Sujet: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Lun 15 Mar - 10:39
Trôner dans la salle du conseil de Villevieille ce n’était pas tout à fait la même chose que de le faire à Hautjardin. Dans les deux cas, j’étais le seul seigneur et maître de l’endroit. Je restais ici chez moi, à Villevieille. C’était la cité qui m’avait vu naître, qui m’avait vu grandir. Je pouvais dire que c’était bien ici que j’avais été façonné, que j’avais pu évoluer et devenir ce que j’étais. A l’ombre de la Tour de la Citadelle, je m’étais construit et je m’étais développé. Des ténèbres de tout ce que la cité recelait de vices et de pièges, je m’étais élevé. Ma femme aussi avait vu ses ambitions grandir jusqu’à la faire passer de mousse à Amirale, de princesse à Reine. Dans tous les cas, Villevieille était la ville du possible. Elle permettait, par sa richesse et sa prospérité, de voir ceux qui avaient des ambitions chevillées au corps de se saisir des outils nécessaires à leur ascension. J’aimais ce sentiment de puissance et de richesse qui transpirait de la ville, accoudé à l’un des balcons du castel qui donnait plus bas sur le port gigantesque et le marché qui l’était tout autant, où denrées et matières de tout le monde connu débarquaient et s’échangeaient sous le soleil printanier et la légère brise qui l’accompagnait.
J’étais encore un rien courbaturé de la veille. Eren était une femme et une maîtresse exigeante, avec un caractère de cochon typiquement fer-né, caractéristique des Hoare. La dompter requérait des efforts permanents, car s’il était facile de garder les mêmes objectifs partagés, il n’était pas toujours aussi aisé que cela de pouvoir se coordonner.
Belle et terrible, comme toujours. Je vivais avec la conviction chevillée au corps qu’un jour ou l’autre, ce serait la mort. Pour l’un de nous. Ou comme lors de nos derniers ébats avant mon départ pour l’ouest, la mort des deux au cours de la querelle de trop. Un nouveau jour avait beau se lever depuis quelques heures, le danger restait omniprésent, encore ce que nous vivions une époque troublée… A laquelle se surajoutaient les dangers inhérents à notre procession. Un homme en livrée Hightower apparaît sur le pas de la porte, et annonce que la délégation dornienne est arrivée. J’acquiesce, et fais mander la Reine, qu’elle nous rejoigne dans la Grande Salle. Un regard pour Eren à son arrivée, un baise-main poli, mais un regard équivoque, plein de défi et d’amusement. Ce petit jeu ne cesserait que dans le sang, un jour ou l’autre, mais pour l’heure il m’amusait toujours.
Les dorniens arrivent. Gardes laissés libres d’entrer, émissaires aussi. Je me suis renseigné sur celle qui avait été annoncée par le pouvoir Martell. Une jeune dame. Jolie. Cheveux un rien frisés. Le teint bronzé des gens du Désert Rouge. Native de Le Tor, une Jordayne. Je me demandais tout de même quel était le message derrière sa visite, alors qu’Eren restait assise à mes côtés.Un héraut annonça la visite de la dame Aliandra de la Maison Jordayne, et je savais que si le héraut ne le disait haut et fort, il était question de mariages à Dorne.
Ne pas dévoiler ses cartes, laisser venir. Que faisait une aussi jeune personne chez l’ennemi juré devenu allié ? Le Héraut embraie sur nos titres, à notre tour. A la fin, je finis par incliner la tête en signe de respect pour la jeune dornienne.
| Lady Aliandra. Je suis ravi de faire votre connaissance ; soyez la bienvenue en cette bonne cité de Villevieille, et en notre royaume. Que nous vaut le plaisir et l’honneur de votre visite ? J’espère que vous avez fait bon voyage… |
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Manfred Hightower
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Lun 29 Mar - 11:53
Lady Aliandra Jordayne retint son souffle, en posant enfin les pieds sur le débarcadère du port de Vieilleville. Accompagnée de quelques dames de compagnie et d'une garde réduite mais loyale, elle se sentait à la fois soulagée et terrifiée d'être arrivée à bon port.
En réalité, il s'agit de son tout premier voyage sans sa famille, de la toute première responsabilité qu'elle avait l'impression d'assumer, et ce fut le cœur lourd et pesant qu'elle prit ses quartiers dans une très bonne auberge de la ville pour se laver et se préparer à la tâche qui lui avait été confiée. Bien sûr, la jeune fille n'était pas sans savoir le danger auquel elle s'exposait. Hautjardin avait été un piège terrible pour la noblesse dornienne, et le prélude à la guerre et à l'humiliation de son peuple ; mais elle n'avait pas le choix. Pour sauver Dorne, pour sauver surtout son doux fiancé et sa famille, la fille du sud était prête à se jeter sur les épines de l'ennemi. Son beau pays de soleil devait être sauvé, avait besoin de paix et de calme pour se remettre de ses terribles blessures - et elle était là pour essayer de gagner sa guérison.
C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée au palais.
Habillée d'une robe de soie rose, ses cheveux noirs nattés autour d'une chaine d'or, elle se sentait si petite, si inexpérimentée qu'elle se demanda un instant si Roward n'avait pas pris la mauvaise décision en l'envoyant ici. Elle n'avait jamais été partie prenante en politique, se contentant de gérer sa Maison quand il y en avait eu le besoin, s'occupant de ses pauvres et de sa musique le reste du temps - et pourtant elle était ici, à patienter pour son audience ! Quelle folie l'avait donc poussé ?
Un instant, le désespoir et la terreur étreignirent son coeur. Mais elle était dornienne, fille de la très loyale Maison Jordayne : elle ne pouvait reculer devant le danger, devant son Devoir. Il faudrait qu'elle l'assume jusqu'au bout. Ce fut ainsi la tête haute, le sourire plaqué aux lèvres, que la jeune fille parcourut les quelques mètres qui la séparait du Roi du Bief, Manfred Hightower, ainsi que de sa reine, avant de s'incliner en respectant l'étiquette. Ils étaient alliés, se raisonnait-elle pour étouffer l'anxiété qui rongeait sa détermination. Il fallait faire acte de foi envers son fiancé, lui faire honneur. Rien d'autre ne comptait.
Elle se redressa, inspira et expira posément, déposa son regard sombre sur les deux nobles qui la dévisageaient.
- "Vos Majestés, je vous remercie de votre accueil."
Sa voix, aux accents du sud, à la diction impeccable, était étonnamment claire et aisée à ses propres oreilles.
- "Le voyage a été excellent, et il m'a été fort agréable de découvrir Vieilleville, bien que je n'ai pas encore pu visité. Mon bateau n'a débarqué que ce matin."
Et maintenant, les choses sérieuses. L'angoisse lui noua le ventre, mais il fallait continuer à faire bonne figure. Pour Arianne, pour Roward, pour Deria. Et son cher grand-Père.
- "Comme vous le savez, Dorne est en proie à des troubles intérieurs. Notre récente alliance a ravivé l'orgueil de certaines Maisons, qui ont eu la sottise et l'inconscience de se rallier à l'Empire. Dans cette lutte, ma Dame, la Princesse Deria Martell, ainsi que son frère, le prince Roward, m'a envoyé à vous afin de vous demander de libérer les otages que vous retenez, et les laisser libre de rejoindre leurs familles. Une alliance ne peut s'épanouir que dans la confiance mutuelle, et cette preuve insigne de votre part ne manquera pas, j'en suis sûre, d'apaiser et de nouer des liens qui auraient dû nous unir, il y a déjà bien longtemps. Ensemble, nos royaumes seront plus forts, mais nous devons persuader chacun que cette alliance est nécessaire, et bénéfique à chaque partie. Les dorniens sont comme le feu.. ils s'enflamment lorsque des charbons ardents sont soufflés sur leur cœur. Comment ce souffle pourrait-il cesser, alors que notre allié retient encore les êtres qui nous sont chers ? Aujourd'hui, vos Majestés, je viens ici en toute confiance jusqu'à vous. Je sais que nos intérêts nous mènent actuellement dans la même direction ; cependant, en tant que voisin, nous partageons une histoire commune. Nous pourrons avoir un avenir, car ensemble, nous serons plus forts."
Étrangement, la jeune fille croyait à ces mots. Une alliance devait être respectée ; et les conflits devaient cesser. Les battements de son cœur tambourinait dans sa poitrine, et Aliandra se força à ouvrir ses mains sur sa jupe brodée, pour sembler plus paisible, pour cacher son trouble... dans l'attente de la réponse des deux souverains.
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Mer 31 Mar - 11:38
Ceryse ne manque pas de compagnie, sa grand-mère et sa tante sont aux petits soins et malgré l’antipathie que lui inspire les Hightower, la mère leur laisse volontiers sa fille. La princesse grandit à vue d'œil, sa mère se fait moins hésitante à la prendre aux bras tant elle paraît moins fragile. Son affection pour cette merveille ne cesse de grandir de jour en jour, ses ambitions aussi. En tant que mère elle veut lui offrir le meilleur, mais il ne s’agit pas d’avoir la folie des grandeurs, et de faire les choses correctement pour qu’elle ne paie pas les erreurs de sa mère. Elle ne manque pas d’idées pour réaliser ses objectifs, mais elle doit agir avec prudence et se montrer patiente.
Les réflexions de la Reine sont intenses ces derniers jours, mais aujourd’hui elle aperçoit un peu de clarté et de distraction avec l’arrivée d’une délégation dornienne. Le sujet des otages, notamment du cas de la Princesse Arianne, otage de son demi-frère, sera sans doute abordé. Ils sont censés accueillir une noble, ambassadrice du Désert et en voyant arriver ladite noblesse, la Reine tombe des nues. C’est une jeune fille à peine adulte qu’ils envoient ? Lady Aliandra Jordayne. Il y a fort à parier que son mari a choisi cette mise en scène dans la salle des trônes pour impressionner la petite. Il avait sans doute envoyé un missionnaire surveiller le débarquement de l’ambassadrice, avec lui, il y a toujours une stratégie à adopter.
Installée sur son trône à côté de son mari, Eren garde le silence tandis que le Héraut énonce leurs titres, mais son regard ne quitte pas la jeune fille. Belle sans aucun doute, mais combien de temps parviendra-t-elle à garder ce masque d’aimable courtoisie ? Eren s’interroge également, devrait-elle proposer des rafraichissements ? Manfred a transformé l’accueil en formalité protocolaire dans la grande salle donc sans doute pas. Elle pourrait donc se contenter d’en rester là, mais elle a une nouvelle image à entretenir en plus de lui offrir une possible occasion de contrarier son mari. Apportez quelques rafraîchissements à nos invités. Commande-t-elle aux domestiques qui gravitent sans cesse autour d’eux, ils se dispersent aussitôt pour s’exécuter.
Dame Tricia Gardener se fera un plaisir de vous faire visiter Villevieille Lady Jordayne. Elle ne manque pas de fabuleux recoins à visiter dont elle connaît les secrets. Elle n’a pas l’intention de se proposer en personne pour cette tâche, Tricia est donc toute désignée en tant que Dame de Villevieille. Les préparatifs du baptême avancent bien, quant aux conseils dont la Reine aurait besoin ne la concerne pas, elle va donc disposer de temps libre.
Rapidement, la raison de sa présence est abordée, ce qui fait bondir intérieurement la Reine. Vous nous demandez de revenir sur un traité signé par la Princesse Martell en personne, il y a... 6 mois à peine. Et ils envoient une jeune fille inexpérimenté pour négocier ? Quelle stupidité. Nous avons connaissance et conscience des troubles dans votre Principauté, nous avons proposé notre aide, que la Princesse a refusé en personne. Nous sommes alliés par ce traité et avons déjà concédé à la Principauté qu’elle récupère ses hommes. Cela n’est pas sans conséquence pour le Bief et nous oblige à revoir notre stratégie. Aujourd’hui, vous demandez la libération de nos otages, demain, vous demanderez à récupérer vos terres ? Vous faites ainsi honneur à votre réputation.
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Lun 5 Avr - 13:59
A nouveau, l'anxiété étreignit son ventre. Elle ne s'était jamais préoccupée de politique, et pourtant, son fiancé lui fait confiance pour négocier un échange, qui, de prime abord, lui semblait profondément compliqué, car ils avaient en partie raison : bien qu'il soit naturel à Dorne de récupérer ses territoires, il était dans le désintérêt - à priori - du Bief de reculer sur le Traité de Bocytre.
Mais elle était intimement persuadée qu'il ne s'agissait là que d'un prime abord.
Et si la jeune noble dornienne inclina aimablement sa tête lorsque la Reine Eren Hightower lui proposa des rafraichissements, mais également de lui offrir un guide pour lui faire visiter la ville, son cœur se remit à battre follement dans sa poitrine quand elle lui opposa des arguments qui n'étaient certes pas sans valeur.
Cependant, la jeune fille s'y était préparée : ils ne pouvaient relâcher l'ensemble des otages sans en avoir obtenu quelque chose en retour : Aliandra avait assisté à suffisamment de négociations populaires pour en savoir quelque chose.
Elle mit un point d'honneur, en premier lieu, à remercier son interlocutrice pour sa proposition. La politesse était l'apanage des personnes civilisées, et Dorne en était un des bastions.
- "Vos attentions me touchent, votre Majesté. Je ne manquerai pas d'explorer cette belle cité. J'ai encore fort peu voyagé et je suis curieuse de mieux connaitre le monde et ses merveilles."
Une petite pause sanctionna sa phrase. Désormais, il fallait se lancer à nouveau dans le cœur du conflit, mais les amabilités - certes sincères - avaient eu l'avantage de lui donner quelques précieuses secondes pour ordonner ses pensées et réfléchir à une solution. La jeune fille prit une inspiration pour se calmer, avant de reprendre la parole, d'une voix aisée, malgré un certain trouble dans tout son corps.
- "La Princesse Deria Martell a certes accepté votre généreuse proposition de récupérer ses hommes afin de pacifier la région, mais votre stratégie sera d'autant moins impacté devant les Terres de l'Orage, et de l'Empire dans sa généralité, si vous acceptez justement de reconsidérer cette alliance signée dans la défiance et l'hostilité mutuelle. D'une part, nos troupes reviendront évidemment plus vite se battre à vos côtés, car Dorne a d'autres rancœurs envers le Royaume de l'Orage qu'une simple querelle d'amoureux. Ils sont responsables du décès de sa Majesté la Princesse Meria Martell et de son fils, le Prince Nymor : aussi, nous ne pouvons que faire front commun. D'autre part, ces otages n'alimentent malheureusement que trop le profond ressentiment des rebelles. Les revoir signifierait, je pense, à leurs yeux, qu'un avenir est possible, que nous valons, les Bieffois, mais aussi les Dorniens loyaux, bien mieux que l'Empire, qui soutiennent des meurtriers. Accepter de reconsidérer ce traité reviendrait, je pense, à assurer que Dorne résiste à l'Empire. Sans cela, les vies mêmes de vos otages ne vaudraient de toute manière plus grand-chose, puisque l'Empire ne serait plus sur un front, ni même sur deux. Il serait à vos portes, et c'est notre désir profond que d'empêcher cet évènement funeste. Enfin, la Princesse Deria Martell a certainement pensé, dans sa grande sagesse, qu'il ne faudrait pas impacter plus avant votre stratégie militaire et affaiblir plus avant le front impérial pour une histoire entre dorniens. Ces rebelles sont des Maisons aveuglées montée de toute pièce par l'Orage et par l'Empire pour nous déstabiliser, et combattre des bieffois ne leur ferait pas comprendre l'intérêt qu'elles auraient à se rallier à vous, par l'entremise de notre alliance."
La tête tournait un peu à la demoiselle. Elle se serait peut-être écroulée si elle ne se savait pas porteuse d'une si importante mission - aussi resta t-elle debout, fièrement, la gorge serrée et le port droit, avec l'aisance de l'habitude chevillée au corps.
- "La Princesse Deria a conscience qu'il n'est pas aisé de revenir sur le passé, d'oublier les blessures que nous nous sommes infligés mutuellement. Mais nous avons là la possibilité d'écrire un nouveau chapitre de l'Histoire, un chapitre où nous marcherions main dans la main, pour nous tourner vers l'avenir. A l'heure où des Dragons volent au-dessus des Targaryens, où un Empire menace notre indépendance à tous, peut-être pourrions-nous créer une alliance sans peur, sans méfiance et sans arrière-pensée. C'est pour quoi Sa Majesté la Princesse Deria a songé, ainsi que la Maison Jordayne, à offrir la possibilité à ce que nos deux royaumes prospèrent par un commerce plus actif. Vous en connaissez tous les avantages que cela amènerait à nos deux royaumes en terme financier, sans compter que cela tisserait également de nouvelles relations au sein de nos peuples. Vous pouvez décider que la vie de quelques otages ne valent pas ce prix, car la décision vous revient. Sachez cependant que la Maison Martell n'escompte pas en tirer uniquement avantage : cela impactera nos deux royaumes, et certainement plus encore. C'est pourquoi je suis ici devant vous, et c'est pourquoi cette décision m'est particulièrement chère, car je suis convaincue de son bien-fondé."
Très concentrée pour ne pas laisser sa main trembler, la noble saisit le verre tendu par un serviteur, goûtant avec plaisir, sans même le reconnaitre, le liquide frais qui l'aida un peu à maitriser ses nerfs mis à rude épreuve. Et dire qu'elle ne faisait que ce qui semblait le plus facile - la confrontation avec le Grand Septon serait certainement pire encore. Néanmoins, elle parvint à esquisser un nouveau sourire, presque naturel, sur les deux seigneurs en face d'elle. Il ne fallait pas lâcher - pour son fiancé, pour sa Maison. Pour ne pas voir ses frères et sœurs mourir sous la main de l'Empire.
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Mer 21 Avr - 13:55
Bienvenue dans le Bief
Manfred & Eren Hightower & Aliandra Jordayne
« Villevieille, Royaume du Bief. Semaine 2 du mois 1 de l'an 2 de l'Ere des Luttes. »
J’étais surpris quelque part de l’identité de la dornienne, très jeune, qui avait été envoyée comme plénipotentiaire de son Etat. Je n’étais pas tout à fait certain de cerner la manœuvre mais il n’y avait peut être aucun calcul, ni la moindre mal intention derrière. Les Martell étaient peut être simplement à court de soutiens inconditionnels ou de personnes à nous envoyer. J’incline la tête avec respect, un léger sourire heureux aux lèvres quand la jeune beauté fait une jolie révérence et remercie de l’accueil, tout en expliquant qu’elle avait fait bon voyage.
| Quel plaisir que les combats en mer soient derrière nous, n’est-ce pas ? Les voyages maritimes sont un tel bonheur quand tout se passe bien. |
Sauf pour ceux qui se mangeaient tempêtes et ouragans, et qui finissaient par nourrir les requins de la mer de Dorne. La jeune femme se tenait bien, en tout cas. Elle faisait honneur au nom qui était le sien et à sa Principauté, car si un politique expérimenté tel que moi sentait bien quelques signes de stress, elle savait de toute évidence le dominer. J’écoutais avec attention, sans manifester de désinvolture mais sans pour autant garder un sérieux inébranlable. Intéressé, oui. Passionné aussi. Mais pas encore dans le jugement, car si j’avais une vague idée de ce qu’ils étaient venus faire ici, ces dorniens, je comptais prendre garde au moindre mot qu’ils auraient utilisé. Ce qu’elle dit fait froid dans le dos. L’empire, à Dorne… C’était un réel danger sur notre flanc, heureusement jugulé par quelques précautions prises en amont de toute alliance signée avec la Principauté. Son discours est clair, limpide. Je sens ma femme se tendre à mesure des mots qu’elle emploie.
La jeune femme commence par aborder le sujet des otages. Pour qu’ensemble, nous soyons plus forts. Mince sourire au coin des lèvres, pour l’encourager à plus en dire encore, avec une profonde bienveillance. Continue, petite, tu m’intéresses. Mais c’est Eren qui réagit, pourtant. Elle semblait tellement croire à ce qu’elle disait. Délicieux. Elle propose à la dornienne de se lier avec l’ancienne Reine, ma sœur Tricia. Sympathique, donc. Mais en apparence seulement, car je savais qu’Eren en bonne fer-née, ne savait respecter que la loi du plus fort. Elle fait bien de rappeler l’aide militaire proposée, aussitôt repoussée par les dorniens.
Je remercie intérieurement la jeune femme pour le joli coup de pression mis à la jeune femme, tout en n’ayant usé que d’arguments valides. Je pèse le pour et le contre des arguments qui sont échangés avec amabilité même si celle-ci est surtout feinte, de façade. Je me lève de mon siège et commence à faire les cent pas, passant parfois devant Eren, un bras en travers de mu torse et l’autre, accoudé dessus, qui me frottait la moustache en pleine réflexion. Je prends le temps de l’écouter, de peser le pour et le contre… avant de me tourner vers elle.
| Soit, la libération des otages. Mais que vaudrait un traité renégocié que six mois plus tard, sans de solides engagements de votre côté ? Le côté très… Versatile… De la politique dornienne depuis deux ans nous a inclinés à la prudence au moment de signer la paix. Si nous avons acquis des territoires par droit de conquête, il est vrai que l’usage d’otages était uniquement conçu comme temporaire… |
Clin d’œil en coin à ma Reine, en tournant le dos à la dornienne.
| Mais je ne pensais pas qu’on me demanderait de revenir sur ce point de sitôt. |
Je lui fais face à nouveau, l’air affable, ouvrant mes mains de part et d’autres de mon corps pour signifier que je ne me battais pas, que je restais ouvert au dialogue.
| Je serais susceptible de revenir sur ce point si Dorne faisait une contre-proposition assurant le lien entre nos deux royaumes. Votre Principauté est aussi belle que puissante, elle renaîtra de ses cendres, et plus encore avec l’accroissement des échanges… Qui ne pourra se faire sans de solides garanties de paix. Un lien indéfectible, vous voyez ? Comme un mariage. Je n’ai pas de haut seigneur qui soit veuf pour le proposer à votre Princesse, en revanche j’ai quantité de propositions de premier rang à faire au Prince Roward. Un mariage, voyez-vous, est ce qu’il y a de mieux pour partager ensemble les mêmes idéaux. Ma sœur est encore jeune. Et contrairement à ce que souffle la rumeur, c’était sans doute le Roi Mern qui était infécond, les Gardener ayant depuis des générations difficultés à procréer. Ce n’est pas le cas des Hightower… Comme l’a prouvé ma délicieuse épouse. |
Je me tourne à nouveau vers Eren, la tance d’un regard défiant et insolent en m’inclinant main sur le cœur en signe apparent de respect, avant de me tourner de nouveau vers l’ambassadrice.
| Marions nos maisons, et je pourrais renvoyer les otages chez eux. |
(c) DΛNDELION
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Mer 21 Avr - 18:20
Aliandra avait hâte de mettre fin à cet entretien. La tâche que lui avait confié son fiancé était décidément bien hors de sa portée, de ses capacités. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, tandis qu'elle s'ingéniait à garder son visage encore enfantin paisible et aimable.
Bien qu'elle reçût les propos du Roi Manfred avec l'impression de se faire tancer pour sa mauvaise conduite, l'apprentie diplomate ne pouvait nier qu'il n'y avait pas là un fond de vérité. Elle n'avait jamais compris les revirements de la politique dornienne - même si Grand-Père ne s'était jamais vraiment donné la peine de le lui expliquer - mais désormais, c'était à elle de faire bonne figure, et d'inspirer la confiance que son merveilleux royaume devait évoquer aux autres.
Aujourd'hui, se promit-elle intérieurement pour se redonner du courage, était le premier jour d'une ère nouvelle. Si elle parvenait, malgré toutes ces épreuves, tous ces écueils, à épouser son prince sans embraser une nouvelle guerre, alors les dieux, Les Sept, mais aussi les Esprits, seraient de son côté. Sans l'ombre d'une hésitation.
Malgré cette promesse censée lui apporter du courage, la jeune noble sentait les larmes lui monter aux yeux, qu'elle réfréna en secouant doucement sa tête, d'un geste qu'elle savait charmant.
Quel importance avait-elle, finalement, devant les besoins de la politique ? Mais ce mariage n'était-il pas déjà le fruit de ces besoins ? Si l'armée du Bief n'était pas la bienvenue à Dorne, une épouse royale le serait d'autant moins.
Elle reprit la parole. Un peu libérée par les déambulations du Roi, lady Jordayne reprit une petite gorgée d'eau.
- "Votre Majesté, bien que je suis ici en qualité de messagère de son Altesse la Princesse Deria, il est important que vous sachiez que cette demande n'est pas un caprice, ni un revirement soudain d'une politique dornienne aléatoire. Nos deux peuples ont besoin de d'apprendre la confiance, d'apprendre à se connaitre, et à s'apprivoiser, loin des vicissitudes de la guerre. Bien entendu, votre proposition sera entendue par leurs Altesses, et je vous en exposerai la réponse. Cependant, de la même manière que vos forces armées, si généreusement proposées, pourraient être perçues d'une manière inadéquate par le peuple, ce mariage serait, je le crains, un peu prématuré. Par ailleurs, le prince Roward est déjà fiancé."
Sa famille serait-elle furieuse ? Roward le serait-il également de sa révélation ? Mais cela permettait d'expliquer sans paraitre hostile un refus délicat ; elle devrait bien l'expliquer, mais pour l'heure, elle était seule. Seule devant eux.
Elle esquissa un sourire plus timide, alors que le rose montait à ses joues. Son cœur sembla encore s'accélérer, et elle redressa plus encore ses épaules, fièrement.
- "En vue d'unir les Maisons les plus fidèles à la couronne par le mariage, la famille Jordayne s'est vu accordée la distinction de marier une de leurs filles à son Altesse le Prince Roward, lorsque la rébellion serait terminée. Egalement, une autre Maison de Dorne a été pressentie pour épouser son Altesse la Princesse Deria. Ainsi, je suis autorisé à vous proposer un mariage entre le premier fils de son Altesse la Princesse Deria, et votre fille nouvellement née. De plus, afin de resserrer nos liens par le commerce, ma Maison aura le grand honneur de vous offrir l'exclusivité de ses tractations commerciales, en attendant que nous puissions fêter l'union de nos deux couronnes. Dans le cas où elle n'aurait pas de fils de cette union, sa fille épouserait alors votre fils à naitre prochainement. Dans l'éventualité où elle n'aurait pas d'enfant, cet accord serait valable pour les enfants que je pourrais avoir du Prince Roward."
Tout ce que la jeune fille désirait désormais était de partir de la salle d'audience, de retrouver sa paisible chambre d'auberge et de dormir une journée d'affilé. Mais ce n'était pas encore le moment. Encore, encore et toujours : faire de son mieux était la seule option.
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Ven 30 Avr - 12:55
Elle se veut sympathique, en bonne hôte et maîtresse de maison qu’elle est censée être. Pourquoi pas après tout, il n’y a pas de mal à bouleverser sa réputation de brute. Dans la pratique, ce n’est pas si évident que ça, qu’est-ce que la sympathie quand on pratique la domination depuis tant d’années ? Mais elle sait très bien qui peut convenir à ce rôle, sa belle-soeur et conseillère, Tricia. Pour l’heure, Eren lui fait comprendre brièvement le fond de sa pensée sur ce revirement, qui ne fait que confirmer les décisions versatiles d’une Princesse prise au piège.
Elle ne croit pas en ce qu’elle entend, une stratégie moins impacté s’ils acceptent de reconsidérer le traité ? Les prend-elle pour des imbéciles, ou est-elle simplement naïve ? Ils devraient donc remercier la grande sagesse et la mansuétude de la Princesse qui estime plus légitime de se replier le temps de régler ses affaires, abandonnant le Bief face à l’Empire. Le regard de la Reine en dit long sur ce qu’elle pense de cette mascarade, elle arracherait bien quelques morceaux de cette ambassadrice. Mais son mari semble avoir conscience de l’état déraisonnable de sa femme puisqu’il entame les cent pas. Eren, la plus radicale, Manfred, le plus raisonnable.
Elle n’a pas besoin de le voir, elle sait que les rouages se mettent en marche dans l’esprit de son mari, il pèse le pour et le contre, surtout ce qu’il pourrait retirer de tout cela. Elle l’observe effectuer ses cent pas, jette de brefs coup d'œil vers l’ambassadrice pour étudier son comportement, ses réactions. Son intervention est subtil, il lui fait ainsi comprendre qu’il a les choses en main tout en flattant sa femme, elle lui fait comprendre ce qu’elle pense de ses flatteries en levant les yeux au ciel.
Il est donc prêt à concéder les otages, en échange d’un mariage. Sa propre sœur notamment, mais voilà la Princesse et le Prince quasiment fiancés. Elle rit, de bon cœur, face à la proposition de la jeune fille, de bon cœur, mais cynique. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. Notre fille fera l’objet d’une alliance lorsqu’elle sera en âge d’être mariée, dame Jordayne. Sa voix est sans appel, tranchante. Ils ne sont pas fichus de respecter un traité de 6 mois, alors 15 ans… Étant donné que vous remettez en cause un traité signé il y a peu, l’échec de vos alliances passées, vous comprendrez nos réticences à fiancer notre fille a un fils hypothétique, pas même conçu que je sache. Quelle est donc cette lubie de fiancer des nouveaux nés ? Myria en avait fait de même, suggérant d’unir Ceryse à Martyn lorsqu’ils atteindront l’âge, fiancer des enfants qui ne sont même pas les siens, c’est vraiment se moquer d’elle. Eren n’a pas l’intention de laisser à quiconque la moindre prétention à l’égard de sa fille, pas une riveraine, pas une dornienne. Le mariage de leur fille en passera par elle et son mari, non par les autres.
Vous parlez d’alliance, d’amoindrir la défiance dornienne à notre égard, nous sommes des alliés depuis la signature de ce traité, dont vous avez fourni des garanties avec ces otages. Ainsi, vous estimez qu’à vous les rendre vos compatriotes se rallieront définitivement à vous ? Le vrai problème ne vient pas de nous, rendre vos otages ne sera pas la solution à la belligérance de votre peuple qui dure depuis bien plus longtemps. Votre Prince a révélé la trahison de l’Orage et malgré tout votre peuple s’est rallié à l’Empire par l’intermédiaire d’Allyrion qui vous chie carrément dans les bottes. C’est toujours mieux d’accuser les autres plutôt que de se remettre en question. L’erreur n’est pas permise lorsqu’on gère un royaume, sauf que Deria les accumule depuis deux ans. La Princesse est le problème, elle a mené son royaume à cette situation et confirme une nouvelle fois, que sa parole, même couchée sur papier, ne vaut rien. Si cette Allyrion n’était pas du mauvais côté, elle aurait tout le soutien d’Eren pour renverser la Principauté.
Cette émissaire de Dorne est décidément trop ingénue, trop jeune, inconsciente. Typiquement le genre de femmes qui plaît à son gourmand de mari. La petite fiancée du Prince Martell. Eren continue volontiers à mettre un coup de pression à la jeune ambassadrice. Vous savez manier les mots jeune fille, toutefois, cela ne vous est d’aucune utilité étant donné que Dorne préfère adopter une politique d’isolement, ou plutôt d’insoumis. La confiance ne vaut rien dans la conclusion des alliances, c’est pourquoi les mariages sont principalement usités. Quelle garantie avons nous, alors que vous refusez toute aide de votre allié ? Vous n’avez pas conscience que régler la belligérance en votre sein ne se fera pas en quelques jours, qu’en attendant, c’est nous qui retiendrons l’Empire à l’écart des frontières et prétendre que cela n’aura pas d’incidence à court terme, puisque, dans sa grande bonté, la Princesse ne souhaite pas impacter notre stratégie et compte nous rejoindre plus vite. Votre commerce n’est pas des plus lucratifs pour l’heure, Dorne commence tout juste à régler ses dettes. Vous nous demandez des concessions et refusez l’aide que nous pourrions vous apporter, vous demandez notre confiance, alors que vous refusez la nôtre. Proposez-nous du concret, du solide, pas de l'abstrait à long terme. Mais pitié, plus de belles paroles. Il n’y a rien de bénéfique pour le Bief là dedans. Voyons voir ce qu’elle va proposer.
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Sam 1 Mai - 10:38
Aliandra Jordayne détestait cette endroit. Elle détestait la manière qu'avec cette femme de l'humilier elle, sa magnifique terre natale, de la même manière qu'ils humiliaient son peuple avec les terres qu'ils avaient pris, et les otages qu'ils retenaient.
En d'autres circonstances, la jeune fille aurait pu admirer son interlocutrice. Sans le savoir, cette dernière était typiquement l'archétype de femme que l'on aimait à Dorne : fière et forte, tandis qu'elle était plutôt fort ignorante en politique. De sa vie, elle ne s'était préoccupée que de charité et de musique - mais elle était de même là, à défendre Dorne, à défendre son mariage. A défendre la cause des Martell, mais pas seulement. Il fallait agir et endurer tout cela pour son beau pays, pour la paix de Le Tor.
A nouveau, la gorge sèche, elle reprit la parole, tâchant de contenir avec l'énergie du désespoir sa tension interne.
- "Il est bon d'entendre, à tout le moins, que votre enfant est bien protégée par ses parents. Il n'y a pas de plus beau trésor que l'affection filiale. C'est également vrai à Dorne, Vos Majestés. La solution d'écraser les rebelles est évidemment en œuvre, mais il s'agit également d'opérer plus subtilement, sur le moral et leurs soutiens politiques. Il n'est d'ailleurs nullement question de remettre en cause le Traité signé il y a six mois, seulement de l'adapter à la situation nouvelle. Nos soldats ont combattus côte à côte désormais, nos marchands peuvent échanger leurs denrées et contribuer à rendre nos deux peuples plus prospères et plus proches. Mais cela peut-il se faire en sachant que des maris, des épouses, des filles et des fils sont au loin, que notre allié les retient ? Voilà ce qui donne du grain à moudre aux Allyrion. Voilà ce qui a entrainé sa traitrise et son projet criminel de pactiser avec les assassins de l'Orage, et la combattre avec des troupes étrangères rendrait, au contraire, sa position plus forte. La libération des otages serait dans notre intérêt mutuel, car cela diminuerait grandement l'influence de l'Empire sur nos terres, ainsi que ses chances de l'envahir. Je n'ai rien à vous suggérer pour établir une confiance difficile à conquérir, sinon que de vous proposer d'établir des voies commerciales qui créeront d'autres intérêts communs que la guerre contre un ennemi juré. Nous avons, chacun, beaucoup à gagner que d'apprendre d'autres sentiments que la méfiance ou la rancœur, car enrichir ce traité par des mesures moins coercitives permettrait à la fois d'éloigner le spectre de l'Empire, mais également d'établir de nouvelles bases sur lequel nous pourrions grandir."
Lady Jordayne respira profondément. Elle se sentait intérieurement épuisée, presque confuse. Tout ceci ne mènerait nul part, car elle avait déjà présenté ses arguments. Plusieurs fois.
- "Mais je comprends aisément que nous nous trouvons dans une impasse. Je crains d'avoir abusé de votre temps, Vos Majestés, car il semble que nous ayons du mal à établir des bases de confiance, ce que je peux évidemment entendre. Me permettez-vous de prendre congé, afin que je regagne Dorne au plus vite ? Sans doute, étant donné la situation, est-il nécessaire que je reparte à Lancehélion, où je serai plus utile qu'ici. Je vous remercie chaleureusement de votre accueil, et je vous souhaite tous mes vœux sincères pour votre si jolie enfant."
Elle se fendit d'un sourire sincère. Aliandra ne désirait qu'une chose, partir enfin de ce maudit palais. Elle s'en voulait d'avoir échoué - mais elle affronterait son fiancé et la Princesse la tête haute. N'avait-elle pas tout tenté pour les faire fléchir ?
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Mer 12 Mai - 15:20
Bienvenue dans le Bief
Manfred & Eren Hightower & Aliandra Jordayne
« Villevieille, Royaume du Bief. Semaine 2 du mois 1 de l'an 2 de l'Ere des Luttes. »
J’étais presque un spectateur dans cet échange relevé entre une Reine du Bief omnipotente qui cherchait à saisir la dornienne pour en presser tout le jus et la dornienne elle-même qui essayait de louvoyer avec des demandes étranges, rapides, remettant un traité récent en question sans forcément amener grand-chose d’autre que « vous n’avez pas le choix sinon on meurt et si on meurt il y a l’Empire ». Les Martell devaient se sentir aux abois, mais leur fierté était bien mal placée. En sus par une jeune femme qui visiblement aurait préféré se trouver n’importe où sauf ici…
J’avais du mal à voir ce dont parlait la jeune femme. Dans la stratégie de la Principauté, qu’il s’agisse de Deria Martell ou des conseils dont elle jouissait, je ne voyais que des revirements du tout au tout au gré des aléas qu’ils connaissaient tous les uns après les autres. Je n’étais pas responsable de la situation de la Principauté, après tout.
Enfin, si. Mais ils avaient été nos ennemis. Je n’avais fait que mon devoir de Bieffois. Pour le reste… Et bien, ce n’était pas tellement mon problème. Enfin, ça pouvait le devenir. Et la seule stratégie de Dorne poussait à jouer sur cet unique point. C’était restrictif. C’était compréhensible. Mais n’avaient-ils toujours pas compris que le maître mot en Westeros était tractations ? La jeune femme repousse encore les troupes et le mariage. Alors, quoi ? Je n’y gagnerais que la promesse de neutralité, quand Dorne n’avait fait que violer sa parole au précédent Roi du Bief, enflammant la frontière quand sa princesse faisait vœu de paix, et se mettant à la marge d’un Empire qu’elle avait elle-même contribué à faire naître ? J’opine du chef avec un léger sourire.
| Soit, je sais bien qu’il vous est promis, et sans doute espère-t-il rallier au moins une des puissantes familles de sa principauté autour de lui. Il a raison de le penser. Mais je ne serais pas un ingrat dans ma proposition ; pour cimenter notre alliance et notre belle confiance mutuelle, vous pourriez épouser un noble bieffois. Le fils de Lord Tyrell, par exemple, qui connait très bien votre Principauté… |
La tentative de repousser une proposition de mariage par une autre qui n’interviendrait pas avant une quinzaine d’années au plus tôt, c’était sans doute malin… Mais bien insuffisant. Je n’allais pas me laisser acheter pour une bouchée de pain, pas alors que la Principauté ressemblait de plus en plus à un fruit trop mûr pour la cueillette. La jeune femme avait beau enrober sa proposition de tout le sucre de sa diplomatie, c’était bien insuffisant. Un don dès à présent ne valait pas un fruit à une époque bien plus tardive ; on ne savait même pas si Martell et Hightower pouvaient survivre à la tempête impériale… Bien sûr, je menais des plans à dix ou vingt ans, dans certains domaines. Toutes mes actions étaient depuis toujours orchestrées dans l’idée d’une stratégie globale.
Eren tranche. Avec raison. Cette stratégie de double-confrontation nous convient bien, et nous permet d’avancer masqués. Enfin, moi surtout, puisqu’Eren pouvait adopter la dégaine d’un chien de garde qu’elle semblerait plus vraie que nature. Ma femme dit tout haut ce que tout le monde pensera tout bas. Doutes sur la parole, doutes sur les moyens, doutes sur l’aboutissement. J’ai le plus grand mal à ne pas ricaner et à garder cette même posture neutre, devant le franc parler de Dame mon épouse. Quelle fichue ribaude… Elle avait plus sa place dans un conseil de guerre, ou un bordel, voire les deux en même temps, que dans l’une des cours les plus distinguées du monde. Si la forme laissait à désirer, le fond était tout de même valable. La dornienne a le mérite de ne pas se laisser totalement démontée, mais elle semblait déjà à court de propositions et d’arguments ; elle semblait avoir été envoyée ici sans grande préparation ni latitude de décision… Je m’interrogeais plus que jamais sur la manœuvre. Que visaient les Martell par cette ambassade ? Plus que les mots de leur propre diplomate ? C’était possible.
| Voyons, Dame Aliandra… Je suis d’accord pour libérer les otages. A condition que Dorne y mette du sien, comprenez—vous ? Faites parvenir à vos Prince et Princesse ma proposition de mariage, et à votre père celle vous concernant. Je vous laisse même le choix parmi nos nobles. Si nous cimentons notre alliance maritalement, alors j’envisagerais le retour des otages en leur demeure. Notez que je n’ai jamais proposé de plus taxer le commerce de Dorne tant je sais l’importance des échanges commerciaux entre nos deux puissances pour redresser l’économie de la vôtre, et permettre à la nôtre d’avoir l’endurance de la guerre en cours. |
Je me lève, alors, pour aller à la rencontre de la jeune dame, mains dans le dos, et me penche pour murmurer, à raisonnable distance, mais un ton plus bas, après avoir jeté un coup d’œil sur le reste de la salle.
| Faites-nous l’honneur de considérer notre offre. Ne mettez pas l’amour ou l’ambition au dessus de votre devoir. Nous sommes tous forcés de faire des sacrifices… |
[i]J’avais ajouté cela, mince sourire aux lèvres, à sa seule intention.[i]
| Et ajoutez à tout cela l’envoi de l’armée Stackhouse aux Degré de Pierre après leur repli de la péninsule Orageoise, disponible pour vous aider à sécuriser ports et frontières si vous le souhaitez. De même que notre flotte. Nous serons les alliés que nous avons promis d’être, Dame. Nous pouvons aussi agréer au prêt, si besoin. |
(c) DΛNDELION
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Through dark and light I fight to be / So close / Shadows and lies mask you from me / So close / Bath my skin the darkness within / So close / The war of our lives no one can win / Running After My Fate(c)codage - Kanala - texte (c)So Close, Olafur Arnalds
Manfred Hightower
Nous Eclairons la Voie
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé] Lun 14 Juin - 10:09
L'entretien tirait à sa fin.
Elle ne put s'empêcher de ressentir une grande surprise à l'ultime proposition de Manfred - après tout, il était logique que le mariage d'un vassal important de Dorne puisse avoir de la valeur à leurs yeux. Bien qu'elle en retirait un grand dégoût, car il s'agissait d'épouser l'ennemi, la jeune fille était consciente qu'il s'agissait là d'une offre correcte. Elle-même serait alors leur otage, ce qui obligerait son grand-père a prendre des décisions en faveur de la paix et du Bief, et par là-même, influencerait la princesse Deria et la politique dornienne. C'était moins bien que le mariage du Prince, mais jamais il n'accepterait pareille alliance, et Aliandra le savait.
Quoi qu'il en sait, le roi et la reine du Bief étaient des maitres en matière de politique. Si seulement...
Elle coupa court à ses réflexions.
Avec un sourire aimable - et sans doute un brin soulagé que l'entrevue soit terminée - la demoiselle Jordayne hocha la tête devant son noble interlocuteur.
- "Vos propositions de mariage seront évidemment transmises, y compris la dernière à l'intention de mon grand-père. Je n'ai pas de doutes sur vos bonnes intentions..."
Elle n'était ni stupide, ni naïve. Ils n'avaient aucune intention de les agréer en quoi que ce soit : ils se comportaient en chiens victorieux, qui cherchaient encore à arracher des lambeaux de chair à l'os qu'ils venaient de nettoyer.
Mais il aurait été indélicat et extrêmement dangereux de le souligner ; aussi s'inclina t-elle avec grâce, gardant soigneusement ses sentiments pour elle. Un doux sourire sur ses lèvres, elle termina sa salutation.
- "Et j'ai bon espoir pour l'avenir. Cette alliance ne peut apporter qu'être profitable à tous, et particulièrement à la population. Merci pour avoir pris le temps de m'écouter et pour avoir pris le temps de réfléchir à la présente situation. Que les Sept vous bénissent."
Les salutations d'usage achevées, la jeune fille prit alors congé, regagnant avec plaisir les couloirs du palais, puis, enfin, l'extérieur.
Elle attendit de se retrouver dans la solitude de sa chambre pour fondre en larmes. exorcisant enfin la tension accumulée au cours de l'entrevie.
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Sujet: Re: Bienvenue dans le Bief [Tour IX - Terminé]