Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé]
Sujet: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Lun 7 Juin - 16:16
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
Chaque matin, Anders Martell s’éveillait avec un roc sur la poitrine. Celui-ci le maintenait couché pendant une minute entière. Soixante secondes durant lesquelles il s’autorisait à se sentir misérable, éperdu d’inquiétude et désœuvré. Puis, lorsque sonnait le glas du tourment, il se redressait comme chaque jour depuis sept mois. Droit, imperturbable. Paré à faire face aux vicissitudes que son rôle et son destin s’accorderaient à lui jeter à la figure.
Il porta la main à sa tête. La cicatrice de la Grâcedieu se refermait. L’injure Allyrion, en revanche, demeurait intacte. Quelques images se rappelèrent à ses pensées. Les flammes léchant murs et hommes sans distinctions. Les pluies de lances, javelots, tombant par surprise comme en un orage silencieux. Pourtant, le siège de la Grâcedieu ne s’était pas passé sans cris d’horreur. Anders ne les avait simplement pas entendus. Ou peut-être avait-il fait le choix de ne pas les écouter.
Le bâtard Martell quitta ses appartements comme à l’accoutumée. Il traversa les couloirs du palais d’un pas souple mais vif. Chaque jour en l’absence de Roward, il s’assurait personnellement de l’état de la sécurité de Deria. Il s’arrêta devant sa chambre, jaugea les gardes pendant de longues minutes, sans un mot. Puis il disparut. Les soldats postés savaient que la moindre atteinte à la princesse leur vaudrait ses foudres. Après le décès de Nymor et Meria, la remontrance, le flot d’insultes et la mise à pied n’étaient plus de mise. Anders aurait leur tête pour les erreurs les plus modestes.
*
« Second du Prince ». Voilà comment il conclut la dernière missive de la matinée. Devant lui, les documents réservés d’ordinaire à Roward s’amoncelaient. D’un côté, les affaires urgentes sur lesquelles le bâtard se devait de statuer seul. De l’autre, celles dont il devrait entretenir le Prince à son retour. Assis dans ce fauteuil, en lieu et place de son frère, Anders éprouvait un mélange de satisfaction et de dégoût. Son appétit de réussite ne pouvait le détourner du contentement de se savoir écouté et légitime : aux commandes. Cependant, le respect et la dévotion qu’il avait pour son frère l’empêchaient de savourer pleinement une place aux relents putrides de suppléance.
Il ne voulait pas être le Prince. Pas si cela impliquait de doubler l’une des rares personnes qui comptaient vraiment pour lui. Mais il rêvait d’être prince. D’endosser ce rôle et d’étancher enfin la soif de reconnaissance qui guidait chacun de ses actes. Lui, le bâtard bourgeois. Lui, le bâtard riche. Lui, le bâtard qui n’avait manqué de rien, mais qui voulait encore se gaver d’honneur et d’action de grâces.
On annonça un messager venu du port. Anders serra les dents. Il ne recevait pas à l’improviste. Ce palais n’était plus le moulin qu’il avait été. Pas sous ses ordres. Pas lorsqu’il en allait de sa responsabilité. Dans un mouvement de poignet dénué de la plus traître marque de respect, il donna l'ordre de renvoyer l'intéressé, sans chercher à entendre de quoi il s’agissait.
La porte se referma.
Alors, dans cette pièce à nouveau vêtue de son plus beau silence, il enfouit son visage dans ses mains et expira longuement. La lassitude le gagnait. L’absence de nouvelles concernant les déplacements de Yoren Hoare et de ses otages commençait à peser lourd, même pour lui. Ce n’était pas tout. Solvej. L’enfant qui naîtrait à Hautjardin et dont il serait peut-être privé. La rébellion et sa figure de proue assassine, prête à livrer Dorne en pâture à l’Empire pour s’asseoir sur un trône à la hauteur de ses bassesses. La maladie rongeant des familles entières et manquant de dévaster la Principauté.
Ce monde le mettrait à genoux tôt ou tard, et il l’exécrait pour cela.
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Jeu 10 Juin - 22:15
Le bateau tanguait au rythme des vagues, tantôt capricieuses, tantôt malicieuses, tantôt endormies. Chaque mouvement, chaque odeur et chaque son excitaient ma mémoire endormie, l’obligeant à explorer de vieux comme de récents souvenirs. En vérité, ces dernières semaines semblaient n’avoir été qu’une longue balade dans ma propre histoire.
En revoyant et en enlaçant Baldyr, je m’étais souvenue de notre première rencontre. Il accompagnait mon Père aux Météores, pour précisément me rencontrer, sa première fille cachée par sa courtisane durant sept longues années. Aujourd’hui, l’ancien garde et la batarde s’étaient à nouveau réunis dans un lieu similaire, de la même ville. Un seul homme manquait à l’appel : mon Père, le Prince Nymor Martell.
En revoyant le port de Lancehélion, de ma petite cabine, j’avais été pris d’un vertige, m’obligeant à rester au lit de très longues minutes, les joues inondées de larmes. Bien des émotions m’avaient submergé à l’instant même. Les joies et les déboires du passé, la colère et ce recru du présent et les espoirs et les peurs des lendemains s’étaient mélangés, avec une violence inouïe.
Les vieux fantômes s’étaient à nouveau présentés à moi, silencieux, observateurs, me questionnant d’un regard fixe et mort. Ces formes que mon imagination nourrissait n'étaient que des représentations de cette culpabilité et cette mer de remords qui m’avaient doucement, mais surement, étouffés au Conflans. Ils étaient un rappel constant que j’avais encore des choses à faire, et à accomplir, pour être enfin en paix avec moi-même. Fuir n’était plus une option. Le temps m’était compté.
Bon gré, mal gré, je donne bien vite les instructions à Lin et à Baldyr. Qu'un messager soit envoyé au nom de la Compagnie, avec le doux mot suivant.
Vos Altesses,
Nous nous permettons de vous écrire afin de conclure une affaire des plus fructueuses entre notre Compagnie, ayant un comptoir sur les terres lointaines de Yi-Ti, et votre belle contrée. Votre sœur, Dame Arianne Martell, avait déjà entrepris quelques démarches par l'entremise de son interprète. Avant un départ, la gente dame avait indiqué que ses augustes et braves frères sauront continuer les négociations.
Notre Représentante souhaiterait ardemment vous rencontrer, mais elle est atteinte d'un mal qui l'empêche de se déplacer autant qu'elle souhaiterait. Nous serions fort honorer, et votre humble serviteur, si vous pouviez vous déplacer au sein du Navire de Jade
Dans l'espoir de pouvoir vous recevoir, Que les Dieux vous protègent.
J'avais grandement des doute que ce billet attire suffisamment l'attention de mes frères.
- Si Roward refuse de le recevoir, n'insistez pas d'avantage. Par contre, que le messager oriente ses efforts pour rencontrer Anders, et qu'il ne lésine sur aucune proposition ! Promesse d'argent, d'une belle courtisane, d'information ... que sais-je ! Qu'il invente, qu'il appâte !
J'apprends donc, au fur et à mesure des visites et tentatives du messager, un muche sans imagination tant ses récits et ses propositions sont décevantes, que Roward n'était pas à Lancehélion, et qu'Anders se chargeait de ses affaires. Cette nouvelle m'avait éplapourdi : la Principauté allait donc bien aussi mal pour que deux frères inséparables se décident à se séparer ...
Dis au messager, que lorsqu'il croisera Anders, qu'il dise haut et fort les phrases suivantes : Je dis toujours la vérité. Même quand je mens, c’est vrai.
J'ose espérer que ce serait suffisant pour qu'Anders cède, et comprenne surtout. Nous avions nos petits secrets, nos bêtises et nos souvenirs communs. Lui qui disait que je mentais si bien, j'aimais répondre que non : je dis toujours la vérité, même quand je mens ...
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Sam 19 Juin - 16:35
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
La même routine. S’arracher à la langueur du désespoir quelques secondes après avoir ouvert les yeux et être revenu à soi. Ce matin, le ciel semblait un peu différent. Il avait toujours la même couleur et était clairsemé des mêmes fils nuageux. Cependant, il y avait quelque chose de changé. Anders ne parvenait plus à outrepasser ses questions sur le devenir du reste de sa fratrie. A chaque instant, c’était un déchirement.
Sa tête le lança. Il porta la main à sa cicatrice, craignant que sa nuit mouvementée n’ait rouvert la plaie. Il n’en était rien. Sous ses doigts, il sentit le dessin de la coupure. Il sentit la boursouflure là où les tissus s’étaient enfin embrassés après des jours et semaines d’attente sanguinolente. Il allait mieux. Pourtant, tout allait si mal.
Un nouveau passage près de la chambre de Deria. Le palais ne lui faisait plus seulement l’effet d’un foyer mais d’une prison. Calfeutré là, il en était réduit à attendre le retour de Roward. Fébrilement. Oui, il assurait une mission importante en s’assurant que les choses restent sous contrôle à Lancéhélion. Certes, nul autre que lui ne pouvait veiller sur Deria avec la même assiduité et le même sérieux. Toutefois, non. Il ne se sentait pas tout à fait à la bonne place en s’asseyant dans le fauteuil du Prince. Il ne pouvait ignorer non plus que Deria continuait de le contempler avec distance. Un aveu silencieux de méfiance qui ne le contristait plus depuis bien longtemps.
Lorsqu’il arriva dans la salle de travail, Anders repéra la sempiternelle boîte l’attendant sur le bureau. Celle qui reprenait les courriers et nouvelles de la Principauté. Il prit place et se plongea dans les affaires de la journée. Alors, des pas précipités lui parvinrent depuis le couloir et un petit homme parut, aussitôt immobilisé par un garde. Il lança désespérément une phrase dont chaque mot demeura en suspens dans l’air soudain épais et suffocant. Anders le fit relâcher. Le garde manqua de protester, mais se ravisa devant la mine peu amène du second du Prince.
La déclaration trouvait un écho dans l’esprit d’Anders. Une remembrance vivace de sa sœur, dans un jardin. L’odeur des herbes à parfum picotant le nez, les rayons du soleil chatouillant la peau. Un éclat de rire mutin. Et ces mots, répétés comme pour valoir en lieu et place de vérité : « Je dis toujours la vérité. Même quand je mens, c’est vrai. »
Le messager laissa choir une petite enveloppe. Anders la fit ramasser et demanda qu’on la lui apportât. Il saisit son couteau et découpa précautionneusement l’emballage, révélant ainsi le message écrit d’une main qui ne lui évoquait en rien celle d’Arianne.
Son estomac chuta abruptement. Son pouls ralentit. Il n’avait pas perçu à quel point l’espoir de nouvelles de sa sœur l’avait mué en un muche ridicule. Jusqu’à se sentir déglutir avec difficulté, étourdi par la déception.
Il n’avait pas eu vent de cette compagnie. Arianne ne faisait pas toujours étalage de ses négociations. La mention de son nom dans la missive conférait toutefois une sorte d’espoir dont il se repaissait. Pareille bluette suffisait. Au lever, son affliction était telle qu’il eût tenue pour opportune la plus obscure des pistes.
Anders fit relâcher le messager et le chargea d’avertir la Compagnie qu’il se chargerait de la reprise des négociations sans délai. Après quoi il ordonna que l’on reportât ses obligations de l’après-midi.
*
Le chant des oiseaux marins se mêlait au claquement des voiles pour former une musique paisible combinée aux mouvements des vagues. Dissimulé et flanqué de ses deux plus fidèles compagnons, Anders avait cheminé jusque-là sans encombre. Il avait cependant évoqué une fausse raison à son déplacement. Assez pour que l’on comprît l’importance d’assurer sa protection de façon discrète. Officiellement, le voilà parti férociser un tendron dans la cale d’un navire de commerce. Parce que, quelles qu’en soient les raisons profondes, les libidineries relevaient toujours d’excuses suffisantes auprès de ses compères.
Anders se fit annoncer, le souffle court. Non par un nom, mais par un nouveau message dont seule une personne connaîtrait la signification.
« Qui a dit que mes rêves doivent rester juste des rêves ?» Il marqua une légère pause, dévoilant un sourire enjôleur dont il avait découvert le secret très tôt. « Traiter avec la Compagnie de Jade sera un honneur. »
Ces mots, il les avait prononcés le jour où ses sentiments s'étaient révélés. Il l'avait toujours su, quelque part. Il n'avait simplement jamais voulu l'admettre. Et en ce jour, il savait aussi. Ce n'étaient pas sept mois d'errance et d'inquiétude pour une sœur qu'il avait traversé. Cela allait bien au-delà. Nonobstant les événements passés, les révélations de Solvej et ses propres ambitions, Anders était bien incapable de se détourner pleinement de son rêve. Le vrai. Sa plus grande ambition. Et, aussi, sa pire calamité.
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Mer 23 Juin - 20:35
Je m’étais interrogée jour et nuit, depuis un bon mois, sur mes retrouvailles avec Anders. Tous deux bâtards, nous avons partagé toutes les peines de ce monde et surtout toutes les brimades et les violences sournoises de notre belle-mère et de sa cour de minions. Par contre, il avait échappé à bien de fausses accusations et des réprimandes et punitions qui s’y accompagnaient, car il avait été plus intelligent et, surtout, il avait été davantage protégé par l’Ombre du Prince Nymor Martell, que moi-même. Il avait toujours été le Favori de notre fratrie aux yeux de notre paternel. Était-ce parce qu’Anders lui ressemblait ? Ou était-il comme tous ces autres pères, trop pudiques pour exprimer des sentiments vis-à-vis de leurs filles ? Peut-être que oui, peut-être que non. Je n’aurais jamais cette réponse, étant donné que le principal intéressé avait été lâchement assassiné et reposé à même un sol qui rejetait maintenant la Maison Martell.
Avais-je été jalouse ? Sûrement, à un moment de notre jeunesse, mais jamais bien longtemps. Il m’était impossible de l’envier tant je pensais qu’il méritait tout. Si j’avais bien un confident, un protecteur ou encore une amie à mes côtés, lui, il était un « tout ». Nous avons traversé tant d’épreuves ensemble, dans notre jeunesse, qu’un lien indéfectible et profond s’était noué entre nous, que rien ni personne ne pourrait briser, qu’importe nos crimes, nos péchés, nos qualités ou nos défauts. Il était ma moitié, comme j’étais la sienne.
Et je m’en rendais compte, maintenant. Moi qui pensais pouvoir prendre mes distances avec ce frère, je m’étais fourvoyée. Après un instant de silence, et de surprise, je cède à cette envie puissante et incontrôlable de me jeter à son cou et de l’étouffer de mes petits bras amaigris.
- Enfin, un Prince qui s’intéresse au commerce plutôt qu’aux armes et aux jolies filles, me moquais-je, la voix enrouée par une certaine émotion. J’étais émue, un sentiment qui ne se tarissait pas et qui ne disparaissait pas. Au contraire, elle gonflait, enveloppant entièrement mon être. Un étrange phénomène que je n’avais pas ressenti depuis bien longtemps, surtout depuis ma rencontre avec la prêtresse rouge. Pourquoi tu as tardé ? Je t’ai attendu, longtemps !
La question m’avait échappé, naturellement et inconsciemment, prononcée par une voix pleine de supplice. J’étais émue, et aussitôt après en colère. Mille questions se bousculaient, cherchant à sortir les premières. Car, là où je faisais toujours preuve de retenue avec Deria ou Roward, quitte à mentir ou à cacher mes pensées, je n’avais jamais eu de peine ou de peur de révéler ou de dire ce que je pensais à Anders.
Pourquoi n’est-il pas venu à mes côtés ? S’est-il renseigné sur les mouvements de Yoren, pour savoir si j’étais en danger ou non ? Avait-il cherché à convaincre Yoren de me laisser derrière, et non à m’emporter constamment ici et là ? Avait-il « essayé », tout simplement, à me sauver ?
- Toi et Roward m’aviez promis de me protéger, alors pourquoi ? Je m’en fiche de savoir que j’ai été otage ! Ce n’est pas une excuse ! Tu aurais dû venir avec moi ! J’ai failli … J’aurais pu mourir ! Seule ! Sans même une tombe décente ! Ou … Ou pire ! Et t’en aurais rien su ! Absolument rien ! Dis-moi ce que tu fais de plus important que de m’aider ! De me sauver ! Qu’est-ce-qui justifie de m’abandonner ? dis-je, tapant son torse de mes poings, le ton montant encore plus.
Je « savais » que ce que je disais était de la stupidité pure, mais j’étais incapable de me contrôler. Je m’observais, dans ma propre bêtise, accusant Anders de fautes nullement commises. J’étais otage, au sein d’une campagne militaire constamment en mouvement : personne, absolument personne, n’aurait pu me rejoindre, ou se renseigner sur moi ou convaincre Yoren de me confier à un quelconque Seigneur, à l’abri des combats. Alors pourquoi une telle colère, de la part d'une personne déjà otage à deux reprises - une fois de Yoren, une fois à Hautjardin ? Et je comprends vite. Lorsque le Fer-né m'avait capturé, mon Prince avait tout fait pour me ramener à Lancehélion. Lorsque la famille Gardener nous avait retenu à Hautjardin, mes frères, ma soeur et les familles dorniennes s'évertuaient à sortir de ce guêpiers. Cette fois-ci, j'avais été seule, sans la moindre nouvelle d'une tentative de me libérer ...
Je me tais, enfin. A bout de souffle.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Mar 6 Juil - 14:29
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
La voix d’Arianne s’éleva, comblant le vide indescriptible que Anders avait apprivoisé dans la douleur. La vue de sa sœur légitimée le précipita dans une confusion grisante. Il sentit l’un de ses genoux faiblir et se ressaisit. Anders ferma ses bras autour d’elle lorsqu’Arianne se jeta à son cou.
« Enfin, un Prince qui s’intéresse au commerce plutôt qu’aux armes et aux jolies filles » Il percevait les nuances dans sa voix. « Pourquoi tu as tardé ? Je t’ai attendu, longtemps ! » Il ressentit chacun de ses mots. La violence qu’ils encapsulaient poussa Anders à se murer dans un silence. Elle savait que ces reproches faisaient mal mais elle les formulait quand même.
Très vite, il en vint un flot. Anders et Roward avaient failli en tant que frères, violé leur promesse. Ils n’avaient pas répondu présents, s’étaient trouvé des excuses. Ils l’avaient abandonnée. Anders laissa sa sœur s’adonner à sa cruelle effusion de sentiments. Lorsqu’elle le frappa de ses poings, il la laissa encore faire sans rien dire. Pour ces remarques, Arianne ne méritait pas qu’il dise quoi que ce soit. Elle avait traversé les semaines et les mois sans savoir ce qu’ils préparaient, quels efforts ils déployaient, ni quels obstacles se dressaient inlassablement. Parce que ces questions faisaient écho à la solitude et au désespoir qu'elle avait endurés, Anders n'en prit pas offense. A la place, il inspira silencieusement.
Il ne sentait plus rien d’autre que son odeur, qu’il pensait avoir oubliée. Il n’entendait que sa voix empreinte de frustration et de désenchantement. Puis la colère finit de consumer Arianne. Elle se tenait désormais devant lui, le souffle court, éprouvée par ses espoirs déchus et la déception. Il resserra ses bras autour d’elle puis posa une main sur le sommet de son crâne.
« Personne ne sait t’oublier. Alors t’abandonner ? Renoncer à toi ? » Il observa un point loin devant lui pour ne pas croiser son regard. Il ne voulait pas. Elle était trop proche après cette longue absence. Arianne ne lui avait concédé qu’un baiser. Un unique baiser d’adieux dont il avait rêvé des centaines de fois ensuite. Un baiser qu’il eût préféré trouver insignifiant, plat et écœurant mais qu’il avait dû reconnaître comme inégalé et inégalable. « C’est toi qui l’as dit la première. Roward et Deria comptent sur nous. Je n’ai pas accouru parce que tu étais introuvable. Crois bien, toutefois, que tu étais dans nos esprits à chacune de nos décisions. »
Récupérer Arianne et violer le traité n’eût pas aidé Dorne. Ni dans l’immédiat, ni dans le futur. Tous deux le savaient. Cependant, les mots d’Arianne faisaient leur chemin dans l’esprit d’Anders. Il se prit à douter. Oui, c’est vrai, il n’avait peut-être pas fait assez. Se sachant aveuglé par son inquiétude, il ne s’était peut-être pas assez battu. Il avait peut-être renoncé trop vite ou trop tôt.
Anders repensa au sentiment qui l'avait submergé. Comment il avait maudit Yoren lorsque celui-ci avait déclaré ses volontés. Donner sa propre sœur en otage. N’était-ce pas déjà là le signe d’une faiblesse inouïe ? Il est vrai qu’elle était une garantie des plus précieuses. Trop précieuse pour qu’on ne lui fasse du mal. Mais avaient-ils eu raison de croire qu’elle serait ménagée ? Et si Arianne ne lui reprochait pas de ne pas être venu, mais de ne l’avoir pas tirée de l’enfer qu’elle avait traversé ?
Anders la relâcha et fit quelques pas en arrière. D’autres mots, chantants et fleuris, se précipitaient contre la barrière de ses lèvres serrées. Il ne cèderait pas. Elle s’était montrée si claire et avait dû tant souffrir durant ses mois d’errance qu’il n’avait pas le droit d’ajouter à la confusion de ce retour. Il inspira et se recomposa.
« Je te demande pardon. »
Personne ne lui soutirait des excuses comme Arianne. Des excuses sincères, qui le rongeaient si elles étaient balayées. Anders trouva un fauteuil dans lequel prendre place et s’assit. Il était prêt à l’écouter, supposant que sa sœur le mettrait au fait de ses plans ou se confierait sur sa détention.
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Mar 13 Juil - 19:37
Les bras d’un homme n’avaient jamais été aussi agréables et désagréables à la fois. Ils m’inspiraient autant la confiance que la peur. Ils me rappelaient tant les bons souvenirs que ces sentiments interdits qui nous condamneraient si quelqu’un venait à les connaître. Je désirais y rester, tout autant m’en éloigner. Heureusement, je n’eus pas à choisir : il s’éloignait de lui-même. Je respirais un peu mieux, loin de cette odeur si enivrante et de cette chaleur si familière.
- Je te demande pardon.
Je connaissais suffisamment Anders pour savoir à quel point ces quatre mots lui coûtaient. En temps ordinaire, je me serais forcée à reprendre contenance, à repenser aux vaines paroles dites et à retrouver un meilleur terrain d’entente avec lui. Malheureusement, aujourd’hui, j’étais bien incapable. Cette rage qui m’avait faite dire des bêtises était à l’image d’un feu de forêt ou d’un déluge : dévastatrice, elle ne laissait derrière elle que confusion, frustration et colère froide.
- Pourtant, vous avez renoncé à moi, à l’instant où vous avez accepté de m’offrir en otage. J’ai compris que je ne valais plus rien, lorsqu’un homme m’a dit que j’étais « Dorne ». Lorsque Yoren m’avait capturé, la première fois, Père avait fait beaucoup pour me retrouver, payant une considérable rançon. Lorsque nous avions été retenus à Hautjardin, les Seigneurs Dorniens avaient mis à feu et à sang la frontière pour que leur Princesse revienne. Que s’est-il passé, quand j’étais là-bas ? Rien. Absolument rien, finis-je par dire, le ton amer et moralisateur.
Ma famille vivait encore dans cette illusion qu’elle pensait à moi, otage dans recoin obscur et inconnu de ce grand continent. Nullement ! La rébellion avait tout éclipsé, jusqu’aux liens de sang. Ils étaient beaux, ces Seigneurs qui critiquaient la Maison Martell. Pourquoi ne s’étaient-ils pas rebellés au moment de donner leurs parents, en otage ? En quoi étaient-ils honorables à trahir leurs vœux et à définitivement sacrifier leurs gens ? Et il était bien honorable, ce demi-frère qui disait qu’il ne pouvait rien faire, que Deria et Roward avaient besoin de lui. Il avait simplement donné la priorité aux enfants légitimes, et non à sa grande-sœur bâtarde. Était-ce une accusation, ou l’énonciation d’un fait ? Je ne saurais dire.
- Mais … qu’as-tu à la tête ? finis-je par dire.
Mes accusations ou cette énonciation de faits auraient pu continuer, encore et encore, jusqu’à ce que je sois épuisée ou que je tourne en rond, si je n’avais pas vu cette blessure encore fraîche sur le crâne d’Anders. Aussitôt, comme par instinct, j’en oublie mes propres soucis et j’accours pour voir et pour tâter délicatement. Je n’étais pas une guérisseuse, mais j’avais accompagné suffisamment mes frères aux Mestres pour leurs multiples et stupides blessures de jeunesse. J’avais appris à reconnaître une blessure profonde d’une blessure superficielle.
- Tu es blessé. Mais … Tu aurais pu mourir ! Qu’en est-il de Roward, ou de Deria ? m’exclamais-je aussitôt. Que s’est-il passé ? demandais-je aussitôt, le ton autoritaire.
Je n’avais pas besoin de poser la question, assurément. Une bataille avait dû mal tourner, contre les forces ennemies. A cette seule pensée, j’inspirais profondément, ressentant cette rage flamboyer à nouveau. Je haïssais toutes ces personnes, incluant moi-même, et tous ces événements qui nous avaient conduit à une telle situation, et qui avait contribué à m’enterrer vivante et à blesser Anders ! Que Westeros et tous ces Rois et ces Reines aillent au fin fond de l’Océan, par-delà le Mur ou aux Sept Enfers ! Pourquoi devait-on subir leur maudites ambitions et égo ?
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Ven 23 Juil - 14:37
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
Que s'était-il passé ? La guerre, principalement. La rébellion. Toutes ces choses au nom desquelles elle semblait considérer qu'il l'avait négligée.
Anders saisit le poignet qui s'avançait vers sa tête. Elle l'avait incendié de nouveau, incapable de se contrôler. Durant ses mois d'absence, Arianne avait nourri un ressentiment qu'elle se sentait légitime à exposer aujourd'hui. C'était bien normal. Ce qu'elle oubliait, ce faisant, était que le monde n'avait pas pu s'arrêter de tourner après son départ. Lui, aurait rêvé de pouvoir ne se préoccuper que d'elle. Céder à l'oisiveté des considérations romantiques et des contemplations métaphysiques de ses sentiments pour une jeune femme dont il était bien trop proche. Cependant, Arianne n'était plus une Sand. En tant que Martell, on attendait d'elle comme de ses frères et sœurs une conduite plus digne. Ils étaient tous voués à souffrir et à se sacrifier pour la couronne. L'entendre s'en plaindre était insensé mais aussi inconvenant.
On ne commençait pas des guerres pour des bâtardes légitimées. Au mieux, celles-ci faisaient office de monnaie d'échange et de garantie. Comment il la voyait et ce qu'il éprouvait ne changeait en rien la valeur de la jeune femme sur l'échiquier politique. En réalité, il était davantage déterminé à dissimuler cette faiblesse qu'à s'agiter et l'exposer au grand jour. Yoren Hoare avait réclamé sa sœur pour la femme qu'elle était. Anders préférait ne pas imaginer comment il aurait joui de la femme qu'il aimait.
« Tu as été donnée en otage, Arianne. Le jour où tu as quitté Lancéhélion tu étais déjà prisonnière. C'était ton rôle : une garantie. Parce que tu n'étais pas n'importe qui, bien que tu ne sois ni Deria, ni Roward. Alors quoi ? Tu voudrais que je te dise que nous aurions dû nous battre plus ? Venir te chercher là où tu étais plus en sécurité que nous tous réunis ? » Sa voix revêtit une profondeur rare qu'il ne déployait d'ordinaire qu'avec les hommes qui se plaçaient sous ses ordres. Elle le poussait dans ses retranchements et il luttait pour ne rien concéder à la colère malgré son tempérament. « Que les choses soient claires : je regrette que tu aies vécu les horreurs dont j'espère que tu trouveras la force et la confiance de m'entretenir, mais je ne suis pas désolé de ne t'avoir pas placée au-dessus de Dorne. »
Ses mots étaient d'une honnêteté inébranlable. Elle le détesterait peut-être pour cela. Cependant, Arianne n'avait pas eu le monopole du malheur et du souci durant cette année écrasante de défis, de défaites et de dépit ; de pertes de camarades, de blessures et de trahisons. Les stigmates physiques qu'il en gardait n'étaient rien. Pourtant, il n'y avait que cela dont elle s'inquiétait. Rien que cela pour l'arracher à son égocentrisme puéril.
« Seul un imbécile se serait écouté comme j'avais envie de le faire. Seul un fou se serait lancé sur tes traces avec l'espoir de te ravir, connaissant la faiblesse de nos forces et la division de notre peuple pour assumer le viol d'un tel traité. » Il s'approcha un peu. Son attitude n'avait plus rien de fraternelle. Anders bouillonnait de rage. « Je suis bien des choses, mais si je me montre déraisonnable lorsqu'il s'agit de toi, n'oublie jamais que je ne suis pas sot. »
Il lui en voulait de le faire culpabiliser de la sorte. Elle aurait pu pleurer, se plaindre. Elle aurait pu tout lui dire de ses épreuves. Elle aurait même pu lui briser un peu plus le cœur et la volonté en lui rappelant qu'elle tenait à oublier le jour de son départ. Le blâmer pour sa place d'otage et son inaction, en revanche, était d'une mesquinerie qu'il n'admettait pas. Elle pouvait avoir raison ou tort. L'accuser d'être désintéressé quand il avait crevé d'inquiétude était intolérable.
Il la relâcha. Son contact commençait à le brûler. Il ne voulait pas refermer plus fermement ses doigts autour de son poignet aminci. Dans les premières minutes, Anders s'était tu par compassion, trop occupé à se réjouir d'un retour inespéré. Voilà qu'il cédait de nouveau aux sirènes de l'impulsivité. Plus encore que blessé, il était déçu.
« Que tu te sois sentie seule, je le comprends. Isolée, oubliée, malmenée. Soit. Mais oser me parler de renoncement, par deux fois ? M'accuser de n'avoir rien fait quand je m'échinais à me faire le dernier rempart derrière lequel notre frère et notre sœur pouvaient trouver un peu de repos ? » Son regard se fit plus dur. L'émotion des retrouvailles s'était dissipée sous la salve d'attaques et d'insultes à sa dévotion. « J'ignore ce qui m'accable le plus : que tu aies si peu confiance en nous... en moi. Ou que tu me connaisses si mal. »
Anders se tut. Son ressentiment avait été expié. Un peu. Son courroux venait de mourir sur ses lèvres pincées. Il était prêt à passer à autre chose. Arianne savait qu'elle bénéficiait constamment d'un traitement de faveur et était allée trop loin. Peut-être avait-elle oublié comment il se muait en animal tempétueux à force d'attendre d'être sauvée. Peut-être avait-elle pensé que son absence le transformerait en un petit être suppliant et mortifié. Il avait demandé pardon. Une seule et unique fois. Il souffrirait de son refus mais ne se laisserait pas piétiner pour autant.
Arianne avait dû se débrouiller seule, certes. Comme eux tous dans une certaine mesure. Elle n'avait pas eu besoin d'être sauvée. Elle s'était enfuie elle-même. A présent, Anders pouvait aider sans compromettre Dorne. C'était là tout ce qu'il s'autorisait.
« Deria va bien. Roward aussi, aux dernières nouvelles. As-tu un plan ? »
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Lun 26 Juil - 22:02
Il ignore ma question sur sa blessure, préférant me marteler de ces mêmes propos que je m’étais répétée durant vingt-et-un an de bons et de loyaux services à la Maison Martell. Il avoue que la Principauté de Dorne était bien plus importante que moi, et que le contraire dénoncerait un caractère sot, fou et déraisonnable. Alors, je plaide coupable de tous ces défauts. La Principauté pourrait disparaître en cendre, crever sous la folie des rebelles ou subir le courroux de Deria Martell, que je m’en fichais. Je préférais, de loin, des frères et une sœur sans couronne que sans tête ! Je doutais qu’Anders, que Roward ou que Deria partagent cette philosophie : ils avaient été toujours plus braves, plus intrépides et plus joueurs avec la Mort que moi-même. Pourtant, leurs résolutions pour protéger ces terres n’avaient pas faibli. La mienne s’était tout bonnement évaporée à une menace fantôme, mais qui s’était révélée réelle en finalité.
A sa dernière remarque, notamment sur le fait que j’avais perdu tant confiance en eux, je préférais me taire et ne pas répondre. Il pouvait user de tous les beaux mots, mais il ne pouvait pas effacer cette réalité qu’il avait avoué à demi-mot : Dorne primait sur ma petite personne. Dans leur esprit, j’étais soit à l’abri dans l’ombre du Fer-né, soit perdue en même temps que ce dernier. Dans les deux cas, je n’étais plus de la responsabilité de Dorne, ou de la Maison Martell, qu’importe que je sois née ici, ou que l’on m’a donné un nom. Les morceaux d’une illusion brisée au Conflans étaient davantage piétinés. Décidément, j’avais bien fait de me « réveiller » à temps, pour comprendre que je n’avais pas cette importance que je pensais avoir et que l’amour sous toutes ces formes n’était qu’une source de déception.
- As-tu un plan ?
Je ne réponds pas, préférant me murer dans le silence et la réflexion. Nous étions bien trop en colère, remontés et blessés dans nos orgueils pour entretenir la moindre conversation sans que celle-ci ne devienne un nouveau sujet de querelles. Qu’espérait-il ? J’avais disparu depuis six mois, si ce n’est plus. Entre temps, la rébellion s’était déclarée, ma propre famille m’avait quasiment enterrée dix pieds sous terre avec Yoren – quoi qu’Anders dise, telle était la vérité – et je ne pouvais pas me révéler publiquement au risque de retourner sur ces maudits Iles – et donc, peut-être, avoir à subir ce destin que j’avais fui avec tant d’ardeurs et de volonté ! Enfin, j’avais fui car j’avais préféré la vie à la mort, une « vie » à la « servitude » à des Fer-nés … J’avais violé ce traité par pur égoïsme, en somme. Accepterait-il une telle explication, lui qui me faisait de si beaux discours patriotiques à cet instant-ci ? Comprendrait-il le trouble que je traversais, en reniant toutes ces choses auxquelles je croyais si profondément – mais si faussement ? Enfin, et plus important, fera-t-il comme les autres, c’est-à-dire oublier tous mes sacrifices passés pour se souvenir que de ce rare acte égoïste ?
Quand se rendra-t-il compte qu’il était toujours question de « donner », sans rien « recevoir » ? Pour tout ce que Roward et Deria avaient donné, et leurs ancêtres, ils avaient reçu un temps l’amour, l’admiration et l’approbation d’un peuple entier. Pour tout ce qu’Anders et moi avions sacrifié, nous avions reçu au mieux un nom qui ne pesait guère lourd sur un échiquier. Aujourd’hui, toute la lignée, légitime ou légitimée, était réduite à la déconfiture de Deria Martell uniquement. Les erreurs de cette dernière étaient, aujourd'hui, une menace sur toutes nos têtes! Pourtant, chacun était prêt à sacrifier encore un frère ou une sœur pour ces maudites terres !
Quel était le plan ? Tout simplement sauver les miens, à tout prix. A n'importe quel prix.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Mar 3 Aoû - 21:16
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
Arianne avait gardé le silence, comme il s’en serait douté. Elle avait entendu chacun de ses mots, du plus doux au plus assommant, et faisait mine de recevoir ce flot de paroles sans en être affectée outre mesure. Tous deux avaient joué ce jeu trop longtemps pour s’en détacher maintenant. Anders ne savait plus si la douleur de l’absence d’Arianne surpassait celle de son retour, de ses reproches… et de ce mètre infini qui les séparait, quand tout dans son élan réprouvable le poussait vers elle.
Il se porta légèrement en arrière, s’efforçant de se tenir au plus loin sans pour autant reculer. Puis il la considéra entièrement. Lorsqu’elle ouvrit la bouche pour répondre à sa question concernant le plan en cours d’exécution, il ne fut pas surpris d’entendre Arianne évoquer sa première tentative.
Parfois, dans l’intimité et le silence de son propre esprit, Anders se demandait ce qu’il serait advenu si Arianne avait été princesse. Ou bien s’il l’avait rencontrée au détour d’une négociation commerciale, sans rien savoir de l’identité de son père.
Ser Barristan Dayne, prompt à se répandre le venin de l’insubordination et à souhaiter l’abdication de sa Princesse. Les poings d’Anders se serrèrent. Les jointures de ses doigts s’éclaircirent. Il ne dit rien, laissant sa sœur développer. Et puis, les mots tombèrent. Juste là. Mollement, entre eux deux. Anders ne voulut pas la regarder.
« Je dois partir. »
Submergé de dépit, il regarda le sol durant de longues secondes. Quand il releva enfin les yeux vers le visage d’Arianne, celle-ci évoquait son refus d’être prise en otage de nouveau.
« Je suis enfin libre, et je compte le rester longtemps. »
La liberté. C’était là ce qu’elle méritait. Anders n’avait jamais douté du fait qu’Arianne n’était pas une fleur d’ornement. Trop souvent, elle était vue pour ce à quoi elle ressemblait : une belle de Dorne sans épines. Lui, savait. Anders voyait Arianne comme une arme liquide. Elle glissait entre les doigts de qui tentait de s’en saisir. Même enfermée, son esprit virevoltait au-delà des murs de ses prisons.
Les terres ennemies ou l’exil. Anders savait que sa réponse n’était pas dictée par son sens du devoir, ni sa raison. Pourtant, il demeurait convaincu qu’envoyer Arianne vers l’Empire serait parmi les pires manœuvres.
« L’exil. Cent fois. Mille fois l’exil, Arianne… » Sa voix mourut, victime d’un défaut de puissance. Anders se redressa. « Aucun de ces deux choix ne représente ce dont je rêvais pour ton retour. » Il ne voulait pas en dire davantage. Mais s’il ne voulait pas, alors pourquoi se sentait-il écrasé sous le poids des mots qui lui restaient en travers de la gorge ? Anders déglutit. « Pourtant, je ne veux pas te dire de partir. » Sa main droite souleva celle de sa sœur. Il l’attira doucement vers lui. « C’est trop tôt, tu comprends ? »
Il ne s’était pas remis de son absence. La cruauté d’un nouveau départ l’enterrerait pour plus longtemps qu'il ne saurait l'imaginer.
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Mar 31 Aoû - 23:16
- L’exil. Cent fois. Mille fois l’exil, Arianne…
Un fin sourire mi-figue et mi-raisin s’étire sur mes lèvres. Ses paroles prouvaient que je comptais, encore, mais que je n’avais pas la valeur de la Principauté. Cette dernière primera toujours sur moi : il fera toutes les folies du monde pour la sauver, mais nullement pour moi. Consciente de cette réalité qui blesse et qui déçoit, je comprends que je dois taire cette folle demande qui menace de glisser entre mes lèvres, et à laquelle j’avais octroyé de longues heures de réflexion pour trouver les bons mots et le ton approprié.
À nouveau, mes efforts avaient été vains. J’avais à encaisser un second échec. À quel instant ce ténu pouvoir que j’avais sur les uns et sur les autres avaient disparu ? Plus important, est-ce que j’avais vraiment eu cette influence, ou m’étais-je encore bercée de quelques illusions ? Est-ce que ces Seigneurs dorniens avec qui j’avais tant conversé et partagé m’avaient réellement apprécié ? Est-ce que j’avais été aimé comme une fille - et non un outil politique - par Père ? Est-ce que Grand Mère avait vraiment eu « quelque chose » en moi ? Est-ce que les sentiments exprimés par Anders avaient été sincères ? A cet instant, le doute m’étreint. Ces repas bon enfant ou fastueux avec les Nobles, les bonnes intentions de mon Père, les enseignements plein de Sagesse de Grand Mère, ou les baisers et les regards d’Anders semblaient être des scènes d’un autre temps, ou d’un autre monde, où je ne figurais plus.
La main d'Anders sur la mienne me ramène, à nouveau, à cette étrange et grotesque réalité où je n’avais plus de repères ou de places.
- Aucun de ces deux choix ne représente ce dont je rêvais pour ton retour. Pourtant, je ne veux pas te dire de partir. C’est trop tôt, tu comprends ? - Quels sont ces rêves que tu avais et ces paroles que tu voulais dire, mais qui semblent être contraire à ce que le devoir dicte ? Demandais-je, à peine curieuse, mais pressant un peu plus ce contact
Les paroles étaient vaines. Je cherchais déjà la réponse dans le regard, le reflet même de l’âme humaine. Si tout le monde savait qu’un regard pouvait tout dire, son apprentissage était si difficile et si tortueux que peu de personnes s'y aventuraient. Les craintes sont justifiées. A plonger son propre regard dans celui d'un autre, nous risquons de nous découvrir et de nous livrer pleinement. Voilà un danger bien plus important que de mal interprétés ! Pourtant, cet exercice n'était pas plus différent que celui de l'épée ou de la lecture : à tatillon, avec un guide, on tente, on trébuche, on se relève et on retente. Mes professeurs avaient été, tout à tour, ma Mère, ma Grand Mère et mon précepteur. La première m’avait donné les rudiments, la seconde m’avait appris à me protéger et le dernier m’avait aidé à interpréter.
Je n’étais pas juste, à tous les coups, mais j’échouais peu : c’était l’essentiel. Ce que je voyais, à cet instant, c’était un jeune homme aux ambitions entravées par sa propre loyauté, et aux amours défendues par le sang même. Qu’il était en piteux état. Et je l’étais tout autant, pour des raisons plus ou moins similaires. A la différence que là où il aspirait à s’élever, je souhaitais être « importante » pour quelqu’un, qu’importe les années et qu’importe les peines et les circonstances.
- De quoi rêves-tu exactement, Anders ? Est-ce la fin de cette rébellion, avec une victoire pour la maison Martell ? Est-ce un pouvoir auquel est rattaché une armée, une flotte et un domaine glorieux ? Est-ce une autre vie, là où personne ne nous connaît ? Le pressais-je un peu plus. Allait-il admettre, ou allait-il fuir ?
Pour ma part, j’étais lasse de fuir. Mais j’étais tout autant lasse d’avancer. Une petite voix me rassurait, que ce n’était que l’entracte, avant que je me relève et que je reprenne un rôle dans un acte ou un autre. Il me fallait simplement un signe, ou un but. Est-ce celui qui se tenait en face de moi allait m’en donner ? Ou est-ce que je trouverai ce que je recherche ailleurs ?
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Dim 26 Sep - 19:20
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
« Quels sont ces rêves que tu avais et ces paroles que tu voulais dire, mais qui semblent être contraire à ce que le devoir dicte ? »
Anders se figea. Ses yeux ne se départirent pas de ceux d’Arianne lorsqu’elle finit de poser sa question. Au contraire, il plongea si profondément dans le regard de la jeune femme qu’il eut pu s’y perdre entièrement. Elle le poussait à prononcer des mots qu’il ne pourrait plus ravaler. Elle lui demandait de ramper alors qu’il était déjà à genoux.
« De quoi rêves-tu exactement, Anders ? Est-ce la fin de cette rébellion, avec une victoire pour la maison Martell ? Est-ce un pouvoir auquel est rattaché une armée, une flotte et un domaine glorieux ? Est-ce une autre vie, là où personne ne nous connaît ? »
Tout. Il voulait tout à la fois. Il voulait lui ouvrir les portes du Palais sans qu’elle n’ait plus besoin de se cacher. Il voulait la tête de Mahée Allyrion et de tous ceux qui se dressaient sur le chemin de l’équilibre dornien et de la magnificence de la Principauté. Il voulait que son nom figure sur les parchemenins aux côtés d’un vocabulaire relatif à l’honneur, à la bravoure et au succès. Et puis, il voulait pouvoir admettre que les sentiments qui l’aiguillonnaient avaient droit de cité dans son cœur et en ces lieux.
Tout. Anders voulait tout à la fois. Cependant, il savait que certaines choses n’arrivaient pas simplement par la force de la volonté.
Il sentait la pression exercée par la main d’Arianne. Anders savait qu’elle trahissait un espoir timide que les mots franchissent enfin la barrière de ses lèvres. Il s’était pourtant promis de ne pas en reparler. De ne pas se laisser retomber dans les travers du cœur. Pas sans qu’elle ne sache tout ce qu’il s’était passé en son absence. Du moins, il aurait voulu trouver la force de troubler ces retrouvailles avec une parfaite honnêteté. Sa main glissa instinctivement vers le visage d’Arianne.
« Je rêve de notre gloire. En tant que Principauté libre. En tant que maison suzeraine. » Il raffermit sa prise.« En tant qu’individus. » Il se pencha un peu plus, prêt à recevoir son baiser ou sa gifle. « Je rêve du bonheur que j’éprouverais à t’annoncer que les conflits sont enfin assez mineurs pour que nous puissions penser à nous. »
Anders comprenait l’invitation d’Arianne. Quelque part, elle l’enchantait un peu. Mais quelle trahison, quel égoïsme supposait une telle décision ? Il n’était ni préparé à commettre un tel acte de couardise, ni capable de l’envisager sérieusement.
« Notre tour viendra, Ari. Si c’est aussi ce que tu espères, je m’en assurerai. »
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Ven 1 Oct - 0:00
- Tu ne réponds pas à ma question. Soit tu cherches à me fuir, soit tu refuses de voir la vérité.
Je sentais le conflit qui faisait rage dans le cœur de mon frère, et je ne pouvais pas m’empêcher de le plaindre sincèrement. Là où je m’étais affranchie de certaines illusions, il s’y accrochait encore et toujours, quitte à s’y écorcher et à y crever. Ses paroles trahissaient ses grands espoirs, et mettaient à nu des ambitions cachées. Il ne voyait pas qu’il se battait pour une gloire qui ne serait jamais sienne et pour une place dans l’ombre qui ne le conviendrait jamais.
- Je ne compte pas attendre mon tour, Anders, car il ne viendra jamais. Qu’importe nos hauts faits, nos sacrifices et nos accomplissements, nous serons toujours des batards aux yeux du monde, et toutes nos actions profiterons les membres légitimes. Nous n’avons aucun droit, nous sommes simplement tolérés, susurrais-je. Je saisis sa main pour l’envelopper pleinement entre mes deux mains, au niveau du creux de mon ventre, et je fixe mon attention sur lui, prête à intercepter tous ses regards fuyants. Ne te méprends pas sur mes intentions ou mes paroles. Nous les aimons, et nous les protégerons de toutes nos forces, le rassurais-je.
J'hésite à continuer, mais il le faut.
- Après ma fuite, j’étais terrifiée. Je pensais avoir tout perdu. Je pensais m’être condamnée à une mort encore plus certaine que si j’étais restée aux côtés de Yoren et de son armée. Dans le Conflans, je me demandais si j’allais être dévorée par des loups, dévalisée par des brigands, abusée et tuée par des soldats d’une faction ou d’une autre. Entre l’Ouest et Dorne, j’ai voyagé principalement par bateau. J’ai essuyé deux maudites tempêtes, deux fois où j’ai cru que j’allais échouer au fond de la mer, servie aux requins, dis-je, le ton toujours bas. Et à chaque fois, j’ai vu ma vie défiler sous mes yeux, et j’ai pensé et repensé à tous ces regrets.
Mon ton n’était pas accusateur. Au contraire, il tremblait d’une émotion vibrante, celle-là même que j’avais exprimé face à une Prêtresse Rouge. Les sentiments refaisaient surface, se mélangeant et se concentrant pour tout bonnement se jeter sur mon âme vagabonde, détruire ce qu’il restait de ses fondements et me laisser à nue et désemparée. Je me rappelle encore de cette ambiance suintante et lourde qui régnait sur Haye-Pierre. Le chemin jusqu’au domaine de la Reine avait été périlleuse entre les trahisons de la conseillère et du neveu du Roi Batard, ou encore les tentatives d’empoisonnement du couple royale. A peine arrivée à destination, que les rumeurs que l’armée impériale était en surnombre se susurraient dans les rangs. Là où Helena était protégée par une solide garde, je n’avais plus qu’un homme à moitié endormi ou ennuyé de surveiller une Dornienne plutôt que de se battre avec les siens. Je compris que mon destin tenait à un fil, ou plutôt se jouait à pile ou face. Pile, Yoren gagnait et je pouvais crever dans la solitude de la forteresse royale du vainqueur, en jouant la gouvernante de ses enfants « légitimes » ou en minaudant comme une vulgaire maîtresse. Face, Il perdait et ma mort allait être plus rapide – soit sans douleur, soit agonisante. Les risques étaient trop grands, pour que je confie ce destin facétieux à un homme qui s’en fichait de moi. J’eus bien raison …
- Je refuse de mourir avec des regrets. Je veux prendre en main mon destin, je veux construire mon avenir, je veux avoir ma propre force. Je sais que Roward et Deria ne me soutiendront pas car la Principauté sera toujours plus importante que l'individu, car ils reçoivent et qu’ils ne donnent pas, car ils ont déjà tout ça ... Et je sais que personne ne m'aidera, hormis toi, car personne n'est comme toi ou moi.
Allait-il me haïr pour ces paroles ? Allait-il me considérer légère et frivole, en m’accusant de parler sans réellement connaître toutes les épreuves qu’ils avaient traversé ? Allait-il m’accuser de collaboration avec l’Ennemie ? Au contraire, allait-il m’écouter et accepter de voir ce monde de mon propre spectre ? Allait-il accepter de considérer la situation autrement, avec un plus grand détachement ?
- Pourtant, avant que je ne prenne une décision ... j'ai besoin de toi, dis-je, inspirant profondément. Après tant de batailles où tu as fait face à la mort, n'as-tu jamais désiré, souhaité ou voulu un autre destin ?
Je me retiens de dire qu’il m’avait embrassé lorsque la Capitale avait été attaquée par les Fer-nés, lorsqu’il pensait qu’il allait mourir. il avait changé "notre" monde. Etais-je son seul regret ou en avait-il d’autres ? Avait-il fait d'autres changements, dont je n'étais pas au courant ? Je voulais le savoir. J’avais besoin de l’entendre. Il était temps d’être franc envers l’un et l’autre et surtout envers nous-même.
- Dis-moi à quoi m'accrocher, car j'ai l'impression que je vais me noyer dans ma propre misère et solitude. Dis-moi comment tu vis, pour que je comprenne comment renouer avec ce "tout".
J'étais divisée entre cette envie d'aider les miens inconditionnellement au prix de ma vie et ce besoin égoïste de prendre en main le cours de ma vie, déchirée entre l'importance de rester cacher pour ne pas causer davantage de trouble et ce besoin de sortir, de m'exprimer, de crier ou de dire aux gens que je vis. Incapable d'avancer ou de reculer, j'étouffais sur place.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Lun 29 Nov - 20:16
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
Arianne n’avait de cesse de chercher chez Anders ce qu’il n’avait pas de commun avec elle : un courage ou un manque de loyauté juste assez robuste pour oser regarder la situation en face. Il la regardait s’évertuer à lui parler d’abandon et de choix de destin. Il la regardait, tout en s’éloignant en pensée vers un océan de possibilités qui ne s’avèreraient jamais.
Qu’avait-il songé lors de l’attaque subie à La Grâcedieu ? Que s’était-il dit lorsque sa blessure inquiétait tout autour de lui ? Qu’avait-il songé quand Deria avait posé pour la dernière fois un regard noir sur lui ? Rien. Anders ne songeait pas au-delà des hauts faits et se refusait à croire que sa position relevait de l’échec. Il avait été légitimé. Il avait pour responsabilité de tenir Lancéhélion en l’absence de son frère, le Prince. Il dirigeait des hommes à la guerre. On lui faisait toujours confiance. C’était un honneur qu’on lui faisait. Arianne voyait là une privation d’existence quand son frère bâtard ne pouvait se résoudre à déceler une quelconque malédiction.
Si. Il était maudit. A chaque charge, il portait sur ses épaules la masse de nombreuses vies et la responsabilité de milliers autres. C’était cela, le problème. Se savoir toujours en situation de sacrifier. Mais sa vie à lui ? Quelle valeur avait-elle au regard de l’honneur d’une maison ? Pis encore, pourrait-il seulement survivre après une désertion ?
« Ce n’est pas une punition que l’on m’inflige, Arianne. C’est le seul choix que j’envisage : tenir. Pour Roward. Pour la Princesse. Pour la Principauté. Je n’ai pas le choix. Je ne veux pas l’avoir. Je t’aime, mais je détesterais la personne que cela ferait de moi. » Il s’interrompit. « Et tu le sais. »
Le silence retomba. Anders se repassa le flot de paroles d’Arianne, incapable de prononcer les mots dont il savait qu’elle les attendait. Il ne s’agissait pas seulement de sa liberté lorsqu’elle parlait de regrets. Il savait qu’elle voulait plus pour eux deux. Pourtant, elle non plus n’avait pas eu l’audace de le dire. Et voilà qu’elle avait murmuré. Supplié, presque, malgré la fermeté de son phrasé.
« Lorsque ta décision sera prise, je t’aiderai. »
Il s’éloigna et versa un liquide fumant dans une petite coupe. Il le porta lentement à ses lèvres et en but quelques gorgées. Anders ne voulait pas voir Arianne se décomposer ou virer à la colère. Il finit toutefois par se retourner.
« Tu ne mérites pas de vivre accablée de dépit et pétrie de regrets. Si c’est de liberté dont tu rêves, je t’aiderai. »
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Sam 4 Déc - 23:58
Il avait pris une décision, et j’en étais exclue. A nouveau, j’étais trahie par celui qui m’avait fait bien des promesses par un baiser. Encore, mon propre sang me faisait défaut. Je comprends que je n’avais plus aucune voix ou influence au sein de cette fratrie aux ambitions bien grandes, ou une place dans cette Maison qui n’accepte que les membres qui acceptent de suivre une ligne de conduite aveuglément. Etais-je déçue ? Je l’étais. Etais-je surprise ? Nullement. Habituée aux désillusions, je me garde de montrer mon profond désespoir ou cette froide colère. Je me contente d’afficher un air conciliant, brisant le silence de ce ton que j’empruntais lorsque j’étais encore une Conseillère de la Principauté.
- Le sort de la Principauté est plus important que le sort d’un seul individu. Je me rappelle encore des précieuses leçons de notre grand-mère.
Si j’avais été une étudiante modèle, écoutant et apprenant attentivement chaque leçon donnée par le Mestre, par mes précepteurs ou par les membres de la Maison Martell, l’ironie du sort voulait que ce soit Anders, le plus dissipé des nôtres, qui se montre le plus respectueux de ces préceptes transmis.
- Père aurait été fier de toi, conclus-je, sachant à quel point ces paroles signifieraient beaucoup pour lui.
Il n’y avait là nul jeu ou tentative de manipulation. Je disais tout ce qu’il me restait à dire, avant que nos chemins ne se séparent à nouveau – pour un court moment, ou pour toujours. Notre père avait toujours montré une attention plus particulière à Anders. Etais-ce parce qu’ils se ressemblaient à bien des égards, ou étais-ce parce que ce fils était le fruit d’un amour sincère avec une bourgeoise ? Est-ce si important, finalement ?
- Ravenna aurait sûrement été reconnaissante, également, glissais-je, en référence à cette terrible belle-mère.
Aimante avec ses enfants, imbuvable avec les enfants illégitimes de son époux, elle n’en restait pas moins la seule figure « maternelle » prédominante de notre enfance. Nous avons été arrachés bien trop jeunes des bras de nos mères respectives, Anders et moi, et avons tenté de chercher un substitut à ces dernières dans une cour bien impitoyable. Nous avions eu tant d’attente de cette Princesse, tant d’espoirs brisés …
- Grand-mère aurait évidemment bien des choses à redire, dis-je en étouffant un rire.
La vieille femme avait toujours été critique et exigeante mais étrangement moins protocolaire que sa belle-fille vis-à-vis des bâtards de sa Maison. Elle nous avait donné une chance, en nous offrant une excellente éducation et en nous excluant dans quelques missions. Si celles d’Anders se cantonnaient souvent à la protection de Roward, les miennes étaient plus variées – tantôt dégradantes, tantôt honorables. Je taisais toujours les premières, et je n’énonçais que les secondes. Là où mes frères ou ma sœur idéalisaient notre père, ou notre grand-mère, je connaissais les torts et les travers de chacun.
- Et je suis fort heureuse que tu as su trouver cette place que tu souhaitais, finis-je par dire. Je te prie de ne plus te préoccuper de moi. J’ai réussi à traverser la moitié du continent par mes moyens, je saurais prendre soin de moi, où que j’aille. Mais je veillerai toujours sur vous, qu’importe où je suis.
Je le fixe, le regard sûr et serein à la fois.
- Le sang prime toujours sur l’or. La vie importe plus que la mort, déclarais-je. Retiens ces paroles, Anders. Le jour où tu les entendras à nouveau, cela signifiera que je ne suis guère loin.
Mes paroles sonnaient comme un adieu, ou comme la fin d’un cycle.
All roads lead to death
ANAPHORE
Arianne Martell
Unbowed, Unbent, Unbroken
Messages : 11903 Membre du mois : 100 Maison : Maison Martell Caractère : Joviale - Désabusée - Diplomate - Narcissique - Patiente - Indécise Célébrité : Deepika Padukone
Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé] Lun 27 Déc - 14:08
Anders Martell
Anders Martell est un des princes de Dorne. Né Sand, il a été légitimé et reste un soutien important pour la Principauté qui l'a vu naître et notamment pour sa soeur Deria Martell. Son autre demi-soeur, Arianne, a été faite otage par le Royaume du Sel et du Roc et il n'a plus aucune nouvelle d'elle. Arianne a pu revenir à Dorne et, après un court arrêt aux Météores, est enfin entrée à Lancehélion. Son premier réflexe est de chercher à rentrer en contact avec l’un de ses frères. C'est sur Anders qu'elle va tomber.
Les fantômes de la famille Martell s’érigeaient tour à tour dans la pièce à mesure que Arianne les évoquait. Anders se figuraient les sermons ou remerciements. Lorsqu’un rire étouffé s’échappa de la bouche de sa sœur, un franc sourire fendit son visage. Au-delà du souci, un petit instant de complicité qu’il saisit avec l’avidité d’un homme désespéré.
« Et je suis fort heureuse que tu as su trouver cette place que tu souhaitais. »
Anders ne répondit pas. Il n’était pas sûr d’avoir trouvé sa propre place. Ni même de l’avoir faite. Tout ce qu’il avait, c’était celle qu’on lui offrait. Elle ne le rebutait pas, bien sûr… mais il ne s’y sentait pas complètement à son aise pour autant. Il se garda bien de le spécifier. Arianne était têtue. Il ne voulait pas l’encourager.
« Je te prie de ne plus te préoccuper de moi. J’ai réussi à traverser la moitié du continent par mes moyens, je saurais prendre soin de moi, où que j’aille. Mais je veillerai toujours sur vous, qu’importe où je suis. »
Une douche froide sans nom. Voilà qu’elle jouait l’oiseau blessé. Anders savait qu’Arianne était déçue. Pourtant, il lui en voulait de l’étaler avec si peu d’empathie pour ses propres souffrances et la douleur de ses choix. Il la soutenait. Il offrait son aide. Était-ce donc si peu de choses ? A quoi servirait-il en cavale à ses côtés, si ce n’est à se perdre en oisiveté et se vautrer dans des plaisirs égoïstes ? Il voulut la toucher mais se l’interdit.
« Le sang prime toujours sur l’or. La vie importe plus que la mort. Retiens ces paroles, Anders. Le jour où tu les entendras à nouveau, cela signifiera que je ne suis guère loin. »
Anders savait que ces mots le hanteraient. Déjà, son esprit agité poursuivait le poème.
« Jamais l’amour ne s’endort. Si je me détourne, c’est dans l’effort. »
Il planta son regard dans celui de sa sœur et, le cœur lourd, fit son chemin vers la sortie en dissimulant de nouveau son visage. Arianne voulait partir. Il la soutenait. Mais quel égoïsme que de lui reprocher de ne pas en faire autant. Quelle insensibilité quand il s’était ouvert juste assez pour lui avouer qu’elle vivait inlassablement dans son esprit.
Anders ignorait ce qu’il adviendrait de leur relation après cela. Arianne avait vécu l’enfer. Ou plutôt, un enfer parmi d’autres. Il le reconnaissait. Il s’en voulait. Il aurait dû l’en protéger ou au moins l’en extirper. Il avait cru, dans sa grande stupidité, que Arianne serait capable de faire face à cette horreur. Qu’elle s’en détournerait par la ruse, peut-être. Il avait cru, dans sa grande imbécilité, qu’elle comprendrait sa posture et ses choix. Il ne lui en voulait pas de ne pas comprendre. Il ne lui en voulait pas d’être en désaccord, de vouloir tracer sa propre voie. Il était simplement égaré. Elle partait. Sans lui. Sans présenter une once de regret en ce qui le concernait. Elle partait, pétrie de déception malgré des réponses formulées en des mots qu’il avait pensés sensibles et honnêtes.
A peine eut-il le pied sur la terre ferme que Anders se mit à bouillonner. A son retour au palais, les soldats qui le croisèrent eurent le bon goût de s’écarter sans un mot. Personne ne vint le troubler dans la quiétude de son étude. Tous savaient que Anders Martell était homme à ne pas consulter lorsqu’il exhibait les affres de sa colère.
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Sujet: Re: Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé]
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Le chant des voiles (A2 M1 S4) [Tour IX - Terminé]