La campagne du Conflans était bien entamée. Deux batailles rangées avaient eu lieu autour de la Néra, au Gué Cabot ou aux Sauts Périlleux. Il y avait désormais, en plus des riverains, des nordiens, des impériaux, des orageois, des peyredragoniens, des fer-nés, des bieffois, des croisés… Les armées prenaient des positions, menaient des assauts rapides, puis battaient en retraite. Dans tout ce désordre, le Roi Yoren tirait son épingle du jeu. Un assaut surprise avait permis de gagner Château Rosières à sa cause. La menace bieffoise s’étant faite plus vive pour les armées impériales dans la région, les armées Tully, Omble et Forel étaient parties faire face…

Pendant ce temps là, Le Roi Bâtard continuait son avance. Tenté un moment de rejoindre la mêlée autour de sa capitale Pierremoutiers, toujours menacée, il décida de profiter des opportunités qui s’offraient à lui. Les raids sur les côtes ayant cessé, il savait qu’il ne pouvait -au moins provisoirement- plus compter sur l’aide de la Flotte de Fer et de ses redoutables guerriers. Pas besoin de diversion quand on a passé sa vie à exceller dans la « Petite Guerre ». Son avant-garde arriva bien vite à Noblecoeur, en vue des lignes de communications impériales. Des centaines de cavaliers et d’archers montés assaillirent des convois partis approvisionner les armées Tully, plus au sud. La faible garnison, moins de trois cent miliciens, fut frappée d’effroi en voyant le spectacle du haut des remparts. Ce fut pire encore quand ils virent des chariots en nombre, des renforts en cavalerie des heures durant, et ce qui ressemblait au train de machines de siège.

Au Crépuscule, les miliciens furent convaincus de faire face à une armée prête pour un terrible assaut. Pis, Lord Lothston vint leur porter une offre de reddition sous réserve qu’elle soit conclue avant le lendemain midi, autrement il ferait bombarder la ville et l’incendierait dans la foulée, sans réserver la moindre pitié pour ses habitants. La réputation des fer-nés n’était plus à prouver ; ils pilleraient sans vergogne la bourgade et violenteraient ses habitants. En sus, les Hoare n’avaient jamais plaisanté ; Harren avait gagné son surnom du « Noir » du fait des horreurs commises au Val et son nom avait été aussi honnis au Nord et dans l’Orage. Nul doute que son pillard de fils n’hésiterait pas une seule seconde à tout passer à la torche et se réserver les plus belles filles de Noblecoeur…

Les miliciens et les habitants, bientôt au courant de la nouvelle, passèrent la nuit dans la terreur. Lothston se félicitait de l’effet de sa menace, et de ses cavaliers qui avaient volontairement tiré en tous sens chariots capturés et équipages, afin de faire croire à l’arrivée d’une immense armée plus loin dans la plaine. Lorsqu’au lendemain matin de nouvelles troupes firent leur apparition à l’horizon, avec la bannière personnelle du Roi Yoren, les défenseurs ouvrirent les portes de la ville. Son capitaine, un gueux du nom de Rostand, avait d’abord fait prévenir le Roi Lyham par missive que la ville dépassée sous le nombre et sans troupes régulières n’avait pas la moindre chance de tenir. Voulant éviter le sort de Château-Rosières, il n'allait pas sacrifier ses maigres forces.

Les Tully furent surpris de n’avoir affaire qu’à une petite troupe de cavalerie, quelques centaines certes, mais sans aucun équipement de siège. Comprenant qu’ils avaient été bernés, il était trop tard. Le centre de ravitaillement du Conflans Fédéré venait de tomber à cause de la panique du capitaine chargé de sa garde et des ruses de l’armée Hoare.

Les conséquences étaient immédiates ; plusieurs semaines de vivres se trouvaient dans la ville. Les ressources militaires étaient proches de zéro, car les murs étaient bas et en mauvais état, et les miliciens étaient ou beaucoup trop jeunes, ou beaucoup trop vieux, car le Conflans décimé envoyait ses hommes d’âge mûr dans les armées. Cela faisait toutefois deux villes que prenait Yoren Hoare sans coup férir, avec des pertes superficielles. Et Noblecoeur ouvrait la route de Vivesaigues, de Haye-Pierre et Beaumarché ou pire, de Fort-Darion. Yoren n’avait pas encore gagné de bataille rangée mais il était décidément doué pour rendre fous ses ennemis, et les forcer à le poursuivre.

Ce Hoare-là brûlait de s’élever.

Points des Hoare
+5pts ville mineure

Points des Riverains
-5pts ville mineure