaient été forcées de plier aux exigences et aux désirs d’hommes. Une femme avisée saurait que la virginité jusqu’au mariage n’était pas une question de « logique » mais de contexte. Si Helena avait pu se préserver pour Yoren – et je me dis qu’elle aurait dû rencontrer un ou deux hommes avant ce Fer-né ! –, c’était parce qu’elle en avait eu l’opportunité.

Toutes les femmes ne pouvaient pas se targuer d’une telle chance, entre les parents ou les servants lubriques qui profitent de leur ascendance pour faire taire les pauvres âmes, entre les amoureux et galants qui ont mille et une ruses sous la manche, et entre tous ces conflits où le gagnant peut ripailler et violer à sa guise les biens et les femmes du perdants. Et puis, il y avait la naissance ! Que valait l’honneur et la parole d’une bâtarde, comparée à une noble ? J’avais eu la « chance » d’avoir été prévenue et enseignée des choses de l’amour bien en amont par ma mère, et d’avoir été séduit et défloré par un précepteur qui me respectait. Je n’ai pas été surprise lorsque je rencontrai des amants doux et compréhensibles, ou des amants égoïstes et violents, ni effarouchée que l’on ne respecte pas ma personne en raison de ce sang mêlé.

La Reine s’enfonce davantage, optant pour les mêmes paroles que d’autres avant elle m’avaient déjà offert. Oui, ma Dame, vous êtes nés bien mieux que moi, notamment être Reine perdue dans une campagne militaire avec un gros ventre. Oui, ma Dame, vous avez droit de prétendre à une meilleure destinée que moi, en portant des jupons ou des pantalons. Oui, ma Dame, il est naturel qu’on vous honore quand vous ouvrez vos cuisses pour un petit héritier d’un Fer-né bâtard qui a peu de respect aux femmes. Voilà, ce que j’aimerai lui dire, mais je me retiens. Je continue à être afficher un air affable à cette demoiselle qui se perd, et qui se contredit. Elle déteste mon hypocrisie, mais également ma franchise ! Il semblerait que, à elle aussi, mes actions ou mes paroles ne suffisent pas.

La Reine s’excuse aussitôt après, pour les moqueries dont je ferais l’objet. Pourquoi s’excusait-elle ? La société avait décidé que j’étais une catin, que la Principauté était incapable de respecter ses engagements et que mon seul intérêt était d’être traînée ici et là comme un trophée de guerre. Je subissais la loi d’autrui, à mon grand malheur. A cette simple pensée, je m’interrogeais davantage sur ma personne. Si je ne représente pas Dorne, si les miens ne semblent plus faire grand cas de moi au vu de leur silence, et si je ne suis qu’une ancienne amante exotique – ou femme-sel désuète -, pourquoi est-ce que je reste encore « ici » ?

- Nos situations sont très différentes ma Dame. Comme vous l’avez si bien souligné, vous êtes Nobles et maintenant Reine : vous avez agi pour quelques intérêts, ou motivé par quelques sentiments. Dans les deux cas, cette union a su profiter aux vôtres, dis-je, tentant de flatter la Reine aux humeurs terribles.

Je me tais, réfléchissant aux paroles de la Reine. Effectivement, pourquoi subissais-je les répercussions des décisions d’autrui ? Pourquoi devrais-je souffrir d’un tel inconfort en sol inconnu, de solitude entre ces murs bien froids et des caprices des Souverains qui n’étaient pas les miens ? Pourquoi est-ce que je restais ici, alors qu’on murmurait dans les couloirs que le Roi Yoren s’engageait dans une bataille décisive, où la Mort et la Défaite n’étaient pas à exclure ? Est-ce que je désirais rester ici, au risque de finir otage sans intérêt toute ma vie ou, Dornienne violée puis remise aux mains de l’Empire si c’était ce dernier qui gagnait ?

Je devais admettre que la Reine Helena avait raison. Je n’avais pas à subir, si je ne le désirais pas. Petit à petit, une idée se dessinait dans mon esprit. Ce dernier se réveille d’une longue torpeur, me soufflant déjà quelques questions.

- Allons-nous continuer à parler de quelques sujets désagréables, alors que vous êtes une femme enceinte qui porte l’avenir d’un Royaume en son ventre ? soufflais-je, tentant d’orienter petit à petit la conversation vers un sujet plus important : le Domaine. J’ai cru comprendre que nous sommes sur vos terres natales. Vous devez être extrêmement heureuses d’avoir reconquis votre domaine et de revoir vos gens. Vous devez être submergés par l'émotion, et les souvenirs.



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Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ?
Arianne et Helena


« An 1, mois 12, semaine 1. Haye-Pierre »

Le sourire que laissa échapper Arianne se voulait sans nul doute moqueur. Il était vrai qu'au vu de sa réputation, la Dornienne avait dû avoir de multiples relations. Mais qu'importe, Helena n’avait jamais regretté ses choix, fidèle à elle-même et à ses convictions avant tout. Elle ne se trouverait pas idiote de n'avoir eu qu'un seul homme, mais elle en serait plutôt fière. C'était elle qui en avait fait le choix et, ni son père, ni sa famille n'avait réussit à faire d'elle ce qu'elle ne voulait pas. Ce n'était donc encore moins une inconnue qui viendrait ternir son intégrité. Helena n'en rajouta pas, ne préférant pas débattre sur un sujet aussi futile que celui-là.

« Nos situations sont très différentes.. » Bien sûr qu'elles l'étaient, il n'y avait là rien de nouveau et  la Dornienne éludait une fois de plus une question qui aurait été gênante si elle avait dû y répondre en toute franchise. Arianne semblait toujours naviguer avec grande maitrise dans ses mots. Toujours dans le contrôle. Il n'y avait aucun doute, sa plus grande qualité était son art oratoire. Helena n'avait pas autant d'éloquence. Elle parlait souvent avec franchise, impulsivité ou passion, mais rarement avec tact.

Une femme enceinte qui porte l'avenir d'un Royaume en son ventre, voilà donc l'image qu'elle lui renvoyait. Ce constat était à la fois criant de vérité et vexant. Cette grossesse la réjouissait bien évidemment mais elle n'aimait pas être réduite au seul fait d'enfanter un héritier. Comme si cela était sa seule raison d'être. Elle avait choisi d'épouser Yoren car ils partageaient la même vision des choses, elle l'avait épousé dans le but de reconstruire un royaume, de reconquérir les terres perdues à l'Empire, terres qui étaient les siennes, celles où elle avait grandi. De leur mariage, elle en était le ciment, celui qui permettait de lier deux peuples, les fer-nés et les riverains. Elle incarnait une Reine populaire et appréciée. Helena était tout ça à la fois. Et bien sûr, de cet amour et de cette position, avait pris vie ce petit être qui grandissait en elle. Il était l'avenir de ce royaume, la force et l'espoir à la fois. Elle était Reine, épouse, future mère mais surtout, elle restait Helena Bracken, entière et complète.

A quoi bon se justifier auprès d'une étrangère, qui ne voyait en elle qu'une énième idiote, bercée par quelques douces paroles, étant le pion parfait permettant aux fer-nés d'accroitre leur puissance. Arianne ne pouvait savoir ce qui se passait dans l'intimité du couple royal. Helena elle, savait. Et c'était ce qui comptait.

« De quoi voudriez-vous donc parler avec moi ? » répondit simplement Helena, acceptant ainsi de clore tout débat. Bien que malaisante, la discussion avait au moins eu l'avantage de confronter enfin les deux jeunes femmes.

Arianne engagea alors la discussion sur ses terres natales.

« Bien sûr que je suis heureuse! Je suis très attachée à Haye-Pierre, et au Conflans de manière générale. C'est là où j'ai grandi, où je me suis construite. J'ai tracé ma propre route, malgré ce qu'une fille de noble ne pouvait pas faire, moi j'y suis parvenue. » Elle marqua une pause avant de reprendre, le regard toujours rivé au-delà de la fenêtre. « Il n'y a pas un chemin, un champ, une rivière que je n'ai exploré étant plus jeune, à pied ou à cheval. Bravant parfois la promesse d'une punition en rentrant le soir. J'aime cet endroit, par dessus tout ce qu'il peut impliquer pour moi. »

Elle détourna le regard pour le poser sur Arianne.

« J'aurais aimé me battre pour être encore plus fière d'avoir récupéré Haye-Pierre. Mais j'ai un enfant qui va bientôt naitre, alors.. » dit-elle plus tendrement, comme ayant apaisé le feu ardent de la frustration qui avait brulé en elle jusqu'à il y a pas si longtemps.

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MessageSujet: Re: Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé]   Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ? (flashback An 1, mois 12, semaine 1) [Tour IX - Terminé] EmptySam 15 Mai - 11:54

Cette jeunesse m’agaçait autant qu’elle m’amusait avec ses demandes, ses lubies et ses espoirs. Un court instant, je revoyais encore la silhouette blafarde de ma petite sœur, faisant preuve d’autant d’entêtement et de déraison vis-à-vis de certaines pensées ou exigences qu’elle pourrait avoir. Voilà de doux souvenirs qui avaient viré au vinaigre !

Cependant, tout Souverain, et Souveraine, devait apprendre à force d’erreurs. Il en était de même avec Helena Hoare. J’ose espérer qu’avec cet échange inconfortable, la demoiselle n’aurait plus cette folle idée de montrer de la curiosité sur les anciennes aventures de son époux. Si j’avais été assez gentille pour ne pas attiser une jalousie ou semer la graine de la discorde entre les époux, certaines n’auraient aucun scrupule à s’y atteler pour grapiller toute l’attention du Roi – ou de la Reine.

Avec une certaine grossièreté, je clos ce sujet et je relance un nouveau : le domaine familial. Plus je découvrais les fameux châteaux de ces « gens », plus je les trouvais grossiers et sans charme. Les bardes avaient bien trop embelli une réalité que les peintres s’étaient acharnés à capturer en usant et abusant de couleurs ternes et de paysages assez vides. Certes, il y avait bien plus de verdure et de cours d’eau qu’au sein de la Principauté, mais l’humidité, le temps capricieux, la boue et les courants d’air dans plusieurs pièces m’avaient considérablement gâché cette « visite » forcée.

Je soupire à sa dernière tirade. Décidément, elle était bien trop idéaliste.

Depuis mon enfance, j’avais eu plus de talent à plaire, à négocier et à convaincre qu’à guerroyer comme mes frères et ma sœur. Par conséquent, j’avais eu peu de leçons sur l’art de la guerre, en général. Pourtant, à force de côtoyer tant les gagnants que les perdants, je me rendais compte que le commerce ou la guerre n’étaient guère si différents. Il fallait s’entourer d’alliés, épuiser l’autre par des artifices, corrompre ses officiers ou ses gens et surtout les forcer à une rencontre selon nos demandes et nos exigences. Une guerre à coup d’épées était tout bonnement une perte colossale pour les deux partis. L’un voyait des années de travail être détruit, et l’autre mettait à mal les futurs territoires qu’il allait conquérir.

Suite aux défaites de la Principauté, j’en étais venue à la conclusion suivante : Une vraie victoire est celle qu’on obtient sans sortir son épée de son fourreau. Par ce moyen, les propres gens du Souverain l’acclameront pour n’avoir causé aucun grand mal au Royaume, et les futurs gens conquis l’accepteront pour avoir été respecté et avoir survécu sans trop de mal.

- Vous avez déjà fait tant, votre Majesté, et malgré votre condition. Votre enfant sera fier d’avoir une telle Mère, lorsque vos gens ou vous-même lui raconteront cette glorieuse bataille à venir, dis-je aimablement, mettant toute la ferveur que ma situation pouvait me permettre.

J’étais bien trop épuisée par ces longs mois pour réfléchir sereinement sur l’issu incertain de la bataille. Un vent de mauvais augure soufflait, similaire à celui qui s’était abattu sur Dorne. Cependant, je ne partageais pas mes pensées, consciente que je ne m’appuyais sur rien et que je n’étais pas général non plus. Personne ne tiendra en compte mes propos.  

- Si je puis me permettre, votre Majesté, je vous prie de ne pas considérer votre état comme une fatalité, indiquais-je, tentant de trouver les mots justes pour décrire au mieux la situation stupide où elle s’était embourbée. S’il est facile d’occire une vie, il est plus difficile, plus long mais plus gratifiant que de donner vie. Un enfant est un espoir, un avenir, une aventure nouvelle …

J’aurais voulu dire plus, mais les mots me manquaient subitement. J’étais lasse que de conseiller des Souverains qui préféraient ignorer ma voix. Si je lui disais de profiter de sa connaissance des lieux pour faire demi-tour dans la plus grande discrétion, et avec rapidité, avec une poignée d’hommes de confiance sélectionnés par elle ou par Yoren, allait-elle m’écouter ?

- Un enfant est une bénédiction, conclus-je, ne pouvant pas m’empêcher de penser à mon propre ventre vide, encore et toujours.

J’avais compris, au fil de ces mois, que ce même ventre allait rester vide à tout jamais. Le mariage était à oublier, au vu de ma condition actuelle, et je me refusais de donner vie à un batard. J’avais assez souffert moi-même, je me refusais de faire subir un tel destin à un innocent être. Pourtant, aussitôt après, une autre voix soutenait le contraire, qu’il importait peu qu’un enfant soit bâtard ou légitime, ou que les parents soient bâtards ou légitimes eux-mêmes : un enfant restait un enfant.



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Entre le noir et le blanc, y a-t-il une place pour la nuance ?
Arianne et Helena


« An 1, mois 12, semaine 1. Haye-Pierre »

Helena se doutait bien qu'Arianne la flattait par politesse ou par intérêt. Peut-être bien les deux. Elle ne croyait probablement pas à l'idée que la bataille à venir soit glorieuse, peut-être même espérait-elle le contraire ? Mais comment lui en vouloir ? Que peut souhaiter un prisonnier pour son geôlier ? Si Helena n'était pas à l'initiative de ce traité, en tant qu'épouse du Roi, elle en partageait au moins toutes les responsabilités. Mais il était évident que ni l'une, ni l'autre, ne se satisfaisait de cette situation.

Elle laissa poursuivre la Dornienne. Ses propos, sur l'espoir que pouvait représenter l'arrivée d'un enfant, résonnaient pour Helena avec un tantinet de jugement. Bien entendu, elle avait ressenti de la frustration concernant son état, étant contrainte de se mettre en retrait à un moment aussi important pour son royaume. Mais elle aimait cet enfant et cela n'était pas contradictoire. Si cela lui arrivait d'en douter sous l'impulsion de ses émotions, pas plus tard qu'au début de cette conversation, à cet instant même elle en était sûre. Un brin touchée dans son orgueil de future mère, elle avait d'ailleurs entrouvrit la bouche pour assurer qu'elle ne doutait pas de cela, mais elle finit par laisser Arianne conclure simplement « Un enfant est une bénédiction ».

« Oui, cet enfant est un espoir pour ce royaume. »  répondit-elle alors spontanément. « Il va représenter le lien indéfectible entre les Iles de Fer et le Conflans. Si avec Yoren nous en sommes le socle, il va en être le pilier. Il va rassembler à l'unisson deux peuples sous une même bannière. Cet enfant est une bénédiction. »  dit-elle, les yeux étincelants. Elle avait fini par les mêmes mots qu'Arianne parce qu'elle devait se rendre à l'évidence, il n'y avait pas plus juste pour décrire la situation.

Cela lui était pourtant bien arrivée d'en douter. Car une femme en ce monde, ne reste souvent que l'instrument de l'homme pour se reproduire et légitimer ou accroitre son pouvoir. Mais si son mariage avec Yoren n'était au départ qu'une alliance, elle avait su se faire aimer de son mari et surtout de son peuple. Les riverains lui faisaient confiance, ils se battaient autant pour elle que pour son mari. Il y avait une forme d'équilibre dans leur couple qui la rassurait quant à sa place.

« Tout va bien se passer ! » finit-elle par lâcher, plus apaisée. Elle venait de réaliser qu'elle avait été assez furieuse ces derniers jours, qu'il était temps de passer à autre chose. Après tout, la jeune femme était à Haye-Pierre, elle portait en elle un petit être qui ferait non seulement bientôt son bonheur, comme celui de son époux, mais qui aurait aussi tant de valeur pour son peuple.

Elle avait parlé pour elle, mais il était évident que le destin d'Arianne était quant à lui, plus empreint d’incertitudes.

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La jalousie était un vilain et indomptable sentiment. Plus ses traits s’adoucissaient, plus elle s’enveloppait de cette aura lumineuse propre aux mères en devenir et plus mes propres tourments s’accentuaient. Qu’avait-elle de plus que moi, pour avoir droit à davantage de bonheur, de reconnaissance et d’amour d’un peuple, d’un bâtard dont on avait partagé la même couche ou du destin ? Était-ce une affaire d’un sang royal ? Je n’en étais pas dépourvue, autant que je le sache. Ma belle-mère m’avait fait regretter suffisamment ma simple existence dès l’instant où j’avais mis pied dans sa précieuse cour de Lancehélion en tant que bâtarde du Prince son époux. Était-ce une affaire de beauté et de charisme ? Certes, je ne maîtrisais pas l’épée ou le bouclier comme la brunette en face de moi, mais je n’étais pas dépourvue de qualités morales et physiques. J’avais connu autant de bons comme de mauvais hommes, capable de déterminer leur turpitude dorénavant. Aujourd’hui, je pourrais aisément dire qui lorgne sur le corps de la demoiselle ou, plus cocasse, sur leur beau Roi bâtard. Je voyais des détails que d’autres étaient incapable de voir ou de saisir.

En sommes, je n’étais ni meilleure, ni pire qu’elle. Et pourtant, j’avais bien moins qu’elle. Pire, j’étais inférieure à elle. Otage passive, attendant qu’une sentence tombe tantôt de l’allié, tantôt de l’ennemi, ignorée par ses propres gens. Si j’avais eu un époux ou des enfants, aurais-je eu à subir cette même solitude et abandon ou, au contraire, auraient-ils cherché à me sauver par tous les moyens, qu’importe ce que les grands de ce monde pouvaient dire ? Peut-être que oui. Peut-être que non. En vérité, qu’importe ! Les liens du sang étaient forts, assurément, mais il n’avait jamais été dit qu’ils sauraient nous combler. Si seulement nous pouvions choisir notre Famille. Mes rêves et espoirs écroulés et anéantis prenaient subitement une autre forme et allure. Je me repensais à ces belles et nobles idées que j’avais nourri enfant, où il n’était pas question de se laisser soumettre aux dogmes ancestraux injustes. Jeune fille, j’avais espéré reproduire ces idéaux sur les terres de mon futur époux. Avec mes enfants.

La jalousie reprend le pas, avec puissance. Ne se rendait-elle pas compte qu’elle avait été bénie d’une situation que bien des femmes désireraient à cet instant ? Le temps d’un instant, je me mets à prier que Yoren s’écroule sous le poids de son arrogance et de son audace, et que ce futur qui grandit au creux du ventre de la mère soient leur plus grande déception. Ce ne serait que justice, me dis-je. Mais justice pour « quoi » ? J’en connaissais la réponse, mais je préférais ne pas la reconnaître, l’ignorant autant que possible. Elle était hideuse, gênante, envahissante et terrible pour ma propre conscience. Elle était à la fois mon doute, et mon péché.

Et la mère parle : tout va bien se passer !

Je me tais. Je ne désirais pas lui donner le plaisir de ressentir l’amertume dans mon ton, et je n’avais pas la force de lui mentir. Je sentais un « vent » différent, le même que j’avais ressenti sur Dorne, peu avant sa grande défaite et sa profonde humiliation. A nouveau, à quoi bon partager un tel sentiment avec autrui ? Hormis passer pour la lunatique, que gagnerais-je ?

- Mon destin est lié au vôtre, Votre Majesté. Je ne peux donc que prier pour la même victoire, dis-je, le ton las et vague.

Je me rends compte, que maintenant, que la demoiselle n'avait pas pris la peine de s'intéresser à mes propres occupations après avoir présenté ses principaux loisirs de jeunesse sur son domaine natal. Certes, je lui avais révélé un pan de mon passé, soit une existence plutôt servile mais pouvait-on me réduire simplement à "ça" ? Non, évidemment. Elle était définitivement bien trop jeune et "brute" dans sa façon d'agir et de penser. Elle était assurément une âme idéaliste, mais qui manquait d'une touche de délicatesse. En somme, elle n'était pas faite pour les intrigues de Cour qui l'attendaient, lorsqu'il faudra consolider ces deux Royaumes. Un enfant ne suffira pas et les batailles n'étaient que l'expression de ce qui se déroulaient dans les coulisses entre les rumeurs, les coups bas et les trahisons.

- Si je puis me permettre, j'ai cette terrible sensation que vous vous êtes dévoilées davantage que moi, dans cet échange. Je connais un pan de votre passé, vos sentiments présents et vos espoirs futurs. Quant à vous, hormis mon passé au sein de ma Maison ou encore auprès de votre Epoux, que savez-vous d'autres ? En tant que Reine, prenez l'habitude de toujours forcer l'autre à se dévoiler davantage que vous et jusqu'à ce que vous soyez assez satisfait, avant de révéler quoi que ce soit de votre personne. Si j'avais été une âme pervertie et viciée, j'aurais sûrement pu prendre avantage et je me serais jouée de vous habilement. Je vous prie de ne point me dire que j'ai tort, que je suis une femme d'une nature bien mauvaise qui ne connait rien aux nobles sentiments. J'ai peut-être été bien plus idéaliste et plus naïve que vous dans ma jeunesse. Ou peut-être que je mens actuellement, uniquement dans l'intention d'attiser votre curiosité. Qu'importe. La finalité n'en change pas, et je suis ce que je suis aujourd'hui. Car tel est ce monde aussi, depuis la nuit des temps et jusqu'à sa fin: les hommes et les femmes chercheront toujours à prendre l'avantage ou l'ascendant sur autrui, par tous les moyens.

Pourquoi est-ce que je l'aidais ? En compensation de cette horrible souhait que j'avais fait, sûrement. Helena ne méritait pas toute ma colère. Ni Yoren, en partie du moins. Il n'était pas étranger à mon tourment.

- Voyez là les conseils d'une femme expérimentée, qui souhaite vous remercier pour votre générosité. Je sais que j'aurais pu être traitée d'une bien terrible façon, sans votre protection,mentis-je habilement, habituée à ces jeux de faux-semblants depuis bien des années.



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