Sujet: Votes animation "et si?" Sam 24 Aoû - 13:54
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L’uchronie dans l’uchronie !
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Texte 1:
ET SI L’HIVER ETAIT VENU?
| Pour vous être élevé contre Sa Majesté le Roi Harren de la Maison Hoare, pour avoir fomenté des rébellions et la sédition sur Ses Terres et pour être responsables de la mort et de la ruine de tant de Ses Gens, vous êtes condamné à être pendu haut et court. Les suppliciés ont-ils une dernière volonté? |
L’Empereur lance un regard en coin à Orys Baratheon; il sait qu’il doit avoir l’air si misérable avec le coin de ses lèvres ensanglanté, cet oeil poché et injecté de sang, cette plaie qui lui barrait le visage. Baratheon hoche la tête, laisse à l’Empereur cette dernière politesse.
| Tu verras… Quelqu’un de meilleur que moi viendra bientôt. Et elle te tuera, toi et tous tes putains d’héritiers! |
La foule hurle, couvre la fin de ses injures de ses propres cris. Le Roi, semblant las de cette comédie, fait signe au bourreau. On les force à seremettre sur nos pieds. On leur passe la corde autour du cou; les nœuds coulants sont resserrés et ne lâchant pas son pire ennemi du regard, Torrhen Braenaryon crache par terre dans sa direction, ultime geste de défi alors que le bourreau tire sur la manette, ouvrant leurs pieds sur leurs propres abîmes.
….
Ils étaient morts dans l’infamie et dans le dénuement le plus complet. Battus à mort et pendus, voilà la fin de deux des plus grands héros de l’Empire tout jeune. L’Empereur avait jeté toutes ses forces de Vivesaigues dans la bataille de Buron. Ecrasé au second jour de la bataille, il avait été exécuté par les forces d’Harren le Noir dès le lendemain avec son beau-frère Orys Baratheon. Les mestres débattront pendant des siècles des raisons qui avaient poussé l’Empereur à cette attaque ; certains soutinrent qu’il s’agissait d’une opportunité en or, les forces d’Harren étant séparées en deux. L’idée d’écraser la première moitié puis l’autre se défendait. D’autres dirent qu’il y eu complot là-dessous, que des correspondances entre Myria Hoare et le Braenaryon avaient été retrouvées. Le reste se rangea à l’avis du coeur, et expliquèrent l’offensive par la perte des premiers héritiers de la Couronne. L’Impératrice Rhaenys, alors en train de revenir de l’Orage, avait perdu beaucoup de sang, et avait failli mourir quand son corps libérait deux enfants morts-nés, une petite fille, et un petit garçon. Héritiers déchus, abattus par le poison. L’Impératrice arriva à Buron avec quelques jours de retard. Harren le Noir avait déjà pris la route de Vivesaigues qu’il assiégeait. Dans la neige recouvrant le champ de bataille, la jeune Rhaenys Braenaryon ne mit pas longtemps à retrouver son mari. Il y avait pourtant là vingt mille cadavres, et plus encore de chevaux et de bêtes de trait qui avaient été abattus par la folie des hommes.
L’Empereur avait été mutilé, cloué à une parodie de trône. Une tête de loup avait été fichée à la place de sa propre tête, posée sur ses genoux figés par le gel. Orys Baratheon avait été abandonné à même le sol, muni d’une pancarte « le sort des bâtards ». Leurs épées valyriennes, volées. « Si vous les cherchez, il n’en auront plus besoin » disait le parchemin roulé dans le fourreau de l’Empereur.
Pleurant les deux hommes qui étaient toute sa vie, Rhaenys se laissa dépérir des jours durant, rassemblant toutefois les maigres réserves de l’Empire dans la région de Sombreval. Fort-Darion étaient aux mains du pirate Lyle Salfalaise, qui contrôlait la capitale impériale depuis un audacieux coup de main. Nul secours de ce côté-là. L’Orage était cerné.
Il restait pourtant de l’espoir.
Jon Stark et Lyham Tully, en campagne sur la côte, arrivaient avec une armée de secours. Arrivés devant Vivesaigues, ils ne trouvèrent aucune armée ennemie. Celle-ci attendait patiemment au nord et au sud. Et fit le tour du camp coalisé pour refermer la nasse, quand Harren repassa le fleuve pour leur livrer bataille. Ecrasés par des forces plusieurs fois supérieures en nombre, les jeunes héros périrent dans l’adversité. Lyham Tully dû regarder la garde du Noir ravager sa famille, avant d’être tous pendus par dessus les créneaux qui donnaient sur le fleuve. Lui-même fut emprisonné dans une cage, nourri de restes de repas lancés du haut des murailles, avec pour seule compagnie les corps des siens. Jon Stark disparut dans la tourmente, tombé avec son camarade Bowen Glover et la totalité des grands généraux nordiens encore en vie en dehors de Lord Manderly, défendant Accalmie. Nulle sépulture pour les soldats du Nord ; ils furent laissés aux bons soins des corbeaux, des loups et des chiens errants.
Il ne restait plus beaucoup d’espoir pour l’Empire, attaqué de toutes parts. Rhaenys Braenaryon, décidée à venger les siens et tenter le tout pour le tout, marcha sur Harrenhal avec ce qu’il restait des armées de Peyredragon et un contingent de l’Orage. La bataille sous les créneaux fut terrible. Les impériaux, dépassés par la masse coalisée, crurent leur salut venu du ciel en la personne de l’Impératrice. Des milliers de soldats Hoare furent incinérés, lacérés ou dévorés, la ville était en proie aux flammes. L’Impératrice ne s’arrêtait pas dans son œuvre de destruction. Meraxès dévora Yoren Pyke et sa coterie de guerriers fer-nés, puis incendia les créneaux où se trouvait Harren en personne. Elle poursuivit le carnage des heures durant… Jusqu’à ce qu’un tir chanceux d’une des balistes de la capitale ne fasse chuter le dragon, occupé à proclamer haut et fort d’un rugissement rugueux qu’il n’allait pas faire de quartiers.
La bête tomba, l’Impératrice avec elle. Au sol, ce qu’il restait de l’armée Hoare poussa en avant, alors que les débris de l’armée impériale tentaient de dégager leur Impératrice. Rhaenys était coincée, et brisée, sous le corps de sa sœur reptilienne. Meraxès tua encore à coups de crocs plusieurs imprudents, mais finit lacérée de coups de hallebardes. L’Impératrice se vit couper la gorge par la valetaille, provoquant la déroute de ce qu’il lui restait de fidèles. La Reine Argella Durrandon, proche de l’Impératrice, emmena ses hommes dans une dernière charge pour l’honneur qui lui fut fatale. Ses ennemis ne lui permirent pas de reposer près du corps de son amie ; son corps fut brûlé comme hérétique.
L’Empire était mort. Le Sel et le Roc avec lui. Ayant passé des accords avec l’Ouest pour protéger le trône de son fils, Myria Hoare avait toute confiance dans ses alliés lorsqu’ils s’interposèrent entre ce qu’il restait d’Harrenhal et Eren Hightower, dernière fille d’Harren, venue avec une armée bieffoise et loyaliste pour l’aider à récupérer le trône de son père. L’affaire fut vite expédiée ; Eren négocia la couronne des Iles de Fer, contre la paix. Les Lannister l’accordèrent, et dépouillèrent le Conflans avec leurs alliés du Val une fois la gorge des derniers Hoare tranchés. La faute à Eren Hightower, accusèrent-ils.
Les pièces étaient en place pour un conflit plus grand encore. D’un côté, l’Ouest et le Val. Les Lannister disposaient des Terres de l’Ouest, de la moitié du Conflans et d’une partie du Nord rallié à la Princesse Jeyne ; elle et son jeune frère Walton étaient les derniers héritiers du trône mais la Reine Jordane n’allait pas laisser un gamin se mettre en travers de sa route… Le Val quant à lui, apportait sa richesse, la Néra récemment conquise ainsi que l’autre partie du Conflans. L’Orage, mis à genoux par les armées Hightower, se rangea par défaut du côté des vainqueurs. Son trône promis à Dorne car le Prince Roward Martell restait l’époux de feue la Reine Argella de l’Orage, le Bief parvint à se faire de la Principauté sudienne un précieux allié malgré le conflit récent.
L’Ere des Luttes était terminée, pour faire place à la Grande Guerre.
Texte 2:
Et si ... les dragons des mers avaient épousé les dragons des airs
"Et si le Royaume du Sel et du Roc n'avait pas réagi lorsqu'Aegon Targarien s'était auto-proclamé Roi de Westeros, si Harren le Noir avait continué à régner sur les Îles de Fer et négocié un traité pour continuer à percevoir des prélèvements d'impôts sous forme de vivres du Conflans tout en cédant ses terres riveraines à son voisin. Après tout, les Fer-nés n'étaient-ils pas des insulaires qui ne se sentaient jamais aussi vivants que lorsqu'ils menaient une vie rude sur leurs îles battues par les vents et les flots ? Si Harren avait choisi de négocier une alliance en assurant les frontières maritimes de son nouvel allié dragon, en échange d'une protection aérienne ? Après tout chaque nation à ses points forts et faibles et une alliance aussi complémentaire ne pouvait-elle pas que faire fructifier les deux parties ? Et si finalement, Harren, avait été plus soucieux du sort du peuple fer-né, avait renoncer à régner sur tout Westeros, tout simplement parce qu'un dragon est bien supérieur stratégiquement qu'une caraque ou qu'un boutre ?
Il n'aurait eu qu'à envoyer ses fils et sa fille piller les ennemis des Targaryens en échange de quoi les butins auraient été partagés entre le Roi de Westeros et celui du Sel et du Roc. Après tout, le premier n'était-il pas destiné à régner sur les airs, tandis que l'autre excellait sur les flots ? Les Targaryiens, satisfaits de n'avoir à s'inquiéter que de tenir les frontières terrestres avec les royaumes qui les refusaient comme souverains auraient été satisfaits de cette alliance qui leur coûtait simplement un renoncement à toute velléité territoriale sur les Îles de Fer, bien peu attractives, contre des navires patrouillant sur les côtes de leurs nouvelles possessions pour en protéger l'accès. Le commerce aurait commencé à se développer entre les deux parties, les fer-nés exportant leur minerai de fer, de plomb et d'étain, en échange d'une protection aérienne et d'un approvisionnement en vivres.
Des armadas invincibles auraient pu naître de la coalition des dragons des mers et des airs, face aux quelles les autres Royaumes encore déloyaux se seraient rangés, choisissant une paix durable plutôt qu'un massacre sans appel. Oui, si Harren n'avait pas ligué toute une foule de régnants et de peuples contre lui en asseyant son règne sur un assassinat que tous, même ceux qui l'approuvent, s'accordent à qualifier de summum de la traîtrise, peut-être que ... la paix aurait pu régner sur Westeros ! Une paix, certes imposée par la force à certains suzerains belliqueux mais bénéfique à tous les peuples, aux petites gens qui payaient souvent le lourd tribut d'être de la chair à pourfendre sacrifiée sur les champs de bataille, toujours en première ligne, toujours les plus mal équipés. Un peuple, un royaume, un continent a besoin d'être dirigé pour ne pas sombrer dans le chaos. Si Harren avait eu la lucidité de reconnaître qu'il devait s'allier aux Targaryens et non tenter de les éradiquer de la surface de Westeros, il aurait peut-être connu un autre sort et son Royaume aussi."
Assis au pied de l'arbre millénaire ses vieux os se réchauffant près du feu qui crépitait, les bras sur les cuisses, le Mestre écoutait son jeune élève blotti à ses pieds qui fixait la danse des flammes tout en rêvant à voix haute. Le vieil homme gardait le silence, le menton négligemment appuyé dans la paume de sa main. Le rêve était le propre des enfants, la candeur aussi. Mais les deux mêlés ne convenaient à un futur souverain. Le vieux sage attendait. Il savait que ce début de raisonnement n'était qu'une introduction vers une parabole dont son jeune seigneur était coutumier. La voix du jeune garçon reprit, couvrant les crépitements du feu.
"Mestre, c'est ce que quelques naïfs pourraient être tentés de croire ... Penser qu'un tyran vaut mieux qu'un autre, qu'il suffit de soutenir l'un pour chasser l'autre et espérer qu'il soit meilleur et non pire que son prédécesseur. L'Homme peut être tellement naïf parfois. En vérité, tout aurait été pire si Harren n'avait pas commis cet acte abominable, car les Targaryens auraient alors régné sans partage, et s'ils avaient consenti au départ à quelque traité avec Harren, ils n'auraient pas tardé à le fouler au pied rapidement. Tant il est vrai que si la folie souffle parfois sur notre sang noir, il est incontestable qu'elle irrigue sans interruption le sang des ces dragonniers. D'ailleurs, Harren avait proposé une reddition au Targaryen, en échange d'une union avec sa jeune sœur et d'une soumission. Conditions bien peu acceptables pour un être aussi ambitieux, il est vrai, surtout après la perte des deux dragons, et de sa sœur guerrière. Il a préféré la mort. On peut faire bien des reproches à Harren le Noir, mais, si cruel et monstrueux qu'ait été son acte envers ces deux jeunes usurpateurs, il a sauvé Westeros d'une fin atroce et d'un asservissement total. Face à la menace des trois dragons, rien n'aurait pu faire le poids dans une guerre frontale.
Mais je vois plus loin à travers cela. Le Dieu Noyé m’apparaît en songe et il m'a montré une autre explication à la folie d'Harren. Je ne sais si mon grand père était guidé par sa seule volonté de conquérir ou s'il était l'instrument de notre Dieu, mais en devenant le souverain à abattre, en s’aliénant le Nord aussi bien que l'Orage, en tournant même la majeur partie du Conflans contre lui, il a ouvert en quelque sorte, une voie royale entre le Nord et le Sud, facilité, sinon provoqué, une alliance entre le Stark et la Targaryen. La haine qu'il a suscité contre lui a été le ciment de cette union improbable. On pourrait croire que c'est le pire scénario qui est advenu désormais mais c'est faux, Mestre. "
Le vieux sage haussa un sourcil et soupira dans sa barbe, se demandant quelle vision surprenante son jeune prince allait encore dérouler à ses oreilles. L'enfant poursuivit, imperturbable, les yeux rivés à la danse des flammes.
"Si les Targaryens avaient régné sans contre pouvoir sur Westeros, si la Dragonne ne s'était liée au Loup, elle aurait asservi sans partage, uniformisant les peuples à son idée, les soumettant à sa vision du monde. Ce qui nous a sauvés, c'est l'union de ces deux êtres, car l'Empereur est le seul rempart à la folie de son Impératrice. Mais il reste un homme qui prête l'oreille à une femme ayant le potentiel de nous détruire tous, il partage sa volonté de conquérir tout ce qu'ils trouveront sur leur route. Jusque où la laissera-t-il aller ? Nul ne peut le savoir. Peut-être d'ailleurs que le geôlier ... ne vaut pas mieux que celle qu'il garde. L'avenir nous le dira..."
- Tu vois en lui un geôlier, mon Prince ? Intervint le sage.
L'enfant poursuivit
"Il vient du Nord, il a du sang de Westeros. Il devrait s'élever contre la folie qui a toujours caractérisé la famille de son épouse. La sienne est dans le nord tout d'abord et puis aussi un peu partout sur ce continent. Il devrait vouloir la préserver de cette tare qui sommeille. Je ne sais pas ... le cœur des hommes est impénétrable ... mais qui sait de quoi peut être capable celle qui a réduit Harrenhall en cendres. La toute puissance monte à la tête de bien des hommes et femmes ... Saura-t-il le voir, si cela arrive à son impératrice ? Je ne peux le dire pour le moment. S'il réussit, il aura atténué l'impact de deux tyrans sur Westeros ..."
- Harren, et Rhaenys ... mais crois-tu que l'Empereur voit ainsi son épouse ? Comme un tyran ?
"Pour le moment, nous avons échappé au pire, mais il peut encore advenir. Nous devons l'éviter. Trouver une autre voie qui convienne à tous, sans effacer les particularités de chaque peuple.
Nous pouvons faire mieux, n'est-ce pas ? ... Nous devons faire mieux ... Avec lui, ou contre lui... l'avenir le dira ... Mais il est une étape incontournable du destin de Westeros. Tout comme Harren l'était lorsqu'il tuas les deux dragons. "
Le feu mourrait à présent dans l'âtre et la tête du jeune garçon devint lourde contre la jambe du vieux Mestre. L'enfant s'était endormi, épuisé par ses visions. Le vieil homme sourit dans sa barbe. L'enfant des trois fileuses avait parlé.
Elle était épuisée. Épuisée de croiser son propre regard dans le miroir, comme en y contemplant le reflet figé d’une éhontée traîtresse. Elle n’osait ni ne parvenait à contredire les certitudes de son père. Elle était lâche, oh oui, bel et bien lâche. Ou tout du moins était-ce là la vision qu’elle avait d’elle-même. Car elle savait, oh oui, elle savait. Qu’il se méprenait. Qu’il commettait une effroyable erreur. Qu’il voyait en tout ceci l’augure qui était censé leur permettre de prendre l’ascendant sur les autres Seigneurs Dragons. Mais il se méprenait. Oh oui, elle le savait, qu’il se méprenait. Qu’il avait vu ici ce qu’il voulait y voir, plutôt que ce qu’il y avait à y voir, à y déceler et à comprendre. Elle avait bien essayé, encore si jeune, de lui expliquer les choses, d’expliciter au mieux ce qu’elle pensait comprendre, pour qu’il change d’avis. Pour qu’il se ravise. Pour qu’il agisse. Comment, elle ne savait pas, mais il existait bien un moyen, n’est-ce pas ? Elle avait essayé, maintes et maintes fois, mais il lui avait expliqué, de plus en plus agacé, qu’en tant qu’adulte, il cernait bien mieux les choses qu’elle. Qu’il ne fallait pas qu’elle laisse son âme encore enfant s’effrayer d’un rien, que le mal et le péril ne se dissimulaient pas plus dans son rêve que sous son lit. Qu’elle devrait être fière d’elle. Fière d’offrir aux siens la prophétie qui leur ouvrirait les voies de la certitude, qui leur permettrait de balayer toutes les autres lignées sur leur passage, pour s’imposer et prendre le pouvoir, pour toujours et à jamais, dans le feu et la cendre. Qu’elle devait cessée d’être si tremblante, si fataliste, si pessimiste. Si alarmiste, surtout. Ce qu’elle avait vu, en rêve, ne pouvait être que l’annonce d’une future accession au pouvoir, sans avoir à le partager, sans avoir à le devoir à d’autres qu’eux-mêmes. Après tout, elle l’avait vu, tout ça, n’est-ce pas ? Quatorze bougies, qui implosaient soudainement sous la chaleur d’un feu ardent. Une vague dévastatrice, faîte d’amas de pierres, de roches, de lave, de sang, de chair et de centre. Ces grandes tours, qui s’effondraient, comme aspirer par la terre elle-même. Le cri d’agonie, conjoint et strident, de centaines de dragons qui chutaient au sol comme s’ils étaient aussi légers que l’air lui-même. Mais parce qu’elle n’avait vu, parmi les victimes, le visage d’aucun des siens, et qu’elle n’avait reconnu aucun des dragons en leur possession, son père était persuadé qu’il ne s’agissait là que de l’annonciation de la chute de tous, et de leur élévation à eux. Alors, elle s’était tue, peu à peu, et ses objections avaient lentement agonisé dans le creux de sa gorge, l’étouffant chaque jour un peu plus. Elle endurait, baissait la tête, courbait l’échine, cessant de se débattre, en public, contre cette terreur tenace, pour mieux la laisser l’asphyxier chaque soir, une fois sa couche regagnée, alors qu’elle craignait tant de fermer les yeux et de plonger à nouveau dans le cataclysme de songes enfiévrés. Pourtant, jamais ce rêve de dragon n’était revenu dans ses songes. Il n’avait cependant fallu que d’une seule fois pour mettre sans dessus dessous son existence. La fois de trop. Souvent, elle se disait que, finalement, elle aurait préféré ne rien savoir. Car savoir sans rien pouvoir faire était une condamnation à une lente agonie.
Elle avait ordre de ne pas en parler, à qui que ce soit qui ne soit pas de son sang. De se taire, de garder cela pour elle, et chaque jour allait, on ne cessait de lui répéter la litanie de la loyauté et de la fidélité qu’elle devait au sien. Rien ne devait s’échapper de ses lèvres, hors du logis, concernant ce dont elle avait rêvé. On lui disait que c’était pour son bien, qu’on ne la croirait pas, qu’on penserait qu’elle agissait au nom des siens pour effrayer tout un chacun, les mettre à genoux, les faire ployer devant sa lignée. On lui disait qu’on la croirait maudite des Dieux, folle à lier, même. Mais, par-dessus tout, on lui disait qu’elle ne serait qu’une traîtresse à son propre sang si elle s’avisait de donner la moindre information aux autres lignées rivales. Que, si elle parlait, ils sauraient, et alors l’effet de surprise ne serait plus. Qu’ils auraient le temps de se préparer et de contrecarrer l’avènement prophétisé. Qu’en parlant, elle éventrait cette confession venue des Dieux et lui ayant été transmise, à elle, à elle qu’Ils avaient choisie, à elle dont les veines étaient emplis de ce sang de dragonnière qui la rendait si particulière. Et tout se mêlait et s’entrechoquait dans son esprit. Certains jours, elle pensait avoir définitivement perdu la raison, avoir franchi le point de non-retour. Son propre esprit lui jouait des tours, la torturait, l’asphyxiait de certitudes lancinantes dont elle avait décidé de ne même plus parler, sachant pertinemment qu’une fois de plus, elle se heurterait au mur des ambitions paternelles. Elle l’aimait, son père, et elle savait que la réciproque était vraie, tout autant qu’elle savait qu’à chaque fois qu’elle tentait de le raisonner, d’expliquer ce qu’elle, elle avait compris, elle ne faisait qu’attiser le feu du dragon qui couvait en lui. Qu’il perdait patience et que, désormais, petit à petit, il ne voyait en elle qu’une couarde, une petite sotte qui ne parvenait pas à grandir ni à cesser ses enfantillages. Ils survivraient, ils triompheraient, ils terrasseraient. Elle en avait rêvé, et cela se réaliserait, il en était persuadé. Il n’avait de cesse de lui répéter qu’elle devait s’élever au-delà des simples images, pour déceler les symboles et les métaphores. Cette vague destructrice et ces tours qui s’effondraient n’étaient là que pour prouver que serait bientôt renversé l’ordre établi jusqu’alors, et qu’un jour nouveau se lèverait. Les dragons, touchés mortellement, n’étaient là que pour représenter la chute de toutes les autres lignées. Les bougies qui implosaient prouveraient que la nouvelle aube serait celle de leur lignée à eux, qu’il n’y avait donc pas à craindre la venue d’un autre peuple, et qu’ils sauraient tout bouleversés tout en sachant tout autant perpétuer les traditions. Alors, il fallait qu’elle commence bien vite à voir plus loin que le bout de son nez, que cela devenait ridicule de sa part de s’obstiner dans ses craintes de petite fille.
Elle était épuisée. Épuisée de hurler, en silence, toute sa détresse et tout son désarroi. Elle était encore jeune, bien qu’il se soit écoulé autant d’années depuis ce rêve qui la hantait qu’il s’en était écoulé sans qu’elle ne sache encore rien de tout ceci. Pourtant, à la regarder, on ne pouvait être que saisi par le paradoxe de son visage. Si ses traits étaient fins, gracieux et absolument délicieux, d’une candeur et d’une beauté à toute épreuve, ses yeux, en revanche, troublaient plus que de raison. Car en y plongeant son propre regard, on ne pouvait que se dire qu’on y contemplait là la sagesse et la vieillesse d’une aïeule à l’ancienneté indéfinissable. On y lisait une langueur, une fatigue et un épuisement qui troublaient. Alors on fuyait ces deux améthystes si troublantes, celles-là même qui semblaient vous transpercer de part en part en éveillant en vous un sentiment quasi malsain, comme faisant naître en vous la certitude que quelque chose de terrible allait vous arriver, sans toutefois parvenir à y comprendre quoi que ce soit. Même son propre frère-époux, qui l’aimait plus que tout, ne parvenait plus à soutenir son regard. Il avait tout fait pour elle, et il continuait de lui être si intensément dévoué. Elle le savait très bien, et cela lui déchirait le cœur de ne pas parvenir à feindre que tout allait bien, qu’elle avait enfin recouvré le sens commun des choses, et qu’elle comprenait maintenant que, tout ce temps, elle s’était laissée terrorisée pour rien, que leur père avait raison, qu’une aube nouvelle se lèverait bientôt pour elle. Elle avait pourtant essayé, ardemment. Pendant un temps, elle avait même enfoui tout ceci au fond d’elle, se persuadant de la véracité des propos de son père, se flagellant mentalement à chaque fois que ses angoisses voulaient remonter à la surface. Elle avait bataillé contre elle-même, avait joué à être celle qu’elle n’était pas. Et puis, elle avait craqué, n’avait plus pu supporter d’arborer ce masque, d’endosser ces atours. Une profonde mélancolie s’était emparée d’elle, et elle s’était murée dans un long silence de près d’une année. Ce qui l’en avait tiré avait été la naissance de son premier enfant. Une fille, une douce petite fille, son portrait craché. Semblable à la physionomie parfaite dont ils héritaient tous depuis plusieurs générations, de par des unions au sein de la même famille, ou auprès d’autres proches lignées de Seigneurs Dragons.
Elle s’en était voulu, de cette grossesse, de cette naissance. De celle-là autant que des deux autres qui avaient suivies. Pourtant, c’était ce qu’on attendait d’elle, qu’elle perpétue la lignée, qu’elle assure une descendance à son frère-époux, pour que jamais leur nom ne s’éteigne. Le plus ravi avait sans conteste été son père, fou de joie de la voir de nouveau lui apporter l’assurance que leur patronyme serait bientôt sur toutes les bouches, et ce qui serait de plus en plus prochainement accompli serait l’aurore de millénaires de plus prospères et glorieux pour les leurs. Car la prochaine génération était déjà là, assurant leur futur, à tous, et apportant déjà la garantie d’avoir des successeurs qui, à leur tour, sauraient porter bien haut le patronyme qui était le leur. Mais elle, elle … Elle, elle s’était maudite d’amener en ce monde des êtres innocents, qui ne sauraient se débattre et qui seraient condamnés à disparaitre si jeunes … Elle ne parvenait même pas à les regarder droit dans les yeux, quand ils voulaient qu’elle leur raconte comment ce glorieux futur destin viendrait bientôt les envelopper, comme le leur expliquait si souvent leur grand-père. Elle ne pouvait ni ne voulait leur mentir, et elle ne savait même pas comment faire. Ils étaient si jeunes, si innocents … Alors, quand elle croisait son propre regard dans le miroir, elle se sentait tout autant anéantie qu’emplie d’une profonde fureur. Elle était faible. Faible et lâche. Faible de ne pas savoir endurer tout ceci sans trembler, sans se flétrir intérieurement jour après jour. Lâche de ne rien faire pour contrer tout ceci. Elle le savait, si elle en parlait à son frère-époux, encore et encore, peut-être qu’il la croirait ? Peut-être qu’il déciderait qu’assez était assez, qu’il fallait partir, fuir, les emportant avec lui, leurs enfants et elle. Mais aussi vite que lui venait cette pensée, cette dernière partait en fumée. C’était un leurre. Son frère ne s’opposerait jamais à leur père, et il était aussi convaincu que lui, en tant que digne héritier et fils prodige, que l’heure de leur avènement s’annonçait. Lui aussi voulait la raisonner, en se montrant plus doux et plus précautionneux que leur père. Il avait plusieurs fois déjà fait recouvrir de chaux le mur de leur chambre, là même où elle s’abimait les ongles à force d’ancrer dans la pierre la somme des jours qui s’écoulait. Il lui disait de ne pas être si déraisonnable, de se rendre à l’évidence qu’elle n’avait pas compris, qu’elle s’était trompée, que leur père, lui, savait mieux qu’elle, plus instruit et plus éclairé. Mais elle savait, elle. Elle savait qu’un terrible drame se préparait. Cela la rendait de plus en plus fiévreuse et anxieuse, l’empêchant de dormir, la nuit. Elle se cachait derrière le fait que son plus jeune fils ne faisait pas encore ses nuits, qu’il avait besoin d’elle, qu’elle se devait d’être auprès de lui chaque fois qu’il pleurait. Son frère-époux en était-il seulement dupe ? Elle se nourrissait de moins en moins, perdant l’appétit et sentant sa gorge être bien trop serrée pour parvenir à avaler quoi que ce soit. Ses longs cheveux argentés se cassaient parfois sous la pourtant si douce caresse de son peigne. L’éclat de ses yeux s’éteignait jour après jour. Elle fuyait presque jusqu’à la lumière du jour, était emplie d’une détresse sans nom à la vision de la flamme d’une bougie. Le moindre bruit sourd et brusque la faisait sursauter comme si on venait de lui porter un coup au cœur.
Elle savait. Elle savait que c’était imminent. Elle savait qu’il était maintenant trop tard. Elle le pressentait. C’était … C’était comme si elle commençait déjà à brûler sur place, tant elle avait chaud. Elle tremblait, et le moindre de ses gestes était erratique, imprécis, maladroit. Replacer l’une de ses mèches de cheveux derrière une oreille l’avait laissé avec le sentiment effaré qu’elle devait lutter contre la moiteur de sa propre tempe, de ses propres doigts. Elle se sentait fiévreuse, tout autant qu’à l’étroit dans ses propres habits, dans sa propre peau. Son cœur battait si fort jusque dans son crâne qu’elle avait l’impression qu’on enserrait ce dernier dans une prise des plus constrictrices. Elle ne parvenait même plus à déglutir convenablement, et tout autour d’elle l’oppressait. Alors, quand cela survint, elle ne fut pas surprise. C’était même comme si … Comme si, enfin, la délivrance s’annonçait. Elle ne souffrirait plus. Elle ne se sentirait plus dépérir jour après jour. Elle ne succomberait plus à petit feu devant la frénésie de plus en plus importante de son père, qui s’impatientait d’enfin pouvoir commencer son accession solitaire vers le pouvoir total. Elle n’aurait plus à se flageller de tant inquiéter son frère-époux. Elle ne se sentirait plus mourir de l’intérieur en entendant l’un de ses enfants s’extasier sur ce qu’il ferait ou deviendrait, plus tard. Alors, lorsque le sol commença à trembler sous ses pieds, juste un peu, au début, et puis, de plus en plus, que le bruit sourd et rugissant s’amplifiait, que le ciel se parait d’une lumière enflammée, que l’agitation gagnait dans les rues, dans les logis, partout, elle ne bougea pas. Elle alla s’asseoir sur sa chaise, continuant d’allaiter son plus jeune fils, face à cette grande fenêtre qu’elle venait d’ouvrir en grand. Elle observait les dragons tournoyer dans le ciel, comme sans être vraiment là, l’esprit ailleurs. La panique les gagnait, ils se percutaient et certains engageaient même le combat, dans un balai aérien des plus magnifiques tout autant que des plus tragiques. Elle entendait l’affairement gagné son propre logis, alors que l’un des esclaves vint la presser, car son père l’appelait, voulant la voir. Voulant la féliciter, la remercier, l’encenser car, enfin, enfin, le grand jour était arrivé. Son fils commença à s’agiter, contre elle, pleurant brusquement à chaudes larmes, ses petites mains s’accrochant contre sa peau. Et les larmes la gagnèrent enfin. Oh, pauvre petit … Pauvre Père … Pauvre Mère … Pauvre Gaemon … Serrant son fils tout contre elle, posant sa petite tête sur son épaule, comme pour étouffer ses pleurs autant que pour, une dernière fois, sentir sa douce chaleur contre elle, se laisser enivrer par son parfum de poupin, Daenys pleura. Elle pleura la perte des siens, la destruction de la ville, de tout Valyria, même. Elle pleura la fin d’une civilisation, dans les flammes et la cendre. Elle pleura la disparition des dragons, seigneurs des cieux et des feux. Elle pleura de ne pas avoir su trouver le courage de partir, seule, s’il l’avait fallu. Elle pleura son obéissance bien trop fidèle à son père. Elle pleura son amour pour Gaemon, pour leurs enfants. Elle pleura le fait que, bientôt, trop tôt, on oublierait presque tout de ce que furent Valyria et ses habitants. Elle pleura la disparition de tout leur savoir, le fait que nul ne saurait ce qui s’était vraiment passé, que nul ne se souviendrait des Targaryen. Elle pleura et elle pleurait encore, en entendant la voix, anxieuse et paniquée, de son frère, qui pénétrait en trombes dans leurs appartements. Elle pleura le fait qu’il avait enfin compris, mais trop tard, que leur condamnation à tous, elle l’avait annoncée, depuis le début. Que ce fléau, elle l’avait prévu. Qu’ils allaient mourir, là, maintenant. Et alors qu’il se jetait à ses pieds, s’excusant de ne pas l’avoir cru, d’être resté aveugle et sourd à ses avertissements, de ne pas avoir su lui accorder le bénéfice du doute, Daenys lui accorda un sourire, le plus beau et le plus doux de tous ses sourires. Posant une main maternelle sur la joue de son frère-époux, le si beau visage de ce dernier fut la dernière chose qu’elle vit, avant que tout n’explose, autour d’eux, sous la fureur d’une des projections létales des Quatorze Flammes.
texte 4:
« Et si Ned Stark n’avait pas été décapité ? » Acte 1 : la sentence
Aux yeux de la population, Ned Stark avait confessé un crime, celui de la félonie, sous prétexte que l’ambition et l’envie l’avaient rongé depuis que le Roi était venu à sa porte pour lui annoncer sa nomination en tant que sa Main. Un titre honorifique qui avait été davantage un fardeau qu’un don, et qui aujourd’hui le forçait à mentir et à jeter l’opprobre sur sa maison et sur sa réputation – celui d’un homme honnête et loyal à sa parole ou à ses valeurs. Un titre qui lui avait donné accès à des informations compromettantes, et qui l’avait jeté tout droit dans la gueule des loups qui rôdaient entre les murs du Palais.
Vous, lecteurs, savez exactement qu’il n’a commis nul crime, et que toutes ses paroles ne sont que d’ignobles mensonges orchestrés par toutes ces personnes qui se tiennent devant lui : L’Araignée, Littlefinger et la Reine. Le jeune Roi Joffrey n’était pas présent, retenu habilement par sa mère qui craignait à raison le caractère belliqueux de son aîné.
Dès lors, elle se chargea de prononcer la sentence – ou plutôt, accepter le souhait de porter le noir de Ned Stark. En effet, en échange de sa vie ou encore celle de son enfant, Sansa Stark, ou toutes ces personnes qui l’avaient suivi à la Capitale, il avait accepté de nier ses accusations sur les origines bâtardes du jeune Roi sous prétexte qu’il avait des vues sur le trône, et qu’il allait exiger comme « pénitence » de porter le noir, c’est-à-dire être exilé – ou condamné – à vie, pour quelques travaux au Mur. Lui, porter le Noir, en voilà une honte ! Lui, qui avait condamné tant d’hommes qui avaient tenté de fuir le Mur ! Lui, qui savait que la majorité de cette bande était des criminels ! Cependant, tout ceci n’était qu’une bagatelle, comparée à toutes les vies sauvées – du moins, c’est ce que l’homme se disait.
La sentence fut acceptée par la Reine Mère, sourire mesquin aux lèvres. Littlefinger et l’Araignée n’affichaient qu’un air solennel, mais le premier devait jubiler, alors que le second devait réfléchir à toutes les implications que cette décision aurait. Or, il avait grandement raison. Acte 2 : le Mur
Le trajet avait été long, et extrêmement tendu. En effet, le noble et honorable homme avait à côtoyer quelques criminels, du Sud jusqu’au Nord. Si au départ, aucun n’osait piper un mot, quelques-uns s’enhardirent et tentèrent de rabaisser le Stark – un courage qui s’essouffla bien vite. En effet, l’homme n’en restait pas moins un guerrier aguerri et surtout un homme mature apte à reconnaître un vrai danger : il ignora toutes ces bagatelles, gardant le silence tout le long – si ce n’est pour avertir de quelques dangers, ou encore faire quelques propositions pour que le trajet ne devienne pas intolérable. Indéniablement, au fur et à mesure, l’homme a su attirer le respect de chacun.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’avait plus grand souvenir du Mur alors que le fantôme de celui-ci hantait le Nord à travers mythes et légendes. Une ignorance qu’il en regrettait en partie dès qu’il vit l’imposant mur blanc gelé, qui lui permit d’oublier un court instant la nostalgie et le regret qui s’étaient emparés de lui lorsqu’il avait eu à traverser les terres du Nord. Il aurait pu chercher l’exil à Winterfell, pour quelques nuits, mais il s’était refusé. Il serait encore traité comme le Seigneur des lieux, or il ne méritait plus une telle reconnaissance ou de tels égards.
Pourtant, malgré toutes ses précautions, il ne pouvait pas échapper totalement à son passé. A peine avait-il mis pied dans l’une des casernes du Mur, qu’il fut conduit directement auprès du Lord Commandant de la Garde de Nuit. L’échange sera succinct et court : les deux hommes partageaient ce même amour pour l’avarice des mots, la simplicité et l’efficacité. L’un promit de se plier aux règles. L’autre promit de mettre à profit convenablement l’expérience et les talents du nouvel arrivant.
Sans surprise, cette nouvelle existence allait lui réserver son lot de difficultés : Jon Snow et sa curiosité légitime sur ses origines, son frère disparu par-delà le Mur, les recrues à entraîner ou sa première confrontation avec les Marcheurs Blancs.
Acte 3 : Le jeune Loup
Evidemment, les conséquences ne se limitent pas uniquement à la nouvelle vie de Ned Stark, mais s’étendent au Nord et plus particulièrement aux membres de la famille du coupable.
L’aîné de la fratrie Stark, Robb, était tout naturellement désigné pour être le nouveau Seigneur de Winterfell et par conséquent, il ne tarda pas à recevoir une lettre du nouveau Roi qui l’invitait à se rendre à la Capitale, pour lui prêter allégeance publiquement. Une requête qui fera grincer les dents à celui qu’on allait surnommer le « Jeune Loup ». Il savait pertinemment que son père était innocent et que tout n’était qu’une vicieuse machination. Malheureusement, le premier ne se contentait que de lui envoyer une lettre intimant qu’il ne se fasse rien d’inconsidéré et qu’il soit un seigneur convenable.
Le choix était cornélien : l’envie de prendre les armes était forte, mais il n’avait aucune raison légitime. Il pourrait faire appel aux familles fidèles à sa maison, mais il savait qu’il risquait de rencontre bien des réticences : pourquoi sauver l’honneur d’un homme qui s’est lui-même parjuré, et vendu aux yeux de la population ? Ajoutons à cela que son père insistait pour que le jeune homme ne cherche pas à se venger.
Il n’avait pas d’autre choix que de se rendre, poing et mâchoire serrés, prêter allégeance et surtout revenir avec ses jeunes sœurs, Sansa et Arya, encore retenues au Sud. Il est loin de se douter que la seconde était portée disparue, et sillonner les routes sous les habits d’un garçon pour pouvoir revenir saine et sauve – et surtout libre – à Winterfell. Il allait découvrir cette absence qu’à son arrivée, lorsqu’il devra mettre genou devant le jeune Roi, et que son regard se perdra un court instant sur la foule.
Une scène qui ne tarda pas à se dérouler, plus ou moins ainsi. C’était sans compter sur la cruauté de Joffrey Baratheon. Enivré par le pouvoir, frustré de ne pas avoir pu exécuter lui-même la sentence pour Ned Stark – ayant comme l’idée de le décapiter, pour en faire un juste exemple -, l’idée lui traverse de faire payer la stupidité et l’audace de Ned Stark à Robb Stark. Une idée qui se heurta sans tarder aux paroles réfléchies, sages et pleine de sarcasme de Tywin Lannister, son grand-père.
L’homme le plus riche du Royaume était arrivé à la Capitale il y a une dizaine de jours, et était devenu la Main de son petit-fils. Une Main qui avait fort à faire, comme calmer les ardeurs de Joffrey, ou encore organiser un mariage avec la jeune Sansa afin de calmer toute tension avec le Nord et définitivement les endiguer avec les liens du mariage. Une récente nouvelle qui surprit grandement Robb, et à laquelle il ne pouvait pas s’opposer avec des arguments valables : son père avait jeté l’opprobre sur la maison Stark – du moins, aux yeux de tous – et il devait maintenant redorer le tout. Un mariage était une opportunité : malheureusement, il avait la sensation de livrer un pauvre agneau, sa sœur, à un loup furieux et fou.
« Elle est encore jeune, et surtout une enfant » dira le jeune Loup. « Elle restera avec nous, et elle apprendra les us et coutumes de la Cour » dira la Main. Le premier sous-entend « je veux qu’elle rentre avec moi », le premier souffle « je la garde en otage ». Un échange qui devint un tantinet plus tendu quand il est question d’Arya Stark et sa disparition.
En colère, le jeune Loup quittera la Cour sans plus tarder, et retournera aussitôt au Nord – après avoir promis à sa sœur qu’il la soutiendra et la protègera d’une façon ou d’une autre, et qu’elle doit lui écrire à tout instant.
A son retour, Robb Stark aura la joie de découvrir qu’Arya était de retour à Winterfell. Il ne manquait qu’une sœur, de toute cette fratrie. Une sœur qui le préoccupait, car elle était encore bien naïve sur la réalité de la situation et était bernée par les fausses paroles de leur père, éblouie par l’or et la gloire des Lannisters. Loin de se reposer sur ses lauriers, l’aîné allait prendre au sérieux son nouveau rôle et prendre de sages décisions, tentant de répondre aussi platement et avec autant de réticence que possible aux ordres du jeune Roi et surtout de la nouvelle Reine.
Pourtant, l’ombre de la guerre allait approcher bien plus vite que prévu et de deux fronts. L’appel du Mur se confrontera aux appels de Sansa, et d’étranges légendes allaient revivre et changer la balance des forces et des pouvoirs.
Acte 4 : Le règne des deux Reines
Sansa Stark, devenue Sansa Baratheon, était bien naïve. Elle avait cru que Joffrey Baratheon était le prince charmant sur beau destrier blanc, que la reine Mère était une femme distinguée et sublime qui ne pensait qu’au bonheur d’autrui, que Littlefinger était un ami de la famille, que l’Araignée était une curieuse créature – mais avec une utilité indéniable -, que Tywin Lannister était un homme convenable, que Tyrion Lannister était un nain hideux et surtout que son père était un traître.
Des certitudes qui se briseront une à une après une année de vie commune, une année où elle portait la lourde couronne de « Reine ». Dès la première nuit de noce, son corps s’était couvert de cicatrices et brûlures en tout genre, tantôt infligé par son époux, tantôt infligé par un de ses sbires. Dès les premiers jours, elle subissait l’hypocrisie de Cersei, essuyait l’indifférence de Tywin, dupait par les jeux et les belles paroles de Littlefinger… Elle avait compris, que trop tardivement, qu’elle était entourée par le bourreau de son père, par les criminels de l’ancien Roi, par un frère et une sœur partageant une relation incestueuse, et surtout qu’elle avait effectivement épousé un bâtard.
Doucement, mais sûrement, l’agneau devint une louve. Elle apprenait à jouer selon les règles du jeu de chacun, à survivre à chaque coup bas ou vicieux dont elle était victime – directement, ou indirectement – ou encore à orienter habilement tous les excès de violence de son époux vers autre chose. Pourtant, malgré tout, une petite lueur persistait en elle, celle d’une vie plus douce et plus agréable avec un enfant. Un rêve qui se brisa encore en mille éclats quand elle perdit son premier enfant à cause de Joffrey, ou quand elle vit avec quels égards l’épouse – Margaery Tyrell - de Tommen était traitée.
Doucement mais sûrement elle fit quelques alliances avec les Tyrell, quelques manigances où elle inclut Robb Stark – qui n’est nullement conscient pleinement des folies de sa jeune sœur –, qui mèneront le tout à la mort accidentel de Joffrey Baratheon, lorsqu’elle mettra enfin au monde – et avec grande peine – un fils.
Horribles et terribles complots qui feront d’elle la Reine Régente, jusqu’à ce que son fils soit apte à diriger, qui l’obligeront à confier ledit fils à son frère – au Nord, persuadée qu’il sera plus en sécurité là-bas qu’à ses côtés -, et à avoir à faire face à la fureur et à la colère de Cersei. Et c’est là, le début du règne de deux Reines, qui ne cesseront de vouloir détruire ou briser l’autre.
Est-ce que leur guerre intestine a une quelconque place pour quelques marcheurs blancs, dragons et héritière Targaryen ?
Texte 5:
Et si… Torrhen n'avait pas attaqué Myria à Buron.
Alors que Joren venait de mourir roué de coup par ses hommes après sa tentative de fuite, Myria prit le contrôle des Armées du Prince. Elle comptait bien en tirer profit et éviter de rejoindre Harren trop tôt alors que ce dernier n'hésiterait pas à exécuter les félons généraux malgré leur valeur et la menace impériale. Elle entretenait une relation épistolaire avec Harren le Noir depuis la trahison de Joren pour garder un pied dans chaque camp et repousser aussi longtemps que possible le moment où il se déciderait à tuer son fils. Ainsi après avoir fait exécuter son époux déserteur, elle lui assura sa loyauté une fois de plus et lui rappela qu'elle lui avait envoyé Beron en gage de bonne foi. Ils se mirent d'accord pour marcher sur les troupes de l'Empire séparément afin de les prendre en tenaille. Maintenant que Yoren était l'héritier légitime du Sel et du Roc, elle est ses enfants n'étaient plus rien et il était hors de question que l'empressement de Joren et son erreur stratégique leur coûte la couronne et potentiellement la vie. Mais tuer Harren devenait inutile pour le moment, il fallait donc gagner du temps et regagner sa confiance ainsi qu'une légitimé.
Dans le même temps, elle entreprit de négocier sa reddition auprès de Torrhen pour gagner du temps et le détourner de ses troupes en infériorité numérique. Elle lui dit ce qu'elle voulait sans détour : un couronne, rien de moins. Il proposa de la marier à Kevan Gardenner pour le Bief, mais c'était la une couronne en carton, difficile à obtenir, qu'il faudrait reconquérir contre Eren et Manfred et pire, contre son amie Tricia. Elle ne put se résoudre à trahir une amitié pour une opportunité aussi fragile. Elle refusa et lui annonça qu'il aurait bientôt des raisons de lui faire suffisamment confiance pour lui offrir plus. Les jumeaux ne bénéficiant que d'une trop faible garnison pour tenir et trop éloignés de tout renfort potentiel, elle envoya un message à son frère, Lord Frey afin qu'il ouvre les portes sans résister et gagne la confiance de l'empereur en attendant une opportunité de se retourner contre lui de l'intérieur. Elle lui demanda d'essayer de convaincre Lord Mallister de faire de même car Salvemer n'était pas mieux défendue. L'Empereur se refusa à lui offrir l'une des couronnes qu'elle convoitait. Celle du conflans, pour laquelle il devait tuer l'épouse de Lyham Tully décision qu'il ne pourrait jamais prendre. Et celle de l'Empire, qui nécessitait qu'il tue son épouse ou accepte d'en prendre une deuxième. Il sembla ne pas saisir l'opportunité de ralliement d'une puissance centrale et de 20.000 hommes que Myria avait l'intention de faire glisser vers l'Empire grâce à la réputation de cruauté rancunière du Roi du Sel et du Roc. Il lui proposa donc les Îles de Fer. Consciente qu'elle ne tiendrait jamais un tel royaume sans une légitimité forte dont elle ne disposait pas, elle ne se contenta pas de ca mais se garda de répondre afin de laisser planer le doute.
Il s'agissait désormais d'arriver à prendre Torrhen en tenaille avec Harren, de laisser les deux adversaire s'épuiser l'un contre l'autre à troupes presques égales et de vendre son armée au plus offrant une fois en supériorité. Alors, elle écraserait l'armée adverse et profiterait de troupes presques fraîches pour garder la main sur les négociations afin d'obtenir le plus de pouvoir possible, voir de tuer harren si elle se ralliait finalement à lui, pour avoir les mains libres à la tête du Royaume. Avec l'Empire affaibli et la couronne de Bois Flotté obtenue au Fer Prix, elle aurait alors suffisamment de légitimité pour tenir le Sel et le Roc et entreprendre les réformes et les alliances nécessaires pour consolider sa lignée.
Myria aurait négocié le Conflans et la Nera avec l'Empire, aurait proposé de fiancer ses jumeaux aux leurs, aurait développé le commerce entre l'Ouest et le Val avec le Conflans comme plaque tournante et les Fer-nés et protection des transports maritimes et fluviaux. Elle aurait proposé au Nord de bénéficier de l'expertise des charpentiers de Marine de la Flotte de Fer contre le bois du Nord et aurait dirigé les razzias sur Essos autant que possible afin de maintenir la paix sur Westeros le temps d'étendre sa toile de Château Noir à Lancehélion.
Le Cyvosse
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I never wanted this. I never wanted to unleash my legions. Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will. So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn. Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more. And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.
Torrhen Braenaryon
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J'ai voté et ce n'était guère aisé. Les quatre textes sont très beaux. D'ailleurs c'est la première fois que je vote à une telle animation, en général je considère les écrits comme des offrandes ou des hommages au forum et je n'aime pas y voir une compétition.
Mais puisqu'il fallait voter, je préfère expliquer mon choix, c'est je trouve une preuve de respect et témoigne des deux lectures que j'ai fait de vos beaux textes. J'ai écarté d'emblée les uchronies basées sur la série ou les livres. Parce que le sujet était une uchronie partant du forum. Donc, même si très bien écrites, les uchronies parlant du Fléau et de la décapitation de Ned Stark n'étaient pour moi pas axées à proprement parler sur une une uchronie partant du contexte du forum.
Restaient le texte sur la mort de Torrhen et Orys ou celui au sujet de l’avènement de Myria. Ce n'était pas facile. Et là j'avoue que j'ai choisi le fond avant tout, parce que ce qu'il racontait débouchait sur une suite pleine de tension. Je plussoie Myria c'est Total war qui s'annonce Et puis j'avoue qu'imaginer une alternative où les deux héros ne sont pas miraculeusement sauvés ou ressuscités par la magie d'une sorcière rouge, mais finissent bien dans une mort "héroïque" rattrapés par leur destin, c'est tellement épique et tentant.