Lancehélion vit dans l'angoisse d'un nouveau coup d'Etat, depuis les incidents terribles des Jardins Aquatiques. La population se claquemure et craint de nouvelles sanctions. Aerymor Valtigar, Prince de Dorne, vit dans la colère et dans la haine. Il rassemble ses forces. Mille cinq cent légionnaires. Cinq cent dorniens « volontaires », qui tremblent plus que jamais dans leurs casernes palatines alors qu'ils sont tous suspectés d'avoir trempé dans l'attentat contre le dragon Valtigar, abattu à coup de balistes en pleines festivités. La nuit tombe sur une ville quadrillée par le guet, torches au poing... Quand les légionnaires marchent depuis leur campement dans les rues, droit sur le palais. Menés par Aerymor, ils sont des centaines qui passent aisément les quelques patrouilles du guet. Les casernes sont investies ; on barre les portes pour empêcher la sortie de ceux qui se réveillent pendant l'assaut. Ceux qui y parviennent se font impitoyablement massacrer à coups de lances et d'arbalètes, à bout portant. La résistance s'organise mais les légionnaires sont bien plus nombreux, jouissent malgré la prudence dornienne de la surprise. Et les bâtiments sont bien vite ravagés par les flammes. Les portes tremblent sous les assauts de ceux qui veulent sortir. Parfois, craquent, mais ne se déploient que sur des paquets de torches humaines qui finissent lardées de coups de lance et transpercées de carreaux. Aerymor Valtigar, glaive ensanglanté au point, gravé les marches de son propre palais et distribue ses ordres. Tous ceux qui sont identifiés comme dorniens sont impitoyablement trainés dans la cour. Il reste peu de nobles, et aucun seigneur d'importance ni membres de leur famille. Mais tous, sans distinctions, sont envoyés se faire abattre par volées de carreaux ou transpercés en larmes, liés les uns les autres, par le feu de balistes dirigées en tir tendu.


Les gueux sont égorgés en quantité par les légionnaires sur les marches du palais et dans sa cour principale ; on dresse des bûchers à la hâte avec des réserves de fagots et des documents des archives auparavant Martell pour les incendier, jetant vivants dans les brasiers les hommes, les femmes, les enfants. Les Prêtres psalmodient alors leurs antiques salamecs, cherchant de toute évidence à ressusciter le dragon dont la carcasse pourrissante a été trainée sur un vaste attelage. Les hurlements des suppliciés est rejoint de ceux de traîtres ayant essayé d'assassiner le Prêtre Ugor Bernalas, guide et prophète du Dieu Rouge venu semer les graines de sa Foi en Lancehélion. Pourquoi cette tentative ? Nul ne sait, mais les légionnaires fous furieux ajoutent les félons aux brasiers. En cœur, les prêtres scandent leurs antiques prêches et continuent de voir le feu alimenté de dizaines de suppliciés, leur voix et leurs intonations montant crescendo comme le tonnerre, sous le regard noir et fou d'Aerymor Valtigar. Bientôt, les troupes se répandent dans les rues et enfoncent les portes des dorniens terrorisés qui se font traîner dans la rue, massacrés ou réduits en esclavage, emmenés au supplice par les légionnaires qui ne font pas de distinctions dans leurs victimes... En dehors de ceux qui parlent valyrien, comme eux. La purge continue et les incendies se répandent partout. Les hurlements déchirants accompagnent la peinture rouge qui recouvre des venelles entières ; offrandes de sang au Dieu Rouge et aux sombres maîtres du Nouvel Empire Valyrien.


La population résiste. Lancehélion a connu les déprédations fer-nés, et deux capitulations. Le peuple, habitué à oeuvrer au sein de la milice, se regroupe par centaines dans les quartiers encore peu touchés ; ils sont des dizaines de milliers à être brutalement sortis de leur sommeil par les cris déchirants et les incendies qui se répandent. On s'arme de bric et de broc, on s'équipe. Des unités de milice se forment avec la rumeur qui rajoute aux pleurs des femmes et des enfants que les valyriens tuent tous les dorniens sur leur passage.


On fuit alors, et en masse, alors que les cloches des septuaires sonnent le chant de la catastrophe.


Ailleurs, l'autre moitié de l'armée Valtigar prend les corps de garde de la ville d'assaut et ferme les portes. Elles sont assaillies bien vite par des milliers de pauvres hères plus ou moins bien armés mais diablement nombreux. La population fuit en masse, par dizaines de milliers, les déprédations valyriennes. Les hommes du Dragon tiennent résolument leurs positions et l'on se tue dans les escaliers ou sur les chemins de ronde ; les boucliers larges, de pourpre et d'or, forment une muraille assaillie par les masses de citoyens désirant forcer le passage. Avec plus d'une dizaine de portes dont quatre majeures, les faibles effectifs valyriens ne sont que quelques dizaines par corps de garde. Leurs lances frappent les chairs sans protection et empilent les corps, jetés parfois dans les rues d'en bas. Les arbalètes claquent et leurs traits martyrisent la foule paniquée. A la Porte du Soleil, un carré d'une centaine de lanciers valyriens tient trois heures sous l'assaut, ses soldats happés les uns après les autres par la foule qui paie un tribut de centaines de pertes avant de massacrer le carré submergé. A la porte de la Lance, deux centurions valyriens exhortent leurs légionnaires, avant de prendre dans la masse une poignée d'enfants en otages. Des tirs de frondes, de flèches et de javelines les font exécuter une partie de leurs otages mais la foule folle furieuse massacre les valyriens et mutile les corps ; nombre d'entre eux disparaitront en morceaux parmi les tas de cadavres, d'autres seront pendus au corps de garde les parties intimes fourrées dans leur bouche.


Les portes tombent. La deuxième partie de l'armée valyrienne, a un contre vingt, plie et rompt. Au petit matin, ne restent en ville que les traînards, les valyriens réfugiés au palais et les légionnaires qui l'ont protégé toute la nuit d'assauts de milices qui ne voulaient rien lâcheur de leur honneur avant de fuir la ville. Plusieurs assauts ont dû être découragés, aussi bien par l'impénétrable mur de lances des légionnaires que par les volées précises des arbalétriers. Rien n'aura cependant eu plus d'effets que le sort horrible réservé aux prisonniers...


La nuit aura coûté huit cent pertes valyriennes contre plusieurs milliers de dorniennes, incluant cinq cent conscrits, le décompte final rendu impossible par les incendies qui ravagent la ville deux jours durant. Aerymor Valtigar trône alors sur le siège de son pouvoir princier, et prend aussitôt des décisions en tous sens pour affermir son pouvoir sur cité, expurgée d'une population massacrée et forcée à l'exode.

Dans la nuit, des dizaines de navires marchands ont pris le large, fuyant le carnage et la folie du Prince ; il se murmure qu'il ne règne plus lors que sur un tas de cendres.

L'ironie vu que d'autres ordres étaient parvenus, trop tard, du général Pausanias Tancreidon qui souhaitait s'assurer de la bonne discipline de l'armée...

Trop tard. Lancehélion était noyée dans son propre sang et dans la fumée de son agonie, alors que la campagne alentours se tapissait de colonnes de réfugiés privilégiant le nord et le sud, tout plutôt que les valyriens.