La naissance de Brynden ne fut pas la source d’une joie immense mais bien plutôt le résultat de la malchance. En effet, si dans un domaine il était courant que le personnel s’acoquina plus ou moins régulièrement avec les nobles messieurs, cela devait rester sans conséquence. L’une pour préserver sa vertu et l’autre, pour s’éviter les remontrances de sa famille face à de tels ennuis. Malheureusement, les nuits d’insouciance et de plaisirs ne s’oubliaient pas forcément une fois la porte close. Dans le cas de Brynden, ses parents ne ressentaient l’un pour l’autre qu’un amour assez superficiel. Sa mère, jeune servante jolie et aventureuse qui perdait petit à petit sa timidité en prenant ses aises dans son nouveau lieu de vie, avait tout au plus été attirée par le prestige de Lors Tyssier. Elle se sentit honorée de son attention tandis que lui n’avait pour elle qu’une attirance passagère basée principalement sur de beaux yeux bleus et des seins plantureux.  

Quand Tallora, sa mère, se découvrit enceinte, l’idylle était déjà terminée depuis quelques semaines. Il n’y avait eu ni dispute ni larme, il s’était simplement désintéressé et elle savait que c’était la fin inévitable de tout cela. Elle alla donc prévenir le seigneur Tyssier, paniquée par son état qui n’allait pas tarder à être remarqué par tous. Beaucoup d’hommes avaient des bâtards après tout, ce n’était pas la peine d’en faire un drame. Il n’allait certainement pas le garder auprès de lui comme le faisait certain, cela ne pouvait qu’amener des tensions mais le reconnaître éviterait à la jeune Tallora le blâme de tous.

L’enfant vint donc au monde et il reçut le nom de Brynden Flowers. Il grandit avec sa mère parmi les domestiques et les quolibets. Il savait qui était son père mais ce dernier ne lui accordait qu’une attention minime. De temps en temps, il allait s’enquérir de sa santé mais sans jamais s’adresser directement au jeune garçon. Sa mère ne réclamait rien, bien trop heureuse de ne pas être séparée de son fils et que l’on pourvoie à ses besoins. Globalement, son enfance ne fut ni heureuse ni malheureuse et il en garda un souvenir assez vague principalement constitué de la douceur de sa mère et de ses sourires chaleureux.

A sept ans, il fut temps de se poser la question de l’avenir de Brynden. La solution que Lord Tyssier trouva lui sembla de nature à satisfaire tout le monde. Il allait offrir son enfant à la foi, montrant ainsi sa piété tout en garantissant à Brynden une éducation et un avenir dans la société. Bien évidemment, cela écartait surtout un éventuel conflit de succession avec ses enfants légitimes mais cela, il n’était pas nécessaire d’insister dessus. Cela déchira le cœur de Tallora qui découvrit ainsi que la reconnaissance de son fils par son père lui retirait ses droits de décision sur l’enfant. Elle ne put s’opposer et l’enfant partit pour Villevielle.

Ses premiers temps à Villevieille furent difficiles. Il appelait en pleurant sa mère tous les soirs et se sentait terriblement perdu et abandonné. Fort heureusement, tous les enfants de son âge présents étaient plus ou moins dans le même cas et, ensemble, ils purent se soutenir et créer un ersatz de famille.

Finalement, une fois habitué à cette nouvelle vie, Brynden s’épanouit à Villevieille. Il se découvrit un esprit curieux, une fine intelligence et une capacité dans le travail et la recherche très importante. Petit à petit, l’innocence des premiers temps laissa la place à une certaine compétition entre les initiés. Cette dernière restait contrôlée par leurs maîtres et ne devait que les pousser à aller toujours plus loin dans leur travail. Pourtant, déjà, de premières relations importantes se tissaient.

Durant cette période, Brynden fit également une autre découverte sur lui-même. Ses yeux se posaint avec intérêt sur le corps de ses camarades. Là où les jeunes hommes parmi les initiés s’interrogaient sur la gent féminine et ses plaisirs, il n’en était rien pour lui, bien au contraire. Ses relations avec les autres étudiants lui convenaient totalement. Dégoûté par lui-même, il verrouilla cette partie de son esprit, tâchant de faire comme si elle n’existait pas et pria la Vieille Dame pour qu’elle le guide dans cette épreuve.

Après seize années d’étude (une première partie générale avant d'entrer pendant dix ans en tant que jeune initié), Brynden fut ordonné Septon et quitta la ville la tête bien faite et bien pleine en direction du septuaire de Peake. Il avait reçu ses derniers en impressionnant ses maîtres et voyait déjà sa carrière toute tracée. Tout jeune qu’il était, l’ambition commençait déjà à le titiller. Pendant ses premières années en tant que Septon, Brynden donna tout ce qu’il avait pour sa communauté. Westeros était déchiré de part et d’autre mais le Bief était pour l’instant épargné. Ainsi, il put prendre son rôle en main dans une certaine sérénité.

A l’aise dans son métier, les démons de son adolescence revinrent le hanter plus fortement et cette fois, il y succomba dans les bras d’un voyageur de passage. Brynden se repentit de ce pêché pendant de nombreux mois mais ne put plus nier l’évidence : il n’est pas comme les autres et personne ne devait le savoir. Il ne reverra jamais le voyageur mais que ce dernier réapparaisse et le dénonce aux yeux de tous restera l’une de ses grandes peurs pendant de nombreuses années.  

Il continua à se créer petit à petit des relations afin de se constituer un début de sphère d’influence. Après une décennie, il commença à être lassé d’attendre un avancement qui ne venait pas. Persuadé de mériter toujours plus, il se sentait frustré. La guerre arriva comme salvatrice et Brynden vit là l’occasion de s’illustrer auprès des plus grands tout en répandant la vraie Foi. Il se porta donc volontaire comme Septon auprès de l’armée. Les batailles furent rudes et ne furent pas en faveur de Garse Gardener. Le Lord des Essaims fut grièvement blessé. En tant que Septon, ce fut à lui qu’échut la responsabilité de ce dernier. Voulant montrer son implication, il décida d’entamer un jeûne rituel et accompagna le jeune homme par des prières pendant de nombreux jours sans jamais quitter son chevet. L’homme reprit progressivement des forces au fur et à mesure que le Septon s'affaiblissait par la faim. Les soldats virent cela comme l’action de la mère qui nourrit le fils avec la compassion du Septon. Il survécut et on cria au miracle autour de la tente,  ce fut la naissance de sa légende et sa renommée ne fit que grandir à partir de ce moment.

Les batailles qui suivirent se passèrent sous les meilleurs augures. Brynden priait le Guerrier devant des soldats avant la bataille et ses spectateurs étaient de plus en plus nombreux au fil des victoires. Malheureusement, la bataille de Castral Roc mit fin à tout cela avec la mort des deux souverains et la victoire Lannister. Sans se démonter, le Septon pria l’Etranger afin d’implorer sa clémence ainsi que la Vieille Dame pour que les héritiers trouvent en elle la sagesse de prendre les bonnes décisions. Les morts étaient nombreux et les survivants démunis. Face à eux, il remercia la Mère pour sa compassion et leur intima de faire de même, c’était probablement à elle qu’ils devaient leur survie.

Ensuite, il se retira dans son septuaire mais ne cessait de voyager. Ils répondaient aux appels des fidèles de toute la région et tâchait d’être toujours là où il pouvait se montrer. Ainsi, il multiplia les miracles auprès de tous, nobles comme paysans afin que chacun connaisse son nom. Auprès des nobles, il apprit les intrigues et le soutien stratégique. Les enjeux étaient énormes mais son ambition n’avait guère de limite.

Après neuf ans de travail acharné, il obtint le Septuaire de Port-Lannis, une reconnaissance importante. Non loin de la capitale des terres de l’Ouest, il avait accès à toutes les personnalités d’importance de la région. Il dut redoubler de prudence pour dissimuler son vice dans une ville où les tentations semblaint être aussi régulières que les fouines qui cherchaint à vous faire tomber.

Enfin, à cinquante-trois ans, après une vie marquée par une foi inflexible et une lente progression dans la hiérarchie, il fut récompensé par l’ultime fonction : grand Septon. Choisi par ses pairs, il fut nommé sous le nom de Lycaon XII. Durant cette période, les Dorniens et les Bieffois eurent de régulières échauffourées à la frontière. La tension ne fit que monter et Lycaon prit position pour les Bieffois qui étaient un allié d’importance pour la Foi des Septs tandis que les Dorniens étaient encore à vénérer leurs anciens dieux, il ne faisait aucun doute que cela aura bientôt une fin…

Brynden qui voyait dans ces conflits l’occasion d’aller répandre la foi à Dorne se sentit trahit quand le Bief et Dorne décida d’un accord. Des maîtres d’armes furent envoyés pour les femmes dans le Bief. Cette alliance avec Dorne et la venue des maîtres d’armes étaient une menace pour la Foi car Dorne allait répandre ses idées contre-nature et provoquer la colère des Septs. Le guerrier réclama vengeance pour les morts de son peuple et le Bief, par cette alliance, semblait déterminé à détruire les traditions autant que la confiance du peuple. Lycaon XII ne vit pas d’autre solution que de lutter pour sa foi. Il se rendit à Villevieille, et fit appel à ses Pauvres Compagnons. Il nomma un nouvel homme à leur tête. Lorsque le Bief dénonça Dorne et sa trahison, le Grand Septon jubila, il avait annoncé que cette alliance était contre-nature.

Sa gloire était à son paroxysme et ce fut donc le moment choisi pour lancer la Sainte Croisade et combattre les hérétiques afin de laisser la place aux Septs partout dans Westeros. Dorne, Peyredragon et le Nord étaient ses cibles principales. En parallèle, il dénonça la création de l’Empire. L’Empire parvint à arrêter les croisés et Lycaon confirma que cette association était impie et sa colère contre celui-ci ne fit que s’accroitre. Du côté du Bief, Dorne perdit la guerre et le traité convint le Grand Septon qui pouvait dès lors se concentrer sur l’Empire où les menaces de schismes faisaient rages. Lui vivant, jamais les Septs n’auraient un double visage créé par les puissances temporelles. Les Septs n’ont pas de frontière et Lycaon compte bien le leur rappeler...