Cela faisait des mois, sinon des années, que les histoires liées aux valyriens et à la résurgence de leur Empire couraient dans tout le monde connu. Il y avait eu les troubles de Volantis, d'où le Tigre avait émergé et pris le titre pompeux de Diadoque -de successeur- de l'Empire de l'Ancienne Valyria. Et Ses légions, calquées sur le modèle de leurs glorieux aïeux, avaient alors pris le chemin de la reconquête de toutes les anciennes possessions de l'Empire. Après des allées et venues, des phases d'avance et de reflux, les armées valyriennes avaient repris l'essentiel de l'ancien Empire... Et le Tigre, appelé à l'aide par Deria Martell de Dorne, s'était perdu en Westeros pour tenter d'y cueillir le continent ravagé par la guerre, comme un fruit déjà mûr. Mal lui en pris, car il fut trahi et vaincu, rejeté à la Mer et sa flotte, ravagé par une tempête.
Il n'y a pas de hasard, dans les grands plans du Maître.
Sortant de l'ombre, Tyraemarr Valtigar, à la tête des légions perdues de Valyria, était ressorti de la Mer Fumeuse à la tête d'un noyau de troupes endurcies, armées en maraude de tout ce qui avais jadis fait la gloire de l'Empire. Pendant que le Tigre se faisait manipuler par les Prêtres Rouges de R'hllor, l'homme avait accumulé richesses, et par le rapt, l'esclavage et les alliances locales, le véritable Diadoque de Valyria fit son entrée à Volantis. Alors que les Cités Libres avaient essayé de se séparer de nouveau de l'orgueilleux héritage de Valyria, elles tombaient à nouveau les unes après les autres. Car Tyraemarr Valtigar était à la tête d'une puissance impossible à arrêter ; des dragons, et les machinations des devins du Dieu Rouge. Envoyant deux de ses fils et une fille à l'Ouest, vers l'orgueilleuse mais barbare Westeros, ils devaient prendre contact avec la maison Targaryen et celles de Valyria qui les avaient jadis suivis, avant le Fléau...
Depuis, les nouvelles étaient rares. Les rumeurs de formidables guerres parvenaient jusqu'à Westeros, mais jusqu'aux héritiers de Valyria eux-mêmes ignoraient les réelles avancées de leur père. Les missives étaient rares. Certaines furent perdus, les messages abattus. La vérité était que l'on se battait dur, en Essos, et que tous les coups restaient permis.
On avait appris comment, avec un horrible subterfuge de Grisécaille, Pentos était tombée. Le dragon Korgon avait incendié Myr et l'avait poussée à rejoindre l'Empire déjà formé de Volantis et Tyrosh. Finalement, Tyraemarr pu écrire à ses enfants, et les marchands d'Essos furent porteurs de nouvelles plus détaillées sur ce qu'il s'était réellement passé outre-Détroit.
Ce fut d'abord Norvos qui fut prise, livrée à la vindicte d'une dizaine de légions valyriennes éprouvées par une terrible bataille sous les murs de la Cité contre une alliance disparate venue de Norvos et Qohor. La ville fut livrée au pillage, sa population réduite en esclavage, ses richesses divisées entre les légionnaires et leurs officiers. Par surprise, l'offensive valyrienne poursuivit jusque Braavos, dont les terribles combats devant le port incendièrent des navires par centaines des deux côtés. La Cité, livrée aux attaques de dragon, était à feu et à sang, et finit par négocier sa sortie de la guerre, contre sa reddition et la sécurité de ce qu'il restait de sa population. Lorath quant à elle, éreintée par les raids et pillages endurés des corsaires et armées concurrentes, plièrent volontairement le genou.
Toute la façade occidentale du Détroit passait sous contrôle Valyrien en six mois.
Le regard de Tyraemarr Valtigar était désormais rivé sur Qohor, qui continuait de recruter des troupes pour les masser contre l'Empire. On évoquait la présence de dizaines de milliers de Dothrakis, prêts à se mesurer au dragon, et on aperçut aussi de plus en plus de galères valyriennes dans la Baie des Serfs... Le Nouvel Empire Valyrien asseyait sa puissance. Premier-né de sa portée, Korgon était déjà devenu imposant. Comme si la bête se nourrissait des orgies de massacre et de mort qu'elle provoquait ; on l'avait retrouvée, chevauchée par son maître, en train d'incendier des bâtisses à Braavos, et de déguster tout cuits leurs occupants en ravageant de ses serres et de sa gueule les édifices de bois et de torchis. Sa renommée montait, et il acquis le surnom de la Morghon Ropagon Jēdrar – la Mort tombant du Ciel - , en Haut Valyrien.
Si le Nouvel Empire était au fait de sa gloire, il n'en restait pas moins que sa puissance s'était trop vite étendue. La menace posée par les Dothrakis n'avait jamais été aussi élevée et les régions conquises, vastes cités et réseaux de bourgades irriguant les emprises marchandes des Cités-libres, nécessitaient de nombreuses garnisons. Les légions, exsangues des combats, durent se diviser pour tenir le territoire. Si en Westeros on craignait l'envoi de nouvelles forces -plusieurs légions avaient déjà transité par le Détroit-, Tyraemarr écrivit à ses enfants qu'il n'avait plus de forces disponibles pour le moment, et qu'ils allaient devoir jouer à l'économie de leurs forces, à la diplomatie de leurs mots, et à toute leur ruse.
Il écrivit qu'il pouvait toutefois soutenir leurs stratégies de l'envoi de fonds supplémentaires, de vivres, de matériel, car ses propres caisses regorgeaient de tout. Il leur répondit de prendre toutes les décisions permettant à l'Empire de prospérer, mais qu'il ne s'agissait pas de considérer les westerosi comme des amis ou des partenaires ; quand viendra la grande guerre pour le destin du monde, tous devront être unis sous une seule bannière : la leur.
Il les pria d'écouter Ugor Bernalas, son fidèle conseiller, de répondre à ses demandes car le futur dépend de l'accomplissement de ses visions, et de leurs efforts pour voir l'avenir porter tous ses fruits.
Que les dragons valent tout, et que les périls anciens arrivent. Il faut rallier les Targaryen au plus vite, ou à tout le moins, s'assurer que leurs dragons rallient l'Empire.
Ou ne le combattent jamais.