Ainsi je vais avoir besoin de vous [Tour IV - Terminé]
Sujet: Ainsi je vais avoir besoin de vous [Tour IV - Terminé] Dim 20 Aoû - 17:11
Ainsi je vais avoir besoin de vous
Myria & Lyle
ANNÉE 0 - MOIS 12 - SEMAINE 2 La pluie s’abat sur le campement. La terre ne devient plus qu'un amas de boue sur lequel nous marchons inexorablement. Je contemple l'étendue de ce qui fut les dernières heures du prince Joren. À cet instant même je me demande seulement, si tout cela en valait réellement la peine ? La pluie elle ne s'arrête jamais. Le fracas des armes, de l'acier et de la chair se déchirant perpétuellement se fait de plus en plus lointain. Mais, il est encore là, il raisonne faiblement en moi pour me rappeler qu'ici même, des frères d'armes se sont entre-tués. Mon père me répétait souvent que la bravoure ne venait jamais sans sacrifice. Qu'en est-il de cet instinct meurtrier père ? Quand les hommes ne sont ni plus ni moins que des êtres abjects, des meurtriers, des bêtes sauvages sans foi ni loi ? Y'a t-il une once de courage dans tout cela ? Pourtant j'étais le premier à mugir de la colère. Ce qui venait de se produire ici en quelques heures me semblait encore un acte insolite qui n'avait comme véritable écho qu'un cauchemar irréaliste. La réalité est bien pire que les cauchemars, la vérité c'est que Joren n'était qu'un sale bâtard. Nous ne saurons jamais pourquoi il a voulu prendre la fuite. Et pour allez où ? Tout droit dans les abysses profondes, sombres et froides du Dieu-Noyé.
J'ai assisté au massacre, les cries de rages et l'incompréhension générale qui se changea en un guêpier sans aucune issue, aucune échappatoire. Cette tente au loin n'est plus que la scène d'un crime aussi indigne que misérable. J'aurais sûrement été traité de lâche, indigne d'être un fer-né si Joren n'avait pas tenter de fuir comme un couard. Quelle avenir nous restait-il après ça ? Même en tant que général on peut difficilement prévoir un revirement de situation comme celui-ci. J'étais resté planté là, à entendre l'écho de sa voix, à les voir se transformés et laisser les monstres en eux refaire surface. Qui étaient les plus impitoyables d'entre eux ? Ceux qui taillaient, transperçaient et ruaient de coups le corps de leur prince ? Ou nous, qui ne faisions que contempler ce massacre ? Cela m'en coûtait de dire qu'un jour j'avais songé à mourir pour ce pleutre. Le tambourinement de l'eau s'atténue quand je pénètre dans sa tente. Bientôt la terre se gorgerait de sang à nouveau, que l'on soit de sang royal ou un simple pantin à la solde d'un quelconque monarque. Pour l'heure je devais chasser ces pensées aussi loin de moi que possible. Il me fallait agir, rendre compte de la situation à cette femme qui avait la détermination d'un rapace fonçant sur sa proie. Il avait été son époux, elle était la mère de ses cinq enfants. Quel genre d'homme peut faire cela à son propre sang ? Mes hommes attendaient les instructions, un problème en moins sur la conscience et les choses ne semblent pas s'arranger pour autant. J'entends le tonnerre gronder au loin, funeste présage. J'avais beau être un lord des plus respectés qui empêcherait Harren le Noir de me faire subir le même sort ?
Il se fait tard. Le voile gris au dessus de nos têtes cette nuit se teinte progressivement de noir. Il recouvre peu à peu ce spectacle macabre. Le Conflans semble avoir cette ressemblance avec les Îles de Fer. Sombre, humide et froide, que l'on soit sur une île ou le continent je ne verrais plus grande différence maintenant. Mes yeux s'éclaircissent sous la lueur des bougies éclairant cet endroit. C'est un espace un peu plus charmant et convenable que le mien. La demeure d'une princesse en somme beaucoup plus respectable tout du moins. Je respectais cette femme, j'avais déjà depuis longtemps songé aux limites de ce qu'elle était capable de faire. Je suis seul dans le noir, les flammes s'extirpant de petites chandelles jouant au jeu du clair-obscur. Nous avons été élevés pour prendre position. Nous nous sommes levés pour dominer ce bas monde. Mais, si les dés ne veulent pas rouler en notre faveur, tout s'écroule. La chasse aux traites était ouverte. Le temps qu'Harren daigne nous accorder est écoulé, il est temps de partir. Je me dirige donc vers elle à travers les murmures qui m'indique de prendre cette voie arbitraire. Ainsi je vais avoir besoin de vous, Myria Hoare. Et je sais que vous aurez besoin de moi aussi. Je m'avance, me risquant à paraître rustre, inconvenant, irrespectueux dans ma démarche. « J'attends vos ordres majesté. » Déclarais-je dans un timbre empreint de chaleur humaine et d'une détermination sans faille. Si je pensais qu'elle en était capable personne d'autres ne devraient douter de cela.
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Sujet: Re: Ainsi je vais avoir besoin de vous [Tour IV - Terminé] Dim 27 Aoû - 0:18
Après avoir pataugé dans la boue toute la journée pour donner ses premiers ordres et passer ses troupes en revue tout en réfléchissant au meilleur plan d’attaque, Myria s’était changée. Elle portait une robe de velours verte décorée de galons brodés d’or, de topazes et de tourmalines sous une houppelande de velours vert sombre ceinturée du même galon et ornée au bout des longues manches et sur le col, de fourrure brune. Elle avait enlevé ses bijoux et ses cheveux réunis en une longue tresse tombaient sur sa clavicule dénudée. Durant la journée, elle avait entre autre demandé au forgeron de lui fabriquer une armure légère, cuir et maille, ajustée et avec laquelle elle pourrait monter à cheval. Elle était désormais une cible et elle n’avait aucune envie de mourir d’une flèche perdue ou bien placée.
La jeune femme avait vérifié l’organisation du camp, les tours de garde, passé en revue les troupes. Elle s’était assurée que tout le monde ait à manger et à boire, elle avait eut un petit mot, un sourire, un hochement de tête respectueux pour tous ses hommes qui, eux vivaient dans la boue depuis bien plus longtemps qu’elle et ne s’en plaignait pas. Aussi ne s’était-elle pas plainte, sauf intérieurement, mais elle détestait ce à quoi elle était réduite et la mort atroce qu’elle avait réservée à Joren lui paraissait finalement un bien maigre tribut à payer pour ce qu’il l’obligeait désormais à faire. Ici, sur le terrain des hostilités et aussi par corbeaux interposés. Les pieds dans la boue, le bas de sa robe souillé et trempé, seul le dais sous lequel elle s’abritait l’empe^chait de ressembler davantage à un chien mouillé qu’à une Princesse. Mais elle n’en arrivait pas moins à jouer de ses charmes pour faire de sa personne une figure à la fois assez séduisante et assez altière pour être suivie jusque dans la mort.
La brune aux yeux azur avait aussi planté la tête de Joren sur une pique après avoir coupé ses deux oreilles. En revanche, elle avait fait construir un grand bûcher en forme de boutre pour y brûler les corps de ses gardes et de ceux d’Oksana, la jeune capitaine ainsi que les Frey tués lors de l’affrontement qui avait précédé. Des morts, un bain de sang bien inutiles à ses yeux désormais, tout ça pour un déserteur. Mais tous avaient fait leur devoir, tous avaient fait ce qu’ils pensaient devoir faire en leur âme et conscience et elle respectait cela. Ne venait-elle pas de faire, elle aussi, une chose terrible parce que c’était ce qui devait être fait ? Elle avait choisi, sa famille, son pays plutôt que son époux.
- Tu doutes ? - Toujours. Tu le sais bien, depuis le temps que tu es là. Mais avais-je un autre choix ? - Tu aurais pu le laisser partir. - Oui. Mais tu connais les hommes, sans cadavre sur lequel danser et cracher, ils ne m’auraient pas suivie, l’armée se serait disloquée et je me serais retrouvée sans rien. Épouse en disgrâce d’un traître, sans royaume ni couronne. - Ta foi en l'humanité me fait toujours rire. - Moi elle me fait froid dans le dos, mais elle m’a, jusqu’ici évité quelques déconvenues. - Jusqu’ici ? - Je ne m’attendais pas à ça de la part de Joren. - Il est mort. - Je sais, j’ai tout vu, c’est moi qui l’ai condamné. - Ce n'est pas suffisant ? - Pas tant que je n’aurais pas trouvé un moyen de réparer le tort qu’il à fait. A moi, à mes fils et à ses hommes. Au Conflans. - Tu t’y emploies. - Oui, mais je peux perdre, je joue au Cyvosse avec deux joueurs plus forts et plus expérimentés que moi. Je joue la partie de ma vie. Si je déplace la mauvaise pièce au mauvais moment, je tombe et ma famille avec. - Tu joues dans la cour des grands, c’est ce que tu as toujours voulu. - Je ne pensais pas que ce serait si difficile. J’étais destinée à porter une couronne acquise dans un mariage arrangé et à gouverner un Royaume fort. Je me retrouve sans couronne, sans époux, avec un royaume divisé et ravagé par la guerre. Avec une armée à mener dans une bataille contre des ennemis puissants et organisés qui auront à coeur de nous exterminer tous. L’un est mon propre beau-père, mon Roi et mon amant, l’autre un Empereur qui a décidé de faire disparaître toute trace de la Maison Hoare. - Tu te sens seule ? - Foutrement seule. - Tu as peur ? - Comme jamais. - Qui est tu ? - Je suis Myria Hoare, née Frey, Princesse des Îles de Fer et du Conflans, fille du Sel, du Roc, des Rivières et des Collines...
La Princesse ferma les yeux, inspira longuement et serra le poing, enfonçant ses ongles dans sa paume. Elle l’appuya sur la grande table qui lui faisait face où se trouvaient la carte et les pièces représentant les armées qu’elle avait fait déplacé de la tente de Joren à la sienne, puis donna un petit coup de poing dessus en ouvrant les yeux. Alors, elle leva des yeux pleins d'assurance sur l’homme qui venait d’entrer et parla d’un ton grave :
__ Et moi vos conseils Seigneur Général Salfalaise. »
Myria s’assit et fit signe à son hôte de s’installer sur le fauteuil lui faisant face. Ayant congédié toute sa suite sauf deux gardes, son oncle et son neveu, elle servit elle même deux verres de vin chaud aux épices et en tendit un à Lyle. Elle n’était pas habituée à avoir froid ni à marcher toute la journée dans la boue, et elle avait les pieds gelés et les membres en compotes à la fin de cette première journée, la chaleur de l’alcool et des épices lui ferait le plus grand bien.
__ Buvez, la nuit risque d’être longue. »
La brune leva son verre et but, d’abord une gorgée, du bout des lèvres, en Princesse qu’elle était, puis elle regarda son verre un instant, regardant les armes des Hoare et du Pont danser à la lueur des chandelles. Un pincement au coeur, elle se souvint que c’était Joren qui lui avait offert cette coupe à la naissance de Beron. Alors, elle but tout, d’une traite. Etait-ce pour se réchauffer, pour se donner du courage, pour oublier ce qu’il avait fait, ce qu’elle avait fait ?
__ Craignez vous plus le courroux d’Harren le Noir ou l’Empereur invaincu Torrhen , Messire ? »
Elle sourit d’un air espiègle et continua en s'adossant à son fauteuil.
__ Voila, selon moi, les choix qui s’offrent à nous. Nous pouvons rejoindre Harren, si nous l’aidons à vaincre l’Empire une bonne fois pour toute, peut-être nous laissera-t-il la vie sauve. Nous pouvons aussi rejoindre l’Empire, si nous les aidons à anéantir Harren, j’imagine qu’ils pourraient fort bien nous en récompenser. Enfin, nous pouvons faire cavalier seul, essayer de regagner ce royaume, d’unir à nouveau le Conflans et les Iles de Fer. Je crois savoir que c’est ce que vous avait promis Joren, pensez vous encore que c’est réalisable ? Je lui avais dit que c’était une folie, ce qui m’a valut son silence et la solitude, mais il n’empêche que les cartes ont été redistribuées. Qu’en ferons nous, telle est la question… »
Sujet: Re: Ainsi je vais avoir besoin de vous [Tour IV - Terminé] Ven 1 Sep - 8:50
Ainsi je vais avoir besoin de vous
Myria & Lyle
ANNÉE 0 - MOIS 12 - SEMAINE 2 Derrière ses opales aiguë-marine, se tramait quelque chose de bien plus oppressant que de se retrouver à patauger dans la fange. Celui d'être au contact d'une femme qui n'en était plus une foncièrement parlant. Sa chevelure était trop longue, son corps bien trop chétif, ses yeux beaucoup trop sombres. Sa voix pouvait sortir aisément de vos cauchemars les plus sinistres. Elle ne manquait pas de vous rendre fou à la moindre faiblesse, au simple jugement qui vous jauge, qui vous toise et juge de votre incapacité à être quelqu'un. Ce n'était pas le fait d'avoir exécuté son mari, ce n'était pas le temps et le climat qui nous faisait percevoir cet état dubitatif. Alors le silence se dissiperait à travers le long de sa gorge sépulcrale. La vie et la mort est le lot de tous, nous étions certains d'y passer un jour ou l'autre mais, quand ? Là était la question que j'évitais le plus de me poser en ce moment. On avait du mal à croire que cette femme pouvait prendre le contrôle, prendre l'initiative d'un dialogue devant toute une assemblée, prendre les armes et purifier nos âmes impies d'un sacrifice sidérant et pourtant nécessaire pour la continuité. J'avais perçu depuis quelques temps maintenant déjà cette rage qui sommeillait en elle. Myria Hoare se tenait bien de la dévoiler à tord et à travers. Elle savait contenir cette haine empreint d'une farouche envie d'étriper n'importe quel énergumène. Parfois je me demandais ce que cela pouvait faire, De tenir dans le creux de ses mains un avant goût néfaste du pouvoir. Pour ma part je ne faisais que la contempler, l'admirer et exécuter les ordres.
Se méfier des apparences qu'ils disaient. Outre ses yeux de biche apposée sur cette vaste carte qu'elle semblait dénigrer désormais, la voilà qui me sert un verre. C'est un geste que j'accepte même si mes lèvres reste un temps silencieuses face à ses propos je conserve pourtant beaucoup trop d'intérêt pour elle. Je prenais place, mes yeux allaient du verre à ses prunelles ne pouvant me résoudre de lâcher ce que j'avais en tête. L'atmosphère semblait moins lourde après la première gorgée. La chaleur du liquide vous rend une fière chandelle, un instant de répit bien mérité. Je ne savais pas réellement si je le méritais, pas pour ce que nous avions traversés depuis le début de cette guerre mais, pour ce que nous n'avions pu entrevoir chez lui tout simplement. L'amertume laisse place à la saveur des épices qui semble prête à vous transportée bien loin des tracas et des problèmes que nous allions assurément rencontrer. J'observe cette couleur acre qui me rappelle étrangement les flots rougeâtre se déversant d'entre mes mains calleuses. J'avais osé tout ce qui convenait à un homme de faire mais, celui qui osait d'avantage n'en était plus un. La princesse m'inspirait trop de respect, elle avait cette audace qui coulait dans ses veines. Une épouse, une mère et maintenant une guerrière.
« Je crois que Joren était un homme impétueux et fou. Beaucoup d'hommes sont l'un ou l'autre ou même les deux. Mais, ignorer nos conseils, faire l'aveugle et le muet avec sa future reine... Ce n'était assurément pas la chose à faire majesté. » Mes paroles étaient semble t-il plutôt direct. Je n'en manquais pas les usages, je m'adressais à une femme qui avait mine de rien plus de courage que la plupart des bougres qui combattaient autour de moi. « En ce qui concerne le roi Harren, je sais ce qu'il est et le sort qu'il réserve aux traites. » Je poursuivais, essayant de ne pas m’attarder sur le sujet. Bien sûr que je le craignais, faire fi de cette peur qu'il inspirait était sans doute la dernière chose qu'il fallait faire. « Je préfère de loin combattre l'armée de Torrhen que de me soumettre majesté. Je ne vaudrais pas mieux que Joren si je tournais le dos à mes frères. » Cette dernière parole était juste mais, sévère. Je n'avais pas de tact en ce qui concerne les traites et même si nous étions considérés comme telle par Harren le Noir, il n'aurait pas tardé à nous le faire savoir. J'ai payé le fer-prix, si cela a encore une quelconque notion sur cet amas de terre ressemblant plus à de la bouillie qu'un réel lopin de terre. « Vous avez raison, j'ai cru en lui. Je le pensais prêt à mener son armée et à façonner l'histoire et les récits. Aujourd'hui il est mort... » Je reprend une gorgée, le mélange des saveurs galvanisent mon esprit. Ma langue humecte le bord de mes lèvres et mes yeux plongent à nouveau dans ceux qui me toisent toujours sans piper mot. « Néanmoins vous êtes et restez une Hoare, vous avez la carrure, la trempe et plus d'esprit qu'il n'en aura jamais. » Je renifle légèrement, machinalement je me sent presque stupide et pourtant incroyablement lucide sur la conclusion de ce chapitre. « Ce que vous avez fait, même le roi ne peut s'y soustraire. Cela nous donne une chance de nous en sortir. » Je terminais ma parole par une dernière gorgée laissant mes lèvres s'étirer dans une grimace singulière propre à ma personne je dirais.
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Sujet: Re: Ainsi je vais avoir besoin de vous [Tour IV - Terminé] Jeu 7 Sep - 15:21
La réponse de Lyle Salfalaise arracha un petit rire soufflé de la poitrine de Myria. Sarcastique. Certes, Joren avait eu bien tort de cesser de l’écouter et de lui fermer la porte. Par orgueil, par vengeance, elle aurait pu l’étriper sur le champ si seulement elle ne l’avait pas aimé au point de chercher d’autres solutions, encore et encore, jusqu'à en perdre le sommeil. Elle avait toujours su, depuis leur nuit de noces et plus il grandissait, que cet amour serait sa faiblesse. Elle avait, même après leur dispute, chercher à le sauver de lui même. Elle aurait pu partir, rejoindre Harren, sauver sa peau et ne pas risquer celle de ses enfants. Mais elle était restée, espérant encore qu’il retrouverai la raison. Jusqu'à ce que le point de non retour soit atteint. Alors elle avait su que malgré son amour pour lui, elle devait agir, sa raison contre son coeur. Ainsi, elle avait laissé d’autres tuer Joren à sa place, se venger de lui dans le sang et la violence pour asseoir sa figure princière sur le cadavre du Boucher du Bois du Roi. Ce siège était bien inconfortable par rapport à tout ce à quoi elle était habituée. Alors ce n’était point à cause de son égo mal placé mais pour sauver sa peau, ainsi que celle de tous ces hommes, pour sauver ce fichu royaume qui lui filait pourtant entre les doigts. Avant qu’il n’y ait plus rien à sauver, ni époux, ni enfants, ni couronne.
Si elle avait mal pris le fait qu’il n’écoute pas ses mises en garde, elle comprenait, Il ne voulait pas passer pour un faible et elle n’était qu’une femme qui n’avait jamais goûté le champ de bataille. Soit. Mais quid de ses généraux, eux savaient, ils avaient guerroyer avec lui, ils auraient pu le prévenir que ce qu’il prévoyait était une folie. L’avaient ils fait ? En vain, tout comme elle. Elle savait qu’Oksana, avant de tenter de le tuer, s’était opposée à cette entreprise. Et il ne l’avait pas écoutée, elle non plus, amie de toujours et capitaine de sa garde, elle qui lui avait sauvé la vie et qui connaissait l’odeur de la mort. Il ne l’avait pas écoutée, sans quoi ils seraient encore en vie, elle et lui.
__ Je voudrais comprendre, je l’ai aimé, aussi impétueux soit-il. Mais je ne le pensais pas assez fou pour diviser le Royaume à un pareil moment. Est-ce donc cette maudite guerre qui l’a rendu si déraisonnable ? La trahison de Lord Tully ? Quoi ? Dites moi, vous qui l’avez vu plus que moi ces derniers mois. Et dites moi, que ne l’avez vous pas prévenu qu’il commettait une erreur ? Mais peut être êtes vous finalement aussi fou que lui de l’avoir suivi. Ou peut être est-ce moi qui suis folle de vous faire confiance. »
Se disant, la brune s’était assombrie, elle dardait à présent ses prunelles bleues glacier sur le général assis face à elle. Elle n’avait pas prévu que la conversation irait sur ce terrain là et à la vérité, ils avaient d’autres sujets plus urgents à traiter. Mais puisqu’il avait été, elle le savait, l'un des premiers soutien de Joren dans cette quête du pouvoir. Elle se demandait ce qui avait bien pu pousser ses trois hommes sur un chemin aussi glissant et si elle pouvait à présent se reposer sur l’expérience de Lyle sans risquer un coup de poignard dans le dos.
__ Bien, je pense que ce sera le cas de la majorité de nos hommes et certainement de tous les Fer-Nés. Aucun de nous ne ploiera le genou face à Torrhen. Voilà qui élimine une option. Je suis flattée par vos propos et si vous en pensez ne serait-ce que la moitié, alors je vous remercie, cela me fait chaud au coeur. Je suis une Hoare, et mon fils aîné est le légitime héritier du Trône du Sel et du Roc, seulement Harren ne laissera pas sa couronne au fils du traître si facilement hélas. Pour autant, faire cavalier seul n’est pas une option tant que l’Empire est sur nos terres. Pour vaincre l’ennemi commun, nous devons nous unir et tâcher de laisser de côté les ambitions susceptibles de donner l’avantage à Torrhen. Je négocie avec Harren pour que nous puissions réintégrer l’armée sans subir son courroux. Néanmoins, je sais que le mieux à faire pour lui faire oublier notre trahison est de lui obtenir une victoire. »
La jeune femme but une gorgée de vin et inspira profondément, elle sentait l’alcool de son premier verre, bu un peu trop hâtivement, se déverser en elle. Les picotements le long de son dos et de ses bras, ses joues brulantes et certainement rougies par le vin. Elle laissa ses yeux se perdre quelques minutes dans la mystérieuse danse des ombres et des lueurs orangées sur les quelques meubles et la toile de sa tente. Et murmura, comme pour elle même :
__ En espérant que mes négociations avec l’Empereur nous feront gagner assez de temps... »
La Princesse soupira et but une nouvelle gorgée de vin. Lorsque la coupe en argent aux armoiries Hoare et Frey mêlées se baissa, ses yeux fixaient Lord Salfalaise. Elle laissa, l’espace d’une seconde, ses yeux se perdre dans ceux du général. Il avait un regard et des mimiques étranges, quelque chose d’un peu fou. Elle n’arrivait pas à déterminer s’il avait trop ou trop peu confiance en lui et moins encore si elle pouvait se fier à lui. A la lueur vacillante des chandelles, ses prunelles s’agitaient comme un océan furieux et ses traits se faisaient plus féroces. Était-ce son imagination qui lui jouait des tours, l’effet de l’alcool, de la fatigue ?
Ridicule ! Quel âge as tu donc Myria ?
Myria sourit, se moquant d’elle même et baissa les yeux sur la carte, déplaçant les pièces pour lui montrer ce qu’elle avait prévu avec Harren. Ils voulaient prendre l’armée de l’Empire en tenaille au nord de Vivesaigues.
Sujet: Re: Ainsi je vais avoir besoin de vous [Tour IV - Terminé] Sam 16 Sep - 19:28
Ainsi je vais avoir besoin de vous
Myria & Lyle
ANNÉE 0 - MOIS 12 - SEMAINE 2 Malgré la force et la détermination qui la caractérisait indéfectiblement. Je pouvais percevoir cette faille, ce détail qui érodait cet aplomb qu'elle voulait inlassablement soutenir dans son regard. La réalité est hélas toute autre, nous espérons tous le savoir au fond de nous. Le temps de nous en apercevoir et il est déjà trop tard. Connaître les pensées les plus intimes, les sentiments, les prises de positions et les insidieuses décisions qui se terrait dans l'esprit de Joren n'avait jamais jusqu'ici été une option. Cette simple idée n'avait pas lieu d'être après tout ne nous avait il pas promit une nouvelle vie ? Un avenir plus reluisant et lumineux que celui que son père nous octroyait difficilement depuis plusieurs années maintenant ? Joren était le prince qui avait menée une impitoyable campagne militaire à travers les terres de l'Orage, il avait massacré ses ennemis, batailles après batailles. Cette guerre s'acheva après la mort du souverain orageois. Pour toutes ses raisons je n'avais aucune remarque, aucune réponse utile, assez légitime à lui offrir.
« La plus grande difficulté pour ceux qui sont effrayés est d'agir. Je suis un soldat, un fer-né qui a passé le plus clair de son temps à combattre. Un excès de confiance, l'aveuglement, le déni appelez ça comme comme vous voulez majesté. Joren avait peur, pourquoi ? À vous de me le dire je n'étais pas sa femme. » Mon corps se redresse instinctivement sous la pression d'une parole peut-être trop libéré du poids des bonnes mœurs et des manières envers les gens d'un rang plus honorable et plus précieux par le sang que le votre. Mes phalanges effleurent ce verre encore trop plein. Un léger rictus, incontrôlé, entaille mon visage et dévoile un sourire à l'humeur malingre. Jouer avec le feu ne me déplaît pas, la vigilance est pourtant de mise avec elle ne crois-tu pas ? « Sur nos Îles c'est la loi du plus fort qui prime majesté... L'intrépidité de Joren ma suffit à croire que nous allions réussir, pas sans d’énormes sacrifices nullement... L'audace s'accompagne forcément de sacrifices. Croyez le ou non majesté je vous fais confiance, devrais-je le prouver ? Bien sûr c'est une évidence... » Je n'osais lui déclarer d'avantage, à dire vraie je pensais qu'elle m'imaginait à cet instant plus simplet d'esprit que je ne l'étais vraisemblablement. « Vous avez besoin de moi pour commander des hommes ? Je sais faire ces choses là. Vous avez besoin que je me confronte à vos ennemis ? Je serais le premier à saigner pour vous sur le champ de bataille. Vous ne savez pas si vous pouvez me faire confiance. Je serais à votre place j'en ferais de même mais, heureusement je ne le suis foutrement pas. Qu'on réussisse ou que l'on échoue nous sommes seul face à notre destin. C'est peut-être ce qui faisait si peur à Joren. Nous ne le saurons sûrement jamais. » Je terminais de bavasser, plus je parle plus cela tourne mal généralement. Au moins avec ma femme c'était beaucoup plus simple, elle était trop intimidé jusqu'à présent pour se confronter avec moi directement.
« En revanche je ne doute pas que votre parole est certainement de l'écho auprès du roi. Aussi lointain qu'il soit, pour ça je vous fais confiance aussi il n'irait certainement pas écouter un simple pion comme Lord Bracken ou moi. » J'avais beaucoup d'autodérision à faire ce soir je crois. Quel était le but déjà ? Ah oui, obtenir les ordres de sa majesté. Cependant l'affect et les récents événements détournait facilement l'attention et pouvait prolonger la discussion. Et puis il faisait nettement plus chaud ici que dehors sous cette putain de pluie. « Toutes les options sont bonnes à prendre, que peut-il arrivé de pire dans pareille circonstances ? » Elle était bien plus maline qu'elle n'osait le montrer autrefois. Maintenant ce n'était pas vraiment l'envie ou par choix. Elle n'avait pas vraiment le choix. « L'Empereur n'est guère apprécié dans le coin, tôt ou tard il finira par faire une erreur et il tombera. » Cette réflexion était la mienne, l'opinion générale je savais déjà ce qu'elle en disait à son sujet. Au moins je lui prouvais encore l'attachement que je portais à nos bannières et encore plus l'aversion que je ciblais sur le véritable ennemi dans cette histoire. J'observais sa façon d'être, pompant et princière forcément une femme de son rang avait des mimiques et inversement. Son goût pour la boisson n'échappa pas non plus à mon œil céruléen. Je taisais mes pensées et les gardaient pour moi. Je préférais en finir rapidement, boire d'une traite ce verre qui me faisait le plus grand bien et passé aux choses sérieuses avant que je ne prenne la sale habitude de devenir trop envahissant sur un terrain qui n'était pas le mien.
Je marche et appose mes coudes sur la table tout près d'elle. J'observe ses mains déplacer les pièces les unes après les autres sans broncher. Je crissais simplement ma barbe et laissait une légère moue se former sur mes lèvres zieutant sa personne et sa posture très féminine agir sur cette carte. « Je pense que c'est une décision aussi dangereuse qu'audacieuse. Cela ne fonctionnera que si le roi Harren daigne nous prêter main forte vous en avez pleinement conscience je crois. »
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Sujet: Re: Ainsi je vais avoir besoin de vous [Tour IV - Terminé] Mar 26 Sep - 23:39
Peur ? Joren ? Elle réfléchit quelques instants et la vérité lui sauta à la gorge. C’était donc ça qui l’avait poussé dans cette folie ? La peur. La peur de son père, la peur de se faire doubler, la peur de l’affection qu’Harren portait à Eren et pas à lui. La peur de perdre la face, la peur de perdre le Conflans. La peur et la colère, Oui. La colère aussi, elle le savait, mais la peur expliquait ce soudain revirement. Joren avait toujours été patient, plus patient qu’elle, infiniment plus. Il tempérait, plaçait ses billes, attendait le moment propice, en politique comme sur un champ de bataille. Pourquoi changer de stratégie maintenant ?! La peur, Oui. Elle commençait à comprendre. Et elle n’était donc pas innocente. Ne l’avait elle pas poussé, pressé, pour obtenir cette couronne qui aujourd'hui lui échappait ?
__ Je suis peut-être son épouse, mais c’est avec vous qu’il a passé ces derniers mois, loin de moi et de sa famille, loin de Harren et du Conflans. Qu’importe, il est mort et rien ne saurait me consoler, aucune explication ne saurait apaiser, ni ma colère, ni mon chagrin. Je suis comme écartelée entre l’amour que je lui portais et la vie que nous avons partagée et cette double trahison que je ne saurais pardonner. Mais excusez mes turpitudes, tout cela ne vous intéresse pas plus que les jérémiades d’une pucelle devant le billots. Je dois m’être bien égarée pour discuter conte de fées qui fini en eau de boudin avec le général des Fer-Nés. »
Elle ricana, piteuse et rageuse, triste et revancharde. Consciente que toutes les discussions à propos des motivations de Joren et de ce qui les avaient menés ici et maintenant ne serviraient à rien. Cela ne lui ramènerait pas son aimé, moins encore sa couronne ou la victoire. Et pis. Elle était en train de faire perdre un temps précieux à Lord Salfalaise et de se ridiculiser. Elle but donc, le temps de recouvrer ses esprits et un peu de contenance. Mais, elle ne put s'empêcher de revenir sur un autre sujet qui lui tenait à coeur, pourtant elle s’était jurée de ne point trop en dire. Il était bien trop tôt, ses généraux n’étaient pas prêts à entendre cela, moins encore leurs hommes...
__ L’Empire… Si vous voulez le fond de ma pensée, il ne s’agit pas de valoir plus ou moins que Joren, mais de voir plus loin. Voir au delà des frontières et des clivages. Voir plus loin que l’honneur, le Royaume et la gloire. Voir au delà de nos vies. Vous êtes un homme de guerre, tout comme Joren, tout comme Harren. Fut un temps où le chaos qui résultait de ces conflits incessants me plaisait à moi aussi. Mais ce que j'ai pu y gagner, je l’ai à présent perdu et tel est le piège qui nous est tendu à tous. On gagne ou on meurt. J’ai la chance d’être encore en vie et vous aussi, pour reprendre ce qui nous a été enlevé. D’autres n’ont pas cette chance et peut être que la prochaine bataille sonnera notre fin. Mais s’il m’est donné de vivre assez longtemps pour devenir Reine du Conflans et des Îles de Fer, je souhaiterais que mes fils n’aient pas à se battre sans cesse pour conserver leur Royaume et que le peuple prospère plutôt que de donner son sang dans des guerres sans fins. C’est une utopie, j’en conviens. Tout homme de pouvoir doit se battre pour le conserver et qui veut la paix prépare la guerre. Seulement, nous marchons, nous mourrons, nous tuons et nous ne savons même plus pourquoi. Ce que nous gagnons d’un côté nous le perdons de l’autre dans une quête infinie et idiote pour des terres gorgées de sang. Voilà ce que veut éviter Torrhen à l’avenir, les pillages et les guerres venues des Îles de Fer. Il a abandonné le Nord pour exterminer la menace, comme il a exterminé les sauvageons. Voilà ce que veut Lyham Tully, la paix pour les siens et pour le Conflans, un avenir meilleur. Le plus fidèle des généraux d’Harren, acculé et démuni face à l’armée Confédérée. Je sais qu’il serait mort s’il n’avait vu dans cette alliance un espoir pour le peuple. Comment je le sais ? Parce que j’aspire à la même chose. Parce que tout comme eux je suis las de ces guerres. Et si je pensais sincèrement que l’Empire de Torrhen et Rhaenys était la solution, alors je les rejoindrais sans hésiter. Seulement voilà : je n’ai aucune confiance dans la Targaryen. C’est une étrangère et une usurpatrice, elle pense agir au nom du peuple, mais elle n’a en réalité que sa vengeance et son ambition en tête. Je n’ai pas non plus confiance en Torrhen, il m’a clairement fait comprendre que pour lui, les Nordiens étaient le seul peuple qui vaille la peine de se battre. Je ne l’en blâme pas, J’ai moi aussi plus d’affinité avec les Riverains qu’avec tout autre, mais je ne méprise personne pour autant. Lyham est naïf de croire que cet Empire protégera le Conflans, au contraire, il sera toujours en première ligne. Le Conflans manque cruellement de frontières naturelles et ainsi, nous seront toujours à la merci de nos ennemis. C’est pourquoi il nous faut moins d’ennemis, plus d’amis et d’alliés et si possible de nouvelles frontières plus solides. Tant que subsisteront sept couronnes à Westeros, Il y aura sept fois sept raisons de faire la guerre. Le Conflans se trouve au centre du plateau de Cyvosse, et nous avec. C’est ce que Joren voulait aussi, mais comme son père, Il voulait construire un nouveau continent par la force, Par la peur. De bien mauvaises fondations pour un Royaume et une paix durables. »
La princesse resta pensive, fixant la flamme orangée d’un candélabre posé sur la table. Elle ne savait pas encore exactement comment construire ce Royaume auquel elle aspirait. Il faudrait probablement plusieurs générations pour que la paix et la prospérité gagne tout le continent, Et encore des guerres entre temps, C’était inévitable. Elle ne verrait donc jamais le fruit de son travail, mais il fallait bien que quelqu'un commence et ce quelqu'un, C’était elle. Elle était née pour cela et aucun Roi du Nord, aucun Dragon, ni Roi du Conflans, ni Empereur, ni Impératrice ne l’en empêcherait.
Myria se mit à rire. Penses à reconquérir ta foutue couronne avant de vouloir régner sur le monde entier… Quelle ironie du sort ! Te voilà ici à discuter de tes beaux projets utopistes alors que tu n’est plus que la veuve d’un traître. C’est beau d’y croire encore après ce revers de fortune, mais tu es folle de te confier à lui. Récupères ta couronne ou accepte n’importe laquelle, Tu auras l’air moins bête quand tu parleras de gouverner un peuple prospère et serein.
La brune fronça les sourcils.
Je ne peux pas accepter… La proposition de Torrhen ? Le Bief ? L’éventualité du Bief… Tricia est mon amie, Eren serait mon ennemie et j’abandonnerai les miens à leur triste sort. Mais tu as hésité. Bien sûr, C’était tentant. Mais je pense que j’ai plus de chance de récupérer ma couronne avec Harren qu’avec Torrhen. Advienne que pourra...
Soudain, elle croisa le regard de Lyle et prit conscience qu’elle avait été ailleurs un moment. Elle revint à l’instant présent, dans cette tente qui sentait les épices et l’encens, où la chaleur du brasero lui faisait oublier, pour quelques heures au moins, l’enfer de la boue, de la pluie et du froid humide qui la mettaient à rude épreuve. Et dire que dès le lendemain il faudrait reprendre la route, son séant princier allait encore en prendre un coup de chevaucher toute la journée.
__ Harren viendra. Et j’espère que mes négociations avec Torrhen le dissuaderont de nous attaquer assez longtemps pour nous permettre de réunir les deux armées. »