Discuter avec des têtes mieux titrées qu'elle, parfois couronnées, est devenu un peu moins inconfortable avec le temps. Les leçons d'Oranne Whent ont portées leurs fruits, elle hésite moins, s'excuse moins, a connaissance de la plupart des batailles, des tensions entre les différents royaumes. Elle sait davantage et s'embarrasse moins. Pour autant, discuter de choses sérieuses, politiques ou militaires, demeure un exercice particulièrement pénible pour la jeune Mallister. Pénible, mais parfois nécessaire.

- Votre Majesté.

Eira s'incline, a demandé audience au roi dès son arrivée à Pierremoutier et a été bien vite exaucée. Il n'est plus tant questions de réclamer puisque Salvemer a été rendue par le Bief, ce qu'elle n'a toujours pas pleinement compris. Mais il est question de bien d'autres choses. Et contre toutes attentes, Eira se soucie de ces choses-là. De la rétribution et de ce qu'il adviendra du fief qui l'a vu grandir. Contre toutes attentes, le deuil lancinant a laissé la place à quelque chose de plus pragmatique.

- Je vous remercie de m'accorder cette audience et vous félicite pour la prise de Pierremoutier.

Des automatismes, ancrés dans son esprit par la redoutable mais non moins efficace Lady Whent. Elle lui doit beaucoup, sans aucun doute. Eira fait un pas de plus et cherche le regard de Lyham Tully, qu'elle a plusieurs aperçu au cours de vie sans jamais avoir l'occasion de discuter avec lui. Elle se souvient du mariage de sa fille, Eleanor, auquel elle avait assisté. Elle se souvient du banquet et d'avoir aperçu sa silhouette derrière les tables alignées, les mets et les couples qui dansaient. Ils n'ont jamais eu l'occasion de discuter car ils n'en avaient aucunement besoin.

- Je suis Eira, de la maison Mallister. Fille de Renaud Mallister et sœur d'Alton et Lothar Mallister. Vous avez sûrement combattu à leurs côtés.

Ou du moins, il est les a connu. Ses frères ont embrassé la cause impériale bien avant leur père, c'est pour cette raison qu'elle a eu la chance d'assister au mariage de la princesse Tully. Une autre époque.

- Aux dernières nouvelles qui me sont parvenues, Salvemer vous a été rendue. Si vous le permettez, sire, j'aimerais évoquer avec vous ce qu'il adviendra de ce fief lorsque la guerre sera terminée.

De ce qu'elle sait, de ce qu'elle a pu comprendre, il existe une infinité de possibilités pour la succession de son père. Ce pourrait être un cousin, fils d'une tante. Ce pourrait être un neveu, fils de sa sœur. Ou n'importe qui d'autre, avoir du sang Mallister n'étant pas un prérequis fondamental pour obtenir la suzeraineté de leurs terres. Quoi qu'il en soit, Eira expérimente depuis quelques temps une angoisse sourde qu'elle n'avait encore jamais connu auparavant.

La peur de la disparition de son nom.

The land was gentle enough, rolling hills and terraced fields interspersed with meadows and woodlands and little valleys where willows crowded close to slow shallow steams ... Here farmland gave way to forest, the villages and holdfasts were smaller and farther apart, the hills higher and the valleys deeper  

Pando

Cette salle est immense, intimidante, comme toujours. En son sein, les mots résonnent et ricochent sur tous les murs. Elle a sûrement vu défiler un grand nombre de talentueux chevaliers, une centaine de têtes, une centaine de personnages importants, des têtes couronnées. C'est l'une d'entre elle qu'Eira est venue trouver, désireuse d'en finir avec tout ce qui touche à Salvemer. Le fief leur a été rendu, reste à savoir à qui revient la ruine de ce qu'ils ont été.

Malgré ce qui pourrait sembler, la Mallister n'est pas un énième courtisan venu demander une faveur. Elle ne veut pas davantage de pouvoir. Elle ne veut pas qu'on lui accorde une confiance sourde et aveugle ou qu'on la remercie pour des sacrifices qu'elle n'a pas voulu faire. Elle veut, depuis peu, la justice. Cette soif de justice qu'elle n'avait jamais expérimenté avant mais qui l'a rendue plus grave, plus mature. Elle a besoin d'entendre qu'ils paieront, d'une manière ou d'une autre.

Et le roi Lyham semble tout à fait disposé à l'écouter, attentif à ses mots et à ses états d'âme. Il s'excuse, d'abord.

- Vous ne pouvez être coupable des crimes que d'autres ont commis. Je ne vous en veux en rien et je suis certaine qu'eux non plus.

Elle est sincère, comme presque à chaque fois, et sa voix posée trahit une compassion certaine. Elle sait à quel point il peut être lourd de porter chaque jour le poids des erreurs des autres. De sentir ses mains poisseuses d'un sang qu'elles n'ont pourtant pas fait couler. Et le véritable meurtrier a déjà payé pour ses crimes, lui. C'est sans doute pour cette raison que la proposition du roi l'atteint si peu, elle qui se sent plus proches des morts que des vivants.

- Ce serait un honneur que de voir une telle statue être érigée, Majesté. Je vous en remercie.

Elle accepte, pourtant. Plus par politesse qu'autre chose. Les statues, les monuments sont pour les vivants. Les morts ne se soucient que de pouvoir partir ailleurs, en paix. Et la paix, ils ne l'obtiennent que par la justice. Mais la proposition du roi est bienveillante et permettra sans doute d'apaiser les âmes tourmentées qui ont servies Salvemer et qui continuent de vivre au milieu de ses pierres hantées. C'est aussi important que le reste.

- C'est une excellente nouvelle, en effet.

Il lui explique ensuite l'importance stratégique de Salvemer pour le Conflans, ce dont elle avait plus ou moins conscience. Et qui lui importe toujours peu, cela dit. La sentence tombe ensuite, elle suppose que cette dernière devrait la réjouir.

- Très bien.

Ce n'est pas très bien.

- Si je ne prends pas d'époux et que je n'engendre aucun héritier.

La rousse relève la tête, fait de son mieux pour rester le plus correcte possible, comme dame Whent le lui a appris. Elle ne veut pas remettre en question la décision du roi. Et l'idée qu'une femme obtienne la suzeraineté définitive d'un fief sans aucune supervision lui parait également outrageante. Pourtant, la perspective de se marier lui pose, toujours, un problème conséquent.

- Serait-il possible que le fief revienne à l'un de mes neveux ? Ma sœur Coralie Paege est mère, désormais. Nous supposions que l'un de ses fils pourrait prendre la suite de mon père, une fois adulte.

En vérité, la question n'a jamais été abordée avec son exigeante ainée. L'attention de l'ancienne Mallister est concentrée sur la réparation de leurs pertes. Coralie est ambitieuse, c'est vrai. Mais elle ne l'est certainement pas assez pour profiter de la terrible situation qui fut la leur. Alors pour une fois, cette idée est celle d'Eira.

- Cette possibilité vous semble-t-elle envisageable, Majesté ?

Incertaine, la rousse maltraite un bracelet de nacre à son poignet. Un signe de nervosité qu'elle n'a su corriger.

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Pando

Leur discussion se voit interrompue par un jeune sujet du roi, ce qui fait sourire Eira. Le garçon semble plus impressionné qu'elle ne l'est elle-même par la présence du Tully, une prouesse en l'état. Lyham le traite avec beaucoup d'humanité, de bienveillance. Tant d'attitudes qu'elle n'est pas habituée à observer chez les hommes qu'elle connait majoritairement fermés et rustres. Son regard change alors légèrement et d'une impressionnante tête couronnée, le roi devient simplement une personne avec qui il lui parait moins difficile d'échanger. La seule mention de spectre lui glace pourtant le sang, contre sa volonté. Eira essaie de ne pas y voir de prémonition, elle qui a malheureusement pris pour terrible habitude de voir mourir ceux qu'elle apprécie. La rousse fait de son mieux pour se concentrer sur le souvenir agréable qu'elle a du sourire du monarque, et inspire.

- J'en ai conscience, Majesté.

L'héritage de son fief est une question qui, si elle n'est pas des plus brûlantes, reste importante pour le Conflans. Le confier à des Lord trop ambitieux pourrait priver Lyham de son port principal, en plus d'engendrer de nouveaux conflits qui pourraient lui coûter sa couronne. Eira estime pourtant que sa sœur ne connait que trop bien le prix de la traitrise pour élever de futurs Lord qui causeraient du tort à la stabilité de leur royaume. Sans en avoir de garantie, cependant. Et c'est justement la question que soulève Lyham, à laquelle elle n'a à vrai dire pas de réponse. Il évoque également l'extinction prochaine de son nom, de sa maison. Ce qui lui sert le cœur, il est vrai.

- En effet. Nous sommes désormais voués à nous éteindre.

La constatation est difficile à faire mais les faits sont là. Il y a peu, l'idée l'aurait absolument laissée de marbre. Son enfance fut solitaire et le temps passé à Salvemer a été employée à s'imaginer vivre ailleurs. Aujourd'hui, après tant de sang versé pour eux, pour l'honneur, pour leur maison, l'idée la rend étrangement malade. Eira relève la tête lorsque Lyham lui annonce que cet avenir là non plus ne le séduit pas. Ce qu'il lui propose ensuite lui fait tourner la tête, littéralement. Ses doigts s'entrelacent entre eux, nerveusement, alors qu'elle cherche des mots qui ne viennent pas.

- Je ne sais pas.

Eira a plus ou moins conscience de l'affront qu'elle lui fait en ne parvenant pas à refuser ou à accepter une proposition aussi importante. Mais après tout, offenser des têtes couronnées commence à devenir sa spécialité. La Mallister fait à nouveau un pas vers lui et le siège sur lequel Lyham est installé. Elle essaie ainsi de ramener en ce lieu la convivialité qui s'y était installée lorsque ce garçon est passé et qu'il a fait sourire son roi. Elle essaie de donner à cette conversation sérieuse des airs moins formels et espère parvenir à s'exprimer avec un peu plus d'aisance.

- Vous devez comprendre, Sire, que je ne suis pas de ces Lady instruites qui savent administrer un domaine. Mon enfance, je l'ai passé à fuir mes précepteurs.

Eira sourit largement en évoquant ce souvenir, bien qu'il n'y ait finalement pas de quoi en rire. Si elle avait su, elle aurait tempéré ses envies d'aventure.

- Je m'acharne depuis peu à combler ces lacunes, mais je ne suis pas à même d'assumer la seigneurie de Salvemer seule.

C'est un fait qu'il serait irresponsable de dissimuler. Et elle doute aussi fortement de sa capacité à assurer une descendance à sa maison lorsqu'elle passe le plus clair de son temps à fuir le mariage. Ce qu'elle tait, puisqu'il serait bien trop complexe d'en expliquer les raisons au souverain.

- Je partage vos préoccupations et ne souhaite pas voir mon nom s'éteindre. Mais vous mettre dans l'embarras en ne réussissant pas à assumer les tâches que vous me confiez serait encore plus douloureux.

Eira ose un instant croiser le regard du Tully, en espérant simplement qu'il comprenne.

- Pour autant, j'honorerai la mémoire de mes frères et celle de mon père en vous servant, Sire. Si vous estimez qu'il s'agit pour moi de la meilleure façon de le faire, je m'y plierais.

Elle ignore seulement un peu quel enchantement ésotérique pourrait la transformer en seigneur pour sa maison.

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Pando

Depuis la mort des hommes de sa famille, les dilemmes et les choix impossibles à faire s'enchainent. Elle était avant cela guidée, menée d'une main de fer par son père qui ne lui a jamais laissé d'autres possibilités que celle d'obéir à ses ordres. Et s'ils se sont confrontés bien des fois, cela avait quelque chose de reposant pour elle qui n'a jamais été animée de la moindre ambition personnelle. Si ce n'est celle d'être heureuse. Il y a quelques mois, elle était encore jeune. Elle était encore innocente. Elle rêvait de mariage et d'être aimée, d'élever des enfants simplement. Et cette fille là lui semble si loin de celle qu'elle a dû devenir, par la force des choses.

Alors oui, qu'on lui laisse le choix est étourdissant, vertigineux de bien des manières. Elle commence pourtant à y prendre goût, à comprendre qu'il est possible qu'elle puisse exister par elle-même et pour elle-même. Sauver son nom, ou ce qu'il en reste. Eira cherche à nouveau le regard clair du roi et acquiesce doucement.

- Je vous remercie, Majesté.

Il n'y a que cela à dire, rien de plus pour l'heure. Lyham lui offre le temps de la réflexion, elle l'accepte avec plaisir. Il lui offre aussi une possibilité qu'elle n'avait pas même envisagé. Le tout la laisse vaguement pensive et sans doute lui faudra-t-il plusieurs jours avant qu'elle ne parvienne à prendre un semblant de décision. Elle reste néanmoins surprise de constater que Lyham prend les soucis de ses sujets à cœur de cette manière et lui accorde tant de temps, tant de compréhension.

Sa question suivante, à nouveau inattendue, pique Eira en plein cœur. Elle induit une sorte de panique chez elle qui s'est si souvent posé cette question. Celle de ses croyances, de sa fidélité envers les Sept. Elle se souvient encore fort bien de la manière dont les croisés du Grand Septon avaient investis Salvemer, de la peur qu'elle avait de ces hommes qui semblaient si décidés à tuer. Pour éviter de s'embarrasser de trop de questions sans réponse, la Mallister s'est alors concentrée sur ce qu'elle aime dans l'éducation religieuse qu'on lui a donné. La bienveillance. La compassion. La pitié. Et toutes les histoires qui l'entourent.

- Je le pense, oui.

Elle finit par répondre sans trembler, puisque si elle n'est sans doute pas la plus assidue lorsqu'il s'agit de participer aux offices religieux, elle croit. Et surtout, elle ne pèche pas. La suite du discours du roi ne manque pas, à nouveau, de la surprendre. Elle reste muette un instant, le temps de comprendre à la fois ce dont il s'agit et ce qu'on lui propose. Une seconde. La deuxième est employée à essayer de trouver quoi lui répondre.

- Oh, wow.

Chassez le naturel et il revient au galop. Eira s'empresse de corriger son excès de spontanéité.

- Toutes mes excuses, Sire. Je serais incroyablement honorée de reprendre l’œuvre qu'avait entrepris votre femme.

Même si cela lui semble toujours un peu au delà de ses compétences, elle a davantage confiance en sa capacité à prendre soin des autres qu'à administrer un fief. De plus, elle avait d'ors et déjà demandé à son père de faire d'elle n'importe quoi d'autre qu'une épouse. La malédiction qui est la sienne a déjà suffisamment tué, selon elle. Ce qu'il lui propose fait alors considérablement briller ses yeux d'un espoir qu'elle avait volontairement éteint. Cela veut dire qu'il existe peut-être pour elle un avenir, en ce monde. Un avenir qui n'est pas uniquement voué à la solitude et au deuil.

- Si vous m'accordez le droit de consulter les écrits laissés par sa Majesté pour mettre en place cette institution, je vouerais désormais tout mon temps à la faire renaitre.

Toujours aussi sonnée, la Lady prend néanmoins cet engagement là sans hésiter. Elle sait la chance qui est la sienne et elle sait également combien il a dû couter au roi de proposer à une autre de reprendre le projet de son épouse. Elle évite donc de tergiverser et accepte avec un enthousiasme sincère.

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Pando

Les informations circulent et s'étirent entre ses synapses à vitesse phénomènale, sans qu'elle ne puisse comprendre ce qui la pousse à accepter cette proposition sans hésitation. L'idée, fugace mais bien présente, qu'elle ne mérite peut-être pas cet honneur est bien présente. Pour autant, la riveraine a envie d'être, ne serait-ce qu'un peu, égoïste. Elle a passé ces derniers mois à répondre aux exigences de sa sœur, à tenter d'attirer l'attention des puissants sur le sort de Salvemer, à tenter d'apprendre tant bien que mal à comprendre ce monde qui la dépasse largement. La proposition de Lyham sonne à ses oreilles comme quelque chose qu'elle pourrait faire pour elle. Pour les autres aussi, mais surtout pour elle. Donner du sens à sa présence ici, à tout ce deuil et ce chagrin. Alors malgré un trouble de l'attention de plus en plus flagrant, Eira se concentre et fait de son mieux pour retenir chaque mot prononcé par le monarque.

- Je me rendrai donc à Vivesaigues, votre Majesté. Et ce au plus vite.

Elle marque la pause, légèrement songeuse. La Mallister a conscience qu'il s'agit là d'une grande responsabilité autant que d'une grande chance. Pour la tâche que cela représente mais surtout car il s'agit d'entretenir la mémoire d'une personne chère au cœur du roi. Et elle ne comprend que trop bien cette nécessité, voit toujours les fantômes roder autour d'eux.

- Je tâcherais de faire honneur à la mémoire de votre épouse.

Elle ajoute, un peu plus bas. Comme un secret entre eux. Une façon, pudique, de lui montrer qu'elle sait ce que cela peut représenter. Qu'elle connaît le deuil, qu'elle connaît l'absence. Qu'elle fera de son mieux. Qu'elle sait qu'il est humain lui aussi et sans doute triste à mourir, parfois. Il lui décrit ensuite une existence dévouée aux autres, faire le bien. Gratuitement. Sans attendre de rétribution, de remerciement. Eira acquiesce, prend toute la mesure de la chose. Elle avait après tout demandé à son père de la laisser devenir septa, ou sœur du silence, ou n'importe quoi qui lui permettrait de vivre sans mettre en danger qui que ce soit. Elle avait pourtant conscience à l'époque de sa nature quelque peu indisciplinée, trop libre et trop sauvage qui ne conviendrait guère à ces fonctions. Ce qui lui est proposé lui permet d'allier les deux, lui offrant de pouvoir aider sans pour autant avoir à s'effacer entièrement.

Le roi est interrompu, on lui délivre un message, il ne cille pas. Rien ne transparaît sur ses traits, qu'Eira observe avec un brin de curiosité. Elle aimerait lui demander si tout va bien, ne le fait pas. Les deux riverains ne se connaissent pas et Eira a vaguement conscience, grâce aux enseignements de Lady Whent, de ne pouvoir se comporter avec les inconnus comme elle se comporte avec ses amis. Encore plus quand lesdits inconnus sont des rois et des reines. Alors elle tait ses questions personnelles et attend patiemment la suite de leur conversation. Qui ne tarde pas. Lyham lui demande ce qu'elle compte entreprendre dans un premier temps. Et si c'est tout d'abord un vide spatial qui lui répond, Eira se rend très vite compte qu'elle sait parfaitement quelle serait sa priorité.

- Venir en aide aux enfants.

C'est facile, elle en convient. Mais c'est auprès d'eux qu'elle s'est toujours sentie le plus à l'aise, eux qui sont attentifs aux histoires qu'elle raconte, eux qui ont les yeux qui brillent le plus fort. Et c'est aussi eux qu'elle a vu dans la misère la plus terrible en arrivant à Pierremoutier. Leurs pères morts au combat, leurs mères mortes de chagrin.  

- La guerre a fait des orphelins. Et ces enfants ne méritent pas de s'élever seuls.

La rousse hausse les épaules, c'est du moins l'aide qu'elle se sent la plus capable d'apporter. Si elle est vouée à ne jamais devenir mère, peut-être pourrait-elle en être une pour tous ces enfants qui n'en ont plus. Eira sait pouvoir les comprendre, les aider sans faire preuve de condescendance, elle qui s'est si souvent sentie orpheline.  

- Est-ce que cela vous conviendrait ?

Ses doigts s'accrochent entre eux, font tourner nerveusement les bagues héritées de sa famille. Elle relève la tête, attend.

The land was gentle enough, rolling hills and terraced fields interspersed with meadows and woodlands and little valleys where willows crowded close to slow shallow steams ... Here farmland gave way to forest, the villages and holdfasts were smaller and farther apart, the hills higher and the valleys deeper  

Pando