Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé]
Sujet: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Mar 26 Mai - 10:37
Je m’assurais que le roi n’avait véritablement plus besoin de moi, que tout était fait pour son repos avant de le quitter sans bruit. Il faisait encore jour, heureusement. Je passais une main dans mes cheveux en observant le ciel. Jour, et plus ou moins chaud. Enfin l’hiver se finissait. Et on avançait doucement mais sûrement. Enfin doucement… Tout était relatif. Je fermais les yeux avant de me hisser sur les barrières pour regarder les chevaux. Comme d’habitude, j’étais inquiet pour mon hongre. Danseur allait mieux après la bataille, mais je venais le voir tous les jours. Lui parler, m’assurer qu’il allait bien. J’étais sûr qu’être avec des chevaux habitués à la guerre lui faisait du bien. Mon regard se promena sur les dos et les croupes des chevaux. Je restais immobile un moment jusqu’à ce que Danseur ne me remarque et ne s’approche.
Je caressais doucement sa tête avec douceur et il leva la tête pour « m’embrasser ». Je ris doucement en le caressant avec affection. Je restais sagement sur ma barrière en continuant de le câliner avec tout l’amour du monde. Je sortis de ma poche une carotte et il la croqua doucement en continuant de danser sur place, comme à son habitude. Au moins tout était calme et lui aussi. Je posais ma tête contre la sienne et fermais les yeux un moment, profitant du calme, de la sérénité et de mon ami. Je tapotais son encolure et il resta près de moi. Je continuais de le câliner en silence, profitant du calme, tout relatif, de l’endroit. Même là il y avait encore du bruit, du monde… Je fermais à nouveau les yeux.
Avant de les rouvrir, sans m’être endormie, en entendant des pas derrières moi. Je me retournais et observais la femme derrière moi sans rien dire pendant un instant avant de hocher la tête pour la saluer en silence. Je n’avais pas spécialement envie de parler. Danseur se recula un peu en tirant sur un cordon de ma chemise pour le lâcher. Je soupirais et le laissais faire, il revient réclamer des câlins et observer la femme sans rien dire. En même temps c’était un cheval.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Mar 26 Mai - 14:08
Ah, quelle étrange et si fabuleuse troupe que celle des hommes partant en guerre ! Suivez les ne serait-ce qu’une demie-lieue, et vous serez au courant des dernières rumeurs mensongères concernant rois, reines et petits seigneurs ! Et c’est ainsi que votre humble servante s’est retrouvée au milieu d’hommes puants la sueur et le sang. Mais je ne me contentai pas de les suivre comme une vulgaire fille de camp, non, mon ambition était tout autre…
La nuit précédente m’avait permis de saisir l’atmosphère générale, et j’avais pu égayer les esprits avec quelques satyres bien choisies ; ces combattants étaient usés par la rancune et la haine, et la plupart, pourtant fidèle à leur truite de roi - et au mien – n’aspirait qu’à rentrer chez eux, embrasser leurs femmes et serrer leurs enfants dans leurs bras. Ou du moins, c’est ce que m’avait susurré à l’oreille l’homme avec lequel j’avais passé la nuit.
Mais mon regard se porta plus loin que ces tentes mal arrangées, ces feux où bouillonnaient des ragoût à l’odeur douceâtre ; oui, mon regard se porta vers ces châteaux aux brocarts d’or et d’argents, se dressant sur le camp de manière hautaine, presque orgueilleuse ; la seule différence entre eux et moi, c’était l’endroit où ils avaient vu le jour ; la seule différence entre eux et moi, c’était leur membre entre leur jambe… et le fait que jamais je n’aurais la même garde-robe que leur dame. C’était pas faute d’avoir essayé, mais ce sera une autre histoire.
Déambulant entre les feux, silhouette invisible pour eux, je me dirigeais vers un jeune homme que j’avais entraperçus la veille, ombre discrète du roi. Il nourrissait une belle bête, bien trop belle pour un garçon qui paraissait si, si… fragile.
Il me jeta un regard froid, me salua d’un signe de tête, avant de s’intéresser une nouvelle fois à sa monture, qui, elle, me dévisageait aussi sûrement que n’importe quel galopin d’une douzaine d’années aurait pu le faire.
D’un pas décidé, assuré, je m’appuyai près de lui sur la barrière, à distance raisonnable, et sortis des plis de mon manteau ma lyre, en tirant des sons légers, qui j’espérais, pourraient éveiller sa curiosité – lui pourrait aisément étancher la mienne.
- Eh bien jeune homme, vous accompagnez les hommes à la guerre ? M’est avis que ça fera une belle geste, une bien belle geste pour une pauvre harpiste forcée de vivre grâce à la générosité des plus grands.
De mes doigts jaillirent une douce et lente mélodie funèbre, hymne pour des yeux innocents que la folie des hommes n’avait que bien trop assombri. Ma voix, elle, se fit mélancolique.
Je marchais le long d’la rivière, Quand mes yeux ont croisé les tiens ; J’m’en allais mourir à la guerre, Pour ne jamais revoir les miens...
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Mar 26 Mai - 14:42
Les pas s’approchaient alors que je continuais de câliner mon hongre qui adorait ça. Je ne pouvais pas lui offrir grand-chose d’autre. J’étais bien trop inquiet pour lui pour le laisser seul. Alors je passais le voir chaque jour même après l’avoir monté et m’être occupé de lui. Et il le sentait cette affection. J’avais tant peur qu’il devienne fou à cause de la guerre. Veiller sur lui c’était aussi veiller sur moi. J’avais le droit à une cicatrice avec tout ce qu’il s’était passé pour ma première bataille. Je tapotai l’encolure de mon cheval avec amour, un fin sourire aux lèvres. Je tournai à nouveau la tête en sentant quelqu’un s’appuyer sur la barrière. La jeune femme. Rousse. Lyre. Musicienne et barde ? Je remuais le nez, pas sûr que c’était une bonne idée pour une femme seule de se balader dans un camp remplis d’homme. Je haussais les épaules à sa remarque :
« Je suis écuyer, rien d’anormal à ce que je suive mon maître qu’importe la situation. Quant à ma générosité, je n’ai guère d’argent. »
Elle était d’une joie sa mélodie… Je tapotai à nouveau l’encolure de mon cheval qui posa sa tête sur mes jambes. Je lui caressais doucement l’encolure en rajustant sa crinière pour qu’elle tombe avec harmonie du même côté. Il semblait aimer la musique, alors je ne dis rien, laissant la musicienne assouvir son appétit de musique. Si Danseur aimait, j’allais la laisser faire. Et c’était vrai, je n’avais pas ma bourse sur moi. Je frottais les oreilles de mon cheval qu’il avait pointé sur la musicienne. J’inclinais la tête vers elle.
« Vous êtes doué ma dame. Et je crois que Danseur aime votre chant également. Je m’appelle Sacha Racin, et vous ma dame ? N’êtes-vous pas inquiète d’être seule dans un camp majoritairement d’homme ? Surtout avec la tension actuelle. »
Je frottais doucement le chanfrein de l’animal toujours près de moi. Il était très calme, c’était agréable, surtout pour lui. Je fronçais légèrement les sourcils en continuant de câliner mon animal.
« Et je crains ne pas avoir d’argent pour vous n’offrir qu’une pièce de bronze. Je n’ai pas d’argent sur moi. »
Et même je n’allais pas déranger le roi pour ça. Enfin, c’était autre chose… Je soupirais en regardant autour de moi sans rien dire de plus. Je n’étais pas des plus… à l’aise avec les femmes.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Mar 26 Mai - 16:01
Il semblait s’intéresser à sa bête plus qu’à moi. Personne n’avait donc essayé de lui tirer un sourire ? De voir ce qui se trouvait derrière un garçon poli, bien né, avec une pareille dévotion pour son maître ? Ah, quel monde celui des seigneurs et des dames ! Je pris une inspiration et, m’écartant légèrement, tirais mon chapeau et fit une profonde révérence, à la limite de la bouffonnerie.
Ecuyer donc. D’un noble assez important, à en juger par la qualité de sa monture et son attitude fière… presque dédaigneuse.
- Danseur a bon goût, Sacha, et vous, vous faites certainement preuve d’un meilleur sens de la survie que le mien.
Accord dissonnant.
- Une femme dans un camp d’homme ? Une pauvre petite chose encerclée par la sueur, les muscles et le fer, seulement armée de sa lyre et de son chapeau ?
Accord dramatique.
- Eh bien il est vrai que j’ai eu quelques altercations au cours de mes voyages, avec certains gars qui me confondaient avec des filles de camps, des filles de joie mais… je leur ai fais comprendre que je n’étais pas ce genre de fille.
Accord comique.
- Aliénor la Harpiste, pour vous servir, écuyer, et responsable de quelques entailles et coups de pieds bien placée ces derniers jours dans le camp. Pour les rires gras le soir quand vous essayez de dormir, c’est moi aussi.
Je me laissais à un petit rire devant le tableau que nous faisions, garçon taciturne et jeune femme extravagante, et sautait sur la barrière, tendant une main vers Danseur, une pointe de jalousie dans le regard. Je n’imaginais pas combien d’heure de chant dans la cour d’un nobliau – ou du moins si j’arrivais à y entrer - pour n’avoir ne serait-ce que l’ombre d’une de ses montures. Mais cela pourrait s’arranger.
- Mais j’apprécie votre sollicitude, assez rare d’ailleurs, continuai-je en riant légèrement. Disons que ma vocation est d’empêcher les hommes de sombrer dans la mélancolie et dans la fureur de la guerre, et cette fois, mes pas m’ont envoyé vers vous, Sacha Racin. Pièce de bronze ou d’or, je ne veux savoir que deux choses choses : le nom de votre maître, pour lui tirer un sourire et qu’il se montre bon avec vous, et entendre votre histoire. Je veux entendre la ballade de Sacha, la ballade d’un gamin qui appelle une vagabonde dame, la ballade d’un homme forcé de sortir de l’enfance pour en combattre d’autres. Et j’ai tout mon temps.
Pour adoucir mes mots, je lui lançais un sourire engageant. Ouais. La ballade de Sacha. Pauvre gosse. C'est comme s'il était déjà mort.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Mar 26 Mai - 18:46
Je continuai de caresser et flatter mon cheval avant de regarder la jeune femme avec surprise quand elle s’inclina si bas. Euh… Je… J’échangeais un regard avec Danseur qui n’avait pas l’air plus surpris que ça. Brave Danseur. C’était un cheval adorable. Vraiment un cheval adorable. Le seul cadeau de Lucas que je gardais, le seul… véritable souvenir de ma famille techniquement. Est-ce que c’était vraiment ma famille encore ? Je ne savais pas. Lucas oui, mais… le reste… Enfin, ce n’était pas très important maintenant, j’étais toujours bien heureux avec mon cheval. La jeune femme était particulièrement… étrange ? Enfin, je n’allais rien dire, il fallait de tout pour un monde. Puis elle ne semblait pas méchante.
Je clignai des yeux en l’écoutant, un peu… perdue par tout cela. Une vraie actrice. Je laissais ma main sur l’encolure de mon cheval en l’écoutant. Par les Dieux… Euh… Je… J’étais perturbé. Qu’est-ce que je devais dire ? Ou faire ? Ou je… Quelqu’un a un mode d’emplois pour cette personne ?! Je n’étais pas sûr du tout de comment je devais gérer avec elle. Je clignais des yeux avant d’à nouveau regard mon cheval qui me regarda avec l’air de dire « Débrouille-toi ». T’es marrant Danseur, t’as sûrement plus d’expérience avec les femmes que moi. Je m’inclinai, autant que faire se peut sur une barrière, devant la harpiste, presque aussi bas qu’elle.
« Enchanté, de vous connaître Aliénor la Harpiste, je n’avais pas entendu parler de vous. À tort au vu de votre talent. »
Je continuais de câliner mon cheval qui ne bougeait pas, adorant cela. Je lui souris un peu. Il laissa la femme le caresser, tout comme je la laissais faire en continuant de câliner mon cheval. Il retournerait avec les siens s’il en avait envie. Mais visiblement, il aimait être là. J’observai la harpiste sans l’ombre d’un sourire. Je ne souriais pas beaucoup… Je hochais la tête en l’écoutant, le… le nom de mon maître ? Elle voulait aussi le numéro de sa tente ? Et bien sûr les clés de son coffre. Je me donnais une tape mentale. Ce n’était pas le moment de commencer à faire de l’ironie Racin ! Quant à se montrer bon, avec le roi elle n’aurait nulle difficulté… Ça non. Enfin, normalement. Je clignai des yeux à sa remarque et échangeai à nouveau un regard avec Danseur qui vient me lécher les doigts. Je lui souris un peu en le laissant faire.
« Le roi Lyham Tully. Vous n’aurez nul besoin de lui dire d’être bon, c’est un homme qui l’est. Pourquoi n’appellerais-je pas une vagabonde « Dame » ? Ce n’est pas parce que vous ne portez nulle robe d’or et d’argent que vous n’êtes pas une dame. Dans ce monde… j’ignore s’il y a encore des enfants… Si quelqu’un peut encore se vanter d’en avoir réellement. Il n’y a pas grand-chose à dire sur moi dame Aliénor, je suis simplement un cinquième fils… qui a fini par se trouver là par la force du hasard si on peut le dire ainsi. »
Je haussai les épaules sans rien dire de plus, passant une main machinale sur mon dos. Le hasard… Je préférais dire ainsi que tout évoquer. C’était trop douloureux. Danseur s’ébroua et s’éloigna un peu en trottinant. Je le suivis des yeux sans rien dire.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Jeu 28 Mai - 13:43
Son geste n’échappa pas à mon regard exercé. L’expérience des hommes et femmes mauvais me l’a appris : infliger un châtiment aussi cruel soit-il sur le dos de sa victime possède deux avantages ; pouvoir, pour le bourreau, contempler chaque jour la jouissance de la souffrance, et pour la victime d’oublier, ne pouvant jamais cerner la gravité du geste. Je sentais que je le perdais ; cinquième fils qui s’est viandé dans un chaudron de hasard quand il était petit, ouais.
- Le hasard vous a donc jeté dans les bras du roi des collines et des rivières ? Il vous a poussé en avant et d’un ton railleur, a propulsé un cinquième fils inutile vers un avenir qui n’est pas le sien ? Allons Sacha, n’importe quel garçon de votre âge tuerait pour avoir votre place, comme n’importe quelle vagabonde tuerait pour qu’on l’appelle « Dame ».
Je me jetais au bas de la barrière, détournant le regard des montures de guerre, et, innocemment, piétinait légèrement, prétendant chercher mes mots, je me rapprochais inexorablement de lui.
- Voyez-vous, en ce bas monde, un harpiste n’a pas seulement le devoir d’amuser les plus grands que lui, mais si vous me demandez de chanter pour vous, je le ferais. J’ai également le plaisir de conserver ce que je juge bon sur cette bonne terre, Sacha Racin. C’est ça, ma liberté.
J’ouvrais ma main droite, dévoilant les cicatrices qu’un homme qui n’avait pas apprécié mon talent m’avait fait. Oui, la lame de son couteau qui avait cisaillé les tendons de mes doigts et creusé la chair de ma paume, je la ressentais à chaque fois que je m’adonnais à mon art ; les cicatrices gonflées donnaient à l’intérieur de ma main un aspect étrange, y gravant des motifs que seul moi pouvaient comprendre ; les motifs de la fureur qui bouillonnaient en moi. On m’avait dit que jamais je ne rejouerai. On m’avait dit d’oublier cette musique. On m’avait dit que ce ne serait que la première altercation que j’aurais, avant de nombreuses autres.
Ils avaient raison. En partie.
- Ca, je l’ai eu parce que j’ai chanté pour les survivants d’un village décimé par la maladie. Parce que j’ai réchauffé la couche d’un homme qui avait perdu femme et enfants. Parce que leur chef voyait en moi une servante de l’Etranger qui venait se rire des mortels. Alors, ils m’ont enlevé la seule chose que j’avais. Et ils ont rit.
Avec un regard glacial, je fis un pas vers lui, le dominant d’une bonne tête. La rumeur du camp semblait s’être tue ; l’atmosphère, elle, piquante. Encore un gamin qu’il fallait secouer pour lui faire comprendre que ce n’était pas ses cicatrices qui l’avaient forgé, que son destin n’est pas le fruit du hasard. Que tout était dans ses mains.
- Alors regarde moi dans les yeux, gamin, et dis moi encore une fois que c’est le hasard qui t’a conduit ici. Jure le moi. Ta liberté, ton hasard, ton destin, c’est d’être… simplement là, esclave de ton passé et des autres ?
Avant qu’il ne puisse réagir, je saisis son menton entre mes doigts et attrapais son regard. Qu’est-ce qui fallait pas faire, pour que petite truite devienne grande...
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Jeu 28 Mai - 15:11
J’observais la rouquine qui ne semblait pas avoir sa langue dans sa poche. Ni ses yeux d’ailleurs. Par les Sept… J’allais finir par partir et la planter là tant elle me mettait mal à l’aise. Et en plus Danseur était reparti brouter. Je levais les yeux, toujours assis sur ma barrière, pour regarder les chevaux et plus cette femme enquiquinante. Elle ne comprenait pas que j’aimais aussi ma solitude ? Et que bizarrement, l’avoir sur mon dos ne me plaisait pas du tout ? Enfin, il fallait rester calme et paisible… Ne pas s’énerver. Il y avait des gens comme ça qui semblaient apprécier titiller les autres. Jojoris en avait fait partit, vu le nombre de fois où on s’était foutu sur la gueule… J’allais pas faire de même avec une femme, surtout plus grande, savait-elle se battre sans doute ! Mais ce n’était pas parce qu’elle m’agaçait que je devais la frapper ou quoi. Je grondais de colère à sa remarque, mais serrais les dents et les poings en refusant de rentrer dans son jeu. Mais c’était qu’elle me collait ! J’allais aussi finir par croire qu’elle voulait d’autres bourses de ma part. Et sa petite comédie…
Je détournai la tête d’elle pour continuer à regarder les équidés, l’écoutant tout de même. Je baissais les yeux sur ses cicatrices sans rien dire. Elle ne semblait pourtant avoir aucune difficulté à jouer avec. J’imaginais qu’elle avait longuement travaillé, mais ce n’était pas le rapport. J’observais donc, sans rien dire, Rire. Je soutiens son regard, serrant davantage les poings autour de la barrière. Rire, oui, ça aussi je connaissais, les rires. Croyait-elle que nous étions proches ? Non. Je posais ma main sur son torse et la repoussais sèchement en arrière quand elle me prit le menton. Je détestais qu’on me touche, c’était plus fort que moi, j’en devenais agressif. Alors je l’avais repoussé en arrière de toute ma force, pas assez pour lui faire mal, mais assez pour lui imposer une distance de sécurité.
« Ne. Me. Touchez. Pas. »
Articulais-je en la regardant, furieux. Je me laissais glisser aussi dans la pâture, les deux pieds bien ancrés dans le sol. Je me retiens de la saisir à la gorge pour l’étrangler, mais de justesse.
« Je nomme ce qui m’a conduit ici comme je veux. Pour moi c’est un hasard, et je préfère le nommer ainsi qu’autrement. Alors vos préceptes fourrez-les-vous dans le cul et foutez-moi la paix, à moi mais surtout au roi. Est-ce que je me suis bien fait comprendre Aliénor la Harpiste ?! »
J’avais craché mes mots avec violence avant de me diriger vers la sortie de la pâture. Si elle me touchait à nouveau elle se prendrait un coup. Elle m’avait largement assez énervé. Et pire encore si elle osait toucher mon dos.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Ven 29 Mai - 12:07
Enfin une réaction un tant soit peu humaine, émotionnelle. Ainsi, pour faire sortir de ses gonds, il fallait seulement le… toucher ? Je sais pas ce qu’à vécu ce gosse, mais ça a du être moche. Sacrément moche même. Mais il ne fallait pas s’arrêter si proche du but, ça non. Après son éclat de voix, quelques palefreniers nous jetaient des regards curieux, sur le jeune écuyer et la rouquine qui l’accompagnait. Certains hommes d’armes venus chercher leur bête avaient posé leur main sur la poignée de leur épée, me jetant un regard suffisant. Il était temps.
Je pris une profonde inspiration, et, pinçant un accord joyeux, me mit à chanter pour lui.
Laissez moi vous contez l’histoire du p’tit Sacha, Un tout jeune écuyer que la guerre m’arracha ; Il était si naïf, serviteur d’un destin, Que son esprit trop vif, avait prit pour le sien.
Il était si fier de son cheval à deux têtes, Chez les Racin, on avait déjà fait sa fête.
Y s’est retrouvé là, pour sa première bataille, Archers, fantassins, rois, lui aussi fut de taille ; Avec son beau regard privé d’son innocence, Par le fruit du hasard il goûta la violence.
Il était si fier de son fidèle Danseur, Chez les Racin, pour lui il était son âme sœur.
Et nous voilà main’tnant, un gamin solitaire, Avec le goût du sang, avec le goût d’la guerre, Qui veut pas comprendre que je chante pour lui, Qui veut pas apprendre le doux parfum d’la vie.
Il était si fier de ses idées à la con, Chez les Racin, on ne change pas ses convictions.
Alors écoute-moi avant d’mourir trop tôt, Et aussi parle-moi, ton destin, c’est bientôt, Faudrait pas tout gâcher au nom de ton passé, Pour une destinée plutôt qu’ta liberté.
Il était si fier de laisser passer sa vie, Une si grande détermination, moi, j’l’envie.
Ma voix se fana ; un cheval, quelque part, hennit. J’avais suivit ses pas rageurs ; j’étais juste devant lui.
Allez Sacha, donne moi quelque chose, fait quelque chose. Secoue toi. Elle t’aime, la harpiste. Elle aime tout les gens écorché par ce putain de monde. Et ça, tu peux le comprendre, de ton trône d’argent ? Que t’es pas une petite chose seule au monde, que le monde voudrait voir disparaître. C’est facile, d’être l’ombre du roi, Sacha, c’est si facile de pieusement se réfugier derrière les plus grands, pour ne pas mettre en avant les capacités, non, les talents, qui t’ont permis de jouer à ce jeu que les nobles semblent adorer. Bordel Sacha, comprend le et arrête de te flageller.
Tu peux pas jouer ce jeu là avec moi, je suis pas une dame.
Voilà c’qu’elle disait, ma chanson, mais ça passe toujours mieux en musique, parole de harpiste.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Ven 29 Mai - 14:37
J’avançais d’un pas rageur pour m’éloigner de cette garce qui m’agaçait au plus haut point. Ses doigts avaient laissé des marques brûlantes sur ma peau. Je détestais qu’on me touche, les très rares qui pouvaient se compter sur les doigts d’une main : Le roi Lyham, la princesse Lysara, et Ingheam. Le reste du temps je repoussais en arrière la personne ou moi-même je bondissais en arrière. Mais cette garce… Et en plus elle attirait les regards sur nous. Par ma faute bien sûr… Mais je détestais que… Rah ! Je n’avais pas envie de la voir ou de l’écouter. Et je n’avais pas non plus envie d’aller voir Danseur. J’allais lui transmettre ma colère. Ce n’était pas le moment de l’agacer. Et elle recommençait à jouer !
Mes doigts se refermèrent sur mon épée et je me vis me jeter sur la harpiste, et briser son gagne-pain d’un coup de lame avant de la frapper au visage… J’inspirais profondément, hermétique à sa musique, je n’étais pas mon père… Je ne suis pas mon père. Je ne serais jamais mon père. Je n’avais pas le droit de passer mes nerfs sur une personne juste parce que je ne la supportais pas. Ce n’était pas digne d’un écuyer du roi. Ma main resta agrippée à la poignée de mon arme, j’avais la respiration courte, lutant contre moi-même. Je n’avais ni à la tuer, ni à la frapper parce que moi je ne supportais pas qu’on me touche. Je ne pouvais pas l’attaquer pour ça malgré le chant moqueur qu’elle m’affublait. Malgré mon gant en cuir je sentis le manche s’imprimer dans ma peau.
Je soutiens son regard, je la haïssais à cet instant, mais je ne la frapperais pas, j’invoquais le visage du roi et son regard pour m’obliger à faire le bon choix, ne pas choisir autre chose. Le mauvais destin. Je ne suivrais pas la voie de mon père, je ne frapperais pas une innocente juste parce qu’elle avait la langue bien trop pendue. Cela serait comme frappé dans un miroir. Je fis un pas de côté pour l’éviter mais lui sifflais :
« Pense et chante ce que tu veux Harpiste. Tu n’auras pas mon histoire de ma propre bouche. Le hasard fait très bien les choses pour toi, j’ai choisi de ne pas répéter ce qu’on m’a appris à faire aux gens avec une langue si longue qu’ils marchent dessus. Et de Racin je ne porterais jamais que le nom et jamais rien de plus. Alors… comme on dit « Jette un sous au barde pour qu’il se taise ». C’est tout ce que tu auras de moi. Et je te répète mon conseil : reste loin du roi. »
En fouillant dans mes poches j’avais retrouvé une pièce de bronze que je lui lançai avant de reprendre ma route sans même la toucher. Et puis quoi encore ? Lui faire un câlin ? Non. Elle avait de la chance que je me sois maîtrisé. Qu’elle m’appelle Sacha Racin, je n’avais jamais fait partie de cette famille. Jamais. Aux yeux de mon père j’aurais dû mourir. Je ne serais pas comme lui. Je ne serais pas un homme mauvais.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Sam 30 Mai - 13:32
La colère ; c’était ce que j’avais réussi à tirer du gosse. Eh bien, c’était la première émotion qu’il avait laissé jaillir de lui ; et un bon début, car contrairement à la croyance populaire, la colère ne mène pas à la haine, mais est un bon moyen de se sortir les doigts d’un endroit mal placé. Vas-y, dégaine ton épée, gamin, dégaine ton épée et montre moi ce qu’on a voulu faire de toi. T’iras pas loin dans ce jeu des nobles si pour quelques remarques bien placées, tu t’enfuis comme un chien, la queue entre les jambes. Et en parlant de queue…
Je ramassais vivement la ferraille qu’il avait lancé, et, d’une pichenette, la fit atterrir devant lui. S’il pensait se débarrasser de moi aussi facilement, le doigt, il se le mettait maintenant dans l’oeil.
- Gardez votre sous, écuyer, gardez votre sous pour votre première putain, si vous ne pouvez apprécier la musique et le chant. A moins que cela ne soit pas mon chant qui vous dérangeait, mais plutôt, ma simple présence… Non non non, pas un pressant besoin de solitude où vous pourriez ressasser vos sombres pensées, mais simplement ne pas vouloir se tenir seul avec une femme.
Je lançais un coup d’oeil aux hommes, qui, peu à peu, avait repris leurs activités après avoir écouté ma balade, un reste de sourire aux lèvres, un ricanement sur le visage ; ne lui laissant pas le temps de partir, je me rapprochais non sans une once de crainte. Mieux valait ne pas le pousser à bout, ou du moins pas encore.
- Et pourquoi devrais-je rester loin du roi, écuyer ? Pour que vous puissiez le garder pour vous ? Non qu’une simple vagabonde, une simple femme, puisse lui faire le moindre mal à des gens tels que vous, des gens qui pensent que le monde s’offre à eux par droit, et non par mérite.
C’est ce qu’il lui fallait, au gamin, le poussait à dire une chose qu’il répugnait, plutôt que de la garder au plus profond de lui, et la voir se fait flétrir au fil des âges, voir ses espérances, ses convictions, devenir aigreurs et poussières.
- Dites-moi seulement pourquoi vous vous battez, quel est votre mérite, et je vous laisserez en paix. Pourquoi vous allez tuer des hommes à la guerre.
Prenant un air plus doux, je lui tendis ma paume ouverte, engageante, avenante.
- Permettez à la harpiste de chanter autre chose que des satyres grotesques.
Dans les deux cas, par tout les dieux je jure qu’on allait entendre parler de Sacha Racin dans toutes les putains de couronnes.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Sam 30 Mai - 15:45
La pièce tinta à mes pieds. Elle aurait dû la garder et s’étouffer avec. Première putain. Fallait-il encore que je vive jusqu’à avoir assez de poil au menton pour me payer une putain. J’inspirais profondément, les épaules tendues. Pouvait-elle se la fermer ou fallait-il que je lui arrache la langue pour qu’elle se taise ! Les hommes s’étaient détournés et ce n’était pas avec ma stature de gamin de douze ans que je pourrais l’inquiéter techniquement. Mais un coup au bon endroit la calmerait. Je regardais loin pour ne pas regarder cette garce… Elle avait atteint le bout de ma patience. Elle ne le savait pas encore, mais là elle allait vite s’arrêter de parler. Paume ouverte ? Tu vas voir.
Ma main saisit son poignet et je la tirais vers moi avant de frapper dans son abdomen de mon genou de toutes mes forces et la repousser loin de moi juste après. De quoi au moins lui couper la respiration, peut-être même lui faire cracher sa bile sous une autre forme que les paroles. C’était sans aucun doute méchant, mais elle avait touché la limite. Et c’était plus que assez. Et j’avais même été gentil : je ne lui avais pas brisé la main ou quoi que ce soit. Je la toisai froidement avant de répondre d’une voix parfaitement calme :
« Le roi a trop à faire pour que tu puisses avoir ne serait-ce que la pensée de le déranger. Et je me bats pour défendre notre royaume Vagabonde. Tu t’en moques peut-être, mais ce n’est ni amusant ni plaisant de tuer, mais je le fais, car si ce n’est pas moi qui frappe le premier, c’est moi qui succombe. Alors tes leçons garde-les pour un autre. Je sais pour qui et pour quoi je me bats. »
Je passais à nouveau à côté d’elle sans faire de geste pour l’aider. Je me battais pour protéger notre peuple d’un roi qui n’était pas le leur, d’un homme qui avait envahi nos terres et massacré notre population. Je me battais pour la paix, l’Empire offrirait une chance de paix, c’était à nous de nous en saisir et de protéger nos terres de l’envahisseur d’une manière ou d’une autre. Je franchis la barrière du pré pour en faire lentement le tour loin de la harpiste et m’offrir à nouveau un moment de calme en regardant les chevaux.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Dim 31 Mai - 15:53
Je me retrouvais plié en deux à terre par la violence du coup. Pas mal le gamin. S’il donnait des coups pareils sur le champ de bataille, il serait bientôt un sacré bretteur. Mais là, il venait de frapper une femme. Une simple femme. Qui n’avait pas de quoi se défendre. Quel esprit chevaleresque ; il sauverait diligemment la veuve et l’orphelin, pourvu que la veuve tienne ses distances, et que l’orphelin soit docile et effacé.
Me recroquevillant sur moi même, je crachais un glaviot de sang au goût métallique, avant de passer ma manche sur mes lèvres pour en essuyer le liquide carmin. Je restais de longues secondes ainsi prostrée, me demandant comment je pourrais maintenant arriver à mes fins ; la sollicitude n’avait rien donnée, la taquinerie n’avait rien donné, la provocation m’avait valut un coup. Pourtant, il fallait que je m’introduise d’une manière ou d’une autre dans la tente du roi. Il fallait qu’il entende ce que j’avais à lui dire. Il le fallait, pour le bien de son peuple ; à quoi bon être roi des Rivières et des Collines, si c’est pour que ces gens meurent derrière lui, regardant son dos partir à la guerre ?
Et dire que je pensais que son écuyer pourrait m’introduire à lui, pourrait vanter ma cause, que mes mots pourraient tomber au creux de son oreille ; je ne jouerais pas une fois de plus le rôle du bouffon à chanter pour les nobles qui n’y entendent rien. Je voulais mon introduction, et je l’aurais.
Lentement, je me relevais, une main tremblante sur l’abdomen, attachais ma lyre à mon barda, et ramenais en soufflant lentement mes cheveux dans un ordre plus ou moins décent, puis plantais mon chapeau sur ma tête. Il était reparti dans son pré, appeler son putain de cheval. Grognant, j’avançais légèrement courbée vers la barrière, faisant un léger signe de tête et un sourire à un des hommes qui, intrigué, avait fait un pas vers moi, avant de se détourner. Il ne me serait d’aucune utilité, ça non.
Je m’y appuyais une nouvelle fois, regardant le gamin tourner dans le pré ; je crachais un autre glaviot de sang dans le pré ; les bêtes près de moi renâclèrent, car pourtant habituées à l’odeur du sang, elle l’était moins à la rage et la rancune que je ressentais en cet instant précis. Si on jugeait un roi à son écuyer, et bien, les Tully ne pourraient rien faire pour moi
J’élevais légèrement ma voix, qui portait là où je lui commandais.
- Vous êtes bien la première personne que je rencontre qui ne se réjouis pas d’une compagnie chantante et piquante, écuyer, qui, au lieu de lui rendre bouffonnerie sur bouffonnerie, remarque cinglante sur remarque cinglante, répond par la violence. Si vous voulez vraiment devenir chevalier, commencez par entendre les plaintes du peuple, et croyez moi, j’ai eu pour mission d’en transmettre pas mal au roi et à ses conseillers… et peut importe le prix.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Dim 31 Mai - 16:22
J’observais les croupes, les encolures avant de me hisser à nouveau sur la barrière. Je retrouvais sans mal mon Danseur Je sifflais légèrement et il revient aussitôt vers moi en trottant. Je souris et il secoua l’encolure en faisant danser sa longue crinière. J’allais devoir lui couper. Son calme et sa joie simple de me voir m’apaisèrent presque aussitôt. Je glissai à même le sol et vient enlacer sa grande tête qu’il posa contre mon torse. Je passai ma main sur sa robe soyeuse et fermais let yeux pour enfouir mon visage dans sa lourde crinière. Je le sentis poser sa tête dans mon dos avec douceur. C’était bien le seul à pouvoir faire ça sans que je ne m’agace.
Je le lâchais et il se cabra avec souplesse, battant avec lenteur des antérieurs, je m’éloignais d’un pas et il se reposa, tournant autour de moi. C’était pour lui un jeu, alors je le laissai faire. Il se cabra à nouveau, restant cette fois immobile avant de se reposer souplement. Ça c’était mon Danseur. J’eus un éclat de rire et il me donna un coup de tête et je souris un peu plus, posant mon front contre le sien, inspirant son odeur et son aura paisible. Lui au moins il était adorable, paisible… calme.
La voix d’Aliénor me gifla et je me raidis. Je n’étais pas de bonne compagnie, je le savais : pas d’humour, peu de traits d’esprit, un sérieux à toute épreuve, les taquineries j’en avais assez mangé pour quelques années. Je n’aimais pas ça. Sérieux comme un croque-mort. Violence. Je regardais Danseur avec une infinie tristesse. À quel point mon père m’avait détruit pour que je réagisse comme ça ? Les plaintes du peuple… Je les entendais et les connaissais… J’en avais passé des après-midi avec les gamins des rues, des journées entières à connaître leur vie, à observer. Je ne venais pas d’une grande maison. Et j’étais sûr que le roi les connaissait aussi. Il n’avait pas besoin d’elle ici. Je frottais le chanfrein de mon cheval.
« Danseur ? Je suis une si mauvaise personne que ça ? »
Mon hongre m’observa avec attention. Il avait beau être intelligent, il restait un animal. Ce ne serait pas lui qui pourrait me conseiller. Il recula à nouveau avant de se cabrer à nouveau avec toute sa grâce. Il s’éleva lentement et je reculais d’un pas, il était calme, il aimait juste se dresser, bien droit avant de se laisser tomber à nouveau au sol et de s’ébrouer. Je reviens vers lui pour enfouir mon visage dans sa crinière et il vient mordiller ma chemise. Je souris, tout doucement, savourant sa chaleur, je le lâchai avant de glisser mes mains sur ses membres pour lui masser tout doucement. Au moins, l’autre harpie me laissait en paix. Pour combien de temps, je ne savais pas, mais au moins elle m’avait visiblement oublié.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Dim 31 Mai - 20:55
Avec un pincement au coeur, j’observais son balai au sein des cheveux ; la noble bête se cabrant, pouvant réduire au silence par un coup de sabot celui qui était déjà l’écuyer d’un roi. Mais non. L’animal se contenta de hennir de plus belle, et de poser sa lourde tête sur le corps frêle de Sacha. Quel mémorable couple faisait-il là ! Un garçon que sa courte vie avait déjà profondément détruit, et un animal contraint à la tristesse des champs de batailles, enlacés pour ne pas subir la foule autour d’eux, le mépris qui les enserre.
Un instant, un doute m’envahit, et je soupirais. J’aurais voulu conter aux plus pauvres la ballade du garçon qui aurait permis au roi d’entendre leurs complaintes ; la maladie, la misère, le mélancolique avènement du printemps ; j’aurais voulu conter comment ce p’tit gars aurait assister son suzerain, ombre sûre et invisible, ignorant les tourments de la guerre pour se prêter à l’art de la justice ; j’aurais voulu dire ô combien ce nobliau était l’exception qui confirme la règle, un homme bon.
Mais le passé, la frustration, la rancoeur avaient pris le pas sur le reste. Comme toujours. Comme pour moi. Excepté que votre harpiste parvenait à le cacher derrière ses bouffonneries. Bouffonneries. Bordel ça me collait à la peau, ça…
Grimaçant à la douleur qui se diffusait en moi, je sautais prestement au dessus de la barrière, me réceptionnant lourdement en laissant échapper un petit cri de douleur. Les regards autour de moi se firent plus insistant. Qu’ils aillent tous se faire foutre.
Restant à une distance raisonnable de Sacha, je sortis de mon sac une pomme et, d’une trille sifflée, je fis tourner la tête de Danseur, les paupières frémissantes de plaisir. D’un pas lourd, il s’approcha de ma main tendue, renifla le fruit, et croqua à pleine dent. En quelques bouchée, il l’avala ; j’osais gratter son abondante crinière, jaugeant la beauté de la bête ; il était évident que son maître était bon avec elle. Sifflotant à nouveau un air léger constituer principalement de trille, je continuais de flatter le puissant animal ; ah ! Sa méprisante et nouvelle connaissance pouvait aussi faire preuve de douceur. Ressortant une pomme de mon sac, je la tendis cette fois à Sacha, éloignant ma main avec un rire léger des dents voraces de Danseur.
- Vous vous battez surement pour le royaume, Sacha, mais aussi pour ceux que vous aimez, et si vous ne pouvez regarder votre reflet sans ciller, commençais-je doucement en désignant Danseur, lui le peu. Et moi aussi. Le roi également. La seule entrave envers votre bonheur, c’est vous même, alors frappez moi si cela vous chante, mais ça ne fera que renforcer l’opinion que les autres ont de vous, et je ne pense pas que cela soit ce que vous voulez.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Dim 31 Mai - 23:07
J’étais bien avec mon cheval, juste lui et moi. C’était mes petits moments de plaisir, de détente et de calme. Je n’aimais pas être dérangé non plus pendant ces moments-là… C’était juste profiter d’un petit moment entre nous deux. Je ne savais pas pourquoi Lucas avait choisi Danseur, mais il avait bien choisi. Comme toujours. Il était doux ce cheval avec moi, on s’entendait bien et c’était tout ce qui comptait. Avec les batailles on allait devenir encore plus proche, je refusais qu’un autre prenne soin de lui pour n’importe quelle raison. C’était mon cheval et j’aimais passer du temps avec lui, c’était toujours ça de pris, ça de calme, ça pour me détendre. Un cri de douleur… Par les Sept ! Ne voulait-elle pas m’oublier un instant ! Danseur renâcla légèrement et je me redressais, lâchant son membre.
Une pomme… forcément. Je le laissais se déplacer avant de m’accroupir à nouveau en tournant le dos à la femme pour masser ses membres alors qu’il croquait tranquillement sa pomme je continuais de le masser et de soulager ses tendons et ses muscles. Il travaillait assez dans la journée, je pouvais bien le soulager à mon tour d’une manière ou d’une autre. Et je savais qu’il aimait ça. Pourquoi ? Parce qu’il se laissait totalement faire et que je sentais son poids dans mes doigts. J’observais la pomme que la vagabonde me tendait avant de secouer la tête. Je n’avais pas faim, je fronçais les sourcils à sa remarque avant de flatter Danseur qui observait la pomme, l’air vorace :
« Non Danseur, une ça suffit. »
Je lui frottai vigoureusement l’encolure avec affection avant de regarder à nouveau la femme.
« Gardez-la. Je n’ai pas faim. Je n’aime nullement blesser et je m’excuse pour le coup que je vous ai donné. Le bonheur je verrais une fois la guerre assez éloignée pour que les paysans n’aient plus à craindre de maladies, d’attaque ou de raid. »
De toute manière, je n’étais sans doute pas fait pour le bonheur. Je le trouvais en servant mon roi et en m’assurant qu’il reste en vie. Le reste n’était que surplus et peu de chose importantes à mes yeux. M'occuper de mon cheval était mon petit bonheur et cela me convenait.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Lun 1 Juin - 23:13
Quel homme, femme et plus que tout autre enfant pouvait s’effacer à un tel point qu’il renonçait à son propre bonheur, aussi éphémère soit il. Il se privait d’une simple pomme, privait sa monture d’une nouvelle friandise, alors que c’était peut-être la dernière qu’il croquerait avant de découvrir si les chevaux avaient aussi un enfer qui leur était dédié.
Je le regardais un court moment encore s’occuper de sa monture avec un dévouement presque religieux ; son dieu était son roi, sa prière, poser la main sur Danseur. Un instant, un seul instant, je me voyais moi à sa place. Une douzaine d’année ; j’en avais treize quand Oncle avait était emporté par la fièvre, treize quand j’ai était livré à moi-même dans ce monde en guerre, où le seul destin qui s’offrait aux roturiers était de crever la bouche ouverte sur le pavé, ou de se tuer à la tâche pour nourrir des ventres déjà trop rempli. Qu’est-ce que j’aurais donné pour avoir ne serait-ce que l’ombre de ce qu’avais ce putain de gamin… Mais moi, contrairement à lui, mon espoir, ma persévérance, je ne l’avais jamais perdu.
Je me tournais, froide, rigide, chassant d’une main vive la rage, l’envie et la faiblesse qui s’écoulait de mes yeux. Je mordis lentement dans le fruit, avant d’en recracher précipitamment le vers qui se tortillait à l’intérieur ; un rire irrépressible m’envahit. Quelle douce ironie… Voilà donc tout ce que j’avais à offrir.
La pomme tomba lentement de mes mains, vint s’écraser sur le sol avec un bruit mât, et, par les fils du destin, roula aux pieds du jeune écuyer. Je soupirais lentement, et, une nouvelle fois, vint saisir ma lyre. Je m’assis sur une pierre saillant entre les herbes et le crottin, dos droit, tête rejetée en arrière, et avisait Sacha pour une dernière fois.
- Allez Sacha, commande une chanson à la harpiste pour qu’elle se la ferme enfin, commande une chanson à la harpiste et jure moi que si mes mots t’ont touché, que ce jour sera le premier ou tu pourras te laisser aller à rire.
J’esquissais un sourire, dans l’attente, avant de me reprendre :
- A rire avec moi de ce putain de monde.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Lun 1 Juin - 23:29
Quand on s’était vu refusé depuis toujours, ou presque, le bonheur, ou l’amour filial, il était compliqué de savoir se le construire et le saisir. Je comprenais tout doucement avec le roi ce que cela signifiait avoir un père, même si… jamais je pense qu’il ne me considérerait comme un fils. Je ne saurais jamais réellement son affection pour moi. Il était bon avec moi, pas réellement affectueux, mais il l’était déjà bien plus que mon père n’aurait jamais pu l’être avec moi. Même son ultime lettre avait été un coup qu’il avait porté avec violence. C’était bien ça que m’avait transmis mon père : la violence. Et jamais je ne voulais aller dans cette direction. Jamais. Et pourtant ses racines étaient plongées au plus profond de mon être. Ou de ce monde… Qu’en savais-je réellement ? Je ne fis pas attention à son manège à la Harpiste. Qu’elle aille là où le vent la portait. Je ne pourrais rien pour elle.
Je clignais des yeux comme un hibou à sa demande avant de regarder Danseur qui me regarda avec le même air que moi. Surprit et pas sûr de savoir en quoi tout cela retournait. Ou du moins c’était l’impression que j’avais. Je frottais son chanfrein toujours aussi perplexe avant de me gratter la tête sans savoir quoi dire. Une chanson ? J’en avais pas la moindre idée. Rire… Mon cheval me regarda à nouveau, comme-ci il me jugeait. Hey ! Danseur ! Je sais rire je te signale ! Peut-être pas… franchement, je suis plus à avoir un ricanement qu’autre chose ! Mais quand même. Je savais rire. Je passais une main dans mes cheveux avant de faire une moue pensive.
« Vous me posez une colle là… J’y connais rien en chanson… Bon bah… défi pour défi… Chantez-moi votre première chanson ! »
Autant aller dans cette direction. Je ne savais pas si je pourrais rire… Mais rire de ce monde. J’aurais plus envie de me pendre si je réfléchissais à ce monde. Il y avait des choses qui méritait de se battre… Parfois un cheval représentait un dernier lien avec son monde, avec sa famille. Ce n’était pas grand-chose. Mais Danseur et mon poste était sans doute la seule chose bonne que j’avais eu de ma famille… Je tapotai l’encolure de Danseur qui s’ébroua à nouveau. Lui, la musique… J’eus un sourire et lui frottais les oreilles.
« Oui mieux, chantez-moi quelque chose à la gloire des chevaux. Danseur adorerait, pas vrai mon vieux ? »
Il s’ébroua et s’étira longuement avant de revenir chercher des caresses de mes mains. Je posai ma tête contre la sienne. Si j’avais su dessiner ou écrire, c’était de lui que j’aurais fait un dessin ou un poème.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Mar 2 Juin - 18:24
Une réelle expression d’amour transfigurait le visage de Sacha lorsqu’il posa doucement sa tête contre celle du cheval. Leurs deux paires d’yeux me fixaient, attentif au moindre de mes mouvements, le même sourire sur le visage de l’humain que celui de sa bête. Une chanson sur les chevaux donc… eh bien, pour lui qui s’intéressait plus à la race équine qu’à ses confrères, cela ne pouvait pas être un mauvais choix, restait encore à savoir comment faire résonner en lui sa corde sensible…
Pensive, je prêtais un instant attention à la rumeur du camp ; fracas de l’acier contre la meule, fracas de l’acier contre l’acier, fracas des voix sans harmonies contre le chant de la rivière et des arbres ; votre harpiste, de son rocher au milieu de l’odeur musquée des chevaux, Sacha Racin, écuyer du roi, prête à l’écouter ; les hommes appuyés à la barrière, qui nous contemplait, riant de notre trio pour le moins singulier.
Je pris une profonde inspiration, fermais les yeux, pinçais une corde, la seconde ; une troisième ; commençais à chanter.
Je me souviens encore, il y a toute une vie, Par delà les rivières au pied de champs en ruines ; Là-bas les Hommes-Rois résistaient dans la nuit : De leur aveugle confiance, je resterais digne.
Tu fends les rivières juché sur mon dos, Tu conquiers les montagnes, avale les lieux, Sans jamais m’arrêter, je porte mon fardeau, C’est avec toi que je fais la fierté de mes aïeux.
Allez ! Allez ! Toi, moi, je nous jette au combat, Ignore le goût d’mes larmes, ignore le goût d’ton sang ; Ne vois-tu pas qu’c’est pour toi qu’j’me jette au trépas ? Pour un royaume libre je te porte maintenant !
J’resterais avec toi, qu’importe le destin, Je suis tien, tu es mien qu’importe le mépris, De tout ces mutins et ces fils de putain, Je leur tourne le dos, et avec toi, souris.
Qu’importe les rois, les reines et les soldats, Qu’importe tous ces cruels liens dont tu m’attelles, C’est toi qui m’a permis d’exister, et c’est à toi Qu’ira, Sacha, une dévotion éternelle.
Allez ! Allez ! Je nous jette à demain, Ignore ton passé, ignore ton av’nir, N’entends-tu pas au loin, ce présent incertain ? Elle est à nous maint’nant, c’te vie en dev’nir !
Les dernières notes moururent dans le pré. Je rouvrais les yeux.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Mar 2 Juin - 19:31
Je ne savais décidément plus sur quel pied danser avec la harpiste. Danseur s’en fichait comme son premier crottin. Il profitait juste de ma présence et d’une pomme. Mais au moins il était calme et il profitait, c’était le plus important, qu’il puisse respirer. Après le roi, c’était l’être présent à mes côtés auquel je tenais le plus. Enfin… de base il n’y en avait pas beaucoup… Mais Danseur était toujours très proche de moi. Le roi était bien sûr très important, plus que mon Danseur, mais mon cheval aussi était très important pour moi. Au moins lui il gardait tous mes secrets et il était heureux de peu de chose. Je continuais de câliner et de caresser sa robe avec douceur. Lui au moins ne demandait rien d’autre que de l’amour, de l’affection. Et je lui en donnais sans compter. Et visiblement la barbe avait enfin de l’inspiration.
Je continuais de caresser doucement ma monture. C’était toujours agréable, elle avait une jolie voix, c’était un fait. Elle chantait juste et bien. Et elle avait de l’imagination. Je sentis Danseur poser sa tête contre mon épaule et peser de tout son poids. Il était en train de s’endormir au son de la musique qui pourtant parler de lui. Je fermais les yeux, ma tête contre la sienne, une main sur son flanc que je sentais se lever doucement. Ça aussi c’était rassurant, j’aimais sentir les battements de son cœur dans ma main. Je souris à la barde et désignai Danseur qui restait immobile, son membre postérieur légèrement replié sou lui.
« Votre voix berce même les chevaux. Je crois que Danseur a autant aimé que moi cette petite chanson qui lui est dédié. »
Il commençait sérieusement à peser sur mon épaule, mais je ne bougeais pas, j’aimais trop cette sensation et sentir son souffle dans mon cou. Je continuais de le caresser en douceur.
« Vous avez raison, je ne peux rêver meilleure monture et ami que Danseur. Même si ce grand sieur adore dormir sur mon épaule. »
Je continuais de lui frotter l’encolure avec tout l’amour du monde.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Jeu 4 Juin - 13:37
Quel progrès flagrant ! Il me parlait de l’être qu’il aimait le plus au monde, naturellement, un sourire aux lèvres. C’est qu’il ferait un beau jeune homme dans quelques années, s’il parvenait à chasser cette fatalité qui empoisonnait ses traits ; et s’il survivait assez longtemps pour définitivement sortir de l’enfance. Car c’était ce que j’avais devant moi en cet instant précis : un gamin fier de parler de son seul ami à quelqu’un qui pourrait attentivement écouter, sans jugement, sans mépris ; échanger avec un être venu d’un autre monde pour le plaisir des mots, de la conversation, sans que cela soit déformé. Votre harpiste ne joue d’aucun jeu, alors jouez simplement le sien.
Je raccrochai la lyre à mon sac et me penchais pour gratter l’arrière de l’oreille du cheval, dont les naseaux frémirent de satisfaction ; je ne m’attardais, désirant préserver le lien qui m’unissait à l’écuyer en cet instant précis.
- C’est une bien belle monture, et je n’avais jamais vu un cheval aussi attaché à son maître que Danseur. On dirait qu’il comprend réellement ce que vous lui dite, et roule des yeux ou agite les oreilles pour vous répondre.
Je lui rendis son sourire avant de sortir une bourse remplie de baie cueillies la veille durant la marche, et, nonchalamment, commençait à picorer dedans. Leur goût acide masqua celui du sang.
- Vous n’avez pas faim, eh bien moi oui, et j’aime grignoter un petit quelque chose quand on me raconte une histoire ; j’ai chanté une chanson pour Danseur, et maintenant dites moi comment vous avez obtenu une si belle bête, écuyer du roi ou non.
Je me calais le plus confortablement possible, moitié assise moitié allongée, et plongeait mon regard dans le sien. Pour la première fois depuis que je l’avais abordée, c’était une curiosité réelle qui me démangeait à son égard, mais il était nécessaire de progresser par étape : d’abord le cheval, puis, en étant suffisamment subtile, je comprendrais pourquoi un cinquième fils qui rejetait sa famille était parvenu à devenir l’écuyer de Lyham Tully, roi des Rivières et des Collines.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Jeu 4 Juin - 14:42
Je continuais de câliner mon Danseur, observant la femme s’approcher et le câliner également. C’était qu’il avait un succès fou ce grand canasson de malheur. Je ne le pensais jamais sérieusement. Je l’aimais beaucoup trop. Il s’ébroua un peu, arrêtant de peser sur mon épaule, avec soulagement pour ma part. Une belle monture ? Danseur était en apparence un cheval basique, il n’était pas le plus gros, le plus musculeux, le plus impressionnant. C’était juste… un cheval. Et pourtant pour moi il était le plus beau et le meilleur des chevaux. C’était juste mon hongre à moi et j’en prenais grand soin. Je souris à sa remarque sur la manière d’agir du cheval.
« Il comprend beaucoup de chose. Il ne fait pas semblant ou quoi. C’est un brave garçon. »
Danseur tourna la tête vers moi en la penchant légèrement sur le côté. Il avait bien compris qu’on parlait de lui. Mais il commençait aussi à fatiguer un peu. Il avait besoin de repos lui aussi. Tout le monde avait besoin de repos. La rouquine s’installa tout en grignotant quelques baies. Je fis une petite moue pensive à sa remarque. Raconter l’histoire de Danseur ? Ce n’était pas facile, il n’y avait pas vraiment grand-chose à dire.
« Vous ne vous lassez jamais de poser des questions Dame Aliénor ? Il n’y a nouveau rien à dire pour Danseur, oui mon vieux, je parle de toi, et moi. Mon frère me l’a offert avant que je ne devienne écuyer. Et on s’est bien entendu immédiatement. Et puis… voilà, je passe beaucoup de mon temps libre avec lui. »
Je tapotai son flanc avec douceur et il s’ébroua à nouveau avant de s’éloigner pour aller se reposer, je ne le retiens pas. Il avait bien besoin de profiter un peu. Je haussais à nouveau les épaules en l’observant devenir une ombre parmi les ombres.
« Et son nom de danseur vient de sa manière de se cabrer pour jouer sans vouloir faire mal. Mais ce n’est pas moi qui lui ai donné son nom. »
Je haussais à nouveau les épaules, Je ne pouvais pas en dire plus. C’était juste mon cheval et mon compagnon de route, je l’aimais de tout mon cœur et c’était tout.
Sacha Racin
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé] Ven 5 Juin - 11:55
La bouche pincée, je regardais le cheval s’en aller rejoindre les siens ; sans lui, Sacha se refermerait aussi sûrement que la présence de la bête lui avait tiré un sourire. Il ne fallait pas éterniser plus cette rencontre, sinon son animosité à mon égard – et de ce que j’avais saisi à l’égard des femmes – allait refaire surface.
En soupirant, je rangeais ma bourse, et sautait prestement sur mes pieds. - Les questions sont mon quotidien Sacha, et y répondre convenablement est une des tâches des plus difficiles. Si personne ne pose de question, si personne ne s’interroge, le temps filerait sans que personne n’ait d’emprise sur lui, et même une humble harpiste tel que moi désire ne pas subir son existence, mais plutôt la contrôler. Je veux comprendre les hommes et ce putain de monde autour de moi, et la meilleure façon pour le faire reste encore la curiosité.
Je lui souris une nouvelle fois en haussant négligemment les épaules, prenant l’espace d’un court instant l’air d’une gamine fautive prise sur le fait.
- Une curiosité mal placée qui m’a attirée plus d’ennuis qu’autre chose...
Avec une nouvelle révérence, je m’inclinais devant lui, et bien décidée à tourner les talons, pour que dans une heure, une journée, un an ou dix, il vienne me trouver, je réaffirmais la place de mon chapeau sur ma tête, m’assurais des attaches retenant ma lyre à mon sac, et, avec un dernier sourire des plus engageants, celui que je réservais aux hommes les plus… méritants, je pris la parole une nouvelle fois – une dernière fois.
- Eh bien, il est l’heure pour votre Dame Aliénor de retourner vers les bas fonds d’où elle vient, mais je tiens à vous remercier, Sacha Racin, écuyer du roi, grâce à vous, il me semble mieux comprendre l’aura presque légendaire qui flotte autour de ses hommes, et l’amour qu’il lui voue. Je ne vous ferais pas l’affront de vous serrez la main, mais sachez que si un jour, l’envie vous en prends, que vous avez besoin de moi ou d’une oreille attentive bien loin des considérations des puissants, venez me trouver. Un harpiste est toujours à l’écoute, des petites gens comme des plus méritants.
Oh elle avait était bien étrange, cette rencontre, bien étrange. Si j’avais cru que l’écuyer de Lyham Tully serait ce… Ce… Ce n’est pas là la question d’importance. Et puis si j’avais fait tout ça pour rien, au moins il en ressortirait quelques bonnes ballades.
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Sujet: Re: Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé]
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Quand le chant vient à toi ! [Tour VIII - Terminé]
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