Coup de Grâce [Tour IX - Terminé]

Les missives s’étaient télescopées. Toutes renvoyées depuis Accalmie. Je les avais lues dans le plus grand des calmes. D’abord la missive de nos éclaireurs, qui signalaient l’embrasement de Dorne. Mahée Allyrion avait réussi la première étape de sa mission. Parfait. Puis je passais à une autre, bien nordienne. Bowen Glover. Celle où il annonce sa victoire. Mais aussi la mort de deux des plus grands généraux de l’Empire. La mise à mort de Yoren Hoare aussi. Presque anecdotique au regard du reste. Conrad était mort. Mon plus vieil ami encore en vie, occis en dehors du combat après sa capture. Combien étaient morts ? Tous mes frères. Les quatre. Conrad. Et tous les autres. Ils étaient tous morts. De mes compagnons les plus proches, qui avaient été à mes côtés depuis avant mon couronnement, il n’y avait aucun survivant.

J’étais le dernier.

Au moins, Bowen avait vaincu. Lyham aussi. Je n’arrivais pas à être content pour eux, ni pour l’Empire qui ne pouvait que mieux se porter avec un Hoare de moins en ce monde. Je n’y arrivais tout simplement pas. Je passais aux autres nouvelles, perdu, l’esprit embrumé par le deuil, par la solitude et par la mort. Je recevais le courrier cacheté de l’emblème Lannister, puis celui du Faucon Arryn avec circonspection, fronçant les sourcils. Que me voulaient-ils, ces pendards sans parole ? La lecture me fit tressaillir. Ecarquiller les yeux. Le pire se produisait. Au moment le plus cruel. Dorne disputé, le Sel et le Roc à nouveau décapité, une armée détruite. La victoire pouvait enfin être envisagée. Mais non. Ils nous déclaraient la guerre.

Et aucune nouvelle de Jeyne.

Mon propre sang voulait ma défaite sinon ma mort. Pas de mention d’elle dans le courrier. Je me sentais trahi, Sali dans ma confiance. Le Val, j’avais l’habitude, mais ça me surprenait après leur ouverture. Ils s’étaient montrés affables, prêts à discuter. Ce n’était que fausseté et vilénie, pour gagner du temps dans leurs préparatifs, sans doute. Tout était remis en question. L’Empire allait être attaqué de face par un Royaume puissant, l’Ouest, et dans le dos par un autre qui l’était tout autant. En sus de la Foi, des dorniens et des bieffois. Je déglutissais péniblement. Je prenais le large, demandais mon destrier à la Garde, et m’éloignais assez pour arriver près d’un ruisseau encaissé entre deux pentes boisées. Un endroit calme, pacifique. Seulement le bruit de l’eau, et celui du vent dans le fouillage touffu du printemps. Personne en vue, l’armée cachée par le relief. Je descends de cheval, tire Morsure de mes fontes. Conrad… Jeyne…

C’en était trop. Je maudis le destin à haute voix, j’interrogeais les Dieux d’un hurlement tête levée vers le ciel, yeux grands ouverts et gorge déchirée par la puissance du cri de bête fauve qui s’échappait de ma face ravagée, épée au poing. Je cognais. Contre un tronc, contre un autre. Je parais des adversaires imaginaires, j’enchaînais des coups pour fendre des corps, des montures, mais ne trouvais que le bois. Je continuais à ruer, comme un monstre enragé. Poursuivi par la légion de mes fantômes, avec Conrad qui m’appelait à boire à sa santé, et tous les autres qui n’attendaient que moi. Mes frères, qui m’avaient laissé affronter cette vie et ces épreuves seul depuis bien des années. Je cognais, encore et encore, maudissant et insultant mes ennemis, leurs mensonges et leur déshonneur, accablant les dieux pour qui j’avais tout fait mais qui me trahissaient eux aussi. Je finissais à genoux, la face striée de cicatrices baignée de larmes amères, à bout de souffle. Le regard fou. Les cheveux en bataille. L’épée plantée dans le sol, mes mains serrant sa garde. L’acier seul ne m’avait jamais trahi ni abandonné.

Ma fille, ma toute petite…

Je prie, à haute voix.

| Voyez cela je vois mon père. Voyez cela je vois ma mère, et mes sœurs, et mes frères. Voyez cela je vois tous mes ancêtres qui sont assis, et me regardent. Et voilà, voilà qu'ils m'appellent. Et me demandent de prendre place à leurs côtés dans le palais des Dieux, là ou les braves vivent à jamais. |

Je sens une présence derrière moi. Légère. Ténue. Je sens son odeur. Je suis un Loup. Je me relève, et me retourne. Epée plantée au sol, derrière moi.

| Que les Dieux aient pitié de nos ennemis, car je n’en aurais aucune. |

Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

An2, Mois 1, Semaine 1, Frontière Bieffoise

L’attitude des hommes m’avaient en premier lieu alerté dès que j’eus posé pieds à terre. Je n’étais pourtant pas partie longtemps, juste de quoi occuper un peu Meraxès et Ebryon, mais cela avait suffi. Je regagnais rapidement la tente de commandement et tombais sur les missives que Torrhen avait déjà ouverte. Une première, celle annonçant la guerre que nous déclarait le Val. Puis la seconde, venant de l’Ouest cette fois ci. Je la relis, une fois, deux fois, trois fois avant de la serrer dans mon poing. Ma colère monte en moi et je balaye d’un geste violent tout ce qui se trouve sur la table, avant de hurler à l’écuyer de mon époux de tout ramasser et remettre en place. Il dégluti mais il ne dit rien et s’exécute alors que je fais les cents pas dans la pièce. Comment… Comment ont-ils osé ? Comment ont-ils osé nous poignarder de la sorte dans le dos ? Comment cet ingrat et cette ingrate Roi et Reine ont-ils osé nous faire ça ? Et dire que je lui avais sauvé la vie. Et dire que j’avais prié mes dieux de veilleur sur eux et sur leur enfant. Maudits. Qu’ils soient maudits. Jeyne s’était bien jouée de nous. Elle s’était jouée de son père, et de ses frères. Depuis quand ? Depuis quand avait-elle en tête cette trahison ? Elle avait d’abord renié sa foi. Et désormais elle renié son Nom, et ses terres natales. Elle ne valait pas mieux que l’Homme de la tour enflammé. Non. Elle était même pire, la pire traitresse que ces terres pouvaient porter.

Je ne lui pardonnerai pas.

J’en serais incapable.

Elle prenait les armes contre sa Famille.

C’était impardonnable.

Elle désirait voir sa Famille se fracasser. Pour la gloire de l’Ouest. Elle faisait honte, honte au Nord, honte à son nom de naissance. Elle n’était pas un loup non. Elle était un serpent. Perfide. Elle nous avait tous bien mené en bateau.

Non, je ne lui pardonnerai pas.

Je fulminais et laissais échapper un cri de rage. Je me tournais vers l’écuyer qui remettait en place les lieux, lui demandant – lui criant dessus – où se trouver Torrhen. Il avait besoin de moi. L’homme bredouilla qu’il n’en savait rien et cela ne fit que me mettre un peu plus en colère. Je sortais de la tente furieuse. Il y avait-il quelqu’un dans ce foutu camp capable de m’indiquer où était passer l’empereur ou devais-je sillonner les cieux pour le trouver ? Cette pensée avait dû m’échapper car des têtes se tournèrent vers moi et quelqu’un finit par indiquer une direction du doigt. Je la suivais aussi sec, sans vraiment me rendre compte du chemin que je prenais. J’avançais d’abord dans le flou et puis la présence de la garde de mon époux m’indiqua que j’étais sur la bonne voix et me montra où il s’était enfoncé. Sa voix eut tôt fait de trahir sa présence et je maudis une fois de plus cette ingrate, cette traitresse. Je ne lui pardonnerai pas non. Elle s’en était prise aux miens. Et je ne lui pardonnerais pas. Je m’arrête un instant. J’inspire et j’expire, plusieurs fois. Je m’oblige à me calmer, à ravaler ma colère. En cet instant, ce n’est pas à moi d’exploser. Non. En cet instant, je dois être un roc, un pilier, et non un braiser. J’inspire, j’expire et je le rejoins. Il se relève mais son épée est toujours plantée dans la terre. Je le regarde dans les yeux quand il exprime cette colère qui fait écho à la mienne. Je tire noire Sœur de son écrin. Je la place dans ma main et me l’écorche, juste assez superficiellement pour faire couler le sang. Je sers le poing et le lève au-dessus de son arme. Je plante la mienne juste à côté. J’ouvre la paume et lui dis Feu, Sang, Hiver. Ce n’est pas seulement une devise. C’est ce que nous sommes. Que les Dieux aient pitié de nos ennemis, car je n’en aurais aucune.

So welcome to the fire

I'm focused ; I've been watching for the omens ; I've been listening to everything you've said ; Its been running through my head ; Locked and loaded ; I've got the feeling that you've noticed ; Yeah I've only just begun ; I won't stop until it's done ; 'Til you're broken ; So welcome to the fire ; I'm the one with the lighter ; Feel the burning through your veins ; As we're walking through the flames ; Getting higher ; So welcome to the fire ; Welcome to the fire ; Feel the burning through your veins ; As we're walking through the flames ; Getting higher ;
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Elle arrive comme une tempête. Haletant, côtes qui se soulevaient et s’abaissaient dans un rythme erratique, on aurait pu jurer que je venais de finir un entraînement intensif parmi mes gardes Demalion. Ce n’était pas le cas. Je venais de vivre un moment de folie pure, où la rage, la haine et le désespoir m’avaient littéralement submergé et m’avaient fait vriller complètement. Voile noir devant les yeux. Folie furieuse, qui m’avait fait m’en prendre à tout mon environnement. Je la sens venir, maintenant. Elle. La dragonne en personne. Sa propre furie faisait écho à la mienne ; je la sentais furibonde rien qu’à son souffle plus rapide, et quand je la regardais enfin, belle et terrible, je notais à son regard furibond qu’elle était dans le même état que moi. La belle aux cheveux d’argent se rapproche de moi et tire son épée de son fourreau pour venir s’entailler la main sur la lame. Je n’ai pas peur pour elle. Je lis dans ses yeux sombres le même ardent brasier qui appelle à une vengeance funeste. Le sang coule, elle serre le poing et jure à son tour qu’elle n’aura aucune pitié. Je hoche la tête.

J’ai les yeux rougis de colère et de tristesse, maintenant que la colère reflue, comme un rien apaisé de la présence de ma dragonne d’impératrice, bête féroce à traits pourtant si doux. Ses yeux sont de flamme. En d’autres circonstances, elle m’aurait fouetté les sangs. Mais pas maintenant. Je ne ressens que les élans douloureux de la Meute brisée devant l’adversité, nos liens moins forts que les ténèbres qui nous entouraient. J’attire pourtant Rhaenys à moi. L’enlace, la serre, et tant pis pour les précautions avec son ventre qui s’arrondit sous ses cuirs. Je souffle, bruyamment, me retenant à grand peine de hurler ma rage comme le vieux loup blessé et enragé que j’étais encore. L’odeur de ses cheveux, de sa peau, m’enivrent. Je ne sais pourtant pas redescendre de ma colère, pas même un peu. Je la serre plus fort, soufflant au creux de son cou.

| Comme je te l’avais promis, jadis. Je passerais le monde entier par sur le fil de Hurlement si cela s’avérait nécessaire pour protéger ma famille, pour te protéger toi. Je t’aime, Rhaenys. Je t’aime tellement. Feu, Sang et Hiver. Ensemble, contre le reste du monde, s’il le faut. |

Comme une promesse. Un serment contre lequel je ne conçois aucune stratégie d’évitement, aucun répit. L’aide de camp parti chercher Rhaenys arrive.

| Sire, je… Sa Grâce n’a lu que les courriers des Eyrié et de Castral Roc, elle vous a rejoint aussitôt… |

| Laissez-nous. Laissez-nous seuls |`

Il hésite, alors que Rhaenys reprend son souffle contre moi, que je la tiens toujours. Il salue, s’incline et s’enfuit sans demander son reste. Je prends le visage de Rhaenys entre mes mains. L’embrasse sur les lèvres, sur le front. Et passe ma main dans ses cheveux pour replacer ses mèches rebelles derrière ses oreilles, avec une profonde et infinie tendresse.

| Je suis désolé, mon amour. Mais Baal est mort. Conrad aussi. Ils ont été assassinés par Yoren Hoare. Leur armée a été attaquée par l’ennemi, qui a fait preuve d’une grande férocité. Orys a tenu bon, avec sa réserve. Le lendemain, Bowen et Lyham ont écrasé le bâtard d’Harren, mort dans la bataille. Mais il a auparavant tué ton précepteur, et mon plus vieil ami, pour défier nos amis de s’en prendre à lui. |

Je pose ma main droite sur mon cœur et de la gauche, récupère mon épée plantée dans le sol, juste à côté, que je viens caler pommeau contre mon cœur, et contre sa poitrine puisqu’elle est si proche. De l’acier entre nous. De l’acier froid comme le Nord, mais battu par le feu valyrien. L’instrument de notre vengeance. Je me concentre, alors, pour me rappeler des paroles rituelles.

| Jaes mīsagon pōjon gīs |

Les Dieux protègent leur âme.

| Hēnkirī, Jentys-Zaldrīze ? |

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An2, Mois 1, Semaine 1, Frontière Bieffoise

Du Feu. Du feu coulait dans mes veines. Je n’étais pas sujette à de violences colères. Non. Cela était l’apanage d’Aegon. Il lui était arrivé plus d’une fois d’entrer dans des rages folles, épisodes pendant lesquels nous étions les seuls, Sœurs et Frère, à pouvoir l’apaiser, le raisonner. Les murs du château en tremblait encore et les rugissements de Bellarion à l’instar de ceux de mon frère ne s’effaceront jamais de la mémoire de ceux qui ont pu les entendre. Terrifiants. Ils étaient, Dragon volant et Dragon marchant tous deux terrifiants. Je ne pensais pas qu’un jour, je pouvais l’être moi aussi. Je ne pensais pas qu’un jour, je serais violente à ce point-là. J’avais soif, soif de destruction, comme jamais encore. Cela avait été la goute de trop. Cela avait fait déborder un vase déjà bien trop plein. Le feu, ce feu qui coulait dans mes veines, j’allais le déverser : sans pitié, sans merci, sans réserve sur nos ennemis.

Oui, il était temps.

Ils n’avaient que trop titiller le Dragon sans être griffé, mordu, ou brûlé.

C’en était désormais fini.

Les pourparlers étaient désormais clos. Seul la mort, le feu, le sang et l’hiver les attendaient.

Voir Torrhen ne fait que raviver cette rage qui fait bouillir mon sang. Ils s’en sont pris à ma famille, à tous les miens et ils vont payer, ils vont tous payer pour cela. Je n’aurais de cesse que lorsqu’ils rendront leur dernier souffle. Ou que je rende le mien. Hoare m’avait fait prendre les armes ? Les Arryn et les Lannister me feraient sortir le Feu. Et ce feu serait dévastateur et n’épargnera personne. Mon époux s’est retourné vers moi et m’enlace avec force. Il se retient de hurler mais je le sens tout aussi en colère que je le suis. Nous, contre le reste du monde. Lui soufflais-je en guise de réponse. Un serment. Un mantra. Pas juste des mots non. Un homme nous interrompt mais il est aussi vite congédié par mon époux. S’il tient à sa peau, il ferait mieux de s’éloigner car je ne serais pas aussi poli que l’ancien Roi du Nord. L’homme s’en va, sans doute après nous avoir saluer. Je ne me tourne pas vers lui. Il ne m’a rien fait et je ne veux pas blesser un innocent. Ma main me démange de reprendre Noire-Sœur et de l’utiliser. Visenya était une guerrière née. La guerre m’avait fait le devenir et désormais, je ne pensais plus comme la petite princesse innocente et naïve que j’étais jadis. Ce qui avait été cassé ne pourrait jamais être réparé. Je me fige pourtant, aux mots suivants que Torrhen laissent échapper de sa bouche. J’arrête un instant de respirer. Je n’entends plus rien. Je vois ses lèvres bouger mais je n’entends plus rien. L’épée de mon époux se plante à côté de la mienne et je reprends ma respiration. Je contourne Torrhen et récupère Noire Sœur. Mes pas sont fluides, rapides. Je ne me retourne pas non. Mon épée fait un demi-cercle avant de frapper un arbre. Une fois, deux fois, trois fois. La lame s’y enfonce de plus en plus loin, brutalement, violemment, sans lui laisser le moindre répit. Je ne la lâche que lorsqu’il m’est impossible de la récupérer. Alors je crie. Je cris de rage, un cri bien vite couvert par le rugissement d’un dragon, par le rugissement de ma Sœur. Puis le silence. Un silence de mort. Il n’y a plus un bruit autour de nous. Les animaux se sont tus. Les bruits du camps aussi. Puis une flambée de chaleur. Meraxès crache son feu dans le ciel. Il ne blessera personne non, mais il rappellera, il rappellera à tous le monstre que nous sommes elle et moi.

Un monstre, voilà ce que je serai dorénavant. Son souffle me réchauffe, même si ses ailes ramènent la fraicheur du vent jusqu’à nous lorsqu’elle atterrit dans la clairière. Elle rugit une fois de plus, et je me réveille. Torrhen. Torrhen est là. Il n’est pas notre ennemi. Non. Il est notre famille, notre foyer. Je me tourne vers lui, le rejoints, pour que Meraxès ne voit pas en lui ce qu’il n’est pas. Je prendrai ce qui nous revient par le feu et le sang. Nous sommes la Meute et la Volée et nous n'avons pas peur. Nous choisissons la violence et nous répondrons à l'injustice par la justice. Jusqu’à ce que le soleil se lève à l’Ouest et se couche à l’Est, jusqu’à ce que les rivières soient asséchées et que les montagnes frémissent au vent tels des feuilles. Je ne suis pas une femme ordinaire et mes rêves se réalisent

So welcome to the fire

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Coup de Grâce

Torrhen & Rhaenys

Près de Faonbourg, Terres de l'Orage. Semaine 1 du mois 1 de l'an 2 de l'Ere des Luttes

Hēnkirī, ensemble. Envers et contre tout. Depuis… Pas le tout début, non. Mais presque. Au début, Rhaenys me voyait comme un semblable d’Harren, et je la percevais comme une femme jeune, idéaliste, inexpérimentée. Nous nous étions confrontés. Puis, nous nous étions émulés l’un l’autre, tirant force de nos différences. Du pouvoir de nos particularités. Et une forme de détermination, brute, indéniable, qui nous guidait chacun et à chaque instant. Tout le temps, mon entourage et ma famille pensaient que Rhaenys me changeait. Il suffisait de la voir en cet instant pour savoir à quel point j’étais resté le même, et à quel point c’était elle que j’avais changée à mon image. Elle n’était plus la jeune et belle nymphe. Elle avait enfanté, combattu, renié une partie de son amour et du désir brûlant qui l’habitaient pour devenir une beauté plus froide, plus dangereuse. Elle ne pensait plus aux plaisirs de la vie, ni à ce qui nourrissait autrefois ses plus grandes passions

Elle était devenue une impératrice de guerre. Plus Stark que je ne serais jamais Targaryen.

Peu importe, au fond. Seule compte la guerre, puisqu’on prétend nous l’imposer.

Une partie de moi se dit que cela arrive au bon moment. Les Hoare sont sortis du jeu, en théorie. Dorne suivra. Restait le Bief. A quel point les combats auraient pu tourner au vinaigre si dès le départ, sans le mariage de Jeyne, les ouestriens avaient rejoint le combat du côté d’Harren ? Nous aurions été massacrés depuis longtemps. Aujourd’hui, nous avions la force de les contenir. Peut être de les vaincre. S’ils ne voulaient pas de l’Empire et de ses bienfaits dans la paix, alors ces couards auront le feu et le sang, avant d’être plongés dans l’hiver, et ils finiront impériaux malgré tout. En moi, une toute petite partie de mon âme, la plus vile, se dit même que cela règle d’épineuses questions. Et que la déclaration de guerre de leur côté est presque une aubaine ; cela force les puissances fédérées à le rester pour survivre, tout en continuant de nous cimenter par les combats partagés.

Connaitrais-je à nouveau la paix ? Je le sentais dans chacun de mes os, ce ne serait peut être plus jamais le cas.

Je sens les ravages que cette nouvelle cause dans le creux de mon âme. Je sens celle de Rhaenys brûler, irradier littéralement. J’opine, contre elle, enivré de son odeur, de la douceur de sa peau et de son souffle. Je ferme les yeux. Pas de paix, mais de l’amour quand même.

| Nous, contre le reste du monde. |

En écho à mes mots en valyrien, à son propre acquiescement. Serment indéfectible fait à l’amour de ma vie, la seule qui m’ai jamais un tant soit peu compris et aimé pour ce que j’étais, malgré mes lacunes et mes défauts. Je la laisse passer ses nerfs dans le bois épais d’un tronc d’arbre massif, centenaire, et sa lame finit par s’y coincer. Au dessus de nous, son dragon fait écho à sa propre rage, sa colère brûlante. J’en frémis intérieurement, mais je ne tremble pas. Elle est sa sœur, pas la mienne. Mais le Loup que je suis reconnaît en elle une bruyante et terrible amie. Je saisis Rhaenys de part et d’autres de son visage, caressant ses joues des pouces alors que le cœur brisé et plonge mon regard dans le sien, aux intenses reflets dorés au milieu de ses océans d’améthyste.

J’étouffe ma voix qui s’éraille, ce sanglot qui m’étouffe.

| Je ne sais pas ce qui me démolit le plus. Que ma fille ai renié ses dieux ou sa famille, ou que je vais bientôt la rendre veuve, et retirer son père à mon petit fils. |

Je dépose un fugace baiser, d’une extrême douceur sur ses lèvres.

| Non, tu n’es pas une femme ordinaire. Tu es l’Impératrice-Dragon. Et moi, je suis le Vieux Loup. Ce qui doit se passer se passera. J’accomplirais mon destin, et nous accomplirons le nôtre ensemble. Je t’ai jurée ma loyauté, ma fidélité. Je te renouvelle ce serment, mon amour. |

Je l’embrasse, avec plus d’ardeur. Je cherche sa langue. Je hume son parfum. Je nous sépare.

| Volée et Meute, ensemble. Il nous faut rassembler nos amis, nos proches. Je vais faire mander Argella et Mahée. Je vais écrire à mes fils et amis. Nous devons nous entourer de ceux qui croient en nous, de ceux qui sont animés de la même force, de ce même élan commun… Quand la neige tombe et que les vents glacés soufflent, le loup solitaire meurt, mais la meute survit. L'été est le temps des querelles. En hiver, nous devons nous protéger les uns les autres, se donner de la chaleur, unir nos forces. |

Je souffle contre son oreille.

| Je donnerais ma vie pour toi, Rhaenys. Mais avant, je prendrais celles de nos ennemis. |

(c) DΛNDELION

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An2, Mois 1, Semaine 1, Frontière Bieffoise

Je ne suis pas triste. Plus tard, oui plus tard je le serai. En attendant, il n’y a que colère, que rage, que soif de feu et de sang. Je suis à bout. Ma patience a atteint ses limites. Avec Baâl était morte une époque. Qui me restait-il désormais ? Si peu, oui ils étaient si peu. Et par ma faute, la lignée des Forel n’était plus. Yesaminda, l’enfant qu’elle portait et maintenant Baâl. Trop de morts. Trop vite. Ma seule consolation était qu’il était mort d’une belle mort : au combat. Maigre, oui si maigre consolation. Peyredragon pleurerait un homme bon, un homme grand, un général, un père.

Je m’étais sentie coupable à la mort de mes ainés et de Yesaminda. Ce n’était pas le cas aujourd’hui. Les coupables étaient tous ses traitres, tous ceux qui s’étaient joués de nous pour mieux comploter. Cette perte, c’était de leur fait et j’allais la venger. Elle ne resterait pas impunie non et je comptais tous les éliminer, quitte à bruler des royaumes entiers. Ils ne connaissaient pas les dragons et leur fureur. Ils pensaient que ce ne sont que des histoires pour enfant des mythes. Il était temps, il était temps de leur rappeler à leur bon souvenir.

Sans pitié.

Sans épargner personne.

Plus de juste milieu : soit allié, soit ennemi.

J’en faisais le serment, à moi-même, à Torrhen, à tous ceux qui pouvaient m’entendre. La prochaine fois que je sortirais Noire-Sœur, ce serait pour la planter dans un ennemi et non pas dans un arbre. Rien ni personne ne pourrait empêcher ma rage de s’exprimer. Oui il était temps, plus que temps. Blessée un Dragon est dangereux, qu’importe la manière dont on s’y prend. Ce qu’elle a fait n’est pas pardonnable. Elle devra répondre de ses actes. Je sais que mes mots peuvent le blesser mais je ne lui mentirais pas. Je ne l’avais jamais fait et encore moins aujourd’hui. Il m’embrasse, me renouvelle des serments dont je ne doute nullement venant de sa part. A deux, nous étions forts et nos ennemis se rendraient bien vite compte de leurs erreurs, même s’il sera alors trop tard pour eux. Fais sonner le rassemblement. Et mordons, brûlons, sans pitié aucune. Nous épargnerons et protègerons les nôtres. Nous anéantirons les autres. Une promesse, encore une promesse que je tiendrais. Non. répondis-je à Torrhen en le regardant droit dans les yeux. Ta vie et la miennes sont liés. Si tu donnes la tienne, je donnerais la mienne. Tu n’es pas un loup solitaire. Tu ne l’es plus. N’oublie jamais. N’oublie jamais que ton destin est lié au mien et à ceux de nos enfants. Présents comme à venir. Nous n’étions pas Jeyne. Non, nous n’étions pas elle. Nous ne lui tournerons pas le dos. Nous ne le renierons jamais. Je me tournais vers Meraxès, la désignant du doigt, puis les gardes autour de nous. Nous sommes une meute, une volée. Nous chassons, nous volons, nous mourrons ensembles.

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Coup de Grâce

Torrhen & Rhaenys

Près de Faonbourg, Terres de l'Orage. Semaine 1 du mois 1 de l'an 2 de l'Ere des Luttes

Prendre celle de nos ennemis… Je me voyais de plus en plus souvent, en rêve. Pourchassé par mes armées de fantômes, par les visages et les cris des drames du passé. Foulant du pied des monticules d’ossements, de crânes des guerres révolues et à venir, une pluie de sang me battant doucement le visage. Dans un silence de mort, seulement perturbé par les hurlements épisodiques de ceux qui me hantaient. A chaque pas, le geste est plus lourd, plus difficile à faire. Sous mes bottes, les os craquaient, s’effondraient à moitié. Mais moi je restais toujours debout, jamais déséquilibré. Je continuais à marcher, jusqu’à être enseveli sous les os et le sang. Ce n’était pas un cauchemar. Je n’y vivais pas pire drame que dans mes autres songes, ou qu’à l’ouverture de chaque missive m’annonçant une nouvelle bataille et son lot de nouveaux cadavres.

Plus le temps passait, et plus le recours aux solutions expéditives, définitives, se faisait sentir. Rhaenys prenait les choses plus encore à cœur que moi. Elle avait beaucoup perdu, elle aussi. De mon côté, un premier mariage, la confiance inébranlable en mon frère le plus proche, la totalité de mes collatéraux, et maintenant le plus grand nombre de mes amis, de mes proches. Restaient mes enfants, qui pour la moitié d’entre eux me détestaient, et l’autre moitié me connaissait à peine. Et mon épouse, évidemment.

Je n’en pensais pas moins qu’ensemble nous étions forts, et seuls nous serions faibles. J’affronte le regard de mon épouse, glace opposée au feu, sérieux à en crever.

| Ce sera ma justice de père qu’elle connaîtra. Pas celle de l’Impératrice. |

Et je ne reviendrais pas sur ma décision, en aucune manière. J’acquiesce aux mots de la belle aux cheveux d’argent, quand elle demande le rassemblement, l’absence de pitié sur nos ennemis, la protection des nôtres. Je porte sa main à mes lèvres, y dépose un baiser qui me brûle presque la chair tant sa colère irradie physiquement de sa personne. Coulant un regard d’en bas vers elle, je me redresse.

| Je vais leur donner rendez-vous ici-même, tout à l’heure, à Mahée et Argella. Puis je ferais le tour des officiers de troupe. Nous allons devoir réviser totalement notre stratégie. J’ai besoin de temps pour réfléchir. |

Je pose une main possessive sur son ventre qui s’arrondit.

| Plaise aux dieux de nous donner un fils. D’autres épreuves attendent notre fragile lignée. Tu vas devoir couver ce louveteau, ce petit dragonnier en devenir, plus encore que jamais, car nos ennemis sont légions et ont déjà prouvé qu’ils n’attendraient pas que tu t’agenouilles et présente ton cou pour t’occire. |

Je la serre contre moi, fermement, intimement, plongeant mon regard dans ses iris nimbées de flammes jaunes-orangées, ces reflets d’azur, cet océan d’émeraudes. Je l’ai déjà embrassée. Je ne le refais pas. Je la laisse, mais garde ses mains.

| Je dois me plonger dans les cartes. Je dois écrire à notre intendante, à Nelya. Conrad mort, il n’y a plus que ton Valonqar et mon ancien aide de camp pour protéger le Conflans. Ils sont compétents. J’ai confiance en Orys et en Bowen, mais Lyham a d’autres soucis à régler, présentement, que la sécurité de la capitale et des approvisionnements. Nous allons sans doute devoir nous séparer, nous répartir les zones de combat. |

Mon regard est d’un acier inoxydable. D’un acier morne, d’un acier triste et froid.

| Nous ne nous reverrons peut être pas pendant un moment, mon amour. |

(c) DΛNDELION

Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

An2, Mois 1, Semaine 1, Frontière Bieffoise

Ce n'est à Torrhen que j'en veux. Ce n'est pas contre lui que je suis réellement en colère. Mais ses paroles m'agacent et me froissent. Je ne suis pas d'accord avec lui. Pourquoi? Pourquoi aurait-elle droit à une faveur? Pourquoi devrais-je me montrer injuste envers elle? Plus que quiconque, elle nous avait trahi. Oui nous. Jeyne n'est peut-être pas ma fille mais nous appartenions à une même famille. Je prends cela comme un rejet de la part de Torrhen. Il m'exclut. Soit. Je ne me battrais pas contre lui, je n'en avais pas la force et encore moins l'envie. Mais je n'oublierais pas. Il veut gérer les enfants de sa première union seul et comme il l'entends. J'en ferai de même avec ma famille natale et les miens. Je n'aimais pas pensé ainsi, mais c'était sa volonté et non la mienne. Si je lui laisse voir combien cela m'agace, je ne réponds rien. Il n'a pas besoin de ça, et moi non plus d'ailleurs. L'heure est à l'union et au rassemblement. Torrhen m'indique qu'il va faire venir plus tard Argella et Mahée. Plus tard oui, il vaut mieux. Et avant cette réunion, j'irais voler, me vider l'esprit, essayer de m'apaiser même si je doutais d'y arriver réellement. Le feu brûlait... Non incendiait tout mon être, mon âme, mon corps. Rien ne saurait l'éteindre rien, pas même la présence de mes enfants même si je savais que je ne pourrais pas ne pas les voir aujourd'hui. Ils étaient mon sanctuaire, mon coeur. Il était notre avenir, à l'un comme à l'autre, tout comme cet enfant à venir que je portais de nouveau en mon sein. Le Nordien veut un fils, un second, et je comprends sa logique même si je sais que, cet être qu'il soit garçon ou fille, cela ne changerait rien. Je lui avais dis, je n'étais pas une femme ordinaire, et notre fille et celles à venir ne le seront pas non plus. Elles ne seront jamais "uniquement bonne à mariée" non. Elles seront fortes, indépendantes, et n'auront pas besoin d'hommes pour leur dicter leur conduite. Elles seront ces exceptions car ce seront des dragonnes. Et nul ne soumet les membres qui composent une Volée. Nul. Pas même moi. Tant qu'Ils veilleront sur moi, notre enfant ne risque rien. Je continuerais à servir leurs desseins comme je l'ai toujours fait. Notre lignée n'est pas fragile. Regarde Aeden. Regarde Athynea. Ne sont-ils pas déjà des forces de la nature? N'avaient-ils pas résisté par deux fois au poison? Notre fille était de constitution plus fragile mais elle restait forte et vaillante. Et nous serons toujours là, pour veiller sur eux, toujours. qu'importe où la guerre nous mènera, ils étaient et resteront notre priorité. Car sans eux, à quoi bon se battre? Ils étaient l'avenir de Westeros, l'avenir de l'Empire. Et quoi qu'il en coute, nous les préserverons.

Mon époux m'étreint, fermement, aussi proche de lui qu'il le pouvait. Je pose mon front contre son torse, mes mains sur ses bras. Je lève mon regard vers le sien quand il me cherche pour me parler de ses projets. Je l'admire. Il est encore capable de penser, de raisonner là où, chez moi, il n'y a rien d'autre que la haine. Je n'aime pas ses mots même si je sais qu'il a raison. Mais je ne les aime pas malgré tout. Encore... Je déteste ça. Et je leur ferai payer. Chaque jour, je leur ferai regretter pour cela. une promesse, que j'allais tenir, comme toutes les autres. C'en était fini des compromis et des demi-mesures. Ils étaient allés trop loin. A trop chercher le Dragon, on finit par le trouver et en subir les conséquences. Quoi qu'il puisse arriver, où qu'on puisse être, nous nous retrouverons. N'oublies pas que tu m'en as fait le serment. Et si je dois même pas t'arracher aux Dieux pour que tu la tiennes, je le ferais. Je gronde, je menace. Oui, je le menace. Il n'a pas intérêt à ne pas me revenir. Il n'a pas intérêt à se laisser emporter. Je ne lui pardonnerai pas sinon. Je m'écarte légèrement pour déposer un baiser sur ses lèvres, ardant, brulant, violent. Tu es à moi, et je suis la seule à avoir droit de vie ou de mort sur toi. Le voilà prévenu, une fois de plus. Je m'écarte, rejette mes cheveux en arrière et essaye de récupérer mon épée, en vain. Je n'ai pas assez de force, mais je sais que Torrhen lui en a assez et qu'il allait m'aider à la récupérer. Elle était précieuse à mes yeux, et peu pouvaient la toucher. Elle était le dernière vestiges de Visenya et de cette vie passée. Je souffle avant de regarder cette main que je me suis entaillée Je voulais sauver Westeros. cet endroit si magnifique décrit dans les livres, et vu du ciel. Mais plus j'avance et plus je me vois l'obscurité qui l'habite et qui m'amine aussi désormais.

So welcome to the fire

I'm focused ; I've been watching for the omens ; I've been listening to everything you've said ; Its been running through my head ; Locked and loaded ; I've got the feeling that you've noticed ; Yeah I've only just begun ; I won't stop until it's done ; 'Til you're broken ; So welcome to the fire ; I'm the one with the lighter ; Feel the burning through your veins ; As we're walking through the flames ; Getting higher ; So welcome to the fire ; Welcome to the fire ; Feel the burning through your veins ; As we're walking through the flames ; Getting higher ;
(c)codage - Kanala - texte (c)welcome to the fire - willyecho

Coup de Grâce

Torrhen & Rhaenys

Près de Faonbourg, Terres de l'Orage. Semaine 1 du mois 1 de l'an 2 de l'Ere des Luttes

Ma voix est rauque. Je n’ai pas envie de la quitter. Pas alors que pour une fois, nous pouvions faire la guerre ensemble, nous épauler dans les faits et pas qu’être des soutiens moraux l’un pour l’autre. Elle allait me manquer. Comme toujours. Car elle était rapidement devenue, en un an et demi de mariage à peine, une partie essentielle de mon existence… Avec qui je n’avais pourtant passé qu’assez peu de temps, au final. Ca me tiraillait, ça me torturait. Par la paix qu’elle me procurait, par l’expression brûlante d’une jeunesse qui me fuyait, de cette fougue qui la caractérisait. Pourtant, la guerre contribuait à nous changer l’un comme l’autre, à changer ce que nous étions aussi l’un avec l’autre. Notre amour était moins passionnel qu’à ses débuts, mais il était plus profond. Plus fusionnel. Si semblables, et si différents. Complémentaires, pas toujours, sans doute.

Mais je la connais assez pour ressentir sa colère, qui m’effleure comme une lame de fond d’une chaleur terrible. Je laisse passer l’Orage, car m’opposer à sa tempête déclencherait la mienne et dans un pareil duel de colère il ne pouvait pas y avoir de vainqueur. Jeyne était ma responsabilité, et ma perte, si elle se confirmait belle et bien. Rhaenys était tenue à l’écart des miens… Parce qu’elle serait plus encore détestée si elle se mêlait de la bonne vieille rancœur que nourrissaient mes enfants à mon égard. Du fait de sa position de belle-mère, elle n’avait pas besoin d’un surcroît de difficultés avec mes louveteaux. Mais nous nous taisions, torturés par nos pensées, par notre souffrance et notre rancœur.

Je hoche la tête, résolument, quand la belle aux cheveux d’or blanc évoquait nos enfants.

| Aeden sait déjà ce qu’il veut. Athynéa revient de loin… J’ai eu peur pour elle. J’ai toujours peur, à son sujet. Mais mes dieux, et peut être les tiens, veillent sur elle. Elle sera forte, plus tard, forte des épreuves qu’elle aura dû surmonter depuis petite. |

Et du fait de son apparence. Yeux de nuit, cheveux blancs. Mélange de sa mère et de son père, mais qui au Nord lui vaudrait réputation de sorcière. Partout en Westeros, sans doute. Qu’importe ; il ne tenait qu’à nous de la pousser à faire de sa différence une force. Rhaenys pose sa tête contre moi. Je caresse ses cheveux de mes grosses paluches de vieux guerrier aux mains toutes cornées par le maniement des armes. Je me détache un rien d’elle pour replonger pour la énième fois mon regard dans ses yeux si tristes, si emplis de vie et de souffrance que je m’y noie comme depuis le premier jour.

La belle m’embrasse. Résolue, déterminée. Mon corps s’embrase sous sa chaleur, sous sa possessivité. Etait-ce de cela dont j’avais besoin pour continuer ? Comme un jeune garçon en manque d’affection ? Je me sentais isolé. Mes fils me détestaient, des nobles m’enviaient, d’autres me traitaient sous cape de fou. Je savais pouvoir compter sur les maisons du Nord et du Conflans, pour l’essentiel. Mais il y avait des bruits de couloir. La défaite marque toujours la fin de l’idylle. A moi de la prolonger, d’une façon ou d’une autre, avec mes peuples fédérés. Je ne comprenais pas que certains puissent encore croire que seuls, ils s’en sortiraient mieux qu’ensemble. Combien avaient déjà oublié les sanglantes morsures de nos adversaires ? Je regarde mon épouse, déterminée, solide.

| De vie et de mort ? |

Je la rattrape par l’épaule quand elle me tourne le dos et rebascule ses cheveux en arrière. Mes lèvres effleurent sa nuque ; je m’emplis les poumons de l’odeur de ses cheveux.

| De vie, alors, car la seule mort que tu ne dois m’infliger n’est que la petite, femme. Pour autre chose, je crains d’être plus fort que toi, Jentys-Zaldrize |

Je la désirais toujours, et avec ardeur, même si nous n’avions plus le loisir de nous adonner à ces plaisirs. Je lui rappelais toutefois que guerrier j’étais meilleur qu’elle ne l’était, si on excluait le dragon de l’équation. Tentation du vice et mise en garde doucereuse, un rien de légèreté qui fendait mon armure de glace d’un rien, avant que je n’aille l’aider. Pied contre le tronc, je tirais sur la garde de sa lame des deux mains pour la dégager d’un grognement d’effort, avant de la lui tendre, poignée en avant.

| Ces ténèbres sont une force traîtresse. Sers-t’en comme carburant. Tu dois l’utiliser pour affermir ta résolution, pour repousser tout ce qui pourrait t’abattre. Tu dois laisser s’exprimer ta colère… Mais tu dois aussi la contrôler. Ne pas perdre de vue nos objectifs. Ne pas perdre de vue qui tu es. |

Je la regarde, la détaille de haut en bas, avant de retourner à ses si jolis yeux.

| Tu es l’Impératrice-Dragon. Mais tu es aussi Sœur de dragons, Mère de la Volée, de la Meute. Tu es le guide de Peyredragon, et la gardienne de mon âme. Tu es cette nymphe d’une grande beauté qui aime les arts et les plaisirs, qui s’adonne et répand l’amour. Tu es l’unité que nous devons incarner, tu es l’amour, Rhaenys. Laisse-moi être la glace de la haine ; c’est un rôle que je connais et qui me convient bien. Avec ma bonne vieille haine, tout devient possible. |

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Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

An2, Mois 1, Semaine 1, Frontière Bieffoise

Je suis en colère, si en colère. Parler de nos enfants ne la fait pas retomber. La rage brûle mes veines d’un feu qui ne pourra pas s’éteindre. Trop. Trop sont tombés. Trop ont trahi. C’est fini. Plus de pitié. Plus de quartier. Ils veulent une guerre sans pitié ? Ils l’auront. Torrhen m’en soit témoin. Et qu’il n’oublie pas. Non qu’il n’oublie pas que sa vie m’appartient autant que la mienne lui appartient. Stupide homme à penser qu’il doit mourir pour moi. Stupide. Je ne le permets pas. Je ne l’autorise pas. Que nos dieux en soient témoins, j’irais l’arracher des mains du Dieu de la Mort s’il m’y oblige. Dragon, pas femme. N’oublies pas Loup. N’oublies pas mes mots. Je ne réponds pas vraiment à son humour non. Je veux qu’il prenne conscience que je n’accepterai pas le voir tomber en mon nom. Il n’en avait pas le droit, pas l’autorisation. Je n’étais pas femme à le contraindre, mais sur ce point, il n’avait pas le choix.

Il retire mon épée, avant de me la rendre comme le précieux trésor qu’elle est à mes yeux. Elle était enfoncée profondément dans le bois, mais il est assez fort pour la récupérer même si cela lui arracher un grognement d’effort. Nous verrons. Mais ce qui est certain c’est qu’elle restera ardente tant qu’ils seront en vie. Ils, nos ennemis. Je n’aurais aucun répit, et je ne tairais pas ma colère tant qu’ils respireront. Ils étaient allés droit loin pour que je puisse encore me montrer modérer. Je suis un Dragon, et il était temps de leur rappeler qu’il n’était pas bon de venir le titiller. Meraxès grogne, échos à tout ce que je ressens. Je pose mon front un instant sur celui de Torrhen. Mais je suis aussi le Feu, le brasier Ardent, et la Vengeance a toujours guidé mes pas. Westeros a oublié le règne des miens ? Je vais les lui rappeler. Je n’aurais de cesse que lorsqu’ils auront tous compris. Mes mots sont des murmures, mais cela n’atténue en rien leurs intensités. Encore une promesse. Torrhen appelle à ma modération mais je n’en ai plus. Trop. Trop de choses se sont passées. Beaucoup trop. Je m’écarte de lui, m’éloigne pour retrouver ma sœur. Je pose ma main sur ses naseaux. Elle souffle, grogne de colère elle aussi. Et sans un mot de plus, je monte sur son dos et m’envole. Nous nous verrons plus tard. Mais en attendant, je dois prendre de la hauteur. Ma colère ne se calmera pas non. Mais mon esprit sera peut-être un peu plus apaisé… Ou non. Nous verrons.

So welcome to the fire

I'm focused ; I've been watching for the omens ; I've been listening to everything you've said ; Its been running through my head ; Locked and loaded ; I've got the feeling that you've noticed ; Yeah I've only just begun ; I won't stop until it's done ; 'Til you're broken ; So welcome to the fire ; I'm the one with the lighter ; Feel the burning through your veins ; As we're walking through the flames ; Getting higher ; So welcome to the fire ; Welcome to the fire ; Feel the burning through your veins ; As we're walking through the flames ; Getting higher ;
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Sujet: Re: Coup de Grâce [Tour IX - Terminé]

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