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 Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]

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MessageSujet: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyVen 23 Déc - 22:54

Certains visiteurs, de passage à Dorne, avaient tôt fait de s'endormir, terrassés par la chaleur de l'après-midi, et fatigués de leur long voyage. Il était vrai que parvenir jusqu'à la Principauté n'était pas forcément des plus aisés dès lors que vous choisissiez d'y parvenir par voies terrestres. L'accès le plus emprunté car le plus aisé, quoi que cela puisse signifier, était la Passe-du-Prince, soit sur les terres sur lesquelles gouvernaient la Maison Poulet au nom de la Princesse Deria. Il fallait aussi compter sur la Maison Forrest, dont le siège, Tombe-du-Roy, était des plus parlants quant à quantifier leur degré de dangerosité et de fidélité à leur propre monarque. Il était également possible de passer par les Osseux, quoi que l'entreprise soit plus périlleuse. Et là, c'était avec les Maison Ferboys et Wyl qu'il faudrait composer ... Enfin, il existait également la voie maritime, paraissant sans doute moins coupe-gorge à bien des écarts, quoi que la proximité des Degrés de Pierre laissaient présager quelques risques de piraterie. Mais, récemment, c'était surtout les raiders Fer-Nés qui causaient bien des soucis ... Oui, Cally connaissait très bien sa géographique, sa topographie, sa politique, sa diplomatie, ainsi que bien d'autres sujets. C'était après tout ce qui était attendu d'elle. Tout ceci, et bien plus encore, car elle était l'héritière de l'une de ces grandes maisons vassales qui gouvernaient au nom du Prince, ou de la Princesse, qui se devaient de lui être loyales, fidèles, en plus de lui fournir des contingents armés et de garantir le risque minimum de révoltes et de troubles internes. Car la scène continentale et mondiale était bien suffisamment tendue et dangereuse, les temps présents le prouvaient, pour que le monarque se doive également de s'inquiéter de son intégrité interne.

Mais par delà ses obligations d'héritière, Cally avait toujours pris grand plaisir à s'instruire de tout ceci. C'était dans ses veines, que d'avoir un sérieux penchant pour la politique, et c'était aussi dans ses veines que de se sentir très attachée à ses racines, à Dorne, aux ancêtres de son père, les Jordayne, qui, par convenance et logique, avaient pu mêler leur sang à celui de plusieurs autres grandes maisons dorniennes. Son père, Maxence, avait, lui, été quérir une épouse par delà les frontières de la Principauté, mais ceci était un tout autre sujet. Un tout autre sujet, certes, mais qui transparaissait suffisamment dans les traits de Cally pour que nul ne puisse douter de la chose, à défaut de pouvoir tout y comprendre. Cependant, rares étaient ceux qui se permettaient de critiquer publiquement le choix d'épouse de Maxence, tout du moins aujourd'hui. De l'eau avait coulé sous les ponts, et le véritable ennemi, ce n'était pas Lys, ni même plus vraiment la piraterie. Et puis ... Mais les médisances avaient été là, blessantes, perfides, mesquines. Et elles demeuraient encore. Alors, Cally, tout comme son frère Tywan, s'était quelque peu forgée une armure, et n'avait jamais hésité à prouver, s'il le fallait réellement, qu'elle était tout de même à moitié dornienne, qu'elle en avait le caractère pur jus, et qu'il ne valait donc mieux pas la chercher. Tout comme il ne valait mieux pas se mettre à douter de sa loyauté ou de sa fidélité à sa Princesse.

Deria Martell ... Elle était si jeune, certes, mais ce n'était pas forcément au nombre des années que se mesuraient sagesse et intelligence. On pouvait avoir barbe blanche et somme de rides et être aussi stupide et malavisé qu'un nourrisson ! Au milieu de tout ce tumulte, de toutes ces déconvenues, de tous ces risques et de tous ces dangers, d'une certaine façon, il était bon de la savoir encore jeune et pas tout à fait départie de tous ses espoirs et de toutes ses espérances pour l'avenir. Le temps n'avait sans doute pas encore fait son oeuvre sur son cœur et son âme. La Princesse Deria Martell n'était pas encore aigrie, désabusée, sarcastique ou cynique. Oui, elle était encore jeune, et alors ? Elle n'avait après tout pas choisi d'accéder si tôt au pouvoir, et sûrement pas après sa propre grand-mère. Son père aurait dû lui précéder, mais les choses n'avaient pas tournées en ce sens, et il fallait présentement faire avec. Oui, la Princesse Deria était encore jeune, et Cally, de par le nombre des années, était son aînée, et pourtant ... Pourtant, c'était vers la Princesse que Cally se tournait comme on se tournerait vers un parent plus âgé que soit, dans l'espoir d'avoir des nouvelles du front. Un front qui se situait en plein cœur du Royaume de l'Orage, à l'étranger. Un front mené jusqu'à récemment par son propre époux, Lyvan. Lyvan dont elle n'avait de nouvelles, de par la faute des affres de la guerre. Mais alors qu'elle se présentait aux abords de la Cour intérieure où se trouvait la Princesse, ce n'était pas l'esprit uniquement chargé d'inquiétudes et de pensées au sujet de son époux que Cally escomptait avoir audience avec sa suzeraine. Non. Elle comprenait parfaitement que Deria puisse se sentir isolée et quelque peu esseulée. Si nombreux étaient ses proches qui avaient si brusquement encore plus pris les armes qu'avant ... Son jeune époux, récemment épousé, son frère, ou plutôt ses frères, plusieurs des membres de sa garde princière ... Sans parler des ravages commis dans le port de Lancehélion, et des précédentes déconvenues, si l'on pouvait parler de déconvenues pour qualifier le massacre de Hautjardin, ou encore le meurtre de la précédente princesse et de son fils héritier ... Cally se raidit, déroulant sa silhouette et dégageant une aura d'assurance et de noblesse, face au garde qui la salua d'un signe de tête, la laissant passer sans aucune opposition. Un pas, puis encore un, l'un après l'autre et bientôt, la voilà auprès de sa suzeraine.

    ❧ Princesse Deria ? Puis-je, je vous prie, vous demander audience, ne serait-ce que pour quelques instants ? ❧

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyLun 9 Jan - 10:16

Je referme la lettre d'Anders, envoyé depuis Ferboys. Au moins sont-ils bien arrivés et ils ne doivent à présent plus être très loin des Météores. Mais cela ne me rassure pas pour autant. L'armada est arrivée aux Degrés de Pierre, mais de ce que j'en sais pour le moment, ils n'ont pas bougé... Si je n'ai pas de nouvelle d'ici deux-trois jours, j'écrirais à Lord Velaryon... ou à la reine directement sans doute. Pensent-ils que les Bieffois ou les Fer-nés prendront le risque de venir jusqu'ici ? Ce serait tellement stupide, les Degrés sont bien trop dangereux, un véritable suicide malgré le nombre de navires. Et Eren Hoare est bien des choses, mais inconsciente j'en doute. Et c'est elle qui mène ces navires n'est-ce pas ? Quant à eux, nos alliés, m'écouteront-ils ? Ont-ils réellement l'intention d'aider mon royaume avant qu'il ne soit à feu et à sang ? Si tel est le cas, pourquoi ne pas descendre ? Ne pas aller plus loin au sud ? Ma mâchoire se crispe et je me demande un instant où est actuellement Orys. Le trajet est plus long pour lui, mais j'aurais eu des nouvelles s'il y avait eu un problème. Et il ne sera pas aussi rapide qu'un corbeau, même s'il devrait être plus efficace... Ou pas étant donné qu'à chaque fois que nous avons abordé le sujet, ou que je l'ai vu aux côtés de sa sœur, la conversation a tourné court et plutôt mal. Vu qu'il ne me parle pas vraiment d'elle, je ne comprends toujours pas pourquoi, ni comment, cela peut être aussi compliqué et tendu entre eux, mais qu'importe au final, n'est-ce pas ? Quoique cela peut me concerner si elle continue de se montrer aussi hautaine et se considère au-dessus de tout, au-dessus de moi et de mon royaume.

Je relève la tête alors que Célène frappe et entre dans la chambre avec mon repas. J'esquisse un sourire. J'ai déjà renvoyé le plat tout à l'heure, car j'avais encore trop de choses à faire, il est déjà bien tard pour déjeuner effectivement. Oui, je dois manger, au moins un peu je le sais bien. Même si cela ne m'empêche pas d'être trop souvent fatiguée en ce moment. Mais pour ne pas l'être, il faudrait que je parvienne à dormir, or cela ne s'arrange pas vraiment. Quant à faire une sieste, comme le Mestre me l'a gentiment conseillé, je ne peux me le permettre. Je n'ai déjà pas assez de temps pour gérer tout ce que je devrais, il est hors de question que je perde du temps ainsi... Je sais bien, il faudra bien que je prenne le temps à un moment ou à un autre. J'inspire avant de bloquer ma respiration. Voilà, ça ne s'arrange pas du tout. Je regarde le plat, avant de reculer la chaise et de sortir un peu précipitamment, non sans voir le visage désolée de Célène. Cela pourrait être pire, c'est juste certains plats... je pense devenir végétarienne pour les mois à venir étant donné qu'il semble que ce soit uniquement la viande qui me pose problème. Oui, c'est une bonne idée. Je finis par me passer un chiffon humide sur le visage et me regarde dans le miroir. Je me redresse et inspire profondément, avant de retourner dans le bureau.

Je ne m'étonne même pas de ne plus voir le plat présent et de voir une suivante ramener une salade de fruits. Je souris. Ça, je pourrais le manger, même si ça ne plaira guère que je ne mange que des fruits. Et au final, je dois tout de même me concentrer sur ce que je mange tant j'ai encore l'impression de sentir le reste. Avoir l'impression que les nausées sont toujours présentes est encore plus désagréable que les nausées elles-même. Se sentir incommodée en Conseil est légèrement malvenu et irritant, je ne peux qu'espérer que cela cesse rapidement. Très rapidement.

Je relève la tête en entendant des pas décidés. Mon regard s'éclaire et je me lève en voyant Cally Jordayne se diriger vers moi. Je ne sais si elle s'entendait bien avec Mère, mais je sais que Grand-mère l'appréciait de son côté, comme le reste de sa famille oui. Les Jordayne se sont toujours montrés loyaux et d'un grand soutien. Et Cally, en tant qu'héritière d'une si grande famille, méritait quelques traitements de faveur. Et je l'aimait bien oui, elle était intelligente, directe et de compagnie agréable en plus d'être aussi loyale à Dorne que les siens. Que demander de plus ? Sans parler que son mari était actuellement à la tête du l'armée présente dans l'Orage et qu'elle devait s'inquiéter pour lui, ce qui était compréhensible. Sauf que je n'avais actuellement guère de nouvelles à lui fournir.
Je lui souris néanmoins en lui faisant signe d'entrer et de s'installer.

« Lady Jordayne. Je vous en prie, installez-vous. Je serais ravie de pouvoir profiter de votre présence.
Si vous ne prenez pas ombrage que je déjeune en même temps... Et n'ayez crainte, vous ne me dérangez aucunement, je préfère ne pas manger seule en général, mais cela s'avère compliqué dernièrement. »  


Être malade seule était déjà contrariant, ce n'était pas pour paraître faible devant d'autres. Certes, je sais bien que cela n'a rien à voir, mais disons alors que je préfère ne pas leur imposer cela.
J'attrape une fraise, avant de reprendre.

« Comment vous portez-vous Cally ? Voulez-vous quelque chose à boire ? »

Elle avait été dans ma situation, elle pourrait peut-être m'aider, me renseigner... Je n'avais pas vraiment d'autres personnes avec qui discuter de tout cela, peut-être oserais-je lui en parler, pour me rassurer, pour... ne plus être seule.

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyVen 20 Jan - 23:36

Dès son plus jeune âge, ou presque, Cally avait tout à fait pris conscience de sa chance d'être Dornienne. Certes, elle n'était pas née sur le territoire de la Principauté. Certes, elle n'y avait mis les pieds que trois ans après sa naissance, au sein d'une relation conjugale des plus compliquées et complexes entre ses deux parents. Elle n'avait fait la rencontre de sa grand-mère, Nymeria Jordayne, Lady Suzeraine du Tor, qu'une fois sa mère et elle rentrées à Dorne. Elle se souvenait de ces années là, de ces mois passés à Essos, à voyager, bien qu'il n'ait s'agit en réalité que d'une fuite en avant de la part de sa mère qui l'avait bien sûr traînée dans son sillage. Cependant, à cet âge là, si Cally avait été en mesure de se créer des souvenirs, elle avait bien évidemment été trop jeune pour commencer à réellement prendre conscience des grands concepts de la vie. Quoi que. Mais cela importait peu. Ce qui importait réellement, c'est qu'une fois arrivée à Dorne, elle s'était bien rattrapée ! Elle avait dévoré, à mesure des années, tous les ouvrages qui pouvaient bien porter sur l'histoire de la Principauté. Elle avait eu la chance d'être très bien éduquée, et ce dans plusieurs domaines. Elle avait également pu compter sur un certain prestige familial, indéniable, qui avait toujours placé les siens au cœur d'une certaine échelle de valeur non négligeable. Les Jordayne étaient connus, pour bien des choses, et jamais on n'avait pu douter de leur loyauté à la Maison Nymeros Martell. A côté de cela, sa Maison avait su prendre part aux grands combats, aux grandes actions, ne se contentant pas de son prestige et de son sang noble pour mener la belle vie sans choisir de verser son sang s'il le fallait. Les Jordayne ne restaient pas en retrait, c'était tout simplement impossible. Ils agissaient, et s'ils ne le pouvaient, ils contribuaient à la réflexion commune de par leur intellect. Et Cally avait donc pu marcher dans les pas bien inspirés de sa grand-mère, puis de son père. Nymeria Jordayne ... Un sacré brin de femme, à en entendre parler bien des gens. Une preuve supplémentaire, s'il en fallait vraiment une de plus, que bien armée et bien préparée, une femme était tout autant en mesure qu'un homme d'assurer de hautes fonctions et d'être à la tête d'une Maison, tout en élevant bien haut l'étendard familial parmi les oripeaux des plus loyaux et fervents sujets de la famille princière.

Dès son plus jeune âge, ou presque, Cally avait tout à fait pris conscience de sa chance d'être Dornienne. Ici, seul prévalait la question du droit d'aînesse, quel que soit votre sexe, dès lors qu'il s'agissait de désigner un héritier au dirigeant actuel. Et c'était une grande chance. La jeune femme ne s'était jamais uniquement intéressée qu'à la Principauté de Dorne, même si, bien évidemment, elle était bien loin d'en connaître autant sur les autres royaumes du continent que sur Dorne ! Mais elle savait très bien que si les mariages matrilinéaires n'étaient pas uniquement l'apanage des Dorniens, lorsqu'il y avait danger d'extinction pour une grande Maison, il restait tout de même une très très grande exception, alors qu'ici, au sein de la Principauté, sans que cela ne survienne forcément à tout bout de champ, il fallait tout de même avouer qu'il s'agissait d'une pratique maritale comme une autre. Et Cally savait aussi que la rareté de ces successions cognatiques était à chérir, à défendre, et à porter bien haut. Mais si elle était fière d'être héritière, car fière de son héritage, de son enseignement, des préceptes qu'on lui avait inculqués, des domaines dans lesquels elle avait été formée, elle ne pouvait s'empêcher de parfois se sentir bien démunie. Car, actuellement, elle avait beau être héritière du Tor, et donc une future Lady Suzeraine vassale de la Princesse Deria, et elle avait beau faire honneur à son rang et ne faire naître aucun doute quant à ses capacités, et ce dans le cœur de personne, sans nul doute, il n'en demeurait pas moins que cela lui était presque entièrement inutile, à peine une maigre consolation, quand elle songeait à sa plus que partielle inutilité dans les conflits présents. C'était Lyvan, son époux, qui combattait, tout comme combattaient déjà bien des hommes de la Principauté, et particulièrement bien des nobles. Cally, elle, ne pouvait pas prendre les armes, grimper sur sa monture et aller botter des fesses. Cela lui était impossible. Les avantages féminins quand on nait dornienne avaient malgré tout leurs limites, et Cally rongeait celles-ci jusqu'à la corde, un goût amer en bouche. Il lui arrivait si souvent de regretter de ne pouvoir être plus utile, alors elle ne manquait jamais une occasion de se dépasser, d'aller au-delà de ce que pouvaient offrir d'autres femmes de son âge. Il n'était pas question de montrer l'exemple en tant qu'héritière de haute, grande et noble Maison. Il s'agissait d'être elle-même, de le rester, malgré les turpitudes actuelles, et de ne pas se démoraliser. A moins qu'il ne puisse parfois s'agir que de poudre aux yeux, les retombés n'étant pas en mesure de renverser la situation et de chasser tout nuage noir.
    Nul ombrage, rassurez-vous. Il est hors de question que je vous culpabilise sur ce point ! Elle s'inclina respectueusement, et avec déférence, face à sa Princesse, face à Deria, avant de s'installer, avec grâce et douceur. Sans nul doute que, elle aussi, elle pouvait aspirer aux mêmes fols espoirs que Cally, et qu'elle pouvait elle-aussi regretter amèrement de ne pouvoir faire autant que les hommes sur le terrain. Ce genre de précaution devait sans nul doute transcender les titres de noblesse ... Je crains fort d'être confrontée aux mêmes difficultés que vous sur ce point. Fort heureusement, bon sang ne saurait mentir : ma fille ne manque jamais de me rappeler à l'ordre ou de m'enjoindre de faire un effort ! Oui, fort heureusement pour elle que sa fille aînée, Elynor, était présente à Lancehélion, car sans elle ... Sans elle, sans doute Cally se morfondrait bien plus qu'elle ne le faisait déjà, sans parler du fait qu'au lieu de s'inquiéter quelque peu pour ses deux plus jeunes enfants, restés au Tor auprès de leur grand-père, Maxence, la jeune femme devrait s'inquiéter pour tous ses enfants en même temps ! Posant un instant ses deux mains jointes sur ses genoux, Cally prit la peine de réfléchir à la question de la Princesse, avant de formuler sa réponse. Une réponse qui n'avait rien de calculé et qui ne contenait absolument aucun élément de duperie. Mais la Princesse Deria méritait de la franchise, et en toute honnêteté, intérieurement, bien des émotions différentes se combattaient entre elles au sein du thorax et du crâne de Cally ! Je dois bien avouer qu'une coupe de vin ne serait pas de refus. De nouveau, un sourire tout ce qu'il y avait de plus poli et sincère, avant de réellement s'atteler à formuler sa réponse. Je vais aussi bien que je puisse aller en de pareilles circonstances. Mes nuits sont cependant troublées, voire sans sommeil, mais je suppose que vous, plus que quiconque, comprenez parfaitement tout ceci pour probablement l'expérimenter vous-même de première main. Ce que je ne vous souhaite pas, mais ... Vous me semblez fatiguée, Princesse. ... L'esprit et les songes ont semble-t-il leur propre volonté, même lorsque l'on souhaiterait ardemment qu'il n'en soit pas ainsi ...

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyMar 7 Fév - 22:04

Les choses allaient de mal en pis. Ou peut-être n'était-ce qu'une impression, mais je n'y croyais guère. Si mon mariage avait réussi à satisfaire certains nobles, s'il avait aidé à apaiser certaines tensions, il était loin d'avoir réellement arrangé la situation. Une partie de moi espérait que d'envoyer mon frère, un Martell, et l'Epée du Matin, aux Météores aiderait et à faire comprendre aux nobles que la couronne était toujours présente, et à les rassurer quant à notre implication dans cette guerre qui ne semblait ni vouloir s'éteindre, ni vouloir réellement démarrer sur nos terres. Certes, je n'allais pas m'en plaindre, aussi longtemps que c'était le cas, les miens seraient saufs et mes terres resteraient indemnes. Mais les miens réclamaient néanmoins ce conflit qui couvait et que je ne pouvais leur apporter sans les sacrifier par centaines. Aller au devant des armées du Bief, sur leur territoire, était un suicide... Tout comme les attendre. Je sais tout cela. Tout comme je sais qu'ils ne viendront sans doute pas jusqu'à Lancehélion comme ils l'ont déjà fait. Pas maintenant qu'une flotte conséquente est à proximité. Mais mes terres du sud, les Météores, Denfert, … elles, n'étaient pas aussi protégées et étaient bien plus facilement attaquables... Alors en y envoyant deux de mes plus proches alliés et parents, j'espérais au moins envoyer un message assez clair au mien. Au moins à ce sujet.

Et j'espère encore plus qu'ils me reviendront rapidement et en vie. Et cela, la femme qui vient d'entrer et me demande audience est plus que bien placée pour me comprendre et savoir ce qu'il en coûte de voir ceux qui vous sont chers envoyés au loin, affronter un danger contre lequel nous sommes impuissantes. Et par nous, j'entends les femmes, aussi puissantes que l'on puisse être. Une partie de moi envie les reines Targaryen et Durrandon, qui étaient capable de combattre aussi bien qu'un homme, qui pouvaient se montrer aux côtés de leurs hommes... Même la princesse Hoare en vérité... Mais je me rends compte que cette pensée est idiote. Certes, si mon éducation avait été autre, j'aurais peut-être eu la possibilité de le faire, mais dans l'état actuel des choses, je ne le peux, ni ne sais le faire. Et je garde pour moi le fait que j'en serais presque soulagée et rassurée. En partie parce que c'est particulièrement lâche, en partie parce que je préférerais être au côté des miens quoiqu'il en soit. Plutôt que de demeurer ici et de n'être capable que de donner des ordres dénués de sens et d'intérêts.

Je souris en regardant Lady Cally s'incliner. Bien évidemment que cela ne la dérange pas, qui oserait me dire que tel est le cas ? Les seuls à le faire seraient les ceux-là même qui n'en seraient aucunement gênés pour de bon et ils ne sont guère nombreux.
J'acquiesce avec un sourire amusé.

« J'ai pour ma part le droit à des remontrances de ma sœur et de mon mestre, et à des regards réprobateurs de mes suivantes... Mais le manque d'appétit me manque parfois, presque autant que le temps... »

Je la fixe un instant et reprends plus doucement, un sourire toujours aux lèvres.

« Arianne est particulièrement contente d'avoir Elynor près d'elle. Mais votre fille doit être heureuse de vous avoir à ses côtés à nouveau, cela fait de bien longs moments pour une jeune fille, sans sa mère. Vous devriez vous rendre aux Jardins avec elle, cela vous laisserait du temps pour profiter l'une de l'autre. »

Et s'il me semble poser une question relativement simple, il s'avère en vérité qu'elle ne l'est pas tant que cela au vu de sa réflexion. Et il est vrai que cela ne l'est nullement avec Lyvan perdu au cœur de l'Orage, sans doute aux côtés de mon frère aujourd'hui. Et s'ils n'ont pas encore réellement croisés le fer, Roward du moins, avec les Bieffois et autres Conflanais leur faisait face, ce n'est pour autant ni rassurant ni apaisant pour nous qui sommes forcées de rester ici si loin d'eux.

Je fais signe à la servante quand elle demande une coupe de vin, avant de me concentrer à nouveau sur elle. Et je me rappelle pourquoi j'apprécie Cally, pourquoi Grand-mère l'appréciait tout autant. Elle est réfléchie et calme, mais ne cherche pas pour autant à camoufler ses pensées et paroles. Si certains redoutent la franchise, ce n'est nullement mon cas, j'ai toujours préféré, et de loin, avoir à faire trop de sincérité qu'à une quelconque hypocrisie.
Et il suffit de l'entendre s'exprimer pour se rendre compte qu'elle est toujours la même, directe et avisée. Et trop perspicace sans doute pour l'occasion. J'esquisse un sourire et j'acquiesce en inspirant alors que je m'empare de mon verre de vin, coupé évidemment sur la demande du Mestre.

« Pour être tout à fait franche avec vous, je crains en effet que les quelques heures de sommeil que je m'accorde ne me suffisent malheureusement plus. Quant à trouver davantage de temps pour essayer de se reposer, ce n'est guère évident n'est-ce pas ? Quand bien même l'on ne cesse de m'y pousser... »

Je bois une gorgée avant de reposer le verre et de reprendre doucement.

« J'aimerais pouvoir vous promettre que votre époux vous reviendra sous peu et que vos nuits retrouveront leur calme d'antan. Malheureusement, la situation sur les terres de l'Orage ne s'arrange guère et je crains que cela ne perdure quelque peu. Roward me manque effectivement, mais il n'est parti que depuis peu. » Je souffle un rire amusé. « Je me doute bien que vous parliez peut-être plus de mon époux que de mon frère, mais je suis moins attachée à ce dernier que vous ne pouvez l'être au vôtre depuis tant de temps. Même si je ne devrais point le mentionner n'est-ce pas ?... Mais je vous avouerais tout de même qu'il se peut qu'il me manque déjà quelque peu malgré tout... » Je la fixe un instant et me refait un peu plus sérieuse. « Arrivez-vous à avoir de ses nouvelles ? Souhaitez-vous que les missives passent par le prince afin d'arriver peut-être pus sûrement et plus rapidement ? »

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptySam 18 Fév - 3:05

Sans doute la Princesse Deria n'était-elle donc pas si surprise que cela d'entendre Cally lui révéler se faire quelques fois sermonner, et par nulle autre que sa propre fille. Et de la même façon, la jeune femme n'était en rien surprise d'entendre sa Princesse lui confier devoir elle aussi parfois subir quelques remontrances et sermons. Les Dorniennes avaient souvent un caractère bien trempé, et elles avaient également parfois besoin qu'on leur fasse entendre raison, ou plutôt que l'on refroidisse leurs ardeurs et leurs propensions à s'échauffer et à se montrer impulsives, déraisonnables ou encore excessives. Mais tout, ici, semblait si facilement pouvoir prendre de telles proportions, aussi ... Il fallait faire avec, apprendre très jeune à ne pas se vexer et à ne pas se formaliser autant qu'ailleurs des conseils et remontrances qui pouvaient émaner de certains membres du personnel de maison ... En tout cas, connaissant bien Arianne, Cally ne pouvait s'empêcher de l'imaginer froncer les sourcils et mettre les mains sur ses hanches en administrant à la Princesse Deria quelques conseils bien sentis, et bien de son cru ! Ce qui la poussa à laisser fuser un rire amusé d'entre ses lèvres, loin de toute moquerie.
    Il m'a toujours semblé que le temps était une denrée éternellement rare et insuffisante. Un peu comme une poignée de sable que l'on voudrait pouvoir garder au creux de sa main, et dont les grains ne cessent de s'enfuir, quoi que l'on fasse, et quelle que soit la volonté et la force que l'on mette à vouloir maintenir le tout dans une poigne de fer. Si Cally souriait, et qu'elle inclinait doucement la tête en agrément aux paroles de Deria, c'était qu'elle appréciait réellement les mots d'Arianne concernant Elynor. Elynor se plait beaucoup auprès de votre sœur. Mais pour en avoir déjà parlé avec elle, votre sœur le sait déjà très bien. Et tout comme vous ... Et vous n'êtes pas du même sang pour rien, car elle aussi m'a enjointe à passer du temps avec ma fille ! Cally n'avait absolument aucun intérêt pour le fait que, techniquement, Arianne n'était pas née de la même mère que la Princesse Deria. Sans que cela ne lui passe au-dessus ... Disons que cela n'avait effectivement que peu d'importance pour elle. Ce qui ne ferait donc jamais d'elle l'une de ces personnes qui voudraient à tout prix être le plus juste possible en parlant de demi-sœur plutôt que de sœur. La décision de souhaiter la voir intégrer l'entourage proche de votre soeur a été des plus naturelles, mais ... Je ne vous cache pas que cela a quelque peu été dur pour moi aussi. Elynor me semble encore si jeune, bien que j'oublie qu'à son âge, j'étais déjà mariée et sur le point d'accoucher ! ... Ces derniers temps, c'était la première fois que mes enfants et moi n'étions plus tous réunis au même endroit. Et nous ne le sommes toujours pas, d'ailleurs, mais la place de Dastan et de Nastya est actuellement toujours au Tor. La guerre leur est moins proche, géographiquement, là-bas, du moins est-ce ce dont je veux me convaincre.
Sur le papier, et peut-être aux yeux de beaucoup, Cally avait dû faire un choix, car il lui était effectivement impossible d'être auprès de ses trois enfants à la fois. En tant que membre du cercle très intime d'Arianne, la place d'Elynor était désormais là où se trouvait l'aînée des enfants de Nymor Martell, c'est à dire, présentement, à Lancehélion. Et avec ces troubles grandissants, Cally n'avait pas hésité et s'en était allée rejoindre sa fille aînée. Elle refusait de la laisser seule à Lancehélion, la guerre étant aux portes de la ville, si ce n'était avec les Bieffois, alors était-ce avec les Fer-Nés. Et bien que sa fille soit loin d'être seule, il n'en demeurait pas moins que, pour son cœur de mère ... Tout changeait lorsque vous enfantiez. C'était peut-être cliché, mais pour Cally, cela avait toujours été ainsi. Votre sens des priorités s'en trouvait modifié, tout comme votre rationalité, votre logique et votre perception de la réalité et de la véracité des choses. Vous pouviez lutter, tenter de vous raisonner, les choses n'en demeureraient pas moins bien différentes désormais. Et à ses yeux, il n'avait donc pas s'agit d'un choix, mais d'une décision logique : Elynor était à Lancehélion, et Cally ne s'inquiéterait pas tant pour elle si elle se trouvait à ses côtés. Et en plus de cela, si son père, dans son état, ne pouvait guère manifester physiquement sa loyauté à la Princesse Deria en se trouvant à ses côtés, alors c'était à Cally d'assurer ce rôle, ce qu'elle espérait faire avec fidélité et honneur. Se saisissant de la coupe de vin que lui apportait la servante, elle remercia celle-ci d'un sourire poli, non sans cependant fixer la majorité de son attention sur la Princesse, avec logique, sans doute. Elle comprenait parfaitement ce que ressentait son interlocutrice, pour être déjà passée par là de nombreuses fois. Trop de fois ? Bien évidemment, la Princesse Deria ne connaissait sans doute pas ses premières craintes dues à la guerre, mais ... Mais les choses étaient différentes pour elle désormais. Elle était plus âgée, désormais mariée, alors que son époux, ses frères et plusieurs de ses plus proches étaient à présent partis combattre ou en passe de le faire. Et puis ... Et puis, elle ne pouvait plus exactement se tourner vers une autorité protectrice et réconfortante, au-dessus d'elle. Car désormais, elle était à la tête de la Principauté, et les actions, les décisions, c'était à elle de les prendre. Oui, les changements étaient nombreux pour elle entre hier et aujourd'hui.
    Vous avez des responsabilités, désormais, les plus imposantes et les plus cruciales que vous n'ayez jamais eu jusqu'alors. Vous n'êtes plus une enfant, et vous êtes l'autorité morale, directrice et dirigiste de la Principauté, désormais. Vos sujets se tournent vers vous, emplis d'espoir, et vous ne voulez pas les décevoir. C'est beaucoup. De viles et abjectes actions vous ont conduite à endosser un rôle auquel vous n'étiez pas initialement destinée aussi tôt, et le contexte alentour ne vous a pas donné la chance de prendre doucement vos marques. Alors je comprends parfaitement vos difficultés, et j'y compatis, sincèrement. Vous devez tout gérer de front, et ... Et je ne fais qu'exposer des faits, ce qui ne doit vous êtes d'aucune aide. Mais si je peux faire quoi que ce soit pour vous, dîtes le moi. Ma loyauté vous est acquise, à vous et aux vôtres, depuis ma naissance, dans la droite lignée de la Maison Jordayne.
Cally ne cherchait en rien à obtenir quelques faveurs de la Princesse Deria, et avait simplement parlé en toute franchise. Sans plaindre avec excès et facticité sa monarque, mais sans non plus la renvoyer dos au mur à ses responsabilités. Elle ne la traitait pas comme une enfant à qui il fallait encore essuyer la goutte de lait qui perlait au bout du nez, pas plus qu'elle ne la considérait comme suffisamment aguerrie pour rester droite et ne pas ployer, ne pas se laisser aller à quelque faiblesse ou sentimentalisme. Il fallait un juste équilibre, ce qu'elle espérait posséder, tant dans ses propos que dans sa perception de la situation. Les temps étaient graves, importants, cruciaux, chargés de conséquences pour l'avenir. Il ne s'agissait donc pas de se perdre dans des rêves utopiques ou dans des plaintes larmoyantes. Il fallait regarder les choses en face, tout en acceptant d'adoucir les angles de façon mesurée et adéquate.
    En toute honnêteté, je sais que si Lyvan ne conduisait pas nos armées auprès de la Reine Argella, je n'en passerais pas pour autant de meilleure nuit ! Sa place a toujours été parmi les combattants, alors ... Alors je crois qu'il se serait montré très désagréable à supporter si vous ne lui aviez pas permis d'aller combattre ! D'autant plus que, de par le sang, il est issu de la Maison Forrest, dont l'emblème et le siège doivent après tout leur nom à la mise à mort d'un monarque bieffois. Il n'y avait aucun mystère sur l'homme qu'était Lyvan. Né Forrest, il avait hérité de sa lignée une certaine propension à la guerre et à la violence. Il savait se faire doux, mais il était enclin, de par son caractère, à un certain cynisme, à une ironie bien placée, à un humour noir et grinçant. Plutôt que de vous rassurer par des mots mielleux et doux, il vous mettait face à vos responsabilités, et vous enjoignait à vous reprendre. Et lorsque c'était Cally qu'il avait face à lui, disons que ses méthodes pouvaient prendre un tournant bien plus charnel et physique. Je parlais tout autant de l'un que de l'autre. Quant à être attachée à mon époux ... Je crois que malgré la teneur de notre relation, le terme est adapté. Nous éprouvons l'un pour l'autre estime et affection, de la confiance, aussi. Je sais que je peux me reposer sur lui, pour défendre les intérêts des nôtres et représenter bien haut le nom des Jordayne, un nom qu'il a revêtit en m'épousant, à défaut de pouvoir moi-même prendre les armes. Nous nous complétons sans doute, également ... Mais tout ceci s'est construit avec le temps, pierre après pierre. Vous savez, je l'ai tant haït, au début, parce que je ne l'avais pas choisi, et qu'il est devenu père à deux reprises, l'année de nos noces, alors que l'un de ces enfants n'était pas de moi. Il vous faut laisser le temps faire son oeuvre, Princesse. Tout ne se construit pas en un jour, et vous verrez que ce qui vous est servi sur un plateau, d'or ou d'argent, vaut au final bien moins que ce que vous bâtissez de vos mains. La fiabilité et la confiance viennent avec le temps. Et il n'y a aucun mal à mes yeux à exprimer la vérité. Et si votre époux vous manque tout de même ... J'aurai tendance à dire que c'est un bon signe pour votre futur commun. Et Cally n'ajoute rien, bien qu'elle arbore un certain petit sourire. Il fallait dire que, souvent, les jeunes mariés avaient une certaine propension à se montrer bien plus charnels, rigoureux et volontaires dans leurs devoirs intimes que les couples mariés depuis des décennies. Mais évoquer la vie sexuelle de la Princesse n'était pas convenable, n'est-ce pas ? Alors Cally but une nouvelle gorgée de sa coupe, sans rien ajouter. D'autant plus que son interlocutrice se faisait plus sérieuse. Ses missives me parviennent assez difficilement, en effet, surtout depuis mon arrivée à Lancehélion. Mon père les reçoit, et doit me les renvoyer, et parce qu'il s'en veut de ne pouvoir lui aussi participer à l'effort de guerre, il lui arrive de les ouvrir, pour obtenir quelques renseignements. Mais Lyman communique beaucoup par messages cachés, par code, aussi, pour que nulle information ne puisse vraiment tomber entre quelques mauvaises mains. Et mon père s'acharne à essayer de tout y comprendre, avant d'abandonner et de me faire parvenir les lettres. Je n'aurai donc rien contre votre proposition, Altesse.

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptySam 4 Mar - 21:08

Il est presque amusant de voir que mon statut de princesse ne change pas tant de choses que cela, voire rien du tout, concernant certaines personnes. Que Cally Jordayne soit dans le même cas que moi, qu'elle se retrouve à devoir "subir" les réprimandes de ses proches, est assez amusant. Et si j'avais quelques doutes, cela me rassurerait quant au fait de ne pas être qu'une couronne. Si je puis dire. Ma famille se charge bien assez de me rappeler à l'ordre, et je ne peux que leur être reconnaissante.
Mon sourire s'accentue alors que je l'entends rire, et je hoche la tête.

« C'est effectivement un peu cela. Il semblerait que plus on cherche à le garder, à le... préserver, plus il s'amuse à s'échapper rapidement, comme doué d'une volonté propre. Je me dis que vouloir le garder, envers et contre tout, dans un poigne de fer, n'est pas vraiment la meilleure solution. Même si je crains qu'il y en ai aucune en vérité. »

Pourtant, je n'ai aucun doute concernant le fait que certains, dont ma grand-mère, aient essayé. Je chasse ces idées saugrenues, esquissant un nouveau sourire alors qu'elle reprend la parole. Et si je suis heureuse que sa fille se plaise ici, je me rends compte... ou me rappelle plutôt à quel point cela doit être difficile pour elle, pour une mère, de laisser ainsi partir ses enfants, ou pire en quelque sorte de choisir de les envoyer au loin.

« C'est une bonne chose qu'Elynor soit heureuse ici, c'est même sans doute le principal. Et oui, ma sœur et moi avons effectivement souvent le même avis. »  

Souvent, sur certains sujets, pas tout le temps, ni sur tout. Heureusement dans un sens, même si sur certains, j'avoue que je préférerais. J'acquiesce en souriant doucement, retenant la grimace qui me vient alors qu'elle parle de la guerre.

« Je comprends. Il n'est jamais évident de laisser aller un enfant quand bien même en sachant que c'est le mieux pour lui. C'est ainsi pour toutes les personnes que nous aimons en vérité, mais un enfant... son enfant... Le point de vue n'est nullement le même selon la place que l'on tient, que l'on soit l'enfant ou le parent. Cela doit être extrêmement difficile de prendre une telle décision... et de le vivre ensuite.
Dastan et Nastya sont donc restés avec Lord et Lady Jordayne... Il n'y a rien de simple n'est-ce pas lorsque l'on devient parent ? »


Dire que cela me faisait peur est au-dessous de la vérité, même si fort heureusement, ce n'était rien en comparaison de la joie et du bonheur que je ressentais à l'idée de devenir mère et de bientôt, ou presque, pouvoir porter ce petit être dans mes bras. Pourtant dans la situation actuelle, avec les troubles qui nous entouraient et qui menaçaient de nous submerger, je dois avouer que je m'inquiète sans aucun doute plus que de raison. Et il n'est même pas encore né, puis-je réellement autant m'attacher alors que cela fait si peu de temps ? Je sais, question rhétorique stupide. Pour peu que l'on souhaite être mère, on ne pouvait faire autrement que s'attacher de suite. Il me fallait juste patienter pour ne plus craindre le pire... Juste... Cela prêterait presque à rire. Et comme si j'allais cesser de m'inquiéter par la suite. Par les Sept, il faut vraiment que j'arrête de trop m'en faire et de m'angoisser pour des choses sur lesquelles je n'ai aucune prise, et pis, qui ne sont pas encore arrivées. Et si je ne peux réellement comprendre ce que vit Cally, ayant envoyé sa fille aînée ici, laissant ses plus jeunes en sa demeure, je parviens néanmoins à imaginer ce qu'elle endure. Même avant d'être enceinte, j'avais déjà eu du mal à laisser Roward partir, mon frère qui était un guerrier amplement en âge de se défendre seul. Et maintenant, comment pourrais-je songer à m'éloigner de mon bébé ? C'était stupide, il n'était même pas encore né. Je soupire doucement en me rendant compte que mes pensées tournent en boucle et que je ressasse des inepties.
Je fixe Cally, esquissant un sourire sans joie alors qu'elle mentionne mes responsabilités. Qu'elle vise juste en quelques paroles. Et c'est là tout le souci. Non pas qu'elle ait raison. Mais que je n'ai plus personne vers qui me tourner dorénavant, plus personne que je peux solliciter. Je secoue la tête, en lui souriant, lui serrant doucement la main quelques secondes, avant de la relâcher.

« Ne croyez point cela. Vous m'aidez et je suis heureuse de votre présence. Et vous avez raison. Sur tout. C'est à moi de mener le royaume, c'est à moi de le protéger et de garantir son avenir. Et quel qu'aient été les actes qui m'y ont menés, quand bien même ai-je été préparé à tout cela, je vous avoue que cela a été quelque peu brutal effectivement. »  

Je la dévisage un instant et redresse les épaules. Non, je ne saurais me plaindre davantage, pas plus que je ne peux me montrer faible ou hésitante. Même si je sais à quel point elle est loyale et droite, même si je l'apprécie à titre personnel, même si j'aimerais parfois pouvoir me dire que je peux encore avoir des amis. Ce qui sonne pathétique même à mes oreilles. Pourtant...

« Je sais que vous vous montrez sincère et j'en suis sincèrement touchée. Je n'hésiterais pas à vous solliciter. Je vous remercie Cally. »

Sans doute pourrais-je me confier à elle concernant ne serait-ce que ma grossesse. Je devrais pour cela lui confier que j'ai connu intimement Orys avant le mariage, et en toute honnêteté, cela ferait-il une différence ? Mais saura-t-elle le garder pour elle ? Puis-je courir le risque ? J'en ai déjà parlé à sans doute trop de personnes. Sans parler qu'il est beaucoup trop tôt pour être certain que tout se passe bien, n'est-ce pas ? Mais Roward est parti. Orys a rejoint sa sœur. Et Anders et Robb sont également en route pour rejoindre le front. Il me reste Arianne. Tous les autres sont de nouveaux en danger. Et si j'avais déjà des difficultés à garder la tête haute tout le temps, cela n'allait rien arranger.
Je souffle néanmoins un léger rire, acquiesçant à ses paroles.

« Je n'aurais jamais envisagé lui retirer ce droit, c'est un combattant émérite et un excellent capitaine, il aurait été insultant de ma part de lui renier cela. Et mes frères sont tout autant semblables et ont toujours mal supportés qu'on veuille les tenir à l'écart, comme s'ils n'étaient pas dignes ou capables de se montrer à la hauteur. Je comprends donc fort bien. Sans doute les hommes ne songent-ils pas réellement aux difficultés que représente pour nous le fait de les voir partir au front. »  

Et ce quelque soit leur origine. Les dorniens en particulier étaient extrêmement prompts à se laisser aller à la colère et à l'emportement il est vrai. Dès son plus jeune âge, Roward était entré dans des colères noires dès qu'il apprenait que grand-mère essayait de le protéger contre tout bon sens. Je l'avais toujours soutenue de mon côté et c'était sans doute une des choses qui nous avaient rapprochés. Mais je n'avais pour autant pas aimé l'envoyer au-devant du danger. Pas plus lui qu'Anders. Mais comme nous venions de le dire, qu'aurais-je pu faire d'autre ?
Je la fixe, et hausse légèrement un sourcil. Non, je ne me montrerais pas aussi franche qu'elle, je serais sinon obligée de lui confier que c'est non pas Orys qui ne m'apprécie pas, mais la reine Targaryen. Je reprends lentement, presque précautionneusement.

« Je ne savais pas, cela a dû être difficile, mais je ne vous ferais pas l'offense de vous plaindre... C'est différent avec le prince Orys. Je l'estime et j'ai pour lui une certaine tendresse. Malgré tout, il est retourné combattre auprès de sa sœur, de ceux qu'il considère comme son peuple. Comment puis-je lui faire confiance alors que je sais qu'il fera encore passer leurs intérêts avant ceux de mon peuple ? Je sais bien que ce n'est nullement évident pour lui, qu'il s'agit de son royaume de naissance, et sans doute de cœur, mais en m'épousant, il a promis de protéger Dorne et ses habitants. Je sais qu'il faut du temps, mais... nous n'en avons pas réellement eu. Enfin, disons que nous n'en avons pas vraiment eu assez...  »  Je la dévisage avant d'inspirer avec un sourire mi-contrit mi-ravi. « Et vu comment les choses se déroulent, je ne peux qu'espérer qu'il revienne à temps pour la naissance de son enfant. »

Je sais. Je n'aurais pas dû, je me suis dit il y a quelques minutes à peine que je ne devais pas. Et j'aurais dû faire autrement il est vrai. Mais maintenant, ce qui est fait... et si elle m'a confié qu'elle haïssait son mari et qu'il avait déjà une maîtresse, je peux tout de même me confier un peu à elle... non ? Peu importe...
Quant à son époux, c'est bien le minimum que je puisse lui proposer. Je souris néanmoins quand elle parle de son père et des courriers codés.

« Je vais faire le nécessaire pour que ses missives vous parviennent directement ici, ce sera bien plus simple et rapide. Même si cela risque de frustrer encore davantage Lord Jordayne. Peut-être pourrais-je m'arranger pour qu'il ait également des nouvelles, venant de l'Orage ou des Météores, si vous pensez que cela pourrait lui faire plaisir. Et n'hésitez pas si vous avez vous-même besoin de quoi que ce soit Cally. »

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyLun 13 Mar - 1:15

Les proverbes et grandes devises, on a beau dire, cela a sans doute toujours un fond de vrai. Il y a bien un moment, dans le temps, où les choses s'appliquaient bien, où tout se déroulait de façon logique. Sauf qu'ensuite, comme toujours, des histoires ont circulé, du bouche à oreille a eu lieu, et au final, entre début initial et résultat final, il y a une grande différence. Alors, il y a du bon comme du mauvais dans tous ces conseils qu'on vous donne, dans tous ces exemples sur lesquels on se base pour vous conseiller ou vous mener vers une autre voie que celle que vous vouliez pourtant emprunter. Les grands-parents sont d'ailleurs très fort pour vous convaincre de croire en ce qu'ils vous disent, ne serait-ce qu'un peu. Sans doute ont-ils pour eux le bénéfice de l'âge, qui vous pousse autant à reconnaître qu'ils doivent bien avoir eu des expériences supplémentaires, par rapport à vous, pour savoir de quoi ils parlent. Mais cela vous pousse aussi parfois à vous dire qu'avec l'âge, ils commencent un peu à dérailler, ou qu'ils perdent quelque peu pied avec la réalité. Cally n'avait jamais eu cette sensation là, en parlant avec sa grand-mère. Parce que Nymeria Jordayne ne faisait pas son âge, qu'elle avait une poigne de fer, et qu'elle gérait les siens comme elle gérait tout le Tor : avec justice, force et droiture. Sans manquer de vous taper sur les doigts ou de vous rappeler qu'elle n'était pas n'importe qui, lorsque cela s'imposait ... Alors, si Cally pouvait quelque peu partager avec la Princesse Deria la sagesse de feue son aïeule ...
    On court toujours après le temps : on essaie d'en gagner tout en évitant d'en perdre, alors qu'au final ... Tout ce que nous devons décider, c'est que faire du temps qui nous est imparti. C'est en tout cas ce que m'a toujours dit ma grand-mère. Certaines personnes ne comprenaient absolument pas l'affection que l'on pouvait porter aux siens. A Dorne, de tels comportements étaient moins courants, certes, mais chacun avait tout de même une façon différente d'aborder la chose, de percevoir les faits et d'agir en réaction à tout ceci. Certains criaient sans doute à la mauvaise mère, s'ils étaient face à Cally. Mais d'autres comprendraient sans doute pourquoi elle faisait ça, maintenant. Pourquoi il était important pour elle autant que pour ses enfants de continuer de prouver sa loyauté à la Principauté et à celle qui en était désormais à la tête. Et de soutenir son aînée, futur de leur Maison à tous. Cela me coûte, effectivement, mais chaque décision exige un sacrifice, pour que cela en vaille la peine, et que rien ne soit entrepris à la légère. Cependant, il est vrai que, malgré tout, rien n'est évident, dernièrement. Mon époux se bat auprès de l'Orage, Elynor et moi sommes ici, Nastya, Dastan et mes parents sont au Tor, quant à mon frère, je crains fort que, dernièrement, il ne me tienne de moins en moins aux faits de ses actions et déplacements. Et si la situation n'était pas celle qu'elle est à Lys, ma mère serait sûrement loin de Dorne, elle aussi, à cette heure ! ... Il arrive parfois que la parentalité et la famille ne soient pas des choses autant prises à cœur par toutes et tous. Je prends cela très à cœur, moi. Ce qui n'apaise en effet en rien mes pensées, dernièrement.
Etre responsable, pour certaines personnes, c'était bien plus essentiel et bien plus crucial. Parce qu'elles se devaient de montrer l'exemple, de gérer quelque affaire de puissance et de décision. Une telle heure n'était pas encore arrivée pour Cally, mais cela surviendrait, un jour. Elle y était préparée depuis qu'elle était née, ou plutôt depuis qu'elle avait regagné Dorne, de si longs mois après sa naissance. En tant qu'aînée de Maxence Jordayne, elle avait été la seconde héritière du Tor, jusqu'à la mort de sa grand-mère. Il n'avait pas été entièrement question de faire peser sur ses frêles épaules d'alors quelque poids trop considérable. Elle avait eu le droit de profiter de son enfance, de multiplier les passe-temps divertissant, de commettre des erreurs, de faire ses premières expériences. Mais en même temps, on lui avait appris très tôt qu'à chaque acte, il y avait des conséquences, et qu'elle se devait de les assumer, qu'il n'était ni tolérable ni toléré qu'elle cherche un coupable, ou qu'elle tente de se dédouaner en accusant les circonstances. Il fallait être sérieux, apprendre, aussi, que tout se mérite, mais que parfois, ce qui vous arrive n'est pas de votre faute, que vous ne devez pas automatiquement vous blâmer vous quand c'est l'existence et les aléas qui mènent la danse, pour un instant seulement. Il fallait aussi apprendre à céder, à accepter que certains choix sont douloureux, mais qu'il faut en passer par là pour obtenir du mieux.
    Malheureusement oui, c'est brutal. Nos ennemis n'ont pas cherché à ce qu'il en soit autrement, cela faisait partie de leurs desseins, je suppose, que de tenter de déstabiliser Dorne. Mais ils n'avaient sans doute pas prévu que votre âge ne vous condamne en rien à balbutier. Vous êtes entourée, et ... Et vous avez eu d'excellents modèles. Quant à me remercier ... Je ne fais que mon devoir, Princesse. Celui que mon père ne manquerait lui non plus nullement de faire, s'il pouvait être à ma place à vos côtés, aujourd'hui, mais sa santé ne le lui permet que trop peu. Sachez cependant que j'ai réellement souhaité être là : il s'agit de mon devoir, certes, mais celui-ci ne va pas à l'encontre de mes aspirations, et puis, il ne s'agit nullement d'un sacerdoce des plus déplaisants ! Pas plus que de se battre ne représentait un désagréable sacerdoce pour Lyvan ... Chacun avait ses obligations, ses devoirs, mais il n'était inscrit nulle part que tout ceci devait fortement être déplaisant et peser considérablement sur vos épaules ... Il fallait cependant reconnaître qu'il ne s'agissait jamais de décisions prises à la légère, d'où l'intérêt qu'il y ait une notion de sacrifice, ne serait-ce que minime, pour tout choix entrepris. Les hommes ne peuvent guère qu'être les témoins des ravages de l'inquiétude et des responsabilités qui nous sont délégués alors qu'ils sont loin, mais, malheureusement, à l'heure de leur retour, quand ils sont les plus à même d'observer tout cela, ils ont parfois bien trop à gérer et à supporter dans leur propre escarcelle ... C'est alors encore une fois aux femmes de prendre tout ceci sur leurs épaules, en plus de leurs propres fardeaux. Quand mon frère et mon père sont tous deux revenus blessés d'un combat, il y a 4 années de cela, j'ai cru prendre 20 ans ... Père était alité, et Tywan tournait comme un lion en cage, à force d'inactivité. Lorsque j'avais appris qu'ils étaient grièvement blessés, sans grande somme d'explications, j'ai cru que ... Elle prend un temps pour se reprendre, se raclant doucement la gorge pour déloger cette boule d'anxiété et d'émotion qui était venue s'y loger. J'ai cru que tout le Tor s'effondrait sous mes pieds ...
Il n'y avait jamais eu quelque rivalité que ce soit entre Cally et son frère concernant son statut d'héritière à elle, là où lui, même né mâle, avait dû céder du terrain, dans l'ordre de succession, à chaque fois que son aînée avait donné un enfant supplémentaire à la Maison Jordayne. Tywan savait très bien qu'être Lord Suzerain ne lui siérait pas. Mais peut-être aussi avait-il été élevé pour ne jamais envier ou jalouser sa sœur, pour ne jamais se mettre dans l'idée qu'il pourrait un jour profiter de son malheur pour ... Dès lors, ils avaient toujours été très proches, et il arrivait parfois à Cally de prétendre avoir 4 enfants plutôt que 3. Tywan était sanguin, impulsif, parfois imprévisible. Il l'avait toujours été. Mais depuis les tragiques événements de Hautjardin, la situation ne faisait qu'empirer, encore et encore. Elle tenait si fortement à lui ... Ils avaient fait face aux mêmes difficultés, dans leurs primes années. Il avait été à ses côtés quand elle avait enragé de l'attitude de Lyvan, au début de leur union. Il l'avait aidée à regagner le Tor, juste après la naissance de Dastan. Il l'avait si souvent épaulée sans s'y forcer, que lorsqu'elle l'avait cru perdu, ou presque ...
    Avec le recul, je crois que j'ai compris que ni lui ni moi ne voulions de cette union, et qu'il lui a été difficile de tourner le dos à celle qu'il aimait, alors qu'elle était encore en vie. Pour moi, les choses étaient différentes, celui que je devais épouser n'avait pas été écarté, mais plutôt tué. Pratiquement sous mes yeux, d'ailleurs. Qu'ai-je été stupide, à l'époque, que de me rendre jusqu'à la zone de combat ... La confiance ne se donne pas à la légère, quand elle vaut quelque chose. De part et d'autre, je crois que ... Je crois que le Prince Orys a en effet besoin de temps pour se faire à son nouveau rôle, et qu'il est bien infortuné que la situation fasse qu'il ne parvienne pas encore à assimiler ses nouvelles priorités, ses nouvelles responsabilités. J'ignore s'il s'attendait vraiment, plus jeune, à un jour épouser quelqu'un de votre statut, Princesse. Cally n'explicitait en rien les choses, mais les faits étaient là. Le Prince Orys n'avait été anobli que récemment par celle qui était sa demi-sœur, Rhaenys Targaryen. Gagnant un patronyme, et une Maison. Et très rapidement après, il avait contracté un mariage, et pas avec n'importe qui. Il était à présent marié, à nulle autre que la Princesse de Dorne, Deria Martell, et ... Et Cally ne put retenir un regard de surprise face à la révélation que lui faisait sa suzeraine. Si elle se reprit finalement très vite, ce fut pour rapidement jeter un coup d’œil circulaire autour d'elle. Certes, elles se trouvaient actuellement toutes deux au sein du Palais Princier, mais même à Dorne, l'espionnage n'est pas à prendre à la légère. Toutes mes félicitations Princesse. Voilà une nouvelle qui doit tout autant vous ravir que vous inquiéter. J'espère que mes précédents propos sur la maternité ne se sont pas ajoutées à la somme des préoccupations qui doivent déjà quelque peu vous assaillir et vous tourmenter à ce sujet. Mes lèvres resteront closes, quant à tout ceci. Certains de nos ennemis pourraient en effet être ravis d'apprendre la nouvelle, en la percevant comme une faille et une faiblesse de votre personne, prochainement. Oui, tout ceci n'avait décidément rien d'évident. Et peut-être que de mauvaises langues pourraient dire qu'il n'était vraiment pas malin et judicieux pour la Princesse Deria d'être présentement enceinte, avec le contexte et la guerre environnants, mais ces choses là ne se contrôlent pas, et être enceinte n'était en rien une tare, pour peu que la grossesse ne soit pas des plus compliquées et que l'on ne se considère pas soudainement comme déficiente et grandement diminuée. Rassurée vous Princesse, cela ne sera pas la première fois que je contribue à la frustration de mon père ... Un léger sourire complice et amusé s'arqua alors sur ses lèvres. Cependant, je vous conseille tout de même de lui permettre à lui aussi de recevoir quelques nouvelles, ou vous recevrez régulièrement des missives certes des plus courtoises, respectueuses et bien séantes, mais qui vous demanderont tout de même des nouvelles ! Me concernant, pour l'instant, j'ai tout ce dont j'ai besoin parmi ce à quoi je peux aspirer en accord avec le contexte. Et je ne peux que vous retourner votre proposition, Princesse, une nouvelle fois. Sincèrement.

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyJeu 30 Mar - 16:47

Je souris en entendant Cally, hochant lentement la tête.

« Voilà exactement le genre de phrases que ma propre grand-mère aimait également à me répéter. Mais il faut dire qu'elle aimait tout particulièrement planifier et voir sur le long terme. Ce qui va sans doute de pair avec la fonction qui est la mienne aujourd'hui n'est-ce pas ? »

Par les Sept, je n'aurais jamais pu imaginer que sa présence me manquerait autant. Ni même ses éternelles remontrances et questionnements. Dorne serait-elle dans une telle situation si cela avait toujours été Meria Martell qui en était à la tête ? Certes non. C'est bien pour cela que l'on nous les avait enlevés, pour que je me retrouve seule à la tête de la Principauté alors que je n'avais aucune réelle expérience. Mais s'ils, qui que soit ce ils, espéraient pour autant nous faire plier, me faire plier, ils s'étaient lourdement trompés. Si je ne prenais pas toujours les bonnes décisions, je prenais néanmoins celles que je jugeais comme les meilleures pour mon royaume et mon peuple. Tout comme Cally le faisait avec sa propre famille.

« Avoir sa famille aux quatre coins du royaume n'est aucunement simple, je suis également bien placée pour le savoir. J'ai toujours été extrêmement proche de mes frères et sœur, de Roward en particulier. Et j'ai beau savoir qu'il est aujourd'hui non seulement un guerrier aguerri, mais également celui destiné à gouverner le royaume de l'Orage, cela ne m'aide en rien à ne pas m'inquiéter plus que de raison pour lui.
J'ai toujours eu à cœur de le protéger, et ce depuis notre plus tendre enfance. J'ai toujours eu à cœur de protéger les personnes que j'aime. Une des premières leçons sans doute que ma grand-mère m'a inculquée. Et les Dieux savent à quel point je peux aimer mon royaume et mon peuple. C'est un peu différent d'une famille, mais... sans l'être réellement. »


Avoir la charge de tout un royaume, par ces temps de guerre, était bien plus terrible que ce que j'aurais pu imaginer. Parce que j'avais beau redresser les épaules et me dire que je faisais au mieux, ce n'était jamais ni satisfaisant ni suffisant. Pas pour mon royaume et pour mon peuple. Et je n'avais malheureusement que très peu de personnes vers qui me tourner, et encore moins à qui je pouvais avouer mon effroi et mes doutes.
Je regarde qui me fait face et qui semble si sereine et confiante, en elle-même, en Dorne, peut-être même en moi. Visiblement oui, également en moi. Cela me rassure dans un sens. Si les nobles ont toujours confiance, s'ils me suivent toujours, c'est que jusqu'à présent, je parviens à les protéger et les mener correctement. J'esquisse un sourire et hoche la tête.

« Je sais que Lord Jordayne aurait été le premier à me rejoindre, ou à rejoindre le front, s'il le pouvait. Nous n'avons jamais douté de sa loyauté et de son courage, et je sais fort bien qu'il me soutient. Mais devoir ou non de votre part, j'en suis néanmoins touchée. Et j'espère ne pas balbutier et ne pas chuter. J’entraînerais bien trop de monde avec moi, c'est impensable. »

Tout le royaume ? Les Dieux m'en préservent. Si je dois tomber et me tromper, je sais que mon peuple en subirait les conséquences, mais si je pouvais l'en empêcher... Je retiens un soupir, et acquiesce une nouvelle fois alors qu'elle prend la parole. Je la fixe quand elle termine, alors que les mots m'échappent presque malgré moi.

« Tout comme Lancehélion s'est effondré sous mes pieds... avant que je ne reprenne le dessus et ne me rappelle soudainement que dorénavant, c'était à moi de guider et soutenir les autres, et non plus le contraire. Malgré tout... Même encore aujourd'hui, savoir que chacun des hommes qui nous ont toujours entourés est aujourd'hui au front ou en passe de l'être n'aide nullement à apaiser ni l'esprit ni le cœur. Mais c'est bien là toute la difficulté, ce que peu d'entre eux ne saurait imaginer ni maintenant, ni à leur retour... »

Pour le peu qu'ils prennent d'autant plus mal le fait de nous voir nous inquiéter pour eux, il n'y avait qu'un pas qu'ils franchissaient bien aisément. Et si encore je ne devais m'inquiéter que pour eux, que pour mes proches... Mais comme je l'avais dit, je ne pouvais m'arrêter à eux. Enfin, surtout, je ne saurais le faire. C'était bien trop tard. Grand-mère s'était assurée dès mon plus jeune âge que je comprenne quels seraient mes devoirs et quels en seraient les poids sur mes épaules. Et si je doutais souvent, si je craignais de mal faire, de ne pas faire assez, de ne pas être à la hauteur, jamais je ne pourrais renier ce que j'étais. J'étais la princesse de Dorne. Tout mon être et toutes mes pensées étaient tournées les autres, vers ceux que je qualifiais de miens. Mon peuple. Il passait avant tout. Avant moi, avant mon bonheur. Ce n'était ni une plainte, ni une question. C'était un fait et une réalité. D'un autre côté, ne pouvant pas réellement compter sur celui qui devrait m'épauler, j'en venais à me demander si je ne devrais pas un jour le mettre au pied du mur. Et même si je le savais déjà, je me rends compte en écoutant Cally qu'aucun mariage n'est parfait, et que je devrais même m'estimer chanceuse sur certains points. Même si ces points ne comptent nullement pour la Princesse.
J'esquisse un sourire un peu triste.

« Je crains malheureusement que toutes les jeunes filles soient particulièrement stupides à un certain âge, et ce quel que soit leur rang et leur éducation. Mais, en étant fort indiscrète, cela s'est arrangé pour vous et Lyvan, n'est-ce pas ? Non, vous n'êtes pas obligée de me répondre...
Et concernant Orys, je sais qu'il ne devait pas s'attendre à épouser une princesse, à épouser un royaume. Malgré tout, je ne suis pas certaine que ce soit ce qui pose problème, il a bien assez de caractère pour faire face à n'importe qui. Non, le problème réside en son attachement pour sa famille. Je... J'aime Roward, et je sais qu'il m'aime et qu'il aime Dorne plus que tout. Mais je sais qu'il fera tout son possible pour devenir le roi que l'Orage attend, pour protéger son nouveau royaume. Orys, lui... Je n'en suis pas aussi certaine. Je lui laisserais bien du temps, mais vu qu'il combat pour son royaume, je ne pense pas non plus que cela l'aide à assimiler ses nouvelles responsabilités comme vous dites. »


Je lui rends son regard, esquissant un mince sourire quand elle vérifie autour de nous. Mais nous sommes seules, dans mes appartements, et les seules personnes à proximité étant Célène et Elios, j'avoue que je ne m'inquiète guère. Je secoue la tête.

« Je sais fort bien que vous ne direz rien. Je n'aurais sinon pris le risque de vous en parler. Je ne sais si cela est réellement une faille. Pensez-vous que cela rende plus faible ou fragile ? Je ne parle pas physiquement, mais j'avais plutôt l'impression que le fait d'attendre un enfant était une raison supplémentaire de se montrer forte et assurée. Quant à vos propos, ils ne font que faire échos à mes pensées actuelles. Il n'est même pas encore né que déjà, je suis... Oui, ravie et effrayée c'est un bon résumé. Il y a tellement de choses et je me sens si... impuissante à ce sujet. »

Ce qui devait être le cas pour toutes les femmes, du moins à la première grosses, n'est-ce pas ? Ce n'était pas réellement le genre de conversation que l'on pouvait avoir, ce n'était pas le genre de choses dont on parlait et que l'on connaissait. Et c'était bien stupide à mon avis maintenant que j'y étais confrontée.
Je retrouve un sourire plus léger alors que nous parlons de son père.

« Le genre de missives aussi lisses et aimables qu'il est possible de l'être, avec quelques piques innocentes bien placées ? La princesse Meria en était également fort friande et je vois tout à fait ce que cela peut donner, je vais donc éviter de trop contrarier Lord Jordayne. Il aura des nouvelles en direct, et vous aurez les vôtres ici même. »

Je la fixe une seconde et inspire profondément.

« Je suis la princesse, mes désirs ne sont-ils pas des ordres ? » J'ai un sourire amusé. « Je tout ce qu'il me faut, je n'ai besoin de rien je vous remercie. Si ce n'est de soldats et de paix, mais vous ne pouvez guère me les fournir je le crains.
Peut-être... je n'ai guère de monde vers qui me tourner concernant ma grossesse, si ce n'est le mestre et il... Enfin, ce n'est point l'idéal... même si pour l'instant, je ne saurais trop quoi vous demander... si cela ne vous gêne pas... peut-être pourrais-je revenir vers vous si jamais j'avais quelques inquiétudes ou questions ? »


Non, ce n'est pas qu'une impression, je suis aussi hésitante et maladroite qu'une jouvencelle. C'est idiot. Pourtant, cela ne se fait pas. Mais si je ne peux lui demander à elle, alors vers qui pourrais-je me tourner à ce sujet ?

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyMer 12 Avr - 0:13

A Dorne, on savait respecter la sagesse des Anciens. Ce n'était pas parce que certains d'entre eux étaient dans un grand âge que leur parole et leur avis perdaient en qualité et en pertinence. Ils étaient là avant nous, et tout comme nous, autrefois, ils avaient pu eux aussi bénéficier du savoir et de la transmission de leurs propres Anciens d'alors. Cependant, nul n'était obligé d'écouter religieusement sans pouvoir donner son avis ou s'exprimer sous le simple prétexte d'être très jeune et de n'avoir encore jamais vu le moindre cheveu blanc venir parsemer sa chevelure. A Dorne, l'âge est une force, mais il est préférable qu'il ne soit pas tenu pour faiblesse. En tout cas, Cally n'avait jamais pu expérimenter quelque brimade et n'avait jamais été imposée au silence juste parce qu'elle était bien jeune par rapport à d'autres. Peut-être son rang faisait-il que l'on ne se permettait pas de lui dire de se taire, mais elle préférait voir son instruction et son éducation servir de prétexte à tout ceci.
    ❧ Je suppose que cela n'a rien de surprenant, nos grands-mères étaient après tout issues de la même génération. Et à ce que je me souviens de ma grand-mère, et à ce que tout le monde m'en a toujours dis, elle était de la même trempe que feue la Princesse Meria Martell ! Mais effectivement, les responsabilités qui étaient les siennes et qui vous sont aujourd'hui échues obligent à quelque visée sur le long terme. Je suppose que la gestion et la direction d'une principauté exigent qu'il en soit ainsi ... ❧
La Princesse Meria Martell avait toujours été avenante et agréable avec Cally, ne s'offusquant jamais de ses origines lysiennes, et ne lui faisait jamais de remontrance sur son caractère. Au contraire, lors des semaines passés au sein du Palais princier, en attendant d'accoucher de son fils Dastan, Cally avait déjà vu quelques sourires amusés sur les lèvres de la Princesse quand elle avait pu rabrouer quelque noble dornien qui l'avait prise pour impotente du fait de sa grossesse. Mais Meria Martell avait également su la résonner, ou plutôt la réduire au silence quand Cally avait initialement pu vouloir regagner le Tor pour y finir sa grossesse, en prétextant qu'elle allait bien et que la Princesse ne devrait pas s'inquiéter. A cet instant là, Meria Martell avait sans doute été tout autant la Princesse de Dorne qu'une femme, une mère, qui connaissait les dangers de l'accouchement et veillait sur cette future vie qui, bientôt, ferait partie de ses sujets. Et aujourd'hui, Cally comprenait tout cela. Car elle était mère. Qu'elle avait mûri, et grandi.
    ❧ Cela ne va guère vous rassurer, mais je crains fort que vous vous en ferez toujours un peu pour le Prince Roward. Il est votre cadet, votre petit frère. Vous vous souvenez de lui quand il était petit, et il a sûrement dû, à l'époque, prendre appui sur vous pour se tenir debout quand il commençait à marcher et qu'il chancelait ... Ces sentiments là ne disparaissent jamais réellement ... Tywan et moi sommes plus âgés que votre frère et Vous, Princesse, mais nous en sommes encore au même stade ! Peut-être les choses sont-elles faîtes pour demeurer ainsi, pour que malgré le temps, la distance et les circonstances de la vie, les liens du sang ne s'en trouvent jamais totalement dilués ou effacés. Père m'a toujours dis que si l'on était incapable de ne plus se sentir inquiet pour l'un des siens, c'est que l'on était toujours fidèle à soi-même, et que c'était un bon signe. Et que si l'on ne peut autant donner cette affection aux siens qu'autrefois, il faut le propager à nos sujets. Alors je comprends parfaitement qu'en devenant Princesse régnante, vous ayez encore plus qu'avant endossée les atours de l'autorité et du parent protecteurs. ❧
La somme des responsabilités n'attendait malheureusement pas le nombre des années. Plus vous étiez haut dans la hiérarchie, plus vous déteniez un grand pouvoir, et donc nombre d'obligations devenaient les vôtres. Il ne s'agissait pas, alors, d'échouer, de se montrer confus ou hésitant. Du moins pas publiquement. Cela avait été l'une des leçons que Cally avait eu le plus de mal à supporter. Le fait qu'elle devait ne jamais montrer ses failles et ses faiblesses car on comptait sur elle. Le fait que ses maux et ses peines ne doivent jamais prendre le pas, qu'elle doive être le plus possible en cohésion avec les souffrances des sujets du Tor avant de se focaliser sur les propres siennes. Encore aujourd'hui, c'était une leçon qui ne lui était pas encore totalement acquise. Lorsqu'elle avait vu son époux partir pour le front ... Elle n'avait pu s'empêcher de culpabiliser en pensant à toutes ces autres jeunes femmes du Tor, certaine que plusieurs d'entre elles finiraient sans doute veuves avant la fin de la guerre. Que les Dieux la préservent d'un tel sort ! Alors, face aux questionnements de la Princesse Deria face à toutes ces difficultés qui étaient désormais dans son esprit, Cally lui offrit un sourire le plus réconfortant et galvanisant possible. Il était inutile de tenir les comptes, entre elles, toutes deux étant parfaitement aux faits de l'importance des forces armées de chacune des grandes Maisons de Dorne, mais Cally se savait à la tête, un jour ou l'autre, du plus important contingent armé après celui de la Famille princière. Que Deria se sache acquise la fidélité de la Maison Jordayne, et donc de ses importantes forces combattantes, et bien Cally espérait que cela libère quelques inquiétudes pesantes des épaules de la jeune Princesse.
    ❧ Nos mères ont mis au monde des guerriers, et vient toujours un jour où cela devient notre lot. Nous enfantons, parfois en y perdant la vie, et nous voyons ces fils partir au combat, un jour ... Les Dieux cherchent probablement à nous éprouver pour que jamais nous ne nous complaisions dans une vie paresseuse et attentiste, je suppose ... A Dorne, nous avons la possibilité de gouverner, en tant que femme. C'est une consolation des plus appréciables, que les autres royaumes peinent à fournir à leurs sujettes les plus nobles. ❧ Si les origines de ses parents avaient été inversées, Cally savait pertinemment que sa vie aurait été toute autre. A Lys, on avait beau se parer de descendre des Valyriens, mais cela ne vous accordait aucune place équitable si vous étiez née femme ... Alors qu'à Dorne, les choses étaient toutes autres. Et Cally ne saurait vivre autrement qu'ainsi. C'était dans ses veines, sans doute, et il était de toute façon toujours compliqué ainsi que très ubuesque d'imaginer ce à quoi aurait ressemblé sa vie avec des circonstances et des éléments différents. Cela n'avait plus de sens, car on pouvait alors entièrement refaire le monde ! Mais cela n'empêchait pas de se laisser prendre au jeu, parfois, comme Cally avait déjà pu le faire concernant cette union. Quand elle regardait en arrière ... Elle se disait que, malgré tout, elle n'y changerait que peu de choses. ❧ Cela n'a rien d'indiscret, rassurez-vous. Pour vous répondre ... Pour vous répondre, je dirais que nous avons eu trois enfants, et qu'ils ont tous trois été voulus et désirés, de part et d'autre. Alors Lyvan et moi avons appris à vivre ensembles, à devenir partenaires, pour nos enfants, mais aussi pour le bien du Tor, et parce qu'il est un allié sur lequel on peut compter. En joignant nos forces, et en ne s'attachant pas à obtenir quelque amour passionnel que nous n'aurons jamais l'un pour l'autre, je pense que nous sommes parvenus à construire quelque chose de puissant, malgré tout. Il n'y a rien que je ne ferais pour lui, et il ne m'a jamais plus donné de raison de douter de la réciproque. ❧ Concernant les difficultés et doutes que la Princesse Deria semblait d'ores et déjà ressentir à l'égard de son époux ... ❧ Je ne peux vous donner de grands conseils matrimoniaux ni même m'immiscer dans votre couple Princesse, mais je ne peux que vous enjoindre à discuter de tout cela avec le Prince Orys. La communication est l'une des clefs, que ce soit dans un couple ou dans toute relation qui soit. Vous n'êtes pas simplement son épouse, vous êtes également la Princesse de Dorne. Lorsqu'il vous a épousé, il a accepté certaines clauses matrimoniales, je suppose. Il se doit de les respecter, et non d'effacer de son esprit celles qui pourraient lui déplaire. ❧
Au delà de la traditionnelle clause d'assistance mutuelle qui engageait tous les couples, quel que soit leur statut social et leur position hiérarchique, lorsque vous étiez nobles, vous en veniez à faire inscrire nombre d'autres obligations, droits et devoirs sur votre contrat de mariage. Une sorte de garantie, à moins qu'il ne s'agisse plutôt d'un pacte, d'un document devant d'emblée fixer des règles, et poser un cadre. Cela concerne également souvent les enfants, alors même que lors de la rédaction du contrat matrimonial, l'union n'a même pas encore eu lieu, et qu'il n'est donc pas du tout encore question d'un enfant qui s'annonce déjà ! Du moins, normalement ... Mais les choses sont ainsi, tout est cadré, tout, ou beaucoup, en tout cas. Ainsi, lorsque Lyvan l'avait épousée, il avait toujours su que jamais il n'engendrerait de petits Forrest. Il en avait fait le deuil, ou avait du moins essayé, sans nul doute.
    ❧ Vous êtes vous déjà frottée à la fureur d'une mère Princesse ? Il n'y a aucune force en ce monde qui, à mes yeux, ne soit plus puissante et dévastatrice que celle engendrée par l'amour d'une mère pour son enfant. Une mère est prête à tout, y compris au pire, au plus démesuré et au plus dangereux pour la chair de sa chair, le sang de son sang. C'est quelque chose que les hommes ne comprennent pas souvent. Ils voient la grossesse comme un affaiblissement physique, sans rien comprendre des changements internes que cela provoque, au delà des changements externes. C'est en se sentant affaiblie qu'une femme en vient à craindre pour son enfant, et elle réagira toujours de sorte à ce que cela ne soit plus le cas, à ce que tout danger soit écarté. Une femme s'adapte. Les hommes ont grande difficulté en ce domaine. Alors non, votre grossesse ne sera pas une faille, mais laissez donc nos ennemis croire que c'est le cas, si ça leur chante. Ils n'en tomberont que de plus haut face à votre force décuplée. ❧ Un père aussi était capable de beaucoup pour son enfant. Mais le fait était que, dans l'esprit de beaucoup, un homme pouvait être un père et un homme, alors qu'une femme se trouvait à n'être plus qu'une mère. Une erreur de jugement des plus regrettables ! Mais il ne fallait pas pour autant, en effet, totalement omettre la férocité que pouvait déployer un père, et Maxence Jordayne était de ceux-là. Ce qui était connu. En voyant la Princesse Deria parfaitement comprendre de quoi il en retournait, quelque malice se mit à pétiller dans le regard de Cally. De la malice, et de la connivence. ❧ Exactement ! Je vois que nous nous comprenons, dès lors, je ne peux que vous être reconnaissante d'accéder à ma demande. ❧ Elle incline la tête, avant de se faire plus sérieuse face aux dernières paroles de sa souveraine. A moins qu'elle ne se fasse plus attendrie. Sans être sentimentale à outrance, Cally avait l'âme d'une mère, alors, évidemment, elle ne restait jamais insensible quand il était question de bébé. Ou de maternité. ❧ Vos désirs sont effectivement des ordres, il ne saurait en être autrement. Et en effet, la paix ne dépend pas de moi, et vous disposez déjà de la loyauté et de l'obéissance de toute l'armée Jordayne, je ne peux donc guère influer de quelque façon que ce soit dans ces deux domaines. En revanche, je me ferais un honneur et un devoir d'être là pour vous, peu importe l'heure ou la pertinence que vous pensez voir en vos questions. Je ne saurais vous laisser vous angoisser, vous inquiéter ou vous questionner à outrance. Si je ne peux vous soulager du lourd fardeau princier qui est le vôtre, au moins puis-je vous alléger de quelque inquiétude maternelle. Il n'existe aucune inquiétude stupide, aucune question inutile. Jamais. Pas durant une grossesse. ... Ainsi donc aurais-je finalement réussi à vous extorquer quelque service que je pourrais vous rendre ... ❧ Un sourire amusé naquit sur ses lèvres et se refléta dans son regard. Au moins pouvait-elle essayer de rendre leur conversation plus légère et plus amusante, loin des carcans et de la réalité du contexte au sein duquel elles évoluaient, non ?

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptySam 6 Mai - 21:10

Évidemment que Cally a raison. Gérer un domaine demande des prévisions et estimations, une préparation et un travail quotidien, quant à un royaume... Il exige encore bien davantage d'efforts et d'implication. Les responsabilités... J'avais tellement l'impression d'être dépassée parfois, et de ne pas être à la hauteur des attentes des miens, mais je me contente de hocher la tête à son intention.

« Du peu que je me souvienne de Lady Nymeria Jordayne, elle était effectivement aussi impressionnante que ma propre grand-mère. Disons que c'est identique à la gestion d'un domaine, mais dans une bien plus grande mesure et avec bien plus de conséquences. Ou alors cela n'a rien à voir, et je ne sais absolument pas ce que je fais. »

Je souffle un rire et secoue la tête. Non, je n'en étais pas à ce point-là, il ne faut pas exagérer. J'avais appris il y a bien longtemps à gérer la principauté, à gouverner et à écouter son peuple, à prendre soin de miens. Mais je n'avais pas été préparé à tout cela. Enfin si, techniquement, j'avais appris à m'occuper des troupes et à planifier les actions. Mais je ne m'attendais pas à entrer en guerre... à entrer si rapidement en guerre qui plus est. Mais ce n'est point le sujet. Et pour le reste, je me rends bien compte que la femme qui me fait face appréciait Meria Martell. En même temps, je suis bien placée pour savoir que toute intransigeante et terrible qu'elle fut, elle n'en était pas moins également attentionnée et... captivante, même si ce mot peut sembler étrange pour parler de ma grand-mère.
Je souris alors qu'elle parle de Roward, puis de sa famille.

« Le parent protecteur, ça doit être ça...J'avais pensé qu'en grandissant cela passerait, que quand il atteindrait l'âge adulte, je m'inquiéterais moins pour lui. Mais comme vous le dites, cela n'a rien changé. Et il a beau être le futur roi de l'orage, il reste mon petit frère insouciant et désinvolte, même si ce n'est plus le cas. En vérité, je me suis toujours senti responsable même d'Arianne qui est plus âgée et... Oui, évidemment, je suis responsable du royaume et de mes sujets maintenant. Je vais écouter Lord Jordayne et considérer cela comme un signe que je suis toujours moi-même et que c'est positif. »

De toute manière, ce n'est pas comme si je pouvais penser autrement. Comme si on m'avait appris à faire autrement. Être responsable des personnes, en prendre soin, était une obligation lorsque l'on était noble, non ? Alors, en faisant partie de la famille Martell... En étant suzerain de ces terres, ce n'était pas envisageable d'agir autrement. Pas pour ma famille, ni pour moi. Pourtant, je sais bien que je ne suis pas encore assez forte, ni assez assurée. Je devrais être imperturbable et sûre de moi, comme l'était la précédente princesse. Certes, elle n'avait pas dû l'être de suite je le sais bien, mais je l'avais toujours connu ainsi. Faisant passer le royaume et son peuple avant tout le reste, sans même y songer. Capable de résoudre toutes les situations avec un calme absolu et donnant cette impression de roc inébranlable. Et j'essayais de tendre vers cet idéal en quelque sorte, même si j'en étais encore loin. Et le fait que Cally me rappelle qu'ils croient en moi, qu'ils me font confiance, n'ait pas négligeable. Cela me rassure sans doute plus que je ne l'avouerais. Je hoche la tête.

« Oui, nous avons de la chance en tant que femmes, nul autre royaume ne nous aurait laissé autant de chances et de possibilités. Même si nous ne pouvons accompagner ces guerriers, au moins, pouvons-nous être utile et construire quelque chose. Je deviendrais sans doute folle si je n'étais pas occupée à longueur de temps. »

Je préférais encore me faire un sang d'encre et me demander sans cesse si je prenais les bonnes décisions et si je n'allais pas mener mon royaume à la ruine que de devoir rester les bras ballants à voir le reste du monde avancer sans moi, à regarder mes frères partir au combat sans pouvoir les aider en quelque manière que ce soit. Quand bien même il m'arrivait en de rares occasions de me demander comment serait ma vie si je n'étais pas la princesse de Dorne. Au final, je n'aimais pas ce qui en ressortait. Ce royaume était à moi et je le protégerais tant bien que mal. Plutôt bien que mal dans l'idéal...
Je grimace un sourire, me faisant instinctivement plus douce et attentionnée quand elle parle d'elle et de son époux.

« Aucun mariage n'est parfait et l'amour est rarement de mise pour ceux de nos rangs. Mais si chacun fait des efforts et des compromis, alors il se peut que l'on arrive à quelque chose... d'intéressant. À construire quelque chose comme vous l'avez fait vous-même. » Je secoue la tête. « Je ne vais pas vous demander des conseils matrimoniaux. Nous avons discuté. Être partenaires à défaut d'avoir autre chose pour le moment nous convenait aussi et cela commençait à bien fonctionner. Mais comme je l'ai dit, je crains qu'il ne se soit pas rendu compte de ce que ce mariage impliquait pour lui et son rôle à venir pour le royaume. Ou plus certainement, je crains qu'il n'en ait cure. Mais je lui parlerais, il le faudra bien si aucun autre ne m'écoute et n'accepte de tenir les engagements pris. J'aviserai avec mon conseil. Navrée de vous importuner avec tout ceci Lady Jordayne. »

Même si je savais déjà ce qu'ils me répondraient et me conseilleraient. Ils étaient plus âgés et plus sages sans aucun doute, et quand bien même la situation les hérisserait autant que moi, je savais d'avance qu'ils chercheraient à tempérer la situation et à aplanir les choses. Quant à Orys... peut-être me faisais-je trop d'idées.
J'ai un sourire plus amusé alors que j'acquiesce.

« Je n'ai jamais pris ce risque, mais j'ai déjà eu le loisir de voir ma mère et ma grand-mère défendre les leurs, et je suis on ne peut plus d'accord avec vous. C'était terrifiant, et cela me paraissait démesuré et quelque peu... inconscient. Mais je comprends déjà mieux, alors que cela ne fait que quelques semaines que je... Quoique j'avais déjà compris en devenant Princesse de Dorne. Je crois que le mot dévastatrice peut en effet prendre tout son sens en de telles circonstances. Tant mieux. Cela m'aidera sans doute à affronter ceux qui nous font face dans ce cas. »

Une personne de plus qui comptait sur moi. Et j'avais beau essayer de me dire que je ne pouvais faire passer cette vie avant d'autres, ce ne serait pas le cas. Dorne est mon royaume, et je donnerai ma vie pour l'épargner lui et ses habitants. Mais cet enfant... oui, déchaîner la fureur d'une mère n'était sans doute pas une bonne idée. Bien que je ne doutais pas davantage que la colère d'un père pouvait être toute aussi destructrice. Et elle semblait bien placée pour le savoir au vu de son regard. Le mien se met à pétiller en retour et j'incline la tête à son encontre. Évidemment que j'accéderais à sa demande. Cela ne me demande guère d'efforts qui plus est. Sans oublier le fait qu'elle se montre à l'écoute et que je sais que je peux lui faire confiance. J'esquisse un sourire en hochant la tête.

« La loyauté de la famille Jordayne est une chance que je ne saurais sous-estimer, tout comme votre sincérité. Et je vous remercie à titre personnel Cally. De vous montrer si compréhensive et de votre future patience à mon égard, car je pense qu'il vous en faudra, même si je tâcherais de ne pas me montrer plus inquiète ou idiote que nécessaire. » Je souffle un rire.  « Et oui, vous avez réussi à m'extorquer un service,  Lady Jordayne, cela vous fait donc tant plaisir ? Vous n'aviez point besoin de cela pour que je vous sois reconnaissante ou que je vous apprécie.
Merci. Pour tout ceci. »


Si je me fais plus sérieuse sur les derniers mots, je conserve néanmoins cette petite étincelle amusée dans le regard.



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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyDim 21 Mai - 22:16

Pour certains, être jeune était une tare, ou tout du moins un handicap. Mais plus que tout, pour ces mêmes personnes, ou encore pour bien d'autres, être une femme était le summum des faiblesses et handicap. Bien évidemment, ce genre de raisonnement avait bien moins cours au sein de la Principauté de Dorne par rapport à tous les autres royaumes du continent de Westeros, mais il n'en demeurait pas moins que l'on pouvait tout de même entendre de tels raisonnements être tenus, de ci de là. Plus particulièrement au sein des Maisons qui se disaient "chanceuses" de toujours avoir eu pour premier né un mâle. Et au sein de la population, les dérives machistes et misogynes pouvaient elles aussi avoir cours, chez certains hommes. Sans doute parce qu'au sein de la foule des paysans, commerçants et autres artisans, on pouvait être bien moins regardant quand au respect des règles de l'héritage. Une femme, ça peut si vite tomber malade, ou vivre une grossesse compliquée ... En tout cas, pour les esprits les plus obtus et les moins progressistes, le pire du pire restait tout de même le fait d'être une jeune femme, et encore plus, une jeune femme qui possédait quelques responsabilités. Cally se refusait tout simplement à songer à ce que pourraient bien penser tous ces êtres fermés d'esprit quant à l'accession de la Princesse Deria à la tête de la Principauté de Dorne. Cela n'intéressait nullement l'héritière du Tor. Elle ne partageait absolument pas ce point de vue, et allait même dans la parfaite direction opposée concernant son raisonnement personnel. Cependant, elle ne fermait pas pour autant les yeux et ne se persuadait pas non plus que tout le monde était beau et gentil, et que tous se réjouissaient des récents événements. Il ne fallait pas non plus être demeurée ou trop crédule, quand même ! On ne chassait pas ces choses là d'une simple pichenette. Tout comme on ne changeait pas du jour au lendemain. Concernant toute potentielle misogyne, ou tout trait de caractère porté sur la protection des siens et des plus jeunes au sein de sa fratrie, par exemple !
    ❧ Et bien, je suis sûre que si mon cher père était là, il rougirait de fierté que de voir l'un de ses conseils vous être potentiellement utile Princesse ! ... Il n'y a rien de répréhensible ou de honteux à s'en faire pour votre frère. Il vous faut juste apprendre à diluer un peu vos craintes et vos inquiétudes et à le laisser prendre un peu d'indépendance ... Si vous y parvenez de façon efficace, cependant, je vous prierais de me donner votre technique : je crains de ne pas exactement y être parvenue, personnellement ... Sans doute parce que Tywan n'est point encore marié, et qu'il demeure donc partiellement au Tor, encore ... ❧
L'impassibilité n'était pas l'une de ses qualités. Et sa patience avait des limites. Cally était née pour être l'héritière du Tor, ou tout du moins avait-elle été élevée et éduquée pour le devenir. Dès lors, on n'avait eu de cesse de la stimuler, de l'enjoindre à être active et réactive. Alors, évidemment, aujourd'hui, elle continuait de suivre la même voie et d'adopter le même raisonnement. Mais avec l'âge était venu la compréhension de certains concepts qui la faisaient quelque peu enragée. Bien évidemment, elle avait appris la grande histoire des conflits, des guerres internes au sein de ce qui était aujourd'hui la Principauté de Dorne, à l'heure où les lieux étaient alors peuplés de multiples petits royaumes dirigés par des rois en éternels conflits. Elle avait compris assez tôt ce qu'était la guerre, et à quel point cela pouvait être meurtrier et dévastateur. Mais arrivée à l'âge adulte, elle avait compris que la guerre était surtout l'apanage des hommes et qu'elle devait s'y faire. De la même façon, elle avait dû se faire à l'idée que, même en tant qu'héritière, elle ne se verrait nullement garanti de pouvoir épouser un homme qui l'écouterait et la respecterait dès le début de leur union. Ce qu'il y avait aujourd'hui entre son époux et elle, ils l'avaient construit, pas à pas. Rien ne lui avait été offert sur un plateau d'argent sous prétexte de son statut. Et d'une certaine façon, sans doute y avait-il eu des mariages plus heureux et apaisés que le sien au sein de la simple population ...
    ❧ Vous ne m'importunez nullement Princesse, soyez-en assurée ! ... On ne peut en tout cas jamais comprendre ce à quoi consiste le mariage tant que l'on n'est pas marié soi-même, sans doute. Et chaque mariage est différent, si différent ... Je n'ose même pas songer à ceux qui se marient à nouveau après un veuvage : il est possible que ce soit comme tout recommencer de zéro ... Le Conseil fait habituellement preuve de conseils avisés. Je leur fais donc confiance pour vous aiguiller et vous soutenir. ❧
Sans connaître personnellement tous les conseils, Cally pouvait néanmoins se targuer de bien connaître l'un d'entre eux, à savoir Barristan Dayne. Barristan, avec qui elle avait partagé un instant très particulier et assez unique, à la veille de son mariage. Mais, bien évidemment, il s'agissait là de choses dont il ne valait mieux pas parler avec la Princesse Deria. Pas qu'il y ait réellement quoi que ce soit de honteux, mais disons que c'était un sujet assez personnel, et que la jeune femme ne souhaitait en rien que cela porte préjudice de quelque façon que ce soit à son ancien amant d'un soir. Savait-on jamais ... Techniquement, tout ceci s'était passé avant leurs mariages à tous deux, mais il valait mieux ne pas exhumer le passé. L'essentiel était que cela ne les avait en rien conduit à continuer d'être aussi proches charnellement, et qu'ils en étaient devenus amis. Des amis partageant ce secret, qu'ils n'éventaient pas, jamais, n'ayant rien à en obtenir. Ils s'entendaient bien, avaient tous deux, sans doute, des compétences de réflexion et de stratégie, mais ils n'étaient pas sans cesse d'accord sur tout. Ce qui amusait quelque peu le jeune frère de Barristan, Robert ...
    ❧ Utilisez cela comme une force, et appuyez vous dessus. N'ayez jamais honte, et ne reculez pas. Il s'agit là d'une force qu'on ne pourra jamais vous reprendre, et dont on ne pourra vous défaire. ... Cette naissance à venir est aussi la preuve que le futur de la Principauté se dessine déjà, et une nouvelle fois, à travers vous. Je ne peux que m'en réjouir, et vous souhaiter le meilleur pour la suite. ❧ Face aux remerciements et compliments que Deria lui adressait, Cally ne put qu'incliner la tête de façon respectueuse et polie. Il était toujours agréable de s'entendre vanter ses actions et son caractère. D'autant plus lorsque cela pouvait rejaillir sur votre Maison, et encore plus quand cette dernière, elle aussi, se trouvait être remerciée et gratifiée d'agréables paroles. ❧ J'ai des enfants, Princesse Deria, et particulièrement un fils. Et je crains fort que, quoi que vous puissiez dire et faire, vous n'abuserez jamais autant de ma patience que lui ! Quant à ce que vous puissiez être idiote ... Je doute fort que feue la Princesse Meria et feu votre Père aient pu élever quelqu'un dont les capacités cérébrales et cognitives faisaient défaut ... ❧ Aux dernières paroles de son interlocutrice, Cally elle aussi ne put s'empêcher de sourire. ❧ Oui, cela me fait très plaisir. C'est une sorte de challenge personnel que de voir que je ne perds pas de mes capacités de conviction, avec l'âge ! C'est que j'ai déjà 30 ans ... Merci beaucoup de votre confiance et de vos paroles, Princesse. En des temps quelque peu anxiogènes pour moi, cela me conforte dans mon choix de demeurer ici, à Lancehélion. ❧

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyMar 6 Juin - 21:43

Cela doit faire trop longtemps que je n'ai pas réellement discuté avec quelqu'un qui ne fait partie ni de ma famille, ni de mon conseil, et que je n'ai pas discuté de choses sommes toutes plus légères depuis un certain temps également. L'annonce de ma grossesse mise à part. Et encore, peut-on véritablement considérer cela comme léger quand on parle de l'héritier de la Principauté ?
Tout cela pour dire que je suis heureuse de pouvoir ainsi discuter avec Cally. Elle connaît notre royaume, ses nobles, ses habitudes, ses forces et ses faiblesses, certes sans doute pas aussi bien que mon Conseil, ni même que moi à vrai dire, mais elle reste l'héritière d'une des plus grande maison de mon royaume, avec les obligations et connaissances que cela entraîne. Et comme je l'ai déjà dit, je l'apprécie beaucoup à un niveau beaucoup plus personnel. Elle a connu ma grand-mère, je me souviens de l'insistance innocente de cette dernière concernant l'accouchement de la future jeune maman, comme je me souviens avoir tenue Elynor, alors âgée de seulement quelques jours, dans mes bras. Sa famille a toujours été loyale, et elle s'est toujours montrée agréable, souriante et disponible. Je laisse filer un rire, avant d'acquiescer.

« Je suis persuadée que bon nombre de ses conseils pourraient m'être plus que potentiellement utile. Quant à mon inquiétude, je n'ai rien trouvé de mieux que de l'envoyer à de milliers de kilomètres de moi, pour diriger un royaume, qui au mieux nous méprise et au pire nous hais. Je ne suis toujours pas certaine que c'était là la meilleure idée que j'ai pu avoir quand bien même est-il indépendant maintenant... Votre père n'a-t-il entamé aucune négociation avec la famille d'une jeune demoiselle ? Cela peut paraître indiscret, mais si vous le souhaitiez, je pourrais peut-être vous aider. Même si je doute qu'une famille telle que la vôtre ait réellement besoin d'aide à ce sujet, même de ma part. »

Je peux fort bien comprendre qu'il lui soit difficile d'envisager l'avenir avec son frère à ses côtés, même s'il n'y a aucune équivoque concernant l'héritage. Et même si de mon côté, j'ai toujours apprécié et préféré avoir les miens à mes côtés. Et encore davantage depuis mon couronnement à vrai dire. Mais ce n'était pas évident tous les jours pour autant. S'ils sont un soutien, ils sont également les premières critiques et contestations. Sans parler du fait que toute Princesse que je sois, j'avais parfois l'impression de pouvoir moins agir que mes frères ou les autres hommes. Pas aussi directement. Et pourtant, mes actions et mes décisions avaient paradoxalement plus de poids que celles de quiconque. Et non, je ne me plains nullement. Cela fait longtemps que j'ai accepté cet état de fait et que j'ai promis, officieusement et officiellement, de toujours faire de mon mieux, quelles que soit les circonstances. Fussent-elles d'ordres plus ou moins privés, comme pour mon mariage et mon époux.

« Le Conseil m'exhorte à plus de patience en général, alors que la moitié de ses membres marmonnent dans leur barbe leur mécontentement et leur colère envers nos interlocuteurs. Mais je suppose que c'est ainsi pour tout le monde, il y a ce que l'on pense et ce qu'il convient de faire. Que ce soit dans la sphère politique ou privée donc. »  

Chaque mariage est unique et différent comme elle le dit si bien. Ce n'était pas si grave, je m'en remettrai, si l'on pouvait dire. D'autant plus que j'avais donc ma famille et mes conseillers, je n'étais pas seule. Et encore mieux, j'étais enceinte. Enceinte. J'avais encore parfois du mal à réaliser que j'allais donner naissance et que j'allais avoir un enfant. Je souris et hoche la tête en inspirant profondément.

« Le futur. » Je pose les mains sur mon ventre, toujours souriante. « C'est une idée plus qu'agréable. Merci beaucoup Cally. »

Je la fixe  et souffle un rire.

« Je n'aurais pas la prétention de vouloir faire pire que lui. Ni l'envie d'ailleurs. Et mes capacités cérébrales et cognitives sont en effet dans la normale je pense, mon éducation n'aurait pas été aussi aisée... si je peux dire qu'elle l'a été...
Et rassurez-vous, vos capacités de conviction sont toujours intactes. Vous réussissez à me rassurer et à me convaincre que tout est normale et va bien se passer, ou presque... »
Je lui souris. « Ne me remerciez pas, je suis heureuse de partager un moment avec vous. Puis-je faire quelque chose supplémentaire pour vous aider ? Pour que vous soyez plus sereine ? »

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyJeu 22 Juin - 18:38

Il était assez ironique mais également fortement déplaisant à quel point, en ce monde, il reste malgré tout toujours des fonds de relents de circonstances forcément aggravantes pour certaines personnes. Et plus précisément, pour les femmes. Même à Dorne, des dents peuvent grincer lorsqu'une femme se voit être héritière ou, "pire" encore, lorsqu'elle possède d'ores et déjà certains pouvoirs et certaines prérogatives. Alors, imaginez ce que les esprits venus d'autres contrées peuvent bien penser de la situation ! Chez eux, il y a peu de probabilités qu'une femme puisse accéder à quelque position haut placée pour d'autres raisons que son mariage. Pour ainsi dire, si, en certains royaumes, il existe quelques décrets et quelques lois pouvant, le cas échéant, accordé quelque suzeraineté à une femme, les conditions sont un peu tirées par les cheveux, de sorte à ce qu'une telle situation ne puisse que très rarement arrivée, histoire, également, de toujours avoir des moyens un peu biaisés. Etre une femme était, aux yeux de beaucoup, un handicap, une circonstance aggravante. Alors, pensez donc, une femme mariée et de surcroît enceinte, cela ne peut qu'avoir l'esprit loin d'être impartial ! Bien évidemment, une telle femme ne peut être que sous la coupe de leur époux, et leurs actions et décisions ne peuvent qu'être biaisées par leur grossesse et leur surplus d'hormones ! De sorte à ce que le jugement d'une femme ne puisse qu'être critiqué et remis en question ! C'était éprouvant que de plus ou moins toujours devoir se battre, non sans devoir prendre des décisions pour garder la face, comme on dit, à partir du moment où l'on est dans l’œil du cyclone. C'était une situation que Cally connaissait depuis toujours, et elle savait qu'elle n'était pas encore rendue au bout du chemin, compte tenu du fait que, sur le papier comme dans les faits, elle n'était pas encore la Suzeraine du Tor, son père n'étant pas encore décédé. Elle n'avait pas hâte que son père trépasse, mais dans le même temps, elle se prenait parfois l'envie de pouvoir enfin réellement rabattre le caquet de tous ceux qui viendraient à la critiquer, du haut de son titre de Suzeraine ! D'autant plus que, visiblement, elle pourrait vraisemblablement compter sur le soutien de la Souveraine de Dorne. Ce qui était une bonne chose, et pas qu'un peu !
    ❧ Les joies de la belle-famille, n'est-ce pas ? ... Vous n'êtes sans doute pas sans savoir que ma mère est une Celtigar. Elle a de plus été élevée au milieu des Rogare, et des Saan, qui ne sont pas des enfants de chœur. Mon père ne les a jamais apprécié, et ils le lui ont bien rendu ! Sans doute parce que mon grand-père maternel était le seul Westerien auquel ils étaient liés, et qu'il n'a rien trouvé de mieux que d'abandonner ses enfants et son épouse. Je suppose que l'on peut s'estimer heureux qu'ils ne se soient pas encore ligués pour faire disparaître mon père ! ... On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve, et on ne se doute jamais réellement qu'on épouse un homme et sa famille ... Quant au statut de célibataire de Tywan ... Je ne refuserais pas votre votre aide si je ne craignais pas qu'il soit encore trop tôt. Tywan était fiancé. Et tout comme vous, tous deux se sont rendus à Hautjardin, lors des Festivités. Tywan a survécu, pas sa promise ... ❧
Tywan était pratiquement intenable depuis. Déjà, avant ces terribles événements, il lui était plus que difficile de rester en place et d'être patient, alors maintenant ... Cally ne savait trop quoi lui dire et quoi faire pour l'aider. Son frère n'avait jamais été du genre maladroit, ou hésitant, ou timide. Il se lançait, osait, voulait tout faire comme un grand, non sans venir la consulter en cas de soucis, mais seulement après s'être planté. C'était un mode de fonctionnement qui, jusqu'à maintenant, n'avait jamais vraiment posé de problème, mais maintenant ... Maintenant, les choses étaient différentes. Tywan n'avait plus rien d'un petit garçon. Il avait grandi, et il avait mûri. Même sa petite gueule d'ange avait disparu depuis qu'il avait été assez sévèrement blessé, il y a 4 ans de cela, lors d'une bataille contre l'Orage. Il était balafré, maintenant ... Il lui fallait sans doute du temps. Ce genre de chose ne se cicatrise pas en un claquement de doigt. Il était épris de sa fiancée, et ils étaient censés se marier sous peu. Cally comprenait la difficulté de son cadet à aller de l'avant, concernant ce sujet. Elle comprenait car elle aussi avait vécu durement la perte de son premier fiancé. Et sans doute son père se refusait-il à faire la même erreur qu'il avait faite avec elle. Il ne s'était pas encore mis en tête de trouver une nouvelle fiancée à son fils, après avoir vu à quel point il avait pu faire souffrir Cally en décidant qu'elle devait se marier si peu de temps après avoir perdu son premier fiancé.
    ❧ Le jeu des apparences ... Vous comme moi devons bien y jouer d'aussi loin que nous pouvons nous souvenir de quoi que ce soit, et pourtant ... Il y aura toujours des mécontents. Tout comme il y aura toujours des bien-pensants qui se diront que, eux, ils savent tout mieux que tout le monde et qu'à votre place, au moins, eux, ils sauraient faire ce qu'il fallait faire ! Je vous dirais bien de ne pas leur prêter attention, mais il s'agit tout de même du Conseil ! Et pour personnellement bien connaître certains de ses membres, je n'irais pas jusqu'à tous les ranger dans le même panier ! ❧
Après tout, Barristan était au nombre de ces fameux Conseillers. Et s'il avait bien des défauts, il avait aussi beaucoup de qualités, des qualités que Cally n'essayerait jamais de lui retirer ! ... Il avait été là pour elle, à sa façon, lorsqu'elle en avait eu besoin, et jamais il ne lui avait laissé pendre au dessus de la tête la moindre Épée de Damoclès censée lui rappeler qu'elle lui était redevable, et qu'il détenait des informations quelque peu déstabilisantes sur son compte ! Mais le sujet était aux enfants, désormais, et en réponse aux remerciements de la Princesse de Dorne, Cally sourit. Elle sourit car elle comprenait ce que l'on pouvait ressentir face à la compréhension de l'idée même qu'un enfant était une gageure et un investissement pour l'avenir. Quoi qu'il en était, la jeune trentenaire gardait tout de même la sensation d'avoir comme interlocutrice une jeune femme ne pouvant s'empêcher de quelque peu se dévaloriser. Ou en tout cas de se penser moins capable qu'elle ne l'était réellement ...
    ❧ Presque ? ... S'il ne vous reste plus qu'un peu de doute ou d'hésitation, je suppose que je peux être ravie ! ... Passez un moment avec vous m'est agréable à moi aussi. Cela m'évite d'être seule avec mes pensées, et puis, au moins aurais-je eu le privilège d'avoir appris votre grossesse avant la foule des courtisans qui ne manqueront pas de s'en enorgueillir lorsqu'ils apprendront la nouvelle ! Les corbeaux vont pulluler dans le ciel une fois la nouvelle tombée ! Présentement, il n'y a rien que vous puissiez faire. J'ai votre parole quant à avoir des nouvelles du Front. ❧

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MessageSujet: Re: Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé]   Si vous traversez les Enfers, continuez d'avancer ❧ [Tour IV - Terminé] EmptyDim 16 Juil - 19:56

Je grimace malgré moi, avant de rapidement reprendre un visage plus neutre à défaut d’être aussi avenant qu’un instant auparavant. Ce n’est pas réellement une surprise, ce n’est vraiment un secret non plus. Les relations entre Dorne et l’Orage ont toujours été compliquées, et c’est peu de le dire. Malgré les tentatives faites au cours des années pour améliorer les relations, malgré le mariage même du roi avec une Dayne, rien n’y faisait. Toute la frontière est encore à couteau tiré, et ce malgré le lien renouvelé entre nos deux royaumes. Il faut dire que la nouvelle reine justement n’était pas innocente dans ces difficultés, toute demi-dornienne qu’elle soit. Comme s’il s’agissait là d’une tare, elle ne faisait preuve d’aucun sens de l’équité, d’aucune souplesse ou compréhension, se contentant de mépriser et rejeter… préférant se tourner vers d’autres. Qu’importe. Cela me déplaisait plus qu’un peu, d’autant plus pour Roward, mais je n’y pouvais malheureusement rien. Je reprends avec un sourire, un peu amusé, si ce n’est tout à fait sincère.

« J’ai ouïe dire que vos "réunions" de familles étaient quelque peu mouvementées oui. Aucune relation n’est simple dans une famille, encore moins lorsqu’il s’agit de familles nobles j’en ai bien peur. Ne tenir compte que des liens et de l’héritage qui intéressent, c’est malheureusement ainsi que fonctionnent nombre de personnes, quelles qu’elles soient. Et même quand on a beau savoir qu’on épouse également la belle-famille, cela ne change rien, elle parvient à se montrer… surprenante dirons-nous. » Je fronce les sourcils et me refais sérieuse. « J’ignorais suis que la promise de votre frère se trouvait à Hautjardin et qu’elle faisait partie des malheureuses victimes. J’en suis sincèrement désolée. Votre frère doit effectivement avoir besoin de temps pour faire son deuil. Si jamais il y a quoi que ce soit que je puisse faire, n’hésitez pas. »

Même si à ce niveau-là, je doute de pouvoir être d’une grande utilité. Pour le peu que Tywan ressemble un tant soit peu à mes propres frères, il n’en ferait qu’à sa tête. Et s’emporterait si l’on essayait de trop l’aider en arguant qu’il n’était plus un enfant… je caricature un peu, mais c’est pourtant l’impression que m’avait parfois laissé Roward et Anders… et si je pouvais certes les forcer à obéir ou leur interdire au contraire certaines choses, en tant que princesse, ce n’était pas le cas en tant que sœur. Je ne souhaitais nullement mélanger les deux, mais c’était parfois plus facile à dire qu’à faire. De toute manière, maintenant que Roward était marié, maintenant qu’il était roi de l’Orage, je n’avais plus rien à lui dire. Non, pas roi… prince. Mais je ne vais pas revenir là-dessus pour le moment, cela risquerait de beaucoup trop m’agacer. Surtout que cette pauvre Cally n’a rien à voir avec tout ceci. Hum. Et si je note qu’elle parle de connaître personnellement certains membres du Conseil, je ne peux qu’acquiescer à ses propos.

« Oui, il s’agit tout de même du Conseil, qui est là pour aiguiller, conseiller et soutenir le souverain en place. Composé pour moitié d’hommes aussi vieux que l’était feue la princesse Meria, et qui pensent donc savoir mieux que moi comment agir. Ce qui n’est pas forcément faux j’en conviens. Mais ils restent pour autant parfois ancrés dans des habitudes et mœurs qu’il vaudrait mieux oublier et dépasser. Vous avez raison, le jeu des apparences est omniprésent, et il faut rajouter à cela les rancœurs et inimitiés de chacun, que beaucoup rechignent à oublier. Et cette membrane protectrice qu’est le Conseil se transforme ainsi en gangue de rancunes tenaces… Heureusement que je suis parvenue à placer certains membres plus jeunes pour équilibrer et renouveler quelque peu… »

Je comprends parfaitement que tant d’histoire en commun et de guerres soient difficiles à mettre de côté. Toutefois, il faut bien avancer et construire un avenir viable n’est-ce pas ? Je ne parle pas de tout effacer ou pardonner, ce n’est guère possible. Mais le royaume, le peuple compte sur nous. Sur moi. Je ne peux rester de glace alors qu’il combat et meurt. Je sais que quoi que je fasse, il y aura toujours des mécontents et des grondements, et si je ne souhaite nullement un soulèvement du peuple, je ne peux rester à ne rien faire pour autant. Pas alors que l’avenir repose sur moi. Pas alors que je porte l’avenir. Et je dois avouer que c’est rassurant que d’avoir à ses côtés quelqu’un connaissant déjà toutes les interrogations, doutes et peurs pouvant surgir d’une grossesse, quelqu’un ayant déjà vécu tout cela. Car à part elle, je n’ai guère de femmes dans mon entourage ayant déjà des enfants et à qui je peux ainsi me confier, sans être jugée ou autre. Je lui souris.

« Toutes les futures mères doivent douter non ? Il n’y en a guère qui doivent pouvoir se targuer de savoir quoi et comment faire pour un premier enfant. Les conseils sont toujours les bienvenus donc. Et oui, je vais effectivement devoir répondre à moult missives dès que l’annonce sera officielle, j’avais oublié cela… » Je fais un geste en voyant Deran entrer et s’incliner. « Je sais. Je vais devoir vous laisser Lady Jordayne, puisque le Conseil justement m’attend vraisemblablement. J’ai été ravie de pouvoir discuter avec vous et n’hésiterai pas à venir vous voir si le besoin s’en fait sentir. » Je me lève et la salue, lui adressant un sourire. « Et je ne manquerai pas de vous tenir informée. »

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