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 Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]

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MessageSujet: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyLun 29 Juin - 16:05


Chante, beau merle



En début de matinée, après ses ablutions, Aenor rejoint son lit près duquel l’attend une servante pour l’aider à se préparer. C’est toujours la même, depuis son arrivée. Elle s’appelle Niamh, a du soleil dans la voix, et se montre très délicate avec l’otage, lorsqu’il s’agit de lacer ses robes. Il n’y a rien d’étonnant, donc, à ce qu’Aenor l’aime beaucoup. Tous les matins, le rituel est le même. Aenor est capable de se lever bien sûr, et d’aller seule derrière la courtoisie du paravent, où elle retire sa chemise de nuit, et trouve soit le baquet d’eau qui sert à son bain, environ un jour sur deux, soit le bol et les linges qui lui servent pour des ablutions plus sommaires. Elle doit bien l’avouer, bien qu’étant otage, ses conditions de vie son bien meilleure à Hautjardin qu’elles ne l’ont été à Havrenoir, durant le siège. Tellement de gens sont morts de maladie, ou de faim… Combien ont dû pester qu’une aveugle soit nourrie, même mal, juste parce qu’elle est noble et d’ainsi priver de pain quotidien une paire de bras efficace, à l’avantage d’un parasite ? Chaque fois qu’elle y pense, Aenor se sent affreusement coupable. Bien sûr, elle n’a jamais rien demandé, ni à être aveugle, ni à venir jusqu’à Havrenoir, ni à ce que la guerre conduise au siège d’Havrenoir. Comme tout le monde, elle subit. Cette culpabilité, d’ailleurs, la laisse très ambivalente. La prochaine fois qu’elle en aura l’occasion, elle demandera son avis à un Septon.

Pour l’instant, comme elle le fait tous les matins, elle rejoint son lit sur lequel Niamh a étendu sa robe, et, comme tous les matins, la laisse la parcourir du bout des doigts. « De quelle couleur est-elle ? » Elle semble être en coton brocardé. Les broderies semblent fines. « Bleue, ma dame. » Aenor touche plus en avant. Elle aime le bleu. La couleur du ciel et de la mer. Finissant sa palpation, elle s’interpelle. « Pas de laine ? » Elle ne peut pas le voir, mais la servante secoue la tête en signe de négation. « Non, ma dame. Le temps est doux aujourd’hui. Nous allons vers l’été. » La toute jeune femme hoche la tête en signe d’assentiment, et peut enfin être habillée. A l’habillage succède la coiffure, qui demande toujours un long moment, la crinière brune tirant sur le roux d’Aenor refusant de se laisser dompter. Toujours est-il que la dame a encore pas mal de temps à tuer avant le déjeuner. Par habitude, son luth dans une main, elle rejoint au tâtons de l’autre le salon dans lequel elle a l’habitude de se réfugier. Inspirée par les paroles de Niamh, elle vient ouvrir la fenêtre, moins pour la lumière, forcément, que pour l’air et les musiques du dehors.

« Il fait vraiment beau aujourd’hui, vous avez vu les camélias ? Somptueux ! » ça échange, dans le couloir. « Ne m’en parlez pas ! Le jeune Estremont réclame à ce qu’on lui serve des tartes au citron au jardin ! » Justin est donc dehors ? Se laissant séduire par la perspective de profiter, elle aussi, un peu du soleil, Aenor prend son luth et tente de rejoindre, à son tour, les jardins…

Ça n’aurait dû lui prendre que quelques minutes, mais ce trajet est encore très méconnu d’elle. Au final, plusieurs servants ont besoin de l’aiguiller, l’interdiction de la toucher rendant les choses encore plus difficiles pour eux. Elle en entend même certains pester, au point de la faire rougir. Cet handicap ne rend donc pas plus difficile sa vie seulement, mais également celle de ceux qui l’entourent… Si son idée première était de retrouver Justin, elle l’abandonne au cinquième soupir à peine étouffé d’une énième personne à laquelle elle demande de l’orienter. Suivant des doigts le contour de pierres de la promenade du jardin, elle se pose sur le premier banc venu… Et est donc totalement perdue. Perdue, mais à l’air. A son tour, une fois assise, elle soupire. Elle en pleurerait. C’est difficile de demander de la bienveillance, mais un rien de complaisance ne lui semblerait pas de trop ? Peut-être que si. Mélancolique, elle prend son luth, et à défaut de parvenir à se faire au monde, elle essaie d’emplir son propre espace, de plier son petit bout de monde à quelque chose qui lui plaît. Notes et accords s’enchaînent, d’abord sans réellement de mélodie, juste pour accorder l’instrument, et puis, finalement, lui vient une balade. L’absence de passage près d’elle, pendant les deux premiers couplets, lui laisse à penser que la zone est assez peu fréquentée pour qu’elle puisse se permettre de joindre sa voix aux notes du luth… Ce qu’elle fait, jusqu’à ce que des bruits de voix d’hommes, plutôt agitées, la poussent à suspendre son activité. Sagement, elle pose son luth en travers de ses genoux, et attend patiemment que le petit groupe d’hommes l’ait dépassée pour pouvoir recommencer à jouer.

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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyVen 10 Juil - 13:22

Je restais un peu inquiet, angoissé à l’idée que les choses ne se déroulent pas comme je l’avais prévu. Les forces impériales rassemblées dans l’est étaient bien plus puissantes en nombre comme en qualité qu’escompté et je commençais à regretter d’avoir envoyé autant d’hommes assister le Roi des Fleuves et du Crépuscule, alors qu’il ne semblait pas faire grand cas de la présence des unités envoyées au chevet de son armée ridiculement petite. Je ne pouvais pas lui tenir grande rigueur de tout ce qu’il se passait, car la confiance entre nous n’était pas de mise. Il s’agissait toutefois d’une sorte de rendez-vous manqué de l’histoire, d’absence de coopération à un moment fatidique. S’en rendre compte n’empêchait pas que l’on soit l’un comme l’autre incapable de redresser la barre. Il y aurait des progrès à faire… Ou des opportunités à saisir. Ne pas être ensemble de concert face à l’ennemi n’induisait pas que de la faiblesse, mais la possibilité que nos adversaires se concentrent sur autre chose que sur une armée rassemblée. Les points de détail de nos campagnes parallèles pouvaient leurrer l’ennemi, et ménager des ouvertures qu’il ne fallait pas négliger.


Restait la manœuvre encadrant l’Empire et sa poussée. Je misais tout là-dessus, sans prendre ni pause ni temps de réflexion. Tarly suivait le plan à la lettre et ne s’était pas fait détruire durant son recul. Il fallait espérer que le coup en préparation suffirait à porter l’estocade… Sinon s’en serait sans doute fini du Royaume du Bief à court ou moyen terme, et ensuite ce serait l’effondrement du château de cartes. Tout ce qui restait encore indépendant disparaîtrait sans aucun doute assez vite.


Je me promenais assez tôt dans les jardins. Seul. Uniquement suivi d’une poignée de gardes et de clercs à bonne distance en cas de besoin ; les réflexions pouvaient parfois amener à des idées qu’il fallait aussitôt coucher sur le papier. J’angoissais comme toujours, je ressassais. Cela ne m’empêchait pas d’être un souverain bien droit dans ses bottes, mais en attendant que les événements puissent atteindre leur dénouement final il fallait bien dire que je n’allais pas m’arrêter d’y penser. Je continue de marcher, bottes hautes dont le talon claque, tenue de noir comme toujours, ce qui m’avait valu le surnom de Corbeau de la tour du savoir.


On m’apporte des nouvelles. Grassy Vale est tombée. L’Empereur n’a pas perdu de temps, et la place a été enlevée faute de garnisons. Quelle folie que Tarly qui préserve ses effectifs quand un millier d’hommes auraient pu tenir sur les murs un bon moment, des jours sinon des semaines ? Je lâche plusieurs paroles acerbes, exaspérées. Pourquoi les hommes de terrain se sentaient-ils obligés de réinterpréter leurs ordres ?


De la musique s’élance dans les airs. Une voix douce, mélodieuse. Derrière les buissons fleuris que nous contournons, une jeune femme. Cheveux auburn, robe de qualité. Luth et voix, qui s’arrêtent alors que nous passons devant elle ; j’allais passer après un simple regard noir, le genre que j’envoyais à quiconque lorsque j’étais frustré de la tournure des événements mais je me fige, et me retourne. Son visage ne me dit rien. Enfin si. Mais je n’ai pas immédiatement son nom qui me vient en tête, et c’est plus rare. Les yeux perdus dans le vague, la jeune femme ne nous a pas regardés passer, ou alors avec un temps de retard…


Une aveugle ? Je fais signe à la petite cohorte d’avancer, de m’attendre plus loin.



| Ce que vous étiez en train de jouer était très mélodieux, ma jeune dame. Comment vous appelez-vous ? Je ne me rappelle pas de vous avoir vue dans les environs… |


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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyLun 13 Juil - 2:36


Chante, beau merle



La voix d’Aenor n’est pas la plus jolie qui soit, mais elle n’en reste pas moins particulièrement délicate, un délice pour les oreilles. Elle manque de puissance, c’est une voix de berceuse. Un menu alto, doux comme de la soie, audible également quand elle parle… Elle aime bien s’entendre chanter, Aenor. Elle-même se trouve douce à l’oreille. Elle s’entend accompagner les notes de son instrument, sans les occulter, former avec elles une belle harmonie. Elle n’entend pas plaire à qui que ce soit, ou se produire devant qui que ce soit… Elle cherche seulement à occuper un espace, parfois intimident de profondeur, faute d’yeux pour pouvoir le limiter. Chanter est pour elle une façon de le limiter, à sa musique, une musique qu’elle ne joue que pour elle, sans la moindre prétention ni coquetterie. Aenor joue de la musique parce qu’elle le peut, parce qu’elle sait le faire, à défaut de pouvoir broder. Parfois elle danse aussi, un peu. Mais pas aujourd’hui.

Elle entend le bruit discrets de talons de bottes qui la dépassent, suivit de plusieurs autres, un nombre qu’elle ne parvient pas à compter. Au moins trois. Cependant, elle entend distinctement un arrêt, et un discret piétinement. Aenor est aveugle depuis assez longtemps pour deviner, même s’il lui est impossible d’en être certaine à cent pour cent, qu’on vient de se retourner vers elle. Parce qu’on lui a dit qu’il était plus confortable pour les autres d’être regardés, ou au moins de croire qu’ils le sont, elle lève le vert brillant de ses yeux vides dans la direction du bruit… Sans savoir si elle fait mouche, ou si elle est à côté de la plaque, espérant simplement ne froisser personne… Les bruits de pas finissant par reprendre, elle pense avoir achevé cette épreuve avec brio… Et sursaute donc visiblement, sur le point de reprendre sa musique, quand une voix masculine l’interpelle.

Immédiatement, sa main libre vient se poser sur son cœur, qui a raté un bond et cavalcade maintenant comme un beau diable, tandis que son sourire se fait beaucoup plus large, ingénument franc, Aenor se moquant visiblement d’elle-même et de sa réaction… Ridicule. La jeune femme a besoin d’une longue seconde, si pas de deux, pour se redonner une contenance, et se lève sitôt qu’elle le peut, la main de son cœur lissant sommairement sa robe, avant de venir attraper sagement son luth devant elle, conjointement avec l’autre. « Merci Monseigneur… » Elle commence par répondre, ne pensant pas une seule seconde à user du prédicat « Votre Majesté », puisque ne songeant pas un seul instant que le roi puisse s’arrêter sur sa personne… Etant donné le vocabulaire utilisé, ça ne peut être qu’un noble. Le « Monseigneur » lui semble donc le plus adéquat.

Effrontée sans être insolente, sa bouche s’étire pourtant d’un sourire joueur, malgré des yeux qui restent vides, et incapables de fixer son interlocuteur, plutôt déviés d’une dizaine de centimètres vers sa gauche. « Si vous ne m’avez pas encore vue, c’est donc que j’excelle dans l’art de me faire discrète ! » Elle décrète, triomphante à l’idée de parvenir à se tenir éloignée du radar de la cour, des nobles, de tous ceux qu’elle pourrait gêner par sa cécité… Son cousin, ses parents ou sa reine. Gracieuse malgré son handicap et son luth, elle exécute une révérence impeccable. « Aenor Estremont, Monseigneur. J’étais aux côtés de mon cousin, Justin Dondarrion, quand Havrenoir s’est rendu. » Elle explique, sans la moindre trace de honte qui aurait pu faire chevroter sa voix. La guerre n’est jamais facile, mais que pourrait y entendre une aveugle comme elle ? Quelles seraient ses responsabilités ? En vérité, Aenor n’en a pas la moindre, si ce n’est faire honneur aux Sept, à sa reine, à son nom, à ses parents… Ce qui, au final, est déjà conséquent pour d’aussi frêles épaules. « Accepteriez-vous de me dire votre nom, Monseigneur ? Je ne peux malheureusement pas me fier à mes yeux… » Elle sourit, toujours aussi tranquille, finalement… Légère. Comme la jeune fille d’à peine vingt ans qu’elle est.

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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyMer 22 Juil - 13:58

Dans ces circonstances, je ne pouvais pas me sentir simplement relâché, décontracté. Il y avait tant de bouleversements dans ma vie et dans ma façon de voir les choses, depuis la naissance de ma fille et la reprise de la guerre, que je devais gérer tant et tant que peu de temps de loisir restait disponible. Je n’avais jamais été récalcitrant au travail, loin de là. Mais il fallait encore être en capacité d’assumer cette charger et de faire redescendre la pression régulièrement. En tant que souverain, j’avais plus de pouvoir et d’outils à ma disposition pour ce faire, mais j’étais aussi plus scruté. Je devais prendre garde à tout ce que je faisais. Pas tout à fait de la même façon qu’auparavant, quand je n’étais encore que Ministre de la Guerre ou simplement l’héritier de Villevieille, mais de façon tout de même constante.


Un peu de musique, ce n’était pas mal. J’avais toujours adoré les arts, les lettres. Tout le processus créatif qu’il y avait derrière. Je me plaisais moi  même à me considérer comme une sorte d’artiste, celui de la découverte du corps humain. Mes carnets étaient de plus en plus fournis et je n’avais plus vraiment le temps de les recopier. Il fallait que je le prenne, mais quand ?


Quoiqu’il en soit, la musique je sais l’apprécier. J’ai toujours souhaité en avoir dans les occasions particulières, ou le soir quand je parvenais à ne pas finir trop tard. Avec un verre de vin, et rien d’autre à faire qu’à écouter… Pourquoi pas en compagnie d’une jeune nymphe, qu’elle finisse l’expérience en entier ou pas. La jeune femme que je rencontre sur ces entrefaites est du genre à être bien innocente, et le genre à vivre et évoluer en toute quiétude. Mon interruption l’effraie, la surprend, et elle pose sa main sur son cœur. Mais elle ne prend pas mal la chose, l’inconnue, son sourire soulignant la candeur de ce regard vide qui aurait pu autrement la rendre mal à l’aise à mesure de ce qu’elle aurait découvert de moi. Polie, digne, non sans grâce malgré l’évidence de son handicap à mes yeux. Etait-ce parce que j’étais alerte aux détails, sensible aux pathologies qui affectaient l’humain, ou bien était-ce évident ? Qu’importe, l’essentiel est de s’en rendre compte.




| Je vous en prie, ma Dame, c’est moi qui vous remercie. |


La jeune femme est réellement candide, rafraîchissante, me tançant d’un rien d’humour avant de se présenter comme Aenor Estremont. Elle évoque Dondarrion, et la reddition d’Havrenoir. La nouvelle et la constatation de m’être adressé à celle qui avait été jadis une ennemie aurait sans doute pu me fermer à l’échange, si j’étais quelqu’un d’autre. Ce n’était pas mon cas. Les prisonniers restaient des personnes. Sur lesquelles on pouvait certes avoir quelques largesses… Parfois. Mais il ne fallait pas y penser, sinon je ne tarderais sans doute pas à réveiller le démon qui ne m’avait pourtant pas taraudé depuis un bon moment. Je lui prends sa main libre dans l’une des miennes et vient y déposer le baiser barbu d’un homme portant le bouc.


| Vous me voyez fort enchanté de vous rencontrer, Lady Aenor. |


Je la toise avec un léger sourire aux lèvres, laissant filer un rien de temps sans avoir lâché sa main, contrevenant un rien aux usages.


| Mais bien sûr, Dame. Je m’appelle Manfred, comme mon arrière-grand-père, et je viens de la maison Hightower de Villeivieille. Connaissez-vous ma cité ? |


La diversion était belle, la dérobade innocente. Moi aussi, je savais plaisanter.


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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyJeu 23 Juil - 21:50


Chante, beau merle



Le seigneur, encore inconnu, est galant. Remercier la musicienne, bien que chevronnée et mélomane, amatrice qu'est Aenor est élégant. La jeune dame apprécie le geste, cordial, d'autant plus qu'elle n'a pas tant fait l'objet de cordialité aujourd'hui. Avait-il remarqué sa cécité avant qu'elle ne la lui indique ? Elle ne le saura jamais, mais elle préfère le dire d'emblée. Il est déjà arrivé qu'on fuit à la mention de son handicap, ou encore qu'on lui donne un faux nom, juste parce qu'on le peut, et s'en tirer indemne. Ou en tous cas, c'est ce qu'ont cru certains idiots. Le fait est que, étant aveugle, Aenor compense l'absence de sa vue par ses autres sens. Aussi, reconnaître les voix lui est aisé, plus encore pour elle qui est mélomane, ainsi que les odeurs. Chose qui joue en son avantage, c'est que, par coquetterie, les nobles portent rarement le même parfum qu'un autre. Tous veulent se démarquer, être unique dans la masse, reconnaissable. Les plus aisés de tous arborent les effluves les plus exotiques, épicées, poivrées, sucrées. Dans le Bief, c'est surtout la fleur qui domine. La rose, la jacinthe, l’acacia... Aenor, pour sa part, a opté pour quelque chose de discret, un mélange de chèvrefeuille, de menthe et d'une touche de citron. Quelque chose de printanier, de frais.

Sa main saisie, elle se tend légèrement, surprise par ce contact inattendu, mais ne lutte pas. La manière accompagne l'élégante réponse qui lui a été donnée. Le bouc la chatouille bien qu'elle n'en pipe mot, mais c'est un détail qu'elle retient, sans trop savoir pourquoi. Cependant, soucieuse de respecter les convenances avec un inconnu, elle reprend élégamment sa main, sans brusquerie aucune, laissant un instant supplémentaire flotter ses doigts au-dessus de ceux de celui qui est encore un inconnu, avant de les reposer sagement sur son luth. Il ne sera pas dit qu'Aenor Estremont se déshonorera ou laissera croire qu'elle est prête à se déshonorer en terres bieffoises, bien que, bien sûr, à aucun moment elle n'imagine que ça puisse être l'intention de son interlocuteur. Qui voudrait d'une aveugle ? Une aveugle ennemie ?

Jusqu'ici détendu, le visage d'Aenor se tend, pâlit visiblement, avant que ses joues ne se parent d'un fard rosé, à l'entente du nom de son interlocuteur. « Votre Majesté... » Elle bégaie, sourcils froncés de honte, avant de baisser ses yeux aveugles pour répondre à la question qui lui a été posée. « De nom seulement, Votre Majesté. Et j'ai bien peur qu'il en soit toujours ainsi, désormais. » Elle répond, sobrement malgré un petit sourire, toujours moqueuse à l'encontre d'elle-même, alors que derrière ses lèvres les informations s'enchaînent. Manfred Hightower, de la maison Hightower. Blason : une tour blanche couronnée de flammes sur un champs gris fumé. Devise : Nous éclairons la voie. Fief : Vieilleville. Fils d'Ardent et d'Ornella Hightower, a une sœur, Tricia, qui a été mariée à Mern Gardener. A eu une première épouse, Taïna Tarly, décédée... Aenor est, de façon très visible, particulièrement gênée, pas seulement du fait que sa cécité lui ait fait user du mauvais prédicat, mais aussi... Elle devrait se taire, ne surtout rien dire, mais, étant otage, elle craint que le roi, le vrai, ne se montre pas magnanime si elle était prise à honorer un dupe... Elle ouvre discrètement la bouche, prête à se lancer, mais se ravise finalement, peu envieuse de traiter le roi, s'il s'avérait que ça soit lui, de menteur. A la place, elle préfère essayer de chasser élégamment l'homme qui lui fait face, de sorte à limiter le risque qu'on la prenne, le cas échéant, à gratifier d'un « Votre Majesté » un noble de rang inférieur. Elle esquisse une nouvelle révérence, bien plus profonde cette fois. « C'est un honneur, Votre Majesté. Veuillez accepter mes excuses puisque ma musique vous a distrait... Je ne voulais en aucun cas abuser de votre temps... » Ni même ne pensait que, de tous les courtisants qui peuplent le château, ce serait lui qui l'entendrait... Elle espère, naïvement, ne pas avoir commis d'impair, en vérité, demeure visiblement tendue, crispée, à l'idée qu'on se joue d'elle et qu'un sinistre inconnu puisse trouver hilarant de se faire passer pour un homme ayant droit de vie et de mort, non seulement sur elle, mais également sur son cousin...

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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyDim 9 Aoû - 19:14

Je prends un certain plaisir à laisser s’exprimer ma curiosité, à faire en sorte de pouvoir m’arrêter, et à arrêter ma suite, sans prendre la peine de m’excuser ou de me sentir coupable. La jeune femme que j’abordais semblait un brin perdue. Et pas seulement parce qu’elle était de toute évidence touchée par une déficience visuelle, peut être même carrément aveugle. Ce ne serait pas si étonnant. Pas plus que ça n’était si rare. De nombreuses affections supposément divines ou de l’ordre des croyances alimentaient les ragots sur la source de ce mal, mais rien de tout cela n’était vrai. J’avais lu les enseignements de Mestre Orinin, et je savais aussi qu’il y avait d’autres causes que l’intervention divine pour châtier les pauvres mortels que nous étions… Il y avait de l’usure des membres, des articulations, des muscles, des nerfs… Tant et tant de causes potentielles, probablement liées aux ressorts des divers organes.


J’étais curieux de ça aussi. Je n’avais jamais pu pousser des recherches véritables sur le sujet, et voilà que le destin m’offrait sur un plateau d’argent un cobaye des plus exquis ; une femme avenante, souriante, gironde bien comme il faut… Mais elle se trouvait au palais et nullement affairée à quelque ouvrage, elle était donc noble. La frustration me vexa l’espace d’une seconde ; il était toujours bien plus compliqué de s’en prendre aux dames de haute naissance, car elles avaient caméristes, gardes, liens et protections diverses. Ca n’en était pas moins possible… Mais avant de ressentir l’excitation de la découverte, il y avait encore énormément de chemin à parcourir. Je ne pouvais pas simplement me targuer de mon rôle de souverain et imposer ma volonté. Certaines choses étaient possibles. D’autres non. Comme toucher à l’intégrité physique des personnes, notamment. A moins qu’il ne s’agisse de personnes qui l’auraient mérité, bien entendu. La jeune femme se laisse aller au baise main sans mot dire. Elle ne fait pas l’effarouchée ; c’est de toute façon ainsi que l’on salue à la cour du Bief et pour être ici elle en a donc sans aucun doute déjà fait l’expérience. La jeune femme me retire toutefois sa main…


Mais elle blêmit et rosit en même temps, savant mélange qui ne fait qu’accroître mon sourire qui souligne parfaitement mon amusement -dénué toutefois de moqueries-. Elle semble toute honteuse. Et en est déjà à s’apitoyer sur son léger faux pas lié à l’étiquette. Elle sourit, toutefois, et cela ne peut donc que souligner qu’elle est digne d’auto-dérision. Ce n’est jamais une information inutile, loin de là, car les personnes qui en sont capables sont souvent douées d’intelligence. Cela ne va pas tellement de soi pour quiconque, mais mon petit doigt me le souffle cette fois avec insistance…



| N’allez pas trop vite en besogne, dame, car je crains que vous ne deviez souffrir ma compagnie un peu plus longtemps. |


Sa nouvelle révérence me fait admirer le haut de sa robe et la naissance de ses attributs féminins. Délicieuse, vraiment.


| Laissez moi donc abuser du vôtre, Dame Aenor, puisque je crains que votre départ de ces murs ne puisse se faire hélas sous les plus brefs délais. Votre condition de captive en ces murs vous convient-elle ? Vous traite-t-on correctement ? |


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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptySam 5 Sep - 17:42


Chante, beau merle




L’espoir d’Aenor de se défaire de, peut-être, ce courtisan moqueur est déçu, et la déception laisse l’orageoise comme se noyer entre deux eaux. Elégante est bien née, elle ne laisse point son désarroi se voir et demeure avec un faciès qu’elle espère ouvert et agréable, même si incapable de se fixer directement sur le visage de celui qui se prétend roi… Le fait est que, si ses manières tendent à laisser penser qu’il pourrait s’agir de lui, le caractère improbable de la rencontre continue à tourmenter le sens relatif de la captive. Quelles chances avait-elle que le roi lui-même passe ? Quelles chances qu’il s’arrête ? Quelles chances qu’il lui adresse la parole, avec autant de courtoisie ? Selon ce que lui laissent à penser les derniers mois, plutôt extrêmement faibles… De tous les nobles arpentant le château, Lord Grimm se montre obligeant, pour une raison qui lui échappe, mais c’est bien le seul. Beaucoup se contentent de l’esquiver, et si les autres pensent qu’elle n’entend pas leurs messes basses dans son dos… Au final, elle s’en accommode avec une relative philosophie, elle est seulement peinée de vivre dans l’impression de couvrir de honte son cousin, son père et sa reine…

Elle espérait qu’induire une perte de temps pour le seigneur serait une façon subtile de le rappeler à ses obligations, et de mettre en lumière pour lui à quel point sa compagnie est dispensable… Elle espérait le rendre à des choses plus importantes pour que lui la rende à son anonymat, à son insignifiance, et lui épargne le ridicule de, peut-être, s’humilier en rendant les hommages dû à un roi à quidam. Mais non. Non content de refuser de l’obliger, le quidam s’amuse même du fait de s’imposer à elle… Bien sûr, elle ne lui en veut pas… En tous cas, pas pour l’instant, mais ce sera le cas si… Encore que si ce devait être le cas, il y a peu de chances qu’elle en réchappe vivante. Le roi Manfred est réputé intraitable. Il est peu probable qu’il lui pardonne sa méprise, aveugle ou pas… Elle se force donc à sourire malgré l’intrusion, et joue le jeu, au moins dans un premier temps. « Oui, parfaitement. Merci, Votre Majesté… » Le titre est soufflé du bout des lèvres, Aenor espérant que personne d’autre ne l’entendra. « Etant donné les circonstances, je serai bien ingrate de m’en plaindre… » Lucide malgré sa cécité, la jeune femme se doute que tous les otages, même de marque, ne jouissent pas forcément d’un cadre agréable de vie, ni de bons traitements. « Le Seigneur Grimm s’est montré particulièrement obligeant. Il a eu la gentillesse de m’offrir un instrument de musique. » De quoi s’exercer où et quand elle voudrait, jusque dans l’intimité de sa chambre si ça lui chantait. Un cadeau inestimable.

Elle sourit gentiment, Aenor, affable, comme toujours, mais sa gêne finit vite par devenir ostentatoire, et, incapable qu’elle est de feindre, la vérité lui vient vite. « Votre Majesté… » Titre à nouveau soufflé discrètement. « Je ne voudrai pas mettre votre parole en doute mais… » Elle cherche ses mots, cherche comment s’exprimer sans que le roi, si c’est bien lui, ne pense qu’elle le traite de menteur… Ses épaules s’affaissent visiblement quand elle comprend qu’il n’y a pas de « meilleure » façon de le dire, et finit par le dire. « Ne pouvant me fier à mes yeux, je crains d’être l’objet d’une mauvaise farce… » Son sourire se fait douloureux. « Je suis sûre que vous avez bien mieux à faire que de me tourner en dérision, mais j’ai déjà fait l’objet de ce genre de plaisanterie, et les conséquences pourraient être trop graves, pas pour moi… » Elle balaie l’idée d’un revers de main. « … Mais pour mon cousin, mon père ou ma reine si d’aventure on me surprenait en train de révérer un homme qui ne soit pas le roi Manfred… » Elle laisse sa phrase en suspens, consciente d’avoir trop parlé, exprimé trop de ses doutes, mais c’était absolument viscéral, cette crainte devait être énoncée à voix haute… Elle n’en dira pas plus cependant, consciente que demander, plus franchement encore, au roi (si c’est bien lui) une preuve de son identité, pourrait lui valoir l’échafaud… Aenor déglutit. Est-ce trop naïf de sa part d’espérer juste un doigt de compassion de la part de son interlocuteur ? Qu’il mette fin à la farce, si c’en est une, avant que qui que ce soit ne soit blessé, ou qu’il dissipe ses doutes… S’il le veut bien ?

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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyDim 13 Sep - 18:46

Je m’amuse de la situation, sans pour autant tourner la jeune femme en ridicule. Je m’amuse parce qu’il est rare dans mon propre palais que de rencontrer une personne qui ne me connaît pas du tout, et qui a limite aucun moyen de réellement savoir qui je suis. Bien entendu la plaisanterie va forcément finir par s’éventer, mais il est clair que pour le moment je prends le parti d’en profiter. Ce n’est pas pour autant quelque chose que je vais finir par regretter ; bien peu de personnes ou de situations pouvaient m’amener à être dépassé. Mais la jeune femme, bien qu’orageoise, n’a pas la mesure de me mettre mal à l’aise, de me faire regretter mon choix. Otage ici, elle n’est pas personne. Pas même un peu. Elle reste importante de par sa naissance, de par le symbole qu’elle incarne. Elle ne peut pas fuir, et il n’y a pas grand-chose de ce qu’elle pourrait dire qui pourrait me heurter. Je suis donc incliné à pousser mon avantage pour faire en sorte de pouvoir la connaître un rien et surtout modifier un peu mon quotidien en faisant une nouvelle connaissance. Pas de quoi me chagriner, loin de là.


Mais voilà que je m’annonce, et que tout change encore. Je peux voir qu’elle est mal à l’aise de ma révélation, de son comportement et du mien. Mais elle me remercie en soufflant, visiblement au supplice que de devoir affronter la situation. Je ne lui en veux pas. Je me suis joué d’elle. Rien de dramatique mais elle le voit fatalement passer. Je hoche la tête avec un grand sourire qu’elle ne peut pas voir, sinon entendre dans le timbre de ma voix.



| Ne me remerciez pas, Dame, ce n’est pas moi qui suis personnellement impliqué ou dans votre protection ou dans votre quotidien. C’est un devoir que de protéger les gens qui comme vous sont dans une situation temporairement… Compliquée. |


La jeune femme ajoute même que Grimm lui a offert un instrument. Celui dont elle jouait ? Je me fais encore souriant et avenant, bien déterminé à passer un bon moment alors que je ne pouvais pas m’empêcher de m’interroger sur ce cadeau… Je connaissais bien Grimm. Rien n’était jamais totalement gratuit avec un homme tel que lui.


| C’est un véritable gentilhomme que Lord Grimm. Je suis ravi qu’il… Vous ai prise sous son aile. |


Si c’était bien de cela dont il s’agissait, évidemment. Je m’alerte doucement toutefois quand la jeune femme m’interpelle, qu’elle semble douter en plus. Je souris largement quand elle me fait part de son questionnement. Elle était véritablement délicieuse, cette petite, et tellement innocente qu’elle avait peur d’être la cible d’une très mauvaise blague. Pour le moment je ne l’en détournais pas de ce sentiment. Mais je venais souffler, près d’elle, m’approchant trop près pour murmurer au creux de son oreille.


| Vous avez besoin d’une preuve que je suis bien le souverain de ces terres, le seigneur du plus grand royaume de Westeros et bourreau -hélas- de votre patrie de naissance ? |


Je me retourne en claquant des droits.


| Perceval, qui suis-je ? |


| Que… Qui vous êtes, monseigneur ? |


J’insiste, patient mais ferme, presque tranchant.


| Oui Perceval. Je suis qui ? |


Le type déglutit et pourrait sans aucun doute se chier dessus s’il n’avait pas encore trop peur pour cela.

| Vous êtes Manfred Hightower, Premier du Nom, Seigneur du Bief et Sire de Villevieille, Suzerain de l’embouchure de la Mander et des Iles Boucliers, Protecteur de la Foi. |


Et me tourne alors vers la jeune demoiselle.


| Satisfaite, ma jeune amie ? |


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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyLun 21 Sep - 17:12


Chante, beau merle



Situation temporairement compliquée, avance son vis-à-vis… Quel doux euphémisme ! se retient, in extremis, l’orageoise de répondre. Du reste, Aenor ne dirait pas que ça situation est compliquée. Au contraire, elle doit être l’une des rares personnes dont la situation est limpide. Elle est otage, et otage aveugle. Ses possibilités, d’ordinaire réduites, sont ici réduites à néant. L’Estremont ne peut rien faire, si ce n’est attendre. Elle ne peut ni espionner, ni trahir puisqu’elle n’a aucune information à donner qui lui vaudrait le statut de traitresse. Elle ne peut ni fuir, ni tenter de tuer Manfred elle-même… Pour des centaines de raisons, la première étant qu’elle ignore si elle en aurait la force. Contrairement à beaucoup de personnes qu’elle a entendues parler jusqu’ici, Aenor n’a absolument pas ce qu’il faut pour se vanter de pouvoir prendre une vie, même celle de celui qui, de son propre aveu, est le bourreau de son peuple. Forcément, elle espère que l’Orage sortira vainqueur, tout en redoutant cette victoire… Maintenant qu’elle a été enfermée à Hautjardin, les orageois ne vont-ils pas simplement la prendre pour une traitresse, qu’elle ait parlé ou pas ? La situation d’Aenor n’est pas compliquée pour un sou. Elle otage, et par conséquent, elle fait ce qu’on lui dit. Non, ce qui risque d’être compliqué, c’est l’issue de la guerre, si les bieffois ne la tuent pas d’ici là. Sa reine est réputée pour être intransigeante, comment l’accueillerait-elle en cas de victoire ? De défaite ? Qu’adviendra-t-il d’elle si l’Orage devait être défait, la défaite lui ôtant toute valeur ? Elle frissonne. Sa situation est claire comme de l’eau de roche. Ce qui est flou et compliqué, c’est le chemin qu’elle prendra au terme de ce non-sens de guerre.

Si elle acquiesce poliment aux dires selon lesquels Lord Grimm serait un gentilhomme, Aenor ne peut empêcher une certaine surprise, plutôt sceptique, s’emparer de ses traits à la fin de la phrase de son interlocuteur. Prise sous son aile ? Elle ne comprend visiblement pas ce que cela veut dire, et se préoccupe des connotations induites par une telle affirmation. Son interlocuteur est-il en train de sous-entendre qu’elle est une femme… Légère ? Le visage de la toute jeune femme s’empourpre, et elle se presse de répondre. « Il n’y a pas d’autre mot que gentilhomme pour qualifier Lord Grimm. Ses intentions, jusqu’à présent, ont toujours été nobles et pieuses. » Elle affirme avec fermeté, espérant parvenir à faire passer le message qu’aucun comportement inconvenant n’est à déplorer, que ça soit de sa part à lui ou de la sienne. Il ne manquerait plus que sa famille apprenne sa dépravation en territoire ennemi ! Les yeux vides de l’Estremont s’embuent. Ca, personne ne le lui pardonnerait, à commencer par elle-même…

Refusant de perdre son empire sur elle-même, elle tâche, comme elle le peut, de faire comprendre à son vis-à-vis que se revendiquer roi n’est pas une simple affaire, et donc qu’il lui est difficile de le croire sur parole. N’ayant pas pu voir l’homme s’approcher d’elle, elle ne peut prendre ses distances en temps et en heure, et ne peut qu’endurer le frisson de sentir son souffle sur son cou, et sitôt se reculer… Une fois que le mal est fait, malheureusement. Elle espère, vraiment, que personne ne l’aura vue, car si tel est le cas, ce ne sera jamais le roi que les courtisans blâmeront pour ce geste, mais bien elle, et c’en sera terminé de sa relative tranquillité… On la qualifiera d’intrigante, de séductrice, et d’autres sobriquets dégradants liés à son infirmité. Des horreurs ne manqueront pas de la suivre partout où elle ira, faisant de cette captivité, jusqu’ici supportable, et parfois même agréable, une véritable torture. Elle n’a pas le caractère pour endurer cela avec dignité, Aenor. C’est un tout petit bout de femme perdu dans un monde beaucoup trop grand et beaucoup trop hostile pour les gens comme elle. Le cœur battant à tout rompre, ses joues irradiant encore de chaleur, elle écoute le page ou n’importe qui puisse être ce Perceval lui confirmer qu’il s’agit bien du roi.

L’espace de quelques secondes qui semblent durer une éternité à l’orageoise, elle panique. Elle n’a qu’une envie, c’est celle de partir en courant. Elle l’aurait fait si elle avait su dans quelle direction. Son impuissance la frappe de plein fouet, l’oblige à rester là, à subir cette situation et toutes les pensées parasites qu’elle entraîne. Elle respire, profondément, tente de garder sa contenance et s’efforce de répliquer, avec autant d’élégance possible, à la question du roi. « Je ne vous ferai pas l’injure de répondre par la négative, Votre Majesté. » Aenor se donne beaucoup de mal pour avoir l’air aussi calme que possible, mais sans doute, l’amplitude de ses respirations la trahira. Elle est terrifiée de devoir justifier d’un comportement qu’elle n’a pas eu, et pour lequel elle ne jouira d’aucun passe-droit, pour lequel les suspicions font loi. Elle est terrifiée que sur quelque chose d’aussi anodin, une rencontre aussi inattendue que fortuite, toute sa vie soit jetée aux orties… Parce que c’est exactement ce qu’on fait des femmes dans sa situation qui ont le malheur de s’attendrir ou de s’écouter… Aenor n’est pas dupe. Elle n’a survécu jusqu’à présent que parce qu’elle est d’une bonne famille, et qu’en dépit de son handicap, les siens l’ont toujours aimée. Elle doute que ce sera encore le cas s’ils avaient le moindre doute qu’elle se donne à l’ennemi… Et elle est là, piégée, incapable de prendre congés et dans l’impossibilité de congédier, rien de moins que le roi lui-même… ça lui arrive souvent d’être perdue, à la jeune Aenor, mais jamais comme ça, jamais à ce point… Alors, à défaut de ne pouvoir faire ni l’un ni l’autre, elle attend, subit, et espère qu’il se lassera vite de sa compagnie…

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MessageSujet: Re: Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé]   Chante, beau merle |[Tour VIII - Terminé] EmptyJeu 22 Oct - 12:42

Il n’en avait pas fallu beaucoup pour que les choses se gâtent pour la jeune femme. Elle était passée d’une facile petite pause dans les beaux jardins du palais à jouer de la musique à se retrouver devant le Roi en personne qui s’amusait bien facilement à ses petits dépends. Nulle méchanceté mais une facilité à me montrer taquin et d’appuyer là où je sentais de la fragilité. Il n’y avait dans ce cas aucune raison de paniquer pour elle, mais elle avait pourtant l’air de prendre plutôt la chose du mauvais côté. Autant que je puisse me délasser un rien de temps avant de retourner à des affaires de diplomatie, de guerre et de finances, alors je n’étais pas prêt à lâcher ce juteux morceau de viande qui m’était offert par le destin ; friandise d’un après-midi particulièrement animé mais que je voulais maîtriser le mieux possible. Cela impliquait donc que je me montre certes courtois, mais aussi rapide. Je n’aurais pas le loisir de la voir pendant des heures, et les convenances ne manqueraient pas de s’effondrer si jamais je devais me montrer un peu trop proche d’une captive et pas assez de ma femme… Autant dire qu’il ne fallait sans doute pas trop s’emballer sur le sujet, mais je n’étais quand même pas très prêt à renoncer si vite à cette petite gourmandise présentée à moi un peu par l’accident de parcours. Qu’importe le flacon tant qu’on a l’ivresse, n’est-ce pas ?


Je souris jusqu’aux oreilles, ce qu’elle ne peut pas voir mais toutefois entendre, quand elle évoque toute empourprée que Grimm est un homme de qualité et que ses intentions sont nobles et pieuses. Ainsi, il n’était pas encore passé à l’offensive ? Ca me surprenait sans me surprendre. D’un côté c’était le genre à vouloir profiter d’un quelconque avantage et cette femme semblait aussi avenante que gironde, et elle ne pouvait assurément pas produire quelque résistance que ce soit. Hormis dans le registre de la morale bien sûr, mais ce joli tendron de femme ne semblait clairement pas être du genre à repousser les avances d’un individu qu’elle estimait, pourvu qu’il y mette les formes. Elle estimait Grimm, donc. Mais dans quels desseins celui-ci l’avait-il approchée ? Il était assez intelligent pour avoir vite compris que brusquer la captive risquerait d’être contre-productif et je lui reconnaissais clairement cette intelligence. L’homme n’était pas du genre à laisser se gâter un quelconque avantage.


J’acquiesce donc, plutôt disposé à m’attirer ses bonnes grâces.



| Vous m’en voyez ravi, Dame, mais je ne nourris aucun doute sur votre vertu ni sur les intentions de mon seigneur et ministre ; c’est un homme de valeur, qui compte beaucoup au sein du Royaume du Bief. |


J’allais donc lui glisser subrepticement qu’elle était chanceuse mais ce serait encore appuyer un peu plus sur ce qui la mettait de toute évidence fort mal à l’aise. Ce n’était pas forcément grave en soi mais ce serait contre productif alors je souhaitais plutôt éviter cette situation. L’évocation de ma nature par mon aide de camp semble en tout cas la mettre au supplice. Elle avait pourtant provoqué cela, en quoi était-ce une surprise, finalement ? Il n’y avait pas eu de gêne de la part de mon suivant. La belle encaisse le coup, grave, raide, comme si elle avait été giflée par la preuve apportée sous son nez. Difficile de la tancer plus encore… Et elle est là, bloquée par l’outrecuidance de sa position, mortifiée par les révélations et visiblement en peine de trouver une solution à tout ceci. Je me rapproche un rien.


| Je ne vais pas vous punir pour quelque chose sur laquelle vous n’avez aucune prise, dame. Je ne suis pas un monstre… |


Je m’étais retenu de l’emploi de l’ironie pile au bon moment, mais bien évidemment que j’en étais un, de monstre. Cela ne devait en rien me guider dans chacun de mes pars. Je regarde mon entourage, avant de prendre la mesure de la jeune femme. Il était sans doute temps de mettre fin à cette petite récréation…


| Passez une bonne journée, ma Dame. Je gage que nous nous reverrons très bientôt… |


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