Sujet: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Mer 14 Oct - 23:18
J’avais été idiot de croire, un instant, que j’étais bien plus brillant, plus intelligent et plus clairvoyant qu’autrui et surtout plus que mère. Elle m’avait prévenu que le Val avait changé, mais j’avais préféré être sourd à ses paroles. Elle m’avait averti que je n’étais plus en sécurité sur mes propres terres dorénavant, mais j’avais choisi de jouer le simplet arrogant. Elle avait été honnête et franche, alors que les autres nobles se battaient bec et ongle pour tenter de me corrompre dans quelques idées farfelues. Je comprenais maintenant mais, hélas, tardivement !
C’est la figure sombre, et le regard noir que je mets pied au sein des Eyrié. Mon oncle qui m’a si fidèlement accompagné durant tout ce périple laisse échapper un soupir de réconfort. Je savais qu’il n’avait qu’une hâte, celle de rejoindre sa sœur et de s’assurer qu’elle se portait bien. Je partageais le même sentiment, mais je n’osais pas prendre les devants pour autant. Je craignais autant que je désirais cette rencontre, en vérité. La dernière discussion avait été un échange si violent et si catastrophique, que j’avais peur de commettre de nouvelles impairs ou, au contraire, que malgré toute ma bonne volonté, je ne puisse pas rattraper certaines erreurs.
Malheureusement, je n’avais pas le droit de tergiverser. Aujourd’hui, j’avais à lui parler et à décider de notre future. Soit nous ferons ce chemin ensemble, soit nous serons dans l’obligation de nous séparer. Deux voies possibles qui s’imposèrent définitivement en moi, accroissant davantage mon angoisse, lorsque mes yeux se posèrent sur les traits même de mère. Elle était toujours belle, mais cette beauté était ternie par une fatigue évidente. Un soupçon de culpabilité pointe dans mon cœur : c’est moi qui aurais du assumer les lourdes taches et les importantes décisions, petit à petit, et non devenir une loque pour les miens. Une pensée qui ravivait une flamme nouvelle en moi, une volonté claire de devenir le Roi dont ce Royaume a besoin.
Une volonté qui ne fléchira plus, ni par ces multiples regards malsains et curieux qui épiaient chaque geste entre un fils et une mère dont l’entente n’était plus ce qu’elle était. Le regard de la Reine ne brillait plus de cette lueur joyeuse lorsqu’il se posait sur Ronnel. Il était froid, et à n’en point douter, tel en serait les gestes et les paroles. Et subitement, je savais ce que j’avais à faire.
Alors, je me plie à la gestuelle et aux protocoles et je joue le rôle du Roi. J’attends que mes sujets me saluent, et puis je salue à mon tour. J’attends qu’ils expriment leur joie – sincère, ou non – de me revoir parmi eux, avant que je ne parle à nouveau.
- Ma mère, la Reine Régente du Val et de la Montagne, vous m’avez protégé d’ici et vous avez garanti ma sécurité. Vous m’aviez aussi prodigué un enseignement riche et de précieux conseils et avertissements au sujet de mon voyage. Je dois vous féliciter pour votre clairvoyance et la justesse de votre jugement. Vous aviez raison, et j’avais tort.
Cette dernière phrase, je l’avais dit haut et fort, m’assurant que chaque noble présent, chaque serviteur et chaque chevalier puissent l’avoir entendu et puisse le reporter. J’avais ignoré et humilié mère en publique, il était temps de m’amender. Evidemment, c’était bien une faible compensation comparée à ce que j’avais fait au dernier Conseil du Faucon mais, et si elle était toujours là, il y aura un autre Conseil et je comptais pleinement corriger mes erreurs. Chaque chose en temps, et en heure.
Enfin, j’avais bien pris en compte la nécessité de mettre fin au terme « pèlerinage ». Dorénavant, il sera question de voyage, en petite comité et assez religieuse, mais nullement autre chose. De toute façon, les événements m’avaient tôt fait abandonner l’étoile à Sept Branches. Un Symbole qui sera porté par ma personne que lorsque des Cérémonies l’exigent, et non autrement. Mon peuple se déchire assez, et je ne souhaite pas donner davantage matière à se quereller ou à s’entretuer entre frères !
- A n’en point douter, vous avez été la digne Protectrice du Val et de la Montagne suite au décès de mon père, le Roi Jehan Arryn. Sachez que quiconque manque du respect à votre personne insulte également le Royaume. Je suis honoré d’être votre enfant, et d’apprendre encore à vos côtés.
Mon oncle m'avait glissé qu'il existait des rumeurs que des divergences existeraient entre mère et moi. S'ils étaient vrais, je refusais que cela atteigne de près, ou de loin, à l'autorité de notre famille et à celui - ou celle - qui dirige. Je ne donnerai plus matière à mes ennemis pour diviser davantage le Royaume, en prenant avantage de divergences familiales - conflits que j'espérais résoudre. Par ses paroles, j'espérais avoir été clair vis-à-vis de tout comploteur qui se trouverait dans cette assistance anonyme.
- Je vous prie, relevez-vous et venez partager le repas avec moi. Nous avons assurément beaucoup à échanger.
Je déteste ce vouvoiement, mais il était nécessaire dans une telle situation « publique ». Ironie du sort, la situation était bien catastrophique pour qu’une réception puisse avoir lieu. J’allais donc pouvoir me retirer de cette masse assez vite, afin de pouvoir discuter pleinement avec mère. Etais-je fatigué ? Je le suis, mais je suis Roi avant tout. Il y avait des choses urgentes dont je devais me charger afin de pouvoir prétendre à un sommeil paisible.
Ronnel Arryn
Le Faucon
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Mer 21 Oct - 13:31
Sharra fixait les environs par l'une des fenêtres de ses appartements, en plein cœur de la forteresse des Eyrié. Elle avait une vue exceptionnellement dégagé sur tout le territoire aux alentours, il n'y avait aujourd'hui ni pluie, ni brume pour pouvoir venir à gâcher le paysage. Elle était prête depuis de longues minutes déjà, dans une tenue d'apparat pour pouvoir saluer le retour du roi en son domaine, en son château, pour pouvoir saluer également le retour de son fils tant aimé chez lui. En tout cas, c'était le rôle qu'elle se devait de jouer à cet instant, en tant que reine douairière mais également en tant que mère aimante pour un fils pour lequel elle avait tout sacrifié, absolument tout. La reine du Val et de la Montagne avait joué son rôle, elle avait été là, depuis le nid de faucon, pour pouvoir soutenir son fils dans son pèlerinage au cœur du royaume, bien qu'elle était contre cette procession qu'il infligeait à tout à chacun sans avoir pris garde aux recommandations que sa mère avait pu lui faire. Elle avait veillé sur lui, autant qu'elle avait pu, autant que son statut pouvait le lui accorder. Mais pas un seul instant elle n'avait oublié les mots qu'il avait tenu contre elle, qu'il lui avait dit face à elle, droit dans les yeux. Elle avait pu enfin entrapercevoir la profondeur de son âme et toutes les choses qu'il gardait pour lui depuis bien trop longtemps. Peut-être même qu'il avait cette impression d'étouffement bien avant que Nymeria ne vienne à perdre la vie, et qu'il avait toujours caché sa rancœur, sa rancune ou quelque soit le sentiment qu'il pouvait avoir à son égard. Cela avait clairement eu un effet dévastateur sur elle, en tant que mère, en tant que reine, et même en tant que femme. Elle n'était pas prête à accepter tout cela, elle n'était pas prête à simplement passer l'éponge et à tout reprendre à zéro. La plus belle femme de Westeros avait l'impression d'avoir vieillis au cours des dernières semaines. Elle se sentait plus fatiguée, dans sa chair comme dans son cœur. Elle serra un peu plus son verre de vin entre ses doigts avant de le porter à ses lèvres d'une main quelque peu tremblante, buvant une longue gorgée avant de remplir à nouveau sa coupe.
Son fils allait bientôt passer les portes, elle savait qu'il ne lui manquait qu'une courte distance avant qu'il ne soit là, Sharra avait fait en sorte qu'il abrège son voyage alors que les tensions n'avaient cessé de croître. Elle avait craint pour la vie de son fils, devant renvoyer à deux reprises des hommes supplémentaires pour pouvoir veiller à sa sécurité. Elle était certaine qu'il serait protéger par la présence de son oncle, qui avait fait la promesse de toujours protéger sa sœur et les enfants de cette dernière. Elle le savait entre de bonnes mains mais les tensions dans le royaume était telles, qu'elle avait peur que cela ne soit pas suffisant. Le roi rentrait aux Eyrié et les nobles de tout le Val avaient été appelés pour pouvoir rejoindre également la capitale. Il fallait les réunir, il fallait leur donner une cause commune, il fallait leur donner un but commun pour l'avenir, et la guerre était sans aucun doute la meilleure des solutions. Il fallait qu'ils se mettent en marche face à l'Empire ou face aux puissances centrales, car l'un ou l'autre finirait bien un jour par les exterminer, une fois que le reste de Westeros aura été mis à genoux. La guerre avec l'extérieur, plutôt que la guerre à l'intérieur. Rien n'était simple dans ce monde, pour les paysans, pour les guerriers, pour les têtes bien pensantes, pour les religieux ou encore les têtes couronnées. Il y avait toujours des choix à prendre, la décision d'une nouvelle récolte, le choix d'un nouveau grain, ou alors de mettre en périls la vie de milliers d'hommes sur un champ de bataille. C'était des choses difficiles à vivre, encore plus d'être le responsable de tout cela. Et elle allait léguer tout cela à son fils, qui se voyait à présent roi et qui pensait être capable de prendre l'entièreté de ses responsabilités sur ses épaules. S'il arrivait à cela, tant mieux pour lui.
On vint alors la chercher pour pouvoir lui annoncer que le roi ainsi que ses compagnons était en vue. Sharra remercia silencieusement la personne et but à nouveau une gorgée de vin, alors qu'elle faisait comprendre que tout devait être prêt pour pouvoir l'accueillir dignement. Elle descendit la tête haute pour pouvoir attendre son fils sur le perron. Elle attendit de longues minutes, qu'il fasse son entrée, qu'il se pavane devant la foule avant qu'il n'arrive jusque devant elle. Elle garda son visage serein et ne montra aucun signe d'exaspération, ni de joie face à son souverain et par la même son fils. Même au moment où il vint alors à la remercier pour son action et ses paroles auprès de lui. Elle s'inclina alors, prononçant quelques mots. « Je ne vis que pour vous servir au mieux votre Majesté. Si cela a pu vous aider, je ne puis qu'en être réellement heureuse. » Elle se releva suite à la demande de Ronnel, venant alors à le suivre à l'intérieur du palais des Eyrié. Elle fit quelques pas en silence à ses côtés, le temps d'être assez éloigné de la foule pour pouvoir se tourner vers lui. Du coin de l'oeil, elle put voir Smaug, faire arrêter les membres de la garde du roi, laissant un peu d'espace pour que la mère et le fils puissent échanger quelques paroles loin des oreilles indiscrètes. « Je ne doute pas que votre voyage a sans douté été des plus mouvementés d'après les échos que j'ai pu en avoir. Et de ce fait, que vous devez sans aucun doute être fatigué par tout cela. Le personnel des Eyrié est à votre disposition pour répondre aux moindres de vos besoins. Nous aurons l'occasion de nous voir plus tard quand vous vous serez reposer. Je reste néanmoins à votre disposition, Sire. »
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Dim 1 Nov - 20:46
Je savais que mes lettres ne pourraient pas excuser pleinement mes actes passés et les paroles blessantes prononcées, et pourtant j’avais eu un brin d’espoir qu’elles auraient pu adoucir les dispositions de Mère à mon égard. Son regard comme le ton de sa voix – que l’on soit dans cette foule compacte, ou à l’écart de cette dernière – prouvaient que je m’étais considérablement fourvoyé, et que le chemin pour ce pardon allait être long et bien incertain. Allions-nous retrouver cette amitié et complicité passée, ou était-ce un temps révolu à tout jamais ? Des réponses que j’espérais obtenir ce soir même.
- En effet, je suis fatigué et las de ce voyage, répondis-je, ayant abandonné ce mot « pèlerinage » depuis un temps considérable, lorsque je me suis rendu compte des conséquences désastreuses. J’ai également appris par d’excellents professeurs, dont toi, que les intérêts du Val priment, et que je ne pourrais être reposé que si je sais ces derniers sont préservés. J’ai besoin de discuter, avec toi, comme nous avions l’habitude de faire.
J’ai vent de l’appel de la Reine Mère auprès des nobles du Royaume, j’ai vu tous ces hommes et femmes réunis et qui n’appartiennent pas aux gens habituels de mon Palais et surtout je sens bien ce lourd atmosphère, prélude à d’importantes décisions et sûrement guerrières. J’avoue que je n’ai pas de cœur dans l’immédiat de m’extasier ou d’avoir peur de devenir ce chef de guerre tant rêvé et imaginé dans ma jeunesse avec quelques amis. Dans ces temps-là, il n’était pas question d’aimer et de perdre cet être aimé aussi vite, d’être Roi bien jeune et d’être pris au milieu d’une rébellion de gens qui sont censés vous respecter et vous admirer. Non, absolument rien n’est comme je l’avais imaginé ou comme je l’avais vu avec père.
- Je vais me débarrasser de la crasse du voyage, puis nous pourrons parler, là où personne ne risque de surprendre notre conversation.
J’étais plus que conscient que le Palais est chargé de mille et une invités, dont certains sont bien trop curieux ou bien trop mécontents par mes récents agissements. Je ne saurais dire exactement dans quelle pièce de cette grande demeure je serais en paix. Assurément, l’une des Tours, réservée au Roi. Cependant, bien souvent, celle-ci servait pour une méditation ou une retraite ponctuelle du souverain et jamais pour parler des affaires du pays. J’avais comme la sensation que la salle où se déroule d’ordinaire les décisions du Conseil du Faucon seraient une bonne alternative. Cependant, à nouveau, qu’en savais-je exactement ? Lorsque j’étais parti, il n’y avait personne. Et maintenant, les gens étaient nombreux. A nouveau, j’étais considérablement épuisé pour être touché de près ou de loin par ces gens.
- Je vais prendre congé, afin de me préparer convenablement. Lorsque je serais prêt, je me présenterai à tes appartements et nous pourrons faire le chemin ensemble, où que tu penses que nous pourrions parler en paix.
Plus je parlais, et plus je sentais ma voix trembler. Durant le voyage, je me suis rendu compte à quel point il est facile de prendre une mauvaise décision, et difficile de la corriger. J’étais perdu, ne sachant véritablement sur quel pied danser et quoi dire.
- Enfin … si tu es disposée, ajoutais-je, maladroitement, tentant d'avoir un ton pourtant sûr. Enfin, la fatigue était là, et je ne savais pas comment sonner ma voix à cet instant-ci.
Ronnel Arryn
Le Faucon
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Dim 8 Nov - 19:56
Sharra avait vécu beaucoup de retournements politiques et même personnels au cours de sa vie. Il y avait eu des blessures de femme, et des blessures de Reine. Il n'était clairement pas simple d'être l'une comme l'autre, dans le Val ou au sein de Westeros. Mais elle en avait pris son parti, et elle avait joué son rôle d'une main de maître. En tout cas, c'était ainsi qu'elle le voyait depuis qu'elle avait été couronné auprès de son époux, bien qu'elle devait bien reconnaître qu'elle avait du affronter bon nombre de revers au cours des derniers mois. Le changement avait été brutal à bien des égards, mais elle n'avait jamais perdu sa détermination, sa volonté et sa ligne directrice. Une qualité ou un défaut ? Ce n'était certainement pas à elle d'en juger, elle ne pouvait que faire au mieux pour le royaume et pour son fils et d'une certaine façon, elle avait fini par s'oublier elle-même dans cette histoire et elle devait avouer que dernièrement, elle avait remis certaine chose en considération. Des choses qu'elle n'avait jamais imaginé un jour remettre en question. Les doutes étaient sans doute la pire des maladies pour un souverain, même s'il fallait accepter parfois de changer sa façon de voir les choses et de s'interroger sur certaines décisions prises par le passé. Une fois que les doutes étaient présents, il devenait alors difficile de s'en défaire et cela avait été un coup au moral pour la Reine Mère du Val et de la Montagne.
Sharra avait du garder le lit pendant quelques jours, ou tout du moins gardé sa chambre pour pouvoir récupérer des forces. La tête lui tournait, elle avait quelques vives douleurs dans la nuque ou encore le bas du dos, et elle s'était surtout sentie très fatiguée. Alors elle avait fait le point. La situation dans le royaume était un immense problème et la décision qu'avait prise Ronnel n'avait fait que déclencher un peu plus la colère du peuple, des partisans religieux et des nobles. Il était certain qu'il était plus que compliqué de mettre tout le monde d'accord sur la vision future du Val, mais il semblait qu'à présent, c'était presque devenu mission impossible, et même elle, elle se sentait dépasser par les événements, tentant tant bien que mal de maintenir son fils en vie depuis les Eyrié. Puis elle était passée à sa vie intime, ou plutôt l'inexistence de cette dernière. Jehan était maintenant décédé depuis plus presque trois ans, et on ne pouvait pas dire que le couple était heureux ensemble depuis bien longtemps. Elle n'avait jamais voulu la disparition de son époux, elle n'était pas arrivée à le détester à ce point. Par la suite, elle avait trouvé en la personne de Torrhen Stark un alter égo qui l'avait séduite sur bien des aspects. Elle avait été d'accord avec le projet initial, jusqu'au moment où sa future épouse avait eu la volonté de mettre le Val à terre et de réclamer la couronne de celui-ci. Un acte que la reine ne pouvait tout simplement pas accepter, venant mettre un terme à toute relation entre eux. Il y avait bien Lord Rougefort, mais ce n'était qu'une passade.
Mais ce n'était pas grave, car même si elle n'avait plus d'homme dans sa vie pour pouvoir parfois lui réchauffer sa couche ou lui réchauffer le cœur, elle avait toujours ses enfants. Puis c'était Ronnel qui était venu l'accabler. Et même en tentant de faire bonne figure face aux personnes présentes, même si elle avait effectivement reçu les lettres de son fils, elle n'était pas véritablement disposée comme il venait de lui demander. Elle continuait cependant à savoir où était son devoir. Sharra se tourna vers lui et elle vint à s'incliner devant lui. « Je vais demander de faire apporter le repas là où vous le désirerez votre Majesté, et je vous attendrai donc dans mes appartements jusqu'à ce que vous veniez me rejoindre. Nous pourrons faire le trajet ensemble, si c'est ce que vous voulez. Je suis à votre service votre Majesté. Pour le moment, je vais vous laisser vous délasser un peu après votre voyage, prenez tout le temps que vous avez besoin pour cela. » Elle fit une nouvelle révérence avant de le quitter pour pouvoir l'attendre dans ses propres appartements, comme il le lui avait demandé.
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Jeu 19 Nov - 23:33
Durant mon voyage, j’ai pu découvrir le quotidien et les soucis banals de mes compagnons. Très souvent, ces derniers parlaient de leurs enfants, des difficultés à mettre le pain à la table et, surtout, de leurs épouses ou de leurs maîtresses aux humeurs changeantes. Tantôt ils riaient, tantôt ils se plaignaient. Parmi toutes ces discussions futiles, un même avis était partagé : tous préféraient les franches disputes avec éclats de voix plutôt que les disputes silencieuses où chacun refusait de parler et optait pour l’indifférence. Si la femme qui me faisait face aujourd’hui n’était ni mon épouse, ni ma maîtresse, cela ne m’empêchait pas d’apprécier l’avis des communs.
J’étais désemparé face à l’attitude de Mère. Les griefs à mon encontre étaient assurément nombreux, mais il semblerait que je n’avais aucun droit de plaider ma cause ou de me défendre. Un coupable était bien mieux loti que moi à cet instant-ci, écouté par autrui et jugé seulement après. Si je ne connaissais pas exactement le moyen de la faire sortir de ce cocon, et crever ce satané abcès qui allait nous empoisonner, je ne perdais pas espoir. Je reprenais même un tantinet espoir, peu étranger à cette attitude. Jonos aussi avait cette fâcheuse habitude de s’enfermer et de se montrer taciturne lorsqu’il était de méchante humeur. Sauf qu’il était mon petit frère et je pouvais me permettre bien quelques pitreries ou idioties pour lui arracher ce pardon, ce que je ne pouvais pas faire avec Mère.
A bien réfléchir, je n’avais jamais eu à m’excuser auprès de Mère, ayant toujours pris grand soin d’être le bon fils, le studieux Prince et le volontaire Roi. Evidemment, ma docilité passée ne pouvait pas servir d’une quelconque excuse pour tout ce que j’avais pu dire – ou avoir pu faire –, mais elle était ma seule chance de plaider ma cause, et d’obtenir une once de clémence à mon égard. C’est tout ce dont j’avais besoin pour pouvoir espérer une réconciliation future – proche, ou lointaine, je ne saurais dire – avec la seule personne qui m’avait toujours soutenu.
Préférant être prudent, je me contentais d’acquiescer et de prendre la direction de mes appartements pour un brin de toilette et pour un encas léger. La nuit risquait d’être longue, je me devais d’être présentable et non dérangé par une quelconque odeur désagréable ou une faim tenace due à un long voyage - si l’attitude de Mère perdurait et que le repas n’avait plus de goût ou intérêt. Le domestique attribué à mon service ne tarda pas à courir autour de moi, ordonnant à quelques autres qu’un plateau et de l’eau chaude soient apporté dans mes appartements. J’écoutais d’une oreille distraite, l’attention obnubilée par tous les changements discrets qui s’étaient opéré au sein des Eyrié durant mon absence : de nouveaux visages, des armoiries inattendues … Un Palais bien trop animé comparé à d’ordinaire. Il semblerait que j’aurais droit à très peu de sommeil et de repos pour les jours à venir. Soit ! Je n’avais pas le choix, je m’étais juré de prendre enfin mes responsabilités et d’honorer les vœux que j’avais fait alors que j’étais encore un enfant.
***
Rafraîchi et partiellement rassasié, je quittais mes appartements pour me diriger tout droit vers ceux de Mère, accompagné d’une garde serrée et rapprochée. Si certains s’étonnaient d’une telle précaution au sein de mon propre Palais, je ne l’étais plus, bien trop habitué à être accompagné par des hommes armés pour chaque déplacement que je pouvais faire, incluant les entraînements, les balades, les lectures et j’en passe. Une situation étrange qui reflétait pleinement ma position, mon rang et mes responsabilités. Il n’y avait pas de « moi » quand une couronne était posée sur la tête : l’homme quittait sa prison de chair et de sang pour devenir un idéal, un gardien, un guide, un sauveur, un martyr ou un coupable pour tout événement qui pouvait influer le Royaume.
Arrivé devant les appartements de Mère, je m’annonce sans plus tarder. J’avais longuement réfléchi à la pièce où nous pouvions parler sans être dérangé. La seule qui me vint à l’esprit était celle où se tenait d’ordinaire le conseil du Faucon. Je doutais franchement que le lieu soit aussi impénétrable que l’on veut croire, mais au moins les portes et les murs étaient épais et personne n’avait aucun intérêt à se présenter – ou droit d’interrompre. L’ennui est que je ne savais pas si c’était un lieu pertinent pour un repas. Non assurément pas. La salle où nous avions l’habitude de prendre notre repas me vient à l’esprit.
- Je vous prie de me suivre Mère. Dînons ensemble. J’ai cru comprendre que Jonos n’est pas disposé ce soir, et qu’il aurait des études à faire avec le Mestre, me contentais-je de dire. Elle allait me suivre … comme un bon sujet. Car c’est le rôle qu’elle s’acharnait à jouer, ou plutôt la façon dont elle avait décidé de me punir. Pour ma part, je ne désirais pas trop m'épancher dans les couloirs, au risque d'être entendu par quelques oreilles indiscrètes et, de surcroît, étrangères. Cependant, nous ne devons pas passer inaperçu sûrement avec les gardes et le cliquetis de leurs armes ou de leurs bottes.
Lorsque je m’installe, je me retourne enfin vers Mère pour la regarder droit dans les yeux, cherchant une quelconque lueur - colère, tristesse ou joie.
Par quoi commencer ? Excellente question, et que ne donnerais-je pas pour qu'une leçon du Mestre me revienne à l'esprit et me donne la réponse exacte. Malheureusement, ce genre de situation n'était pas enseigné par les Hommes ou les livres, mais par la Vie elle-même.
- As-tu reçu mes lettres ?
Il serait bon ton de savoir si elle avait pris la peine de les lire, dans un premier temps.
Ronnel Arryn
Le Faucon
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Lun 30 Nov - 20:49
Sharra avait quitté Ronnel sans demander son reste, d'une part parce qu'elle savait ce que cela pouvait être de revenir d'un si long voyage et elle ne pouvait qu'imaginer la difficulté qui avait été la sienne, de se prendre ainsi la réalité du monde, la réalité sur ses propres terres avec ses propres sujets après avoir passé des semaines, que dire même des mois, enfermé dans sa chambre a pleuré une épouse certes adorable mais qui ne pouvait à elle seule résumer toute l'existence du jeune roi du Val et de la Montagne. Oui, le retour avait été fort, et il avait été violent, symbole d'une société en pleine crise interne, d'un point de vue de sa religion, entre extrémistes et ceux qui étaient plus modérés. Mais également d'un point de vue politique, ou chaque groupe ne semblait pas pouvoir, ou tout simplement vouloir faire un effort vers un autre, pour pouvoir comprendre la position et les nécessités du Val qui finirait par se faire manger par un camp ou par l'autre s'ils restaient à observer Westeros ainsi se déchirer. Elle avait tenté de jouer son propre jeu deux ans auparavant, en faisant venir diverses délégations à Goëville pour pouvoir organiser la paix plutôt que de préparer la guerre. Et la conclusion était plus que catastrophique aujourd'hui. Le Val avait choisis une voie, avant de s'apercevoir finalement qu'on attendait seulement de la part du souverain une pleine et entière soumission à une gamine venant de Peyredragon qui revendiquait un titre et des terres qui n'était pas à elle. Torrhen avait décidé de soutenir sa future épouse contre elle, et bien il en paierait également les conséquences. Et d'une certaine façon, elle avait refermé les portes du Val suite à cet affront et elle s'était terrée derrière l'idée que le royaume se devait d'être neutre face à tout ce qu'il se passait et puis il y avait tellement de bonnes choses pour la maison Arryn qu'elle avait espéré que cela vienne à resurgir sur le peuple tout entier. Un mariage royal, puis l'annonce très rapidement de la grossesse de la nouvelle Reine du Val, la jeune Nymeria Lannister devenue Arryn, était un bonheur pour la famille royale mais devait être aussi le vecteur d'une certaine stabilité pour eux et d'un avenir joyeux pour le Val. Mais la disparition soudaine de cette toute jeune fille et la retraite immédiate du jeune souverain avait été deux actes qui avaient précipité le royaume dans le doute et les tensions n'avaient eu de cesse de s’accroître et aujourd'hui, elle avait l'impression que cela avait atteint son apogée.
D'autre part, parce qu'elle continuait à être en colère contre son fils et qu'elle n'avait guère l'envie de s'attarder avec lui pour pouvoir parler de la pluie ou du beau temps. Sharra avait la rancune tenace, et même si c'était la chair de sa chair, même si elle l'avait mise au monde, elle ne viendrait pas à être plus douce aujourd'hui avec lui que ce qu'elle pouvait l'être avec un autre des souverains de Westeros. Car après tout on en était là à présent. Ronnel lui avait demandé qu'elle le laisse respirer, qu'elle lui laisse plus d'espace et qu'il puisse faire ses propres choix et ses propres erreurs tout seul. Il n'avait que trop pleuré Nymeria et avait laissé passer beaucoup de chose dans sa vie et dans la vie de son royaume. Il s'était soudainement réveillé et il avait eu cent mille idées à la seconde, sans prendre le temps de les analyser et alors qu'elle avait tenté de lui faire prendre conscience de l'ampleur de ses projets et des répercussions possibles, il lui avait proposé de prendre sa retraite au plus vite et qu'il ferait de son mieux pour pouvoir que celle-ci soit la plus agréable possible. Trop aimable. Il voulait être roi, elle allait se comporter comme la reine qu'elle avait été. Si elle avait pu affronter Torrhen Stark, elle n'allait pas se mettre à trembler devant son propre fils. Elle avait donc regagné ses appartements, le temps que le souverain du Val vienne à se sentir un peu revigoré pour pouvoir affronter la discussion avec sa mère. Elle resta debout, faisant les cent pas dans sa chambre, en attendant aussi calmement que possible qu'on l'annonce à sa porte. Dès que cela fut fait, elle inclina doucement la tête et elle se mit alors à le suivre. « En effet, votre frère continue son apprentissage avec le Mestre et il est assidu dans son travail. Il a à cœur de pouvoir soutenir le Val dans l'avenir. Mais je ne doute pas que vous pourrez le voir très rapidement. » Elle fut surprise qu'il choisisse le lieu où ils avaient l'habitude de prendre leur repas dans les moments de calme, où ils voulaient se retrouver ensemble dans les moments importants. Elle s'installa à la table où les mets avaient été servis mais elle ne toucha cependant à rien. « Je les ai reçu en effet, je les ai lu et je vous ai répondu concernant les préoccupations que j'avais vis-à-vis de la situation dans le royaume. C'était le plus important à cet instant. Je tentais alors de garder la place que vous vouliez que j'occupe. Néanmoins, maintenant que vous êtes de retour, il faut que j'organise mon départ pour Cordial, retrouver la demeure familiale de la maison Corbray. Je pense que d'ici quelques semaines j'aurai mis en ordre toutes mes affaires en cours aux Eyrié et je pourrai me retirer pour prendre ma retraite. »
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Dim 13 Déc - 1:49
Mère occultait volontairement le reste de mes questions. Je ne savais pas si je devais rire de cette manœuvre, ou si je devais m’énerver davantage. Heureusement, j’étais trop las pour faire l’un ou l’autre des choix. La table se dressait petit à petit, les domestiques rajoutaient des plats, des desserts et ainsi de suite. - Lorsque j’avais pris cette décision, de quitter les Eyrié pour un voyage, j’avais espéré connaître mon peuple et devenir un bon Roi. Je voulais aussi prouver que je pouvais être un Roi dont on n’arrêterait de douter, dont le peuple serait heureux et dont tu serais fière. Un Roi qui saurait prendre des décisions seul, comme toi, comme Père. Et puis, il y a eu l’émeute de Rougefort, qui a été une dure et amère leçon. Sauf que loin d’être abattu, le soir même, je me suis rappelé d’une discussion que j’avais eu avec Père, avant son départ pour son dernier combat.
Une soirée au coin de la cheminée, dans l'intimité familiale, avec aucun domestique et aucune garde. Père était assis, le regard fatigué et figé sur nous deux.
- Je me rappelle bien de cette soirée, car Jonos et moi étions excités et persuadés que Père reviendrait victorieux face aux Orageois. Subitement, il avait haussé le ton, exigeant le silence. Malgré une fatigue évident, il nous a demandé de nous asseoir devant lui, et de l'écouter. La nuit a été longue, mais Père ne se lassait pas et ne se fatiguait de conter tous ces récits sur la maison Arryn ou sur Royaume. J'ai tenu jusqu'au bout, et j'ai pu entendre la moralité de toutes ces histoires, selon Père : Un Roi se bat toujours pour sa Couronne et jusqu’à sa mort, car elle est de sa responsabilité, qu’elle soit sertie de rubis ou non. Le Roi est la Maison Arryn. La Couronne est le Val et la Montagne.
Je me tais, me rappelant clairement les traits de Père. J'en profite pour congédier domestiques et gardes, continuant que lorsque les portes se ferment.
- A l'époque, j'étais trop jeune pour saisir la portée de ses paroles. Aujourd'hui, j'ai enfin compris la leçon que lui ou toi avez essayé de m'apprendre. Une Couronne n'est pas une histoire de prestige, de puissance ou de nom : c'est un Royaume, c'est une terre, c'est un héritage. Nous avons façonné l’histoire de ces terres, et ces mêmes terres ont fait de même avec chaque membre de notre maison. Le Royaume et la maison Arryn sont indissociables : on s'élève ou on chute ensemble. Je n'avais pas besoin de ce voyage pour comprendre le peuple. Je suis né sur ces terres où mes ancêtres ont versé leurs sangs, et pour lesquelles je verserai le mien aussi le moment venu. C'est dans mon sang, que de comprendre les peines et les joies de ce Royaume.
La Couronne n’est pas juste une affaire de nom, de puissance ou de prestige. C’est un héritage, une histoire et une responsabilité commune. Je suis peut-être présomptueux, mais j’assume : le Val et la Montagne et la Maison Arryn sont indissociables et dépendants de l’un et de l’autre. Il n’existe pas une histoire où ne nous nous sommes pas élevés, ou chutés, ensemble. Nous avons façonné l’histoire de ces terres, et ces mêmes terres ont fait de même avec chaque membre de notre maison. Si le Roi va mal, son Royaume aussi. Si le Royaume est déchiré, le Roi l'est aussi.
- Mon ignorance et ma peur m'ont conduit à croire des bêtises. Maintenant que je comprends. J'étais sourd à tes conseils, et j'étais entouré d’hommes persuadés qu’ils pourraient être de meilleurs Rois que moi, ou de meilleurs Conseillers que toi. Or, pour le meilleur et pour le pire, la Couronne a fini sur ma tête, devenant ma responsabilité. Qu’importe que je sois capable ou incapable, je me battrais pour cette Couronne et tout ce qu’elle représente. Je suis né Arryn, et c'est un devoir et non un droit que de diriger ce Royaume. Je suis Roi aujourd’hui, et je le serais jusqu’à ma mort, qu'importe que mon front soit serti ou non d'une ferraille.
Pourquoi une telle déclaration ? Car j’avais vent de ces nouveaux Rois qui arrachent le trône de maisons royales ancestrales et légitimes ou font concurrences à ces dernières – tel que Manfred Hightower ou encore Lyham Tully. Qu’importe ce que mes ennemis prévoient pour le Val et la Montagne, les membres de la maison Arryn en seront les seuls représentants légitimes. Mes descendants et moi-même n’abandonneront pas le Val et la Montagne. Je le jure.
- Si j’avais compris un peu plus tôt, j’aurais pu éviter de te blesser Mère. Je n'aurais pas dû avoir peur ou douter de moi-même avec tes enseignements. Je m'excuse d'avoir prétendu que tu chercherais à me contrôler, car ce n'est pas vrai. Tu es celle qui exigeait que je pousse ma réflexion plus loin, celle qui s'est battue farouchement pour que des conseillers d'autres maisons n'assurent pas la régence pour, précisément, me contrôler et à nouveau celle qui m'a donné cette Couronne et cette responsabilité sans émettre le moindre doute vis-à-vis de mes capacités. Tu as toujours été fidèle. Si m'excuser est assurément insuffisant, j'ose espérer que la promesse suivante pourra te satisfaire. Je promets que je serais le Roi dont ce Royaume a besoin, qu'il plaît ou non aux autres, avec les outils que tu m'as donné. Nous savons tous les deux que la question n'est pas de plaire, quand on doit diriger.
Etre Roi ne signifiait pas de faire des courbettes à autrui ou de plaire aux peuples. Etre Roi était de protéger un héritage, de prendre les décisions que d'autres n'oseraient pas prendre et surtout d'assumer chaque conséquence. - Quant à cet autre affront fait, où j'ai prétendu que tu serais plus heureux loin de moi, je ne pourrais pas m'excuser, ni prouver ma bonne foi avec une action. Il n'est pas question de soutenir que j'ai raison, loin de là. Je suis dépassé ... et ignorant de toute la peine causée. Et je sais que s'excuser pour une erreur que l'on ne comprend pas, c'est de l'hypocrisie. Seuls un Père et une Mère pourraient te comprendre. Et je n'en suis pas un. J'ai failli être un parent, mais ... il en fut autrement , dis-je, me taisant un court instant pour faire taire cette boule tordante au creux de mon estomac ou pour ne pas me perdre dans des souvenirs sordides, macabres et sanguinolents. Il n'est pas question de s'apitoyer ... Je veux ... te faire comprendre que ... pour moi, un enfant n'est que douleur et peine, et non joie ou espérance. Je ne sais pas à quel point on peut aimer un enfant, être heureux de l'avoir entre les mains, être fier de le voir grandir, accepter ses défauts et ses qualités, croire en lui et donc ... à quel point on peut être blessé par ce dernier. Toi, tu as connu tout ça avec Jonos et moi. C’est idiot, mais ce que j’esssayais de faire était de préserver ce lien. Que tu partes avant de voir le garçon incapable que j’étais, avant que tu ne sois déçu de moi. Je me suis … trompé. Je n’aurais pas dû être aussi idiot et manquer autant de confiance en nous, mais je dois vivre avec cette erreur. Alors, d'ici là, je n'ai pas d'autre choix que de patienter pour que tu veuilles me pardonner, en tant que Mère. Ou alors, le temps que je comprenne vraiment ce que c’est d’être un Père et si le pardon est vraiment possible.
J'avais perdu mon épouse et cet enfant espéré. Tour à tour, je les avais aimé et détesté. Tour à tour, j'avais cherché des coupables et des empoisonneurs. La vérité était que la colère et la déception s'étaient apaisées d'elles-mêmes. Loin de disparaître, les sentiments sont toujours là, remuant plus d'un couteau dans une plaie encore vive. Le monde pourrait s'excuser, les meurtriers pourraient se juger ... cela ne changerait en rien ma propre peine. Mère ressentait, peut-être, la même chose. Si c'était le cas, alors quoi que je dise ne changerait rien à ses sentiments, et je ne pouvais qu'attendre.
Ronnel Arryn
Le Faucon
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Lun 14 Déc - 18:42
Sharra était parfaitement consciente qu’elle ne rendait pas le meilleur accueil à son fils après de longues semaines de séparation. Les temps avaient été très compliqués pour l’un comme pour l’autre et il était important qu’aujourd’hui ils soient encore plus soudés qu’auparavant. La reine mère du Val et de la Montagne avait eu l’envie sincère d’adoucir un peu son esprit et d’être bien moins amer son fils que ce qu’elle ressentait au plus profond de son cœur. Oui, elle en avait eu la sincère conviction qu’elle pourrait y parvenir car malgré tout ce qui avait bien pu se passer et surtout être dit juste avant le départ de Ronnel pour faire le tour du royaume, elle avait été inquiète pour son fils à chaque fois que les nouvelles qui lui parvenaient n’étaient pas bonnes. Et plus le voyage avançait et plus les mauvaises nouvelles venaient à déferler. On se rapprochait toujours un peu plus de sa Majesté, venant à menacer directement sa vie durant son parcours, une chose qu’elle ne pouvait tout simplement pas pardonner et quand la situation était devenue bien trop tendue et trop complexe à gérer elle avait pris la décision elle-même de raccourcir le voyage. Après tout, toutes les forces qu’elle avait envoyé pour veiller à sa sécurité n’étaient pas suffisantes pour parvenir à un résultat qui viendrait à convenir à la reine et surtout à la mère qu’elle était. Si les seigneurs voulaient jouer à ce jeu dangereux alors elle viendrait à y participer tout autant et s’il le fallait, elle pourrait se transformer en lionne à l’image de Jordane Lannister sans en avoir honte un seul instant, ni un quelconque remord par rapport à tout cela. Ce n’était peut être plus à elle de régner sur le papier mais elle avait encore assez de pouvoir. De plus, il était évident que personne ne pouvait oublier ce qui s’était passé avec la maison Rougefort et le lord qu’elle avait fait exécuter pour trahison. Oui, il était certain qu’il fallait se méfier de celle qu’on appelait encore la plus belle femme de Westeros. Oui, elle avait voulu défendre son petit et maintenant que celui-ci était de retour aux Eyrié, elle aurait sans doute pu se faire plus douce. Mais tout lui était revenu à l’esprit ou plutôt ne l’avait jamais quitté. Et c’était une chose de parler de ses préoccupations quand elles étaient lointaines, beaucoup plus complexe quand il s’agissait de les affronter les yeux dans les yeux. Encore une fois, elle se retrouvait blesser par une personne qu’elle aimait et il n’était pas chose aisé pour elle de parvenir à lui pardonner même s’il semblait décider à s’excuser encore et encore.
Ils étaient donc allés s’installer tous les deux pour pouvoir discuter en tête à tête autour d’un dîner, où personne ne devait venir à les déranger au cours de la soirée à part si soudainement le Val se mettait à brûler de part en part. Sharra n’avait pas réellement faim, son estomac était noué même si elle refusait de le montrer. Elle savait habillement camoufler les moments où elle se sentait prête à imploser, et elle n’allait pas déroger à la règle à cet instant. Cependant, même si elle avait eu l’envie de s’exprimer, Ronnel n’avait visiblement pas l’attention de la laisser faire et il se mit alors à lui débiter un véritable discours. Elle aurait presque pu l’imaginer en train de préparer celui-ci au cours des dernières semaines tumultueuses de son voyage à travers les terres qu’il était censé gouverner. Elle resta alors silencieuse, jouant avec la coupe de vin qu’un des serviteurs lui avait rempli juste avant qu’ils ne soient tous congédier par la volonté du roi. Sharra ne réagit en aucun façon sur le souvenir qu’il pouvait avoir de cette soirée lointaine qu’il avait visiblement partagé avec son frère et son défunt père. Elle ne pouvait qu’être heureuse pour lui, qu’il puisse avoir un tel souvenir avec ce dernier. Elle n’avait pas été convié à un tel entretien entre le père et ses fils. Mais visiblement Jehan avait voulu faire passer un message à ses deux enfants et tout particulièrement à son aîné, à son héritier. Et seulement, quatre années après la mort de son époux, Ronnel commençait enfin à réfléchir et surtout à parler comme un roi. Elle était quelque peu vexée que ce soit la discussion avec Jehan qui lui revienne aujourd’hui mais il n’était pas l’heure de faire un quelconque scandale face à lui, avec un sentiment de jalousie désagréable qui n’avait sans doute pas lieu d’être à cette heure. Elle continuait de l’écouter, elle continuait de garder le silence. Elle hocha finalement la tête à ses paroles venant alors à lever son verre et prononça d’une voix neutre. « Vivre le Roi Ronnel Arryn, vive le Roi du Val et de la Montagne. »
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Mar 22 Déc - 0:29
Si mes paroles étaient teintées de culpabilité et de lassitude, celles de Mère suintaient la déception et l’amertume. Malgré tout, j’étais ravi que nous ayons cette franche discussion. S’il n’était pas question de repenti, ou de pardon, au moins nous savions la position de l’un et de l’autre vis-à-vis des erreurs commises.
Mère disait regretter mon mariage avec Nymeria Lannister. Sans grande surprise, je devais confesser que ce sentiment était partagé. La Lionne avait été à la fois ma plus grande joie, et ma plus grande peine. Notre histoire avait été trop brève, et son départ avait été trop soudain. Nous n’avons pas pu profiter d’un long mariage, où la lassitude gagne nos cœurs – ou que la maladie nous prépare à faire des adieux. Le plus cruel dans cette malheureusement affaire était que j’aimais toujours cette Morte. Que ne donnerais-je pas pour entendre son rire, pour goûter à ses lèvres ou pour promener mes doigts sur sa peau ? Que ne ferais-je pas pour l’avoir à nouveau, et la garder avec moi autant que possible ? Des pensées folles que je me gardais de partager avec quiconque, évidemment. Ma position était déjà bien assez délicate, je ne pouvais pas me permettre de donner plus de matière à mes détracteurs ou ennemis. Quant à Mère, je l’avais déjà considérablement malmené, tantôt avec mon deuil, tantôt avec mes lubies récentes : je ne pouvais pas me permettre de causer davantage de dégâts, ou de l’inquiéter, en lui donnant matière à croire que je perdais la raison. Qu’importe ce qu’elle pouvait dire, qu’importe sa rancune, je la connaissais : elle s’inquiétait. Par contre, était-ce l’inquiétude pour un Fils, ou pour un Roi ? En vérité, la réponse importait peu car la finalité ne changeait pas.
Et puis, Mère se confiait tour à tour sur ses propres peines. Les tromperies de Père, l’amour envers Torrhen Stark, l’entente entre puissants ou encore ce nouveau sacrifice de sa personne. Quelques mois de cela, je me serais sûrement emporté sur certaines de ses décisions, critiquant cette fâcheuse et constante habitude de favoriser la politique au détriment de son propre bonheur. Aujourd’hui, je ne pouvais que respecter ses choix, et partiellement les comprendre. Je n’avais pas la même vision ou l’expérience politique de mes Parents, et nos temps étaient différents. Par conséquent, je ne pouvais pas saisir tous les rouages de cette époque-ci qui ont contribué à telle ou telle décision. Par exemple, je pouvais supporter aisément qu'une alliance solide avec le Nord aurait pu nous épargner bien des peines, mais je n'en dis rien : il est toujours aisé de discuter ou d'analyser des décisions passées quand nous connaissions le présent. Je ne doute pas un instant que si je vis, et que j’ai des enfants, ces derniers critiqueront mes choix, en soulignant « l’évidence ».
Elle quitte sa chaise, un verre en main. Je l’observe et je l’écoute. Puis le silence s’installe, chacun plongeait dans ses pensées. Je ne tarde pas à en faire de même, m’approchant, et cherchant à capter son regard azuré.
- Je suis vraiment désolé, pour cette perte Mère, soufflais-je. J’étais conscient qu’elle n’attendait pas ce genre de remarque de ma part, mais je m’étais senti dans l’obligation d’offrir au moins une once de compassion – qu’importe qu’elle le veuille ou non – sur un événement dont elle avait souffert seule, encore. Je vais agir, oui, pour devenir un Roi juste, mais aussi un fils fort … Peut-être que dans le futur, vous n’aurez plus à souffrir seule, et que je pourrais être à mon tour un soutien.
D’ici là, je devais vivre. Et elle devait vivre. Si je n’avais nul doute pour Mère, mes certitudes étaient plus vacillantes pour ma propre personne. Jamais je n’avais eu à me préoccuper de ma sécurité, car mes Parents s’en étaient toujours chargés. Il était dur d’être un Roi, assurément, mais davantage de devenir un homme.
- La réunion des Seigneurs est une initiative excellente, et nécessaire. Elle va me permettre de faire face à leurs colères, et à leurs interrogations. Je ne doute pas aussi qu’il y aura d’importantes décisions à prendre, dont notamment vis-à-vis de cette guerre qui fait rage et qui gagne en intensité, à défaut de décroître. Tu dois avoir tes propres conclusions. Que me conseillerais-tu ?
Ronnel Arryn
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Mer 23 Déc - 17:56
Sharra s'était ouverte à son fils comme elle ne l'avait sans doute jamais fait auparavant. Ce n'était pas parce qu'elle ne lui faisait pas confiance, ou qu'elle n'avait pas envie de le faire, mais c'est parce qu'elle n'en avait pas besoin de le faire. Elle était la mère de Ronnel, et ce qui importait, c'est que lui puisse compter sur elle, de jour comme de nuit, dès qu'il avait le moindre doute, le moindre tressaillement, le moindre cauchemar. L'inverse était aussi important, mais elle devait l'aider et non pas l'enfoncer avec ses sentiments personnels, tant qu'elle lui montrait son amour pour lui, tout irait bien. Sharra avait veillé sur ses enfants autant qu'elle avait pu, et elle était prête à accepter beaucoup de choses pour eux. Le mariage de Ronnel avec la petite princesse de l'Ouest, Nymeria Lannister, faisait également parti des concessions qu'elle avait été prête à faire pour lui. D'une part, parce qu'en on se sentait aimé, on se sentait bien souvent plus fort ; d'autre part, elle correspondait plus ou moins aux critères nécessaires pour faire d'elle une bonne souveraine pour le Val. La maison Lannister était réputée, les souverains de l'Ouest avaient une vision assez similaire avec celle de son propre royaume, leurs enfants s'entendaient et aujourd'hui encore, ils représentaient leur meilleur alliance. Pourquoi aller contre tout cela alors que cela pouvait servir autant les intérêts du royaume que le cœur de Ronnel ? Et puis comment oublier aussi, qu'au moment de ses propres fiançailles avec Jehan, ils étaient l'un et l'autre tombés éperdument amoureux. Les années et la charge du pouvoir avaient fini par les éloigner petit à petit, finissant presque par n'être que deux étrangers qui vivaient l'un et l'autre sous le même toit sans jamais se croiser ou presque. Sharra avait fait le choix d'être plus mère que femme, au moment où Jehan se faisait plus homme que père ou que roi. Chacun voyait les choses comme il le voulait et elle avait continué à être droite et ferme dans les choix de vie qu'elle avait pu faire.
Nymeria devait être un soutien bien plus solide pour Ronnel. Il avait semblé que dès que les deux jeunes gens s'étaient croisés, ils avaient ressenti une certaine affection l'un pour l'autre, sans que la distance ou le temps ne vienne à effacer cette inclinaison mais au contraire à la renforcer. Sharra était consciente que Ronnel était bien plus sensible qu'elle, là où Jonos à son jeune âge, était bien plus déterminé, voir même bien trop ambitieux pour son propre bien. Elle s'était donc dit qu'avec Nymeria à ses côtés, il pourrait être plus fort, porter par l'union avec la princesse de l'Ouest. Personne n'aurait pu imaginer un seul instant qu'elle viendrait à disparaître si jeune, par sa toute première grossesse. Bien évidemment, elle n'était pas la première femme à qui cela arrivait, et elle ne serait certainement pas la dernière. Mais alors que la vie s'en allait du corps de Nymeria, en quelques heures à peine, elle avait vu son fils mourir avec elle. Et le regret était immédiatement venu enserrer la gorge de la reine régente du Val et de la Montagne. Elle s'était leurrée en imaginant qu'il allait rapidement se remettre de cette disparition, tout du moins assez pour pouvoir assurer dans sa fonction de souverain, mais il n'avait eu de cesse de s'enfoncer un peu plus à chaque instant sans qu'elle ne parvienne à faire quoi que ce soit. Il s'était réveillé soudainement quelques semaines auparavant, écrasant tout sur son passage et notamment elle. Il aurait sans doute pu l'éloigner du pouvoir d'une autre manière que celle qu'il avait utilisé. Mais il était plus simple de faire du mal à ses plus proches conseillers que de les remercier pour leurs actions. Soit. Il avait voulu qu'elle parle, elle avait parlé, sans détour, sans concession, sans pleurnicherie, elle lui avait dit la vérité, brute, peut-être douloureuse, mais la vérité. Non elle n'était pas prête à le pardonner, et elle ne savait clairement pas quand elle serait capable de le faire. Maintenant, il fallait passer à autre chose et faire avec.
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Sujet: Re: L'éveil du jeune Roi [Tour VIII - Terminé] Jeu 31 Déc - 18:15
J’écoutais Mère sans la couper un instant. Les longues années passaient à ses côtés m’avaient appris à me taire, à prendre mon mal à patience, à écouter et à étudier la question en même temps en prenant en compte les différemment éléments. Au fil de ses paroles, j’imaginais chaque point relevé comme une pièce de puzzle qui s’imbriquait tantôt avec une pièce, deux pièces, trois pièces ou quatre pièces.
Ronnel Arryn
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