Sujet: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Mar 1 Oct 2019 - 9:50
La séance du Collège Impérial venait de se terminer. Elle avait duré longtemps aujourd’hui ; un peu trop pour Baâl, en fait. Bien qu’habité par un certain talent en la matière, le natif d’Essos n’était pas un politicien de vocation. Son expérience et sa culture lui conféraient cependant une vision salutaire, presque de doyen, qui tempérait parfois l’ardeur des membres les plus jeunes de l’assemblée collégiale. Et puis, le Forel voyait cet organe d’un très bon œil. Ce que proposait l’Empire aux Royaumes qui l’avaient rejoint n’avait rien à voir avec le sort réservé traditionnellement aux peuples vaincus. En faisant corps avec Torrhen et Rhaenys, ces Royaumes se voyaient libres d’exercer leur propre souveraineté et d’administrer arbitrairement leurs affaires intérieures. La convergence se faisait autour de la diplomatie. Cette confédération, objet politique nouveau à Westeros, était sacralisé à travers le Collège Impérial au sein duquel chaque Royaume était représenté à voix égales. Torrhen était un souverain habile et intelligent ; il avait compris ce que l’adhésion l’emporte toujours sur la contrainte et qu’aucun peuple n’aspire davantage à sa liberté que celui qui est enchaîné.
Depuis plusieurs mois maintenant, Baâl faisait office de représentant officiel de Peyredragon au sein du Collège. Cette responsabilité, il l’exerçait en même temps que celle de Main d’Orys Baratheon, le Prince régent du Royaume depuis que Rhaenys avait pris son titre d’Impératrice des Royaumes fédérés. Baâl était, avant toute chose, un homme de guerre et un Général accompli. Il figurait sans aucun conteste comme l’un des personnages militaires les plus écoutés de l’Empire. Ses fonctions politiques lui donnaient cependant une consistance supplémentaire, dont beaucoup de ses pairs ne bénéficiaient pas nécessairement. En tant que représentant et Main de Peyredragon, Baâl participait activement au jeu des trônes de Westeros. Il était à la fois au tenant et à l’aboutissant des batailles qu’il serait chargé de conduire.
Tandis que l’ensemble des notables de l’Empire se levait et terminait quelques discussions annexes en aparté, le Forel vit passer Lady Swann près de lui. Tous deux quittaient la salle du conseil. Par galanterie, Baâl lui céda le passage d’un signe courtois et accompagna son geste d’un sourire. Il ne connaissait pas beaucoup la jeune femme ; pour ainsi dire pas du tout. Mais il trouvait ses interventions pertinentes et souvent à contre-courant des habitudes fougueuses de la Reine Argella. En homme bien renseigné, le Général de Peyredragon savait que Mina avait dû traverser des temps difficiles. Son Royaume, à l’instar de beaucoup des territoires frontaliers de Harren Le Noir, avait payé très cher ses engagements dans la guerre. De surcroît, Mina Swann avait perdu son époux lors de la bataille de Beaupré. De ce fait, elle avait hérité de la Maison Swann en tant que Lady. Après que la dame fut sortie, l’homme lui emboîta le pas. Le brouhaha ambiant se faisait un peu plus discret, désormais enfermé derrière d’épais murs de pierre brute.
[Baâl] « Je n’avais pas eu l’occasion de le faire, Lady Swann. Je souhaitais vous présenter mes condoléances, pour la disparition de votre époux. Je n’ai aucun doute quant au fait qu’il est tombé en homme d’honneur, pour défendre son Royaume et sa famille. La meilleure fin de tout homme de guerre est de mourir au combat. J’ignore si ces mots seront vraiment de nature à vous consoler ; mais ils sont vrais, Madame. »
Le Forel marqua une courte pause.
[Baâl] « Vous représentez dignement l’Orage. Je prête attention à vos interventions et vos remarques lors des collèges impériaux. Il n’est pas toujours facile d’amener son point de vue au sein d’un tel conseil, mais vous y parvenez avec brio. La Reine Argella doit être fière de vous. Envisagez-vous de retourner quelques temps auprès des vôtres, ou bien souhaitez-vous rester à Fort-Darion pour le moment ? »
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Sam 5 Oct 2019 - 21:51
La séance l'avait bien plus perturbée qu'elle ne tentait de le laisser paraître. Elle n'avait que très peu ouvert la bouche et prit la parole au cours de cette réunion. Impressionnée, oui Mina l'avait été. Elle se remettait à peine de sa lourde maladie qui avait failli lui coûter la mort quelques semaines auparavant, elle était pâle et elle avait dû se présenter ainsi à l'assemblée où les ambassadeurs des royaumes fédérés se mêlaient avec les souverains qui avaient pu être là pour assister au jugement de Kevan Gardener et de ses agissements. Elle était alors passée de ce léger mal être qu'elle ressentait de ne pouvoir correctement porter la voix de l'Orage dans l'état dans lequel elle se trouvait, à une profond malaise et une réelle colère contre l'homme qu'elle avait connu jadis et qu'elle avait sincèrement estimé à l'époque. Pouvait-on à ce point changer en si peu de temps ? Bien qu'elle devait reconnaître qu'à l'époque déjà, il s'était montré séducteur avec elle. Elle n'aurait pas pensé qu'il se ridiculiserait en demandant à chaque femme qui venait à croiser sa route, de devenir son épouse. Était-il à ce point dans le désespoir de s'assurer une descendance ? En tout cas, il n'avait aucune décence. L'homme aurait pu avoir le droit de se ridiculiser, s'il n'avait pas été roi. Par souvenir de leur amitié, peut-être qu'elle aurait pu chercher à le défendre mais, il n'était clairement pas défendable.
Alors, elle avait préféré s'abstenir ou ne parler avec franchise sans s'étaler sur son ressenti personnel, pour lui, pour eux, pour son frère. Son estomac s'était tordu quand Garlan avait pris la parole devant l'assistance. Elle venait tout juste de le retrouver, et même s'ils avaient profité de la soirée pour pouvoir échanger les souvenirs, elle avait été mise au courant par l'Empereur des événements et même s'il avait pris la bonne décision en revenant immédiatement à Fort-Darion, elle savait que son sort n'était pas encore décidé. Il avait fuit sans le savoir, mais il avait fuit avec son souverain. Si Kevan était jugé comme étant coupable, un homme d'aussi basse noblesse que Garlan subirait forcément la même condamnation. La Reine qu'elle servait à présent, et qu'elle venait à soutenir, était profondément furieuse, appelant au combat, à la mort du traître qu'elle avait devant ses yeux. Mina ne pouvait la soutenir dans cette entreprise, déjà que cela ne rendait pas honneur à sa Majesté, même si toute la colère qu'elle ressentait était pleinement légitime après l'affront qu'il lui avait fait. Cette rage pure contrebalançait tellement avec la douceur dont faisait preuve la jeune Swann la plupart du temps. Si elle réussissait à mettre à exécution son idée, l'Empire se porterait à mal. Heureusement, l'Empereur semblait toujours capable de trouver les mots juste pour pouvoir faire retomber la pression.
Mina poussa un discret soupir de soulagement quand la séance fut enfin terminée. Elle échangea un regard rapide à son frère pour pouvoir lui signifier qu'ils se retrouveraient plus tard. Elle le regarda s'éloigner et attendit que les premières personnes quittent la salle avant de se lever à son tour. Baâl Forel fut charmant en la laissant passer le seuil de la porte. Resserant doucement l'étole autour de ses épaules, elle se mit à marcher lentement, un peu perdu dans ses pensées, quand une voix masculine se fit entendre à ses côtés. Elle sursauta légèrement, ne s'attendant pas à ce qu'on lui parle, tout le monde devant avoir envie de retourner dans ses appartements après ce qu'il s'était passé. Elle lui décocha un doux sourire avant d'incliner la tête. « Je vous remercie pour vos mots … Je pourrai dire en effet, qu'ils m'aideront à faire mon deuil, malheureusement ce n'est pas le cas, et nous le savons tous les deux. Me trouverez-vous égoïste si je vous dis que plutôt que mourir en homme d'honneur sur un champ de bataille, j'aurai préféré qu'il le fasse dans mes bras, à un âge bien plus avancé ? Enfin, comme vous dites il aura donné sa vie pour son royaume et sa famille. » Et les Dieux savaient combien elle avait pu le détester pour cela, alors que son chagrin semblait l'étouffer. « Je ne cesse d'avoir l'impression d'être déplacé au sein du Collège Impérial, je n'avais nullement l'ambition d'y avoir ma place. Ne vous méprenez pas surtout, je suis fière de représenter l'Orage et d'être aux côtés de ma reine. Peut-être que je retournerai à Pierhaume pour régler quelques questions avec le frère de feu mon époux, qui m'aide dans la gestion de nos possessions. Mais ma place est à présent à Fort-Darion. Et vous, allez-vous avoir la chance de revoir les terres de Peyredragon ou votre prochain voyage aura un goût de fer et de sang ? » Mina était franche avec son interlocuteur et elle savait que la guerre était là, même presque aux portes de Pierhaume. Baâl ferait-il parti des troupes partant vers le Sud pour sauver les siens ?
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Dim 6 Oct 2019 - 20:46
De toute évidence, la jeune femme était encore extrêmement affaiblie. Baâl ne souhaitait pas l’accabler avec le sujet de sa convalescence. Il était en train de se dire qu’à la cour de Fort-Darion elle avait dû voir défiler quantité d’hommes et de femmes lui faire le récit de leur empathie. Du peu qu’il connaissait la Lady, il ne s’imaginait pas qu’elle ait pris de telles paroles à la légère, ou qu’elles l’eurent blasée. Mais, simplement, Baâl pensait qu’il était préférable, comme pour mieux lui changer les idées, de ne pas s’appesantir à ce propos. Lorsque la jeune femme lui esquissa un beau sourire, il lui rendit, le visage chargé de bienveillance. Baâl savait se montrer dur ; il pouvait aussi être radieux. Au moment où il l’interpella, il remarqua que Mina fut prise d’un léger sursaut. Elle devait certainement être plongée dans ses pensées, l’esprit exténué par des semaines de repos forcé ; et ne s’attendait absolument pas à ce que le Forel entreprenne une conversation avec elle. Aussitôt, Lady Swann lui répondit, au sujet de son époux tombé au champ d’honneur. A ses mots, Baâl acquiesça avec calme, les yeux plein de condoléances. Il ne connaissait pas feu Lord Swann ; toutefois, il éprouvait un respect incommensurable pour ceux de sa race : les hommes et les femmes qui donnaient jusqu’à leur propre vie pour défendre une cause qui leur était chère.
[Baâl] « C’est tout naturel. Il aurait également préféré qu’il en soit ainsi. Il aura eu le destin du guerrier. C’est une moindre consolation, en quelque sorte. Vos enfants grandiront sans leur père, mais son souvenir comme homme d’honneur guidera leurs pas. Soyez-en certaine… »
La jeune femme poursuivit ensuite. Baâl venait de lui demander si elle comptait, tôt ou tard, rejoindre son foyer. Pour l’heure, son devoir l’appelait à Fort-Darion et il n’était pas prévu qu’elle quitte la capitale impériale.
[Baâl] « J’apprécierais regagner Peyredragon… Ses paysages vallonnés, ses lignes d’horizon perdues sur la mer, notre citadelle… Je dois avouer que cette terre, qui n’est pourtant pas la mienne, me manque beaucoup. Ici, tout est en chantier et je dors dans une tente depuis maintenant plusieurs semaines. Mais mon rôle est à Fort-Darion. La campagne du printemps approchera plus vite qu’on ne le pense. Je me dois de rester auprès d’Orys, qui a besoin de mon aide et de mon conseil. Alors, oui… je gage que mon prochain voyage aura ce goût. Un mauvais goût, je dois l’admettre, mais j’y suis désormais habitué. J’ignore si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Il faut certainement des hommes comme nous pour défendre ceux dont la vue du sang les fait pâlir. »
Le Général de Peyeredragon fit un geste poli et délicat à Mina et désigna une direction. Il s’agissait d’un couloir qui menait, à son extrémité, vers un balcon. On pouvait y profiter d’une vue imprenable sur le port de Fort-Darion en construction, duquel émanait des nuages de poussières et des bruits d’outillages. Au loin, la Baie des Crabes serpentait entre le sud du Val et le Nord du territoire de Peyredragon. Baâl avançait dans le couloir, d’un pas doux et léger.
[Baâl] « C’est parce que vous faites preuve de mesure et de retenue en toutes circonstances que je vous trouve, au contraire, indispensable au sein de ce Conseil. Vous savez, Mina, la plupart des membres de nos collèges impériaux sont des têtes couronnées, élevées depuis l’enfance dans un environnement pétri de certitudes et de privilèges. Rois, Princes, Princesses… tous possèdent souvent un biais : leur rang veut qu’ils n’ont pas eu pour habitude d’entendre la contradiction. Lorsqu’un souverain parle : on écoute, on exécute, on acquiesce. Notre rôle, à vous comme à moi, est d’équilibrer les instincts de nos souverains ; de tempérer leurs ardeurs ; de leur dire qu’ils se trompent, lorsque c’est le cas. »
Il marqua une très courte pause.
[Baâl] « Vous êtes bien plus indispensable que vous ne vous l’imaginez. »
Changeant de sujet, le Forel dévia rapidement sur une connaissance qu’ils avaient en commun : sa nièce. Cela serait l’occasion, peut-être, de susciter la curiosité de Mina et de lui rendre la conversation plus divertissante.
[Baâl] « J’ai croisé ma nièce la semaine dernière. Yesaminda. Elle m’a parlé un peu de ses activités auprès de Rhaenys. Elle m’a parlé de vous. C’est curieux car nous n’avons jamais pris le temps d’échanger outre mesure, vous et moi. Pourtant, votre frère est l’époux de ma nièce, dont je suis la seule famille, ici en Westeros. Réciproquement, vous faites partie de ma famille éloignée Mina. J’apprécierais beaucoup en apprendre davantage sur vous, si toutefois vous le permettez. »
Il poursuivit au sujet de Kevan Gardener, et de ce que son jugement devait signifier.
[Baâl] « J’imagine qu’il est difficile de voir Kevan Gardener condamné. Vous avez eu foi en lui, vous l’avez suivi Garlan et vous. Sachez, en tout cas, que ses choix n’engagent que lui. Je n’ai aucun doute quant au fait que Torrhen et Rhaenys sauront faire la part des choses. Vous n’êtes pas responsables des errements de Lord Gardener. »
L’homme continua.
[Baâl] « Parlez-moi un peu de vous, Mina. Comment fut votre enfance ? Le Bief vous manque-t-il ? »
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Mer 16 Oct 2019 - 21:58
Oui Mina avait été surprise que Baâl vienne à lui juste après la fin de la réunion du Collège Impérial. Elle n'était qu'une jeune lady de l'Orage qui par un concours de circonstance s'était retrouvé à siéger avec des têtes couronnées autour d'elle. Elle avait encore la fâcheuse pensée de se dire que si elle avait gagné sa place ici, c'est parce que Béric, son défunt mari, avait la confiance de la reine, mais pas forcément pour sa propre personnalité, même si elle l'avait certifié du contraire. Si son époux avait encore été en vie, il n'y aurait pas de doute possible, c'est lui qu'elle aurait mis à cette place et non sa jeune épouse, qui était issu d'une petite famille à l'autre bout de Westeros. Et ce n'était pas dans cette assemblée, alors qu'elle devait décider de l'accusation et de la sanction d'un ancien ami d'enfance, avec la présence de ce frère qu'elle chérissait tant, qu'elle avait eu l'impression de briller face aux autres personnes présentes. En plus de cela, elle portait ses vêtements à la couleur du deuil, qui contrastait avec la blancheur de sa peau et la blondeur de ses cheveux. Elle paraissait chétive, profondément malade, et prête à se briser en deux au moindre coup de vent. Elle avait honte de se présenter comme ça et alors qu'elle avait quitté la pièce, elle pensait à cet instant à regagner ses appartements et à se reposer quelques heures, elle n'avait pas envie que le Mestre ne vienne à nouveau à lui imposer de rester au lit. Elle avait passé bien assez de temps à ne rien faire et cela sans doute pour le reste de sa vie. Elle n'avait pas envie de devenir folle, et elle voulait pouvoir s'occuper de ses enfants, ils avaient besoin d'une mère, surtout Harlan qui n'était encore qu'un nourrisson. Pour autant, elle était enthousiasmée de voir qu'on s'intéressait à elle en dehors de ce que les obligations officielles pouvaient bien leur imposer.
Mina n'hésita pas alors à lui répondre avec franchise aux questions qu'il lui avait posé. Elle avait souffert de la mort de Béric, elle l'avait longtemps détesté de ne plus être à ses côtés, de l'avoir abandonné alors qu'elle allait lui donner un fils, et qu'elle aussi elle avait risqué sa vie pour pouvoir défendre l'honneur de sa famille. Elle ferma les yeux quelques instants, alors qu'elle se souvenait un instant de ce rêve, de cette sensation qu'elle avait eu, qu'il était avec elle. Elle savait que toute la colère qu'elle ressentait à son égard était véritablement stupide, mais elle ne pouvait s'empêcher de la ressentir, car d'une certaine façon, elle se sentait perdue sans lui, de ne pas avoir eu assez de temps à ses côtés. Elle sourit doucement. « Le destin du guerrier ? Voilà à quoi vous aspirez vous aussi ? A mourir sur le champ de bataille en homme d'honneur ? Je sais ce qu'il a fait, et je suis fière de lui, je suis fière d'avoir été sa femme et j'inculquerai cette fierté à mes enfants. Je dois m'y faire tout simplement. Il y a des jours où je l'accepte plus facilement que d'autres. » Aujourd'hui était un jour sans mais cela n'était que passager, et elle pouvait le retrouver, la nuit dans ses rêves. Sa place pour autant était à présent ici, pour les besoins d'Argella et puis elle avait demandé à ce que ses enfants soient gardés ici, en sécurité, alors que leur domaine était proche du front. « Pourquoi ne pas retourner directement chez vous ? Vous semblez être comme moi, à avoir beaucoup voyagé, et parfois à avoir du mal à savoir où nous sommes véritablement chez nous. Je suis née à la Treille … La vue de l'étendue de l'eau m'a toujours procuré une sensation de bien être. » Elle hocha lentement la tête. C'était ainsi, de nouvelles cités étaient en construction et Fort-Darion devait répondre au besoin d'une ville impériale. « Allez quand la guerre vous appelera, revenez gagnant, et demandez à pouvoir revoir Peyrdragon, quelques semaines. Je suis certaine que le Prince saura s'en sortir sans vous. »
Parfois quand on passait trop de temps à s'occuper des autres, on venait à oublier de s'occuper de soi. Elle le suivit doucement à travers le couloir qui lui avait indiqué, elle vint ensuite à s'approcher du balcon et elle appuya de ses mains sur le parapet, observant la vue qui s'offrait à eux. « Il y a en effet de forts caractères au sein de ce collège, et je crois qu'on a pu profiter aujourd'hui d'un parfait exemple. Mais ne pensez vous pas que la retenue dont je fais preuve, peut m'empêcher de me faire entre par les autres membres. Vos mots me touchent en tout cas, je suis heureuse au moins de savoir que j'ai pu avoir un peu d'incidence. En tout cas, votre sagesse et votre expérience sont des biens précieux pour le Collège. » Elle vint alors à s'installer sur le banc qui se trouvait le long du mur du balcon, elle pouvait ainsi profiter de la vue sans pour autant se sentir défaillir à cause de la fatigue. Mina hocha la tête, alors qu'elle repensait à toute cette histoire totalement folle. Yesaminda l'avait accompagné depuis Accalmie jusqu'au moment où elle était tombée malade, elle ne se souvenait pas de son arrivée à Fort-Darion et quand elle avait repris connaissance, elle avait retrouvé son frère et avait découvert que celui-ci s'était marié avec la jeune femme en question. « Et Garlan représente ma seule famille ici, en dehors de mes enfants bien sûr. C'est étrange comme les choses se passent parfois. En effet, nous faisons donc parti de la même famille d'une certaine manière. Cela me ferait plaisir de faire votre connaissance également. » Elle baissa un instant le regard. « Je ne sais plus quoi penser de Kevan Gardener. Je suis déçue de découvrir l'homme qu'il est devenu, et à la fois j'ose espérer qu'il pourra changer maintenant qu'il a été mis au pied du mur. » Elle releva enfin ses yeux pour pouvoir plonger son regard dans le sien. « Le Bief, cela me semble être il y a une éternité. Des souvenirs j'en ai, j'ai été dame de compagnie pour lady Aleyna Tyrell à Hautjardin … C'était une vie agréable mais je n'ai plus ma place là-bas. Et vous où avez vous grandis ? »
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Dim 20 Oct 2019 - 19:42
Peu de temps après avoir engagé la discussion, Baâl s’était aperçu que Mina restait encore faible et qu’elle peinait à se mouvoir. L’envie de discuter semblait bel et bien présente chez elle, toutefois les sujets sur lesquels le Forel venait de l’emmener ne l’aidaient objectivement pas à améliorer son état. Peut-être n’aurait-il pas dû présenter ses condoléances ; peut-être aurait-il été préférable de ne pas évoquer le sujet de Béric Swann. C’était trop tard désormais. A l’évocation du nom de feu son mari, Mina parut saisie par un sentiment ambivalent, qui devint visible jusque sur son fasciés. Baâl y voyait-là un étrange mélange de tristesse, de dégoût et de rancœur. La jeune femme réfléchit quelques instants et lui répondit d’une manière qui surprit Baâl. Il se sentit presque attaqué par ses mots puis, sans laisser paraître quoi que ce soit à la Lady, dégagea de ses propres pensées l’idée qu’elle avait pu vouloir le blesser ou lui être désagréable. Elle venait simplement de réagir à chaud, de laisser transparaître un instant de colère vivace ; comme la lionne qui manque presque de vous mordre lorsque vous pansez sa plaie et qui se ravise aussitôt, consciente qu’il lui faut bien de l’aide.
[Baâl] « Et bien… Oui, effectivement, dit-il avec un rictus. »
L’homme essaya d’arracher à Mina un sourire.
[Baâl] « C’est bien à ce destin que j’aspire moi-même bien que je ne sois pas particulièrement pressé du dénouement. Vous savez, mes quarante années sont passées désormais. A mon âge, chère demoiselle, un vieux guerrier comme moi préfère bien largement tomber au champ d’honneur que mourir bêtement dans son lit. Alors je redouble d’efforts pour tenter de trouver celui qui me la passera au travers du ventre ; mais il n’a pas l’air encore né. Les bretteurs de Westeros sont vaillants, forts et puissants mais ils manquent cruellement d’adresse et de finesse. Je crains devoir durer encore quelques années… »
A l’évocation de Peyredragon, Baâl se surprit à être saisit par une petite nostalgie. Rien d’équivalent à ce qui, parfois, lui tordait le ventre lorsqu’il pensait à Braavos et à sa famille mais quelque chose de suffisant pour qu’il réalise que cette terre était bien devenue la sienne.
[Baâl] « Je suis Général de Peyredragon, Mina Swann. Mes désirs et mes manques ne doivent pas empiéter sur le devoir qui m’incombe. Lorsque nous en aurons terminé avec les Hoare, je prendrai le temps de me reposer. Peut-être même que je m’accorderai un voyage que je retarde depuis trop longtemps… Un voyage lointain, un retour aux sources. Mais pour l’heure, mon rôle est bien d’être auprès de mes hommes et de servir mon Royaume là où je dois les mener. Je sais que vous êtes le genre de femme à pouvoir le comprendre. Vous aussi, en restant ici, faites le choix du devoir. »
La jeune femme s’installa sur un balcon. Le lieu, plus calme et propice à la contemplation, lui permit de s’ouvrir davantage au Forel. Elle lui narra d’abord ses doutes, quant à sa manière d’être et de faire au sein du conseil impérial. Elle lui exposa ensuite ses craintes et ses incertitudes pour l’avenir. Elle était Lady d’une Maison sans époux. Le dernier cordon qui la reliait encore avec ses origines, c’était Garlan Goldwyne : son frère. Lui-même était un guerrier et un commandant reconnu de la cavalerie impériale. Mina devait, en secret, craindre qu’il disparaisse au combat, lui aussi.
[Baâl] « Vous avez traversé des moments durs, Mina. Vous avez survécu là où beaucoup auraient succombé, soit par manque de vigueur soit par manque de foi. J’admire votre ténacité et votre courage. Et je ne pense pas être le seul, même si beaucoup ne vous le diront pas. Vous n’êtes pas responsable des choix de Kevan Gardener, pas davantage que d'autres personnes issues du Bief et faisant aujourd'hui partie de l'Empire. Vous êtes chez vous. Sachez que si vous éprouvez des moments de doute, voire de peur, vous pourrez compter sur moi pour vous prêter une oreille attentive. »
Lorsque Mina l’interrogea sur Braavos, Baâl plongea les yeux dans le vide. Il commençait à lui raconter sa jeunesse, sortant de sa mémoire les souvenirs qui lui sautaient dans la tête.
[Baâl] « Braavos est une cité magnifique. Protégée par les montagnes, longtemps restée secrète à Essos. La ville grouille de marchands, d’odeurs, de vie. Lorsque vous arrivez par le port, il vous faut bien marcher un quart d’heure avant de rejoindre le quai, tant il regorge de navires battant pavillon de tous horizons. Les ruelles sont bruyantes ; à chaque coin de rue un marchant vous propose des mets délicieux ou des soies venues de nulle part, brodées avec une dextérité typique de chez nous. Tout y est très différent… »
Le Forel marqua une pause, avant de reprendre.
[Baâl] « Si je ressors vivant de la campagne du printemps, je peux vous proposer de m’accompagner, si vous le souhaitez. Braavos vous plairait certainement, et le voyage est le meilleur onguent contre la peine et la petite santé. Si vous voulez, vous pourriez emmener vos enfants. Le voyage en bateau est un peu long, et parfois houleux. Mais ce serait pour vous tous de belles vacances. Ma famille nous accueillerait comme il se doit. Vous seriez notre hôte. On dit beaucoup de bien de l’hospitalité du Bief mais vous n’avez pas idée de celle de Braavos ! »
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Mar 22 Oct 2019 - 21:59
Mina se détesta presque immédiatement après avoir prononcé ces quelques mots contre Baâl Forel. Cela ne lui ressemblait pas d'être ainsi agressive, mais la guerre était une chose qu'elle concevait pleinement, sans pouvoir accepter pour autant la dure réalité et la fatalité qui venaient souvent accompagner les combats. Baâl semblait être un homme du même tempérament que Béric. Son devoir de chevalier, son devoir de soldat passait au-dessus de tout le reste, et mourir l'épée à la main en train de combattre pour les siens ou pour ses idéaux représentaient l'objectif ultime. Cependant, ce n'était pas simple à accepter, ni à gérer pour les personnes qui devaient vivre avec l'absence. Mina n'avait pas eu l'enfance rêvée sans qu'elle soit malheureuse, elle avait vécu une adolescence ni bonne ni mauvaise, mais au moins pouvait-elle prétendre qu'elle avait appris de nombreuses choses, qui lui avait permis de construire la femme qu'elle était à présent et c'était une victoire en soi. Elle n'attendait rien de son mariage, ce que son père voulait, elle s'exécutait, alors elle avait quitté le Bief et elle était devenu la femme d'un orageois, certes riche mais qui était bien plus âgée qu'elle et qui désirait surtout assurer sa lignée. Pour autant, elle était tombée amoureuse de lui, et lui d'elle. Ils avaient vécu une passion dévorante, et elle ne trouvait pas juste de l'avoir perdu si rapidement, alors qu'elle aurait pu avoir encore toute une vie à ses côtés, et elle aurait été sans doute heureuse. Mais tout cela lui avait échappé, car c'était un homme comme Baâl qui avait des valeurs et qu'une famille ne pourrait pas retenir sur ses terres, car malgré tout l'amour qu'il pourrait ressentir pour eux, c'était aussi cet amour qui le pousserait à aller combattre. Elle ferma doucement les yeux, baissa le visage quelques instants avant de le relever dans sa direction et de le regarder droit dans les yeux. « Je suis désolée … Ce n'était pas contre vous … Mais quand je vous entends parler, j'ai l'impression d'entendre Béric, et j'aurai aimé lui dire ses mots avant qu'il ne parte, j'aurai aimé le retenir auprès de moi, quelques instants de plus … J'espère sincèrement pour vous que vous aurez encore quelques années devant vous avant qu'un fier guerrier ne vienne à vous transpercer … Si c'est ainsi que vous voyez votre mort. »
« Oui nous avons tous les deux choisis de faire passer notre devoir avant le reste, car nous sommes des personnes qui pensons et agissons en conséquence de cela. Peut-être auriez-vous dû avant aujourd'hui connaître le roi Kevan Gardener, je ne doute pas que cela aurait certainement pu l'aider d'avoir un homme comme vous à ses côtés. Enfin, peut-être que l'empereur réussira aussi à faire prendre un peu conscience de son rôle à jouer au sein de cet empire pour lequel il a signé. » Mina s'installa doucement sur le balcon, elle gardait encore une certaine faiblesse, mais elle commençait doucement à s'en remettre, ce n'était qu'une fatigue passagère et cela ne l'empêchait en aucun cas de discuter avec le Général des armées de Peyredragon. Elle l'invita d'un signe discret à venir s'installer à ses côtés, pour pouvoir discuter en tête à tête sans qu'il ne la surveille de toute sa hauteurs. Cela avait le don de lui donner un peu le tournis, d'ainsi lever le regard pour l'observer. « J'ai toujours été ainsi, ne pas se laisser abattre, peut-être parce que j'étais la dernière fille de ma famille, l'avant-dernier enfant et que si je voulais obtenir quelque chose, il me fallait y parvenir par moi-même. Je sais que je ne suis pas responsable des décisions de Kevan Gardener. Il a près d'une dizaine d'années de plus que moi, je l'ai connu, je n'étais qu'une enfant, et mon frère l'a toujours accompagné alors il est devenu un peu le mien par extension. C'était un ami je pense, et je suis amère de ce qu'il est devenu tout simplement. Néanmoins je vous remercie du soutien que vous m'affichez. »
« Votre cité à l'air tellement vivante … Vous devez un peu vous ennuyez ici non ? C'est peut être un peu personnel ce que je vais vous demander ça mais qu'est-ce qui vous a conduit de Braavos à devenir le Général des armées de Peyrdragon ? » Elle baissa la tête, se mettant légèrement à rougir en entendant les mots de Baâl à son attention. Certes découvrir Braavos était sans doute une expérience extraordinaire qui ne se reproduirait peut-être pas. « Vous en faites beaucoup trop pour moi … Je ne peux pas accepter tout cela de votre part … Cela me touche sincèrement, mais je ne crois pas que je mérite tant d'égards … Revenez du la guerre et nous verrons alors si nous partirons ensemble à Braavos. » Elle lui fit un clin d’œil.
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Dim 27 Oct 2019 - 17:49
Baâl venait de s’accouder sur la rambarde du petit balcon, où tous deux venaient de s’isoler. Il écouta la jeune femme, conservant cette attitude calme et bienveillante qui le caractérisait. Rapidement, Mina évacua ouvertement l’idée qu’elle avait pu chercher à le blesser, par ses mots ou le ton employé. Elle se montra un peu confuse et d’une sincérité touchante. Tandis qu’elle s’excusait et explicitait ses propos, ses yeux cherchèrent ceux du Général, qui ne tarda pas à les lui offrir à son tour. Il se passa un court instant où rien ne se dit plus ; il venait simplement de tourner la tête pour partager son regard et la rassurer d’un rictus. L’homme ne revint pas davantage sur ce sujet.
Après avoir répondu au sujet de Kevan Gardener, la belle orageoise sembla interpelée par le parcours et la vie de Baâl, dont il était vrai qu’elle n’était pas des plus classiques. Elle manifesta l’envie d’en savoir davantage sur sa venue en Westeros, sur le chemin qui l’avait conduit à être le Général de Peyredragon, la Main de Rhaenys puis la Main d’Orys Baratheon. A son invitation à venir avec lui, une fois la guerre terminée, en voyage à Braavos, Mina Swann préféra miser sur le conditionnel. Avec amitié et un brin d’humour, la Lady ne refusa pas la proposition du Forel. Elle nota les incertitudes qui pesaient sur tout l’Empire à l’approche de la reprise de la guerre et des batailles ; et Baâl y serait un acteur omniprésent. Encore faudrait-il qu’il en revienne en vie… Cette idée ne le refroidit pas pour autant. De la part de Mina, il ne sentit pas un refus mais plutôt une réserve légitime. Après tout, ils ne se connaissaient pas beaucoup. Baâl, de son côté, avait gardé ce trait de caractère, typique des habitants côtiers d’Essos, propice à la chaleur naturelle et à l’invitation facile. Si bien qu’il ne lui fut pas difficile de ne pas perdre la face lorsque la jeune femme tempéra l’idée de vacances entre quatre yeux. L’homme réceptionna la réponse avec un sourire, faisant comprendre à Mina qu’il ne serait pas homme à se vexer pour si peu. D’un nouveau sourire, il lui communiqua aussi qu’il la comprenait et qu’il ne la ferait pas culpabiliser pour si peu.
Baâl quitta le regard doux de Mina et plongea ses yeux dans le vide, scrutant un je ne sais quoi abyssal en contrebas du balcon. L’air était encore frais mais devenait, peu à peu, plus supportable au clair de Lune. Le Forel resta silencieux quelques longues secondes. Il reprit.
[Baâl] « Je suis né à Braavos. Comme tous les membres de ma famille, j’ai été formé aux arts des Maîtres épéistes de ma cité, dont la renommée traverse les continents. A l’âge de mes seize ans, je suis tombé amoureux d’une femme ; mais cette femme ne m’aimait pas et était convoitée par mon frère aîné. Elle est aujourd’hui sa femme ; je ne leur en veux pas. J’étais un jeune homme, ce sont des choses qui arrivent. Mais ce chagrin de jeunesse m’a poussé à l’aventure. Je n’avais plus envie de rester à Essos. J’ai pris un navire pour Westeros et j’ai accosté à Sombreval. J’ai exercé comme maître d’armes auprès de différentes seigneuries du Conflans, du Val et de l’Orage. Un jour, la nouvelle se répandait que Peyredragon organisait un tournoi. Je m’y suis inscrit, pensant qu’il pourrait être une bonne occasion pour croiser l’épée et attirer l’attention d’un Lord bien offrant. J’ai gagné ce tournoi, en battant notamment Lord Rollingford et Lord Velaryon. Le Roi Aerion Targaryen, le père de Rhaenys, m’a ensuite engagé à son service et m’a chargé d’instruire ses enfants aux arts de l’épée de Braavos. »
Il marqua une courte pause.
[Baâl] « Aerion est devenu un ami, plus qu’un souverain. Au fil des années, il m’a fait confiance et m’a donné beaucoup. A sa mort, il m’a chargé personnellement de veiller sur le sort de ses enfants : Aegon, Visenya, Rhaenys et Orys, son fils bâtard. J’ai juré à Aerion de protéger ses enfants coûte que coûte, et… j’ai failli. »
La voix de Baâl se fit sèche et sa gorge sembla se serrer. Il s’interrompit quelques instants, lutant contre la peine, et continua.
[Baâl] « Harren le Noir est parvenu à assassiner Aegon et Visenya. Et je n’étais pas là pour les défendre. Aujourd’hui, il ne me reste que Rhaenys et Orys. C’est Aegon, lorsqu’il était Roi de Peyredragon, qui m’a nommé Général des armées du Royaume. J’exerce cette responsabilité sans discontinuité, depuis. Rhaenys, quant à elle, m’avait choisi comme Main lorsqu’elle était encore Reine de Peyredragon. Devenue Impératrice, elle a souhaité que je conserve cette fonction quand Orys est devenu le Prince Régent de notre Royaume. »
Le Forel soupira. Narrer ces évènements lui était encore difficile. Ils le seraient sûrement toute sa vie. Il souffrait d’un cruel sentiment de culpabilité, qu’il était parvenu à juguler mais jamais à vaincre totalement. Tandis qu’il racontait son parcours à Mina, l’homme réalisait que peu de personnes en sauraient autant qu’elle sur son passé et les évènements qui l’avaient conduit jusqu’ici. Elle serait dans la confidence. Mais il nourrissait à son égard une confiance qu’il ne s’expliquait pas et qui, il l’espérait, ne serait pas trahie. Redressant son visage et le tournant de nouveau vers Mina, il trahit une larme qui perlait encore en bas de sa joue brune. Il y avait là tout ce qu’un homme pouvait avoir de beau et de contradictoire : cette volonté acharnée de toujours rester fort et droit devant autrui, ébranlée l’espace d’un instant par la peine, qu’il contenait en lui. Il changea de sujet.
[Baâl] « J’espère avoir l’occasion de vous y emmener, oui. Cette idée sera une raison supplémentaire de revenir ici envie, dit-il en retrouvant le sourire. »
Se redressant, il pivota et se mit face à Mina. Il saisit calmement ses deux mains, fraîches et fines, avec délicatesse, sans jamais chercher à la brusquer. Il chercha les yeux de la demoiselle, jusqu’à ce que celle-ci croise les siens. Il continua ensuite.
[Baâl] « Mina… Ce que je vais vous dire vous paraîtra peut-être sot, ou dénué de sens. Je sais que vous êtes une belle et jeune femme ; je sais que vous pouvez aspirer à bien mieux qu’un Général dans l’âge, et contraint aux champs de bataille. Mais je dois vous dire que… Cela fait plusieurs semaines maintenant que je me surprends à songer à vous. Non pas que vous m’obséderiez mais… vous me touchez et avez nourri chez moi une profonde affection, certainement malgré vous. Je vous trouve très belle, et j’apprécie la personne que vous êtes. Si vous m’en laissez la chance et que vous me jugez digne d’intérêt, j’aimerais vous prouver ma valeur ; non comme guerrier mais comme homme… »
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Mar 29 Oct 2019 - 19:24
Par des gestes, des regards tendres, Baâl savait la rassurer, elle qui se retrouvait à cet instant si maladroite pour s'exprimer, il était rare qu'on vienne à la voir sans ne trouver quoi dire, ou sans savoir comment présenter, comment dire les choses. Elle essayait presque de cacher son visage, alors qu'une petite rougeur de confusion avait pris place sur ses joues. Le silence avait quelque chose d'agréable à ses côtés et elle se perdit quelques instants dans son regard avant de finir par se détourner. Mina avait toujours eu cette belle assurance, ce petit caractère piquant qui même dans une situation qui aurait pu paraître gênante, finissait par passer, le rire et le sourire étaient souvent ses armes ultimes pour cacher cet instant de malaise qu'elle pouvait ressentir. Peut-être qu'elle avait perdu ce don à la répartie depuis qu'elle était tombée malade, où peut-être était-ce plutôt le fait que cette conversation avait une connotation bien différente, bien plus sincère que ce qu'elle avait pu vivre depuis bien longtemps, où pour une fois on ne venait pas seulement à lui parler de son devoir, de son mari, de la guerre et de la négociation. Du rôle qu'elle pouvait jouer pour l'Orage ou pour l'Empire. On parlait juste de lui et d'elle, en toute honnêteté, en toute franchise, en toute simplicité. Elle se sentait un peu perdue, un peu différente après la demande qu'il lui avait faite de l'emmener avec lui jusqu'à Braavos. Ce n'était pas tant le voyage que l'idée avec qui elle pourrait le faire qui venait à la perturber. Non, en réalité, c'était tout ce que ce la venait à sous entendre derrière. Mina était une jeune femme, une belle jeune femme à qui on aurait sans doute pu avoir une quelconque attention à son égard, mais elle était née dans une famille de basse extraction, et malgré cela, son père avait espéré que tous ses enfants puissent lui apporter un peu plus de prestige et c'est tout ce qui comptait, en aucun cas le reste. Même avec Béric, si les choses avaient fini par bien se dérouler entre eux, l'intérêt premier était qu'elle lui donne un fils, là où sa femme précédente, malheureusement décédée n'avait pas réussi à lui donner. C'était donc son ventre qu'on voulait, le reste était pleinement secondaire. Là, elle sentait que les choses étaient bien différentes et elle ne savait comment elle devait alors réagir.
Mina se laissa porter par le son de sa voix, alors qu'il lui racontait son parcours, un long chemin qui avait fini par le conduire à Fort-Darion, jusqu'à ce balcon à cet instant avec elle. Oui, les maîtres d'armes venant d'Essos étaient réputés, même jusqu'à la Treille, il n'y avait pas besoin de savoir beaucoup sur eux pour que leur réputation soit faite. C'était un homme qui n'avait jamais cessé de s'activer, de voir, de visiter le monde, avait-il eu peur de quitter Braavos pour Westeros ? Voyant successivement dans différents royaumes de ce nouveau territoire avant de finir par s'installer à Peyredragon, et de venir à servir un roi et de former ses propres enfants. Il avait donné sa vie pour eux, d'une certaine façon. Elle se mordit doucement la lèvre quand il parla de l'assassinat de deux des enfants d'Aerion, elle avait la gorge sèche à la simple idée de la douleur qu'il avait pu ressentir, et de la culpabilité qui avait sans doute été la sienne, et qui le resterait sans doute éternellement. Même s'il n'était pas là ce jour-là, et que ce n'était pas un crime, ça ne serait jamais un crime. Mais l'esprit humain ne réagissait pas ainsi et il avait donc voué le reste de ses jours à servir sa reine, et maintenant son impératrice. Et il serait au service de Orys, voir peut-être même de la jeune Athynéa quand elle n'aurait plus besoin de régent … Il serait là jusqu'au bout car s'était et se serait toujours un homme d'honneur et qu'il devait se dire que sa mission ne serait jamais achevée. Il montrait ses blessures, il les évoquait à voix haute et cela touchait profondément le cœur de la jeune femme. Tout doucement, elle se redressa, pour pouvoir être à sa hauteur alors qu'il venait à tourner son visage dans sa direction. Elle le regarda avec une infinie tendresse, portant très lentement sa main vers sa joue, venant à quérir au creux du bout du doigt, cette larme qui était venue se perdre dans sa courte barbe, et elle l'effaça avec toute la tendresse du monde. Sa main glissa le long de son corps et elle détourna son visage pour pouvoir fixer à nouveau le paysage qui leur faisait face à partir de ce balcon, elle se mit à nouveau à sourire doucement, une fossette se creusant alors au creux de sa joue. « Revenez, retrouvons-nous et je vous y accompagnerai ... » Murmura-t-elle du bout des lèvres, ayant prononcé ces mots assez forts pour qu'il puisse les avoir entendu. Mina se tourna vers lui alors qu'il en faisait de même, et elle le laissa faire, venant à prendre ses mains dans les siennes. Elle les fixa un long moment, en silence, sentant ses paumes contre les siennes, les pressant alors un peu plus alors qu'elle écoutait ses mots qu'il venait à prononcer pour elle. Elle finit par relever son regard pour se fixer au sien, si doux et si tendre à cet instant. Juste pour elle. Son cœur manqua un battement, puis un autre. Elle se pencha doucement et elle vint à poser ses lèvres sur ses mains gelées, soufflant doucement sur ses doigts pour lui apporter un peu de chaleur, avant d'embrasser sa peau du bout des lèvres. Puis, elle redressa le visage, s'approcha doucement et vint à poser ses lèvres sur sa joue, non loin de son oreille et elle murmura à nouveau à son attention. « J'accepte … Je vous accepte Baâl ... »
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Mer 30 Oct 2019 - 23:58
La brise fraîche cessa un moment de lui caresser l’échine. Ci et là, quelques bourrasques faiblardes faisaient valser la robe délicate de Mina, dans un balai soyeux qu’il aurait pu admirer pendant des heures. Tout n’était là que délicatesse ; et volupté lorsque, parfois, quelque souffle timide venait plaquer son habit somptueux contre les formes de son corps. La jeune femme prit ses mains froides entre les siennes. Homme de l’été et des sables, Baâl ne s’était jamais vraiment fait aux saisons mortes de Westeros. Tout juste s’y était-il habitué, autant que faire se peut. La douce déposa un baiser sur ses poignes rustiques, endurcies jusqu’à la corne par l’épreuve des combats et des campagnes. Pour la première fois peut-être, l’homme frissonna d’un sentiment qu’il avait du mal à cerner. Ce soir, c’était lui que l’on protégeait, que l’on chérissait un peu, dans un geste gratuit d’affection. L’homme plissa les yeux ; comme pour mieux se jeter, à cœur perdu, dans les méandres d’émeraude qui le dévisageaient toujours. Il pouvait y voir de la tendresse ; beaucoup de tendresse. Parfois, la joie de son visage se noircissait de peur, quelques secondes seulement, trahissant l’hésitation qu’elle devait sentir brûler au fond d’elle-même. Lui ne la brusqua pas un seul instant, préférant laisser le moment dicter ses intentions. Mina se rapprocha de lui. Lorsqu’elle fut suffisamment proche de sa joue pour que son souffle chaud lui anime les sens, elle lui murmura sa réponse. Elle l’acceptait.
Baâl s’accorda quelques secondes, figé, sans vraiment réagir aux paroles de la Lady. Puis, calmement, il vint l’entourer entre ses bras, fermant ses paupières brunes pour mieux ressentir leur première étreinte. Elle serait apaisante, rassurante et authentique. Lentement, l’homme fit glisser son bras en remontant jusqu’à la chevelure dorée de Mina. Avec délicatesse, il vint placer sa paume contre l’arrière de sa nuque et la chérit de quelques caresses, la blottissant contre son torse. Elle pouvait sentir sa respiration lourde s’accélérer un peu. Proches l’un de l’autre, à l’abris des regards indiscrets, le Général de Peyredragon lui murmura à son tour à l’oreille.
[Baâl] « Je voudrais que cet instant ne cesse jamais. Je veillerai sur vous, Mina... »
Il ne sut pas que dire d’autre. Ouvrant de nouveau les yeux, Baâl plongea un regard doux et attendri dans le vide qui lui faisait face. Le parfum de la jeune femme acheva de l’envoûter, fleural, féminin, suave. Baâl prit entre ses doigts une poignée de cheveux de Mina et inspira profondément. Il sourit ; il se sentait en paix. De l’autre côté de la muraille, des bruits d’armures et de chevaux se firent entendre, rompant le silence enveloppant dans lequel ils s’étaient réfugiés. Le bruit du fer et des lames arracha une moue soudaine sur le visage de Baâl ; la réalité venait de se rappeler à lui, avec brutalité. Dans quelques jours, il serait loin de Fort-Darion, loin de Mina Swann, loin de ce moment d’amour fugace auquel il avait si rarement goûté. C’était la première fois qu’il en venait à se demander si l’appel de la bataille ne lui serait pas un fardeau. Combien aurait-il préféré, à cet instant, s’éterniser à tout jamais sur ce petit balcon.
[Baâl] « Je veux que vous me promettiez de vous ménager, lorsque je ne serai pas là. Prenez du repos. Soignez-vous. Je ne pourrais supporter l’idée de vous retrouver faible ou malade. »
L’homme la serra un peu moins fort, et vint de nouveau lui parler, face à face, avec solennité.
[Baâl] « Un jour, je l’espère, le destin fera de moi un homme chanceux ; en devenant le vôtre. Nous avons tous deux des chemins à suivre et des responsabilités à honorer. Sachez que loin de vous, je ne vous oublierai pas. Je vous écrirai régulièrement. »
Il laissa échapper une seconde larme, cette fois-ci de bonheur. Il lui sourit.
[Baâl] « Savez-vous ce qu’on dit, à Braavos ? »
Il marqua une courte pause.
[Baâl] « On embrasse une femme sur les lèvres pour lui dire qu’on la désire. Et sur le front, pour lui dire qu’on l’aime. »
Il plaça ses mains contre ses joues, inclinant doucement sa tête vers l’avant. Il déposa un baiser sur son front nacré puis, dans un même mouvement, vint poser sa tête contre la sienne. Il ferma de nouveau les yeux.
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Sam 2 Nov 2019 - 21:27
Le temps semblait être suspendu, le calme avait envahi son cœur et sa tête. Un calme qu'elle ne connaissait plus depuis de nombreux mois maintenant. Mina avait l'impression de pouvoir tout ressentir dans le moindre détail, caresse du vent contre les jupons de sa robe, la douce brise qui venait faire voleter ses cheveux, le contact délicat de ses mains avec celle de Baâl. Il était clair qu'elle s'était laissée aller à ce que son cœur lui dictait, guidée par un sentiment étrange qu'elle ne comprenait pas, et qu'elle n'avait pas envie de comprendre pour le moment. Tout ce qu'elle pouvait dire c'était que ce moment était agréable, et qu'elle n'aurait pas voulu être ailleurs à cet instant. Elle se sentait à sa place, là, tenant les mains de cet homme entre les siennes, partageant quelques minutes de tendresse, de douceur, à l'abri des regards indiscrets. Juste un homme et une femme. Juste lui et elle. Juste eux … Presque comme si c'était un geste interdit, elle avait posé ses lèvres sur les mains froides de l'homme tout en le fixant du regard. Il y avait cette connexion entre eux à cet instant, et rien n'aurait pu rompre ce contact. Pour autant, une ombre passa un instant dans son regard, sur son visage mais surtout dans son esprit … Le souvenir de Béric était encore bien présent et elle portait encore son deuil. Il était difficile d'être une femme, d'être une femme qui voulait respecter les traditions, qui voulait respecter la mémoire de l'homme qui avait été son mari, mais qui était réellement touchée par l'homme qui était venu l'aborder et qui avait su trouver les mots pour l'émouvoir. Fermant quelques instants les yeux, elle se mit à penser que Béric n'aurait pu qu'estimer et apprécier un homme comme Baâl et qu'ils avaient tous les deux les mêmes valeurs. Elle redressa doucement son visage, se rapprocha lentement de lui pour embrasser sa joue avec délicatesse et pour murmurer quelques mots à son oreille. Elle laissa quelques instants ses lèvres effleurés sa peau, voulant sacraliser l'instant.
Mina sentit alors les bras forts de l'homme, rompus au maniement de l'épée, à des années d'entraînement et de combats, se refermer lentement autour d'elle dans une étreinte qu'elle désirait de tout son être. Ses mains vinrent se poser autour de sa taille, les yeux clos pour pouvoir profiter de cet instant délicat qu'ils partageaient tous les deux. Elle ne put retenir un doux frisson la parcourir alors qu'il venait à remonter sa main le long de son dos, puis venir la placer dans le creux de sa nuque. Elle appuya un peu plus son cou contre la paume de l'homme de Braavos, qui s'était réchauffé à son contact. Elle passa alors une main le long de son torse, remontant doucement contre le tissu qui le protégeait pour pouvoir s'accrocher à lui, alors qu'elle se sentait faiblir quelque peu aux creux de ses bras qui avaient la volonté de la protéger. Elle se mordit la lèvre quand il vint à murmurer à son oreille et elle vint alors poser sa joue contre la sienne, caressant quelques instants sa peau contre la sienne avant de reculer son visage pour pouvoir l'observer. Elle le vit ouvrir à nouveau les yeux, comme si d'une certaine manière, cet instant de paix était sur le point de s'achever. Elle vint caresser sa joue, tout en se laissant à rire. « Vous vous inquiétez pour moi, alors que c'est vous qui partez en guerre … Je ne pourrais supporter l'idée de vous perdre … Quant à moi, je suis parfaitement bien suivis, le printemps me donnera à nouveau la force, là où l'hiver a été long et coûteux pour ma santé. » Elle inclina doucement la tête. « Ce temps de séparation ne pourra que nous aider à accomplir nos devoirs et à exacerber notre plaisir de nous retrouver. Tant que nous pourrons nous écrire, tant que j'aurais des nouvelles de vous, tout ira bien. » Les mots qu'il vint alors à prononcer, lui fit monter une douce chaleur dans le cœur de la jeune femme, elle avait du mal à contenir tous les sentiments qui venaient à la submerger. Ses mains avaient lentement glissé le long de son corps, dans cette attente d'un geste de sa part qui ne tarda pas à venir, alors qu'il prenait son visage en coupe, elle soupira légèrement d'appréhension mais aussi de désir à son égard. Baâl était un homme d'honneur, qui avait la volonté d'être véridique avec elle, dans les sentiments qu'il lui présentait, et le tout sans ne jamais la brusquer … Il avait le désir de la préserver, de la protéger … C'était profondément touchant, mais les lèvres qu'elle avait pu sentir sur son front, avait créé une certaine frustration, de ne pas avoir pu les sentir sur sa propre bouche. Elle remonta ses bras, frôlant son buste de ses mains avant de venir d'en poser une dans sa nuque, et l'autre se glissant dans ses cheveux. Doucement, elle l'attira vers elle, son visage proche du sien, leurs lèvres se frôlant pendant quelques instants avant qu'elle ne vienne à l'embrasser avec une tendre passion, avide de ce moment volé avec lui. Les secondes défilèrent sans qu'elle ne vienne à rompre le contact avant de s'écarter de lui, le regard brillant. « Je suis certaine ainsi que vous ne m'oublierez pas. » Elle vint ensuite bien plus timidement embrasser son front, puis avec un petit sourire malicieux, elle s'inclina devant lui avant de repartir dans le couloir, le rouge aux joues par cet instant de bonheur qu'elle ne pourrait oublier ...
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Mina Swann
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Sujet: Re: [FB] Constance [Tour VII - Terminé] Mar 5 Nov 2019 - 13:49
L’étreinte se poursuivit quelques instants. Leurs corps s’apprivoisaient, se goûtaient de tous leurs sens, rythmés des impulsions contradictoires, tantôt empreintes de fougue, tantôt pleines de retenue. Leur affection naissante n’était finalement que noblesse. Il n’y aurait pas d’effusion charnelle ; pas non plus d’élans superflus. Seul comptait, à cet instant, le simple partage de leurs sentiments chuchotés. Avec la même délicatesse, Mina se mut contre son buste puis rapprocha Baâl de son visage. L’homme pouvait sentir sa bouche contre sa joue. S’abandonnant davantage à lui, la jeune femme se reposa dans ses bras et s’y laissa porter un peu, tandis qu’elle lui murmura sa réponse. Celle-ci ne fit que réchauffer encore le cœur du chef de guerre. Tous deux partageaient, finalement, le même désir de s’essayer. Ils ressentaient le même besoin de se parler et d’offrir une chance à ce moment de révélation, qu’ils allaient bientôt abandonner ; chacun appelé à son devoir respectif. Alors, Mina et Baâl se firent la promesse solennelle de continuer à s’écrire, d’une manière ou d’une autre, jusqu’à leurs retrouvailles.
Puis, la Lady s’extirpa calmement des bras du Forel. Tandis qu’il réalisait, sans vraiment l’admettre, ce qu’elle s’apprêtait à lui offrir, il se laissa guider par les gestes de cette douce et petite créature. Ils s’embrassèrent, passionnément. Lentement, la jeune femme le quitta en accompagnant son départ de paroles rassurantes. Baâl resta, lui, sur le balcon. Retrouvant le visage impassible qui le caractérisait, il observa Mina s’éloigner, jusqu’à ce qu’elle ne fasse plus qu’un avec l’ombre du long couloir. Il ne resta alors qu’un silence, et ce qui était déjà un heureux souvenir. Pendant plusieurs semaines, c’est à cela qu’il devrait se raccrocher ; son image, son odeur, ses mots. Déjà, l’homme luttait de l’intérieur pour chasser de son esprit ce cruel sentiment de manque qu’il sentait grimper jusqu’à sa gorge, nouée malgré lui. Mais Baâl était fort, il ne pleurerait pas une femme. Ce qui l’émouvait, en cet instant, n’était pas tant la perspective de s’éloigner de Mina, qui l’attirait de tout son instinct mais qu’il ne connaissait alors qu’en surface. Non ; ce qui le peinait était cette impression, assez douloureuse, de n’avoir pas pu profiter longtemps d’un moment de joie si rare.
Baâl s’appuya de nouveau contre la rambarde du balcon. Il se plongea un peu dans ses songes, réfléchissant à beaucoup de choses : la campagne militaire à venir, Essos, cette jeune Mina… puis Rhaenys, au sujet de laquelle il attarda ses réflexions. Il connaissait le tempérament de sa protégée ; il savait qu’elle lui vouait l’amour qu’une fille éprouve à l’égard de son père. Il se demandait aussi comment Rhaenys prendrait un jour la nouvelle, si Baâl lui annonçait qu’il éprouvait des sentiments pour une femme. Le cas de figure ne s’était jamais vraiment présenté. Qu’en serait-il si, a fortiori, Baâl souhaitait un jour prendre une épouse et fonder une famille ? Il n’avait pas véritablement de réponse à ces interrogations.
Bientôt, l’homme redescendit à son tour les couloirs de Fort-Darion. Il partit rejoindre ses hommes. Dans quelques jours, il quitterait la capitale.