Un entrainement inhabituel... | Sacha [Tour VI - Terminé]

Je plisse des yeux, me concentrant sur mon adversaire alors que nos lames s’entrechoquent en continu depuis que le soleil est levé. J’avais besoin de cet entraînement, même si je suis loin d’avoir retrouvé ma forme d’antan et même si je sens que je vais le payer un peu plus tard dans la journée. Je vois mon compagnon d’arme esquisser un sourire amusé à me voir peiner de la sorte, me vexant suffisamment pour que je relève mon épée et que je réajuste ma garde. « Majesté, si tu n'es plus en état de te battre, j’accepterais le forfait avec toute l’élégance et l’humilité du monde. » Il m’arrache un sourire alors que j’essaie d’éviter tant bien que mal de penser à mes bras qui tremblent. Il faut que je sois prêt, pour les prochaines semaines, les prochains mois. Certes, l’hiver arrive et nous aurons un peu de répit. Mais il ne faut pour autant pas se reposer sur des lauriers que je considère comme immérités.

« J’ai souvenir de t’avoir déjà botté les fesses mon cher lord Vance. Ne profite pas d’un moment de faiblesse pour trop en rajouter, je sais être rancunier quand il le faut. » Et il laisse filer un rire alors que nous continuons nos exercices. Jusqu’à ce qu’il s’arrête, me désignant quelque chose ou quelqu’un d’un mouvement du menton. « Je crois que nous avons de la compagnie. » Je tourne la tête, profitant d’un instant de répit pour le moins bienvenue alors que je fixe curieusement le petit bout d’homme que je vois plus loin et qui essaie tant bien que mal de se camoufler. Autant dire que c’est un échec mais il y a quelque chose d’amusant de le voir ainsi. Il me fait songer à Bran l’espace d’un instant, mon petit homme devenu adulte bien trop vite ces derniers mois. Et je ne peux m’empêcher de sourire en direction du jeune garçon, songeant que sa silhouette m’est vaguement familière.

Il me faut pourtant quelques instants avant que je n’arrive à me rappeler à qui j’ai à faire, lord Vance finissant par me souffler un « c’est le petit Racin » l’air de rien. J’ai un hochement de tête reconnaissant dans sa direction avant de crier en direction du dit Racin. « Hé petit ! Viens donc par ici que je vois ta tête de plus près. D’autant que tu ne dois pas voir grand-chose d’où tu te situes non ? » J’attends quelques instant avant de me tourner vers mon bras droit. « Je pense que l’entraînement va prendre une autre tournure. Mais ne vois pas cela comme une victoire, je m’en voudrais d’avoir à te détromper dès que j’en ai l’occasion. » Il laisse filer un rire alors que je pose les deux mains sur la garde de mon épée en équilibre, la pointe vers le sol. J’attends tranquillement de voir ce que va faire le gamin, alors que tout le monde autour de nous continue de vaquer à ses occupations sans se soucier de nous le moins du monde. Et autant dire que ce semblant de normalité fait un bien fou.

Une nouvelle fois : mon frère Lucas est trop occupé pour m’entraîner. Et je ne parle pas d’Oscar, Hoster ou Daenar ou de mon père. Tous occupé. De toutes manière je n’aime pas m’entraîner avec eux. Lucas est bien le seul qui n’essaye pas toujours de m’écraser pour un oui ou pour un non. Mais ce n’est pas une raison pour négliger mon entraînement. Ça non. Je ne veux déranger personne : pas sûr que les gens acceptent de perdre du temps pour le cinquième fils d’un lord quelque soit son importance. Je ne maudis pas ma place loin de là, mais tout de même. Pour certains détails il est difficile de se faire entendre : rectification : pour beaucoup de chose il est difficile de se faire entendre.

C’est pour ça que ce matin j’ai entendu dire que le roi Lyham aller s’entraîner avec Lord Vance dans l’une des cours. J’ai attendu de voir si cette information était vraie avant de me glisser discrètement dans la cours, derrière des tonneaux pour regarder. Je sens ma mâchoire se décrocher : ils sont vraiment très fort ! Je ne vois peut-être pas bien : mais je devine qu’ils ne sont pas des débutants. Pour une fois que je suis dans l’enceinte du château je porte une tenue dû à mon rang. Mes mains transpirent puisque je les observe se battre et régulièrement je les essuie sur mes chausses. Je pense que je suis quand même discret, même si je ne peux pas m’empêcher de me redresser un peu pour mieux voir.

Je les vois discuter sans entendre le moindre mot avant que je ne croise le regard du roi. Je me baisse en espérant qu’il n’ait rien vu. Et… c’est visiblement loupé. Petit… C’est vrai que je ne suis pas bien gros ni très grand : je ne m’en offusque pas. Ce qui me contrarie est d’avoir dérangé le roi dans son entraînement. J’escalade souplement les tonneaux avant de m’approcher, un air désolé sur le visage. Je m’avance vivement vers lui, pas question de le faire attendre. Je m’incline profondément devant lui, ainsi que devant l’homme qui l’accompagne, c’est la moindre des politesses, avant de parler.

« Je suis véritablement désolé majesté, je ne souhaitais nullement vous déranger dans votre entraînement. Mais il est vrai que je ne voyais que peu de vos passes et de votre talents caché où j’étais. »

Quand je parle à des nobles, sauf à mon père, je fais très attention à mon langage. Je soutiens cependant le regard du roi. Je l’avoue : c’est peut-être un défaut de ne pas savoir détourner les regards. Je reprends la parole

« Je peux vous laisser et ne point vous déranger plus longtemps majesté. Comme vous le souhaitez. »

Je n’ai curieusement aucune envie d’avoir le roi à dos… rien que pour survivre plus de quelques minutes… c’est pratique.

Un entrainement inhabituel... | Sacha [Tour VI - Terminé] YndjAUD

Alester me jette un regard en coin, alors que mon attention est entièrement portée sur le jeune garçon que je fixe, curieux. Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà pris le temps de discuter avec lui. Non que cela ne m’intéresse pas mais, ces derniers temps, je suis bien trop sollicité de part et d’autres pour ne pas me sentir noyé sans savoir à qui m’adresser en premier ou de risquer de heurter quelques sensibilités.

Mais que ce gamin ait eu le cran de venir jusque-là a quelque chose de distrayant. D’autant qu’il a semblé captivé par le peu qu’il a pu voir. Alors, forcément, j’ai une pensée pour mon propre garçon, resté à Vivesaigues, alors que je lui demande de se rapprocher. Et j’ai un bref sourire quand il s’incline devant moi, bien mieux que nombre d’adultes pourraient le faire, mon regard croisant un instant celui de lord Vance avant que le petit ne prenne la parole. « Tu n’as aucun raison d’être désolé. Après tout, c’est tout à fait légitime de faire preuve de curiosité et, si nous avions voulu nous entraîner en secret, nous aurions choisi un autre endroit. Quant à notre talent… » Alester tousse un rire et je lève les yeux au ciel. « Je ne suis pas sûr que nous ayons été particulièrement brillants aujourd’hui. » Et je me penche vers le garçon, avec un sourire en coin. « Surtout lui, mais ne dis rien. »

Je me redresse avant de secouer la tête au reste de ses propos. « Tu ne nous déranges pas. Nous en avions terminé de toute façon, je crois que j’ai eu ma dose pour cette fois. » J’entends Alester camoufler un rire en une toux tout sauf naturel avant qu’il n’attrape nos deux épées d’entrainement pour aller les ranger plus loin. « Et comment t’es-tu donc retrouvé ici à nous observer alors ? Je suis curieux. » Difficile d’imaginer qu’on ait pu parler de cet entrainement qui n’a rien de bien extraordinaire. Au moins, je suis de nouveau capable de tenir et de lever une épée, progrès plus que notable au vu de tout ce qui a pu m’arriver dernièrement. Pour autant, je n’aime guère me sentir diminué et je retiens un soupir à l’idée des nombreuses séances qui m’attendent encore, sans compter le fait que je commence à sentir le poids des années et des batailles peser sur mes épaules, que je le veuille ou non. Je gage que c’est le prix à payer pour être toujours en vie alors que tant d’autres ont versé leur sang, que ce soit pour Hoare ou pour l’Empire.

Je finis par m’extirper tant bien que mal de mes pensées et par fixer le garçon de bas en haut, avant de reprendre, d’un ton tranquille. « Dis-moi jeune Racin, est-ce que tu sais te battre ? » Ce serait amusant de voir de quel bois est fait le jeune garçon. Et de connaitre son prénom à l’occasion aussi mais, chaque chose en son temps.

Je reste bien droit, fier sans pour autant être agressif ou quelque chose dans ce goût là. Je suis juste fier de qui je suis, moins de mon père mais c’est une autre histoire. Que je n’ai pas envie de raconter ici et maintenant. Je préfère écouter l’histoire du roi Lyham. Je suis heureux qu’il m’adresse la parole, je suis tellement du genre à passer en dernier que… C’est très nouveau et très étrange pour moi qu’un Grand m’adresse directement la parole. Je souris quand il m’affirme que ma curiosité est ce qu’il y a de plus normale. Je fronce les sourcils en entendant le lord tousser. Ils sont doués tout deux ! Je me mords les joues en souriant face à la confidence en essayant de ne pas rire : j’ai bien vu que le Lord est un peu meilleur que le roi, mais c’est parce que le roi l’a laissé gagné !

Le lord rit à nouveau de la manière la moins discrète que je connaisse. Même Timtim le plus petit de la bande à Jojoris mon ami des rues est meilleur pour cacher son rire. Il sifflote, c’est tout aussi crispant, mais plus discret quand on ne sait pas sa manière de faire. Je rougis un peu mais continue de sourire avant de hausser les épaules. Je sais que ce n’est pas bien d’écouter les bruits de couloirs, mais c’est ainsi qu’on apprend beaucoup de choses. Surtout que je n’ai pas le droit à beaucoup d’informations. Puis il faut bien que je mette en pratique ce que j’apprends dans la rue peut-être.

« Je vous l’avoue Majesté, je l’ai entendu dans les couloirs. Et… je n’ai pas résisté à l’envie de voir de grands guerriers se battre. C’est en observant les meilleurs qu’on a une chance d’un jour parvenir à les égaler. »

Je laisse le roi m’examiner de haut en bas et de bas en haut. Il est plus curieux qu’agressif. C’est vrai qu’avec mon physique de mouche trop maigre je n’ai aucune allure. D’ailleurs Jojoris, mon père et Lucas me le disent : si je suis vif je manque de force. La question du roi me surprend et je m’inflige une claque mentale : je n’ai pas dis mon prénom ! Je me reprends très vite.

« Oh ! J’apprends majesté, au près de mon père quand il daigne s’occuper de moi, de mes frères ou d’amis. Et je m’appelle Sacha majesté, je suis le cinquième fils du lord Racin. »

Pas étonnant donc qu’il ne me connaisse pas. Je suis même surpris qu’il connaisse mon nom de famille, je fronce les sourcils et me prépare à subir une claque. Je ne sais pas trop si j’ai réellement le droit de poser ce genre de questions, mais je suis trop curieux pour me taire.

« Je suis désolé de paraître impoli Majesté mais…Comment saviez vous que j’étais un Racin ? Je ne porte point les couleurs de ma maison. »

C’est même un peu tout l’inverse ! Je suis plus habillé pour passer un peu partout discrètement qu’autre chose. Alors … comment a-t-il put savoir que je suis un Racin ? Pitié ! Que je ne ressemble pas comme deux gouttes d’eau à mon père. Quoi que, qu’on dise à mon père que je lui ressemble ne lui aurait pas fait plaisir et je suis presque sûr qu’il se serait arrangé pour me refaire le portrait.

Je réprime un sourire à le voir se tenir droit, le menton relevé. Il y a une certaine fierté chez ce garçon que je trouve des plus intéressantes. Plus d’un se serait carapaté ou aurait piqué du nez à être surpris de la sorte. Mais lui ne baisse pas les yeux. Et j’apprécie. Je sais que c’est aussi le cas d’Alester, même s’il se borne à se moquer gentiment de moi, sans pour autant pousser le vice jusqu’à me tourner en ridicule devant le jeune garçon. Il sait où sont les limites, quand bien même je lui confierais ma vie et qu’il en est conscient. Il a toute ma confiance et j’avoue pouvoir me relâcher un peu plus en sa présence qu’à d’autres moments. Ce qui est nécessaire, pour ne pas dire salutaire ces derniers temps.

Je ne lui jette qu’un bref regard quand il s’éloigne, entièrement focalisé sur le jeune Racin. « Oh, il y a donc des rumeurs quand je m’entraîne. C’est bon à savoir, il faudra que je veille à ne pas faire n’importe quoi la prochaine fois qu’il me prend de vouloir croiser le fer. Ou alors, peut-être pourrais-tu m’avertir si tu entends dire qu’il semblerait que je ne sache plus me battre. » Je hoche cependant la tête, retrouvant un semblant de sérieux. « Tu as raison en tout cas. C’est en observant ceux qui ont l’habitude de se battre qu’on apprend. Mais c’est encore mieux lorsque l’on s’entraîne avec eux. »

Tout en parlant, je continue de l’observer. C’est vrai qu’il est un peu maigrichon mais, au vu de tout ce qui a ravagé le Conflans, je suppose qu’il doit déjà être heureux d’être en vie. Personne n’a été épargné, les enfants encore moins que les autres. Même si, au train où vont les choses, il pourra rapidement se targuer d’être un homme et de pouvoir se battre au même titre que les autres. Et je finis par m’éloigner quelques instants pour aller récupérer deux épées de bois posées là, comme si elles nous attendaient.

Je reviens vers lui rapidement, la mine toujours sérieuse, même si mon regard se fait pétillant. « Et bien enchanté Sacha, cinquième fils de lord Racin. C’est un peu difficile en ce moment de veiller aux entraînements des plus jeunes et certains ont tendance à le négliger, à se préoccuper du plus pressant. Et pourtant, vous êtes l’avenir de l’Empire. Il convient de vous apprendre au mieux comment prendre le relai. » Je lui tends une épée de bois avant de continuer, d’un ton tranquille. « J’essaie de faire quelques passes avec mon fils dès que j’en ai l’occasion. Et je sais qu’il apprend tous les jours pour être prêt, le moment venu. »

A question, je lui lance un regard curieux, toussant un rire alors que je reprends, d’un ton amusé. « Et bien, pour être honnête, je ne savais pas qui tu étais. Mais lord Vance est un peu plus attentif que moi et il t’avait visiblement déjà vu tourner autour de ton père. J’espère que tu ne seras pas vexé que ce ne soit pas moi qui te reconnaisse en premier. Mais je te promets que je saurais me souvenir de toi maintenant. » Et j’agite l’épée en bois devant moi, la tête penchée sur le coté. Il y a bien longtemps que je n’ai pas utilisé une arme aussi légère, il y aurait de quoi en déstabiliser plus d’un. Et, alors que j’essaie tant bien que mal d’occulter la nostalgie qui me prend à la pensée que je ne sais même pas quand je pourrais de nouveau m’essayer à ce genre d’exercice avec Bran, je fixe le jeune Racin dans les yeux avant de toussoter. « Et bien, que dirais-tu de me montrer de quoi tu es capable ? »

Je souris un peu avant de hocher la tête. Il y a beaucoup de rumeurs, pas unique lorsqu’il s’entraîne bien évidement, mais j’aime bien les écouter. Certaines sont fausses d’autres vraies, mais c’est comme tout ! Je ris doucement avant de hocher la tête, je note qu’au moindre commentaire sur sa capacité à se battre d’aller lui rapporter ! J’aime laisser traîner mes grandes oreilles partout, on apprend toujours beaucoup de choses ! Je reste un peu surpris lorsqu’il affirme qu’en s’entraînant avec les grands qu’on devient bon. Euh… Est-ce que je suis sûr de bien comprendre ? Visiblement oui, parce qu’avoir finis de me détailler il s’éloigne pour aller prendre des épées en bois.

Je fais une petite révérence pour le saluer à nouveau. Et oui, c’est difficile ! Enfin, on ne peut pas forcément dire non plus que mon père fait beaucoup d’efforts pour moi… Comme d’habitude. Peut-être que je suis trop susceptible pour rien ? Je ne sais pas trop ? Et son fils… Euh… J’ai vraiment du mal avec tout les noms. Sauf celui de la plus belle des femmes sur cette terre : Lysara Tully, il est impossible qu’une femme soit plus belle, plus intelligente, plus parfaite qu’elle. J’attrape l’épée de ma main gauche en la faisant tourner entre mes doigts. On va se concentrer dix minutes Sacha ! J’ai un rire amère.

« Le terme est « Fuir mon père » plus que de tourner autour de lui. Je ne suis pas vexé Majesté, je ne suis pas forcément celui qu’on remarque parmi les cinq. Et c’est un honneur ! »

Et je sens clairement le regard furibond de mon père sur ma nuque. J’ai dérangé sa majesté le roi dans son entraînement ! Et je lui prends maintenant du temps pour qu’il m’entraîne. Je préfère qu’il se souvienne de moi parce que j’ai regardé son entraînement et qu’il m’a entraîné, plutôt qu’il se souvienne de moi parce que j’ai trop regardé sa fille. En même temps… elle est tellement magnifique ! Sacha ! Arrête de penser à la Jouvencelle personnifiée ! Merci. Je souris et regarde le roi.

« Je vous préviens simplement : je suis ambidextre »

Je savais qu’on n’est pas censé donner ses forces et faiblesses à l’ennemi, mais je suis bon joueur et après tout… Quoi de plus normal ? Je ne suis pas le meilleur combattant, clairement pas, je n’ai pas assez de forces et mon combat se base surtout sur ma vivacité et que je sais me battre avec les deux mains. Chose que Lucas m’a toujours encouragé à faire, tout comme Jojoris. On trouve des maîtres là où on peut ! Je fais quelques passes dans le vide pour me chauffer avant de me mettre en garde. J’ai un mince sourire en corrigeant machinalement ma position. C’est la voix de Lucas qui résonne dans mes oreilles, il s’occupe bien trop souvent de moi, mais bon…

Toujours en tenant fermement mon épée de bois dans ma main gauche, j’observe avec attention mon adversaire. Il est toujours le roi, mais également mon adversaire. Je ne pense pas réussir à le toucher, mais je ne me laisserais pas désarmer sans rien faire. Je ne peux pas me servir des atouts appris par mon presque frère : ça ne serait pas loyal. Et je ne veux pas que le roi ait une mauvaise opinion de moi quand même ! Je fends en avant d’un geste rapide et fait remonter la pointe de mon épée vers son épaule droite alors que mon regard soutient le sien. Dansons.

Je continue d’observer le jeune garçon, sans même chercher à cacher la curiosité qu’il éveille en moins. Après tout, c’est toujours mieux que de l’envoyer paître. Après tout, il a bien le droit d’être aussi, tout comme les soldats qui n’ont de cesse de nous jeter des regards en faisant mine de nous ignorer la plupart du temps. Ce jeune homme a au moins le mérite d’assumer sa présence ici, même s’il se serait probablement bien passé d’être découvert.

Je retiens difficile un sourire quand je le vois attraper l’épée mais je souffle, un peu plus sérieusement. « Tu te bats de la main gauche ? Voilà qui est un atout intéressant, c’est quelque chose qui déstabilise souvent son adversaire. » Mais j’arque un sourcil quand il évoque son père, le fixant un instant avant de reprendre, d’un ton tranquille. « Fuir ton père ? Tu sais que je suis obligé de demander des explications, n’est-ce pas ? Et pourquoi n’es-tu pas celui qu’on remarque ? » Difficile d’imaginer de mettre un de ses enfants de côté. Probablement parce que je n’ai qu’un fils et que je n’ai moi-même pas eu de frère. Mais je n’imagine pas pour autant ignorer Charissa ou Eléanor quand elle était encore une enfant. A la pensée de ma fille si loin dans le Nord, j’ai un froncement de sourcils avant de secouer la tête, reportant mon attention sur le jeune garçon. Inutile de me perdre en tergiversations sur son état ou ce qu’elle est en train de vivre actuellement. Je ne pourrais rien y faire de là où je suis et, pire encore, cela pourrait me faire regretter d’avoir accepté de la marier au Roi du Nord. Alors qu’elle doit être traitée aussi bien que possible et remplit déjà le rôle premier qui est le sien en portant le futur héritier du Nord.

Je lève les sourcils quand il sourit et, à son annonce, je penche légèrement la tête sur le côté. « Ambidextre ? Voilà qui est encore plus intéressant. Et c’est un atout qu’il te faudra travailler. Vu ton gabarit, entre cela et ta rapidité, car tu l’es n’est-ce pas ? Tu auras de quoi prendre l’ascendant sur ton adversaire dès le départ. » S’il n’est pas capable de tenir sur la durée, au moins pourra-t-il se débarrasser de sa cible rapidement. En tout cas, je suis impressionné de voir qu’il accepte d’échanger quelques passes avec moi. Beaucoup n’auraient pas osé le faire et c’est une attitude qui joue grandement en sa faveur.

Alors, je prends la position face à lui, mon regard ancré dans le sien, alors qu’il fend l’air de son épée. Il se débrouille, c’est une certitude. Et vu son âge, c’est plutôt une bonne chose. Mais je ne compte pas le ménager. Pas trop en tout cas. Comme je le fais avec Bran lorsque nous nous entraînons. Il me l’a déjà dit, il n’y a rien de plus vexant que la condescendance des adultes dans une telle situation. Et il ne faut que quelques secondes avant que nos deux épées de bois s’entrechoquent. Je garde une posture défensive, attendant de voir comment va agir le jeune Racin, non sans rester tout de même sur mes gardes. Il serait tout de même un peu idiot de me blesser dans une passe aussi simple.

Je laisse le roi me détailler de bas en haut et de haut en bas sans broncher. Je ne sens pas de l’hostilité ou une curiosité malsaine dans son regard. Il est juste curieux. Effectivement, il y a de quoi. À part les gamins des rues on trouve difficilement plus maigre et plus… anguille que moi dans le coin. Ou peut-être est-ce parce que je soutiens son regard et que je réponds avec franchise et honnêteté à ses questions ? Peut-être. Je ne suis pas dans sa tête ! J’apprécie néanmoins le poids de l’épée en bois dans la paume de ma main. Je ne me sens jamais aussi bien que durant un entraînement, même si je suis complètement lessivé après. J’imagine que c’est un des rares moments où je me sens libre. Libre une épée à la main. Je ne sais pas si c’est une si bonne idée que ça. J’ignore même si c’est vraiment bon signe. Je hausse les épaules. Oui, je suis gaucher, mais même si cela déstabilise un peu, contre un bon combattant cela ne changera absolument rien, il fera ce qu’il faut. Je me frotte le bout du nez de la paume avant de soupirer et de répondre.

« Disons que nos caractères ne sont pas faits pour bien fonctionner ensembles. Je suis un peu trop… tête de mule à son goût. Je suis son cinquième fils et pas le plus doué des cinq. »

Donc on me laisse sur le côté. Sauf quand mon père décide de se focaliser sur moi. Généralement je préfère qu’on m’oublie, je suis bien plus heureux de faire comme je veux. Puis c’est vrai : mes frères sont meilleurs que moi dans biens des choses. Moi… J’ai juste un caractère infernal. Rien de bien incroyable. Alors qu’on m’oublie c’est quelque chose de logique et j’ai appris à ne pas m’en faire plus que ça.

Je souris tranquillement aux paroles du roi avant de hausser à nouveau les épaules avant de passer mon épée entre mes mains et la fais tourner tranquillement.

« Je n’ai pas de force, il me faut bien un atout pour compenser. Mais contre un bon combattant… Je ne suis pas sûr que manier l’épée des deux mains est véritablement un avantage, il sera capable de vite trouver des parades. »

L’entraînement commence. Je ne compte pas me retenir, je compte simplement oublier les méthodes des gosses des rues pour ce combat. Ça ne serait vraiment pas loyal. Le roi est un excellent combattant et je sens vite la sueur couler dans mon dos. À ma grande surprise je me rends compte que je souris. J’aime combattre, j’aime soutenir le regard de mon adversaire. À cet instant il n’existe plus rien d’autres que le bruit des épées s’entrechoquant avec violence l’une contre l’autre, le battement de mon cœur dans la poitrine, le bruit de ma respiration. Je ne sais pas comment je combats : c’est tellement instinctif ! Le roi est excellent et mon épée finie par voler au sol. Je fais face au roi. S’il veut encore se battre : je suis son homme ! Je souris largement toujours prêt à frappe à ma manière.

J’essaie tout de même de ne point trop le dévisager, qu’il ne sente pas non plus comme une bête curieuse qui est arrivée d’on ne sait où. Tout comme j’essaie de ne pas trop sourire, me rappelant Bran qui se serait offusqué à l’idée que je puisse me moquer de lui et de son âge. Après tout, quel que soit l’âge, un adversaire reste un adversaire. Et il serait particulièrement arrogant de le sous-estimer, quand bien même je sais le dépasser en tous points. Pour autant, il pourrait utiliser mon assurance contre moi, quand bien même nous sommes simplement dans une joute amicale. J’ai depuis longtemps appris à me défier de la facilité.

J’ai une ombre de sourire alors qu’il met quelques instants à se décider à me répondre et, pour être parfaitement honnête, je ne peux m’empêcher de tousser un rire à ses propos. « Tête de mule hein… et bien, j’ai envie de te dire, jeune Racin, que l’opiniâtreté est une qualité rare. Que j’attends de mes hommes. Qu’ils soient soldats ou simples écuyers. » Je me demande vaguement ce que pourrait penser son père si je lui proposer de prendre son benjamin avec moi. Juste sur une impression, un ressenti. Le sentiment qu’un gros potentiel se cache derrière ce jeune garçon et qu’il ne peut guère l’exploiter au vu de sa situation familiale. Même si je ne sais, pour l’heure, pas le moins du monde l’avenir qui lui est réservé. Mais je note mentalement de me renseigner dans les meilleurs délais, encore plus quand je l’entends parler aussi sincèrement. « Et en quoi es-tu moins doué que tes frères ? Déjà, tu sais te comporter devant un Roi, c’est une bonne chose. Et tu sembles loin d’être idiot. C’est appréciable. » Je le toise un instant avant de lui rendre son sourire et j’observe ses mouvements assurés lorsqu’il prend l’épée en main, bien plus que je l’aurais cru possible au premier abord.

Et je hoche la tête quand il reprend. « C’est effectivement potentiellement problématique. Mais si tu compenses ces inconvénients par la vitesse, si tu le déstabilises suffisamment au départ, la partie est gagnée. Ou peu s’en faut. Pour l’heure, tu n’as pas l’endurance qui te permettrait de tenir face à un soldat expérimenté. Mais peut-être es-tu suffisamment têtu pour cela. » Je lui jette une oeillade amusée alors que commencent nos passes. Il se débrouille plutôt bien, d’autant qu’il ne retient pas ses coups. Et il sait où tenter de faire des percées. Pour autant, même si j’ai une mine concentrée, il n’est pas difficile pour moi de le désarmer.

Je m’attends à ce qu’il déclare forfait mais je penche la tête sur le côté quand il me sourit, passablement curieux. Avant de comprendre où il veut en venir. Il ne me faut que quelques instants pour planter mon épée de bois au sol avant de faire un geste dans sa direction. Ma foi, j’ai hâte de voir quel tour il a encore dans son sac. D’autant qu’il a l’air plutôt sûr de lui sur ce coup-là. Alors, forcément, difficile de ne pas être curieux.

C’est rare de voir un homme, surtout un roi, affirmer que mon opiniâtreté était une qualité. J’en reste complètement étonné ! J’hésite à croire qu’il se moque de moi… Mais en même temps il a été sincère tout avant, alors pourquoi d’un coup il ne serait plus sérieux ? Non, il doit penser véritablement ce qu’il dit. Je crois ? J’espère. Je hausse les épaules avec sourire, n’importe qui pourrait savoir se comporter devant un roi avec un peu d’éducation et je tiens étrangement beaucoup à ma tête. Quant à ne pas sembler idiot… À nouveau j’ai un haussement d’épaules avant de répondre.

« Moins fort, moins obéissant, moins réfléchis, plus tête de mule, du moins c’est ce que dit mon père, il aurait une liste entière à vous donner si vous le demandez. Quant à me comporter devant un roi… j’imagine que tout le monde peut le faire. Sembler n’est point ne pas être. Je peux sembler ne pas être idiot mais l’être totalement. »

Je ne sais pas si cette phrase signifie quelque chose ! Mais… elle sonne assez bien. Du moins c’est mon opinion. J’écoute avec attention le roi en me mangeant la lèvre. C’est… vrai ce qu’il dit. Je n’y ai pas vraiment pensé, mais c’est vrai que je ne sais pas abandonner. Je n’ai jamais vu ça comme véritablement un avantage. Pourquoi pas. Je ne sais pas si je dis ça à mon père, s’il ne va quand même pas m’en retourner une pour que je me taise un peu. Mais nous avons un combat à faire.

Je lutte avec acharnement sans le ménager, mais c’est plus qu’un bon combattant. Mais, j’ai encore quelques tours dans ma manche qu’il semble m’inviter à essayer. Si tu y tiens, tu ne vas pas être déçu. Les gamins des rues ont leur manière à eux de se battre et je passe plus de temps avec eux qu’avec mon père. Mon épée est trop loin et c’est hors de question de tourner le dos pour aller la chercher. Je ne peux pas en même temps non plus jeter une poignée de sable dans les yeux du roi, un peu trop brutal et vraiment malhonnête à mon goût. Il faut que je dose quoi faire. Juste ce qu’il faut…

Je m’élance sur lui ouvrant volontairement en grand ma garde comme une invitation à venir frapper et me mettre au sol pour m’obliger à abandonner. Je me laisse tomber sur le côté pour rouler et faire un grand balayage de la jambe une fois sur son côté droit pour l’envoyer au sol. L’une des techniques favorites de Jojoris et que j’ai mangé suffisamment de fois pour l’apprendre et la maîtriser. En temps normal j’aurais dû sauté sur le dos de ma victime pour lui placer un couteau sous la gorge. Sauf que… C’est le roi et que je tiens à ma tête. Je bondis à nouveau sur mes pieds et me remets en garde en serrant les dents. Il n’aura pas une victoire facile !

Ce petit a de la répartie et il n’a pas peur de moi. Ou, si c’est le cas, il le cache admirablement bien, ce qui ne fait qu’accroitre l’intérêt que je peux avoir pour lui. Je note mentalement de penser à prendre de ses nouvelles, une fois notre petit entrainement achevé, qu’il ne pense pas que je sois du genre à le laisser de côté parce qu’il n’est « rien » ou quelque chose dans le même acabit.

Et, ne nous leurrons pas, le fait qu’il semble être doté d’un caractère que certains trouveraient difficile est pour moi une qualité supplémentaire. Ce sont des hommes comme lui qui feront l’Empire de demain. Et il nous faut des gens forts, capables de s’affirmer, de tenir bon et de suivre leur voie quoi qu’il en coûte. Je me demande s’il est réellement conscient de ce qu’il peut représenter.

Si je sens pourtant l’amertume dans sa bouche quand il parle de son père, ou peut-être que je l’imagine tout simplement, je ne peux m’empêcher de sourire avant de souffler, sur un ton complice. « Mon père aurait été le premier à faire la liste de tous les défauts que j’avais à ses yeux. Ce qui est important, c’est de connaître ta propre valeur jeune Racin. Et que tu sois en mesure de le montrer aux autres. L’image que tu donnes de toi aujourd’hui est ma foi fort engageante, ne laisse personne te faire croire que le contraire. » J’ai un temps de silence, mon sourire se faisant franchement amusé, avant que je ne reprenne, non sans l’examiner avec soin. « Et donc jeune homme, pense-tu être un idiot, le sembler ou encore autre chose ? »

Voilà que notre combat commence, avant de prendre une tournure pour le moins inattendue. Mais il ne se laisse pas démonter alors que j’attends de voir quel sera son prochain mouvement, sa prochaine idée. Le fait d’avoir été désarmé ne semble guère lui poser de difficulté et je me dis que bien des soldats devraient prendre exemple sur lui pour la peine. Ne jamais s’avouer vaincu, même quand la situation semble clairement à son désavantage. Et, au vu de l’attitude du jeune homme, je me vois difficilement lâcher prise ou ne pas le suivre avec une attention décuplée, ne sachant pas du tout ce qu’il peut avoir en tête. Il faut dire que j’ai moi-même été habitué à combattre avec une arme et à me contenter de frapper de front lorsque je la perds. Sauf qu’il n’a pas vraiment cette possibilité face à lui. Quand il se remet sur ses pieds, j’ai une ombre de sourire, satisfait de voir qu’il est toujours aussi vif et je souffle, d’une voix tranquille. « N’aie pas peur de montrer de quoi tu es capable, même sans ton arme. Je suis sûr que tu pourrais me surprendre. Je me trompe ? »

« Je dirais que je peux être un idiot, agir comme un idiot, sembler idiot, tout comme ne pas l’être. Je dirais que tout dépend de la situation qui se présente à moi. Nous n’agissons jamais de la même manière selon qui est en face de nous et le contexte de cette rencontre. »

Il suffit de voir les gamins des rues, ils portent tellement de masques qu’ils n’ont rien à envier aux nobles. Et chez les nobles c’est la même chose. C’est quelque chose en réalité de profondément humain. On évolue, on change, on s’adapte avec ce qu’on a en face, avec ce qu’on vit. Je ne peux pas dire si je suis idiot ou non, même si je pense que oui, parce qu’il y a aussi le regard de l’autre en face qui compte. Et cela joue forcément sur ma propre perception de moi-même ! Donc je ne peux pas répondre clairement à sa question puisque je n’en connais pas moi-même la réponse. Même mes pensées ne sont pas des plus clairs… Je ne sais pas si c’est normal ! Mais bon. En tout cas je n’ai pas l’impression que ma compagnie ne gêne le roi.

Qui ne lâche rien lors des combats. Tant mieux. C’est bien comme ça ! Je préfère cela. Qu’il ne me ménage pas ! C’est hors de question qu’on me fasse des cadeaux juste parce que je suis plus jeune que lui. Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, je suis encore jeune, j’ai beaucoup à apprendre. Je fais un sourire presque carnassier lorsqu’il m’affirme que je pourrais le surprendre. Je remonte ma garde comme Jojoris m’a appris.

« C’est l’avantage de ne pas aller qu’à une seule école. »

Je me concentre. Je ne suis plus dans la cours d’un château, je suis dans la rue et mon adversaire n’est pas le roi. Le seul problème est que je n’ai pas de poussière à lui lancer à la figure, mais ce n’est pas grave. Je tente de me glisser dans sa garde en jouant au chat et à la souris avec lui, je l’attire vers moi avant de fondre et de frapper soit avec mes poings soit avec mes jambes pour essayer de lui faire lâcher son épée. Je sers les dents quand je sens son épée me toucher, mais je refuse de laisser tomber si facilement. Et c’est uniquement quand je suis allongé sur le dos, l’épée de bois du roi sur la gorge que je lève les mains à bout de souffle. J’ai joué au maximum sur ma vitesse et sur des attaques surprises. Mais il est très fort. Je souris largement avant le lâcher, toujours sagement couché au sol :

« Magnifique combat majesté ! »

Je suis plus que ravi d’avoir pu me mesurer à lui. Je n’ai pas sortis toutes les cartes de ma manche, mais ce n’est pas très grave. C’est déjà bien. Je préfère ne pas toujours montrer ce que je sais faire.

Difficile de ne pas lui rendre un sourire alors qu’il exposer son point de vue.Et je hoche de nouveau la tête à ses paroles. « Voilà des mots bien avisés jeune homme. Je devrais probablement m’en souvenir, étant moi-même parfois un peu trop têtu pour me rappeler d’adapter mon discours à la personne qui me fait face. Peut-être suis-je un peu trop idiot pour cela en vérité. » Je me fends d’un clin d’oeil à son encontre même si je me dis qu’il sera rapidement à même d’évoluer autant auprès des guerriers que des nobles. Je n’ai jamais été très friands de ces mondanités propres aux têtes couronnées dont je fais partie désormais. Mais je suppose que je vais devoir m’y habituer, même si ce ne sera jamais vraiment à mon goût.

Je chasse ces pensées peu à propos dans cet instant précis, préférant capter mon attention sur ce le jeune Racin qui semble plein de promesses à mesure que j’échange avec lui. Et si ne je m’attendais pas à ce qu’il accepte ce petit entraînement, je le suis plus encore de voir avec quelle application, quel acharnement même, il se confronte à moi. Je reste attentif, même si je ne risque pas grand-chose au final et le sourire qu’il me rend me confirme que, dans quelque temps, il pourra devenir un adversaire redoutable s’il est bien dirigé.

Je le vois bien dans ses gestes lestes et rapides, à sa posture inhabituelle pour un combattant classique. Il pourrait presque me surprendre si je n’avais été habitué à me battre avec des fer-nés, tout aussi retors les uns que les autres. Et je finis par pointer mon épée en bois contre sa gorge, lui rendant un sourire tout aussi carnassier, alors que je souffle, d’un ton amusé. « Il est vrai qu’il est important de ne pas se contenter d’une seule école. Ne serait-ce que pour savoir comment surprendre son adversaire. »

Je relève mon épée et je me recule d’un pas, tendant ma main vers lui pour l’aider à se relever. Et je m’incline brièvement. « C’était en effet un magnifique combat. Avec un adversaire coriace, bien plus qu’il n’en a l’air. D’autant que je gage que tu ne m’as pas montré tout ce dont tu es capable non ? » Un sourire amusé alors que je le regarde de bas en haut, non sans sentir quelques regards peser sur nous. Oh, on va sûrement parler de ce petit duel, je suis curieux en vérité de savoir ce qui s’en dira.

" Ou peut-être simplement vous n'en voyez pas l'intérêt ?"

Je vais éviter de dire qu'il est stupide. Surtout quand il est très loin de l'être. Clairement c'est l'un des hommes les plus remarquables que je connaisse il faut dire que des hommes remarquables .... Je n'en connais pas grand nombre non plus.

Je serre les dents pendant le combat, mais j'aime tellement ça. Me battre réussir à parfois, rarement, avec lui placer quelques bons coups. L'expérience joue en sa faveur. L'expérience et les capacités de combat. Il va s'en dire que rare sont ceux pouvant lui tenir tête. Et je n'en suis clairement pas là. Même si je termine vaincu je ne suis pas frustré. Loin de là : je suis heureux d'avoir été vaincu par un adversaire de cette valeur.

" Surprendre lorsqu'il est possible de surprendre ! "

Je reste un peu surpris lorsqu'il me tend la main, mais je la saisis et me redresse souplement avant de la lâcher et de rire en secouant la tête. Je fais mine de regarder dans mes manches et les secouer en hochant la tête. Les regards des autres me pèsent mais je me focus sur le roi pour les oublier. Je m'incline devant lui

" Fou est celui qui dévoile toutes ses bottes lors du premier affrontement votre majesté. Il me reste bien quelques cartes dans mes manches ! Mais peut-être que les conditions n'étaient pas réunis pour que je les utilise ! "

À savoir : j'avais un roi en face de moi et pas de dague mouchée pour m'aventurer à certaines techniques d'attaques dans les articulations. Puis la fuite ici.... Le terrain ne s'y prête pas bien. J'observe les gens autour de nous et me tapote le nez en faisant la moue.

" Je crains que la leçon que vous m'avez donné n'est point passée inaperçue majesté. Vous m'en voyez désolé !"

Et heureusement il n'y a aucun de mes frères sinon j'aurais pus en entendre parler quelques dizaines d'années au bas mot. J'espère juste que je n'ai pas causé de tords au roi... Je m'en voudrais.