Sujet: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Lun 14 Déc 2015 - 20:47
Ainsi soit-il
Et donc, c'est la guerre qui s'annonce, grondant au loin.
Encore maintenant, il avait l’impression qu’il était encore dans ce cauchemar de la nuit dernière. Des cris, du sang, les flammes enveloppant la grande place, le chaos. Il avait encore le corps endolori, mais il était tout de même heureux, car Tricia avait été sauvée, réussissant à la rejoindre à temps. Aujourd’hui, tout était redevenu calme, les rues de Hautjardin portaient cependant encore les stigmates des affrontements et des chariots transportaient les cadavres, pour certains en-dehors de la ville, pour d’autres vers le château afin d’identifier s’ils étaient dorniens, oragiens, bieffois. Comment était-ce donc possible ? Lui qui avait oeuvré pour la paix, qui avait réussi à trouver des accords, une rencontre. Mais tout avait volé en éclats et il comprenait maintenant qu’il avait échoué… Pire, qu’il avait toujours essayé de poursuivre une vaine chimère. Il avait demandé à son capitaine de mener l’enquête dans les rues bien qu’il ne se fît pas d’illusions sur ce sujet. Il y n’y avait sûrement rien de bon à en tirer et pour l’instant, de ce qu’il avait comme informations, les dorniens étaient coupables de ce massacre et des conséquences. Mais tout était illogique, pourquoi par les Sept Deria Martell aurait fait ça alors même qu’elle était présente ? C’était s’offrir au bourreau et elle n’était pas idiote. Mais alors ? Était-ce des vrais dorniens ? Des insoumis peut-être ? Des réfractaires à la politique du Soleil de Dorne ? Possible, lui-même avait des nobles qui aimeraient voir les dorniens brûler. C’était une possibilité, mais il y ‘en avait d’autres comme Harren le Noir qui aimerait plus voir le Bief s’occuper ailleurs. Les Lannister ? Non, quand bien même les deux royaumes avaient un lourd passif, mais Loren ne s’abaisserait pas à ça, il avait de l’honneur malgré parfois une certaine duplicité. Concernant le Val et le Nord, il pouvait oublier, de même que pour l’Orage. Mais il restait quelqu’un… Et d’ailleurs il avait sa lettre entre ses mains. Comment osait-elle ? La menace et non pas de son écrit, de celle de son laquais. Mern n’en revenait pas de l’arrogance de cette femme et aussi de son mépris pour les convenances, mais surtout, ce qui le troublait était bien le fait que ce corbeau était arrivé juste avant le massacre, alors que le banquet débutait. Comment pouvait-elle savoir ce qui se passait… Enfin, elle n’avait pas vraiment tout bien saisit, les Martell n’étaient pas otages, juste des invités forcés le temps que tout ce calme et que lui et Deria discutent de ce qui allait se passer.
Il avait déjà envoyé plusieurs ordres, les dorniens devenaient incontrôlables à la frontière et il avait déjà envoyé des corbeaux afin de lever le ban de certains seigneurs afin de sécuriser la frontière. Mais comme ce cauchemar ne voulait pas finir, il avait même envoyé un billet à Manfred Hightower pour qu’il règle la question de pirates qui pillaient les côtes… Au mauvais moment ou peut-être pas, peut être était-ce un plan de Rhaenys Targaryen ? Obliger Mern à garder les Martell pour pouvoir faire bouger les lignes et mettre les armées de Dorne à sa disposition ? C’était un pari risqué, une supposition qui ne regardait que lui, mais il ne pouvait penser à autre chose et surtout, de ce dire que si c’était bel et bien le cas, la dragonne était très rusée. Mais il ne pouvait l’accuser, enfin… Sa lettre était une sérieuse preuve. De toute façon pour l’instant, il devait régler le problème de Dorne avec Deria Martell et rapidement, car sinon, ils allaient au-devant d’une guerre sanglante. Pour l’instant, elle n’était pas encore arrivée, il avait juste fait transmettre un billet pour lui signifier qu’il l’attendait dans son bureau privé afin de faire le triste et bilan de ce banquet et de l’avenir des deux royaumes. Il se demandait comment allait se passer cette réunion de la dernière chance. Il avait des revendications et il était en position de forces. Bien évidemment, elle pouvait jouer aussi à ce petit jeu et c’est la raison pour laquelle il allait devoir être très vigilant.
Et après ? Allait-il pouvoir maintenir son royaume dans la neutralité… Autre chose le troublait, quelque chose qu’il préférait garder secret, mais il n’allait pas le cacher à son frère, pas cette fois. De cette conversation et de ce qu’il allait faire par la suite, sa vie et celle de son peuple allait totalement changer de toute façon. Non, il ne pouvait pas rester inactif, il allait devoir choisit son camp. En y réfléchissant, en s’alliant avec Harren, il éliminerait Rhaenys Targaryen. Mais il se ferait un grand nombre d’ennemis. Le Bief pouvait se permettre, Mern avait les ressources. S’il s’alliait avec la Targaryenne… Il pourrait mettre à mal le Sautoir, mais le problème était qu’elle était allée trop loin dans la provocation et s’il s'alliait avec elle, il aurait une aura de faible roi et il avait encore assez d’arrogance pour ne pas envisager ça. Ainsi donc, devait-il guerroyer ou alors ? Il y avait une autre solution. D’ailleurs, cela le fit sourire et cela avait le mérite de retarder l’inévitable.
Il fut tiré de ses pensées par un bruit à la porte. Après son accord, elle s’ouvrit sur des servants qui mirent en place un siège confortable, face au bureau de Mern ainsi qu’un plateau avec une eau citronnée et sucrée, le vin était le pire ennemi de quelqu’un qui négociait. Après le ballet des serviteurs, Mern se retrouva de nouveau seul à attendre Deria, posant la lettre de la dragonne sur le bureau, bien en vue. Il savait que le Soleil de Dorne était allié avec la Dragonne, mais il avait peut-être un coup à jouer pour faire chanceler cette alliance… Allait-il réussir à préserver le Bief ? Ou alors la guerre était-elle inévitable ?
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Jeu 17 Déc 2015 - 0:32
Je froisse pour la énième fois la missive. Je me lève et arpente à nouveau la chambre, tel un fauve enfermé. Serrant mes bras autour de moi, j’entends à nouveau, encore, toujours les cris et l’animosité qui en découlait. Tout avait si vite dégénéré.
Il y a eu des meurtres. Plusieurs familles. Torturés, violés, assassinés. Ce n’était pas simplement un mouvement de foule en colère, ce n’était pas uniquement des murmures. Il y avait bel et bien eu des morts, de nombreuses et horribles morts. C’était réellement organisé. Des innocents avaient été sacrifiés pour… pour quoi ? Nous faire tuer ? Monter le roi Gardener contre nous ? Ou simplement pour monter son peuple contre nous ? Cela revenait a même au final. Les négociations et la paix qui doucement s’instauraient avaient volées en éclat aussi aisément qu’un miroir tombant au sol. J’ai tout de même envoyé mes gardes, ceux en état, s’enquérir gentiment auprès des miens. Mais je ne crois aucunement que cela provienne de chez moi. Trop de familles et de dirigeants présents, ce serait plus qu’absurde et insensé. Mais je doute d’obtenir plus d’informations…
Je fais bouger ma tête, réprimant une grimace en sentant la douleur. Je n’avais rien. Parce que mes gardes m’avaient protégée, parce que ceux de Mern Gardener m’avaient protégée. Parce que mes frères l’avaient également fait en arrivant au château. Le mestre avait fait toute une histoire en voyant la coupure sur ma joue et en apercevant les bleus par la suite, ceux fait par les projectiles que je n’avais pu malgré tout cela éviter. Je l’avais renvoyé d’un regard, et il avait eu le bon sens de ne point insister. Ma main se porte à ma blessure. Garderais-je une marque ? Peut-être. Etait-ce important ? Non. Aucunement. J’étais allée à l’infirmerie improvisée. J’avais été voir mes soldats blessés, mes nobles heurtés et écorchés. Certains étaient dans un tel état… Lewyn, Deran, … Il leur faudrait du temps pour s’en remettre. Mais ils étaient vivants. Et dans mon égoïsme, je remercie la Mère d’avoir protégée Roward et Anders qui, bien qu’amochés, allaient bien.
Je regarde par la fenêtre et ferme les yeux. Il y en avait tant que l’on avait retrouvés morts. Que l’on n’avait point encore retrouvés. Mais je ne pleurerais pas. Je me suis faite une promesse, et je la tiendrais. Et j’avais déjà eu vent des rumeurs de la frontière. Je ne sais comment ils avaient pu apprendre si vite, comment ils avaient pu d’ores et déjà oublier mes ordres et s’en prendre ainsi à des fermiers. Me pensaient-ils réellement prisonnière ? L’étais-je ? Je grimace. Oui, sans aucun doute. Après ce qu’il s’était passé, cela n’était même pas étonnant. Mon cœur se sert. Tout ce travail, tous ces efforts… tout était reparti de plus belle, comme si les derniers mois n’avaient jamais eu lieu. Des morts et des cendres partout. Je retourne m’assoir pour enfin parvenir à écrire ce courrier.
Je lève la tête alors qu’un garde me présente une missive du roi Gardener. Je le remercie d’un signe de tête. Jolie façon de tourner ce qui ressemblait à une convocation plus qu’à une invitation. Mais cela non plus n’est point étonnant. J’appelle Célène afin qu’elle m’aide à me vêtir. « Etes-vous certaine de la tenue Majesté ? » Je regarde la robe, puis Célène. J’esquisse un sourire. « Oui. Montrons ce que les autres camoufleraient. » La robe, noire forcément, allie transparence et empiècements plus sombre, munis de pierreries diverses sombres. De fines bretelles et un joli décolleté sur le devant. Elle reste sobre, pour moi soit. Et elle ne masque ni les coups reçus, ni mon origine dornienne. Célène me relève les cheveux, dégageant ma nuque et mon visage. Iliyana a été blessée elle. Rien de bien méchant, mais je sais que cela angoisse grandement Célène. Je sens ses mains trembler alors qu’elle place les dernières barrettes. « Va donc prendre de ses nouvelles. Et dis au mestre de prendre grand soin d’elle de ma part. » Elle me sourit et se sauve rapidement.
Je me redresse et me dirige vers les appartements du roi. Je ne suis guère en position de négocier. Entre les meurtres et ce qui semble les rattachés à des dorniens, et les nouvelles révoltes à la frontière… Toutefois, de nombreux dorniens ont été tués, lapidés et massacrés également, suite à l’émeute de la veille. Des nobles, des gens du peuple. Et en allant plus loin, mon armée est déjà en cours de mobilisation. J’ai plusieurs semaines d’avance. Même si ce n’était aucunement pour cela à l’origine, nous serons prêts à nous défendre, ou à attaquer, bien avant lui. Je relève la tête. Peu importe ce que cela coûte, Dorne avant tout. Un garde toque et m’annonce, avant de me laisser entrer. Je m’incline légèrement devant le roi.
« Majesté. »
Je le regarde et esquisse un sourire.
« Je suis heureuse que vous ayez pu rejoindre votre épouse et retrouver votre château sans mal, j’ai craint pour vous lorsque je vous ai vu partir ainsi. » Et pour nous par conséquent. « C’était tout à votre honneur de nous laisser vos gardes. »
Je l’observe et inspire. Autant entrer dans le vif du sujet n’est-ce pas.
« Vous m’avez invité à vous rejoindre pour discuter de cette tragédie… Etes-vous parvenu à obtenir davantage de renseignements concernant ce drame ? Avez-vous … retrouvé les personnes qui manquaient encore à l’appel ? »
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Dim 20 Déc 2015 - 12:40
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Et donc, c'est la guerre qui s'annonce, grondant au loin.
Elle était magnifique, Mern devait avouer qu’il aurait été dornien, il aurait très certainement accompagné Deria Martell dans tous les enfers possibles. Il la soupçonnait d’avoir choisi avec beaucoup de soin ses atours, mais il ne pouvait lui en vouloir et de toute façon, les moeurs de Dorne étaient totalement le contraire des autres royaumes de Westeros. C’est peut-être la raison qui l’a poussé à se mettre en bons termes avec Rhaenys Targaryen ? Une étrangère avec des moeurs tout aussi différents. Mais cette alliance, le roi du Bief ne l’aimait pas. Les relations avec Dorne avaient toujours été mauvaises, maintenant, avec ce massacre, c’était encore pire, ils étaient presque en guerre et ils allaient avoir du mal à calmer les tensions. Les rapports étaient alarmants, les réguliers de l’armée dornienne passaient la frontière, pillant et ravageant la frontière, à ce rythme, les bieffois allaient réagir et l’escalade serait-elle que même la conjugaison des deux couronnes ne pourrait rien changer. Il se redressa de sa chaise, un fin sourire, un sourire las en réalité se dessinait sur son visage. “Princesse.” Il lui fit signe de s’installer alors même qu’elle commença à parler. Il l’écouta attentivement, ne la coupant aucunement. Mern était un homme calme et réfléchit et parler rapidement n’était pas dans son habitude. Elle alla bien vite à l’essentiel et le Gardener poussa un profond soupir. Non pas contre elle, mais contre tout ce qui s’était produit. “Ce n’est rien Princesse. Vous et vos gens êtes mes invités et les Sept m’en préserve, je me devais de protéger vos vies… Même si hélas certains de vos gens sont morts.” La voix de Mern était parfaitement calme, mais l’on pouvait sentir la détresse. Non pas qu’il était dépassé par les événements, mais tout ce carnage l’accablait.
Il prit alors un morceau de parchemin qu’il fit glisser devant la princesse de Dorne, c’était une liste, la liste macabre des morts, des blessés ainsi que des disparus. “Pour l’instant, nous n’avons pas plus de renseignements sur ce drame. Sauf que des dorniens sont impliqués dans le massacre de bieffois ce qui a déclenché l’ivresse vengeresse de la foule. Hautjardin offre pour l’instant des portes closes. Mais je ne vais pouvoir les garder fermer trop longtemps. J’ai donné ordre aux capitaines des portes avec l’aide du guet et de ma garde de filtrer les entrées et sorties. S’ils ont le moindre doute sur une personne, elle sera envoyée à la tour pour lui poser quelques questions.” Il fit une légère pose, prenant le pichet et servit deux verres avant d’en prendre un entre ses doigts, ressentant le froid à travers le verre. “Les rues sont redevenues calmes et le guet patrouille, je ne doute pas que maintenant, certains nobles qui ont très certainement préféré se cacher dans des habitations vont ressortir et chercher la sécurité du château.” Il prit une gorgée avant de reposer le verre et plongea son regard dans le sien. “Maintenant, le problème reste entier. Un corbeau m’a été envoyé par Lord Tarly qui m’informe que des cavaliers de votre armée régulière ravagent les fermes.” Il ne dit rien de plus, elle savait ce que cela voulait dire. Il prit par contre l’autre lettre, celle de Rhaenys Targaryen et la présenta à Deria Martell. “Et voici en plus un corbeau de votre alliée… Un corbeau on ne peut plus clair comme vous allez voir.” Il se permit même de rire légèrement, il devait avouer que l’argentée avait du cran bien qu’elle manquât de diplomatie. “Vous devez savoir que ce corbeau a été reçu pendant le banquet… Ce qui montre que… Et bien la reine de Peyredragon était au courant…” L’information était lancée et il fit très attention à l’attitude de la princesse.
Après tout, elle était totalement concernée et l’ingérence de Rhaenys allait peut-être qu’ajouter des tensions supplémentaires. Le roi du Bief allait devoir réagir et malheureusement, il allait devoir poser ses conditions à la Martel et cela risque de devenir tendu entre eux. La guerre, voilà ce qui pouvait arriver de pire, lui qui avait tout fait pour oeuvrer pour la paix et la bonne entente. Mais il ne pouvait reculer, s’il laissait faire, il aurait l’air faible et sa noblesse l’abandonnerait. Non, au lieu de ça, Mern allait prendre des mesures et lever le ban. Cela aura le mérite de calmer les nobles qui seront occupés à mobiliser et cela sécurisera également la frontière. Il savait que pour calmer Dorne, Deria devait repartir chez elle. Elle avait réussi une fois à calmer ses nobles et peut être qu’encore une fois, elle allait réussir ? Mais pour ça, la belle devra accorder sa confiance au Gardener. Ils n’avaient même pas commencé à parler que Mern voyait déjà de nombreux points de blocage, mais il espérait qu’elle lâche du lest, car sinon, il devra être plus dur et dans ce cas, quand bien même elle avait une armée à sa disposition, lui l’avait à son bon plaisir. Ainsi allait commencer des négociations avec à la clé, l’avenir de deux royaumes.
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Mar 29 Déc 2015 - 1:05
Je chassais toutes les pensées qui me hantaient. Je refoulais la peur, l’appréhension et l’angoisse qui rodaient à la limite de ma conscience et menaçaient de me submerger. Je ne pouvais montrer signe de faiblesse. S’il devait la deviner, je ferais en sorte que cela ne vienne pas directement de moi. Je ne pouvais me permettre de me montrer remplie de doutes et d’incertitudes. Malgré tout ce qui s’était passé, j’étais Deria Martell, Princesse de Dorne. Je me retrouve face à trop de dangers pour moi et mon royaume, je ne peux laisser quoi que ce soit s’engouffrer dans une brèche ou profiter de cet état de fait. Droite et fière, malgré mon envie tempêter et de m’horrifier. Grand-mère serait fière de moi.
Il a l’air fatigué. Je n’ai guère trouvé de repos non plus, ai-je l’air aussi extenuée que lui ? Sans doute. Je n’ai cessée d’attendre et de demander des nouvelles. Et plus celles-ci me parvenaient, plus elles étaient mauvaises et moins j’aurais pu trouver le sommeil. Je le remercie pour son soutien de la veille. Je m’installe alors qu’il m’y invite et reprends aussitôt la parole. Non pas qu’il n’y ait pas de temps à perdre, même si… Mais il m’a fait mander pour parler de cela, à quoi bon tourner autour du pot ? Et je ne cherche pas pour autant à masquer mon inquiétude entièrement. Certains des miens sont tout simplement portés disparus. Est-ce pire que de les savoir d’ores et déjà morts ? Je ne sais, mais j’ai besoin de connaître la situation exacte. Il soupire. Et lui ne cherche pas à cacher sa détresse. Je le remercie d’un sourire.
« C’était un noble geste quoiqu’il en soit. » Je hoche la tête. « Oui, certains n’ont malheureusement point eu de chance… Ils auraient été plus nombreux si vous aviez réagi autrement. »
Je m’empare du document qu’il me tend et le parcourt alors qu’il poursuit. Par les Sept… Il y a tant de morts. Chez moi comme chez lui. Mon cœur se serre et ma mâchoire se crispe légèrement. Je repose lentement la feuille et relève les yeux vers lui.
« Fermer les portes est une bonne idée. Mais je doute que ceux qui ont réalisés ces massacres se soient suffisamment attardés pour se retrouver piéger. Mais peut-être parviendrez-vous à obtenir quelques renseignements effectivement. »
Je pose mes mains sur la table et le fixe.
« Pensez-vous réellement que ce soit des dorniens qui aient commis ces atrocités ? » J’esquisse un sourire plus froid. « Les miens n’y sont pour rien. Je sais ce que pense le peuple. Je sais ce que l’on a pu retrouver sur les lieux. Je sais à quel point certains des miens peuvent se montrer impulsifs et colériques. Je les connais. » Je secoue la tête. « Mais aucun ne serait assez stupide pour agir de la sorte alors que des familles entières de dorniens sont présentes. Alors que je suis présente, avec toute ma famille. Ce serait un suicide. Et tout ceci semble… »
Orchestré. Préparé. Non pas que les dorniens n’en soient pas capables, mais les actes véhéments sont plus coutumiers que ceux réfléchis… Preuve en est des délits commis à la frontière… Et s’il ne veut l’entendre… et bien, nous aurons un réel problème. S’il nous pense réellement coupable… Et même si cela n’est pas le cas, son peuple le pense. Réussir à les calmer sans leur offrir ce qu’ils souhaitent, nos têtes, se révélera sans doute compliqué. J’acquiesce d’un signe de tête.
« J’espère qu’il en aura été ainsi pour la plupart d’entre eux. Et avec vos soldats qui patrouillent, même les dorniens devraient pouvoir revenir. »
Si tant est qu’ils souhaitent venir au château. D’un autre côté, si les portes de la ville sont closes et contrôlées… Ma main s’empare du verre.
« Oui. J’ai également ouïe ces nouvelles… J’ai fait partir un corbeau avant de vous rejoindre, afin de faire cesser tout ceci au plus vite. Et afin de rassurer les miens. Il semblerait qu’ils s’inquiètent de notre sécurité. Même si la tempérance et la patience n’ont jamais de nos vertus, qu’il s’agisse de mes soldats est d’autant plus inadmissible j’en conviens… Les incursions cesseront Majesté. Et nous trouverons un moyen de… dédommager le mal causé. »
Comment, je n’en avais pas la moindre idée. Comment dédommager une vie ruinée ou un père assassiné ? Mais pouvais-je pour autant promettre de punir les coupables ? Il le faudrait sans doute. Mais si je ne pouvais comprendre la rapidité de leur réaction, le pourquoi je le savais… Pour nous… Pour moi… Et c’est alors qu’il me tend un second parchemin. Dont je reconnais le sceau et l’écriture. Je fronce légèrement les sourcils, avant de le regarder. Pendant le banquet ? Je cligne des yeux et m’en empare. Mes sourcils se haussent. Comment par les Sept, peut-elle savoir cela ? Comment a-t-elle pu envoyer ceci alors même que rien ne s’était produit ? Et mon cœur loupe un battement alors que je poursuis ma lecture. Menace-t-elle vraiment le roi Gardener ? Fusse-ce pour notre sécurité, elle ne connait vraisemblablement pas la réelle teneur de ce qui s’est passé ici. Et elle menace un royaume entier ? J’ai un léger rire d’incompréhension alors que je lis le dernier paragraphe. Je le lis une seconde fois pour être sûre d’avoir bien compris. Et mon visage se ferme. Sans savoir, par … mesure de précaution, elle a envoyé un corbeau… aux miens ? A-t-elle réellement envoyé des ordres ? Croit-elle réellement pouvoir le faire ? À mon armée, à mes soldats ? Les agressions, les incendies qui ont lieu depuis le matin seraient de son fait ? Parce qu’elle a cru bon de devoir… informer les miens de ma captivité et de mobiliser mon armée ?? Je repose la lettre, les yeux toujours fixés dessus, sachant fort bien que le roi m’observe toujours. Je ferme les yeux une seconde et inspire lentement, sentant malgré moi ma mâchoire se crisper. La situation ne fait qu’empirer. Peut-être son courrier partait-il d’un bon sentiment, mais il ne fait qu’attiser et exhorter à la colère…
« Je ne sais comment elle a su. »
Et au moment où je prononce ces mots, un doute s’insinue en moi. J’ai été prévenue. Trop tard certes, car je me trouvais déjà ici avec tous les miens, sans possibilités de faire demi-tour au risque de créer un affront… ce qui à posteriori aurait peut-être été mieux. Etait-il possible qu’elle fut au courant de la même manière ? Informée par la même personne ? Pourquoi l’aurait-elle prévenue avant de m’informer moi, la première concernée ? Parce que j’étais sur la route ? Et cela ne lui donnait pour autant aucun droit de menacer le Bief sans savoir ce qu’il en était, et surtout de prétendre diriger mon armée. Je m’empare du verre et bois une gorgée, relevant enfin les yeux vers le roi.
« Il semblerait que la reine Targaryen s’avance sur bons nombres de points. Je lui ferais parvenir un corbeau également, pour … la rassurer quant à notre sort. » Je soupire. « Il est évident que je ne puis me rendre là où elle le désire quand bien même ce serait là mon souhait. Il y a eu trop de morts des deux côtés pour que je puisse envisager de rentrer dans l’immédiat. » Sans parler que je ne sais point si je le pourrais si aisément. Je repousse la missive vers lui. « Je ne sais comment cette lettre a pu partir avant même que le Banquet ne débute. Peut-être a-t-elle entendu certaines rumeurs. Il n’est point secret que nos royaumes ne s’entendent guère… Peut-être s’est-elle inquiétée pour son alliée et son promis, et au vu de son passif, a préféré prendre les devants. »
Même si trop de points restaient obscurs. Même si beaucoup de choses ne me plaisaient pas du tout. Je ne sais quelle attitude, quelle réponse le roi Gardener attendait de moi. Mais je n’allais pas exprimer mes doutes et ma colère contre Rhaenys devant lui. Ce ne serait qu’une faille supplémentaire dans laquelle il pourrait chercher à s’immiscer. Et je devais parler à Rhaenys. Et à Arya.
« Mais il n’en reste pas moins que son corbeau et sa… formulation sont troublants, je vous le concède. »
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Dim 3 Jan 2016 - 23:18
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Et donc, c'est la guerre qui s'annonce, grondant au loin.
La discussion allait être tendu, c’était évident et Mern doutait que tout cela se passe comme prévu mais ils devaient faire vite, réagir vite car sinon, même avec leurs bons sentiments ils n’allaient pouvoir éviter la guerre. Il l’écouta avec attention et ne se permis pas de remarque, tout du moins la laissait il finir de parler, sachant que certaines personnes pouvaient trouver cela étrange mais le roi du Bief était quelqu’un de rusé et il aimait tout analyser avant de parler. En tout cas, Deria était une femme franche et il devait bien lui reconnaître la passion et l’intelligence de cette dornienne. Si la situation n’avait pas été aussi grave, il aurait sourit de façon plus franche mais il ne le pouvait. Car ce qu’elle disait avait du sens et en même temps, il ne pouvait se permettre d’écarter toutes les hypothèses. Soupirant légèrement, il la regarda droit dans les yeux, prenant entre ses mains son cachet royal. “J’en conviens, les assassins sont sûrement déjà loin, tout ceci était trop bien préparé pour qu’ils se fassent prendre ainsi mais au moins, cela permet de calmer les gens.” Oui c’était juste ça et ils pouvaient contrôler les gens. Maintenant, le soucis des tueurs… Oh oui, ce qu’elle disait avait beaucoup de sens mais le problème c’était que même en son sein, un royaume avait des gens voulant toujours plus et Mern ne pouvait écarter l’horrible hypothèse, hypothèse que la princesse balayait par contre. “Je ne suis pas idiot… Il serait bête de commettre des crimes alors que la famille princière que l’on sert est présente mais je ne peux pas non plus l’écarter ainsi devant mes seigneurs qui ne veulent qu’une chose… Votre tête et celles des dorniens sur des piques.” La voix de Mern était froide, clinique mais ce n’était pas une menace, juste un constat terrible. “Cette oeuvre est bien trop minutieuse pour être un coup de sang des vôtres je vous l’accorde cependant et croyez bien que l’enquête ne portera pas d’oeillères.” Oui c’était une promesse, lui même voulait des réponses, de vraies réponses.
En tout cas, il était heureux de pouvoir parler ainsi, elle n’était pas fermée, exigeant de partir, c’était une bonne chose et lorsqu’elle commença à parler des problèmes à la frontière et de ce qu’elle pouvait offrir en retour, le Roi du Bief se fit plus intéresser, plus intrigué. Elle en parlait, mais ne disait rien de plus, lui laissant le loisir de poser d’abord ses conditions. Il le nota dans sa tête alors même qu’elle lisait la lettre de la dragonne, son alliée. Elle était sous le choc, un choc bien différent de celui du bieffois et il n’arrivait pas à deviner ce qui se cachait derrière ce visage qui fut calmé par un verre. Tout en parlant, elle redonna la missive que Mern récupéra. “Je ne doute pas de ses bons sentiments à votre égard, mais comme vous le soulignez… Elle manque de tact… Mais c’est autre chose, un détail comparé au fait qu’elle semblait être au courant. Savoir que Dorne et Bief ne sont pas bons voisins est un fait, princesse, mais pouvoir envoyer un corbeau avant même que la chose ne soit passée est perturbant. J’ai déjà envoyé une missive à Argilac Durrandon pour le mettre au courant, il en tirera les conséquences qu’il souhaite. Pour ma part… C’est une preuve que je ne peux pas écarter. Mais passons. Il y a plus important que ça.” Oh oui, elle savait fort bien ce qu’il voulait dire par là et il n’allait certainement pas être tendre, mais elle devait s’en douter, après tout, ce qui se passait à la frontière.
“Nous parlons ici de milliers de vos cavaliers qui passent la frontière, pillant, tuant, brûlant. Ce ne sont pas de simples incursions. J’ai les rapports ici” il posa une main sur une pile d’autres feuilles. “Croyez bien que je peux calmer mes hommes avec de simples petits raids. Mais en ce moment, j’ai la désagréable impression d’être hué par mon peuple parce que je suis trop… Comment dire ça… Trop gentil. C’est le mot.” La voix de Mern devenait de moins en moins douce, en réalité, il était fatigué de tout ça, il savait fort bien que les attaques des dorniens étaient une réponse de la captivité non voulu de leur princesse, mais d’un autre côté, pouvait-il museler aussi longtemps les nobles de son royaume ? Il avait réussi pour l’instant à les calmer en mobilisant, mais une fois que la mobilisation serait terminée, quoi ? Si Dorne ne c’était pas calmé d’ici là… Il n’aurait d’autres choix. Alors oui, il allait monter aux créneaux, il allait se montrer dur et borné face à elle. “De plus, votre armée mobilisée dans les Montagnes Rouges ne fait qu’exacerber mes gens. Quand bien même il est évident que Dorne est le bouc-émissaire parfait pour ce massacre et que je ne pense pas que ce soit de votre fait… Tout semble être fait pour que la situation se tende.” Triste réalité qu’elle devait partager. “Je vous demande de démobiliser votre armée des Montagnes Rouges, ou fait la partir pour une destination autre, je ne sais guère. Mais vous m’obligez à mobiliser mes propres gens, c’est une escalade princesse et à un moment, même votre dévouement pour votre peuple, votre force de persuasion ne pourra pas changer la triste fatalité d’une guerre. J’ai, je pense fait preuve de bonne volonté à votre égard. Je suis prêt à vous faire partir, vous et une partie de vos gens pour que apaiser la tension, mais en contre-partie, il faudra que vous laissiez un membre de votre famille ainsi que certains autres de vos gens.” Voilà le point qui allait certainement braquer la jeune dornienne. “Ils seront bien traités tout comme vous l’êtes en ce moment même. Je ne pense pas être un monstre non ?”
Il était prêt à lâcher du lest, à offrir à Deria une voie royale vers Dorne pour qu’elle calme ses gens, mais il ne pouvait avoir la faiblesse de la laisser partir elle ainsi que nombre de ses gens, une chose que ses bannerets ne lui pardonneraient certainement pas. Ainsi voilà, il imposait les premières conditions. Il savait qu’elle n’allait pas être si docile que ça, mais c’était le jeu de la politique et il était prêt à l’écouter ses revendications. Il se demandait juste comment cela allait finir. Il savait que la garder ici ne serait pas une bonne chose, que les dorniens ne feraient que continuer encore et encore d’attaquer, mais il était tout de même en position de force. Quand bien même son armée n’était pas entièrement mobilisée, il pouvait faire face à la colère de Dorne, il en avait les ressources et il n’avait certainement pas peur de ce qui pouvait arriver car au final… Il était sur la seule voie qu’il pouvait emprunter, la voie de la guerre, mais il y avait encore une chance, une chance infime, mais c’était risqué, dangereux, il allait devoir être encore plus rusé qu’avant. La dragonne était aussi à prendre en compte, mais c’était moins un souci, car en réalité, elle n’avait pas l’armée suffisante pour l’affronter en plus d’Hoare… Et si jamais elle faisait ça, le Bief se rangerait aux côtés du Sautoir et même avec un dragon, elle ne pourrait pas tous les brûler. Il soupira légèrement, l’horrible vérité, c’est qu’il pensait déjà à la guerre malgré ses envies de paix...
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Mer 6 Jan 2016 - 21:55
Je me doute bien que la situation ne doit pas être plus évidente pour lui que pour moi. Rien de tout ceci ne peut être facile. Fermer les portes et calmer les gens… Les calmer et de les assurer que les dorniens sont tous bel et bien enfermés en vérité. Je me contente d’hocher la tête, un mince sourire aux lèvres. Mais quoi qu’il en pense, quoiqu’en pense son peuple, les miens sont innocents. Cette pensée me rassérène quelque peu, même si je sais que ce n’est pas cela qui changera quoique ce soit au réel problème. Les bieffois eux sont convaincus de notre culpabilité. Il n'y a au final que cela qui compte. Je ne sais si lui y croit, quand bien même il semble affirmer le contraire.
« Il est bien difficile de raisonner et de contrôler un peuple qui hurle à la vengeance. Mais de par notre position, nous ne pouvons agir brutalement sans aucune certitude. » Mon sourire reste froid, se teintant néanmoins d’une légère ironie. « Je le comprends fort bien. Je suis dans la même position depuis quelques mois. »
Je suis réellement navrée de ce qu’il s’est passé. Tant pour les miens que pour les siens. Ce ne sont pas des soldats qui sont morts, pas pour la plupart, mais des gens du peuple, des familles, des femmes, des enfants. Cela ne peut rester impuni. Et je comprends tout à fait que tous souhaitent se venger. Mais qu’il ne pense pas être le seul à subir les pressions de son peuple. Ni à souhaiter découvrir la vérité. Ni à désirer conserver cette paix précaire.
« Je ne dis pas pour autant qu’il vous faille écarter l’hypothèse que ce soit l’un des miens. Je disais simplement qu’outre la famille princière, la plupart sont venus avec une partie de leur propre famille. Pensez-vous qu’ils mettraient ainsi leur fils, leur fille en danger alors que nous sommes vos invités ? Personnellement, je ne prendrais pas le risque de voir se faire tuer l’un des miens aussi sottement. »
Et les dorniens étaient peut-être impulsifs et irascibles, mais il aurait fallu être plus qu’idiot pour risquer la vie des gens qu’on aimait. Peut-être y en avait-il certains qui n’hésiteraient pas pour se venger. Mais dans ce cas, pourquoi s’en prendre à des inconnus ? Pourquoi pas des nobles ou même tant qu’à faire le roi lui-même ? Tant qu’à frapper, autant frapper fort. Sauf si évidemment, le but n’était point la vengeance. Mais un but bien plus traître… comme par exemple, faire renaître les tensions et la colère. Pousser les bieffois à se révolter. Les miens à saccager les frontières. Je le regarde alors qu’il poursuit en parlant de Rhaenys et de sa missive. Oui, elle semble avoir été au courant, avant que tout ne commence. Et il ne perd pas de temps, si déjà il a écrit au roi Durrandon.
« Rhaenys est… spontanée. Tout comme moi. Le fait que la missive soit parvenue avant le banquet est quelque peu perturbant c’est vrai. Mais elle ne mentionne nul événement, si ce n’est notre captivité. Point sur lequel je vais la rassurer… Si elle avait eu connaissance des nombreux morts qu’il y a eu, elle y aurait sans doute fait allusion. Des murmures peuvent provenir de bien des manières et de bien de sources différentes. Et peut-être… qu’avec ce qu’elle a déjà vécu concernant son frère et sa sœur… est-elle plus attentive à la moindre rumeur concernant la sécurité des gens qui lui sont chers. On ne peut guère la blâmer pour ceci… »
Et dans le fond, c’était peut-être réellement cela. Mais ça n’expliquait en rien le fait qu’elle ait été au courant avant. Ou peut-être bien que si. Je m’efforce de redevenir un peu plus impassible, tachant de faire passer la surprise suite à la lecture de la missive. Plus important. Soit. J’inspire. Voilà les sujets réellement délicats et qui vont poser problème.
J’arque un sourcil. Des milliers ? Des milliers de cavaliers qui plus est. Si encore, tous mes cavaliers étaient mobilisés à la frontière… Je retiens un sourire. Et même si… pense-t-il réellement que la moitié de mes troupes en cours de mobilisation passerait les frontières ? Croit-il que je suis si naïve pour penser que même mes insoumis dorniens soient si nombreux à agir de la sorte ? Si peu de temps surtout après les événements ? Et alors qu’il poursuit, sa voix se faisant plus dur, plus royale et implacable, je me rends compte que je n’aurais pas tant de mal que cela. Mima se montrait tout autant intraitable et inflexible alors même que je n’avais pas 15 ans. Le sourire que j’ai retenu finit par sortir malgré moi lorsqu’il me demande de bien vouloir démobiliser mon armée. Me prend-il réellement pour une jouvencelle que l’on peut diriger et impressionner si facilement ? N’a-t-il jamais rencontré Meria Martell ? Je le laisse finir, mes mains sagement posées sur mes jambes croisées. Démobiliser mon armée et lui laisser des otages. Si peu de choses. Je fronce légèrement les sourcils.
« Des milliers de mes cavaliers ? Je suis heureuse d’apprendre que j’ai tant d’hommes à disposition prêts de la frontière. Et qu’ils ont été pourvus de chevaux par la même occasion sans que cela ne me coûte la moindre once d’or. »
J’esquisse à nouveau un sourire.
« Je ne remets pas en cause les infractions de mes soldats Messire. Mais je vous prierais de ne point chercher à envenimer davantage les choses en essayant de gonfler les chiffres. C’est suffisamment inacceptable même s’il n’y en a que quelques-uns ou quelques dizaines. »
J’inspire.
« Je suis navrée pour tout cela, et je vous promets que cela cessera au plus vite. Mais…
Messire Gardener. Me demandez-vous sérieusement de démobiliser mon armée alors que vous mobilisez la vôtre ? Ne niez pas, à votre place, c’est une des premières choses que j’aurais faite. Si je les déplace de Ferboys, ce sera pour les mobiliser aux Météores, le problème restera le même.
Vous avez l’impression d’être hué par votre peuple depuis hier ? Je le suis depuis ces 4 derniers mois, depuis mon couronnement. Et non pas parce qu’ils ne m’aiment pas. Il n’y a qu’à voir leur réaction en apprenant que j’étais retenue prisonnière. Non, j’ai étouffé dans l’œuf un soulèvement interne parce que tous me hurlent vengeance et souhaitent prendre les armes. Mon peuple, mes nobles, tous me trouvent trop pondérée, trop gentille, trop patiente, tous ne désirent qu’une chose. Votre tête à vous sur une pique. Et je m’échine depuis tout ce temps à les tempérer et à les convaincre de ne pas entrer dans une énième guerre contre votre royaume.
Allez-vous donc m’avouer que vous avez moins de poigne qu’une enfant tout juste couronnée ? Ou peut-être les bieffois sont-ils plus difficiles à maîtriser que les dorniens ? »
Je le fixe avant de soupirer et de m’emparer de la coupe.
« Pardonnez-moi Messire, je vais sans doute trop loin. Mais vous me demandez beaucoup. Sans prendre en compte mes propres preuves de bonne volonté. »
Je relève la tête.
« La majorité des miens partira sous peu. La quasi-totalité des soldats, des nobles et du peuple, accompagnés de mes frères. Et ce n’est pas négociable.
Et il faut que j’en discute avec elle, mais Arianne semble apprécier Hautjardin, être votre hôte privilégiée et pouvoir bénéficier encore quelques temps de vos somptueux jardins devrait la ravir. Je resterais un peu plus, si cela peut vous rassurer. Une fois que j’aurais la certitude que mon corbeau est arrivé à destination et que les incursions ont cessés évidemment. J’ai également à cœur d’essayer de trouver les coupables de ce massacre. »
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Dim 10 Jan 2016 - 10:39
Ainsi soit-il
Et donc, c'est la guerre qui s'annonce, grondant au loin.
La conversation prenait une tournure qui commençait à déplaire à Mern mais ce dernier ne broncha pas, son visage restait parfaitement neutre devant son homologue féminin. Le Roi du Bief resta muet tout du long, sa stature de souverain lui intimait de ne pas s’amuser de la situation et pourtant, c’était tout à fait amusant de voir comment Deria Martell essayait de se donner un certain genre, mais une chose était claire, elle se sentait elle-même en captivité ici alors qu’il la laissait presque libre de ses mouvements. Oh certes, elle était surveillée, mais c’était pour sa propre sécurité. Quand bien même ses gens depuis la soirée dramatique n’avaient pas continués à exercer leur vengeance, elle n’était pas, et les autres dorniens également, à l’abri d’un acte isolé d’un père, d’une mère, d’un fils réclamant vengeance. Il comprit fort bien son point de vu, elle n’était pas coupable, cela tombait sous le sens. Les autres Martells étaient également innocents, mais le bieffois n’allait pas écarter cette hypothèse afin de lui faire plaisir et heureusement, elle le comprenait. Il se rendait compte à quel point ce genre de chose pouvait totalement dépasser les compétences d’un roi, même d’un capitaine de guet. La réalité, c’était qu’il faudrait des gens capables d’analyser et de mener des enquêtes et quand bien même le guet pouvait s’en charger, ils étaient plus à l’aise à arrêter des bagarres d’ivrognes que d’élucider des meurtres. Il laissa de côté cette réflexion, il y réfléchirait plus tard.
Pour ce qui est de la dragonne, Deria la défendait, normal pour une alliée. Il soupira cependant légèrement, sachant fort bien que cette alliance fût néfaste pour eux vu le climat actuel, sans le vouloir, Deria avait un doigt dans l’engrenage, et même si la guerre était évitée après le massacre du Banquet, elle ne le sera certainement pas lorsqu’il faudra s’occuper de la dragonne et son désir souverain de régner sur les Sept Couronnes. La blâmer ? Oh Mern aurait tôt fait de la blâmer d’une certaine façon. Mais il ne préférait pas revenir sur le sujet de l’argentée et il ne dit rien à son sujet, se fendant simplement d’un haussement d’épaule. Le pire fut peut-être lorque elle entra elle-même dans le vif du sujet et le sourire qu’il vit sur son visage fut une chose qui fit tiquer le roi mais il n’en montra rien, l’écoutant attentivement. Son ironie était déplaisante à ses oreilles et alors qu’elle parlait, rendant au fur et à mesure Mern plus tendu, un sourire s’afficha également sur le visage du bieffois, un sourire qui en disait long. Elle alla fort loin dans l’insolence, quand bien même certaines de ses volontés étaient raisonnables et lorsqu’elle négocia sa façon de voir les choses, Mern prit une profonde inspiration et ses yeux semblaient rieurs, mais c’était tout le contraire en réalité. “Attention Princesse Deria Martell… Vous êtes peut-être une tête couronnée qui peut s’amuser face à un seigneur benêt, mais face à un pair, je vous conseille de ne pas être si ironique… Vous avez cependant de la chance, je ne suis pas Argilac mais mettons les choses au clair si vous le voulez bien.” Il prit sa coupe qu’il remplit avant de la boire, laissant planer un instant le silence avant de reposer sa coupe. “Vous vous moquez de mes chiffres… Je vous l’accorde… C’est peut-être risible… Mais vu la situation, je préfère ne pas laisser un rapport de mes hommes de côté à cause d’un chiffre peut être gonflé… Ou pas… Après tout, votre armée qui est mobilisée à votre frontière est conséquente…” Il la regarda droit dans les yeux, n’essayant pas de sonder si elle mentait ou pas, à vrai dire, il s’en fichait par la présente. “Votre armée est mobilisée depuis plusieurs semaines alors que je n’avais pas d’hommes de mon côté… Votre mobilisation a été une erreur… Sans cela, il n’y aurait certainement pas autant de tension après ce massacre Princesse. Comment pensez-vous que je dois réagir face à ça ? Que je laisse mes frontières sans protections ?” La voix de Mern n’était plus vraiment agréable en réalité, elle était froide et sans vraiment d’amusement. Cette foutue armée n’avait eu de cesse que de causer des tracas et aujourd’hui, il était certainement évident que les cavaliers qui passaient la frontière venaient de là. “Concernant ma poigne d’enfant… Avez-vous des rapports de mes hommes brûlant et pillant de votre côté de la frontière ? Les bieffois n’ont pas le sang chaud comme les vôtres, mais ils ne sont pas des moutons pacifistes non plus. Je serais idiot de ne pas écouter leurs doléances. Ne me prenez pas justement pour un enfant qu’on peut éduquer à sa guise. Vous imposez vous-même des conditions que je refuse.” Il rit alors, oui, il rit, laisser les frères retourner à Dorne… La quasi-totalité des soldats ? “Vous voulez que je garde au sein de Hautjardin deux personnes ayant une fibre pacifiste et laisser vos plus belliqueux repartir ? J’ai eu vent des tensions entre mes gardes et vos frères Princesse… Je ne suis pas sûr qu’en vous gardant ici afin d’assurer la pérennité de la situation, les choses s’améliorent.”
Oui, de ça, ils allaient devoir en parler, car Mern n’était pas décidé à accepté les conditions de Deria Martell, bien au contraire. Il réfléchit un instant, elle ne lâcherait pas, mais il n’allait pas non plus lâcher de son côté. “Votre soeur peut rester ainsi qu’un de vos frères, Roward Martell. Vous, vous pouvez partir avec votre autre frère. Il faudra cependant garder ici quelques-uns de vos gens et de vos soldats, non pas comme otages, mais afin d’assurer la sécurité de votre famille restant ici et qu’ils ne deviennent pas moroses. Si vous ne voulez pas faire bouger vos hommes, souffrez alors que je demande réparation pour le pillage des fermes et hameaux en or bien évidemment afin de pouvoir aider à la reconstruction. De mon côté, je m’engage à trouver les meurtriers de vos gens durant le Banquet et de les expédier chez vous pour que vous puissiez les juger.” C’était un compromis, mais allait-elle accepter ? Il en doutait, surtout sur le point des frères, mais Mern était curieux de voir comment elle allait réagir. Elle avait des… Et bien des couilles, il ne pouvait pas le nier, mais elle n’avait pas face à elle un noble de son royaume, mais un roi. Mern ne pouvait la laisser mener les négociations.
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Jeu 14 Jan 2016 - 11:23
Il parvient sans doute à rester et à paraître plus neutre que moi. L’habitude ou l’âge, sans doute un mélange des deux. Mais qu’importe, cela ne m’impressionne plus autant que lorsque j’étais jeune, et encore une fois, avoir grandi aux côtés de Meria Martell avait de nombreux avantages, la froideur et la rigidité je connais bien. Cela ne me ressemble pas, même si je parviens fort bien à demeurer impassible quand je le souhaite. Mais le fait est que je ne le souhaite que rarement. Soit, une conversation avec un suzerain ne pouvait se faire dans la colère ou l’emportement, mais pour autant, je n’étais que rarement détachée. Surtout en l’occurrence, lorsque les miens sont mis en cause, surtout lorsque des meurtres sont commis et que l’on essaie qui plus est de nous accuser. Je ne sais s’il me croit, sans doute en partie, sans doute n’aurait-il pris le risque lui-même de mettre ainsi sa femme en danger.
Et lorsque l’on pense avoir eu assez de mauvaises surprises, cela se révèle inexact. Même si je ne lui dirais rien, même si j’essaie d’apaiser les tensions nettement visibles suite à la réception du courrier de Rhaenys, ce ne sera pas suffisant. Et je ne sais moi-même que penser exactement de tout ceci. Certains points me dérangent, certains points me choquent, et je comprends mieux comment mes soldats peuvent déjà reporter ainsi leur courroux sur les terres du roi. Il se contente de hausser légèrement les épaules. Bien. Puisque le sujet est clos…
Le suivant, celui qui nous préoccupe réellement tous les deux dans l’immédiat n’en est pas plus gai, bien au contraire. Et lentement, ma surface réservée et calme se fissure. Par un sourire, par un ton légèrement trop ironique. Je m’en rends compte, mais je n’en ai cure. Il ne semble pas se rendre compte de ce que ses chiffres représentent. Des milliers de cavaliers représenteraient la quasi-totalité de mon armée montée. Hors la majorité se rassemble à Lancehélion, et non aux Montagnes. D’où tire-t-il ses renseignements ? Ou bien est-ce alors l’ensemble de l’armée, cavaliers et piquiers ? Mais cela représente tout de même beaucoup trop de mes hommes. Et je vois bien qu’il n’apprécie aucunement ni mon ton ni mes paroles. Il sourit, mais d’un sourire aussi froid que le mien. Je le laisse parler, le fixant, la tête penchée sur le côté. Si je ne puis être ironique, que me reste-t-il ? Le ton plus que glacial de Mima lors de ses colère ? La fougue, l’emportement ? J’incline légèrement la tête.
« Je ne voulais pas vous manquer de respect Sire. Mais comprenez-moi. Croyez-vous que le nombre de mes cavaliers puisse se compter en dizaine de milliers comme les vôtres ? Le plus gros de mon armée est mobilisé à Lancehélion. Alors oui, effectivement, ces chiffres me paraissent gonflés. Oui, mon armée se mobilise depuis plusieurs semaines. Depuis qu’un nombre conséquent de bateaux pirates s’en sont pris à mes navires de commerces et continuaient de longer mes côtes en réalité. »
Je m’adosse au fauteuil.
« Je défends mon royaume roi Gardener. Tout comme vous. Si j’avais songé à vous attaquer Sire, mon armée entière serait rassemblée à vos portes. »
J’esquisse un sourire.
« Et j’aurais décliné votre invitation. Mais je comprends néanmoins que vous ne puissiez laisser vos frontières sans protection. Je ne démobiliserais point mon armée malgré tout. Pas tant que cette flotte sera dans les parages. »
J’hésite une seconde en le fixant. Je devrais sans doute garder pour moi cette pensée saugrenue, n’est-ce pas ? Oui, sans doute. Pourtant, mon armée mobilisée aux Montagnes Rouges justement pourrait aider contre les pirates…
Et sa voix se fait à son tour plus froide. Je hausse un sourcil. Poigne d’enfant ? Oh… Je n’ai point dit cela… Susceptibilité quand tu nous tiens… Je plisse légèrement les yeux alors qu’il rit. Avant d’esquisser un sourire. Vu comme ça, il est vrai que cela ne peut sembler une bonne idée à ses yeux. Mon sourire s’agrandit et se teinte à nouveau d’ironie quand il parle de garder Roward en plus d’Arianne. Ce n’est pas de ma faute, mais comment peut-il penser que j’accepterais cela ? Non, il ne le pense peut-être pas. Les négociations ont toujours été ainsi. Réclamer bien davantage que ce que l’autre partie est prête à engager pour pouvoir marchander. Je réfléchis en l’observant, avant de reprendre point par point. Je souris.
« Je n’ai point dit que vous aviez une poigne d’enfant Messire. Ce n’était point une offense. Je voulais simplement indiquer que vous avez beaucoup plus d’expérience et de pratique que moi. Vous êtes roi depuis de nombreuses années, contrairement à moi qui vient de monter sur le trône. Je ne doute pas que vous sachiez tenir votre peuple justement parce que moi-même y arrive. »
Je secoue la tête, légèrement agacée.
« Vos gardes ont essayés de s’en prendre à nous lorsque nous sommes revenus au château. Mes frères nous ont défendus. Auraient-ils dû les laisser faire ? Auraient-ils dû les regarder nous maltraiter sans agir ? Ne blâmez pas mes frères pour ceci je vous prie, ils ont été blessés plus grièvement par vos soldats que par la foule. »
Je soupire doucement, et un léger sourire revient.
« Et je ne comptais pas rester si longtemps. Et croyez-moi ou non, je parviens à me faire obéir même de mes frères. »
Je m’avance à nouveau, posant mes mains sur la table en le fixant.
« Non. Tout comme vous refusez mes conditions, je refuse celle-ci. Roward ne restera point. Mon peuple me réclame, mais je doute qu’il accepte que l’héritier reste également à Hautjardin. Tout comme cela risque grandement de ne pas arranger la situation avec Rhaenys, même si cela ne vous importe guère. Arianne restera jusqu’à ce que je fasse cesser les incursions. Avec une petite dizaine de nobles et des gardes. » Je souris, un peu. « Ne pensez-vous pas que ma sœur soit suffisante ? Si vous désirez un… invité de poids, n’ayez crainte, elle est ma meilleure amie et ma plus proche conseillère. Je ne prendrais aucun risque la concernant. Qui plus est, elle est beaucoup plus pondérée et plaisante que Roward, son séjour ne peut que bien se passer, n’est-ce pas ? »
Sans parler qu’à titre personnel, je ne pourrais laisser Roward. J’aurais déjà bien du mal avec Arianne… Alors que je sais pertinemment qu’elle, contrairement à mes frères, pourrait arranger la situation et non l’envenimer. Et il va sans dire que son séjour ne pourra effectivement que bien se passer, j’espère qu’il comprendra. Si je protège mon royaume et mon peuple, je n’hésiterais malgré tout pas une seconde si ma famille était touchée.
« Quant au reste… Comme je vous l’ai dit, oui, je dédommagerais votre royaume et les familles touchées, cela va sans dire. »
Je secoue la tête.
« Toutefois… Je ne souhaite pas juger ceux qui s’en sont pris au mien. Ce sont vos sujets. Leurs têtes me suffiront amplement en compensation. Cela apaisera peut-être un peu les familles. »
Je ne reviendrais ni sur la démobilisation dans l’immédiat, ni sur la captivité… l’invitation concernant Roward. Faire des compromis allait de soi, mais ces points-là ne sont pas négociables.
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Dim 24 Jan 2016 - 20:39
Ainsi soit-il
Et donc, c'est la guerre qui s'annonce, grondant au loin.
Il se doutait qu’elle n’allait pas accepter, c’était une négociation âpre qui ne laissait pas de doutes sur le fait qu’elle avait à coeur de ne pas être faible. C’était quelque chose qu’il avait remarqué durant le Conclave, malgré sa jeunesse, elle avait la volonté de diriger un royaume qu’elle voulait élever vers le haut. Les propositions qu’il offrit à Deria Martell n’étaient pas bonnes pour elle et elle le signala rapidement au grand amusement du bieffois. Oui, elle avait le sens de la politique et de ce qui était bien pour son royaume. Se calant confortablement dans son fauteuil, il la considéra avec un petit amusement et la laissa débiter ses paroles sans l’arrêter, il resta juste… Silencieux, comme s’il encaissait les propos de la princesse. En tout cas, il était heureux de voir que les pirates n’étaient pas qu’un problème pour lui. Elle laissait donc uniquement sa soeur, il avait au moins ça, une Martell. Il posa sa main sur son bureau à la recherche d’un objet, un pion de cyvosse fait d’ivoire qu’il fit jouer entre ses doigts, réfléchissant à tout ça. Les termes lui convenaient en l’état et comme pour lui montrer son acceptation, il resservit deux coupes et prit son verre, le levant devant lui. “Vous êtes une femme redoutable, à l’image de votre grand-mère.” Son sourire devint plus large alors qu’il avait l’impression qu’un poids s’échappait de ses épaules. “Je suis d’accord avec les termes. Je sais que ce n’est certainement pas rassurant pour vous, mais, votre soeur sera bien traitée ici, j’en fait le serment devant les Sept.” Et il était sincère, il ne désirait pas envenimer la situation et il savait bien qu’elle ne lâcherait rien s’il retenait prisonnière Arianne trop longtemps. Non, il voulait en réalité trouver du réconfort le plus vite possible et ce traité devait être signé et appliqué le plus vite possible avant que la situation ne leur échappe. Il se leva alors, s’excusant un instant pour aller ouvrir les portes, passant à côté de la Princesse de Dorne. Le Mestre de la citadelle se trouvait là, des parchemins sous la main et il l’invita à entrer et le fit s’installer à sa place. Le vieil homme s’excusa auprès de la dornienne de sa démarche lente et il se posa lourdement, faisant grincer le fauteuil.
Mern s’installa derrière Deria, posant une main sur le dossier de son fauteuil. “Pardonnez-moi, c’est peut-être un peu brusque, mais je pense que comme moi, vous avez à coeur que tout cela soit réglé au plus vite.” Il dicta les termes de l’accord, faisant des pauses afin que la jeune femme valide ses propos. Le vieil homme, malgré son âge, avait une écriture fluide et rapide et la plus râpait le papier. Une fois qu’il eut terminé, il proposa le parchemin aux deux souverains et Mern se pencha pour prendre une plume, signant de son nom avant de laisser Deria faire de même, il fit alors rapidement une copie, faisant alors passer le temps de façon lente pour Mern qui s’impatientait, heureusement, il fut plus rapide qu’il ne le pensait et il laissa de nouveau aux deux dirigeants le soin de signer encore une fois. Il ne resterait plus que les sceaux royaux, mais il doutait qu’elle eût cela sur elle. “Je vais faire en sorte que l’escorte soit prête le plus rapidement possible afin que vous puissiez partir le plus tôt.” Non pas qu’il la chassait, mais elle devait avoir à coeur de vite remédier à la situation elle aussi. Le bieffois s’écarta du dossier de la princesse et congédia le Mestre. S’installant de nouveau dans son fauteuil, Mern regarda le papier et sortit le nécessaire pour apposer son sceau, allumant avec un silex élaboré une bougie et déposa la cire verte dessus, la laissant chauffer. “Dès que les sceaux seront posés, vous pourrez envoyer votre copie… Sauf si vous désirez peut-être la proposer à votre famille ? Je sais que vos liens sont forts.” Reprenant dans sa main la pièce de cyvosse, le Roi du Bief étudia la dornienne. S’ils pouvaient se mettre d’accord, peut être qu’il y avait encore un espoir pour la paix ? Malgré le chaos des voisins qui le tracassait tout autant et les maudits pirates.
D’ailleurs, il commençait de plus en plus à douter que les pirates soient là par hasard, mais il en aurait le coeur net dans les jours qui viennent, Manfred Hightower allait se charger de ça et il espérait que ce dernier y arriverait… Non, il savait qu’il y arriverait, le Bief ne pouvait se permettre de subir les prédations de pouilleux des mers. Alors donc voilà, ce problème de régler avec Deria, il allait pouvoir se concentrer sur les pirates, mais il y avait aussi la mobilisation de son armée. Si Deria n’allait pas démobiliser ses hommes, Mern non plus et elle le savait. C’était un jeu dangereux, mais ils ne pouvaient se désengager de leurs mobilisations, ce serait perdre la face devant les hommes. Il soupira légèrement et attendit de voir ce que Deria avait à dire, mais pour lui, c’était une bonne chose de fait et il aspirait juste à profiter d’un peu de répit. Il avait l’impression d’avoir passé des heures ici, mais au final, ce n’était certainement pas le cas.
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Sujet: Re: Ainsi soit-il [Tour II - Terminé] Mer 10 Fév 2016 - 15:13
Il demandait beaucoup. Trop. Et il le savait pertinemment. Peut-être s’attendait-il à ce que j’approuve tout sans réfléchir, trop jeune pour me rendre compte des sacrifices, trop mortifiée par les incartades des miens pour réagir. Ou plus certainement, demandait-il beaucoup trop pour avoir un minimum sans que je ne discute. Mais j’y avais déjà beaucoup réfléchi. Je savais ce que je risquais, ce que je pouvais perdre, ce que je pouvais gagner. Ou du moins ce que je pouvais éviter de perdre. Mes troupes, quand bien même fussent-ce pour me protéger, étaient allées bien trop loin en s’en prenant si ouvertement à des hameaux et des fermiers. Je l’observe, alors que je reviens sur les points qu’il me propose, que je ne pouvais accepter, les remplaçant par des termes déjà plus tolérables et recevables à mes yeux, alors qu’il s’empare d’un pion de cyvosse. Suis-je le pion à ses yeux ? J’ose espérer qu’il n’est point si idiot, ou qu’il ne me pense point si aisé à manipuler. Quoique dans d’autres situations, j’aurais pu être tentée de voir si tel était le cas, voir jusqu’où il pensait pouvoir manœuvrer avec moi. Mais outre que ce n’était guère le moment, j’étais trop fatiguée et soucieuse pour réellement y penser. Il nous ressert des verres et lève le sien. Je m’empare du mien et le lève à mon tour, légèrement. Il sourit. Redoutable… Il n’a jamais vu Mima à l’action…
« Ma grand-mère, avec tout l’amour et le respect que j’ai pour elle, vous aurait gentiment mais fermement demandé de remballer vos beaux discours et n’aurait laissé personne en arrière, ni n’aurait songé à vous dédommager, tout en vous demandant si vous pensiez réellement pouvoir faire face à une armée d’Insoumis en colère. Mais je ne suis pas elle. Et je ne sais, au final, si cela vaut mieux pour vous ou pour moi. »
Je lui laisse ma sœur, je ne sais si je le suis réellement, redoutable, mais je m’en veux déjà terriblement. J’esquisse un sourire.
« Je suis ravie que cela vous convienne. Hautjardin est un ravissement pour les yeux dont ils pourront profiter quelques temps. Mais il est vrai que je suis rassurée d’avoir votre parole à ce sujet, je suis effectivement soulagée de savoir que ma sœur pourra profiter sereinement de son séjour prolongé à vos côtés. »
Et je serais certes la seule à l’être, même momentanément, même superficiellement. Et il avait tout intérêt à ne pas revenir sur sa parole. Je connaissais sa réputation, mais il n’était nullement dans son intérêt d’aller à l’encontre de notre accord. Devoir se battre sur plusieurs fronts, même avec une armée aussi nombreuse que la sienne, lui serait plus que préjudiciable. Je hausse les sourcils, sans être réellement surprise de voir un Mestre déjà prêt à prendre note. Je souris et incline la tête pour le saluer, tachant de ne pas me tendre alors que je sens le roi prendre place derrière moi.
« Ne vous excusez point, vous avez raison. Plus vite cela sera réglé, mieux ce sera pour tous. »
Je l’écoute et acquiesce à chacune des conditions et exigences. Je relis le parchemin, avant d’y apposer ma signature, et de recommencer pour le second. Il reprend sa place, sortant et appliquant son sceau sur chaque parchemin. Nos liens sont forts oui… C’est bien là tout le danger.
« Je vais prendre ma copie pour en discuter avec eux, et la ferais partir de suite si cela ne vous gêne point. »
Pas tant pour la proposer à ma famille, car je connais d’ores et déjà la réaction de mes frères, mais tout du moins pour en parler avec Arianne effectivement.
« Je vais faire chercher mon sceau afin d’authentifier rapidement la vôtre également. »
La tension se relâche, remplacée par une autre, prenant naissance au creux de mon ventre, et certainement plus liée au fait de laisser les miens, de laisser Arianne ici, malgré toutes les promesses du roi. Je ne sais comment cela va tourner, mais je sais que les miens ne laisseront pas passer cela, quand bien même je rentrerais rapidement. Ou peut-être que si, je ne sais… Mais s’il masse ses hommes près de la frontière, même en réponse à ma mobilisation… c’est un cercle vicieux, et aucun de nous ne peut se permettre de céder le premier. Pas maintenant. Je me lève et incline la tête.
« Je vais retrouver les miens afin de les avertir et de donner mes ordres. » Je le regarde et esquisse un sourire. « Peut-être parviendrons-nous à mettre tout de même quelque chose en place, lorsque tout ceci sera rentré dans l’ordre. Je vous remercie pour votre accueil Messire. »
Ou peut-être pas. Je le saluais une dernière fois, avant de sortir, le parchemin dans la main. Bien. Donner mes ordres pour préparer notre départ au plus vite. Voir Arianne, puis mes frères. Je ne peux m’empêcher de grimacer rien que d’y songer.