Première Bataille de la troisième campagne du Conflans, entre la garnison riveraine du Fort de la Dent d’Or et les armées de l’Ouest commandées par Gareth Kenning et Lord Marpheux.L’Ouest s’était mis en marche. Ses armées rassemblées après des semaines de préparatifs, s’étaient enfin mises en marche. La coordination avec les alliés des Lannister apparaissait primordiale dans cette campagne qui commençait tout juste, car le flanc droit de l’Ouest était toujours gardé par des forces bieffoises et loyalistes du Conflans, aux alentours de Pierremoutiers. La précédente capitale du Sel et du Roc avait pour l’instant été laissée sauve par l’Empire et par ses forces, car sa dangerosité était jugée comme quasiment nulle, mais il n’en restait pas moins que le flanc Lannister restait couvert. Si près des frontières de l’Ouest se trouvait le cœur du Conflans utile, les plaines alluviales de la Ruffurque et du Verfurque, et bien sûr Vivesaigues. Les Lannister savaient que l’Empire faisait déjà face à ses ennemis sur plusieurs fronts…
A eux l’honneur d’en ouvrir un nouveau, et de frapper directement vers son cœur.
Près de trente mille hommes prirent la route du Conflans, rassemblés à la Dent d’Or au cours des semaines précédentes. L’Empire observait de loin ces préparatifs, car avait des patrouilles de cavaliers Tully dans le secteur. Leur point de chute était un fortin bâti en contrepente, à flanc d’éperons rocheux. Il était difficile d’accès et longeait les sentiers qu’empruntaient jadis les marchands itinérants entre les deux royaumes. Défendu par cinq cent hommes, l’endroit interdisait toute descente, car il gardait sous son feu les principaux sentiers. Le contourner par d’autres cols serait infiniment plus long et dangereux, et le ravitaillement d’une armée qui s’y risquerait serait sans doute soumis à de grands périls…
Lord Marpheux et Lord Kenning, qui commandent aux armées de l’Ouest, découvrent bien vite à leur arrivée que le fort n’a pas été déserté. Malgré leur nombre, à un contre soixante, les riverains tiennent bons. Les fidèles des Tully, si souvent décriés pour leur loyauté et leur résolution parfois sujettes à caution, montraient cette fois une détermination sans faille. Présents dans la région depuis des mois pour protéger un pays déjà constamment traversé par les armées, les défenseurs jurèrent de tenir bon le plus possible. Le terrain était au désavantage de l’Ouest, qui ne pouvait encercler le fort de bois sans se soumettre à son feu défensif.
La météo sur la région était mitigée, avec des averses rapprochées et quelques accalmies, mais qui ne duraient jamais bien longtemps. La boue aspirait les bottes des hommes entre les rocailles formant l’ouverture du col, et très glissant. Le champ de bataille n’avait pas besoin de ça pour être difficile, entre son relief et ses flancs très accidentés. La cavalerie ne pouvait combattre en ordre, et lorsque Lord Kenning demanda l’assemblage d’engins de siège, ses ingénieurs lui objectèrent que les plateformes de tir assez stables se trouvaient à proximité immédiate du fortin, et que les meilleurs angles de tir pour éviter les rochers était plus proches elles aussi. Ils se mirent néanmoins au travail, et avant le point du jour, les ingénieurs, couverts par des tireurs, commencèrent à assembler les armes lourdes de l’Ouest. Les tirs déchiraient le rideau de pluie, et plusieurs hommes furent abattus. La mise en œuvre des machineries ne fut pas aisé, et le mauvais temps gonflait les cordes tout en risquant de petits glissements de terrain du fait du poids des engins, et de leur détente quand ils se mettaient à tirer. Dans tous les cas, les premiers échanges de tirs furent des plus imprécis, et sans effets significatifs.
Des corbeaux partirent du fort, mais furent souvent abattus par des archers ouestriens sortis des rangs et embusqués derrière quelque rocaille. N’ayant pas encerclé le fort pour déborder ses positions, l’armée rouge et or s’exposait à ce que des estafettes soient déjà parties prévenir l’Ost Royal Tully. Les officiers ouestriens, au crépuscule, prévinrent leurs généraux de cette probabilité, de la solidité des défenses ancrées et bâties dans, autour, et contre la roche. Bien que construites en bois, leur destruction prendrait trop de temps.
Il fallait pousser la garnison à se rendre, ou à se battre.
Gareth Kenning commanda alors de privilégier la sécurité dans l’approche qui allait suivre ; mise en retrait de la cavalerie, assemblage et réglages aussi précis que possible pour le tir des armes de siège. Les tireurs de son armée, chargés de tirailler les défenses, étaient accompagnés de piétons des levées féodales, boucliers brandis. S’approcher suffisamment et s’installer prit deux jours de plus. Il envoya des émissaires, mais il leur fut répondu que le capitaine ne traitera qu’avec le général en chef de l’Ouest. Aucun des officiers supérieurs ouestriens ne répondit favorablement et les défenseurs déclinèrent et renvoyèrent les émissaires sous les huées et les quolibets. Bravaches, ces natifs de Vivesaigues et de Corneilla étaient déterminés… Les rares à prétendre quitter leur poste furent ramenés dans le rang par leurs officiers, alors que les étendards chamarrés de l’Ouest avançaient sur le fort, masse compacte d’hommes et de métal qui piétinaient la roche et les sentiers du col au pas cadencé par les tambours et les trompettes. La bataille commence alors aux premières salves échangées.
Les catapultes ont du mal à préciser leurs tirs à cause du relief escarpé, de nouveaux ordres sont donnés dans le camp des attaquants. Les archers doivent enflammer leurs flèches afin de prendre pour cible les rondins et structures en bois. Le but est alors de les fragiliser avant que les catapultes ne les abattent. Mais très vite, les riverains profitent du fait que les armes de siège de l’Ouest ont dû se rapprocher à portée pour se dégager les angles de tir, et leur envoient des volets de flèches en retour. Les tireurs ouestriens changent de cible pour couvrir leur artillerie. Cela donne l'opportunité aux défenseurs d'ajuster leurs tirs, les flèches et les carreaux s'abattent alors en nombre sur les fantassins lourds, hallebardiers et archers longs dont le poitrail est marqué par la tête de lion. Les pertes sont bien plus nombreuses qu'au début du siège. Un pêcheur enrôlé nommé Martyn, issu d'un petit village prêt de Salvemer, tend son arc, prend le temps de viser et décoche sa flèche. Cette dernière vint trouver la personne de Ser Lewys Farman et le blesse mortellement, le projectile ayant réussi à trouver la visière du heaume du chevalier.
Les ouestriens arrivent à trouver tant bien que mal des protections naturelles grâce au relief escarpé, il faut du temps afin que leur stratégie porte ses fruits. Le temps n'aide pas le feu à bien prendre sur des palissades mouillées qui sont de temps en temps éteintes par les défenseurs à coup de seaux d'eau. Et puis l'une d'elle réussit à s'embrasser ! Les riverains ne peuvent rien faire pour éteindre ce brasier en état et sont obligés d'évacuer les remparts avoisinants. Les catapultes mettent du temps pour cibler la zone, et après plusieurs tirs, ils atteignent leur but. Une partie de la muraille de bois et de rocaille s’effondre. La brèche est ouverte !
Le général Kenning donne alors l’ordre à son infanterie d’élite, hallebardiers et autres sergents d’armes lourdement équipés, d’investir le fortin. Leur formation serrée est désorganisée par le terrain, puis par les décombres. Il faut aussi escalader les blessés et les mourants, touchés par les tirs riverains… La troupe est toujours couverte par les archers de l’Ouest, mais les armes de siège cessent leur tir imprécis.
Le moral des riverains était loin d'être au beau fixe, ils ont tout de même eu une bonne défense depuis le début de la bataille. Mais le fait que l'Ouest réussit à créer une brèche balaie ce bel élan d'un seul coup. Lorsque les ennemis montent à l'assaut du fort, les riverains peinent à s'organiser, quelques poches de résistance se forment dans le fort, mais l'ensemble est très confus. L'infanterie de l'Ouest monte à l'assaut, mais les flammes et les fumées rendent leur attaque peu cohérente, c'est assez le chaos. Mais lorsque l'infanterie lourde du Lion entre dans la place, c'est une boucherie sans nom ! Les hommes d’armes riverains tentent de se défendre comme ils peuvent, mais des groupes entiers sont isolés sur les murs et l’on se bat dos à dos. Les ouestriens progressent, plus frais que les défenseurs harassés par des jours de bombardement, et les chemins de ronde en bois sont détrempés de sang. Bientôt, les groupes totalement isolés mettent bas les armes, et se rendent, alors que quelques-uns tentent un baroud d’honneur en chargeant dans la cour pour couvrir la retraite d’autres survivants par le nord-est.
EPILOGUE Quand Lord Kenning et Lord Marpheux entrent dans la place, ils comptent leurs pertes, et celles des riverains. Ils avaient perdu plus de six cent hommes, deux fois plus que l’adversaire. Leurs pertes au tir avaient été sévères, notamment dans les premiers jours d’échanges de tir. Mais une fois la brèche effectuée, le carnage avait changé de camp et l’infanterie ouestrienne, plus lourde, avait fait la différence en submergeant sous le nombre les fantassins riverains. Le fort n’étant pas encerclé totalement, une partie des forces riveraines avait trouvé son salut dans la fuite, quand une compagnie de fantassins avait contre-chargé dans la brèche pour faire la différence. Abattus par des tirs ou des poursuivants, seuls les cavaliers du fortin réussirent à en réchapper.
La victoire ouestrienne était totale. L’armée avait subi à son échelle des pertes inévitables pour s’ouvrir la route du Conflans. L’emplacement du fort riverain était à la fois sa force et sa faiblesse ; sa couverture dans du terrain accidenté le rendait difficilement atteint par les tirs, mais fournissait une couverture aux assaillants. L’assaut à découvert avait causé de lourdes pertes à l’élite à pied de l’armée Lannister, mais Kenning et Marpheux étaient conscients qu’on ne pouvait faire d’omelettes sans casser les œufs. L’affaire totale prit tout de même plusieurs jours. Largement assez pour prévenir le Roi du Conflans de la situation, et lui permettre donner les ordres nécessaires à cette nouvelle invasion de son royaume. Les pertes infligées aux assaillants étaient supérieures, et les riverains avaient pu faire valoir leur honneur et leur détermination.
L’essentiel était là, tout de même ; le Lion attaquait l’Empire en force, et débouchait dans la plaine de Vivesaigues.
Points du Conflans Libre -5pts défaite mineure
+5pts objectif atteint (découverte et ralentissement de l’ennemi)
Points de l’Ouest+5pts victoire mineure
+5pts objectif atteint