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 Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]

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MessageSujet: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 26 Avr - 23:18

Une nouvelle journée en campagne

Aux abords de la frontière bieffoise, fin de la 3ème semaine du mois 10 de l'an 1

L'agitation était palpable, l'angoisse presque tangible laissait un goût amère sur les lèvres, en plus de celui ferreux du sang. La bataille de Willum avait constitué une attente insurmontable pour nous, pauvres créatures féminines sans aucune compétence offensive. Massée au sein de l'arrière garde impériale je n'ai pu qu'attendre les nouvelles avec une certaine impuissance. Tout cela me rappelait que trop la campagne du Conflans, cette ancienne routine d'inquiétude ne m'avait pas du tout manquée. Pourtant paradoxalement tout s'était déroulé très vite, avec cette sensation de durer pour l'éternité. Le temps n'est pas quantifiable de façon linéaire, sa perception change au grès des événements et des sentiments qu'ils font naître. J'avais donc guetté longuement les hurlements de Méraxès, les fracas de l'entrechoc des armes, le cœur battant la chamade, sentant les minutes s'étirer telles des heures. Il y avait eu un long instant de silence, comme un temps mort, un flottement dans les combats qui m'avait fait craindre une issue fatale, mais très vite l'action avait repris de plus belle. J'avais essayé de m'occuper au mieux, de rassurer les plus sensibles d'entre nous. Daena avait su elle aussi apaiser au mieux la lourde atmosphère qui planait au-dessus du groupe, elle savait trouver les paroles d'espoir et insuffler du courage.

Finalement la nuit avait apporté la fin des affrontements, nous octroyant une victoire en demi-teinte, de ce que je compris un peu plus tard. Ma première question portait sur la sécurité et la santé de Rhaenys, une fois rassurée quant à son état je pus me soucier des actions à mener maintenant que les hommes avaient fait leur part. Suivant sans vraiment y prêter attention le groupe des nobles dames dont j'avais fait partie dans l'expectative de cette bataille j'avais été sollicitée pour prêter main forte aux soigneuses. Je n'avais aucune compétence pour pratiquer des soins, mais il fut aisé d'apprendre à nouer des bandages, de plus il n'y avait pas besoin de capacités particulières pour verser de l'alcool sur les plaies, pour apporter de l'eau ou de la nourriture aux blessés les plus légers, ou encore pour prodiguer une écoute et un soutien à ces malheureux qui avaient versés leur sang pour protéger l'Empire. La vue du sang n'était pas aisée, j'avais manqué une ou deux fois de défaillir, et seuls mes nerfs me permirent de rester debout dans le chaos des gémissements et des lamentations. La guerre n'a rien d'héroïque lorsque l'on constate ses conséquences. J'eus une pensée pour les nombreux livres d'histoire de campagnes militaires que j'avais pu lire par curiosité enfant, aucun ne rendait compte des atrocités générées par les affrontements sanguinaires humains. Seule la bravoure était louée, seul le bilan des pertes et du terrain gagné était dressé, jamais celui des mutilations ou des veuves laissées en arrière.

Le deuxième jour après la bataille, alors que le crépuscule laissait place à l'encre de la nuit, je sortis prendre l'air, loin des tentes regroupant les blessés, afin de reprendre un peu de contenance et pour me reposer un peu. Pendant un instant je me troublais en repensant à Ronald. Lord Chelsted n'était pas une bonne âme, ni un mari convenable, c'était un sadique effroyable et un monstre d'égoïsme. Pourtant je ne pouvais pas cesser de me demander ce qu'il avait pu ressentir, si sa mort avait été lente ou au contraire s'il avait pu goûter à un trépas rapide non mérité. J'avais du mal à l'imaginer à la place de ces vaillants estropiés par un conflit bien plus grand qu'eux. Pour peu, s'il n'avait pas été si atroce avec moi, aurais-je pitié de lui, peut être même aurais-je pu verser une larme sincère en sa mémoire. Mais il ne méritait rien de tout cela, je ne devrais même pas lui accorder une pensée d'ailleurs, mais un tortionnaire pareil cela ne s'oublie pas.

Alors que mes pas me menaient vers l'intérieur du camp de nouveau dressé en attente de nouveaux déplacements qui ne manqueraient pas d'intervenir très prochainement, je remarquais une silhouette familière entre les tentes. Assise aux abords d'un réconfortant feu ardent, Mina Swann, noble dame de l'Orage, semblait perdue dans ses pensées. Elle était seule, et l'air qu'elle abordait avait de quoi m'émouvoir. Elle semblait triste, profondément mélancolique, et je ne doutais pas qu'étant en première ligne, avec des compétences médicales plus élevées que les miennes, elle avait dû voir bien plus d'horreur que moi ces dernières vingt-quatre heures. Avançant dans la lueur des flammes, j'inclinais quelque peu la tête lorsque ses pupilles croisèrent les miennes. Mettant une main sur mon cœur je la saluais avec un petit sourire amical.

« Bonsoir Mina. La nuit est belle, et agréable, il est si terrible que tant ne puisse en profiter. J'espère que vous arrivez à tenir le choc. Si jamais je peux faire quoique ce soit pour vous être utile n'hésitez pas. Puis je me joindre à vous ? J'aurais en horreur de rester seule avec des sombres pensées. »

J'avais à cœur de lui remonter le moral si cela était en mon pouvoir. Je ne m'attendais pas à la voir se joindre à cette campagne, mais comme moi son statut avait petit à petit évolué auprès de sa souveraine et j'étais finalement ravie de la voir parmi les effectifs de l'armée impériale. Elle constituait un visage connu et amical dans ce nouveau monde en perpétuel mouvement.

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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 17 Mai - 22:27

La guerre, elle n'avait jamais vraiment eu à l'affronter, elle avait toujours été protégée, toujours à l'abris, elle n'avait jamais connu l'angoisse ni l'horreur d'un champ de bataille, elle n'avait pu que l'imaginer quand elle était bien loin de tout ça. Maintenant qu'elle se trouvait là, maintenant qu'elle avait pu voir la boucherie que cela pouvait être, elle ne pouvait que penser à Béric, elle ne pouvait qu'imaginer l'état de son corps quand il était revenu à Pierheaume pour pouvoir gagner sa dernière demeure. Elle n'avait pas eu la possibilité de se rendre à la veillée du corps de son époux à cause de sa grossesse bien trop engagée, et elle avait d'ailleurs accouchée quelques jours à peine après son inhumation. Tout en se caressant le ventre arrondi, où elle sentait son fils s'agiter, pour se rassurer sur l'avenir, elle se demandait comment cela s'était passé, si le coup avait été net et sans souffrance, ou s'il avait résisté jusqu'au bout, si malgré les blessures, il avait continué à rendre les coups jusqu'au moment où il n'avait plus réussi à respirer et qu'il avait fini par s'effondrer, sur la terre et le sang d'autres hommes. Personne n'avait voulu lui expliquer la triste réalité, elle était déjà si souffrante, elle n'avait pas besoin de savoir. Tout ce qui comptait c'est qu'elle avait eu un époux brave, qui avait toujours tout donné pour son royaume et pour sa maison, qu'il s'était battu vaillamment et qu'il était mort avec courage et gloire. Cela ne pouvait réussir à calmer ses larmes, à taire sa tristesse et sa colère, à faire oublier sa rancœur, et surtout à éteindre cette sensation d'abandon qui avait bien failli la détruire. La grossesse n'avait aidé en rien à cet instant de profond désespoir, heureuse d'avoir eu un fils, un fils qu'il ne pourrait jamais prendre entre ses bras.

Mais aujourd'hui, alors qu'il avait rendu son dernier souffle, presque un an jour pour jour, c'était à elle d'affronter la monstruosité de la guerre. Mina avait toujours exprimé une certaine sensibilité, mais il fallait bien avouer qu'elle était restée muette et fixe pendant un long moment quand elle avait vu tout cela défiler sous ses yeux. Elle n'était pas sur le front, elle était une femme et n'y avait clairement pas sa place, elle était là à l'arrière dans la suite impériale, et avait sa propre mission à gérer, mais quand les combats s'étaient arrêtés, quand la victoire de l'Empire avait été prononcé, il avait été l'heure du bilan, et surtout celui des soldats qui étaient tombés pour la cause qu'ils défendaient tous, certains étaient morts et il ne restait plus rien à faire pour eux, d'autres par contre étaient blessés, et il fallait des bras pour pouvoir tenter d'arrêter le massacre vicieux de ceux qui succombaient des suites de leurs séquelles. Mina avait été appelé à aider, mais elle qui avait longtemps été une simple dame de compagnie dans la bonne société du Bief, avant de devenir lady dans des mines de fer dans l'Orage, n'avait clairement aucune connaissance de ce qu'elle devait faire à cet instant. La vue du sang lui avait retourné l'estomac, et elle avait du prendre grandement sur elle pour ne pas rendre ce qu'il contenait. On lui avait fait comprendre qu'il fallait faire au mieux et c'est ce qu'elle avait fait, elle avait fait au mieux pour pouvoir sauver des hommes. Elle en avait parcouru du chemin, la petite fille de Sieur Goldwyne de la Treille. Mais son cœur saignait aussi, il saignait car elle imaginait le camp adverse, elle imaginait les hommes de lord Tarly et elle dut fermer les yeux pour se concentrer sur ce qu'elle était en train de faire, elle aurait bien le temps de penser au reste après.

Et c'est ce qu'elle avait fait à la fin de la journée, regagnant alors sa tente, elle avait demandé à ce qu'on lui prépare un bain, elle avait demandé à ce qu'on nettoie ces vêtements, puis elle s'était mise à frotter sa peau, de toutes ses forces pour enlever les traces de sang qui y avaient séchés, pour tenter d'effacer cette odeur qui semblait s'être installée sur son corps et dans ses cheveux. Elle le fit en pleurant pendant un long moment avant de sortir de ce bain, l'eau était froide depuis longtemps mais enfin elle semblait un peu apaiser. Elle se prépara à sortir, dans une tenue simple, ne prit même pas le soin de faire une quelconque coiffure dans ses cheveux, et elle était sortie pour pouvoir rencontrer la jeune Daena Redwyne et la remercier pour ce qu'elle avait pu faire concernant son frère. Elle avait passé un moment avec elle, avant de la quitter, après tout elle était une femme mariée et Aylan ne tarderait sans doute pas à revenir et et elle n'avait aucunement envie de perturbé l'intimité du couple. Elle s'était donc posée auprès d'un feu vif dont elle espérait qu'il pourrait la réchauffer, même si le vague à l'âme était bien plus fort encore, le souvenir de Béric venant à nouveau à la hanter. Elle sursauta en entendant la voix de Isla et elle inclina doucement la tête à son attention. « Oui vous avez raison, la nuit est belle et agréable, mais même en étant là, je n'ai pas l'impression d'être en mesure réellement de pouvoir en profiter également, c'est sans doute une impression … Mais la journée a été longue. Je pensais à mes enfants rester à Fort-Darion … Et à tout un tas de choses, quand les doutes reviennent … Je serai plus qu'heureuse que vous vous joignez à moi. Comment allez-vous très chère ? »


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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyLun 25 Mai - 23:30

Une nouvelle journée en campagne

Aux abords de la frontière bieffoise, fin de la 3ème semaine du mois 10 de l'an 1

L'entrée en matière pouvait sembler bien banale, manquant cruellement de ce piquant d'originalité dont je savais souvent faire preuve. Pourtant dans la fraîcheur qui étendait petit à petit son emprise sur nos corps je perdais le fil de mes pensées. J'étais obligée de me concentrer sur autre chose pour ne pas me noyer dans de terribles souvenirs, d'une vie qui à présent me semble à des siècles de ce que je vis à présent. Le goût ferreux du sang a remplacé le suave parfum des fleurs du château de Peyredragon, mais je n'arrive pas à regretter mes choix, quand bien même ils m'aient amenés dans de si désagréables environnements. Je ne peux que me réjouir de respirer la liberté, goûtant la solidarité d'une compagnie amie, sans me retourner d'effroi, tremblante à la perspective du prochain coup, soupirant d'être délivrée d'une emprise abjecte. La guerre n'était pas un joli spectacle, si elle apportait la gloire, celle-ci se livrait avec un atroce prix en vies, en cauchemars et en culpabilité. Néanmoins c'était la guerre qui m'avait délivrée, m'offrant des opportunités, qui jamais sans elle, ne se seraient étalé sous mes pas. J'étais donc partagée, tiraillée entre deux pensées contradictoire, car pour tant de vies honorables arrachées je me demandais combien de salauds innommables s'étaient vus punis de la plus juste des façons. J'éteins cette réflexion avec la conclusion que comme pour chaque sujet de l'existence celui-ci ne saurait être tranché avec facilité, car le paysage de l'existence n'était pas ou couvert de blanc ou barbouillé de noir mais offrait un immense panel de nuances.

Lady Mina Swann m'offrait une distrayante diversion, par sa conversation toujours de qualité elle me permettrait de fuir mes funestes dilemmes et surtout mes questionnements stériles. Cela faisait plusieurs jours que nous n'avions pas eu l'occasion d'avoir une conversation apaisée, les tâches s’empilant toujours autour de nous il aurait été de très mauvais ton de s'arrêter pour prendre de ce précieux temps pour discuter de futilités, même si c'était précisément de futilités dont j'avais besoin, pour noyer dans les banalités du quotidien des angoisses autrement plus cruciales. D'ordinaire je n'étais pas du genre à fuir la réalité de mon environnement, ni même à édulcorer les constatations que je pouvais faire, pourtant là mon esprit exigeait que je mette de coter les terreurs qui ne manqueraient pas de me rattraper dans les tréfonds de la nuit, pour le moment je pouvais, grâce à la compagnie de la noble orageoise, me bercer d'un semblant de normalité pour retrouver une contenance. Elle sursaute avant de me rendre mon salut, elle ne semble pas troublée, ou agacée de ma venue et je me réjouis de déceler un air amical sur ses traits. J'aurais pu comprendre qu'elle souhaite conserver sa solitude, qu'elle ait sciemment éloigné toute autre source de distraction pour pouvoir mieux gérer ses émotions. Chacun gérait à sa façon les horreurs de ce qui était devenu notre routine, chacun avec son caractère, chacun avec ses techniques. Elle semblait avoir comme moi besoin de compagnie, et j'étais ravie de pouvoir la soutenir à mon tour, comme elle avait pu si souvent être pour moi une oreille attentive et une simple présente rassurante dans un royaume et des coutumes qui n'étaient pas les miens.

« Rassurez vous, ce sentiment est commun à beaucoup à l'aune de leur première bataille. Peu sont satisfait de cette expérience, beaucoup en restent marqué à vie. Ce qui m'a toujours aidé c'est de pouvoir m'en ouvrir à une personne de confiance. Il est terrifiant de voir ce que l'homme peu infliger à ses semblables. Mais les deux pensées qui m'ont toujours aidées c'est que l'effet inverse existe aussi, et que nous œuvrons pour un plus grand bien, pour que plus jamais de tels conflits ne surviennent à l'avenir. »

Ma voix posée mais pleine de sollicitudes pourrait presque laisser à penser que les longues campagnes militaires n'ont plus aucun secret pour moi. Mais j'affiche une assurance que je suis loin de posséder, je ne veux pas lui mentir, mais je sens qu'elle a surtout besoin de pouvoir se raccrocher à des pensées positives, lui exposer ma confusion n'aiderait certainement pas à réduire la sienne. Je n'avais vécu que la précédente campagne, d'un horizon un peu plus lointain et presque à la fin de celle-ci. Je n'avais donc pas vraiment eu les nerfs mis à vifs, même si les choses n'avaient pas non plus été faciles. Alors qu'elle poursuit, presque hésitante, je viens m'installer sur le banc en bois, près de l'étincelant brasier dont la chaleur m'enveloppe lentement. Un combat s'engage entre le faible vent charriant l'humidité et la fraîcheur nocturne, et le flamboyant foyer filant sur mes formes filiformes. Je ne peux être que compatissante envers mon interlocutrice qui se débat très certainement avec les mêmes sentiments et les mêmes angoisses que moi. Sauf que sur ses épaules pèsent plus de responsabilités que les miennes. Alors qu'elle évoque ses enfants je glisse un petit sourire compréhensif sur mes lèvres et lui offre un regard de sincère solidarité. Je ne sais ce que c'est d'avoir des enfants, et c'est parfois quelque chose qui me pèse de ne pas avoir encore eu ce bonheur. Certes il était totalement exclut que j'offre à Ronald ce cadeau qu'il se serait fait un plaisir de totalement gâter. Son emprise avait le don de pourrir jusqu'à la plus belle des créatures, je ne pouvais donc en conscience lui donner le pouvoir sur un être totalement innocent et influençable. De plus, je n'avais jamais réussi à me protéger de lui alors comment aurais-je pu protéger ma progéniture ? C'est un échec qui m'aurait trop peser et que je ne voulais surtout pas avoir à porter. Alors j'avais su me préserver de toute grossesse, usant et abusant de vieux remèdes, consultant au moindre doute des rebouteuses de bonne réputation. Je pouvais malgré tout imaginer combien sa famille pouvait lui manquer.

« Je suis certaine que votre progéniture est en parfaite sécurité à la capitale. Je n'ai jamais eu la joie d'avoir des enfants mais je peux comprendre qu'être éloignée d'eux surtout pendant un temps qui reste indéterminé soit très pesant. Il ne fait aucun doute qu'ils pensent à vous aussi ardemment que vous. Vous êtes très chanceuse. »

Mon sourire se fait doux, mais mes yeux se détachent des siens lorsque à son tour elle s'enquiert de mon état. Je ne suis guère plus vaillante qu'elle, et alors que je lui réponds je fixe une étoile qui loin au-dessus de nos têtes vient de se révéler après avoir été cachée par quelques nuages.

« Je ne suis guère en meilleure forme que vous j'en ai peur. Ces derniers jours ont été éprouvants, et je commence à ne plus pouvoir supporter les longs moments de solitude et l'incertitude de notre destin. C'est pourquoi je pense que cela nous fera du bien de pouvoir partager quelques instants, même si c'est pour n'échanger que des idioties, j'en manque presque cruellement ces derniers temps. »



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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 3 Juin - 21:20

Le mouvement des flammes avait quelque chose d'hypnotisant, mais surtout d'apaisant. Elle avait toujours beaucoup aimé de pouvoir se poser devant un feu de cheminée et juste, attendre que le temps passe. C'était ce moment où elle avait l'impression de se couper de tout, de ne plus avoir besoin de ne penser à rien. Mina avait de nombreux souvenirs, des souvenirs tendres comme des souvenirs un peu plus passionné. Elle se revoyait coucher sur le sol, entre les bras tendres de Béric, là où ils avaient partagé leur première étreinte après le mariage. La jeune femme ne pouvait que penser également à ses longues heures qu'elle avait passé devant l'âtre de la cheminée, caressant son ventre arrondi, annonciateur de la naissance future de sa petite Lenora, profitant de ce moment privilégié entre une mère et sa vie, avant que l'accouchement ne vienne à les séparer. Mais ce soir en tout cas, elle avait l'impression tout simplement d'avoir été vidée de ses forces, mais elle n'avait pas envie encore d'aller sous sa tente et de se retrouver seule dans le noir et surtout, en ne manquant pas de revoir les images des blessés tourner toute la nuit dans son esprit. Elle devait avouer qu'elle n'était pas entraînée pour vivre ce genre de choses, sa place n'était clairement pas ici elle le savait, car son aide était limitée et elle était une femme plutôt de lettres que de terrain, mais elle ne pouvait pas dire que tout cela ne lui ferait pas une expérience exceptionnelle, même si elle était terrible et difficile à affronter quand on voyait le nombre de morts et celles qui ne manqueraient pas d'arriver dans le futur. La présence de Isla à ses côtés ne la dérangeait pas du tout, si elle avait été surprise de la voir apparaître, ou plutôt d'entre sa voix, presque au lointain alors qu'elle était pleinement plongée dans ses pensées, des pensées qui la ramenait presque à une autre vie, tout simplement. Elle était contente qu'elle soit venue la trouver, après plusieurs sans qu'elles ne trouvent ni l'une ni l'autre, le temps de s'arrêter quelques instants pour pouvoir profiter de la présence de l'autre. Il y avait de nombreuses femmes de la noblesse de l'Empire qui avaient pris la route avec l'armée impériale, chacune avait ses propres raisons d'être ici et aucune ne se voyait sans doute faire demi-tour, même si les conditions n'étaient certainement réunies pour pouvoir apprécier les paysages. La guerre ne laissait pas de temps pour apprécier la nature qui les entourait, et surtout, il y avait un désir chez chacun et chacune que tout cela finisse enfin et pouvoir ensuite rentrer auprès des leurs. Qu'il lui semblait loin le temps où elle avait pu embrasser et serrer contre elles ses enfants. Ils venaient à lui manquer terriblement, et même si elle ne regrettait pas de ne pas les avoir emmené, à cet instant l'absence ne semblait être que plus violente.

La compagnie d'Isla était toujours très agréable pour elle, et elle avait sans aucun doute besoin de pouvoir parler avec une personne amicale, sans pour autant avoir l'impression de se prendre la tête. Elle lui adressa un tendre sourire, tout en remontant néanmoins son châle autour de ses épaules alors que la fatigue venait à lui provoquer une importante sensation de froid dans tout le corps. Elle remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de tourner à nouveau son regard vers le feu. « Je dois dire que c'est la première fois que je suis sur un champ de bataille … Je me doutais que les combats tomberaient à un moment ou un autre mais j'avais espéré que cela arrive le plus tardivement possible … Tout ça est très étrange pour moi et surtout … C'est réellement terrifiant. Je n'arrive pas à trouver d'autres mots pour pouvoir expliquer ce que je ressens en ce moment. Et puis, tout cela me rappelle mon défunt mari … Il y a tout juste un an, à peu près à la même date, Béric venait à succomber sur un champ de bataille. Je suis en train de comprendre ce qu'il a pu vivre à Beaupré, dans quelles conditions il est mort et j'espère … Je prie pour que cela se soit fait en un seul et unique coup, qu'il est mort directement et non qu'il puisse avoir passer plusieurs heures à agoniser avant de rendre l'âme … Je ne pensais pas ressentir tout ça, et je me retrouve un peu démuni face à ce flot d'émotions que je ressens. Je ne crois pas qu'il aurait aimé que je me retrouve ici. » Elle avait presque sorti tout d'un bloc à l'attention de Isla et elle eut un petit sourire gêné alors qu'elle effaçait une larme sur sa joue. « Pardonnez moi, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je crois que j'avais en effet besoin de parler ... » Elle se mit à sourire en pensant à ses enfants. « Lenora doit sans doute remarquer mon absence, elle va bientôt avoir trois ans. Pour Harlan ça doit être un peu plus compliqué, il va bientôt fêter son premier anniversaire, et il n'a connu qu'une mère malade pendant l'année écoulée. » Elle se tourna vers elle pour pouvoir prendre des nouvelles de sa santé, la regardant avec douceur. « Vous savez, vous pouvez venir me voir, nous pouvons discuter, où juste rester l'une à côté de l'autre quand cela ne va pas. Nous pouvons nous soutenir, même sans ne rien dire. Je pense que nous allons passer encore un bon moment ensemble et nous ne devons pas nous laisser abattre maintenant, car ce n'est que le début. »


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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 17 Juin - 22:52

Une nouvelle journée en campagne

Aux abords de la frontière bieffoise, fin de la 3ème semaine du mois 10 de l'an 1

Je ne voulais pas penser à mon passé, je ne voulais surtout pas penser à Ronald. Il m'était insupportable de revivre, ne fusse que par le truchement de mes souvenirs, le calvaire qu'il avait pu m'infliger. Malheureusement pour moi, pour mes pauvres nerfs, la situation, mon environnement et les nombreuses âmes que je pouvais rencontrer me faisaient plonger dans ces réminiscences d'un tourment révolu. D'une certaine façon cet époux abusif ne m'a jamais quitté. Il est là, confortablement installé dans mon ombre, attendant vicieusement avec délectation un moment de complète inattention, pour se rappeler à moi. Car chacun de ces souvenirs honnis ne se manifestaient que dans les pires moments, me laissant glacée d'effroi et presque incapable de prononcer un son. C'est ce qui cette même sensation qui m'étreint lorsque Mina me livre toutes ses pensées. Elle semble en détresse, sa respiration se fait plus accélérée, et elle semble presque revivre le douloureux moment où l'annonce du trépas de son époux l'avait percutée de toute sa réalité. Pour elle, cela avait dû être un atroce moment, une confirmation de toutes ses plus atroces angoisses.

Pour moi, la situation avait été tellement différente. Je me remémorais avec un plaisir non feint l'instant béni où la missive de l'empereur Braenaryon avait porté à ma connaissance ce qui était pour moi une délivrance, une délicieuse nouvelle que je n'osais même plus espérer. A partir de ce moment, j'avais pu de nouveau respirer pleinement, j'étais libre, et cela m'avait presque terrifiée. Comment en aurait-il pu être autrement alors que des années étaient passées, me laissant transie de douleurs et brisée, incapable de me reconnecter avec la réalité tant mon quotidien s'était transformé en un cauchemar indicible. Pourtant personne n'était au courant, sauf Daena à présent, mais je ne tenais pas tellement à ébruiter ce qu'avait pu être mon mariage. D'autant que ma belle-famille ne manquerait pas de me faire payer ce manque de discrétion. Ronald était respecté, même s'il n'était pas aussi riche et influent que ce qu'il se plaisait à déclamer, il lui restait certainement quelques fidèles qui se feraient un plaisir de ternir ma réputation et pourquoi pas peut être d'essayer d'intenter à ma vie. Enfin, une part de moi se disait tout simplement que livrer mes douleurs n'arrangerait rien et ne ferait que me replonger une fois de plus vers des eaux troubles que je ne voulais surtout pas revoir.

Tandis que Lady Swann me livre ses états d'âme, je ne sais absolument pas comment réagir. Je n'ai jamais trop su quoi dire, quoi faire dans ce genre de cas, mais les quelques larmes qui parsèment tout d'un coup son visage de porcelaine suffisent à vaincre ma gêne pour la réconforter. Instinctivement je pose une main pleine de sollicitude sur son avant-bras, tentant par ce geste de ralentir le flots de paroles qui s'écoulaient de ses lèvres. Je peux comprendre son sentiment et même si je n'ai pas éprouver la même chose quant au décès de mon conjoint, j'ai moi aussi dans ma vie eut à subir des deuils bien cruels. Mes yeux se font inquiets et je ne peux que montrer mon soutien par ce geste si futile et pourtant porteur de toute ma bonne volonté. Je ne peux imaginer toutes les questions qui lui traversent l'esprit et surtout tous les sentiments désagréables qu'elles génèrent en réaction. Certes, elle m'en a livré certaines, mais je suis persuadée que ce n'est là qu'un infime fragment de tout ce qui peut l'empêcher de dormir. Plongeant mon regard dans le sien, je prends mon ton le plus rassurant et chaleureux afin de lui permettre de trouver un peu d'apaisement.  

« Nous avons tous et toutes peurs, cela est parfaitement normal. Cependant nous sommes ensembles dans tout cela, nous pouvons nous épauler mutuellement et vous raccrocher à cette simple idée peut être un remède assez puissant face à toutes ces terreurs. Votre époux s'est montré très courageux j'en suis certaine. Je comprends cette irrépressible envie de connaître les circonstances de son départ, mais cela n'arrangera rien au final, croyez moi. Quoiqu'il ait pu se passer, quoiqu'il ait pu ressentir, à présent c'est terminé, il ne souffre plus et ne souffrira plus. Il veille sur vous j'en suis certaine. Et s'il n'est peut être pas ravie de voir dans quel environnement vous évoluez, je suis persuadée qu'il vous protégera quoiqu'il en soi. Ce devait être un homme exceptionnel pour avoir su charmer une femme telle que vous ? »

Ma tentative pour détourner son attention du sujet, de ses craintes, est un peu pitoyable, je l'admets sans honte, mais je ne trouve rien d'autre que cela pour qu'elle puisse se concentrer sur du positif. Faire vivre la mémoire de ceux qui nous sont chers permet de transformer la douleur du deuil en un réconfortante nostalgie. Tout du moins c'est ce qui avait pu se passer pour moi, agir ainsi m'avait toujours aidé à surmonter mes peines. Je dois également confesser que je suis curieuse d'en apprendre un peu plus sur mon interlocutrice, car c'est un aspect de son existence que je n'avais pas abordé avec elle. Alors que j'essaie de dévier la conversation la demoiselle se fend d'une excuse, essuyant les gouttes qui avaient pu ravager son visage. Elle tenta de cacher sa gêne par un sourire, comme pour dissimuler la tristesse qu'elle avait eu l'imprudence de laisser entrevoir quelques secondes. Elle poursuit en évoquant ses enfants, cherchant certainement elle aussi à détourner mon attention de ce qu'elle venait de me confier. Par un petit geste de la main je lui fis comprendre qu'il n'était pas question de cela entre nous.

« Ma chère il n'y a rien dont vous deviez rougir. Les émotions qui vous étreignent, je les ai côtoyées bien trop familièrement à mon goût. Je pense même que nous pouvons à présent nous tutoyer. Les enfants peuvent être très vite bien plus vifs d'esprit que ce que l'on pense. Je suis certaine que leur mère leur manque mais qu'ils sont aussi très fière d'elle. Après tout peut de Lady peuvent se targuer d'avoir le courage d'accompagner leur souverain dans des circonstances si dangereuses, mais aussi de se montrer aussi utile. »

J'espérais que cela suffirait à la tranquilliser, et surtout à lui assurer que rien de ce qu'elle venait de me livrer ne changeait la vision très positive que je pouvais avoir d'elle. En un sens je l'admirais même, tant par la famille qu'elle avait su construire, que pour sa capacité à contenir aussi rapidement ses excès d'émotion. Mon moral n'avait rien à envier au sien, mais je n'étais pas aussi assurée de pouvoir aussi parfaitement me tenir si jamais les larmes se mettaient à poindre. C'est pourquoi je préférais ne pas leur laisser une seule occasion de venir me troubler. J'écoutais attentivement les prochains mots de mon interlocutrice et fut touchée par sa prévenance. Un sourire s'épanouit sur mes lèvres et je ne pus que lui prendre les mains.

« C'est là une magnifique promesse que l'on peut se faire. Je serais ravie d'être également une oreille attentive et une présence solide pour tous les événements qui pourraient à l'avenir te troubler. Cette ambiance n'est pas des plus reposantes et ne permet pas forcément de toujours conserver ses repères. Mais si nous nous épaulons je pense que nous pouvons trouver la force de traverser tout cela. »

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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 19 Juil - 11:56

La guerre, ce n'était clairement pas ce dont elle avait un jour rêvé, pas plus que de se retrouver directement sur un champ de bataille, ou dirons-nous, plus ou moins à la frontière de celui-ci, à la fois sur le terrain mais également mis à l'écart des véritables combats, qui prenaient la vie de tant d'hommes, et en blessaient surtout tellement d'autres. Peut-être avait-elle trop demandé, au moment où la fièvre avait pendant des semaines imposées ses propres divagations, de comprendre enfin ce qui s'était passé pour son époux, sur la raison de son départ de Pierheaume alors que son fils était à naître, sur cette passion qu'il avait toujours eu pour la guerre, pour l'honneur, pour elle ne savait quelle raison qui guidait les hommes à quitter femmes et enfants pour aller affronter son prochain, un jour ami, l'autre jour ennemi. Cela ne changeait guère la finalité de la chose, les morts s'accumulaient, des familles étaient à jamais brisées et devaient apprendre à vivre sans leurs proches, et c'était ainsi à chaque nouvelle génération. Mina continuait à fixer le feu, le vague à l'âme, les yeux quelques peu embrumés par les larmes qui étaient en train de remonter petit à petit, la gorge nouée. Sur l'instant, elle aurait voulu être ailleurs qu'ici, loin, à Fort-Darion, entourée par ses deux enfants qu'elle aimait tant. Lenora devait sans doute avoir pris encore quelques centimètres, elle avait eu ses trois ans, et ne cessait de ressembler un peu plus à sa mère, avec ses cheveux dorés, ses boucles tombant en cascade sur ses épaules, mais elle avait hérité de Béric ses yeux sombres qui avait su captiver la jeune épouse qu'elle avait été il y a quelques années. Harlan allait bientôt avoir un an, le petit être tout chevelu avait du bien changer physiquement depuis la dernière fois qu'elle avait eu l'occasion d'embrasser son fils. Les premiers mois, les enfants changeaient si rapidement. Il était un poupon tellement joyeux, toujours le sourire aux lèvres, comme si par cette simple action, il pouvait rendre le sourire à sa mère, et il y parvenait parfaitement, presque à chaque fois, il était un petit rayon de soleil dans sa vie qu'elle trouvait parfois bien terne depuis ses problèmes de santé, bien qu'elle était consciente qu'elle n'avait pas à se plaindre de sa situation en tant que lady de l'Orage et proche de la reine, Argella Durrandon.

Et voilà qu'à peine, une noble dame venait à s'asseoir à ses côtés, cherchant une discussion pour se réchauffer l'âme auprès du feu qui faisait son office, qu'elle venait à s’épancher sur elle, sans beaucoup de gêne. Sans doute un trop plein qu'il lui avait été impossible de garder pour elle et qu'il était nécessaire d'évacuer après les choses qu'elle avait vu au cours des derniers jours et des dernières heures. Oui, sur l'instant, Mina Swann se sentait vulnérable comme il lui était bien peu de fois arrivée. Mais elle n'était sans doute pas la seule à être dans cette situation et elle se devait aussi de prendre un peu plus sur elle pour l'avenir, le danger était partout, et plus ils allaient avancer en direction du Bief, et plus l'inquiétude se ferait grande sans aucun doute. Elle releva donc doucement son visage, observant les traits doux et délicats d'Isla à cet instant et elle tenta alors un léger sourire à son égard. « Je pensais sincèrement avoir commencé à faire mon deuil de Béric, de l'homme qu'il était ainsi que de l'homme qu'il pouvait représenter. Il était une force de la nature, décidé par le bien fondé de ses actions et qui allait toujours de l'avant, avec une volonté de fer. A bien des égards, je dois avouer que l'empereur possède quelques unes des caractéristiques mentales que possédaient mon propre mari, et c'est parfois quelque peu déroutant, même si cela me permet d'avoir une confiance en Torrhen Braenaryon bien plus grande. Mais vous avez raison, pour Béric, les choses sont à présents terminées, il a fait sa part, à moi de remplir la mienne à présent. » Mina se mit à rougir légèrement. « Oh vous savez, je l'avais croisé brièvement à Hautjardin alors que j'étais dame de compagnie de lady Aleyna Tyrell. Nous avions eu à l'époque l'occasion de converser un peu … Je n'avais que dix-huit ans, il en avait déjà plus de trente-cinq. Sa première épouse était morte sans lui donner d'enfant, il cherchait à se remarier. Mais j'étais de petite naissance, je ne pouvais l'intéresser. Aujourd'hui encore, je ne connais toujours pas les tenants des tractations pour mon mariage et comment je me suis retrouvée à être l'épouse de lord Swann. Il voulait à tout prix des enfants, après tout je suis issue d'une famille de cinq enfants qui ont tous atteints l'âge adulte, mais je crois que nous avons su créer une complicité l'un avec l'autre, une véritable tendresse, renforcée bien vite par la naissance de Lenora, puis par l'annonce de ma seconde grossesse. C'était quelqu'un de bien. »

Elle n'osait pas en retour demander si Isla était mariée ou non, elle n'avait pas eu l'occasion de connaître véritablement l'histoire de la jeune femme et elle ne voulait pas paraître indiscrète en venant à discuter de sujet aussi personnel. Mina avait eu le droit à un mariage arrangé mais elle avait eu la chance de tomber sur un époux comme le sien. La jeune femme prit doucement la main d'Isla dans la sienne et elle la serra tendrement quelques instants avant de relâcher sa paume. « Il est vrai en effet qu'il est rare qu'on vienne à se décider à suivre son empereur dans une telle campagne militaire, et je crois bien que les soldats sont autant perturbés par la présence de si nombreuses dames de la Cour Impérial, ils sont bien peu habitués à notre présence dans de telles conditions. » Elle se redressa doucement, approchant un peu plus ses mains du feu. « Et vous alors, après avoir tant parlé de moi, dîtes moi, comment allez-vous sincèrement ? Tout ce voyage n'est-il pas trop difficile à supporter ? »


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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 27 Sep - 23:42

Une nouvelle journée en campagne

Aux abords de la frontière bieffoise, fin de la 3ème semaine du mois 10 de l'an 1

Le silence régnait autour de nous. En dehors de la source de lumière et de chaleur que représentait le brasier à nos pieds l'obscurité étendait ses bras intimidants. L'agitation de la préparation au coucher s'était éteinte depuis un certain temps, ne restait que le silence d'une apparente quiétude, j'espérai secrètement qu'il ne serait pas brisé par le fracas d'une incursion d'une troupe ennemie venue nous déstabiliser. Je ne suis pas sereine dans le silence, celui-ci m'angoisse bien plus qu'autre chose et tandis que la plupart des êtres recherches cet environnement pour favoriser les réflexions ou se ressourcer, je m'enfonçais généralement dans des angoisses toujours renouvelées. L'absence de sons traduisait autrefois pour moi le calmer très éphémère avant la tempête, l'ultime instant de réflexion avant que Ronald ne choisisse le sévisse du jour qui le contenterait. J'en frissonne encore rien qu'à me remémorer son mode de fonctionnement. Je ne sais pas si un jour je serais en mesure d'exorciser ce qu'il m'a fait subir, je ne peux que vivre avec. De temps en temps je jette un petit œil aux alentours, plus par curiosité que par inquiétude. Je me sens en sécurité, presque sereine à présent, la compagnie de Lady Swann est une heureuse distraction. C'est principalement pour cela que j'avais cherché à la rejoindre, bien plus je dois l'avouer que le soucis de la voir si mélancolique. Je ne cacherai pas mes égoïstes raisons si jamais elle me le demande, je suis néanmoins ravie qu'elle ait accepté sans questionnement que je la rejoigne.  

Avec soulagement je constate que ma comparse se calme quelque peu. Je ne peux pas me vanter d'être une experte pour rassurer et réconforter mon prochain, je peux paraître parfois si froide à mes interlocuteurs, les noyant dans une logique parfois bien trop techniques qui les déstabilise et les irrite plus qu'autre chose. Pourtant, cette fois, cela semble avoir plutôt bien fonctionné. J'ai espéré qu'elle n'avait pas pris mes paroles pour des banalités fades et inutiles et je suis exaucée. Quittant sa silhouette dont la respiration est de nouveau plus continue, je détaille un instant les braises qui s'envolent des flammes en assimilant l'histoire de sa rencontre avec son époux et le récit de son mariage. L'homme semblait plus qu'honorable, la différence d'âge n'est malheureusement pas choquante, surtout lorsqu'il n'est pas demandé l'inclinaison d'un cœur. Je me désolais souvent de voir de fraîches demoiselles devenir le jouet de vieillards libidineux, la condition féminine s'assimilant à une vulgaire marchandise. En cela le veuvage me servait puisqu'il me permettait de justifier mon indépendance par la perte de mon référent masculin. L'émotion transparaît dans la voix de Mina et je ne peux que me montrée attendrie par l'amour qui ne manque pas de s'exprimer dans ces souvenirs qui la font rougir. C'est là une histoire dont elle n'a pas à prendre ombrage, elle est même enviable à bien des égards. J'essaie de me représenter les éléments qu'elle me décrit sans que cela soit réellement possible. Je souris de ses descriptions et n'ait aucun mal à imaginer la jeune demoiselle qu'elle pouvait être s'attacher à un homme mûr, assuré et protecteur qui lui avait offert sa propre famille.

« C'est en effet la description d'un homme de grande qualité. Je ne peux que comprendre votre inclinaison surtout si il peut s'apparenter dans quelques aspects de son caractère à notre empereur. Son Altesse a la grande qualité de meneur d'homme, il sait rassurer et faire en sorte que nous donnions le meilleur de nous même pour que toute notre communauté en profite. Je vous en conjure mon amie ne vous tourmentez plus, je suis certaine que vous avez beaucoup à apporter à notre entreprise et que vous saurez honorer le courage et la mémoire de votre époux par votre dévouement. Vous en avez déjà fait maintes démonstrations. »

Je ne veux surtout pas qu'elle se sente amoindrie maintenant qu'elle se retrouvait seule et isolée tant de sa famille que de ses terres. C'était la sensation qui pouvait étreindre beaucoup de femmes lorsqu'elles perdaient leur époux, une complète inutilité de leur existence. Peut être était-ce dû à l'éducation donnée en Westeros aux représentantes du beau sexe, celui d'une complète dévotion au masculin, excluant par ce fait qu'elles puissent exister par elles-même. J'avais presque miraculeusement échappé à ce mode de pensée, conduite sur d'autres chemin par Rhaenys, par les nombreuses lectures que je m'étais obstinée à dévorer. J'avais désespérément voulu vivre par moi-même, essayé tant bien que mal de faire entendre ma voix. Mais cela n'avait duré que le temps pour moi d'être vendue à un homme. On ne me laissait l'indulgence d'une individualité que parce que la floraison de ma féminité n'était pas complète et que le verrou masculin ne tarderait pas à m'enfermer dans un carcan de silence. En cela, Ronald avait parfaitement rempli sa fonction, m'isolant de toute possibilité d'indépendance, décidant et s'imposant en toute chose jusqu'à m'absorber entièrement. Je n'avais pu recommencer à vivre qu'au moment de son trépas. Peut être cela justifie t-il aussi mon désir presque impérieux de retrouver la princesse Targaryen dont j'avais partager la vision autrefois, peut être avais-je naïvement crue qu'auprès d'elle je serais protégée de toute nouvelle domination masculine. Rhaenys me manquait, surtout dans les plus sombres instants de la nuit, nous qui avions parfois la coutume de nous tenir compagnie toute la nuit par de passionnantes discussions ou par des plaisirs plus physiques. C'étaient d'agréables distractions de toutes ces pensées négatives qui m'envahissaient souvent l'esprit, même alors. Tentant de ne pas perdre le fil de la discussion je hochais la tête à la suite de l'histoire de Lady Swann.

« Le simple fait que vous ayez cette opinion de lui le désigne comme tel à mes yeux. Il a su vous rendre heureuse et être un bon époux pour vous, il continue à vivre au travers de vos enfants. Je suis certaine que le temps adoucissant votre douleur vous découvrirez des fragments de lui dans le caractère ou le physique de votre progéniture. Une personne ne disparaît jamais totalement tant qu'il reste quelqu'un pour se souvenir de lui. »

Ces paroles n'étaient pas qu'une pommade de banalités pour terminer d'apaiser son coeur, je crois réellement qu'un être conserve une certaine lueur d'existence dans les souvenirs vivaces qui perdurent dans nos esprits. Elle tient la main que je lui tends et je sens que cet échange de chaleur l'aide plus qu'elle ne l'avouerait. Elle rebondit sur mes paroles et je manque de rire lorsqu'elle évoque les soldats passablement déroutés par tant de présence féminine. Je ne peux que lui donner raison, après tout il suffisait simplement d'observer les yeux avides de certaines et les grommellements des autres. Peu de chefs s'accordent à dire que la présence de femmes sur une longue durée au sein d'une armée est bénéfique. Pourtant il faudra faire avec, et je n'en suis que plus reconnaissante au couple Braenaryon de rompre avec les coutumes d'ordinaires pratiquées.

« Il est vrai qu'un tel contingent de femmes sur un terrain militaire est inhabituel. Les hommes soumis à de telles pressions peuvent en effet être plus que déroutés par notre douceur et nos courbes. Il faut d'ailleurs se méfier de certains, la menace constante de la mort peut rendre leur comportement détestable. Cependant, dans l'immense majorité ils semblent s'en accommoder. Nous ferons bientôt entièrement partie du paysage pour eux. »

Je lui offrais un doux sourire, une oreille attentive et j'attendis un peu de savoir si elle souhaitait poursuivre dans ses confidences. Cela ne me dérangeais nullement qu'elle accapare la conversation en orientant celle-ci sur sa personne. J'étais plus douée pour écouter que pour évoquer ma propre vie. Malheureusement, la gêne et la pudeur n'orienta pas mon interlocutrice dans cette voie et elle ne manqua pas, en être polie et éduquée, de me poser des questions sur ma propre expérience de vie. Je glissais un petit regard dans sa direction pour essayer de décrypter sur ses traits si ces questions relevaient d'un véritable intérêt ou d'une respectueuse réciprocité dans la conversation. Je ne la connaissais pas encore assez bien pour déchiffrer toutes ses expressions mais elle s'était toujours montrée très amicale, je m'étais montrée si mystérieuse qu'elle méritait bien que je lui livre quelques brides de ma personne. Toussotant un peu pour me laisser le temps de mettre mes idées en ordre j'essayais de conserver un ton détaché, ce qui n'était pas difficile puisque je m'étais de nombreuses fois livrée à cet exercice.

« Je n'ai nullement eu l'impression que vous aviez accaparé notre échange. Pour répondre à vos interrogations, vous avez pu deviner que je n'étais pas au meilleur de ma forme. En effet cette épopée est éprouvante, la campagne risque d'être longue et je suis pourtant déjà presque épuisée. Moralement comme physiquement, il faut dire que je n'avais jamais vraiment fait autant de cheval avant de rejoindre l'armée impériale. Mais c'est surtout de solitude dont je souffre. Sa majesté impériale Rhaenys Braenaryon n'a guère de temps à me consacrer, ce que je ne peux que comprendre, mais je dois bien avouer qu'être dans sa suite proche me manque, nous étions autrefois presque aussi proche que les membres d'une même famille. Mon mariage nous a terriblement éloigné. Lorsque mon époux est tombé j'étais tellement perdue que je n'avais aucune idée de ce que je pourrais faire de ma vie. Une opportunité s'est présentée et je me suis précipitée pour prendre part à la construction de l'Empire. Pourtant cette noble objectif est plus difficile à atteindre que je ne l'aurais cru, d'autant que je n'ai pas eu beaucoup d'occasions de pouvoir apporter ma contribution. Je n'ai aucune compétence utile, tant pour le camp que pour les soins aux blessés. Malgré tout je tiens bon, j'essaie de conserver un optimisme pour soutenir au mieux tous ceux qui auraient besoin d'écoute et de réconfort. »

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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 14 Oct - 19:09

Mina n'était pas inquiète par le silence tout relatif qui s'était mis à régner sur le campement militaire, on entendait les hommes qui parlaient dans les alentours, pour pouvoir veiller avec plus ou moins d'efficacité sur les pauvres âmes endormis ou qui ne tarderaient pas à fermer les yeux après la journée épuisante qu'ils avaient pu vivre. La jeune femme de l'Orage était aussi confiante pour sa sécurité qu'on pouvait l'être au vu de la situation actuelle, elle savait depuis bien longtemps les risques qu'elle encourait à être ici, au lieu d'être notamment auprès de ses enfants à Fort-Darion, peut-être qu'elle le regretterait dans un avenir plus ou moins proche, mais en attendant, elle ne pouvait que ressentir la fatigue venir à perclure son corps petit à petit, réveillant quelques douleurs suite à ce qu'elle avait dû faire au cours de la journée et lui permettre de se rendre compte que malgré les longues semaines qui s'étaient écoulées depuis sa maladie, elle en gardait encore quelques faiblesses qui venaient à se réveiller après les événements des dernières heures. Elle était épuisée, et il était certain que cet état physique venait alors à jouer sur son psychique et elle ne doutait pas qu'une fois qu'elle poserait sa tête sur sa paillasse, elle fermerait immédiatement les yeux. Pour le moment, elle profitait de la chaleur du feu de camp et de la présence d'Isla qui avait quelque chose de rassurant, et surtout de réconfortant. Même si d'une certaine façon, l'une comme l'autre faisaient déplacer dans ce contexte précis. Certes, Mina avait mis de côté les belles toilettes d'apparat, aux tissus soyeux et brillants, bien trop délicats pour ce genre de voyage, comme elle l'était sans doute peut-être également. Ils étaient au commencement de quelque chose qui viendrait sans aucun doute à bouleverser leur vie pour le meilleur ou pour le pire.

Oui, Béric était un homme formidable, sans doute parti bien trop tôt mais pour autant parti avec les honneurs, et tel qu'il l'avait toujours espéré. Cela faisait un an qu'elle ne pouvait plus profiter de sa présence rassurante à ses côtés, qu'il n'était pas possible de sentir ses bras puissants l'entourer. Il y avait forcément encore de l'amour, de l'attachement de la jeune orageoise pour son défunt mari. Elle ne pourrait jamais l'oublier, cela n'était pas possible et elle avait également deux enfants pour lui rappeler l'homme qu'il avait été. Pour autant, elle commençait doucement et sûrement à tourner la page et même si elle n'avait pas voulu le faire, la discussion avec son beau-frère peu de temps avant son départ d'Accalmie n'avait pas manqué de la rappeler à l'ordre. Elle avait un rôle à jouer en tant que lady de Pierheaume, et aux yeux d'Edmund cela ne consistait pas dans le fait de suivre l'armée impériale, mais bien plus de reprendre sa place dans la cité et la demeure de la famille Swann, en devenant son épouse. Si cela se passait en effet dans certaine maison, Mina n'était réellement pas convaincue que c'était la meilleure chose à faire et tant qu'elle se tenait loin de Pierheaume et loin d'Edmund, elle pourrait espérer être tranquille. Cependant, comme le lui avait dit l'Empereur, tant qu'elle ne serait pas remariée, elle ne pourrait que difficilement échapper au frère de feu son époux. Cette autre perspective ne la satisfaisait en aucune manière. Béric était partie bien trop tôt, laissant son épouse et ses enfants à un avenir incertain. Elle sourit doucement à Isla qui était si bonne avec elle, alors qu'elles se connaissaient si peu en vérité. « Je ne peux que vous remercier pour vos mots à mon égard. »

« Pour le moment, Lenora semble bien plus tenir de moi qu'elle ne tient du tempérament de son père. Quant à mon fils, il est encore bien trop jeune pour le moment pour que je ne puisse vraiment identifier de qui il tiendra le plus. Mais il est certain que je serai plus que ravie que mon fils vienne à tenir des traits physiques ou mentales de son père, mais je ne suis pas pressée qu'il grandisse pour le moment. » Mina ne savait rien de la vie de famille de la jeune femme. Et elle ne pouvait lui poser la question de front, elle avait parfaitement conscience qu'elle avait eu de la chance d'avoir un bon mari et deux beaux enfants, mais tout le monde n'avait pas les mêmes opportunités, et elle n'était pas certaine qu'Isla ait la volonté de s'étendre sur des questions aussi intimes. Visiblement, ce qui lui manquait, bien plus que son époux, c'était son lien spécifique avec l'impératrice et Mina se sentit presque confuse quelques instants à la pensée, qu'elle s'était vue confier en partie la garde des jumeaux impériaux dans le plus grand des secrets et qu'Isla se sentait plus ou moins démunie ici. Mais c'était une chose dont elle ne parlait pas à voix haute, Mina n'était même pas certaine qu'Argella était au courant de ce qu'elle faisait pour le couple impérial, venant à prendre la place de sa défunte belle-soeur, qui était décédée pendant qu'elle occupait cette fonction. Mina lui fit un doux sourire. « Vous savez sa Majesté, l'impératrice, a perdu des proches pendant la tentative d'assassinat des jumeaux à Accalmie. J'ai comme l'impression que cette dernière s'est renfermée depuis les tragiques événements et qu'elle ne laisse plus grand monde s'approcher d'elle. Je ne doute pas qu'elle viendra à se rapprocher de vous une fois que son chagrin se sera un peu atténué. »


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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyLun 28 Déc - 19:37

Une nouvelle journée en campagne

Aux abords de la frontière bieffoise, fin de la 3ème semaine du mois 10 de l'an 1

La nuit s'étalait sous nos yeux, renfermant mystères et inquiétudes. Rares étaient les nuages à voiler le ciel ce soir, et c'était une chose dont je ne pouvais que me réjouir car la visibilité n'en serait que meilleure pour les vols de Rhaenys. Enfin si tant est qu'elle ait encore ce genre de petite manie. Il n'était pas rare autrefois que je doive la couvrir par quelques mensonges lorsque taraudée par quelque épineuse pensée elle allait se ressourcer l'âme dans le ciel. Cette possibilité de pouvoir s'échapper aussi facilement du monde terrestre avait de quoi susciter l'envie, néanmoins j'avais pu constater de nombreuses fois que ce n'était jamais que temporaire. La terre finit toujours par se rappeler à elle comme à nous tous. J'essaie de profiter de cet instant de quiétude, où l'air est doux et la compagnie agréable, car rien ne nous garantie que demain nous offrira une chance similaire. Le bonheur comme les malheurs dans l'existence forment une danse complexe et énigmatique, l'un ne pouvant exister sans l'expérience de l'autre. Ces dernières années ne m'avaient pas apportées beaucoup de joie. En silence devant les crépitements de branches rongées par les flammes je tente de ne pas penser à ce que j'ai pu laisser derrière moi, sans grand succès. Le remord me consumera peut être aussi facilement que le feu de ce bois, mais je veux croire que bientôt ce sera à la joie et au bonheur de reprendre leur valse dans ma vie. Cependant ais-je ne serais qu'un début d'idée de ce qui pourrait me combler à présent ? La réponse négative à cette question a le don de me déstabiliser depuis mon retour auprès de l'ancienne reine Targaryen. Préférant dévier mon attention je hochais la tête aux remerciements de mon interlocutrice.

« Il n'est nul besoin de tel remerciement lorsque la parole est sincère. »

Je lui souris avec douceur. Je suis heureuse d'avoir pu trouver dans cette amie une compagne d'infortune. Je me questionne à savoir si le destin n'aurait pas quelque desseins pour nous, ce qui accentue le sourire sur mes lèvres. Malgré tout je ne me vois pas m'épancher sur mon passé, quelque part je ne sais pas si j'arriverai un jour à en parler à qui que ce soit, et d'autant plus à une personne qui n'a jamais vécu une telle épreuve. Daena Redwyne avait fini par deviner que ma situation avait pu être similaire à la sienne, je n'avais jamais vraiment eu besoin de lui livrer tous les détails de ce qu'avait pu être ma vie conjugale, nous nous comprenions et je tentais de lui apporter tout le soutien et le réconfort qu'elle méritait. Je n'avais aucune magie ni aucun pouvoir qui me permettrait de l'arracher à sa situation, je ne pouvais qu'essayer de lui livrer quelques clés pour que tout cela soit un peu plus supportable. Mina pourrait-elle comprendre ? Je n'avais aucune idée de ce qu'elle pouvait penser. Je préférais rester avec mes blessures plutôt que de prendre le risque de les empirer par un mauvais jugement extérieur. Continuant notre conversation elle me livre quelques unes de ses impressions sur ses enfants et je ne peux m'empêcher de m'interroger de nouveau, car des enfants auraient certainement pu aussi naître de mon union malheureuse si je n'avais pas déployer tous les trésors de mes faibles moyens pour m'assurer qu'il en soit autrement.

« Je suis sûr que ce doit être une chose merveilleuse que d'avoir des enfants, je ne peux que comprendre qu'on souhaite les figer le plus possible dans le présent. Je n'ai pour ma part pas eu cette chance. »

Je préfère le présenter ainsi. Les mœurs n'étaient pas vraiment permissives au sujet de l'avortement ou de la contraception, et cela quelque soit la culture de Westeros. La tolérance pouvait parfois être de mise, surtout pour certaines femmes contraintes de vivre de leur corps et plongées dans la misère la plus atroce, ce qui n'est pas du tout mon cas. Peu de personnes comprendraient alors le choix d'interrompre la moindre grossesse. Je n'ai que peu de regret face à cet état de fait, je l'ai fait surtout et avant tout pour protéger cette vie qui n'aurait pu que souffrir d'un géniteur tel que Ronald. comment aurais-je pu me réjouir de créer une vie avec un être aussi ignoble. Il méritait de n'avoir aucune descendance, surtout si c'était pour la modeler à son image, et peu importe le sacrifice que cela pouvait me coûter. Il est ainsi beaucoup plus simple de faire croire à la dame qui me fait face que cette incapacité résulte d'un manque de bénédiction des dieux ou d'une impuissance de mon défunt époux, ou même d'une stérilité de ma part. Cela ne rend pourtant pas la chose plus simple, je déteste mentir même par omission ou en énonçant des demi-vérités.

Je me sens soulagée lorsque notre échange prend une autre direction. Mina semble presque mal à l'aise devant la tristesse que j'ai pu lui partager. Peut être comme moi quelques temps plus tôt se sent-elle un peu impuissante face à ce sentiment négatif qui m'étreint. Je ne lui en voudrais pas de ne pas savoir trouver les mots, ayant moi même un mal fou à sortir autre chose que des banalités en pareille occasion. Une nouvelle fois je ne peux qu’acquiescer à ses sages paroles. Je n'ignore pas les éprouvantes péripéties qui avaient entaché notre séjour à Accalmie et le funeste prix qu'il avait fallu payer pour sauvegarder les enfants du couple impérial. N'ayant aucune progéniture je ne pouvais qu'à peine imaginer les sentiments qu'une menace si forte avait pu faire naître en Rhaenys, mais sa rage avait pu être palpable pendant plusieurs semaines. Je n'avais eu que très peu d'occasions d'échanger avec elle, et je m'étais sentie particulièrement inutile.

« Je la respecte bien trop pour lui imposer ma présence ou mes désirs. Je ne souhaite à vrai dire que son bonheur et sa sécurité, et je ne peux même pas percevoir ce qui a pu être sa tristesse, ses angoisses et sa rage face à ces évènements. Des vies précieuses ont été fauchées et je dois dire que dans tout cela je n'ai pu que me sentir terriblement inutile. J'espère qu'elle sait qu'elle peut toujours compter sur moi, même si les années nous ont privé l'une de l'autre. Mais même si elle ne venait jamais à me considérer comme par le passé je suis déjà ravie de pouvoir prendre part à cette aventure. »

Toujours voir le positif, se relever et continuer quoi qu'il en compte. Si toutes ces horreurs m'ont appris une chose c'est bien celle-ci.

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MessageSujet: Re: Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé]   Une nouvelle journée en campagne [Tour VIII - Terminé] EmptyMar 29 Déc - 10:53

L'avenir était incertain, on ne pouvait savoir vers quoi allait mener cette guerre, et qui serait le grand gagnant ou le grand perdant de tout cela. D'une certaine façon, elle espérait que l'empire vaincrait, car elle était convaincue par le projet que le couple impérial et que sa souveraine, comme les autres royaumes fédérés, portaient à bout de bras. Cette vision de ce que pourrait être Westeros était la vision dans laquelle elle voulait voir grandir ses enfants, et dans laquelle elle même avait envie de vivre. Après tout, ce n'était pas parce qu'elle était aujourd'hui veuve que sa vie s'était arrêtée le même jour que celle de son époux, il ne l'aurait pas voulu, elle le savait parfaitement. Pour autant, d'un autre côté, si l'empire venait à gagner, cela voulait aussi dire que le Bief serait le perdant de ce combat féroce, et elle se demandait sans cesse ce qui pourrait bien rester de sa famille, de la maison Goldwyne après tout cela. Elle ne voulait clairement pas imaginer, mais le pire était déjà là et à mesure que l'armée impériale allait avancer, elle ne doutait pas un seul instant que les morts continueraient à augmenter des deux côtés. Elle ne voulait pas mourir, elle ne voulait pas le faire en tout cas sans avoir pu un jour à nouveau embrasser ses enfants, mais elle avait peur également, de trouver parmi les blessés et les morts sur le champ de bataille le corps d'un de ses frères, que ce soit Garlan ou les autres, de lui tenir la main et de le voir balbutier quelques mots avant de s'étouffer dans son propre sang et de pousser son dernier soupir. N'était-ce pas ce qu'elle avait vécu au cours de la journée, alors qu'elle s'était penchée sur un blessé ? Ce dernier avait pris sa main pour pouvoir l'appeler à l'aide, et alors qu'elle était là au-dessus de lui, comprenant immédiatement qu'il n'y avait plus rien à faire pour lui, il lui avait parlé comme s'il s'adressait à son épouse et elle lui avait répondu quelques mots, comme pour tenter de le soulager un peu avant son trépas et elle avait été sincèrement bouleversé par ce regard bleu intense qui s'était soudain éteint.

Oui, elle continuerait d'avancer, car même si elle n'était pas soldat, elle s'était engagée auprès du couple impérial, elle s'était engagée auprès d'Argella Durrandon, pour tenter également d'apporter sa pierre à l'édifice, même si ce soir elle était exténuée, et qu'elle n'avait qu'une envie s'était de retrouver ses enfants et de pouvoir les serrer dans ses bras et les embrasser longuement. Mais elle se rendait bien compte que si elle avait pu en avoir, ce n'était pas le cas de la jeune femme qui l'accompagnait ce soir et qui semblait avoir eu une vie bien plus compliquée que ce qu'elle-même avait pu traverser. Mina eut un pauvre sourire en la regardant, hochant distraitement la tête. « Oui j'ai beaucoup de chance de les avoir … Mais qui sait, un jour aussi, si vous le désirez vous aurez l'occasion d'en avoir et vous pourrez ainsi voir le bonheur que cela peut être d'en avoir. » Et aussi toutes les difficultés qui pouvaient aller avec. Elle laissa Isla continuer à parler à propos de sa relation avec l'impératrice. Pour sa part, elle ne savait guère tout ce qui avait pu se passer entre les deux femmes, ni le parcours qui leur avaient permis de se retrouver ici ensemble aujourd'hui et elle était certaine que tout cela ne la regardait pas, elle en était certaine. Pour autant, elle sentait bien que tout cela venait à perturber Isla et qu'elle voulait plus, sans réussir forcément à l'obtenir. Rhaenys avait vécu des choses difficiles ces derniers temps, et même avec elle, alors qu'elle s'occupait la plupart du temps des enfants de cette dernière, elles venaient à garder le silence, l'une à côté de l'autre. « Laissez-lui du temps … Rien n'est simple dans la vie, et encore moins quand on se retrouve dans une guerre, le bien commun passe avant le bien-être personnel malheureusement. Laissez du temps, et puis si vous voyez une opportunité d'en discuter avec elle, tentez-là. Et profitez du temps qui vous est accordé près d'elle. » Mina se releva doucement, resserrant le tissu autour de ses épaules. « Veuillez m'excuser, je suis exténuée, je vais me coucher, la journée de demain ne manquera sans doute pas de nous amener notre lot de surprise et de travail. Je vous souhaite une bonne nuit. » Elle inclina alors la tête avant de rejoindre sa tente pour la nuit, s'endormant facilement une fois qu'elle posa la tête sur sa couche.

Fin du Rp


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