La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé]
Sujet: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Lun 15 Juin - 19:25
Daena déambulait dans les couloirs, la mine passablement contrariée. Il était très tard, ou très tôt selon le point de vue où l'on se plaçait et elle commençait à avoir l'impression qu'elle ne retrouverait jamais le chemin de sa chambre.
Elle s'était esquivée quelques minutes plus tôt, profitant d'un coup de chance, le garde qui était sensé stationner devant sa porte depuis sa petite virée sur les quais avait du s'absenter pour on ne sait quoi. Il le regretterait probablement plus tard et Daena allait finir par se faire réellement réprimander à ce rythme. Et pourtant, impossible de s'en empêcher.
Déjà parce qu'elle mourrait littéralement de faim. Elle n'avait pas trop osé piocher dans les assiettes lors du dîner, ayant l'impression d'entendre la voix de sa mère résonner dans son esprit à chaque bouchée et lui rappeler qu'une femme bien élevée ne se jetait pas sur la nourriture en public, surtout lorsqu'elle n'était pas à la maison. Elle se devait de donner une bonne image des Velaryon, en toutes circonstances. Alors, à défaut de passer pour une vorace, elle avait essayé de retenir sa respiration à chaque gargouillis, espérant que personne n'entendrait rien. Orys, assis à ses cotés, avait arqué un sourcil dubitatif dans sa direction et, s'il avait été de meilleure humeur, il lui aurait probablement fait une remarque. Mais heureusement, il s'était contenté de se plonger à nouveau dans sa discussion sans faire plus de commentaires.
Et puis ensuite, comme à son habitude, elle aimait à fureter et à observer les alentours en toute tranquillité. A cette heure de la nuit, il était peu probable qu'elle croise qui que ce soit et c'était exactement ce qu'elle souhaitait. Sans bien savoir comment, elle avait trouvé le chemin des cuisines. Il fallait dire que l'agitation qui y régnait était repérable de loin. Avec tout le monde qui logeait au château, ils devaient probablement travailler nuit et jour ou presque pour arriver à contenter tout le monde.
Sans hésiter ni songer à ce qui pourrait se dire après son passage, elle avait passé la tête dans l'embrasure de la porte avec ce sourire qui était le sien quand elle était sur le point de demander quelque chose. Et, bien évidemment, la jeune Velaryon était ressortie les bras chargés d'un gros morceau de fromage, d'une pomme et d'une demie miche de pain. Si les cuisiniers avaient ri en la mettant au défi de tout manger d'une traite, elle n'avait rien répondu, persuadée d'en être tout à fait capable.
Tout en grignotant son fromage, elle avait repris le chemin de sa chambre avant de se décider à bifurquer sur la gauche au lieu de la droite. Après tout, rien ne pressait. Elle allait avoir l'estomac plein alors autant continuer sa petite balade nocturne. Croisant deux gardes qui l'observèrent la mine circonspecte, elle leur décocha son plus beau sourire avant de continuer son chemin, réalisant qu'elle n'était encore jamais venue dans ce coin-là.
Au bout d'un long moment, suffisamment en tout cas pour finir son fromage, la jeune Velaryon avait fini par être lassée. Il ne se passait rien d'intéressant, il n'y avait personne et tout le monde devait dormir profondément. Tout le monde sauf elle. Alors, autant rentrer dans sa chambre.
Si elle la trouvait bien entendu.
Faisant demi-tour, elle déambulait d'un pas tranquille, hésitant entre attaquer la pomme ou la miche de pain quand elle s'arrêta net devant une silhouette qui lui était totalement inconnue. C'était une femme à n'en pas douter et elle semblait tout aussi éveillée qu'elle, si ce n'est plus.
Avalant tant bien que mal la bouchée de pomme qu'elle s'était décidée à croquer et cachant derrière son dos les preuves de sa virée, elle releva le menton, essayant d'avoir l'air digne, ce qui, en de telles circonstances était quelque peu compliqué.
"Bien le bonsoir …"
Incapable de savoir comme l'appeler, elle préféra laisser filer un silence interminable, se répétant intérieurement de ne pas avoir l'air coupable. En tout cas, pas plus que nécessaire.
"Vous êtes perdue ?"
L'espace d'un instant, elle avait hésité à lui demander si elle ne travaillait pas au château. Mais c'était un coup à risquer l'incident diplomatique si la jeune femme s'avérait être l'épouse d'un noble important.
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Mar 23 Juin - 22:42
Elya avait passé sa soirée à écouter les conversations d’un banneret du Val. Pas que ce soit les cibles les plus évidentes, cependant la jeune espionne savait que parfois, le danger venait de l’intérieur même. Et les différentes maisons pouvaient être source de bien des désagréments, si elles ne s’estimaient pas contentées. Il ne s’agissait pas de mener une valse avec les têtes couronnées uniquement, mais de montrer que l’on ne négligeait pas ses propres nobles. Si elle n’était pas tellement arrogante ou même fière, et ne comprenait pas ce sentiment de négligence que les gens pouvaient ressentir bien qu’elle soit parfaitement consciente de son exigence, elle n’était pas sotte au point de penser qu’il ne ferait aucun ravage au sein du Val. Or, Sa Reine était occupée à moult tâches, mais si elle devait leur accorder davantage d’attention, elle le ferait. C’est pourquoi elle avait revêtu la livrée de servante, et se trouvait ainsi à proximité d’une des tables. Les autres servantes ne lui facilitaient pas la tâche, la regardant comme une parvenue – comment les blâmer, elle qui ne les côtoyait jamais, et s’arrogeait une de leurs places, alors que l’une d’elle avait été reléguée en cuisine pour s’occuper de la trop nombreuse vaisselle ? Peu importait. Sa mission était plus importante. Elle alla quand même aider à nettoyer les nombreux couverts, une fois le repas terminé. Elle en sortit fort tard, et se retrouva exposée à la lumière trop vive des torches ornant chaque couloir, s’efforçant malgré tout de prendre les plus sombres, elle qui était habituée à l’obscurité. Elle ne logeait pas avec les domestiques, pour ne pas trahir ses allées et venues. Si elle passerait ainsi inaperçue pour les nobles, les petites mains, elles, ne manqueraient pas de s’interroger, et Sa Majesté ne pouvait risquer ça. Empruntant des passages dérobés inconnus de tous, y compris parfois de La Reine, elle se retrouva vite dans une aile à proximité des appartements de Sharra. Elle ne voulait pas rejoindre sa couche, sans vérifier qu’aucun espion ne se trouve là-bas. La tâche ne serait pas aisée, et retarderait d’autant plus son sommeil, mais peu importait. Le devoir primait sur tout.
La jeune espionne avait toutefois abandonné la livrée de servante, bien trop visible, pour revêtir une robe d’un noir d’encre, peu décelable dans l’obscurité. Cela favorisait sa discrétion, et elle le justifiait en se peignant comme une veuve éplorée ayant perdu son mari, s’il était nécessaire de le faire. En mission officielle, elle portait des vêtements n’entravant pas sa progression, et peu dignes d’une personne du sexe faible, mais elle ne l’était pas. Elle observait discrètement une silhouette, hésitant sur le fait qu’elle vagabonde en prenant un air innocent, avec les victuailles qu’elle avait indéniablement prises aux cuisines – Elya avait d’ailleurs entendu une voix fluette, à travers le vacarme ambiant, mais ne s’y était pas intéressée plus que ça. Combien d’hommes nobles venaient piller les cuisines, pour en encas tardif avec leurs maîtresses, quand les femmes nobles venaient compléter le repas qu’elle n’avait osé dévorer, pour ne pas paraître rustre aux yeux des hommes précédemment cités ? Rien de nouveau, sous la lune.
Elle dévisagea la blondeur des cheveux de la demoiselle, son visage quelque peu mutin, et la dignité affectée qu’elle essayait de feindre. Bien mal, par ailleurs. Ou trop bien, peut-être. Perplexe, Elya la salua d’une révérence comme celle que l’on donnerait à son égal – une jeune femme noble.
« Bonsoir, Dame Velaryon. »
Serait-elle surprise, du fait que son interlocutrice connaisse son nom ? Très certainement. Elya, du moins, l’espérait. La surprise serait un atout, pour qu’elle découvre s’il s’agissait ou non d’une espionne. Mais il n’était, d’un côté, pas d’une impossibilité absolue qu’elle sache de qui il s’agissait, quand bien même ses armoiries n’étaient pas visibles sur sa tenue. L’hippocampe bien connu devait se reposer. Elle rit, à sa question. Perdue ? Oh, assurément pas. Mais elle ne pouvait le savoir, l’identité d’Elya ne devant être connue. Elle allait assurément lui donner une fable digne de ce nom.
« Pas le moins du monde, ma Dame. Je suis une nièce de Lady Grafton, à qui je rendais visite dans ses appartements privés. Je me retirais dans les miens pour la nuit. Peut-être l’êtes vous, cependant ? Mis à part Son Altesse, Sa famille et Sa suite, nulles autres personnes que notre famille ne séjourne ici. Puis-je vous ramener dans vos appartements ? »
Un sourire aimable et bienveillant paraît le visage d’Elya, peu désireuse de faire fuir la jeune demoiselle.
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Jeu 25 Juin - 18:55
Daena avait l'habitude qu'on la dévisage d'aussi loin qu'elle se souvienne. Quand elle accompagnait son père lorsqu'elle était enfant et, depuis qu'elle trainait dans les jupes de Rhaenys la chose n'avait fait que s'accentuer. Elle n'y faisait plus vraiment attention même si elle se sentait parfois mal à l'aise et qu'elle était soulagée quand les gens détournaient le regard pour fixer une personne plus intéressante qu'elle.
Mais en entendant prononcer son nom aussi rapidement, elle perdit cette mine peu affable qu'elle essayait d'avoir tant bien que mal et fixa la jeune femme en plissant des yeux. Est-ce qu'elles se connaissaient déjà et Daena l'avait oublié ? Ce n'était pas dans ses habitudes et elle se vantait d'avoir une mémoire particulièrement bonne, surtout pour se rappeler des personnes qu'elle venait de rencontrer. Certes, ils avaient croisé beaucoup de monde ces derniers jours mais ce n'était pas une raison pour risquer de faire un faux-pas de la sorte. Pourtant, elle répondit, avec une moue hésitante, espérant que l'inconnue ne prendrait pas ombrage de sa question.
"Je… nous nous connaissons ?"
Puis, laissant échapper un soupir, elle secoua la tête.
"Ou alors, ce sont les cheveux. C'est ça hein ? C'est ce qui me trahit tout le temps. Ca et les yeux, je crois. En tout cas c'est que j'entends souvent dire."
Louchant sur ses boucles, la jeune Velaryon garda un instant le silence avant de souffler, la mine pensive.
"Vous n'avez eu envie qu'on ne vous reconnaisse pas du premier abord ? Ou qu'on ne vous reconnaisse pas tout court. Parfois j'aurais presque envie de pouvoir être n'importe qui…"
Elle cilla alors, réalisant qu'elle n'aurait jamais du dire ce genre de choses à haute voix, quand bien même en cet instant, elle le pensait particulièrement fort. Cela ne la gênait en rien d'être lady Velaryon en temps normal, elle en était même particulièrement fière mais, pour une fois, elle aurait pouvoir errer tranquillement sans avoir à demander son reste. C'était impossible, Daena en avait conscience surtout ici-même, mais beaucoup trop de choses se bousculaient dans son esprit ces derniers temps pour qu'elle n'ait pas envie, même une minute, de pouvoir échapper à tout.
Quand l'inconnue finit par dévoiler son identité, partiellement tout du moins, la jeune Velaryon essaya de faire appel à ses souvenirs, sans grand succès. Elle se rappelait avoir croisé lady Grafton quelques jours plus tôt mais pas la moindre nièce à l'horizon. Peu importait en cet instant même si elle était agacée de ne pas avoir réussi à s'en rappeler et elle lui décocha tout de même un sourire un brin timide. Le lieu n'était pas vraiment propice à une présentation en bonne et due forme mais, sans bien savoir pourquoi, à cette pensée son sourire se fit plus assuré avant qu'elle ne grimace au reste de ses propos.
Daena n'avait pas envie de rentrer dans ses appartements. Si en plus, le garde était revenu, il la verrait arriver et une fois de plus, elle allait probablement se faire sermonner. Mais elle se voyait difficilement dire ça à l'inconnue, quand bien même elle venait de lui confier quelque chose d'autrement plus personnel qu'elle aurait mieux fait de garder pour elle.
"Je n'avais nullement l'intention de … et bien de me perdre par ici. Pour tout vous dire, j'avais faim et j'avais réussi à trouver le chemin des cuisines. J'étais assez fière de moi d'ailleurs. Mais je n'ai pas eu autant de chance au retour. Et comme je voulais profiter un peu de l'air de la nuit, je ne me suis pas sentie plus inquiète que ça de ne pas retrouver ma route immédiatement."
Elle s'arrêta alors, jetant un regard inquisiteur en direction de la nièce de lady Grafton.
"Mais… comment savez-vous où sont mes appartements ? Tout le monde est capable de s'y rendre sauf moi ou quoi ?"
Puis, réalisant qu'elle tenait toujours son butin entre les mains.
"Vous avez faim ?"
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Sam 4 Juil - 21:31
Elya prit un air embarrassé, devant la moue que la petite hippocampe eut en réaction au fait qu’elle connaissait son nom, rougissant légèrement. Tout pour qu’elle soit intriguée et ne prenne pas ombrage de son attitude. Le but n’était pas de se la mettre à dos, mais bel et bien de faire en sorte qu’elle l’apprécie. Elle sourit, cependant, l’entendant parler de ses cheveux. Ils auraient pu, il était certain, la trahir, mais ça n’était pas le cas. Mais cela, Elya ne pouvait le lui dire. Pas tel quel, de toute façon. Pas en présentant la vérité à ses oreilles. Quelle espionne aurait-elle été, si elle lui avouait l’avoir épiée ?
« Je m’excuse de vous avoir causé un tel déplaisir. J’ai honte. C’est que… La jeune femme s’arrêta un instant, regardant autour d’elle, baissant la voix, pour parler en toute confidence. Je veux faire honneur à ma tante, et à Sa Majesté Arryn, dont je suis Dame de compagnie, et j’essaye de connaître au mieux tous leurs convives. Je suis désolée, de vous sortir de votre anonymat, j’aurai du me faire discrète et me prêter au jeu de notre rencontre. On me dit souvent que je suis trop franche et que je ne respecte pas assez les convenances… Je n’évolue pas assez au sein des cours, pour agir convenablement, et je m’essaye à rectifier ce défaut que j’ai. J’espère que cela n’aura pas d’impact fâcheux sur notre rencontre. On peut recommencer, si vous le souhaitez. »
Elya recula de quelques pas, un sourire amusé sur le visage, taquin presque, faisant une petite révérence.
« Bien le bonsoir, ma Dame. Je suis Dame Ysilla. »
Elle espérait mettre la petite, visiblement gênée, à l’aise. Plus qu’elle ne l’était, en tout cas, si tant est que ce soit possible. Et si elle pouvait l’amener à se confier sous couvert de la curiosité et de l’innocence, eh bien… Tant mieux, alors.
« Peut-être pouvons-nous retourner aux cuisines, y prendre davantage que votre joli butin, de quoi se désaltérer peut-être, et nous asseoir dans l’un des beaux jardins qui nous entourent, pour discuter plus agréablement ? Étant donné que vous ne souhaitez pas rentrer, et que je n’ai pas forcément à cœur de le faire non plus. »
Elya sembla de nouveau confuse, à la question de la jeune Lady, le rouge colorant à nouveau ses joues diaphanes.
« Pour l’emplacement de vos appartements, veuillez encore une fois excuser ma curiosité et ma diligence, j’espérais pouvoir enlever du poids à ma tante et à Ma Souveraine, en mémorisant chaque lieu donné à leurs invités, dans des cas comme le vôtre, où ils se seraient perdus... Je suis confuse. »
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Dim 5 Juil - 11:57
L'air embarrassé de l'inconnue eut le don de faire tomber les quelques barrières qui subsistaient encore dans l'esprit de la jeune Velaryon. Si elle se forçait à appliquer les conseils d'Orys et de Rhaenys, si elle essayait d'être plus prudente qu'avant, elle ne voyait pour l'heure aucun mal à discuter avec une jeune femme au sein du château. Certes, c'était une inconnue et l'heure n'était pas des plus convenables mais, techniquement, elle ne dérogeait pas aux règles qu'on lui avait fixées. Encore que, à bien y réfléchir, elle n'était pas sure qu'elle ne se ferait pas sermonner si l'on apprenait où elle se trouvait en cet instant précis.
Plutôt que d'imaginer ce qui se passerait une fois retournée dans ses appartements, la jeune fille préféra reporter son attention sur l'inconnue qui essayait tant bien que mal d'expliquer comment elle avait réussi à la reconnaitre aussi facilement. Ce n'était pas les cheveux pour une fois et Daena ne pouvait qu'être admirative devant la volonté qu'elle avait eu de chercher à mémoriser les convives de la Reine Sharra, même si elle était quelque peu surprise d'être dans le lot des personnes dont il fallait se rappeler. C'était certainement du au fait qu'en public, elle ne quittait guère Rhaenys, les gens avaient eu tôt fait de la remarquer, ce qui était à la fois une bonne et une mauvaise chose.
Laissant échapper un large sourire, elle secoua brièvement la tête avant de répondre, d'une voix légère.
"Oh, nul besoin de vous excuser. Il est déjà parfois difficile de respecter les convenances en temps normal mais, en ce moment, je trouve l'exercice encore plus complexe. Avec toutes les personnes de tous les horizons que l'on croise, ce qui peut être bien vu quelque part peut ne pas l'être ailleurs. Et allez savoir quel incident on peut causer sans le vouloir. Peut-être qu'en proposant du fromage à quelqu'un venant d'une lointaine contrée reculée du Bief, c'est une déclaration de guerre ou, pire, une demande en mariage."
Une nouvelle fois, Daena réalisait qu'elle parlait trop mais, difficile de réprimer sa nature, surtout que la jeune femme qui lui faisait face semblait vouloir la mettre à son aise. Elle ne put s'empêcher de pouffer de rire à ses derniers propos et, surtout, à la révérence qui suivit.
"Dame Ysilla, vous me voyez ravie de vous rencontrer. Je suis Daena Velaryon donc."
Son sourire malicieux se figea l'espace d'une seconde quand elle réalisa que faire une révérence en tenant un gros morceau de pain allait être quelque peu compliqué. Elle haussa alors les épaules et réussit tout de même à en faire une tant bien que mal, manquant de peu de perdre l'équilibre mais gardant sa bonne humeur habituelle.
"J'avoue que votre idée est très tentante. Il fait bon et ce serait dommage de retourner s'enfermer dans nos appartements si nous n'en avons pas envie ni l'une ni l'autre non ? Et il se pourrait que j'ai encore un peu faim, j'avoue."
Laissant échapper une moue contrite, Daena se disait aussi que Dame Ysilla pourrait peut-être arriver à satisfaire sa curiosité sur les habitants du château qu'elle n'avait pour ainsi dire pas du tout croiser. La jeune hippocampe ne cherchait pas des informations à proprement parler, elle se doutait qu'elle n'en obtiendrait de toute façon pas, encore moins en errant dans les couloirs à une heure indue de la nuit. Mais elle restait tout de même particulièrement curieuse et, vu qu'elle avait l'impression que la compagnie de la jeune femme allait être des plus sympathiques, autant en profiter non ?
Pourtant, le fait qu'elle sache où étaient ses appartement l'interloqua et, à ses explications, sa mine se fit encore plus perplexe alors qu'elle se penchait vers elle, la mine complice.
"Vous avez une mémoire qui force le respect je vous avoue. Et vous avez vraiment réussi à tout retenir ? Vous avez fait comment ?"
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Mar 7 Juil - 22:10
Le large sourire qui ornait le visage de la jeune fille en fit naître un similaire sur celui d’Elya, rassérénée de l’avoir convaincue, et aussi appréciatrice de la spontanéité de son interlocutrice. Peu nombreux étaient les gens en qui on pouvait lire comme dans un livre ouvert, ou qui s’avéraient tout simplement sympathiques, indépendamment de la position d’Elya, et de ce qu’elle avait à faire pour Sa Reine. La jeune Velaryon, en plus d’être d’une beauté très agréable, était attendrissante. L’espionne ne put s’empêcher de rire, en l’entendant converser sur le fromage.
« Vous avez bien raison. Peut-être le fromage est-il l’objet d’une grande superstition, dans le Bief, qui accompagnerait cela. »
L’idée l’amusait, à vrai dire. Ce serait absurde, de toute évidence, mais plutôt drôle. Cela faisait sourire Elya, du moins, et ses yeux devaient trahir ce rire qui manquait de la traverser.
« Je le suis aussi, Daena. Si vous me permettez tellement familiarité, entre un couloir et un bout de pain. Personne n’est là pour nous souffler de ne pas omettre notre titre, n’est-ce pas ? »
Peut-être aurait-elle dû ne pas succomber à une telle proximité verbale, mais qui s’en soucierait réellement ? Tous devaient soit dormir, soit vaquer à leurs occupations au sein des appartements qui leur revenaient pour la durée des festivités. À moins d’espions, qui n’y verraient qu’une discussion anodine et innocente, nul ne se soucierait de deux jeunes femmes à la blondeur similaire qui pourraient bien appartenir à la même famille, pour ceux qu’ils en savaient.
« Suivez moi, dans ce cas. Peut-être trouverons-nous du fromage, et alors je vous proposerai de m’épouser. Mais j’ai bien peur que nos familles respectives ne soit pas d’accord. Quel dommage, j’aurai été fière de me présenter à vos côtés comme votre fiancée. »
Les yeux de l’espionne trahissaient l’humour dont elle faisait preuve, trait bien plus sincère que tous ceux qu’elle avait présentés à la jeune Velaryon depuis cette rencontre impromptue. Elle s’apprêtait à prendre la direction des cuisines, quand son interlocutrice se pencha vers elle, l’interpellant par l’éventail d’émotions qui balayaient son visage, avant de lui arracher un nouveau sourire.
« J’ai assisté à toutes les réunions de préparation, ai dessiné tout le château et les appartements de chacun sur ce plan improvisé, avec leurs noms, et ai attentivement observé lors des présentations officielles des invités. Je suis fâchée, j’ai bousculé une bougie sur ma table, sur lequel mon plan se trouvait. Il est malheureusement consumé, et ma table fichue. »
C’était partiellement vrai. Le plan avait brûlé une fois qu’Elya l’avait mémorisé, et surtout, elle avait brulé avec la table pour prétendre à un accident. Elle fut rapidement remplacée, grâce à la bonté de Sa Majesté Arryn. Un air contrit se peignait sur le visage d’Elya, sincère cette fois, car elle savait avoir causé un certain désagrément. Mais endormir la curiosité potentielle de Lady Grafton sur ce plan brûlé par inadvertance était nécessaire.
« Allons y ? »
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Dim 12 Juil - 12:18
Le soulagement de la jeune Velaryon était palpable. Outre le fait qu'elle ne s'était pas faite sermonner à se perdre dans les couloirs au beau milieu de la nuit, la jeune femme semblait des plus sympathiques et, surtout, peu encline à respecter les convenances et les règles qu'elle-même devait suivre à la lettre dès qu'elle rencontrait quelqu'un, encore plus depuis son arrivée à Goeville. Cela lui convenait parfaitement et elle ne retint pas le rire qui lui vint spontanément à la répartie de Dame Ysilla.
"Le fromage serait donc bien plus dangereux qu'on ne pourrait le supposer. En même temps, imaginez la scène. Une personne qui a un mouvement de recul à cause de l'haleine fétide occasionnée par un vieux fromage. Un véritable incident diplomatique à n'en pas douter."
Son sourire se fit plus large au reste des propos de la jeune femme qui visiblement semblait partager son point de vue sur les formules de politesse et autres convenances dont elles pourraient probablement se passer ce soir. Elle hocha d'ailleurs vigoureusement la tête et souffla, d'un ton joyeux.
"Une telle familiarité me convient tout à fait. Ce n'est pas comme si nous avions derrière nous des regards qui nous fusillent parce que nous avons raté une marche dans le grand escalier des convenances."
Difficile de ne pas se sentir gagnée par l'entrain qui semblait émaner de la jeune femme. Se prêtant au jeu sans pour une fois se sentir gauche ou maladroite, Daena répliqua, sur le même ton, son regard se faisant pétillant de malice alors qu'elles parlaient mariage.
"Oh c'est dommage, nous aurions fait un couple particulièrement bien assorti j'en suis persuadée. Mais si vous trouvez encore de ce délicieux fromage, il n'est pas dit que ce ne soit pas moi qui vous le demande."
En temps normal, la jeune Velaryon aurait bafouillé, rougi et aurait surement voulu se cacher sous le tapis qu'elles foulaient le plus naturellement du monde. Et pourtant, elle était à son aise. Peut-être était-ce du au fait qu'en plein cœur de la nuit elle n'avait pas à se préoccuper autant du protocole, qu'elle pouvait souffler quelques instants et que la jeune femme qui l'accompagnait faisait tout pour qu'elle se sente à l'aise.
Lorsqu'Ysilla lui évoqua tout ce qu'elle avait du faire pour connaitre les arrangements du château durant les festivités, la jeune fille lui jeta un coup d'œil admiratif avant de lâcher, d'un ton pensif.
"Et bien, je vous avoue que je n'aurais jamais pensé qu'il faille autant d'organisation et de préparatifs pour accueillir tout ce moment. Nous n'avons jamais reçu autant de personnes et surtout, sur une aussi longue durée à Peyredragon. Il est vrai que j'aurais réfléchi un peu, cela m'aurait paru évident mais, tout de même. Arriver à tout mémoriser est un exploit assez impressionnant. J'imagine que vous aussi vous avez du passer des heures entières à mémoriser chaque blason de chaque famille et à vous faire taper sur les doigts lorsque vous en confondiez certains, non ?"
Daena laissa échapper une grimace à ce souvenir alors qu'elles continuaient à se diriger en direction des cuisines dont le brouhahas commençait de nouveau à se faire entendre.
"Et j'espère que la table a été la seule à souffrir de l'incident et que personne ne vous en a voulu."
En temps normal, Daena était tout sauf maladroite. Il lui était certes arrivé ces derniers temps d'avoir l'impression du contraire mais ce n'était pas dans sa nature. Et, de mémoire, depuis qu'elle avait réussi à mettre le feu à ses propres cheveux lorsqu'elle était enfant, elle n'avait jamais eu d'incident du même genre.
Avant même qu'elle ne se rende compte, elles étaient à nouveau devant les portes des cuisines. Sans se démonter, la Velaryon passa une nouvelle fois la tête à l'intérieur, son large sourire se faisant encore tout aussi efficace, à moins que ce ne soit la présence d'Ysilla à ses cotés. Toujours est-il qu'elles sortirent les bras chargés et qu'elle finit par se tourner vers sa compagne de la soirée, la mine malicieuse.
"Alors, par où devons-nous aller pour trouver les jardins ? Je vous avoue que là, il suffirait de me faire tourner sur moi-même pour que je sois une nouvelle fois perdue pour toujours."
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Mar 21 Juil - 23:33
La jeune Velaryon avait un rire rafraichissant, et très agréable à entendre. Si Elya était bien déterminée à obtenir des secrets de sa part, si tant est qu’elle en avait connaissance, elle ne comptait pas s’ennuyer à mourir pour autant. Un peu de distraction ne serait pas préjudiciable. Du moins ne le pensait-elle pas. C’était pourquoi elle rentrait aussi aisément dans son jeu, aussi joyeusement. Et pourquoi elle se permit d’abolir tout titre en s’adressant à elle. L’humeur ambiante s’y prêtait, et la jeune femme en sa compagnie pourrait la reprendre, si elle ne souhaitait être appelée ainsi. Elle rit, à son tour, de bon cœur, en l’entendant.
« Imaginez donc, si nous nous saluions ainsi, en embaumant la pièce d’odeur de fromage. Je pense que nous ferions un éclat dans la marche du grand escalier, et choquerions chaque noble dame. Oser faire preuve de gourmandise, sans se soucier de bien nous tenir, ou même de ne pas sembler gourmandes. Une idée intéressante, à n’en pas douter. »
Riant encore, Elya se rapprocha de Daena, et lui saisit les mains, faisant un baise main des plus élégants, suivi d’une révérence. Sa jeune amie, si elle pouvait la qualifier ainsi, devait être bien perplexe de la voir agir soudainement avec tant de retenue.
« Vous combleriez mon cœur, ma Dame. J’espère que l’on sera autorisées à se courtiser, à déguster des pâtisseries valoises, et à participer à divers jeux dignes de jeunes femmes nobles ensemble. Vêtues des plus belles tenues à la mode. Pour mieux aller dévaliser les cuisines, au soir venu. »
Elya sentit sa fierté prendre le dessus, sous le regard impressionné de la petite hippocampe. Comment ne pas l’être ? Sa Reine, bien évidemment, veillait à ses progrès, et la complimentait, mais son métier, dans l’ombre, était peu reconnu. Alors qu’une inconnue la regarde ainsi lui faisait plaisir. Elle la dévisagea un instant, cependant, en l’entendant. Se faire taper sur les doigts ? Par les Sept, non ! Jamais !
« Oh non, quiconque pose la main sur moi le regrettera amèrement. Une noble, marquée par des mauvais traitements ? Cela serait mal vu, et je ne serai plus digne d’un bon parti. Ma peau marque facilement et profondément, il serait dommage de le risquer. Mais j’ai effectivement passé de nombreuses heures à cet effet, avant même de venir chez ma tante. Cela m’a été assez difficile, mais j’étais obstinée, et m’endormais bien souvent devant les reproductions que j’en avais. »
Elle haussa nonchalamment les épaules. C’était vrai, en soi. Sauf qu’elle n’était pas noble, et que personne ne s’en souciait. Ni même qu’Elya, aînée de sa famille de roturier, n’aurait jamais laissé savoir qu’elle avait appris ça. Mais il ne s’agissait pas d’Elya mais d’Ysilla, jeune noble, curieuse et avide de découverte et cela était sans conséquence. Elles portaient chacune un panier, remplis de victuailles, dont deux bouteilles de vin dans celui d’Elya, que l’espionne fluette avait subtilisées en toute discrétion. Elle fit un signe de tête à Daena, en entendant du bruit, l’enjoignant à prendre un couloir sur la gauche. En silence, pour ne pas se faire repérer, elles finirent par sortir dans les jardins, à proximité de petits bosquets. Elya posa le tissu qui leur avait été donné, allumé une lanterne bien que la lune, haute, éclaire assez bien, et commença à sortir les victuailles.
« Dites moi, Daena, que pensez-vous du Val, et des festivités ? J’espère que vous vous amusez parmi nous ! »
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Mer 29 Juil - 11:50
Si elle avait pu regretter l'espace d'un instant sa petite escapade, ce sentiment était bien loin maintenant et Daena était ravie de s'être perdue dans les couloirs. C'était une anecdote qu'elle se garderait bien de raconter à Rhaenys qui risquerait encore de la sermonner, à juste titre d'ailleurs, la jeune Velaryon se doutant bien qu'il n'était pas des plus intelligents de lier connaissance de cette façon, surtout à une heure aussi indue. Mais, pour l'heure, peu importait. Elle s'amusait bien, ne se sentait pas menacée et n'ayant pas quitté l'enceinte du château sans escorte, elle se disait n'avoir pas totalement dérogé à la règle.
Le rire qui fit écho au sien ne put que la conforter dans son idée et elle haussa alors les épaules, la mine un rien pensive.
"Je n'ai jamais bien compris pourquoi il fallait autant nous restreindre à table. C'est tout de même plus agréable de voir une jeune femme qui fait honneur aux mets de son hôte plutôt que de faire la moue devant chaque plat qui passe sous son nez. Mais ma mère m'a longuement sermonnée à ce propos, alors je suppose que c'est une coutume idiote à laquelle on ne peut guère se soustraire."
Laissant échapper un profond soupir qui en disait long sur ce qu'elle pouvait bien penser de cette coutume aussi inutile que frustrante, elle reprit, non sans cacher sa malice.
"Je n'ose même pas imaginer la scène. Voir ces dames qui n'osent pas se boucher le nez de peur de faire un esclandre et les mines gênées de tout le monde. Ce serait fort divertissant."
Aux propos de la jeune femme, Daena retint difficilement un éclat de rire et se redressa, tenant toujours en main son morceau de pain mais essayant de prendre la posture adéquate qui suivait invariablement un baisemain. Son effort fut de courte durée, son rire finissant par résonner dans les couloirs sans qu'elle puisse le retenir.
"J'ai comme l'impression que vous savez exactement quoi dire pour me faire plaisir. Je n'ai guère l'habitude de courtiser quelqu'un mais, pour le reste, les réjouissances à venir me paraissent juste parfaites."
Daena n'aimait pas cacher lorsqu'elle était impressionnée par quelque chose ou lorsqu'elle souhaitait complimenter quelqu'un, même si c'était inhabituel pour elle lorsqu'il s'agissait d'une parfaite inconnue. Mais comme tout le monde, tout du moins le pensait-elle, elle appréciait qu'on jauge ce qu'elle faisait à sa juste valeur alors, lorsqu'elle pouvait rendre la pareille, elle n'hésitait pas.
Lorsqu'Ysilla évoqua le fait que personne ne posait jamais la main sur elle, Daena laissa échapper une grimace sceptique, songeant au nombre de fois où elle avait reçu une gifle depuis qu'elle était enfant et ce, jusqu'à très récemment lorsqu'elle s'était aventurée dans l'antre de Meraxès. Cela ne l'empêcherait pas d'être un bon parti, tout du moins l'espérait-elle mais cette idée s'insinua dans son esprit alors qu'elle fronçait légèrement les sourcils non sans une nouvelle moue.
"Ma peau ne marque pas, en tout cas, je n'y ai jamais prêté attention. Sinon j'aurais encore les marques pour toutes les fois où j'ai confondu certains blasons lors de mon apprentissage et ce serait plus que fâcheux. Mais en tout cas, vous pouvez être fière de tout ce que vous avez retenu."
Sortant les bras chargés des cuisines, Daena arborait une mine ravie alors qu'elle suivait la jeune noble dans les couloirs jusqu'à arriver dans un petit jardin, essayant de ne pas pouffer de rire alors qu'elles avançaient dans le silence le plus complet. Elle s'installa alors à son tour, piochant dans son panier pour voir ce que leur avaient donné les cuisiniers avant que son regard ne s'attarde sur les alentours. La jeune Velaryon laissa filer un moment de silence, appréciant visiblement le moment avant de souffler, d'un ton joyeux.
"Et bien, je vous avoue que j'apprécie beaucoup mon séjour ici. Je n'avais jamais encore vu autant de gens rassemblés en un seul endroit et je ne savais plus où donner de la tête lors de chaque évènement important. Vous avez assisté au bal ? Toutes ces tenues étaient plus belles les unes que les autres. Et c'était tellement étrange de converser avec quelqu'un sans savoir à qui l'on pouvait bien parler. Et la nourriture était délicieuse."
Sans parler des joutes ou des mêlées, Daena se rendait compte qu'elle appréciait réellement son séjour à Goeville, si l'on oubliait toute la tension qui régnait et qui semblait prête à bondir sur eux à chaque détour d'un couloir.
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Mar 4 Aoû - 18:53
Pourquoi se restreindre ainsi ? Oh, Elya avait bien une réponse, qu’elle n’aurait jamais du savoir par ailleurs. Qui n’était peut-être qu’une petite vérité aussi, et ne correspondait pas à tous, loin de là.
« Figurez-vous que j’ai entendu dire d’une jeune femme qui mangeait plus que de raison qu’elle ressemblait à une goule et avait encore moins de tenue qu’un sauvage, et qu’elle était indigne d’un futur mari. Que le pauvre se retrouverait privé de la nourriture dont elle n’avait pas besoin. Si au moins tous ces mets auxquels nous n’avons pas droit, pas réellement, étaient donnés aux nécessiteux, au lieu de se retrouver gâchés… »
Elya pensait régulièrement ainsi, se disant que sa famille en aurait eu assez pour une année complète, avec l’excès fréquent lors de ces fêtes. Bien sûr, elle ne pouvait pas réellement le dire, et se retrouva quelque peu confuse d’avoir trahi sa pensée de cette manière. Elle s’efforça malgré tout de se taire, pour ne pas ajouter à son embarras, qui n’était pour le moment pas visible.
Elle ne put s’empêcher de rire de nouveau, en l’entendant surenchérir sur le fromage qui ne manquerait pas d’indisposer ces dames. Oh, cela serait réellement drôle. Pour peu, elle aurait payé deux comédiens, pour donner vie un tel stratagème. Mais cela eut été jouer avec leur vie, si un noble trop susceptible se trouvait là. Elle ne se le permettrait donc pas.
« Je pourrais difficilement, je vous l’avoue, en pareille circonstance me retenir de rire, n’en déplaise aux plus coincés. Cela aurait le mérite d’être fort divertissant, et inattendu. »
Son rire redoubla, bien malgré elle, en voyant la posture de Daena. Elle avait fière allure, ainsi avec son pain, tentant de se comporter en noble désireuse de plaire. Et sûrement dépourvue de bon sens. Elle en était réellement drôle, à vrai dire. Elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils à son tour, et de redevenir tout de suite plus sérieuse, en décelant la contrariété sur le visage de sa vis-à-vis. Était-elle maltraitée, malgré sa bonne naissance ? Elle n’en laissait rien paraître, mais ne put que laisser Elya songeuse. Sans doute creuserait-elle. Si elle le pouvait.
« J’espère que l’on ne vous inflige pas ce traitement régulièrement, ni même trop durement. Quelqu’un comme vous ne le mérite assurément pas. »
Et pourtant… Les femmes ne disposaient pas de leurs corps. Il était d’abord à leur père, puis à leur mari. Le décès de celui d’Elya, qui était indifférent et indolent de toute façon, et la stupidité de sa mère couplée à son absence de famille l’avait aidée à s’émanciper pour occuper sa place d’espionne, de même que les bonnes rencontres qu’elle avait pu faire, mais elle savait que tous n’avaient pas sa chance. Elle ne pensait pas, toutefois, que l’on se risque à châtier corporellement une jeune femme de bonne famille. Mais elle hocha la tête pour elle-même, et sourit en entendant son amie – si tant est qu’elle pouvait la qualifier ainsi, ne la connaissant pas.
Elle invita malgré tout Daena à s’asseoir, sur le tissu qui lui avait été donné, et alluma deux lanternes qu’elle disposa de part et d’autre d’elles, installant leurs victuailles.
« Oh oui, le bal fut follement amusant. Je vous avoue avoir pris beaucoup de plaisir à tenter de reconnaître les gens présents, à défaut de danser. Et vous ? Avez-vous dansé ? »
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Ven 7 Aoû - 21:31
Daena aimait la façon dont elle pouvait discuter avec la jeune femme sans se sentir totalement restreinte parce qu'elle devait dire ou faire. Elle gardait tout de même un minimum de retenue, pas grand-chose à dire vrai, mais suffisamment pour avoir l'impression de ne pas être en train de raconter toute sa vie ou ses appréhensions à la première venue. Pas complètement en tout cas.
Elle laissa filer un instant de silence, fonçant les sourcils la mine pensive alors qu'elle semblait méditer sur les propos de lady Ysilla.
"Loin de moins l'idée de vouloir me comparer à un homme, ce serait aussi peu approprié que délicat. Mais, tout de même, si un homme mange à sa faim, personne n'ira dire quoi que ce soit non ? En quoi se nourrir comme on le souhaite peut faire de quelqu'un une sauvage ou quelqu'un incapable de se trouver un mari ? C'est tout de même un rien étrange."
Mais cette façon de voir expliquait bien des choses quant à la façon dont Daena avait été éduquée par sa mère jusqu'à son départ à Peyredragon. Elle continuait d'ailleurs à lui seriner ces principes à chacune de ses visites et dans la plupart de ses lettres, empêchant la jeune fille de manger comme elle l'aurait voulu et l'hippocampe s'exécuter, préférant conserver un peu du confort que lui procurait une certaine obéissance, surtout auprès de sa mère.
Laissant échapper un soupir pensif, elle finit par hausser les épaules et par renchérir quant à cette histoire totalement absurde de fromage. Mais l'idée l'amusait et la détendait. Il n'y avait de conséquent ou de solennel dans leurs propos, c'était ce qui lui plaisait en cet instant. Se tapotant le nez, la mine faussement pensive, elle finit par laisser échapper avec un large sourire, tandis qu'elle suivait la jeune femme.
"Je pense que je n'arriverais pas à me retenir non plus, autant être honnête. Mais les gens seraient encore plus outrés par cette réaction que par les vapeurs peu odorantes, j'en suis persuadée. Les convenances semblent parfois bien plus importante que l'hygiène élémentaire."
Au reste de ses propos et au froncement de sourcils de lady Ysilla elle leva une main dans sa direction, agitant son morceau de pain sans faire attention.
"Oh, personne n'est trop dur avec moi, n'allez pas croire ce genre de choses. C'est juste qu'il y avait parfois des leçons que je n'avais pas le moins du monde envie de retenir et le mestre se plaisait à me taper sur les doigts avec une baguette pour … comment dire… m'encourager. Autant le dire tout de suite, il a fini par comprendre que ça ne servait à rien et par m'appâter en me promettant de me libérer plus tôt des leçons si j'étais studieuse. Étonnamment j'étais nettement plus assidue après tout ça."
S'installant sur le tissu, elle jeta un bref regard aux alentours, son sourire se faisant plus songeur l'espace d'un instant tandis qu'elle laissait filer, à mi-voix.
"Cet endroit est vraiment magnifique. Il me manquera quand je partirais. Les jardins semblent toujours tellement calmes, même quand il y a des gens. Vous venez souvent ici ?"
Laissant filer quelques secondes de silence, elle finit par reprendre, son visage s'illuminant au souvenir du bal.
"Oh, vous avez réussi à reconnaitre beaucoup de monde ? Je vous avoue que j'étais moi-même complètement perdue. Je n'ai même pas reconnu mes proches, c'est dire. J'en étais même venue à me demander s'ils étaient présents, c'est dire. Mais c'était vraiment amusant. Oh j'ai un peu dansé aussi, mais, autant être honnête, je ne suis pas très douée pour ce genre d'exercice. Peut-être un manque de coordination de mes pieds, allez savoir. Je ne suis pas maladroite en temps normal. Enfin pas toujours."
Elle arqua un sourcil, se remémorant sa maladresse à la rencontre du Prince de Dorne mais préférant passer l'évènement sous silence, elle continua, d'un ton toujours aussi léger.
"Et vous avez pu assister à d'autres réjouissances ? Comme la joute ou les mêlées ?"
Il y avait eu aussi quantité de diners et Daena avait adoré visiter la ville et ses marchés, même si elle avait fini par le faire escortée de son garde aussi aimable d'une porte fermée.
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Ven 28 Aoû - 17:47
Elya sourit à nouveau, devant la fraicheur du petit hippocampe qui parlait sans ambages – ou du moins lui semblait-il qu’il en était ainsi. Pas qu’elle ne se moque, loin de là, mais l’idée de l’imaginer homme avait de quoi faire sourire. Douce et délicate comme elle l’était, elle n’avait assurément rien d’un homme effectivement.
« Vous avez un visage bien trop raffiné, assurément, pour passer pour une de ces créatures si opposées à nous, ne serait-ce qu’en comparaison. Mais je crains que ce ne soit là que le fardeau que l’on doive subir, ne pas s’insurger face à ces différences et ce corset dans lequel on nous enferme. Ça n’est, peut-être, qu’une métaphore de nos propres vies… et ce depuis toujours. À nous d’en prendre notre parti, et de nous battre contre cela à notre manière. »
Comment ? Elya n’aurait pu l’affirmer réellement. Elle n’était pas tout à fait du monde de Lady Daena, quand bien même elle le prétendait en l’instant. Oh, elle savait feindre y appartenir, mais c’était bien différent de réellement expérimenter ce carcan, cette prison qui accompagnait les femmes de haute naissance toute leur vie. La sienne, en tant que femme de basses origines, était différente bien qu’existant tout autant.
« Et personne, mis à part les hypocrites bien décidés à maintenir à tout prix le masque des convenances, ne saurait vous reprocher un rire franc et dépourvu de malhonnêteté. Un rire amusé, sans plus. À part, évidemment, des personnes qui ne souhaitent que vous préserver de la cruauté des autres, mais peu seront elles parmi tous les autres. »
Secouant la tête, l’Ouestienne chassa bien vite ces pensées, et sourit. Inutile de plomber l’ambiance. Elle ne put d’ailleurs s’empêcher de rire, sans malice, en voyant le pain s’agiter dans la main de la jeune femme.
« Je ferai attention, à votre place, de ne pas laisser tomber ce pain en le cognant contre une pierre, un chat ou autre animal aurait tôt fait de le récupérer, simplement pour le plaisir d’avoir subtilisé quelque chose à un grand à deux pattes. »
Sur un petit clin d’œil, elle continua d’avancer, suivie de la jeune Velaryon.
« Il n’en est que mieux, en ce cas. Je ne pense pas que de tels encouragements puissent se montrer fructueux… »
Elle avait pourtant eu ses propres… encouragements, par sa mère qui la culpabilisait, et son père qui par son mutisme lui faisait bien comprendre la déception qu’elle était. Peu importait. Soupirant, elle haussa les épaules, se reconcentrant sur sa compagne tout en s’asseyant elle-même.
« Je réside auprès de Sa Majesté Arryn, je ne vois que peu ma tante, ainsi que ses jardins, je vous l’avoue. Mais ils sont paisibles, et m’ont conquise dès mon premier pas ici. N’en avez-vous pas de similaire, à Peyredragon ? »
Plus que d’une curiosité d’espionne, celle d’Elya était sincère. Elle avait grandement voyagé, pour une jeune femme, mais elle aimait en savoir plus sur les contrées qu’elle n’avait pu découvrir. La métamorphose sur le visage de Daena soutira un grand sourire à l’espionne, tant la joie qui l’habitait était palpable – et contagieuse.
« Pas autant que je l’aurai souhaité, d’autant que Sa Majesté avait bien fait les choses en répartissant de manière peu aisée à deviner ses convives. Peut-être vos proches étaient-ils à des tables éloignés de la vôtre. Êtes-vous venue accompagnée de beaucoup d’entre eux ? Me montrerez-vous comment vous dansez ? Je suis certaine que vous êtes radieuse. Portiez-vous une belle robe ? »
Elya fronça ses sourcils en écho aux siens, se demandant ce qui lui traversait l’esprit. Peut-être n’était-ce rien.
« Malheureusement non, ma tante avait besoin de moi. Qu’en avez-vous pensé ? Orys Baratheon s’est illustré, son nom est sur toutes les lèvres ; de même que ceux des Dorniens finalistes. Vous devez être fière de la Main de votre Reine. »
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Dim 6 Sep - 18:21
Parler avec Ysilla semblait facile, Daena ne se souciant pas de la meilleure façon dont elle aurait à combler des blancs éventuels dans la discussion puisque toutes deux semblaient toujours trouver quoi répondre dès que l'autre laissait filer un instant de silence. C'était pour le moins agréable même si les circonstances étaient quelque peu inhabituelles. Elle se permettait d'ailleurs de laisser échapper des réflexions qu'elle n'aurait jamais osé avoir en temps normal sans même se sentir ridicule.
"Un visage trop raffiné ? Vraiment ? Oh et bien merci. Mais je vous avoue que je ne vois guère comment nous battre à notre manière. En nous empiffrant devant tout le monde ?"
La jeune fille laissa échapper une grimace, visiblement peu convaincue face aux possibilités qu'elles pouvaient bien avoir en face d'elles. Elle n'y avait jamais vraiment songé jusqu'à présent et n'avait pas le moins du monde pour ambition d'aller tenter de révolutionner la façon dont elle pourrait se comporter en public mais, en cet instant, elle aurait aimé que les choses soient quelque peu différentes. Demain elle continuerait à jouer son rôle habituel, appréciant les rares moments où elle pourrait faire fi des convenances sans pour autant chercher à ce que cela devienne son quotidien. Daena avait été élevée pour faire honneur à sa famille et elle se doutait bien qu'un tel comportement ne ferait que jeter l'opprobre sur les siens.
Au reste des propos d'Ysilla, elle laissa échapper un sourire. S'il y avait bien une chose dont elle était incapable c'était de retenir son rire et, jusqu'à présent, personne ne lui en avait jamais tenu rigueur. Elle espérait que c'était bien quelque chose qui durerait, quoi qu'il arrive et, surtout que jamais elle n'aurait envie de retenir son rire, quoi qu'il arrive. A sa remarque concernant le pain, Daena cilla, fixant la miche qu'elle tenait dans sa main, la mine circonspecte.
"Oh, personne n'oserait me le voler tout de même. Même pas un chat, j'en suis persuadée. Et je fais beaucoup trop de bruit pour qu'il ait le cran de s'approcher de moi, c'est un avantage."
Elle arrêta tout de même de s'agiter, retenant sagement le pain alors qu'elle haussait les épaules.
"Je pense que ce genre de méthodes peut montrer son efficacité sur d'autres personnalités que la mienne. Je suis quelqu'un d'assez dissipé si le sujet ne m'intéresse guère, je peux comprendre que l'on ait envie de me ramener à l'ordre sans prendre de gants. J'ai souvenir que ça a marché avec mon frère en tout cas."
Laissant filer une grimace, la jeune Velaryon reprit avec un intérêt non feint alors qu'elles parlaient des jardins.
"Oh, vous vivez au Eyriés ? A quoi ça ressemble ? J'imagine que ça n'a absolument rien à voir avec ce château. J'en ai souvent entendu parler mais je n'arrive guère à me l'imaginer. Et nous avons des jardins mais ils sont loin d'être aussi charmants que celui-là et en plein travaux. Ou alors, peut-être celui-ci a-t-il cela de séduisant qu'il est différent de ceux que j'ai l'habitude de voir, allez savoir. Mais je préfère de loin me promener sur la plage quand je suis chez moi."
Parler du bal avait bien évidemment illuminé le visage de Daena qui gardait de l'évènement un souvenir des plus agréables et le sourire de son acolyte de la soirée fit écho au sien alors qu'elles se remémoraient la soirée.
"Il est vrai que je n'ai jamais su avec qui j'ai passé la soirée mais c'était amusant comme tout. Et cela a probablement aidé à ne pas amplifier certaines tensions. Si je ne dis pas de sottises, il y avait ma Reine, sa Main et…"
Se mordillant la lèvre, la jeune fille hésita, se demandant comment qualifier Evaneys en présence d'inconnus. Songeant que Mère ferait probablement une syncope, elle ajouta tout de même, d'un ton un peu hésitant.
"… la bâtarde de Père. Je crois que c'est tout mais je n'en suis même plus sûre en fait. Et j'avais une robe comme je n'en avais jamais encore eue, Mère me l'avait offerte pour l'occasion. Elle était tout bleue et tranchait avec que j'ai l'habitude de porter. Et vous alors ? Quant à ma façon de danser, je vous assure, c'est tout sauf un spectacle divertissant. Sauf si vous voulez rire."
Elle leva les yeux au ciel dans une grimace amusée. A l'évocation d'Orys, son visage se fendit alors d'un large sourire et ses yeux se firent pétillants. Dire qu'elle était fière de lui était un euphémisme mais elle n'avait pas encore trouvé de mots suffisamment forts pour traduire le fond de sa pensée. Il avait réussi à briller et à montrer au reste du monde la force de Peyredragon et ça, Daena ne l'oublierait jamais.
"Oh c'était impressionnant. Les fracas des lances sur les armures, tous les bruits environnants… je n'avais encore jamais eu l'occasion d'assister à une joute de toute ma vie et je vous avoue que je ne suis pas prête d'oublier tout ce que j'ai pu voir. Et je suis très fière d'Orys oui. Il s'est montré à la hauteur de ce que nous attendions de lui et plus encore. Par contre, je vous avoue que j'ai trouvé les mêlées particulièrement violentes et j'ai été soulagée de ne connaitre personne qui y participait."
La moue qu'elle laissa échapper était des plus explicites. Si elle avait apprécié de passer un moment avec les dorniennes dont elle avait particulièrement apprécié la présence, même pour un temps aussi court, la jeune Velaryon n'avait vraiment pas été friande d'un tel spectacle.
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Jeu 24 Sep - 18:26
Comment s’insurger à leur façon ? Une question bien difficile, à laquelle Elya n’était pas certaine de pouvoir répondre. Mais elle pouvait au moins y réfléchir. Oui, c’est bien ce qu’elle ferait.
« Il m’est difficile de vous répondre, en l’instant. Ce n’est pas réellement facile. Peut-être en agissant ainsi que nous le souhaitons, de temps en temps. Quand j’étais enfant, on me refusait la fréquentation d’un lieu, qu’on jugeait indigne de moi. Sachant pertinemment que j’agissais contre les recommandations que l’on m’imposait, je m’y rendais aussi souvent que possible. Bien que cela m’ait attiré l’ire de certains voisins. Sans doute étais-je plus libre que maintenant. Peut-être est-ce ainsi, que nous devons agir. Mais j’y réfléchirai, et ne manquerai pas de vous en informer. »
Oui, Elya comptait bien ne pas laisser Daena enfermée dans ces convenances, si elle le pouvait. Elle lui sourit doucement, espérant faire disparaître cette grimace de contrariété qui était venue orner son visage. Pari gagné, visiblement, grâce à sa plaisanterie sur le pain que son interlocutrice tenait. Son propre sourire s’agrandit, en l’entendant. Peut-être avait-elle raison. L’innocence dont elle faisait preuve, et sa figure agréable, devait mener quiconque à vouloir lui donner la lune.
« Dans ce cas, continuons à rire comme si nous étions seules, et que la nuit n’était pas tombée. Pour préserver ces victuailles, toute solution est la bonne. »
Elle fronça tout de même les sourcils, en entendant les punitions infligées à la jeune Velaryon, pour lui inculquer ce qu’elle devait apprendre. Haussant les épaules de manière presque imperceptible, elle se décida à ne pas surenchérir, incapable de cautionner de tels agissements.
« Les Eyriés sont… indescriptibles. Très beaux, assurément. Leur construction à flan de montagne les rend particulièrement spéciaux, mais la vue est magnifique, et j’aime à me perdre dans le dédale des lieux. »
Ou à très bien s’y retrouver, pour mener à bien ses missions. Les Eyriés n’avaient que très peu de secrets pour elle, maintenant, Elya en était persuadée.
« Comment sont vos plages ? Je pense qu’elles n’ont rien en commun avec celles que nous pouvons voir dans le Val. »
Souriant, elle enchaina bien vite sur le bal, espérant que la jeune demoiselle s’était divertie agréablement. Elle ne put que sourire, en l’entendant parler de ses proches… ou connaissances ? et de tout ce qu’elle avait vécu.
« Êtes-vous donc proche de ces trois personnes, bien que vous n’ayez pas réussi à les reconnaître ? J’aurai aimé vous voir, parée de cette robe, vous deviez être ravissante. De même en dansant, quoi que vous puissiez en dire. »
Elya ne put s’empêcher de grandement sourire, en l’entendant discuter. Le sourire de l’hippocampe était communicatif.
« Je vous avoue avoir été rassurée que personne que je ne connaisse n’y participe non plus, cela m’aurait inquiétée plus que de raison. Mais c’était à n’en pas douter un spectacle fantastique, si j’en crois les échos que j’en ai eus. Peyredragon s’est joliment illustré, lors des joutes, votre fierté est normale. Avez-vous célébré sa victoire en sa compagnie ? Et les mêlées, par l’importance du nombre de personnes qui s’affrontent, sont en effet quelque peu effrayantes… »
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Jeu 15 Oct - 19:09
Daena ne poussait que rarement aussi loin ce genre de réflexion quant à sa position dans la société ou le rôle qu'elle devait y tenir. Elle se tenait à ce qu'on lui disait de faire, essayant de ne décevoir personne et, quand tout allait bien, de rendre les gens fiers d'elle. Et, les rares fois où elle avait des interrogations, elles trouvaient leurs réponses auprès de Rhaenys ou d'Orys. Mais, cette fois-ci, elle ne comptait guère leur demander ce qu'ils pensaient de toute ça, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet ni s'ils le trouveraient intéressant. Et puis, elle appréciait que ce moment lui appartienne et qu'elle se fasse sa propre réflexion, sans se sentir influencée par les personnes à qui elle tenait le plus.
Elle laissa échapper un sourire, imaginant Ysilla en train de braver l'interdit uniquement parce qu'elle n'avait pas le droit de le faire. Ce n'était pas son genre, même si elle n'aurait pas manquée d'être gagnée par la curiosité si on l'empêchait d'aller quelque part. La jeune Velaryon était bien plus sage qu'elle ne le pensait, ne causant de réels dommages que par inadvertance et ne souhaitant jamais porter préjudice à qui que ce soit, au risque de subir des convenues ou d'être un rien frustrée.
Et, à la répartie de la jeune femme, son sourire se fit plus large.
"Cette idée me plait. On ne sait pas après tout combien de temps nous pourrons rester tranquillement à deviser de la sorte, sans personne qui nous oblige à nous empêtrer dans toutes ces convenances."
Quelque peu soulagée qu'elle ne rebondisse pas sur la façon dont elle avait parfois pu être traitée, après tout si elle trouvait la chose normal, Ysilla ne semblait pas partager son point de vue, elle écouta avec une attention non feinte sa description des Eyriés.
"Ce doit être impressionnant. Et changer tellement de ce que j'ai eu l'occasion de voir. Et pourtant, j'ai voyagé à plusieurs reprises avec mon Père, il m'a permis de voir un peu autre chose que Lamarck ou Peyredragon."
L'évocation des plages de Peyredragon rendit son sourire plus rêveur alors qu'elle se perdait un instant dans ses souvenirs. Elle laissa filer quelques secondes avant de répondre, d'un ton joyeux.
"Les plages sont… sauvages. On dirait que rien ne pourra jamais dompter les vagues qui s'écrasent sur les récifs, elles n'ont rien à voir avec les plages que j'ai pu apercevoir au loin quand nous sommes arrivés à Goeville. Tout bouge tout le temps, il m'arrive de passer des heures assise sur un rocher à admirer le paysage. Et j'ai essayé de le dessiner à plusieurs reprises sans arriver à capturer cette sensation unique. Impossible de décrire la sensation des pierres sous les pieds, l'odeur qui flotte dans l'air et le vent sur le visage."
Elle se mordilla alors la lèvre, réalisant qu'elle avait peut-être encore une fois trop parlé et laissa échapper un haussement d'épaules contrit avant que la jeune femme ne l'interroge sur le bal. A sa question, elle laissa échapper une moue pensive.
"Je les connais depuis toujours ou presque. J'ai grandi à leurs cotés mais l'ambiance au bal était tellement différente de ce que j'ai pu voir jusque là que j'ai probablement perdu tous mes repères. Vous voyez ce que je veux dire ? En tout cas, je ne sais pas si j'étais ravissante mais la robe l'était en tout cas. Et elle cachait mes pieds quand je dansais, c'était parfait."
Son regard s'était fait malicieux avant qu'elle ne retrouve un semblant de sérieux en repensant à la mêlée. Elle n'avait pas vraiment goûté au spectacle, quoi qu'elle en dise et même si elle avait été pour le moins impressionnée. Mais repenser à Orys était plaisant et son sourire réapparut aussi vite qu'il s'était fané.
"Oh oui, nous avons fêté ça. Comme tout le monde aurait pu le faire à notre place. Mais tout ce que nous avons pu faire ici avait déjà un goût de fête. Ca va me manquer je pense."
Elle n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'une silhouette qu'elle ne connaissait que trop bien apparut dans le jardin. Il était visiblement essoufflé et soupira en reconnaissant la jeune femme.
"Lady Daena ! Par tous les Sept, comment vous avez réussi votre coup ?!"
Elle piqua du nez, n'en menant pas large devant la mine du garde, à la fois inquiète et en colère. Il fixa un instant sa compagne de fortune et sembla soulagé de voir qu'il s'agissait d'une jeune femme tout aussi innocente qu'elle.
"Je… j'avais faim. Et lady Ysilla s'est montrée des plus chaleureuses avec moi. Elle a fait honneur au Val et m'a permis de me restaurer."
Puis, avec un sourire hésitant.
"Vous avez faim peut-être ?"
Le garde la fixa longuement, laissant échapper un nouveau soupir alors qu'il secouait la tête et qu'il s'inclinait brièvement devant Ysilla.
"Il faut rentrer."
Daena se mordilla la lèvre avant de jeter un regard à la jeune femme. Il avait raison mais elle se répugnait à couper court à leur petite collation improvisée. Et pourtant, elle n'avait guère le choix.
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Sujet: Re: La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé] Mer 28 Oct - 21:15
« Je vous conseillerai bien, si nous venions à être en compagnie, de feindre ne pas entendre un mot de ce que disent les autres, et ne pas être à même de comprendre le protocole et ce qu’il attend de nous, mais je crains que nous n’ayons tôt fait de nous faire réprimander. Mais peu importe, si nous devons nous appeler Lady Daena et Lady Ysilla, au cas où l’on nous surprendrait, nous savons n’être au fond que Daena et Ysilla, n’est-ce pas ? »
Oui, il leur serait délicat de s’en affranchir réellement, mais rien ne les empêchait de le faire en leur fort intérieur, ou même par courrier – peut-être en viendraient-elles à entretenir une correspondance. Cela serait fort intéressant, Daena s’avérant plaisante et drôle. Elya appréciait d’avoir une connaissance, indépendamment de son devoir d’espionne. Oh, elle ne pourrait pas garder le secret, si Daena laissait échapper des informations qui pourraient servir au Val ou y nuire, mais tout de même. Jamais la jeune fille n’aurait à le savoir.
« J’espère que vous pourrez, un jour, nous y rendre visite, dans ce cas-là. Je vous ferai voir nos merveilles, et ce paysage si peu commun. Moi-même n’ai pu m’empêcher de me laisser frapper par la surprise, la première fois que j’ai mis les pieds aux Eyriés. Et j’ai pourtant entendu parler d’eux, longuement. C’est un bijou du Val. »
Elle sourit elle-même, s’empressant de la questionner sur Peyredragon. Pour s’en faire une idée plus précise, pour toutes les raisons possibles. Curiosité, envie de découvrir, besoin de découvrir pour mieux connaître ces gens sur qui elle voulait en savoir plus et leurs lieux de vie, habitudes… Oui, beaucoup de choses motivaient ces questions, bien que la principale reste une curiosité sans arrière-pensée.
« Oui, j’ai moi-même expérimenté cela à quelques reprises. Notamment quand je suis passée de petites réceptions organisées ici, à celles des Eyriés. N’avez-vous pas eu de compliment de vos cavaliers sur votre beauté ? Ou peut-être étaient-ils sous le charme, et incapable d’articuler le moindre mot ? Me croqueriez-vous votre robe, que je puisse voir à quoi vous ressembliez dedans ? Vous me rendez curieuse. »
Oui, elle ne pouvait que s’imaginer une jeune femme splendide. Daena avait une beauté, légèrement enfantine encore, rare. Écoutant sa compagne, Elya fut interrompue dans son élan pour lui répondre par un garde, et ne put s’empêcher de retenir un petit rire, alors que Daena lui proposait à manger.
Ramassant les provisions, Elya les empaqueta et les tendit à sa nouvelle amie.
« Prenez les, et finissez ce festin. Nous nous reverrons dans les jours à venir, à un moment plus approprié pour ces messieurs, peut-être ? Et vous pourrez m’écrire. Vous m’informerez de vos dégustations de fromages, j’espère ? »
Riant encore, elle suivit Daena et son garde, s’inclinant légèrement avant de bifurquer vers ses propres appartements.
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La nuit, tous les chats sont gris ...[Tour I - Terminé]
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