L'affection ne vient pas toujours de la famille [Tour VI - Terminé]

L'affection ne vient pas toujours de la famille

Sacha & Ingheam

L'amour guérit les blessures de l'âme aussi sûrement que l'onguent guérit celles du corps et les Sorcières des Bois prodiguent les deux parce qu'elles savent que l'esprit à son tour aide le corps à guérir.

Ingheam laissa le silence s’installer avec pudeur. Écoutant l’absence de mot avec attention, mais sans rien attendre de la part de Sacha qui semblait discuter avec lui même. Elle n’avait pas les réponses, et lui probablement pas encore. Et si elles ne venaient jamais, peut-être était-ce parce qu’il n’y en avait pas. Peut-être que certaines questions devaient rester sans réponse. Elle était bien incapable de haïr ou de se venger, de tuer plus encore, ce n’était pas dans sa nature, mais elle n’avait pas connu ce que vivait le jeune garçon. Pour elle, il n’y avait pas d’être totalement mauvais ni totalement bon, chacun avait une part d’ombre et une part de lumière, les deux pouvant lutter l’une contre l’autre ou travailler ensemble. Certaines choses devaient mourir pour laisser leur place à d’autres et cela n’était pas immuable, cela pouvait changer, on pouvait avoir besoin de quelque chose pendant un temps, puis devoir le tuer pour aller de l’avant, c’était naturel, c’était le cycle. Parfois une mort symbolique suffisait, un rituel, une prière, pour tourner la page et passer le cap.

__ Quand l’ombre touche la lumière, la lumière n’en ressort que plus, même lorsque la flamme vacille et tant qu’elle ne s’éteint pas. Je vois que votre père vous a corrompu, mais je vois aussi la lueur qui tente de survivre. Votre colère est légitime, comment ne pas être profondément marqué par le mépris et la violence d’un père ? Comment ne pas finir par croire qu’on est un être mauvais ? Je ne vous connais pas, mais ce que je sais de vous, le peu que je sais, est tout sauf sombre.

Sacha ne semblait pas croire qu’il était bon, il ne voyait que la part d’ombre qui prenait de plus en plus de place, et pourtant, son comportement avec la blondinette disait tout le contraire. Mais il allait probablement devoir, soit combattre le poison, soit apprendre à vivre avec et à s’en servir comme d’un moteur pour nourrir sa lumière. Comment, lui seul saurait, lorsque le moment serait venu, mais il n’était pas seul sur le chemin, bien que personne d’autre que lui même ne puisse éclairer sa voie.

__ Je ne lutterais pas contre ce que vous pensez de vous, mais je ne tairais pas ce que moi je pense de vous.

La blondinette sourit.

__ J’ai foi en vous.

(c) DΛNDELION

J’observais la sorcière sans rien dire. Je n’étais pas convaincu parce qu’elle disait, une lumière était trop faible pour vivre éternellement dans ce monde de violence. Toutes les lumières finissaient par s’éteindre… C’était comme cela. Qu’importe tous les efforts qu’on pouvait faire, l’ombre corrompait toujours la lumière, à un certain rythme, mais cela arrivait toujours… C’était ainsi, d’une manière ou d’une autre. Je n’étais pas idiot… Je me doutais bien que l’espoir n’était pas éternel, à un moment ou un autre… il s’éteignait. Et quand le poison de l’ombre s’était installé alors qu’on était si jeune, il dévorait et consumait encore plus rapidement. C’était pour cela que quelque part j’espérais ne jamais me marier et ne jamais avoir d’enfant, j’avais peur de refaire le même schéma que mon père. Je souris, presque amusé, de sa remarque sur la confiance en moi.

« Vous êtes bien la seule actuellement. »

Même Jojoris et les autres je ne savais pas s’ils avaient confiance en moi… Ou non. C’était aussi sans doute dû à leur vie… Il fallait dire que leur amitié avec moi aurait put leur valoir de se faire trancher la tête. Je baissais les yeux avant d’entendre des pas, la porte s’ouvrit en grand et j’observais Lucas, mon frère aîné, qui me sourit. Il s’inclina avec respect devant Ingheam.

« Lady, navrée de vous déranger. Sacha, tu viens ? J’ai besoin de toi s’il te plaît. »

Je lui rendis son sourire avant de me lever avec précaution et de m’incliner devant la sorcière et de lui tendre la page de parchemin. J’inclinais la tête avec respect vers elle avec un beau sourire.

« C’était un plaisir de vous rencontrer Ingheam. J’espère que vous trouverez Lady Yesaminda et quelqu’un pour recopier vos connaissances. Je vous souhaite une excellente journée. »

Je lui souris largement avant de sortir après que Lucas ait salué également Ingheam. Il passa sa main dans mes cheveux et me sourit gentimentt

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