Dorne en avait fini, au moins pour un temps, avec la guerre. Les tensions politiques et sociales au sein du royaume n’étaient pas encore apaisées, mais il était temps que la vie reprenne son cours après le conflit terriblement destructeur dans lequel la Principauté s’était engagée.

Les Météores étaient une des places les plus fortes de Dorne. Prises pendant la guerre par les forces du Bief, l’endroit avait été le théâtre d’une bataille et d’un long siège, mais aussi de drames, comme l'acte final de la chute de la ville aux mains du Bief. La cité portait toujours les stigmates de la lutte contre le Bief ; maisons brûlées, murs endommagés et à demi abattus, étals presque vides sur les marchés.

Il est pourtant de ces événements qui signent le début d’une renaissance. Comme les mariages.

Nalia Dayne était veuve du jeune Enguerrand, qui s’était suicidé plutôt que de se rendre. Pour raffermir la cohésion du territoire et des maisons exsangues par la guerre, Nalia allait donc épouser l’aîné d’Enguerrand, Barristan, lui aussi touché par le veuvage. Les maisons Uller d’où était originaire Nalia et Dayne allaient donc rester liées intimement.

Les festivités, décidées depuis un certain temps avaient été mises en pause le temps que les invités de la Principauté puissent venir de loin. En règle générale, l’annonce des épousailles fut plutôt bien reçue dans la Principauté, mais il y a eu difficulté avec les septons envoyés par le Bief à la signature de la paix. Nalia était veuve depuis peu et cela chamboulait les conventions, cette précipitation à s’unir à nouveau. Les avis divergeaient sur un délai raisonnable de deuil, d'autant que la Foi ne comprenait pas la précipitation à l'union si la maison Dayne avait déjà des héritiers.  La Princesse de Dorne reçut une missive salée du Grand Septon en personne, qui menaçait d’accroître encore la pression religieuse sur la Principauté.

Finalement, la situation s’apaisa et rien ne se remit en travers de la route des jeunes veufs, qui purent organiser leurs noces. Les invités commençaient à arriver, mais pas en aussi grand nombre qu’espéré. L’essentiel des maisons de l’Ouest, du Nord et du Sud du pays étaient en effet en train de panser leurs plaies, beaucoup de ces familles avaient subi des pertes et la tensions sociale restait importante dans des endroits comme Denfert, ou Ferboys. De l’Est plus lointain, la présence de la flotte du Bief non loin et l’emprise des pirates sur les Degrès de Pierre décida aussi plusieurs maisons à renoncer au périlleux voyage dans des eaux qui n’étaient pas sous contrôle de la Principauté. Il y eut toutefois quelques arrivées, notamment des maisons Qorgyle ou Uller, des Dalt ou des Santagar.

Au premier jour des festivités, un banquet eut lieu pour accueillir tout ce beau monde. Celui-ci se passa bien, et malgré les difficultés d’approvisionnement des Météores dont la région avait été ravagée par le passage des armées du Bief et de Dorne, tout le monde eut largement son content de nourriture et de boisson.

Au second jour, la maison Dayne organisa un hommage aux morts des Météores, et un temps de recueillement sur la tombe d’Enguerrand. C’est au midi que le mariage a officiellement lieu devant les Sept, et même si le septon apparaît renfrogné a cérémonie a lieu jusqu’au bout. Durant le temps religieux, le sermon du septon s’oriente bien vite sur la paix retrouvée par la Force des Sept, et insiste sur les menaces qui pèsent sur Westeros, pointant implicitement du doigt l’Empire et les hérésies ayant toujours lieu à Dorne et dans d’autres royaumes. Il n’échappera à personne que la cérémonie avait pris une tournure très politique, mais il n’y eut pas d’incident pour autant.

Au dehors, le peuple des Météores est bouillant dans son appétit de fête et d’acclamations, mais si les applaudissements pour les mariés sont présents, c’est essentiellement l’esprit de Dorne qui est invoqué par les participants aux festivités. Des chants traditionnels s’élèvent alors comme pied de nez aux septons et aux bieffois, flattant l’esprit d’indépendance de la Principauté et sa longue histoire de victoires contre les envahisseurs. La situation ne s’envenime pas, car les forces du Roi Manfred Hightower ont quitté les Météores depuis quelques semaines déjà. Il n’échappe toutefois à personne que les septons présents, piqués au vif, vont sans doute prévenir Sa Sainteté du comportement rétif du peuple de la cité. La fête bat alors son plein, les époux séparés par Ser Davos, fils du Seigneur des lieux né de sa première union, et la musique retentit jusque tard dans la nuit.

Dans la plus pure tradition dornienne, le troisième jour est moins formel que les banquets précédents, et voit se dérouler jeux, danses et chants pour prolonger cet instant de paix et de fête, comme la Principauté n’en avait plus connu depuis longtemps.

La région était dépouillée de ses richesses, la ville, meurtrie et balafrée… Mais la maison Dayne en ressortait consolidée, et le peuple rasséréné.