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 La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]

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MessageSujet: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 22 Juil - 2:11




  • Manfred Hightower
La Jouvencelle qui danse aux cieux






Il était tard, le soleil était couché depuis quelques temps et les grillons chantaient à présent une ode à la nuit accompagnés par les fontaines et quelques grenouilles. Taïna qui venait de terminer ses prières prit le temps de sortir sur le balcon de sa chambre pour respirer quelques goulées de l’air frais du soir. L’odeur doucereuse des jardins de la capitale du Bief montait, toute parfumé de roses et de lys. Elle ferma les yeux et inspira profondément cette fragrance capiteuse et enivrante qu’offraient, en se fermant, les fleurs de Hautjardin qui avaient exhalées au soleil toute la journée. A la Treille aussi la nuit avait un arôme particulier et les émanations variait selon les saisons, des feuilles vignes mêlées aux premières fleurs blanches au printemps au jus de raisin en cours de vinification à l’automne. Néanmoins, rien ne valait un été à Hautjardin, nul endroit sur terre où la nuit embaumait à vous faire tourner la tête, nul endroit où la douceur de vivre vous faisait si aisément oublier le temps qui passe. La beauté partout, s’étalait avec grâce, dans les allées fleuries, sur les parterres verdoyants, depuis les fontaines ou les colonnes immaculées et envoutait tous les sens sans exception.



La Redwyne rentra dans sa chambre, ferma la grande fenêtre et tira les lourds rideaux, s'apprêtant à se mettre au lit, quand un valet du Roi frappa à la porte. La servante sortit pour prendre le message sans attenter à la pudeur de sa maîtresse. Sa Majesté Manfred la sollicitait séance tenante pour lui faire la lecture. Elle envoya le valet répondre par l’affirmative et rappela sa camériste pour se rhabiller en hâte enfilant la première robe qu’elle trouva avant de se rendre compte qu’elle ne pouvait se rendre au chevet du Roi affublée comme une bohémienne, même si elle devait se dépêcher. Elle en choisit donc une autre avec tout le soin possible, une de brocard doré aux larges manches indigo qu’elle aimait beaucoup. Et comme il ne lui restait pas tellement le temps de se coiffer, elle se contenta de glisser deux peignes dorés pour remonter ses cheveux autour de son visage. Elle attrapa son exemplaire de l'Étoile à Sept Branche, un magnifique manuscrit enluminé avec une couverture de cuir blanc gravée de l’étoile sacrée puis se dirigea à grande enjambées vers les appartements du Roi afin de ne pas le faire attendre plus longtemps.



Cela faisait plusieurs semaines que le Hightower avait évoqué cette possibilité et le temps passant sans que le Roi ne fasse appelle à la grande rousse et sans qu’elle ait de nouveau l’occasion de lui parler. Bien sûr elle l’avait vu, souvent, de loin et fort occupé, jamais elle ne se serait permise d’aller vers lui sans qu’il lui fasse un signe. Elle avait espéré, puis elle avait fini par se dire qu’il avait dû oublier ou dire ça comme ça, pour lui faire plaisir mais sans véritablement vouloir donner suite à leur rencontre. Elle s’était demandé ce qu’elle avait fait de mal ou si elle était juste insignifiante, ce qui n’était pas totalement faux, aussi importante soit sa famille, qu’était elle, une simple jouvencelle, suivante de la Reine, une femme et certainement pas la plus puissante ni la plus belle. D’ailleurs, elle n’avait pas non plus encore rentré Lycaon, peut-être n’avait-il pas non plus demandé à l’éminent Grand Septon. Et soudain, ce fut la révélation. Il était Roi, il avait des tas de choses à faire chaque jours, bien plus importantes que n’importe quelle femme en ces lieux, fut-elle la plus extraordinaire de toute ce qui n’était le cas de Taïna qui était simplement très ordinaire. Elle s’en voulu terriblement d’avoir pensé qu’un tel homme avait oublié, se disant qu’avec la campagne en cours et tous ses devoirs il avait certainement été très occupé et n'avait même pas eut le temps de lire l'Étoile à Sept Branches. Quelle sotte égoïste faisait elle de n’avoir pas pensé à cela durant les quelques soirées qu’elle avait passé à se demander s’il l’appellerait à son chevet.



Taïna attendit sagement qu’on l’annonce et qu’on l’autorise à entrer. Elle fut bientôt invitée à passer la porte et se reprit afin d'afficher son plus beau sourire avant de faire, bien sûr, une profonde révérence.

__ Bonsoir Votre Majesté, j’espère que votre journée n’a pas été trop harassante.


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 9 Aoû - 19:14

Le printemps est beau. Déjà chaud, pour partie du moins. Il n’est pas possible d’anticiper comment l’année va se dérouler mais j’espère que nous pourrons compter sur plusieurs récoltes afin d’assurer une subsistance contrariée pour le peuple, qui aura fort à faire avec des dizaines de milliers de paires de bras partis faire la guerre. Dans ces circonstances il était compliqué de produire toujours plus et si la natalité déclinait dans ces périodes, et que la guerre charriait son lot de contrariétés pour la démographie d’un royaume, il fallait quand même bien expliquer que cela ne suffirait pas. La diminution du potentiel humain du royaume ne semblait pas vraiment corrélé  avec une baisse des moyens en termes de volumes de nourriture… Car pour nourrir des armées et des bêtes en campagne il fallait prévoir leur approvisionnement avec plusieurs fois leur provision quotidienne, du fait du temps de latence induit par la durée des trajets. Dans tous les cas, il y avait beaucoup à prévoir et à planifier pour que d’une part les flottes et armées puissent être gérées avec efficacité et ne pas avoir à se battre le ventre vide ou sans le matériel adéquat, mais il y avait aussi le peuple qu’il fallait sustenter. La base de mon pouvoir reposait sur la force que j’étauis capable de mobiliser, mais elle n’était certaine que si j’avais des gens à commander.


J’étais fourbu du travail accompli, en tout cas. Tant et tant de courriers que je ne savais répondre à tous. Avec la perspective d’un départ rapide pour l’Ouest qui était tombée ce jour, et le besoin de traiter le volet diplomatique dornien et valois, il y avait beaucoup à faire. Heureusement que je ne dormais pas trop près de la chambre de la princesse, qui ne faisait pas du tout ses nuits. Ne pas manger à satiété était aussi un problème, mais ma forte capacité de travail ne s’accommodait que fort mal de pauses pendant que je rédigeais directement ou que je dictais édits et commandements, missives et communications diverses. Je ne buvais qu’assez peu aussi. En réalité quand je travaillais, je pratiquais surtout ce qui m’employait sans trop me laisser distraire par le reste.


Mais quand le labeur était fini… Je réclamais un livre à un des serviteurs. Puis du vin à un autre. J’attendais un peu dans l’un des fauteuils d’une salle de lecture, d’un bureau annexe au mien. Puis je repensais à quelque chose… Ou plutôt à quelqu’un. Taïna Redwyne, qui s’était si gentiment proposée de me faire la lecture de l’Etoile à Sept Branches. Forcément, cela avait réveillé en moi quelque concupiscence… Et je me surprenais à désirer la revoir. Là, tout de suite. Le démon ne s’était pas encore réveillé. Mais je me disais que justement, si je pouvais m’éviter de céder à des pulsions devenues incontrôlables… Ce serait sans doute le mieux. Alors je la fis mander. Habillé d’un pourpoint de couleur noire, comme à mon habitude, je restais tiré à quatre épingles mais d’une discrétion sans borne pour un souverain. Cela avait l’avantage de ne pas intimider mes interlocuteurs et de savoir mieux encore arracher vérités et sentiments.


J’attends en lisant un traité sur la dernière guerre entre Bief et Ouest, en tire quelques nouvelles notes et enseignements, avant de me lever quand on toque à la porte et que l’on introduit la jeune dame. Refermant mon livre, je me lève. La regarde fixement, léger sourire au coin des lèvres quand la voilà qui me salue bien comme il faut et mon regard traîne sur le haut de sa robe, et ce qu’il laisse imaginer de son corps. Mes yeux se rivent finalement dans les siens quand la belle me demande si ma journée n’a pas été trop harassante.



| Bien trop, je le crains, et plus encore dans l’idée d’attendre jusqu’au soir que le caprice de vous revoir ne soit enfin possible. |


Je m’incline ensuite et prend sa main dans la mienne, pour y déposer un baiser teinté d’un rien de suavité tout en la regardant. Je ne lui relâche pas de suite la main, traînant un rien, avant d’enfin la libérer et de reprendre, non sans avoir d’abord regagné mon siège.


| Avez-vous passé une bonne journée, Dame ? J’espère que ma demande ne vous a parue ni incongrue ni importune… |


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 16 Aoû - 0:09




  • Manfred Hightower
La Jouvencelle qui danse aux cieux






Les préoccupations du Souverain d’un Royaume en guerre étaient bien loin de celles d’une jouvencelle, qui, bien que partie prenante dans les conflits par sa famille, n’entendait rien au ravitaillement des troupes, pas plus qu’aux aléas démographiques et agricoles dus aux batailles. Taïna vivait donc une existence des plus paisible à Hautjardin et même la Reine ne semblait pas vouloir lui mener la vie trop dure. Elle aidait sa maîtresse du mieux qu’elle pouvait avec son nouveau né, une fille aussi braillarde que sa mère selon les médisants. Mais Eren ne braillait pas tant que ça, elle faisait des efforts pour apprendre de la grande rousse la façon dont une Dame du Bief et plus encore une Reine devait se tenir. Elle lui jouait de la musique aussi, souvent, et à l’enfant lui chantant des berceuses pour que sa mère puisse se reposer. Elle n’avait pas à se plaindre, faisait ses sept prières quotidiennes comme il se doit et regrettait seulement de ne pas encore avoir croisé un général de haute naissance qui lui fasse la cour. Toujours pas de mariage à l’horizon, ni de nouvelles d’Aylan ou de son père. Elle restait donc simplement à la place qui était la sienne et faisait son devoir du mieux possible, agréablement surprise par le comportement presque exemplaire de la Reine. La née Hoare faisait des progrès à vue d’œil malgré son caractère bien trempé qui restait une réalité avec laquelle elle devait composer et malgré les réticences de la Redwyne à accepter d’avoir une Fer-Née pour Suzeraine, elle devait bien avouer que ses efforts pour ressembler à une Lady étaient réels.



Quand au Roi, elle le croisait parfois, mais il semblait passer plus de temps dans son cabinet que partout ailleurs dans le château, ne prenant pas même le temps, tant le devoir l’appelait et le retenait, d’une promenade dans les jardins ou d’un office au septuaire. Miséricorde de la mère, elle aurait aimé pouvoir le décharger de tout ce labeur, mais elle en aurait été bien incapable. Alors elle se contentait de prier pour lui et pour la grandeur du Bief. Les nouvelles du front nourrissaient bien sûr les conversations, même celles des jeune filles en fleur de la cour. On se demandait si les bonnes nouvelles venues de la mer suffiraient à compenser les mauvaises nouvelles venues du Nord. On priait pour Lord Tarly et pour ses hommes, on maudissait l’Empire et la Reine de l’Orage, on bénissait les croisés et le Grand Septon qui, grâce aux Dieux, vaincraient certainement les impies. On se donnait du courage comme on pouvait. On espérait… La native de la Treille espérait avec une foi inébranlable en son Roi.



Il était vêtu avec une grande sobriété, comme c’était souvent le cas, elle avait pu le remarquer. Elle se demanda si se serait déplacé de lui faire faire un costume d’apparat qu’elle dessinerait pour lui. Elle pourrait même choisir les étoffes et coudre un peu, mais les couturières étaient plus rapides et surtout, elles pouvaient s'abîmer les mains avec les aiguilles. Cela la fit sourire de l’imaginer dans un pourpoint qu’elle imaginait gris argenté comme la tour de Villevielle et avec des entrelacs rappelant les flammes de son blason. En se redressant elle posa ses yeux dans les siens l’espace d’un instant avant de brusquement baisser la tête pour dissimuler qu’elle aussi avait attendu ce moment avec impatience. Elle essaya de sourire, mais elle ne put retenir un frémissement quand il posa ses lèvres sur sa main en la regardant. Elle se demanda ce qu’il faisait et ce que ses paroles et gestes éveillaient en elle sans comprendre pourquoi elle avait frémit, pourquoi elle avait un peu peur, pourquoi elle était à présent mal à l’aise.



Taïna ouvrit la bouche, essayant de trouver quelque chose d’intelligent à répondre à son compliment, essayant tant bien que mal de faire fi de son regard appuyé, de sa main serrant la sienne plus que nécessaire. Mais aucun mot ne sortit et elle finit par refermer la bouche et tenter à nouveau de sourire avant de se résoudre à baisser la tête.

__ Ma journée fut excellente votre Majesté. J’espère satisfaire votre épouse la Reine avec un peu de musique et mes oreilles qui sont devenues les siennes et je me réjouis de voir quotidiennement la Princesse, votre fille.



Se redressant enfin avec le sourire qu’elle voulait afficher sans y parvenir jusqu’ici, la Redwyne répondit :

__ Je suis honorée par votre invitation et je ne crois pas qu’il soit incongru que la suivante de la Reine lise quelques passages de l’Étoile à Sept Branches pour le Roi. Vous avez vous aussi le droit à quelque doux répit après vos dures journées.



En levant le livre qu’elle tenait dans la main, elle ajouta en hochant la tête.

__ J’ai apporté le mien, ainsi n’aurez vous rien d'autre à faire que d’écouter.



Jouvencelle innocente et quelque peu naïve peut-être, elle le trouvait parfait, si cultivé et si avenant, mais il ne lui serait pas venu à l’esprit d’essayer de le séduire, il était marié et le mariage était sacré, nul ne pouvait se glisser entre un Seigneur et son épouse. Elle avait aussi une confiance infinie en lui et n’imaginait pas un seul instant qu’il puisse penser à mal, tout comme elle ne pensait pas à mal et ne souhaitait en aucun cas le tenter en aucune manière. Encore une fois, elle pensa qu’il avait agit ainsi pour être gentil et sans aucune arrière pensée et balaya ses doutes dans un léger soupire.

__ Puis-je m'asseoir ?



Demanda-t-elle en souriant.


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 26 Aoû - 22:49

J’avais dans l’idée d’en profiter. Comment encore, je n’en savais rien. Je voulais le faire, mais j’étais pieds et poings liés par mon statut, par ce qu’il impliquait comme surveillance, comme façon de faire. J’avais surtout envie d’un bon verre, et de virer ces satanées bottes pour me reposer un peu les pieds, trop longtemps enfermés sous le cuir qui était peut être un peu trop serré. En réalité, j’étais exténué. Je n’avais pas manqué de mesurer l’ampleur de la tâche qui m’attendrait en étant Roi, mais il n’en restait pas moins que cela faisait beaucoup pour un seul être humain. Je ne m’étais pas attendu au moindre traitement de faveur. C’était même plutôt l’inverse en vérité, compte tenu de tout ce qui me faisait me remettre en question. Ma naissance, mes apprentissages, les dents longues des autres maisons, sans même parler du problème impossible à oublier de la menace de mort qui pesait sur moi et sur la famille que j’étais en train de fonder. Tout échec signifierait sans aucun doute la fin de tout ce que je construisais, et sans doute dans la douleur en supplément. Je l’avais bien assez prodiguée pour savoir que lorsqu’elle viendrait me récompenser pour mon œuvre, ce serait sans doute assez terrible dans le genre.


Je m’éloignais déjà de mes préoccupations immédiates. Difficile de dire ce qu’il me fallait pour être concentré sur autre chose que ces missives en suspend et ces décisions à prendre, car même la proximité d’une jeune femme avenante ne semblait y parvenir qu’en partie. Cela ne me ressemblait pas, mais peut-être que le poids de la royauté serait suffisant pour m’aider à contenir mes démons et la rage qu’ils contenaient ? Je ne pouvais que l’espérer.


J’étais fatigué. Et de mon aptitude à encaisser et surmonter cette fatigue découlerait sans doute beaucoup d’erreurs potentielles… J’allais devoir me révéler sous mon meilleur jour pour traverser ces premiers obstacles -et quels obstacles !- sur la route du pouvoir et de la gloire.


Ah, tiens. Je me délecte de cette légère crispation qui est la sienne. Qui me donne le sourire. Qui fait rugir les démons qui se lovent dans mon poitrail. La jeune femme hésite visiblement sur ce qu’elle doit me dire mais finit par acquiescer, respectueuse et souriante, toute à moi et à mon petit plaisir de jouer avec son respect des convenances.


J’eus quand même le plus grand mal à ne pas ricaner quand la jeune Redwyne m’expliqua qu’elle espérait qu’Eren vive mieux sa vie avec un peu de musique. L’idée même que mon épouse puisse connaître autre chose que les cors fer-nés et les tambours des bancs de rameurs m’amusait follement. Quant à ma princesse de fille, je me réjouissais qu’elle allait bien. On ne pouvait pas dire que je suivais son évolution avec attention mais j’étais Roi, pas nourrice, et j’avais vraiment beaucoup à faire ces derniers temps. Je me contentais alors seulement de sourire poliment.



| Je suis ravi alors, si Dame mon épouse s’ouvre un peu aux arts bieffois et à notre culture, son intégration parmi nous ne saurait qu’en être facilitée. Quant à ma fille, je vous envie de la voir si souvent, mes obligations hélas m’empêchent pour le moment d’être aussi près d’elle que je le souhaiterais. |


Ca et bien sûr, l’attirance perverse que je nourrissais pour les filles vertueuses comme ma lectrice de ce soir. J’acquiesçais d’un signe de tête et d’un sourire à l’honneur de la jeune femme et je ne loupais pas l’occasion que l’on nourrisse pour moi quelque compassion.


| Vous êtes gentille, Taïna. Puis-je vous appeler Taïna ? Vous êtes loin d’être une personnalité lointaine, en vous occupant de ma fille, et étant au service de ma femme. Vous me feriez l’effet de n’être venue que parce que je vous l’ai demandé pour me faire la lecture… |


Un soupçon de connivence me permettrait assurémment de tâter le terrain, avant de peut être tâter la donzelle. J’espérais que l’avidité et l’impatience que je me mettais à ressentir ne remontait pas jusque mes yeux, mais si c’était le cas alors ils pouvaient sans doute passer pour quelque enthousiasme à me retrouver dans cette situation et avec cette si douce voix… Je manquais de lui répondre qu’elle pouvait s’asseoir sur mes genoux quand elle me demandait l’autorisation, mais il fallait reconnaître que ce n’était clairement pas le moment.


| Bien sûr, je vous en prie. Quel est votre passage préféré ? Je vous laisse le choix de la lecture… |


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyVen 28 Aoû - 14:14




  • Manfred Hightower
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Manfred se mit à l’aise. Il en avait bien le droit après une journée certainement très chargée. Elle ne lui en tenait pas rigueur, mais prenant conscience à cet instant qu’elle entrait dans son intimité, presque autant qu’elle faisait partie de celle de la Reine, elle rougit et baissa les yeux en prenant une grande inspiration. Elle espérait qu’il ne remarque rien, afin qu’il ne se sente pas gêné à son tour d’avoir fait comme bon lui semblait. Elle aurait dû s’y attendre avec cette invitation tardive et se demanda s’il fallait qu’elle appelle des serviteurs pour lui masser les pieds ou lui servir une collation. Mais le personnel était le sien, elle n’osa donc pas prendre cette initiative et se contenta de faire ce pourquoi elle était venue.

__ C’est un bébé vous savez, et une fille qui plus est. Une affaire de femme, pas d’homme et encore moins de Roi. Je ne doute point que vous ayez d’autres choses à faire. Ne soyez pas trop dur avec vous même. Quand à votre épouse, sachez qu’elle s’en sort à merveille.



Aussi bien en tout cas qu’on pouvait l’attendre d’une femme qui avait passé le plus clair de son temps sur des boutres à égorger des gens. Quelle horreur. Mais en tout cas, elle faisait des efforts, à n’en pas douter, pour s'intégrer à la cour du Bief, ou en tout cas en donnait-elle l’apparence. Quand bien même conservait-elle son caractère trempé dans le fer et le sel des îles d’où venaient sa famille.

__ Bien sûr Sire, appelez moi comme il vous plaira. Et je viendrais vous faire la lecture chaque fois que vous me ferez mander. C’est un honneur de servir la Maison Royale du Bief.



Taïna se fendit d’un profonde révérence. L’intimité qui s’installait doucement entre eux se confirmait, cependant, s’il pouvait se passer des convenances, elle ne le pouvait bien évidemment pas et ne lui en demandait pas tant.

__ Merci Sire…



La grande blonde s’assit donc sur un fauteuil non loin du Roi et posa le livre à la blanche couverture sur ses genoux, elle reprit, dans un soupire, après une courte réflexion, faisant ainsi semblant que cela ne faisait pas des semaines, depuis leur dernière rencontre en vérité, qu'elle y avait pensé et c'était arrêtée depuis longtemps sur un texte. Il y avait des tas de textes qu’elle aimait dans cet ouvrage, mais elle en voulait un qui puisse plaire aussi au Roi. De plus, il y avait des passages qui parlaient de la relation entre Hugor et son épouse et qui étaient un peu osés, elle les aimait bien, cela parlait d’amour, mais elle s'était demandé si cela ne serait pas absolument déplacé de lire une telle chose à un homme marié et si une telle lecture ne pourrait pas être mal interprétée, aussi avait-elle renoncé. Elle avait donc choisit une prière, celle d’un Roi à son Dieu, qui pourrait fort bien convenir à la situation et donner du courage au Hightower et la force de la foi pour la campagne et ses si nombreuses tâches.

__ J’aime beaucoup les Psaumes d’Hugor de la Colline. Celui-ci par exemple :



Elle commença de mémoire trouvant rapidement la page correspondante grâce au ruban qui la marquait et lisant avec aisance un texte que, manifestement, elle avait l’habitude de lire et de dire.

__ Bienheureux l’homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs, et ne s’assied pas au siège des moqueurs, mais qui a son plaisir en la loi des Sept Qui Sont Un, et médite dans leur loi jour et nuit ! Et il sera comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux, qui rend son fruit en sa saison, et dont la feuille ne se flétrit point ; et tout ce qu’il fait prospère. Il n’en est pas ainsi des méchants, mais ils sont comme la balle que le vent chasse. C’est pourquoi les méchants ne subsisteront point dans le jugement, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes ; Car les Sept Qui Sont Un connaissent la voie des justes ; mais la voie des méchants périra.



Convaincue qu’il faisait partie non des méchants mais des justes et des saints, la Redwyne leva un instant la tête et adressa un doux sourire à Manfred. Puis elle reprit.

__ Ainsi parla Hugor de la Colline, Roi d’Andalos alors que ses conseillers complotaient contre lui : Prête l’oreille à mes paroles, ô Père d’En-Haut ! Considère ma méditation. Sois attentif à la voix de ma supplication, mon Roi et mon Dieu ! car c’est toi que je prie. Père d’En-Haut ! le matin, tu entendras ma voix ; le matin, je disposerai ma prière devant toi, et j’attendrai. Car tu n’es pas un Dieu qui prenne plaisir à la méchanceté ; le mal ne séjournera point chez toi. Les insensés ne subsisteront point devant tes yeux ; tu hais tous les ouvriers d’iniquité. Tu feras périr ceux qui profèrent le mensonge ; l’homme de sang et de fourbe, Le Père l’a en abomination. Mais moi, dans l’abondance de ta bonté, j’entrerai dans ta maison ; je me prosternerai devant le temple de ta sainteté, dans ta crainte. Père d’En-Haut ! conduis-moi dans ta justice, à cause de mes ennemis ; dresse ta voie devant moi ; Car il n’y a rien de sûr dans leur bouche ; leur intérieur n’est que perversion ; c’est un sépulcre ouvert que leur gosier ; ils flattent de leur langue. Punis-les, ô Dieu ! Qu’ils tombent par leurs propres conseils ; chasse-les à cause de la multitude de leurs transgressions ; car ils se sont rebellés contre toi. Et tous ceux qui se confient en toi se réjouiront, ils chanteront de joie à toujours, et tu les protégeras ; et ceux qui aiment ton nom s’égayeront en toi. Car toi, tu béniras le juste, ô Père d’En-Haut ! Comme d’un bouclier tu l’environneras de faveur.


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyJeu 3 Sep - 23:16

Enfin un peu de repos, de tranquillité. Plus ou moins.


Car déjà, les démons s’agitent.


Ils ma taraudent l’âme depuis des années. Ils me possèdent. Me laissent pantelant, près à m’écrouler sur ma propre conscience, ou à démolir mon corps parcouru de fièvres et de tremblements. Cette tempête glacée qui se jouait au plus profond de mes entrailles. Ils recommencent, encore et encore. Je ne saigne plus autant qu’avant. Je ne me déchaîne plus tellement dans des abîmes de violence. Mon âme, elle, reste ténébreuse. En proie au vice. Au mensonge. A la violence, malgré tout. Elle reste brisée et malmenée, sans que je n’arrive jamais à me réparer. Eren contribuait à me tenir sous contrôle, car elle était elle-même capable d’encaisser un certain nombre de choses. Physiquement ou non. C’était un loup. Non. Pire. C’était un requin. Un de ces squales dont l’âme s’était depuis longtemps éventée dans la perspective d’une faim perpétuelle, d’une soif de sang qui ne serait jamais comblée, pas même un peu.


Je manquais de ricaner une fois encore quand la belle lectrice commence à me dire que ma femme s’en sortait à merveille avec notre fille. Je glisse vers elle un regard amusé, complice et mon ton est sans équivoque sur ce que je trouve amusant dans cette situation.



| Vous m’en voyez heureux, un temps j’ai cru qu’elle lui apprendrait le maniement de la hache avant celui du hochet… |


Je me rendais bien compte des choses qui n’allaient pas chez mon épouse, rapport à son sexe, à son pays de naissance. Mais j’aimais aussi l’attention qu’elle attirait. Ca faisait parler les gens, et ça détournait l’attention de l’essentiel ; ce qu’elle apportait et ce qu’elle pensait. Et aussi, quand on parlait sur elle, on s’intéressait un peu moins à ce que ce Roi si normal, si impliqué, pouvait bien faire de son temps. Encore une fois, je joue l’homme affable, élégant, quand mon cœur et ma poitrine se compriment, se rétractent, devant la menace de ce qui pourrait me faire lâcher prise pour de bon.


| Aussi souvent que je pourrais le vouloir ? Vous vous exposez à passer beaucoup de temps et de soirées avec votre Roi, Dame. |


La belle me remercie et je laisse le moment s’estomper d’un rien, pour ne pas m’emballer ni tout ruiner par trop d’empressement. Ce sont ces moments-là desquels je jouis le plus ; ces moments où il n’y a plus grand-chose d’autre à espérer que de tenir le plus longtemps possible et d’enfin succomber. La belle s’assied enfin, pose le livre sur ses genoux et soupire… Mignonne. Délicieuse. Il y a du potentiel d’amusement qu’il faudra savoir entretenir et ne pas évacuer dans les égouts sous la ville, jusque dans le fleuve. Pas trop vite en tout cas. Elle avait l’air d’hésiter un rien du passage qu’elle souhaitait me faire lire. Elle opte pour Hugor, et je lui fais un signe de la main, m’allongeant à demi dans mon fauteuil, l’encourageant silencieusement à commencer.


Et elle ne me déçoit guère. Tant de facilité dans la diction de ses mots, la clarté et la conviction de sa voix. Les mots me font sourire, mais je ferme les yeux, comme savourant et buvant ses paroles. Le siège des moqueurs, le conseil des méchants… Il ne fallait pas qu’elle périsse, cette voix, sinon je serais sans doute le premier à succomber. Mais moi, jeune Redwyne, dans l’abondance de ton décolleté, j’entrerais sous tes frondaisons et je me prosternerai non devant le temple de ta sainteté et encore moins dans ta crainte, mais pour te dévorer toute entière.


Mazette, s’il y avait bien un Père d’en Haut, ce dont je ne doutais que de moins en moins au fil du temps, je n’étais pas en voie de rédemption.



| Père d’en Haut ! ne me reprends pas dans ta colère, et ne me châtie pas dans ta fureur. Use de grâce envers moi, Père d’en Haut ! car je suis défaillant ; guéris-moi, Père d’en Haut ! car mes os sont troublés. Mon âme aussi est fort troublée... Et toi, Père d’en Haut ! jusqu’à quand ? Reviens, Père d’en Haut ! délivre mon âme; sauve-moi à cause de ta bonté. Car on ne se souvient point de toi dans la mort ; dans le val, qui te célébrera ? Je suis las à force de gémir ; toute la nuit je baigne ma couche, je trempe mon lit de mes larmes. Mon oeil dépérit de chagrin, il a vieilli à cause de tous ceux qui me pressent. Retirez-vous de moi, vous, tous les ouvriers d'iniquité, car l'Père d’en Haut a entendu la voix de mes pleurs ; Père d’en Haut a entendu ma supplication ; Père d’en Haut a reçu ma prière. Tous mes ennemis seront honteux et fort troublés ; ils s'en retourneront, ils seront confus en un moment. |


Par cœur. Facile. Je l’avais appris, jadis. Pour le hurler à la face des dieux au moment de les retrouver.


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyVen 4 Sep - 15:26




  • Manfred Hightower
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La Redwyne était une douce et innocente pucelle qui ignorait tout des sombres desseins des hommes et des tréfonds sanglants de l’âme humaine. Pas qu’il n’y ait rien de telle à La Treille, mais les manipulations et les complots ne portaient que sur le commerce et la politique. Le nerf de la guerre, du pouvoir et de la richesse. Était-ce mal alors ? Lord Jaden disait que non, car cela était pour la famille, une grande Maison de sang Royal. Les Dieux ne pouvaient que soutenir les actions visant à faire grandir l’influence diplomatique et financière de gens de foi et de haute noblesse. Les Dieux pourtant, n’avaient pas choisi le Sire de La Treille comme Roi du Bief mais l’Amiral Manfred Hightower. Était-ce parce que les hommes en avaient décidé ainsi et qu’il convenait de lutter afin de faire couronner un autre Roi ou tout ceci n’était finalement qu’une bataille d’égos et de pouvoir dont les Dieux n’avaient que faire ? En tout cas, la grande blonde avait davantage de clairvoyance sur son géniteur et ses travers que sur ceux du Sire de Hautjardin. Elle avait d’avantage eut l’occasion d’observer le vieux Redwyne user de méthodes pas toujours en adéquation avec les enseignements des Sept que de voir le natif de Villevieille découper des personnes ou abuser de son influence pour obtenir leurs faveurs. Mais elle n’avait pas encore choisi son camp, ou plutôt si, elle avait choisi le Bief. Tant que Manfred s’avérait être un Roi digne de son titre, de son trône et de la Foi, elle se refusait à agir contre lui, s’il échouait ou qu’une opportunité de faire monter Jaden sur le trône se présentait, elle suivrait les ordres de son père comme une bonne fille obéissante. Quand à l’épouse du Roi, elle n’était pas un parfait modèle de Reine, mais elle faisait des efforts, la jouvencelle ne saurait dire si cela suffirait ou non mais désormais, le mariage consommé et productif, ses valeurs lui interdisent de se mettre entre eux. Car toujours les enseignements des Sept la guidaient sur les chemins sinueux de son existence entre la Royauté et sa Maison, entre le bien et le mal.



Ouvrant de grands yeux à la réflexion du Roi sur son épouse et sa manière peu conventionnelle d'éduquer leur fille elle finit par en rire à son tour. C’était une plaisanterie bien sûre, un Royal trait d’humour. N’est-ce pas ? Elle s’en convainquit, espérant que la Princesse ne manierait jamais la hache car s’en serait fini du Bief et des ses valeurs. Mais quelle mère digne de ce nom donnerait un objet tranchant à son bébé à la place d’un hochet ? Même Eren n’était pas en dehors des réalités à ce point, et elle aimait sa fille tout de même, elle ne risquerait pas de la voir se blesser ou pire. Les bébés déjà, étaient si fragiles, emportés par des maladies, des accidents, si souvent qu’ils étaient sitôt oubliés pour être remplacés bien vite. En revanche, la jouvencelle ne parierai pas sur l'avenir d’un telle Princesse si sa mère l’éduquait comme elle avait elle même été élevée, à la dure, selon les traditions des Fer-Nés et des Hoare. Qui voudrait d’une telle épouse ? Quelle valeur aurait-elle pour conclure une alliance ? Évidemment elle comprenait la nécessité du mariage entre Manfred et Eren, il avait tenu la parole trahie par Kevan. Elle comprenait aussi, surtout maintenant qu’il était roi, l’importance de faire en sorte qu’Eren ait de nombreux enfants. Après que le Bief ait déjà perdu une lignée Royale par l'entêtement amoureux d’un Roi à garder une épouse stérile , il s’agissait d’éviter à tout prix que des problèmes de successions déchirent à nouveau le Royaume. Mais il faudrait prier cependant que que la jeune fille ne devienne pas comme Argella Durrandon, l’exemple même de Reine encore célibataire et on ne se demandait pas pourquoi personne ne voulait d’elle malgré sa naissance. La Redwyne comprenait moins bien les intérêts de cette alliance, mais elle avait certes été fructueuse lors de la conquête d’une partie de l’Orage et de la soumission de Dorne. Le Conflans Hoare en proie aux trahisons incessantes et aux séditions n’étaient plus à présent ce qu’il avait été lorsque le contrat avait été signé, mais ce n’était pas une raison pour mettre fin à l’alliance et répudier une épouse. Bien heureusement, il en fallait plus pour que les sacrements du mariage puissent être remis en cause.



Elle rougit en baissant les yeux alors que le Roi lui disait que sa promesse l’exposait à passer beaucoup de temps avec lui. Cela ne serait pas pour lui déplaire, il était si plaisant de converser avec lui, elle observait bien sûre toute les convenances, mais avec lui, c'était plus simple, tandis qu'avec la Reine, elle avait toujours l'impression de marcher sur des oeufs, et peur d’être mangée au moindre faux pas. Après tout elle était là pour cela en un sens, rentrer dans les faveurs de la couronne à la fois pour trouver un bon époux, pour redorer le blason des Redwyne et pour faire entrer à nouveau son père à la cour au plus proche du Roi. Ce que ferait Jaden d’une telle position restait à définir, mais elle n’avait pas à interférer dans ses affaires, elle était juste une fille, sa fille, envoyée en éclaireur afin d’adoucir tous les angles avec son sourire affable, ses bonnes manières et potentiellement, son charme et ses formes. Mais cela, il s’était gardé de lui dire.

__ Ce serait un honneur Sire. Tant que mon devoir ne m’appelle pas au service de la Reine bien sûr.



Taïna reçu alors une flèche en plein coeur. Manfred était en train de réciter de tête, le psaume suivant. Sa façon de le dire avait quelque chose de tragique, elle n’aurait su dire ce qui en faisait la puissance, car il ne criait pas, mais elle fut extrêmement troublée à tel point que les petits poils sur sa nuque se dressèrent dans un frisson qui ne lui était pas familier. Pourtant, le fait qu’un homme de foi et de culture sache par cœur les psaumes qui lui parlaient n’avait rien de véritablement extraordinaire, ou plutôt, elle aurait dû s’y attendre de la part du Roi. Maintenant qu’il avait terminé, c’était même une évidence. Mais elle n’arrivait pas à détourner son regard du Hightower qui avait certainement raté une vocation de Septon. Elle finit tout de même par fermer la bouche légèrement ouverte par la surprise et par ce flot tumultueux qui s’était déversé sur elle tandis qu’il parlait. On aurait dit qu’il s’adressait directement aux Dieux et que, bien qu’il ne répondirent point, ils étaient bien présents dans cette chambre. Le silence qui régnait à présent, lui paraissait mystique et elle ne voulait surtout pas le briser. Et pour dire quoi de toute façon. Qu’y avait-il à ajouter à ces mots saints ? Qu’aurait bien pu dire une jouvencelle, aussi pieuse soit-elle après la prière d’un Roi ?



Après s'être signée de l'2toile à Sept branches, elle se rappela qu’elle n’était pas là pour écouter le silence ou prier, mais pour faire la lecture au Roi. Elle murmura d’une voix à peine audible :

__ Souhaitez-vous que je reprenne ?


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyJeu 10 Sep - 21:59

Cela me venait naturellement. Quelques personnes seulement savaient combien j’avais pu être fervent fidèle des Sept. Je ne pouvais pas dire avoir été particulièrement sensible à l’office et fréquent dans mes visites, mais les textes religieux, et les entrevues avec des septons, cela oui, on ne pouvait pas me soutenir que j’étais iconoclaste et peu dévôt. Bien sûr, j’y mettais bien plus de formes désormais. Je me montrais plus assidu aux offices, notamment les plus importants de la semaine ; jour du Père et de la Mère notamment. Je ne pouvais pas dire pour autant que j’avais une parfaite connaissance des écrits. La vérité vraie était que certains récits m’avaient simplement plus capté que d’autres, notamment ceux qui parlaient des affres dans lesquels les âmes pouvaient se retrouver piégées. Ce n’était jamais que du texte parfois incohérent, parfois mal fagoté. Mais on y retrouvait malgré tout une certaine forme de poésie, grave, puissante, quelque chose qui ne pouvait que résonner dans mon âme déjà tourmentée.


Ces passages étaient assez évocateurs pour quelqu’un comme moi et je les avais épluchés un long moment, dans ma jeunesse. Sitôt passé la période où j’étais incapable de tout sinon de me reposer, j’avais cherché des réponses à ce qu’il m’arrivait. Dans les livres des septons d’abord, car je venais d’une famille très pieuse. Mais aussi et surtout parce que je pensais qu’il s’agissait d’une malédiction des dieux. Puis, avec le temps, j’avais fini par tracer les grandes lignes d’un schéma, et des habitudes, une trame en quelque sorte de ce qu’il m’arrivait. Dans tous les cas, on se retrouvait à comprendre de façon claire et posée que tout ce qui m’arrivait n’était pas tellement une malédiction des dieux, mais des hommes. Des expériences inavouées et inavouables de toute façon, avec des mestres prêts à tout pour me soigner et par la même gagner la récompense promise par un père dévasté par la peur et l’appréhension pour son enfant et héritier.


Il y avait plus de vérités inscrites dans les livres des mestres que dans ceux des religieux.


Il n’empêche que ça permettait bien par moment de briller, comme ce soir avec le joli cœur de la bieffoise qui semblait s’effaroucher d’un rien, et surtout en matière de religion. La jeune femme rit d’un air cristallin.


Je me dis à cet instant que je pourrais bien la dévorer et savourer son innocence avant qu’elle ne se fâne. Bien sûr qu’Eren n’allait pas s’entrainer à la hache avec l’enfant, mais elle était quand même capable de l’éduquer à la dure, de faire en sorte que le petit connaisse des chants et légendes fer-nés avant de s’imprégner du Bief. C’était pour cela qu’il était aussi important de faire en sorte de l’entourer de tout ce qu’il fallait pour son quotidien mais de préférence de provenance bieffoise ; ainsi elle n’oublierait pas sa patrie d’adoption et tout ce qu’elle lui apportait ; couronne, pouvoir, légitimité, et plus de sécurité qu’elle n’en avait jamais eue dans sa vie. La jeune femme rougit encore… Et encore.


Délicieuse, je vous dis.



| Votre devoir est nourri des impératifs de l’Etat. Et je vais vous confier un secret ; le Roi a beaucoup de pouvoir, ma jeune dame, dont celui de fixer les priorités. Evidemment, ma femme et ma fille en sont. Mais je ne puis prendre le risque d’exploser sans distractions ; les responsabilités sont très lourdes et ne vont guère aller en s’allégeant. |


La jeune femme reste silencieuse un long moment, touchée par la déclame. Elle ne reprend que d’une voix éteinte dans laquelle perçait pourtant l’émotion. J’incline la tête avec un petit sourire.


| Bien sûr, Dame. Votre voix mélodieuse me transporte, je suis désolé de cet interlude… Ce ne sont que les paroles un peu trop lugubres d’un homme qui a décidément bien du mal à oublier les moments les plus difficiles qui ont pu l’amener dans cette position, ici. Jusqu’avec vous ce soir. Aimez-vous tout de même ce psaume ? |


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyVen 11 Sep - 11:24




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Les livres des Mestres n’étaient pas pour les Dames, encore moins les pucelles dont le savoir se limitait à ce qu’on voulait bien leur apprendre pour faire bonne figure en société et à ce qui était conté sur les chevaliers et dans les textes saints. La science était une affaire d’hommes, qui,, guidés par la raisons pure pouvaient envisager la connaissance et les expériences tandis qu’une femelle y mettrait nécessairement trop d'émotions. Taïna avait été une gamine curieuse et avide de savoir dans son enfance, mais ses mots maintes fois répétés avaient fini par la persuader que c’était inapproprié voir dangereux. Comme certains Mestre et certains Septons le disaient, plus le cerveau d’une femme était gros plus ses parties génitales s’atrophiaient et risquaient de devenir infertiles. Et ceci était la pire chose pour une femme : ne pas pouvoir enfanter. Une honte, une malédiction qui, malgré toute sa vertu, avait touché la Reine Tricia. Alors elle avait lu, relu et dévoré les textes saints, les romans à l’eau de rose, tout ce qu’elle avait le droit de lire. Et elle avait appris autant que possible, tout ce qu’elle avait pu. Mais désobéir pour en savoir plus, risquer le châtiment divin ou paternel, non, elle ne s’y serait pas risqué et elle avait trop peur d’être une mauvaise fille, une mauvaise épouse, une mauvaise mère pour tenter quoi que ce soit contre l'ordre établi et imposé. Sage comme une image, raisonnable à défaut de raisonnée, docile, douce, innocente.



Quoi de mieux qu’un homme aussi pieux qu’elle pour partager sa vie et sa foi ? Mais pas celui-là jeune sotte ! Sacrilège ! Te vautrerais tu dans le pécher avec un homme de foi ? Le Roi dont tu sers la Reine qui plus est ? Sa poitrine se soulevait en cadence alors qu’elle chassait ses mauvaises pensées et se promettait d’aller se confesser dès le lendemain pour expier ses fautes et demander le pardon de la Jouvencelle. Mais l’émotion était intense après ce monologue empli de conviction. Par les Dieux, comme elle aurait aimé réciter l'Étoile à Sept Branche avec lui avant de se coucher à son côté ? N’y pense pas vile tentatrice ! Tu n’es point son épouse et tu ne le sera jamais, cesse de rêver les yeux ouverts et empêche ton cœur de s’enflammer pour une passion qui ne peut être. La passion, l’ennemi de la raison, une tare de femme. Il la touchait pourtant, du bout de ses mots, du noir de ses yeux, de l’infinie courtoisie dont il faisait preuve à son égard, et elle n’y pouvait rien. Elle ne pouvait que baisser les yeux et obéir aux commandements des Sept, lire et bien sur, garder pour elle tout ce qu’elle ressentait. Oh je suis désolée, tellement désolée. Mère d’En-Haut pardonne moi, aide moi à rester dans le droit chemin. Je ferais taire la passion qui me consume par la prière et me donnerais corps et âme à celui qui sera choisi pour moi.

__ Je ferais ce que le Roi commande, Sire. Pour le Bief et pour vous. En espérant pouvoir alléger votre peine à défaut de pouvoir porter votre fardeau.



Elle savait bien qu’il avait ce pouvoir, celui de la retenir auprès de lui autant de fois et aussi longtemps qu’il le voulait, et s’il n’avait pas été aussi charmant, elle n’aurait pas ressenti le besoin de lui rappeler que son devoir à elle était de servir Eren. Cette fois c’était certain, la née Hoare allait la tuer. Et elle allait devoir prier encore plus pour ne jamais succomber à la délicatesse de ses attentions. Quand à ce qu’il entendait par exploser ,elle ne comprenait pas tellement, elle hocha la tête avec un sourire. Il semblait si calme, si serein, qu’elle le voyait mal exploser, mais soit, elle le distrairait si cela pouvait l’aider et aider le Royaume par la même occasion. Oh certainement Jaden n’aurait pas cautionné, cela arrangerait bien le sire de la Treille que Manfred fasse un faux pas pour autant cela ne lui garantirait pas la couronne et mettrait tout le pays en danger. Elle n’oubliait pas la mission confiée par son père, mais elle préférait, pour le moment en tout cas, suivre les conseils de sa mère et ne surtout pas porter préjudice à la couronne, qu’importe la tête qui la portait. De plus, il lui était difficile d’imaginer trahir le Hightower tant elle découvrait chaque jour en lui quelqu’un de bien en plus d’un grand souverain. Et il lui fut encore une fois plus agréable que le protocole le voulait en s’excusant et en lui disant que sa voix le transportait. Elle était gênée qu’il s’excuse, lui aurait-elle fait croire par ses mots ou son comportement qu’il avait mal agit ? Il n’en était rien et elle répliqua avec ferveur :

__ Oh non ne vous excusez pas. C’est votre moment de détente, vous commandez et j'exécute votre Majesté. Si vos pensées sont lugubres, je vais tâcher de les rendre plus joyeuse avec un passage plus enlevé, alors. Si vous le voulez bien.



Taïna eut un large sourire et commença à chercher un nouveau passage, mais après une brève hésitation qui traduisait tout à la fois son émoi et sa réflexion, elle releva les yeux pour répondre au Roi en penchant la tête sur le côté avec un regard tendre.

__ J’aime quand c’est vous qui le dite Sire. Il ne m’avait jamais autant touché que ce soir.



Fit-elle avec peut-être un peu trop de franchise, mais sincèrement bouleversé. Comment un homme pouvait-il être aussi naturellement autoritaire, mis sur le trône par les Lords du Bief, fin stratège de ce qu’elle comprenait à la guerre, et pourtant si gentil, si élégant avec la fille d’un rival. Jamais son propre père ne l’avait traitée avec autant d'égard. Elle n’avait pas une seul instant douté de son amour et du fait qu’il tenait à elle et souhaitait le meilleur, cherchant le meilleur parti, mais il n’avait jamais été tendre avec elle, surtout avec les multiples échecs qu’il avait essuyé dans les négociation de mariage.

__ Sept qui ne font qu’un ! le roi se réjouira en votre force, et combien s’égayera-t-il en votre salut ! Vous lui avez donné le désir de son cœur, et vous ne lui avez pas refusé la requête de ses lèvres. Car vous l’avez prévenu par des bénédictions excellentes ; vous avez mis sur sa tête une couronne d’or fin. Il vous a demandé la vie : vous la lui avez donnée, une longueur de jours pour toujours et à perpétuité ! Sa gloire est grande dans votre délivrance ; vous l’avez revêtu de majesté et de magnificence. Car vous lui avez mis pour bénédictions à toujours ; vous l’avez rempli de joie par vos divines faces. Car le roi se confie aux Sept qui ne font qu’Un, et, par la bonté des Très-haut, il ne sera pas ébranlé. La main du du Guerrier trouvera tous ses ennemis, la droite de l’Aïeule trouvera ceux qui le haïssent. Le Père d’En-Haut les rendras comme un four de feu, au temps de sa présence ; dans sa colère, il les engloutira, et le feu les dévorera. La Mère d’En-Haut feras périr leur fruit de dessus la terre, et leur semence d’entre les fils des hommes. Car ils ont essayé de faire venir du mal sur le Roi, et ont médité des desseins qu’ils n’ont pu mettre à exécution. Car le Guerrier leur feras tourner le dos, quand il ajustera la corde de ton arc contre leurs faces. Soyons exaltés, dans la force des Sept qui ne font qu’un ! Nous chanterons, et nous célébrerons leur puissance.


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyMar 15 Sep - 14:30

Ce n’était quand même pas si commun à la cour de voir une dame armée de l’Etoile à Sept Branches. Non pas que la cour soit forcément généreusement pourvue en analphabètes, loin de là, mais parce que la Foi restait le plus souvent l’apanage des septons et de presque personne d’autre. Difficile quoiqu’il en soit de lui en tenir rigueur dans une société très pieuse et venant d’une famille dont le déficit de loyauté avait bien dû se retrouver compensé par d’autres éléments. Comme la Foi. Pour quelqu’un issu de la Maison Redwyne, on aurait pu s’attendre à ce qu’elle ne soit qu’affichée, cette croyance. Mais cela ne changeait rien au fond. Dans un monde d’apparences, seules comptaient celles qui prévalaient sur la véritable nature des choses. La jeune femme ne semblait pas jouer à un autre jeu que la réalité de la pratique de sa croyance. Je lui laissais le bénéfice du doute, de manière à pouvoir me rendre compte de la clarté de son intelligence et de la profondeur de sa naïveté, de son innocence.


Gagner ses faveurs était inutile et insignifiant, mais c’était un enjeu de plus à une rencontre qui autrement n’en comptait que très peu. Alors j’en profitais, de sorte à pouvoir réellement comprendre qui elle était, et ce que j’étais susceptible de faire pour en profiter également de mon côté. J’étais plus qu’intéressé par ce qu’elle avait à proposer, et surtout par ce qu’elle ne proposerait pas. Prendre de force pouvait griser bien plus qu’une victoire facile. Mais rien ne remplaçait la conquête pour laquelle on avait dû trimer, souffrir, endurer. C’était un choix purement d’équilibriste que de savoir profiter -ou non- à chaque instant, mais je ne me détournais pas de mes besoins et de ces démons qui régulièrement se réveillaient en moi.


J’aime en tout cas la voir respirer vite et fort. Il y a peu de femmes à la cour qui peuvent se targuer des mêmes atouts. Eren peut être, depuis sa mise à bas. Mais il y avait bien plus de dangers à regarder ma Reine de travers que la première noble venue. Je pousse à mon avantage quand la belle se range à mes « commandements ». Ma main effleure la sienne.



| Vous êtes gentille, Lady Redwyne, j’ai tellement de chance de vous avoir. |


Impossible de prendre cela pour un mensonge quelconque. J’étais parfaitement sincère. A quelles extrémités aurais-je dû me rendre si je m’étais finalement retrouvé en position de devoir chercher moi-même un expédient pour mes plus sombres désirs ? Et voilà que s’en présentait un tout cuit entre mes mains… La jeune femme s’empresse de me défendre de toute mâle intention et elle m’explique vouloir rendre mes pensées plus joyeuses. Le pouvait elle seulement même avec la conviction qu’il y aurait bien d’autres problèmes à survenir même si notre relation évoluait ? J’opinais lentement du chef avant que la belle ne poursuive, visiblement touchée une fois encore par le compliment que je lui faisais. C’était parfait… Tout se passait véritablement comme prévu. Je prends un air faussement inquiet, qui se voulait innocent et presque coupable, d’ailleurs.


| Je ne voudrais pas contaminer une âme si pure et si vertueuse que la vôtre par de trop sombres pensées… |


Pour le moment. Parce que mes ténèbres allaient bien devoir l’imprégner, à un moment ou à un autre. De gré ou de force. Je n’allais ni me laisser faire, ni attendre trop longtemps. Je n’en pouvais déjà plus d’impatience alors je comptais bien aller jusqu’au bout de ce que j’avais entrepris, peu importe de quoi il s’agissait vraiment au final.


Je la manipulais sans honte. Je n’étais pas un simple serviteur des doigts. Je faisais ce qu’il me plaisait, car ils n’étaient pour rien dans ma malédiction ni mon ascension… A moins qu’ils ne la cautionnent de leur inaction ou de petites touches inavouées qui pourtant avaient leur importance ? Je plaisais aux dieux, ou bien ils n’existaient pas. Il y avait une part d’Etranger en moi sans doute, d’après ce que l’on pourrait déduire du folklore qui était le nôtre. Mais je ne la rejetais pas ; j’avais appris à en apprécier la menace et à jouir de ce qu’elle m’apportait quand je savais la contrôler.


Je me reconcentrais sur les mots de la jeune femme. Sept parties d’un même dieu. Je souris aux mots presque sensuels qui s’échappent de ce texte, qui au sens littéral était assez outrancier du pouvoir royal et de son attraction. J’espérais quoiqu’il en soit sincèrement que le Guerrier serait avec moi pour les mois à venir, car plus que tout autre il était une ressource essentielle à ce que je pouvais vivre dans l’adversité qui s’élevait devant moi désormais. Je me laisse bercer un rien par la douce clameur de sa voix, pleine de conviction et de courage rassénéré par la force des dieux. Je finis par émerger et me redresser face à la jeune femme.



| Vous êtes une femme très pieuse, de toute évidence. Votre voix vibre de passion. J’aimerais que tous les gens au service du Bief fassent preuve de la même ténacité, de la même force de caractère que vous. Vous me touchez, Taïna, de par votre ferveur et par la force de conviction que vous affichez. Vous devez être poursuivie des assiduités de bien des grands seigneurs de ma cour, car vous cultiver à côté de vos qualités intellectuelles une beauté à couper le souffle et une force de conviction à renverser les montagnes… |


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyMar 29 Sep - 0:04




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Longtemps, le vilain petit canard de la famille Redwyne, la fille pas assez jolie, avait rêvé de pouvoir oublier sa laideur dans la foi après que la connaissance lui ait été interdite. Mais devenir Septa lui était impossible, elle devait se marier pour assurer une alliance pour son père et ses frères. Et renoncer à l’amour, à fonder une famille lui semblait impossible. Même si elle n’y connaissait rien, cela semblait si bien dans les contes. De toute façon elle faisait ce qu’on lui disait, alors elle n’avait d’autres choix que d’attendre que son père fasse d’elle ce qu’il voulait. Et il voulait la marier, cela ne faisait aucun doute. Bien heureusement, elle n'était plus le vilain petit canard de son enfance, elle avait grandi et sa beauté avait alors éclos en formes voluptueuse et en un visage charmant aux grands yeux naïfs. Mais elle doutait toujours d’être digne, d’être belle, d’exister simplement autrement que par ses belles robes et ses coiffures, ses cheveux qui étaient selon elle son principal atout, voir le seul, et son nom. D’ailleurs, célibataire à son âge, existerait-elle encore longtemps si elle n’était pas mariée bien vite ? Existerait-elle sans époux et sans enfants ?



Elle frémit et se crispa légèrement lorsque la main du Roi effleura la sienne, n’osant cependant pas faire le moindre geste pour se soustraire à son contacte. Elle avait jusqu’ici pu mettre son baise main appuyé et ses compliments sur le compte d’une royale gentillesse, mais sans savoir ce que ce geste était, elle savait que ce n’était pas juste une courtoise attention, tout comme les mots qui suivirent. Elle sourit, ne sachant que faire d’autre. Elle ne savait pas s’il avait de la chance de l’avoir, elle espérait pouvoir faire en sorte que ce soit vrai, mais gentille oui, elle pouvait l’être, avec lui en tout cas. Mais c’était la première fois qu’il la touchait ainsi, de ce geste aussi indécent que timide, et elle avait peur d'apprécier cela un peu trop autant qu’elle avait peur qu’il aille plus loin, trop loin. Et que faire à présent, elle lui avait juré de faire ce qu’il commanderait, mais elle pensait que jamais il ne commanderait autre chose que ce que la bienséance autorisait. La bienséance venait-elle véritablement de voler en éclat avec cette caresse qui quelques instants plus tard ne semblait même pas avoir existé, à part dans l’esprit de Taïna, encore sous le choc ? Si tel n’était pas le cas, pourquoi avait elle tout autant envie de fuir, se lever et partir que d’embrasser cette main qui avait frôlé la sienne ?

__ Qu’est-ce qu'une âme vertueuse et pure si elle ne peut éclaircir vos sombres pensées, votre Majesté.



Taïna sourit en baissant les yeux, se demandant si elle l’avait tenté d’une quelconque manière et si elle avait un moyen de revenir en arrière. Mais elle recouvrait ses esprits peu à peu en cherchant un passage, et opta pour celui qui parlait bien sûr d’un Roi béni des Sept, magnifique et parfait dont les ennemis étaient défaits par les puissances divines. Elle ne saisissait pas la sensualité de ses mots, seulement l’ode au pouvoir royal et à la divine soumission à celui-ci. Elle parlait comme si sa vie en dépendait pour la simple raison qu’elle souhaitait avant toute chose le satisfaire et lui donner par ses vers sacrés, de quoi oublier ses soucis et nourrir ses plus belles pensées. Mais surtout pas le désir, non, surtout pas. Mais que comprend une pucelle au désir d’un homme ?



Il se redressa face à elle et il lui sembla soudain beaucoup trop près. Elle baissa les yeux, écoutant l’éloge qui lui faisait et qu’elle méritait si peu après que ses pensées aient tant divaguées. Pieuse sans aucun doute, mais pas pour autant à l’abri du pêcher. Tenace, oui, il le fallait pour devenir une épouse parfaite et pour tenir une maison. Forte ? Elle se sentait pourtant si faible et plus encore maintenant qu’elle pouvait le regarder dans les yeux. Mais elle gardait ses yeux baissés pour ne pas voir l’objet de sa convoitise mal placée. Elle les releva pourtant bien vite, étonnée. Une beauté à couper le souffle ? Elle tombait à présent dans un puits sans fond. Le Roi la trouvait belle. Cette fois, nul doute, ce n’était pas uniquement une galante façon de parler pour lui être agréable. Il la trouvait aussi intelligente, et pleine de conviction. Et il croyait qu’elle avait de nombreux prétendants. Si seulement… Si elle avait eut un époux, elle n'aurait pas eut l'outrecuidance de se trouver ici à une heure pareille et encore moins de trouver le moindre charme à un autre homme. Quand bien même, la question ne se serait pas posée, mais elle n'était même pas fiancée à son âge et cela pourrait faire jaser.



Quoi qu’il en soit, c’était beaucoup trop pour elle, elle était à présent rouge comme une pivoine et avait cessé de respirer. Quand elle reprit son souffle d’un coup, il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre contenance et quand elle crut que c’était le cas, elle se mit à balbutier quelque chose d'incompréhensible, ne sachant finalement même pas quoi dire ni par où commencer. Merci, pardon, personne ne se bat pour m’épouser à la cour, je ne renverse aucune montagne, seul vous le pouvez… Alors évidemment, elle dit ce qui lui vint à l’esprit de plus sensé, à savoir un autre passage de l’Étoile à Sept Branche qu’elle connaissait bien.

__ Mon cœur bouillonne d’une bonne parole ; je dis ce que j’ai composé au sujet du roi ; ma langue est le style d’un écrivain habile. Tu es plus beau que les fils des hommes ; la grâce est répandue sur tes lèvres : c’est pourquoi Dieu t’a béni à toujours. Ceins ton épée sur ton côté, homme vaillant, dans ta majesté et ta magnificence ; Et, prospérant, mène en avant ton char, à cause de la vérité et de la justice ; et ta droite t’enseignera des choses terribles. Tes flèches sont aiguës, — les peuples tomberont sous toi, — dans le cœur des ennemis du roi. Ton trône, est pour toujours et à perpétuité ; c’est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne. Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté ; c’est pourquoi les Dieux, tes Dieux, t’ont oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons. Tous tes vêtements sont myrrhe, aloès, et casse, dans les palais d’ivoire la musique t’a réjoui. Des filles de rois ont été parmi tes dames d’honneur ; la reine est à ta droite, parée d’or d’Ophir. Écoute, fille ! et vois, et incline ton oreille ; et oublie ton peuple et la maison de ton père.



Ne pouvant continuer, elle se tut. Et le roi désirera ta beauté, car il est ton seigneur : adore-le. Elle ne pouvait pas l’adorer et il ne pouvait pas la désirer. Elle savait pertinemment qu’après une telle déclaration, même écrite par un autre et consignée dans un livre saint, elle ferait mieux de partir, et que c’était ce qu’il convenait de faire avant que le péché ne les gagne tous les deux et ne consume leurs âmes. Mais comment prendre congé d’un Souverain sans le vexer, sans contrevenir au protocole. Si tant est qu’il existe encore à cette heure tardive.

__ Veuillez me pardonner Votre Majesté, mais je suis très fatiguée. Je ferais mieux d’y aller.


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 28 Oct - 18:24

Difficile d’être de mauvaise grâce avec une personnalité aussi douce et avenante que la jeune Redwyne. Je ne pouvais pas dire que je n’avais pas espéré un tête à tête depuis notre rencontre, pour pouvoir un peu mieux la jauger et voir jusqu’à quel point il était possible de jouir d’elle. Avec elle. Ou pas. Je n’étais pas bien fixé et il était très compliqué pour moi de mesurer les risques que j’allais prendre avec elle ou pour elle, car elle était dame de haut parage et d’ordinaire je me contentais essentiellement de dames de peu, afin de pouvoir plus facilement monnayer les silences ou faire en sorte de camoufler mes traces… Mais une noble de haut parage, même d’une maison considérée parfois comme félonne, c’était quelque chose de bien plus compliqué qu’une fille des rues. Je devais réfréner ces pensées, au moins un peu, au risque autrement de ne plus du tout pouvoir camoufler les démons en moi, et de devoir les affronter au risque de laisser la fille en sangs et en pleurs. Ce n’était pour l’instant qu’une option et je devais continuer de la considérer comme telle, autrement le danger bien réel de m’accabler une partie de ma noblesse -et du peuple- était bien réel. Si l’appui du Grand Septon pouvait valoir cher, ce n’était pas comme si c’était une arme qui pouvait être utilisée plusieurs fois, une arme qui n’aurait pas de limites… Alors, pour toutes ces raisons et sans doute d’autres encore, je devais prendre garde.


Et ne pas me jeter sur cette femme.


Tenir, tenir encore et encore, ça me demandait depuis toujours de gros efforts de concentration et de contrôle. Je n’en étais tout simplement pas toujours capable. Prendre sur soi était possible me concernant mais seulement jusqu’à une certaine mesure. Si je la dépassais, alors je prenais le risque de finir de façon totalement incontrôlable, occasionnant bien plus de dégâts que si j’avais craqué en premier lieu en cherchant à me maîtriser ensuite… Difficile équilibre que le mien, sans cesse remis en cause, sans cesse poussé dans ses derniers retranchements… Je sentais que la jeune femme avait tendance à se crisper, à se contenir, quand je venais me montrer un rien plus tactile avec elle. Etait-elle dégoûtée par cet aspect de corbeau qui était le mien depuis toujours ? Ou était-ce sa vertu et sa foi qui prenaient le dessus et l’empêchaient de se jeter plus avant dans ce que nous étions en train de dévier, ensemble, mais moi en tête ?


Je hoche la tête. Devais-je acquiescer et me contenir, ou bien pousser plus encore à la faute ? Les choses devenaient réellement compliquées et il ne fallait pas que je perde patience trop vite…


Mais c’est plus fort que moi. C’est en train de me posséder, de m’engloutir, et je sais qu’à terme je n’y pourrais rien. Je résiste tout mon content en attendant, prêt à me dire que si je craque j’aurais au moins fait tous les efforts pour retarder l’échéance…



| Peut-être est-ce simplement parce que je ne peux les voir éclaircir ; dans ce cas il est peut être mieux de ne pas trop forcer notre nature, ne pensez-vous pas ? Les dieux ne nous ont-ils pas faits à leur image, bien que faillibles ? |


Je n’y allais pas par quatre chemins, mais d’un autre côté je ne voulais pas non plus y aller trop franchement alors je m’exerçais à un numéro d’équilibriste qui m’amenait à couper la poire en deux. D’un côté je me retrouvais à la complimenter et la tancer, de l’autre je ne rendais pas ces saillies trop personnelles en renforçant ce que je pensais d’elle en bien. Je n’en faisais pas trop… Du moins, je l’espérais. Et ce n’était pas non plus une posture des plus simples, mais rien ne l’était ce soir en sa compagnie. Je la complimente malgré tout, parce que c’est bien comme ça que je sais faire avec les femmes, avec la courtoisie, jamais feinte même si ça ne doit être qu’un prélude à ce qui ne manque jamais de suivre bien longtemps.


La belle rougit, visiblement intimidée non par la prestance du monarque mais par l’empressement de l’homme. Difficile d’estimer ce qu’il se passera vraiment, ce soir, mais en tout cas je la touche sinon par les gestes, au moins par les mots. Je ne suis pas pressé. Pas encore. Mais la voir piquer un fard me fait plaisir et me pousse fatalement à continuer ; je ne suis pas homme à m’arrêter quand il s’agit de pousser à mon avantage. Elle reprend sa lecture pour se redonner une contenance et je n’ai pas le mauvais jeu de le lui refuser. Je l’ai fait venir pour ça après tout, dès le départ, alors revenir dessus serait quand même de bien mauvaise grâce… J’écoute son passage, qui parle du droit divin à régner, des droits et des devoirs qui accompagnent sa charge… Et de la gloire qui nécessairement marche dans ses traces. Elle parle aussi de la compagne du Roi, du poids de la reine… Et j’apprécie ce que j’écoute. D’autant que je connais encore un peu les textes qui précèdent et qui succèdent à celui qu’elle est en train de lire… Alors je souris, encore. Je profite.


Quand elle explique être fatiguée, ma main glisse sur la sienne.



| En êtes-vous sûre, Taïna ? Votre présence me rassénère, et pas qu’un tout petit peu. Je n’ai plus connu pareille quiétude depuis un moment maintenant, entre mon enfant, ma femme et l’exercice du pouvoir… |


Je ne lâche pas sa main, et en caresse le dos du revers du pouce.


| Frères, parmi les dons des Sept, vous chercherez à obtenir ce qu'il y a de meilleur. Eh bien je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J'aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères, et toute la connaissance des Sept, et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien.
L'amour prend patience, l'amour rend service, l'amour ne jalouse pas, il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'emporte pas, il n'entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de ce qui est mal mais il trouve la joie dans ce qui est vrai, il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais.
|


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyMar 10 Nov - 0:57




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La Redwyne voyait bien que le Roi disait à demi mot ce qui le rendait si sombre sans pour autant révéler ses faiblesses. C’était bien normal, il ne pouvait pas se le permettre en tant que souverain, aussi, elle accepta de ne pas pouvoir éclaircir ses pensées et de ne pas forcer sa nature, même si elle faisait de son mieux pour apporter un peu de joie après la charge de gouverner qui s'éteignait tout le jour. Ah voici que, sous le regard bienveillant de la lune et parmi les étoiles, il pouvait se reposer enfin et qu’elle, sans s’enorgueillir, mais en prenant avec joie les compliments du Hightower, elle apportait une douceur toute féminine dans la chambre du souverain. Si son future époux pouvait être aussi gentil et aussi croyant, elle serait une femme heureuse, une épouse dévouée et une mère aimante. Si cela n’était pas le cas, elle ferait son devoir tout aussi bien, mais avec plus de difficultés peut-être. Dans les ombres qui couraient sur le visage de Manfred et dans son regard, elle apercevait le reflet de sa propre lumière et elle croyait que cette lumière émanait de lui. Avaient-ils besoin l'un de l’autre pour briller, elle qui avait grandi dans l’ombre de ses frères et du patriarche de la Treille et lui dans celle des méandres de son esprit ? Pouvait-elle à elle seule, frêle pucelle, le nourrir de suffisamment d’amour pour qu’il garde le contrôle et devienne celui qu’il prétendait être et celui qu’elle croyait qu’il était ?



Taïna se crispa un peu plus quand Manfred saisit sa main. Mais ses mots une fois de plus la touchaient et elle baissa la garde. Pauvre homme, il semblait en cet instant avoir tant besoin d’elle, peut-être plus encore qu’elle de lui. Son cœur de jouvencelle plein de compassion lui cria de rester, de le soutenir, de lire encore, de le cajoler et de le rassurer, puisqu’elle le faisait bien, disait-il. Mais sa raison à contrario lui rappelait que son devoir envers le Roi s'arrêtait là où son devoir envers son future époux, mais aussi son père et enfin la Reine commençait. La situation leur interdisait absolument tout lien charnel. Elle hocha la tête avec un sourire et sa main se relâcha dans celle du Hightower ainsi que son bras, ses épaules, son cou, sa poitrine et bientôt tout son corps. Il avait jusque là était très respectueux et s’était un homme bon, elle n’avait rien à craindre avec lui. Certes il lui avouait maintenant des sentiments auxquels elle ne se serait jamais attendue de la part d’un homme si important et il lui démontrait par ses gestes que ses mots n’étaient pas de vaines flatteries. Elle en avait été surprise, mais avant tout, elle était touchée et s’il fallait prendre garde à ne pas déraper dans le pêcher, ils ne pouvaient ni l’un ni l’autre se reprocher de s’aimer.



Non, en aucun cas elle ne voulait partir, mais elle le devait, ceci était toujours vrai même si un nouveau texte sacré dans la bouche du Roi disait que l'amour n'était en rien un péché. Certes, l'amour n'était pas un péché, en revanche, les relations sexuelles hors mariage l’étaient. ‘maudit soit celui qui se mettraient entre eux. Les mots du septon lors des unions étaient clairs, c’était aux personnes extérieures au coupe de prendre garde à ne pas séparer des époux et aux femmes en général de ne pas tenter le diable. En l’occurrence Manfred n’était pas un diable, un ange même, il le montrait une fois de plus, mais elle ne pouvait pas se permettre d’aller plus loin. Pourtant il était doux d’être aimée par un tel homme, inattendue et improbable aussi.Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’il puisse ressentir, lui aussi, quelque chose d’aussi intense que ce qui gonflait sa poitrine à chaque inspiration. Pourtant elle voulait bien le croire, peut-être par naïveté ou bêtise, elle sentait en lui une fragilité, comme la blessure béante d’une enfance malmenée, cette blessure qu’elle avait elle aussi, dont elle portait à jamais les stigmates. Ce qu’il appelait noirceur était pour elle un endroit où leurs âmes se rencontraient dans la pureté divine d’un paradis rendu possible par leurs fois respectives. Là où leur amour était possible...

__ Cet amour, Sire, nous est interdit. Vous êtes marié et je dois rester intacte pour celui qui deviendra mon époux. La foi que nous partageons puisse-elle nous aider à rester chaste et nous préserver de toute tentation charnelle que les plus fort sentiments qui nous animent pourraient faire naître entre nous.



La Redwyne s’agenouilla devant le Roi, comme en prière devant un saint. Elle attrapa ses mains dans les siennes et les porta à ses lèvres. Elle les embrassa, puis, baissant et fermant les yeux elle les garda contre son cœur avant de reprendre :

__ J’ai prié toute mon enfance pour épouser un Roi ou un Prince, pour devenir la mère de ses enfants, pour être l'épaule sur laquelle, toujours, il pourrait s’appuyer, son réconfort, sa sérénité, quoi qu’il advienne, pour le meilleur et pour le pire, dans la santé et dans la maladie, dans la joie et le chagrin. Mais, mon honneur m’interdit de devenir la maîtresse d’un Roi, aussi avenant et pieux soit-il. C’est pourquoi je me dois de résister à l’envie de vous embrasser qui me picote les lèvres. C’est pourquoi je dois aller dormir, non parce que je le veux, mais parce que c’est mon devoir sacré. Envers la Reine ma maîtresse, envers vous, pour ne pas vous compromettre, envers mon père, mon future époux et l'union de nos deux familles.



Si il l’aimait sincèrement il respecterait cela, il n’était pas comme le Prince Kevan, prompte à suivre ses plus viles instincts quitte à souiller une jouvencelle de haute naissance sans pour autant accepter les proposition de mariage de son père. Il était bien trop gentil et trop bon pour abuser de sa position afin de satisfaire ses désirs avec elle. Il pouvait, comme n'importe quel homme remplir ses besoins avec des servantes ou les prostituées prévues à cet effet.

__ Bonne nuit Sire.



Ajouta-t-elle en se relevant, posant une main sur sa joue avec un doux sourire sur le visage. Puis, elle recula d’un pas, fit un révérence et prit congé, oubliant le livre saint sur la table de chevet du Roi. Un peu confuse après avoir résisté de toutes ses forces à la tentation, elle ne s’en rendit compte qu’une fois dans sa chambre et n’eut pas le courage de faire demi-tour. Elle tenait beaucoup à cette ouvrage, mais il pouvait le garder, pour la nuit au moins, comme preuve de leur amour pur et parfait, une voie supérieure à toutes les autres. Elle enleva sa robe, enfila sa chemise de nuit, s'agenouilla les coudes sur son lit et fit une brève prière pour le Roi avant de se coucher enfin. Mais ni la fatigue, pourtant bien réelle, ni ses yeux clos ne suffirent à lui faire trouver le sommeil tout de suite.


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MessageSujet: Re: La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé]   La Jouvencelle qui danse aux cieux | [Tour VIII - Terminé] EmptyVen 4 Déc - 15:54

Que voir, que comprendre d’une telle situation ? J’étais à deux doigts, j’en étais persuadé, d’emporter l’adhésion de la jeune femme. Pour quoi au juste, je n’en avais finalement aucune idée. Enfin si. Des idées, j’en avais des tonnes. C’était même l’essentiel de ce qui m’habitait l’esprit, des idées. Alors je ne prenais pas tellement la peine de les masquer et j’entrais les deux pieds devant dans ce petit jeu que la jeune dévote espiègle tendait à son propre insu. Elle n’était pas familière des jeux de pouvoir et de séduction de la cour, c’était l’évidence même… Et je comptais bien en profiter. Parce que c’était ce que je faisais. Souvent. Tout le temps. Et sans vergogne. Je profitais de ce qui m’entourait. En cela j’étais moins homme que bête, ou alors simplement beaucoup moins hypocrite que tous les autres réunis. J’attendais de voir. Je tendais des perches, rebondissais à la moindre saillie… Prêt à m’enthousiasmer d’un rien, à jouir au contraire de beaucoup. Dans tous les cas, je suis prêt.


Pas elle.


Et c’était sans doute là que le bât pouvait blesser. Je voyais bien dans ses yeux sa candeur, son innocence et surtout, une naïveté presque crasse qui lui collait à la peau et lui donnait une pâleur de colombe qui ne pouvait que me donner l’envie de la lui salir, de la lui repeindre avec les couleurs de mon blason, et les atours de mon démon. Je ne demandais en réalité pas grand-chose de plus que tout ceci ; était-ce vraiment trop pour une fille issue d’une maison qui mâtinait les traîtres et les félonies contre moi, et contre le Gardener avant moi ? Sans doute aurais-je pu la forcer à rejoindre mes desseins, en usant de force directement ou simplement de mon prestige, de l’ascendant de mon nom et de tout ce qui faisait ma position aujourd’hui. Mais en cet instant, le démon progressait moins vite. Il se contentait de vouloir s'adonner aux plus viles des corruptions et faire en sorte de pouvoir la pousser à s’abandonner aux plus vils attraits de son désir, et de la concupiscence.


La jeune femme semble se laisser conquérir. En partie du moins. Elle s’attendrit de mes attentions et je les renouvelle, à chaque fois avec plus de vigueur que la fois précédente. Hors de question d’abdiquer, de battre en retraite. Pas alors que le requin à visage d’homme que je suis se met à renifler l’odeur du sang. La faiblesse entraperçue, dans laquelle je m’engouffre sans honte ni heurts, juste avec la capacité de saisir le moment pour ne plus le lâcher. Je me fais impétueux même, à lui ouvrir mon cœur et mes désirs, en panachant le tout de quelque courtoisie attendue par les pucelles de son âge et de son acabit, tout prêt à prendre ce qu’elle avait de plus précieux, comme jadis ce fut le cas de Mina Goldwyne ; sa vertu. J’étais excité à l’idée, mais je me contrôlais et travestissais autant que possible tout cela en simple intérêt pour la jeune femme.


Difficile d’être autant dans le paraître, mais quand l’Animal sortait du bois il fallait le grimer pour qu’il puisse se faire les dents sur quelque tendron de moutons, pendant que le berger était absent. Je crois presque pouvoir l’emporter, et m’adonner à mes vils penchants ici, sur ces fauteuils, voire sur le tapis s’il le fallait. Mais non. Les gros poumons de la dame continuent de monter et de redescendre à mesure qu’elle perdait toute forme de contrôle sur sa respiration, et la voilà qui finalement… Me refuse. Refuse cet « amour ». Je la regarde, bouche entrouverte de surprise, sourcils froncés. Pas l’habitude qu’on me dise non. Elle veut rester intacte pour son futur époux. Si elle savait… La bigote implore les dieux de nous « préserver » du péché, de toute tentation charnelle. Mais par les Sept, c’était son corps tout entier qui était un temple de tentation, ne s’en rendait-elle pas compte ?


Je réfléchis à toute vitesse à une stratégie, à un plan de secours. Difficile d’abdiquer, quand on désirait aussi fort que moi. Je baisse la tête et le regard, contrit. Devais-je utiliser toutes mes munitions aujourd’hui ? J’en doutais fortement.



| Je… Je suis désolé. Je n’aurais pas dû. C’est ma faute, entièrement ma faute. C’est juste que… Non, ce n’est rien. Je vous laisserais en paix, Taïna… |


Je relève les yeux vers elle, tente de raffermir un peu mon timbre de voix pour y laisser transparaître l’espoir.


| Vous viendrez quand même me refaire la lecture, amie ? |


La belle s’agenouille, et prend mes mains pour les embrasser. Et me déclame ses attentes et ses espoirs. Son honneur, sur lequel j’aurais volontiers craché dessus, mais je me contenais. Je la laisse tout déclamer et la toise, sans sévérité même si je la ressentais dans tout mon être.


| Je comprends. Votre pudeur et votre vertu vous honore dame… | Je soupire, d’apparence las. | Je peux toujours me replier dans la force de votre foi, qu’elle me donne un peu de votre endurance face à ce mariage politique avec une païenne qui a souillé chaque pas dans sa vie du sang de ses ennemis… Le bonsoir, Taïna. |


Je la voix s’éloigner et prendre congé… Avant de rentrer dans mes appartements, mince sourire aux lèvres.





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